Notes
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[1]
Cf. sa biographie par Jean-Yves Boullic, Anne Lavaure, Henri de Kerillis 1889-1957. L?absolu patriote, Rennes, PUR, 1997, 278 p.
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[2]
Gilles Le Béguec, « Les chefs du ?parti modéré? et la transformation des structures d?encadrement politique. De Waldeck-Rousseau à Giscard d?Estaing », communication au colloque Les modérés dans la vie politique française de 1870 à 1965, Nancy, 18-20 nov. 1998.
-
[3]
C?est Jean-Paul Thomas qui nous a fourni cette indication à partir des lettres retrouvées dans les archives de Jean Legendre.
-
[4]
Sur la définition des genres iconiques de propagande, voir Fabrice d?Almeida, Images et propagande, Paris, Casterman, 1995.
-
[5]
Philippe Buton, Laurent Gervereau, Le Couteau entre les dents, Paris, Chêne, 1989, pp. 18-23.
-
[6]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres.
-
[7]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, 1934. L?image montre une foule portant des drapeaux tricolores avec, gisant à ses pieds, trois corps ensanglantés.
-
[8]
Le slogan diffère un peu, cf. BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, 1928, « Sortez le député fromage sortant ! ».
-
[9]
Sur ce milieu, cf. Christian Delporte, Les Crayons de la propagande. Dessinateurs et dessins de presse sous l'Occupation, Paris, CNRS éd., 1993.
-
[10]
Cf. Antoine Prost, Les Anciens Combattants dans la société française. 1914-1939, Paris, PFNSP, 1977.
-
[11]
George L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette littérature, 1999.
-
[12]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche intitulée « Grâce à l'esclavage les bolcheviques russes arrivent à produire pour rien ». L?image montre des travailleurs misérables sur fond de sombres usines.
-
[13]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche « Français, barrez la route aux socialistes et à leurs alliés. » (1932).
-
[14]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres.
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[15]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche « Attention ! Dans cette circonscription il y a un candidat qui se dit d?Union nationale et qui a partie liée avec l'extrême gauche !? » (1932 ?).
-
[16]
Ernst Nolte, La Guerre civile européenne. 1917-1945, Paris, Éd. Des Syrtes, 2000. La question du rapport entre massacre et guerre civile n?est cependant pas explicitée chez Ernst Nolte. Dans le cas de nos affiches, modérées, le lien paraît notamment par la conjonction du discours patriotique et de son repoussoir révolutionnaire. Le massacre de guerre relève du sacrifice et d?une démarche cultuelle tandis que celui des révolutionnaires provient de leur avidité et de pulsions sanguinaires. La psychologie qui sous-tend les images suppose des tempéraments pré-établis de délinquants politiques.
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[17]
Affiches de 1936 où la comparaison apparaît entre le haut, fait d?usines sur un fond rouge surmonté de la faucille et du marteau et le bas où l'on voit des soldats tomber au combat sur un fond bleu, avec le texte suivant : « Comme en Espagne ? Hier la grève, aujourd?hui les bombes, demain la guerre ? Le communisme c?est la guerre ».
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[18]
La conception métaphorique du sacré qui transparaît à travers ces documents renvoie à une intériorisation du modèle de représentation politique mis en évidence par Pierre Rosanvallon, Le Sacre du Citoyen, Paris, Gallimard, 1992. Le suffrage universel fait du corps civique une entité transcendantale et le vote devient le sacrement matérialisant cette relation mystique en la ritualisant.
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[19]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, [1932] « Les bons Français avaient déjà voté rouge en 1914? Pourvu qu?ils recommencent » ; d?autres affiches établissent le parallèle 1914 = 1934 et le socialisme ou le Cartel = la guerre.
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[20]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche de 1932.
-
[21]
Cf. notamment BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche de 1928, « Aux colonies, les communistes travaillent à poignarder la France » où l'on voit, en caricature cruelle, Doriot glisser un couteau dans la main d?un Maghrébin.
