Essaim 2011/2 n° 27

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Article de revue

Pourquoi aimer son inconscient ?

Pages 63 à 74

Notes

  • [1]
    J. Lacan, Les non-dupes errent, séance du 11 décembre 1973, séminaire inédit.
  • [2]
    Ibid., séance du 8 janvier 1974.
  • [3]
    Trésor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm.
  • [4]
    Ne retrouve-t-on pas dans ce consentement la fonction de la Bejahung freudienne et sa traduction logique en termes de jugement d’attribution et d’existence ?
  • [5]
    13 novembre 1973 (Les non-dupes errent étant la référence principale de cet article, je m’y référerai désormais en donnant simplement la date de la séance concernée).
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    20 novembre 1973.
  • [8]
    On trouve mention des questions liées à l’occultisme dans les textes suivants de Freud : « Un rêve prémonitoire », « La psychopathologie de la vie quotidienne », « Totem et tabou », « L’inquiétante étrangeté », « Psychanalyse et télépathie », « Rêve et télépathie », « La signification occulte des rêves », « Rêve et occultisme ».
  • [9]
    13 novembre 1973.
  • [10]
    20 novembre 1973.
  • [11]
    Ibid.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    Je propose ce néologisme en référence, et en opposition ici, à la nostalgie du père freudienne (Vatersehnsucht).
  • [14]
    11 décembre 1973.
  • [15]
    8 janvier 1974 : « Quant au Réel, ben, ça va, c’est de ça qu’il s’agit cette année, il s’agit de voir ce qu’il y a de Réel, justement, dans le nœud borroméen. »
  • [16]
    J. Lacan, « L’étourdit », dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001.
  • [17]
    Dans les premiers mots du séminaire, le 13 novembre 1973, Lacan précise, après avoir rappelé son titre : « Ça sonne drôlement, hein ? C’est un petit air de ma façon. Ou pour mieux dire les choses, une petite “erre”, e deux r, e. Vous savez peut-être ce que ça veut dire, une erre ? C’est quelque chose comme la lancée. La lancée de quelque chose quand s’arrête ce qui la propulse et continue de courir encore. »
  • [18]
    E. Porge, Lettres du symptôme, versions de l’identification, Toulouse, érès, 2010, p. 39.
  • [19]
    Voir l’article de Jean François, « L’invention du borroméen », dans La psychanalyse : chercher, inventer, réinventer, Toulouse, érès, 2004.
  • [20]
    15 janvier 1974 : « Que le savoir inconscient soit topologique, c’est-à-dire qu’il ne tienne que de la proximité du voisinage, non de l’ordre, c’est en quoi j’essaie de dire, de fonder là-dessus qu’il est nodal. »
  • [21]
    18 décembre 1973 : « C’est pas tellement ce nœud qui est important, c’est son dire. »
  • [22]
    Lacan fait cette remarque le 9 février 1972 dans … ou pire.
  • [23]
    19 février 1974.
  • [24]
    11 décembre 1973.
  • [25]
    Sur la duplicité du Réel, qui est à la fois trois (le nœud borroméen en tant que tel est un Réel, ce qui existe hors-sens (ek-siste), c’est-à-dire insiste hors de l’être) et une consistance des trois (R), on consultera les développements d’Erik Porge dans son ouvrage Lettres du symptôme, op. cit., particulièrement le deuxième chapitre, « Le problème d’une nomination du Réel ».
  • [26]
    8 janvier 1974.
  • [27]
    J. Allouch, L’amour Lacan, Paris, epel, 2009.
  • [28]
    15 janvier 1974.
  • [29]
    12 février 1974 et 19 février 1974. C’est suffisamment important pour que ce soit reformulé plus synthétiquement à la séance suivante : « Ce dire qui s’engouffre dans ce qu’il en est du trou par où manque au Réel ce qui pourrait s’inscrire du rapport sexuel. »
  • [30]
    12 février 1974.
  • [31]
    13 novembre 1973.
  • [32]
    Voir J. Lacan, Encore (1972-1973), Paris, Le Seuil, 1999, p. 73. « Côté homme » à gauche et « côté femme » à droite :
    equation im2
  • [33]
    15 janvier 1974.

1À la hâte, Jacques Lacan achève le 11 juin 1974 son séminaire intitulé de façon équivoque Les non-dupes errent. Il glisse, comme in extremis, à ses auditeurs sans doute un peu sonnés par ce coup inattendu, qu’il leur est désormais possible – une première dans l’histoire… – d’errer, c’est-à-dire de refuser d’aimer leur inconscient. Et à quel titre ce refus devient-il possible ? Eh bien, car l’on sait dorénavant ce que c’est que ce savoir qui a nom inconscient, puisque c’est ce que la psychanalyse a apporté de nouveau au monde, quoi qu’il en ait : « un savoir, un savoir emmerdant ». Et qui plus est, qui peut se savoir tel.

2Lancé à la poursuite de ce savoir comme savoir du Réel, avec le nœud borroméen en main pour l’accompagner dans cette aventure, Lacan se trouvait donc en 1973-1974 en mesure de poser une question à laquelle l’existence même de la psychanalyse semblait presque faire objection. Depuis que Freud avait rencontré des hystériques, on était empêtré dans ses symptômes, du fait de l’inconscient… et on essayait dans l’analyse, tant bien que mal, de s’en dépêtrer. Mais aimer, ou ne pas aimer, son inconscient – voilà ce que la psychanalyse n’avait pas pu interroger jusque-là.

3Pour tenter d’élucider ce point énigmatique, je commencerai par interroger ce que peut être la duperie pour le sujet de l’inconscient ; la logique à laquelle celle-ci introduit, logique modale aussi bien que nodale, permettra enfin de retrouver dans ce trajet la question du symptôme comme lieu de rencontre possible de l’amour, du savoir et du Réel.

Une bonne édupation…

4« J’ai dit les non-dupes errent, encore faut-il n’être pas dupe de n’importe quoi [1]. » De quoi donc, en effet, faut-il être dupe, et bien dupe, pour ne pas errer ? Qu’est-ce, en d’autres termes, qu’une bonne « édupation [2] » ? Sans doute pour en faire ressortir les différences par contraste, Lacan éclaire-t-il dès la première séance ce que serait la mauvaise édupation, celle qui raterait… de ne pas rater.

5Il y a dans cette notion de duperie une nuance qu’il sera utile de rappeler ici, et dont atteste le Trésor de la langue française[3] : on y consent à se laisser tromper, on se laisse abuser avec une certaine facilité, on accepte donc ce ratage. Pour qu’elle puisse avoir lieu, l’édupation est ainsi déjà elle-même l’objet d’un premier consentement, dont Lacan laisse entendre les effets dans la clinique. Que se passe-t-il en effet si ce consentement n’a pas lieu [4], si on refuse de se laisser abuser facilement, si on y regarde à deux fois : « Si les non-dupes sont ceux ou celles qui se refusent à la capture de l’espace de l’être parlant, si ce sont ceux qui en gardent, si je puis dire, leurs coudées franches, il y a quelque chose qu’il faut savoir imaginer, c’est l’absolue nécessité qui en résulte, d’une non pas errance, mais erreur [5]. » Cette erreur est tout de même ramenée à l’errance, requalifiée en voyage : « Tous ceux qui […] se veulent non-dupes, c’est ceci : c’est que leur vie n’est qu’un voyage [6]. » Sans user de termes nosographiques qui fixeraient ses propos du côté du psychopathologique, dans les indications qui suivent cette situation des non-dupes, Lacan laisse entendre d’une part la qualité de l’expérience subjective qui en résulte