1Personnage étrange qu?Henri de Kérillis, fondateur du Centre de propagande des républicains nationaux (CPRN) [1]. Il fut le directeur de l'Écho de Paris, qui, sous son impulsion, devint un des quotidiens de référence de la droite française dans l'entre-deux-guerres. Député, il se tint dans l'opposition au Cartel et au Front populaire. La guerre le vit choisir le camp de la Résistance et chanter les louanges de de Gaulle avec lequel il entra en conflit à la Libération, fustigeant les tendances autoritaires qu?il croyait déceler dans l'attitude du chef du Gouvernement provisoire de la République française. Imaginatif et plein de ressources, ce patron de presse souhaitait, dès les années Vingt, la modernisation de la vie publique et la rationalisation des stratégies électorales. De là son idée de créer, en 1927, un organe de propagande à destination des députés de la famille politique modérée. Une précision est nécessaire sur cette notion de modération qui recouvre, suivant la définition qu?en donne Gilles Le Béguec, un ensemble politique très spécifique dans le paysage hexagonal [2]. Les modérés sont plutôt conservateurs et constituent un groupe dont l'ambition est de préserver la société dans ses caractéristiques socio-économiques en effectuant seulement des réformes limitées. En ce sens la modération trouve ses origines dans l'opportunisme de la Troisième République et se tient provisoirement plutôt à gauche à l'aube du XXe siècle. Mais, sitôt que les radicaux bousculent l'ordre politique par ardeur réformatrice, les modérés sont rejetés vers la droite, où ils sont clairement ancrés dans l'entre-deux-guerres. La lente dérive droitière de Poincaré et de l'Alliance démocratique l'illustre, tout comme les choix du leader modéré Pierre-Étienne Flandin, dans les années Trente. Or, le Centre de propagande des républicains nationaux prétend être une banque de moyens et un soutien tactique aux députés de l'Alliance démocratique et de la Fédération républicaine. C?est donc bien une institution qui participe à la définition de la modération partisane. Les lettres de remerciements des députés élus reçues par le CPRN après les élections montrent d?ailleurs le soutien privilégié aux hommes de l'Alliance démocratique [3]. L?activité du Centre se réduisit pour l'essentiel à la production d?affiches, dont de nombreuses illustrées. Ces dernières connurent un succès certain et impressionnèrent l'opinion. Images d?assez grand format pour l'époque (plusieurs classiques en 60 x 80 et d?autres de taille plus importante), elles furent diffusées pour les élections dès 1927. Le Centre proposait même des équipes de jeunes colleurs qui se déplaçaient dans les circonscriptions afin d?assurer un affichage aussi large et rapide que possible. Ces documents forment donc un ensemble de choix pour réfléchir à deux phénomènes parallèles. Le premier est celui de la capacité à fournir une définition idéologique de la modération ? car les figurations matérialisent généralement les représentations mentales. Le second tient à la définition même de la propagande, car ces documents prétendent aussi mettre en scène la diffusion des idéologies. Ils oscillent ainsi entre l'affirmation des croyances de la droite modérée et sa polémologie, ici entendue comme un art de la dispute entre forces politiques concurrentes. Ces deux préoccupations posent plus largement la question de la transcendance en politique et, dans le cas présent, de ce que les modérés placent au sommet de leur idéal. Possèdent-ils un système de représentations qui leur soit propre ou bien subissent-ils l'influence des forces extrémistes ? Telle est l'interrogation qui a guidé notre réflexion.
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
Les contraintes du système partisan
2À la fin des années Vingt, le genre propagandiste a renoncé au style éducatif [4]. La Première guerre mondiale a été l'occasion d?une généralisation de l'idée selon laquelle les affiches sont un moyen essentiel de créer des croyances mobilisatrices, sans pour autant s?appuyer sur un discours de la raison. C?est en quelque sorte une banalisation des théories mythologiques de Georges Sorel et de la psychologie sociale de Gustave Le Bon. Pour cette raison, les images du Centre de propagande des républicains nationaux s?inscrivent dans un jeu d?interactions entre forces politiques. Interactions propagandistes d?abord, puisque les partis tentent de répondre aux images de leurs adversaires. Interactions partisanes ensuite, car les propagandistes instituent leur message par rapport à leur conception de l'espace public.
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
3Le débat interpropagandiste est sensible à travers des stéréotypes qui se répètent d?une campagne à une autre. L?image la plus représentative de ce phénomène d?échange thématique entre forces politiques est celle du couteau entre les dents. Elle avait été imaginée en 1919 pour les besoins d?un groupement conservateur, l'Union des intérêts économiques, et fut largement diffusée [5]. Les communistes y avaient répondu dès cette époque en diffusant des images ironiques sur le même thème. Le Centre de propagande des Républicains nationaux, à son tour, reprend cette vision en l'appliquant à Staline (affiche de 1934). Plus tard, le PCF en fait usage pour dénoncer les ambitions de Hitler (affiche de 1936). Ce jeu sur les stéréotypes explique les pratiques techniques sur lesquelles reposent les affiches du Centre. Le choix du dessin en couleur pour ces affiches est de ceux-là. De même, l'usage de caricatures renvoie au dessin de presse et à des modes de dévalorisation et de critique tombés dans le domaine public de la propagande. Les images réalistes ouvrent sur une autre volonté. Les modérés quittent le registre de l'humour. Le PCF devient ainsi l'aiguillon de propagandistes qui ne croient pas possible de changer la société sans lui apporter la misère. Le monde bolchevique est le repoussoir de la société française. Avec une virulence qui prend aujourd?hui les allures de la vérité, les hommes du CPRN dénoncent les évolutions sensibles en Union soviétique et la ruine matérielle du prolétariat abreuvé d?idéologie. Ils appellent les travailleurs français à résister aux mensonges et aux illusions des propagandistes communistes. Le démontre une affiche de Galland, sans doute réalisée pour les élections de 1928. On y voit un militant communiste, les deux mains dans les poches en signe de vulgarité et d?oisiveté, le dos voûté, l'allure valétudinaire et malsaine, discuter avec un brave prolétaire (un paysan ?) qui le repousse avec cette phrase : « Fous-nous la paix avec ton communisme. Je sais qu?en Russie des millions de paysans et d?ouvriers ont été décimés par la famine, la misère et les émeutes. Je n?ai pas envie de crever de faim avec mes gosses !.. [6]. » Les stéréotypes des affiches murales prétendent évoquer des situations réelles et « vacciner » les citoyens contre l'influence communiste. La conscience des effets de la propagande est donc un moteur important pour l'imagerie modérée et explique des prises de position d?autant plus tranchées quand l'adversaire est lui-même radical.
Les adversaires politiques
Les adversaires politiques
4Fondamentalement, la polémologie propagandiste reflète une certaine lecture du système politique propre aux modérés de l'entre-deux-guerres. En distribuant critiques et éloges, les affichistes du CPRN dévoilent leur appréhension des relations avec les autres partis. La gauche et la droite se distinguent sans peine. La première est composée d?ennemis, la seconde d?amis. La gauche est plurielle alors que la droite est considérée à travers un fantasme unitaire. Nul parti n?est distingué à droite et même les victimes du 6 février 1934, pourtant liées à l'extrême droite, sont présentées par le CPRN comme des martyrs : « Ce sont des anciens combattants sans armes qui criaient ?À bas les voleurs ? Vive la France? que le Cartel a fait tuer le 6 février 1934 [7] ». La droite paraît ainsi une et indivisible, reproduisant, en fiction, l'idée d?alliance et d?union de tous les conservateurs qui hante le Centre.
5La gauche n?a pas cette qualité. Au fil du temps, les différents partis adverses sont l'objet de critiques particulières : le degré de virulence du propos fluctue suivant les partis et les époques. Les radicaux-socialistes sont les premiers attaqués chronologiquement. Ce sont eux qui emmènent la coalition du Cartel en 1924 et 1928. Herriot focalise une bonne part de la hargne. À partir de 1932, les socialistes passent sous le feu de la critique. La violence des attaques est aggravée après 1934. Le rôle pivot de la SFIO dans les coalitions électorales de 1932 et 1936, explique qu?elle soit le plus visée des partis de gauche. Car les coalitions partisanes sont, en tant que telles, sujets de propagande. De ce fait, les élections conditionnent largement la perception des modérés, qui s?inscrivent dans la perspective de la Troisième République et cherchent avant tout à emporter des sièges. Leurs attaques régulières contre les communistes s?écartent légèrement de ce schéma et montrent la volonté de promouvoir un socle de valeurs commun à l'Alliance démocratique et à la Fédération républicaine. Anticommunisme, défense de l'équilibre budgétaire et des valeurs libérales sont les bases de cette doctrine.
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1928)
6Là ne s?arrête pas l'analyse modérée de l'espace public. Elle inclut une lassitude face à l'instabilité gouvernementale et laisse entrevoir un désir de réforme des institutions, particulièrement dans les années Trente. Elle porte aussi sur la corruption, présentée comme un des fléaux du temps, fruit de l'hypocrisie de gauche. L?une des affiches intitulée depuis « Le député fromage [8] » se veut une attaque en règle contre le parlementarisme radical-socialiste impliqué dans les scandales des années de crise. Le visage de l'élu est figuré par un fromage bien fait et dégoulinant.
7L?image se réfère ainsi à une actualité politique qui dégoûte les modérés. Elle reprend en affiche des thèmes véhiculés dans la caricature. Elle s?appuie sur des croyances implicites partagées par les propagandistes et leurs électeurs potentiels. La division gauche/droite va de soi pour eux et la perspective d?un centrisme est ignorée. Ils raisonnent avant tout en fonction d?une opposition frontale entre deux masses partisanes pouvant alterner au gré des suffrages. Est-ce un effet du scrutin majoritaire ? De même, la logique de coalition électorale leur paraît davantage un trait caractéristique de la gauche : pas de véritable référence à une alliance de droite ni même l'affirmation qu?il y existe des tendances concurrentes. Sans doute parce que le programme de ces modérés se définit davantage par ses refus que par ses exigences. Le refus du changement de société guide leur démarche, tandis que les demandes de sauvegarde budgétaire ou de réforme des institutions sont d?abord conservatoires, préservatrices d?évolutions dangereuses. La propagande joue sur ces sentiments et sur le choc émotionnel que la Première Guerre mondiale a été pour ce public. Elle dramatise les effets et les conséquences de la lutte politique. La peur doit aiguillonner les conservateurs et les pousser à réagir devant la montée des périls.
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1932)
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1932)
La dramatisation propagandiste
8Le monde modéré vu à travers le prisme de ses images de propagande se nourrit de la peur panique de la révolution (sociale) et de la Terreur (politique). Les figurations ne sont pas le reflet simple de la psychologie troublée de dessinateurs surmenés. Les images étaient commanditées, construites et acceptées suivant un schéma qui devait s?apparenter à celui que les patrons de presse utilisaient avec les dessinateurs : ils proposaient dessins et thèmes et le directeur tranchait [9]. L?investissement idéologique est donc fort. Pas de hasard ici, mais la volonté répétée de faire voir la politique en application pour le meilleur et surtout pour le pire. Ces utopies figuratives sont communes à d?autres forces politiques, rappelons-le, tels les communistes et surtout les socialistes. Les modérés toutefois jouent davantage sur le catastrophisme pour peser sur les votes.
Les thèmes des images
Les thèmes des images
9La dramatisation se révèle d?emblée par la présence fréquente d?armes. Un comptage des affiches par thème montre d?ailleurs que l'armement et la guerre sont parmi ceux qui reviennent le plus fréquemment. La présence des armes y est logique car ce n?est pas ? tant s?en faut ? le contexte diplomatique qui est valorisé. La guerre est l'argument fort pour une clientèle électorale souvent rurale, marquée par le conflit mondial récent. Les anciens combattants sont présents dans cette famille politique, assez proche d?organisations comme l'Union nationale des combattants [10]. La thématique des affiches se nourrit de cette détestation de la mort collective dans une lutte totale où l'on ne distingue plus le guerrier de l'innocent, femme ou enfant. Le massacre, perpétré par le communiste, le pillage, montrent la crainte de la révolution et le sentiment que l'élection est là pour conjurer la tentation de prise de pouvoir violente. Voter pour les révolutionnaires serait en somme le détournement d?un acte pacifique pour engendrer le chaos. L?équation est simple : le vote révolutionnaire, c?est l'anarchie et la mort. L?iconographie ouvre sur une écriture de la politique déformée par la barbarie d?une minorité. La brutalisation de la vie politique, pour reprendre le concept de Mosse [11], pourrait se percevoir dans la France modérée par un usage récurrent d?images de violence. Elle n?est pas comme en Allemagne le glissement vers une politique de la rue. Les propagandistes du CPRN se réfèrent à une brutalité vécue pour mieux créer un lien entre deux visions d?horreur : celle de 1789 pensée comme un temps d?anarchie et d?exécutions et celle de 1917 qui s?est achevée dans le massacre et la guerre civile. Les mêmes incidences mortelles sont citées quand il est fait mention de la société soviétique [12]. Cette lecture influence toutes leurs analyses. L?économie est ainsi évoquée par ce discours dramatique. À propos du déficit budgétaire, les chefs de la gauche française et anglaise sont montrés poussant Marianne et Britannia dans un gouffre, avec le visage haineux d?êtres violents [13].
10Le modèle narratif de ces affiches engendre une écriture non moins symbolique du personnel politique. Les allégories patriotiques, les personnages-symboles, tout comme les leaders, sont l'objet d?un double processus d?héroïsation ou de diabolisation au gré des appels idéologiques. Les hommes politiques de gauche sont les principales victimes de la hargne propagandiste. La diabolisation prend des allures distinctes selon les partis et leur dépendance à l'Union soviétique. Car le grand Satan est incarné par Staline qui revient à trois reprises sous les traits d?un criminel ou d?un exploiteur. Léon Blum, sur lequel se concentrent les attaques, n?a pas cette allure. Il est considéré comme ridicule, faible et paraît la dupe des communistes. Il est placé en position humiliante : ici, à quatre pattes ; là, attelé tel un cheval ; ailleurs comme la malheureuse tête d?un jeu de massacre. Son rôle de pivot dans les coalitions électorales des années Trente explique le mépris affiché à son endroit. Herriot est victime d?un traitement similaire. Paradoxalement les leaders communistes apparaissent moins souvent que le socialiste et le radical. On distingue la figure de Marcel Cachin dans quelques affiches mais plus souvent la critique passe par la dénonciation d?une figure de communiste anonyme, presque en forme d?allégorie masculine. Les personnalités internationales négatives sont également nombreuses dans ces images, soit que, tel Mac Donald, elles poussent leur pays à la catastrophe, soit que, à l'image de Hitler et Staline, elles constituent une menace pour la France.
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1936)
Affiche du Centre de propagande des républicains nationaux (1936)
11Devant ce déferlement critique, les hommes politiques héroïsés sont peu nombreux. Le plus consensuel est Raymond Poincaré. Le restaurateur du franc est aussi le fondateur véritable de la mouvance modérée en France. L?admiration dont témoignent les images tient à son rôle financier et repose indubitablement sur le prestige acquis pendant la Première guerre mondiale. Mais la date de création du Centre, peu avant sa retraite, limite les possibilités d?exploiter électoralement cette figure à long terme. Les hommes du CPRN cherchent alors des substituts au leader disparu. Le seul qui revienne plus d?une fois est André Tardieu. Or, Tardieu représente une droite plus dure que celle qu?incarna Poincaré. Avec la Fédération républicaine, il prône des idées, parfois forgées par les ligues ; en particulier dans le domaine de la réforme des institutions après 1934. Il finit d?ailleurs par renoncer à l'action parlementaire qu?il juge inefficace. La référence à son action montre à quel point la droite modérée est en peine de leader. Elle est conduite à se tourner vers des conservateurs plus énergiques à cause de cette carence en personnalités véritablement populaires. Pierre-Étienne Flandin, qui en devient la figure la plus saillante à la fin des années Trente, n?a pas la même fibre populaire qu?un Raymond Poincaré. Cette défaillance n?explique cependant pas à elle seule le faible nombre d?images positives produites par le Centre. Il est probable que pèse aussi le caractère fédéral de l'organisation où se retrouvent les défenseurs de plusieurs tendances concurrentes. Les affiches positives contraindraient à définir une plate-forme commune, ce qui n?est pas toujours facile et supposerait une cohérence d?organisation peu coutumière à la droite d?alors.
Les procédés des adversaires et la raison modérée
Les procédés des adversaires et la raison modérée
12Si bien que le discours modéré, à travers ses images, est d?abord un discours critique. Il peut être résumé en une phrase : la politique doit être le domaine de la raison. Point d?impératif kantien dans cet axiome mais plutôt l'affirmation que cette droite reconnaît l'héritage des Lumières et, dans ce sens, n?est pas anti-moderne. L?argumentation déployée sur ces affiches trouve son sens dans la relation complémentaire entre le texte et l'image. Le vocabulaire insiste sur les tentatives adverses pour induire les électeurs en erreur et les aveugler sur les effets de leur vote. Le mot « tromperie » revient ainsi à dix reprises sur des images qui l'illustrent ou qui montrent les effets désastreux de l'idéologie des gauches. Les manipulations sont dénoncées. Symptomatique de cette technique de délégitimation du discours communiste, une affiche de 1928, qui montre un travailleur idéal levant les bras vers l'éclat illusoire d?un soleil communiste, tandis que derrière lui des pillards assassinent, allant même jusqu?à égorger une femme sous l'?il de son enfant [14]. Le slogan renforce le dispositif graphique : « Derrière le brave travailleur trompé par les communistes, il y a ceux qui attendent le ?grand soir? pour piller, incendier, tuer » (ill., p. 254).
13La raison modérée est explicitée dans la propagande du CPRN. Elle repose sur des opérations simples d?analyse ou de critique. Elle s?appuie sur l'idée du « bon sens » et régulièrement se réfère à une sagesse populaire qu?il suffit de réveiller pour éviter le triomphe de « l'extrême gauche [15] ». La comparaison est la principale opération mentale de cette sagesse simple. Les images juxtaposent ainsi fréquemment une situation positive et une autre négative. Certains insistent dans le texte sur une situation démentie par le visuel. Les contrastes sont renforcés par ces mises en scène qui justifient le rejet des exigences socialistes et communistes. Contrastes et comparaisons dans les structures des affiches avec deux images opposées côte à côte ; contrastes et comparaisons au sein même des images quand des personnages sains se distinguent d?autres, nuisibles : ce comparatisme désigne clairement une série d?idéaux que les modérés souhaitent faire partager à leur électorat. D?abord, ils insistent sur les nécessités économiques et financières : équilibre budgétaire, protectionnisme économique, en particulier contre l'Allemagne. Ensuite et surtout, ils posent l'existence de deux lieux fondateurs, à savoir l'ordre et la paix. Toutes les affiches explicitent l'une, l'autre ou les deux notions. La paix est le principe de justice qu?ils appliquent à toutes les situations et doctrines politiques. Elle renvoie à la guerre achevée. Elle est aussi un projet pour l'avenir et l'argument essentiel pour refuser toute violence nouvelle. La Révolution, définie dans la limite du pillage et du massacre, est ainsi une formalisation de la guerre presque dans une acception noltienne [16]. Pour les modérés, la lutte électorale débouche sur la guerre civile dans le cas d?une éventuelle victoire de la gauche communiste. Le raisonnement est écrit sur une affiche de 1936 où l'on voit un soldat allemand regarder une France livrée au pillage et à l'émeute avec pour explication « Français ! On vous guette ! Front communiste = guerre civile, Guerre civile = guerre étrangère ». Le Front populaire espagnol est lu à travers ce prisme [17]. Sa victoire devait fatalement entraîner la guerre civile. Le modèle russe rejoue sur la pensée d?hommes profondément marqués par la Grande guerre. La paix devient une valeur supérieure de la société et induit une lecture sociale. L?usage de la violence dans la lutte des classes ne peut engendrer que le chaos. La modération pose son conservatisme en instrument collectif de préservation. L?ordre est le complément nécessaire du pacifisme. Il se définit par un état stable des relations sociales, une liberté de production, une stabilité économique. Il est bonheur quand la guerre fut malheur. Ordre et paix sont finalement adossés à des appels fréquents à la mémoire des Français. La guerre de 1914-1918 est l'un des principaux arguments avancés pour justifier la position du CPRN. La pensée « ancien combattant » trouve ici un terrain d?expression fertile. Elle dépasse la rationalité limitée et impose une vision mystique de la vie publique. Elle rend crédible une lecture eschatologique du devenir politique.
Une eschatologie catastrophiste
14Le passé justifie la peur de l'avenir. La France modérée vit dans la hantise des journées révolutionnaire et 1789, avec ses têtes juchées sur des piques, est écrit en abîme de 1917. Elle est encore travaillée par les corps suppliciés des anciens combattants qui portent les stigmates d?un conflit proche. La peur des modérés suit ces deux contours. Elle est tendue vers un avenir effrayant que ces affiches écrivent avec la délectation des vrais masochistes et une sorte de croyance naïve en la capacité exorciste de ces icônes, devenues des intercesseurs vers un électorat érigé en divinité, sorte de corps mystique dont les hommes du Centre attendent leur salut [18].
Eschatologie et symbolique
Eschatologie et symbolique
15L?invasion est le premier de ces cauchemars, dont les propagandistes abreuvent l'opinion. Par effet de mémoire, c?est le retour de l'Allemand que l'on craint. La lucidité sur la menace hitlérienne est précoce. L?accession au pouvoir des nazis donne lieu à une mise en cause de la faiblesse des gouvernements cartellistes accusés de ne pas armer la France. La peur de l'invasion est également accolée aux élections car les communistes sont les instruments d?une puissance étrangère et leur victoire, comme celle de leurs alliés, signifie que la France passe aux mains de Moscou. Hitler ou Staline ? Le dilemme n?est pas posé en ces termes. Les affiches modérées ne font pas le détail et cumulent les dangers pour mieux dénoncer les adversaires de gauche. Le Cartel, c?est la racaille communiste et l'invasion allemande « Guerre civile = guerre étrangère ». La guerre de 1914 est même décrite comme provenant de la victoire des rouges aux élections de 1914, si l'on en croit la description optimiste que dresse un hypothétique soldat allemand vingt ans après [19]. Vision insupportable d?une armée étrangère campant sur le sol national et que n?hésitent pas à montrer les affichistes du Centre. L?appel à la vigilance et la revendication d?un nécessaire réarmement sont les réponses que cette droite souhaite apporter à ce danger récurrent. D?où le rejet du désarmement jugé comme une mise à mort de l'indépendance nationale : « La France qui a connu quatre fois l'invasion en cent ans, ne doit pas désarmer sans être assurée de sa réussite », proclame une affiche de 1932 sur laquelle l'on voit quatre colonnes de soldats d?époques différentes marcher sur une carte de France, un peu à la façon du Rêve d?Édouard Detaille [20]. La même année, un autre document de propagande, illustré de l'animal symbolisant la Gaule, affirmait : « Ne retirez pas au coq français son bec et ses griffes. Ne désarmez pas sans sécurité. Votez contre le Cartel ». Le nombre d?armes à l'image et ces fréquents appels au maintien de la puissance militaire démontrent le sentiment de menace sur la société française. Le lien causal établi entre guerre et révolution dans ces images explique la crainte du massacre ancrée dans une dimension identitaire.
16À travers le regard du CPRN, la France n?est pas une république universelle. La Révolution n?a aucunement fondé un idéal. 1789 s?identifie à 1793 : la terreur crée l'effroi. La peur de l'avenir s?enracine dans ce passé français, filtré à la lumière du bolchevisme et projeté sur la France des lendemains électoraux. Chaque scrutin est l'occasion pour les propagandistes d?écrire une fin de l'histoire par l'autodestruction des Français. La Révolution, le Grand Soir, n?y aboutissent pas à l'achèvement des temps capitalistes rêvé par Marx mais, au contraire, déclenchent une apocalypse sans vainqueur ni survivant, tueurs mis à part. Les masses ne sont pas bonnes sur ces images. Elles se composent d?exécuteurs et de victimes (femmes assassinées, enfants piétinés) qui, dans la panique, voient s?effondrer la civilisation. La mission civilisatrice alimente la mémoire politique des modérés et, dans une certaine mesure, la discrimination entre les cultures et les races. Dans cette perspective raciste, les communistes sont considérés tels des êtres sauvages. D?ailleurs, ils arment les peuples colonisés contre la France [21]. Ils se confondent avec ces peuples arriérés. N?exagérons cependant pas ce penchant idéologique. Les images du CPRN ignorent l'antisémitisme et ne pensent les caractères permanents des peuples que par rapport au lien étatique : race allemande avec laquelle se poursuit une lutte séculaire ; races colonisées qu?il a fallu soumettre et qui se révoltent. Alors que Léon Blum concentre la bile des ligueurs antisémites, les modérés le critiquent principalement à cause de sa pratique politique et parce qu?il ouvre la porte au communisme. Communisme, haine de la civilisation, race maudite des agitateurs qui piétinent tout ce que croient les hommes du Centre. Rien de spécifique au judaïsme.
17Le sacré de ces laïcs républicains modérés est profané par le bolchevisme. Le sacrilège communiste est dépeint sur une affiche. « Le voilà, le communiste » proclame-t-elle tandis que sur l'image le communiste type, toujours portant casquette et mains dans les poches, crache sur la tombe du soldat inconnu, sous l'Arc de Triomphe, sur fond d?émeute. Tout est dit dans cette image : le culte des morts, le sens de la patrie et du sacrifice, la continuité de la nation française, la force de l'ordre. Le respect meurt avec la révolution communiste. Le sacrilège rappelle les iconoclastes qui profanaient les crucifix. Le sang versé est souillé dans le crachat et la flamme patriotique vacille sous l'affront. L?image était destinée à préparer les élections de 1928, juste après la fin de la guerre du Rif contre laquelle le PCF avait pris seul position. Elle échappe pourtant à son contexte et délivre le message fondamental que le Centre de propagande des républicains nationaux n?a cessé de marteler. Il fallait sauver la France de l'engeance communiste, lui conserver son caractère éternel, celui qui, de Jeanne d?Arc aux Poilus, a fait sa grandeur.
18L?outrance, l'exagération de ces images, ne doivent pas tromper celui qui, de nos jours, les regardent. Elles puisent dans le fonds réactionnaire et empruntent une partie de leur idéologie aux mouvements contestataires lancés par les anciens combattants. Le hasard n?y est pour rien. La droite modérée française converge vers les factions extrémistes et tente de préserver son électorat en cherchant plus loin à droite des thèmes populaires. Ce faisant, elle tombe dans la répétition obsessionnelle d?un anti-programme. Peu de propositions s?y lisent, hormis la scansion régulière de l'équilibre budgétaire et de la défense de l'économie de marché. Le projet social lui échappe, alors que se constituent les bataillons de gauche désireux d?accéder au pouvoir et d?adapter le pays aux exigences de la crise morale d?abord, économique ensuite. Les patriotes modérés cultivent l'anticommunisme, l'antisocialisme et l'antigermanisme, plutôt que l'antifascisme ou l'antinazisme. Face à l'histoire, ils cherchent une dernière échappatoire en refusant d?aller vers une société nouvelle de peur qu?elle ne ressemble à l'Union soviétique. Ils ignorent les nécessités de l'intervention de l'État que d?autres anticipent. Ils renoncent à jouer leur rôle d?élite, se contentant de prier pour la patrie et la rente. La marche de l'époque les montre ignorants de ce qui se joue en Espagne. Le communisme, c?est la guerre, bel axiome ! Mais si la guerre venait d?ailleurs, que feraient les communistes ? Et quelle serait leur attitude ? Les modérés préfèrent l'ignorer et pleurer sur les malheurs de la France, attendant, sans y croire, un nouveau sauveur, après Poincaré, en dépit de Tardieu.
19Nul n?est venu. Et le massacre eut bien lieu, plus atroce encore que les sombres images de leurs fausses prophéties. ?
Notes
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[1]
Cf. sa biographie par Jean-Yves Boullic, Anne Lavaure, Henri de Kerillis 1889-1957. L?absolu patriote, Rennes, PUR, 1997, 278 p.
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[2]
Gilles Le Béguec, « Les chefs du ?parti modéré? et la transformation des structures d?encadrement politique. De Waldeck-Rousseau à Giscard d?Estaing », communication au colloque Les modérés dans la vie politique française de 1870 à 1965, Nancy, 18-20 nov. 1998.
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[3]
C?est Jean-Paul Thomas qui nous a fourni cette indication à partir des lettres retrouvées dans les archives de Jean Legendre.
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[4]
Sur la définition des genres iconiques de propagande, voir Fabrice d?Almeida, Images et propagande, Paris, Casterman, 1995.
-
[5]
Philippe Buton, Laurent Gervereau, Le Couteau entre les dents, Paris, Chêne, 1989, pp. 18-23.
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[6]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres.
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[7]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, 1934. L?image montre une foule portant des drapeaux tricolores avec, gisant à ses pieds, trois corps ensanglantés.
-
[8]
Le slogan diffère un peu, cf. BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, 1928, « Sortez le député fromage sortant ! ».
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[9]
Sur ce milieu, cf. Christian Delporte, Les Crayons de la propagande. Dessinateurs et dessins de presse sous l'Occupation, Paris, CNRS éd., 1993.
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[10]
Cf. Antoine Prost, Les Anciens Combattants dans la société française. 1914-1939, Paris, PFNSP, 1977.
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[11]
George L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette littérature, 1999.
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[12]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche intitulée « Grâce à l'esclavage les bolcheviques russes arrivent à produire pour rien ». L?image montre des travailleurs misérables sur fond de sombres usines.
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[13]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche « Français, barrez la route aux socialistes et à leurs alliés. » (1932).
-
[14]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres.
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[15]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche « Attention ! Dans cette circonscription il y a un candidat qui se dit d?Union nationale et qui a partie liée avec l'extrême gauche !? » (1932 ?).
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[16]
Ernst Nolte, La Guerre civile européenne. 1917-1945, Paris, Éd. Des Syrtes, 2000. La question du rapport entre massacre et guerre civile n?est cependant pas explicitée chez Ernst Nolte. Dans le cas de nos affiches, modérées, le lien paraît notamment par la conjonction du discours patriotique et de son repoussoir révolutionnaire. Le massacre de guerre relève du sacrifice et d?une démarche cultuelle tandis que celui des révolutionnaires provient de leur avidité et de pulsions sanguinaires. La psychologie qui sous-tend les images suppose des tempéraments pré-établis de délinquants politiques.
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[17]
Affiches de 1936 où la comparaison apparaît entre le haut, fait d?usines sur un fond rouge surmonté de la faucille et du marteau et le bas où l'on voit des soldats tomber au combat sur un fond bleu, avec le texte suivant : « Comme en Espagne ? Hier la grève, aujourd?hui les bombes, demain la guerre ? Le communisme c?est la guerre ».
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[18]
La conception métaphorique du sacré qui transparaît à travers ces documents renvoie à une intériorisation du modèle de représentation politique mis en évidence par Pierre Rosanvallon, Le Sacre du Citoyen, Paris, Gallimard, 1992. Le suffrage universel fait du corps civique une entité transcendantale et le vote devient le sacrement matérialisant cette relation mystique en la ritualisant.
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[19]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, [1932] « Les bons Français avaient déjà voté rouge en 1914? Pourvu qu?ils recommencent » ; d?autres affiches établissent le parallèle 1914 = 1934 et le socialisme ou le Cartel = la guerre.
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[20]
BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche de 1932.
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[21]
Cf. notamment BDIC-Musée d?histoire contemporaine, fonds affiches de l'entre-deux-guerres, affiche de 1928, « Aux colonies, les communistes travaillent à poignarder la France » où l'on voit, en caricature cruelle, Doriot glisser un couteau dans la main d?un Maghrébin.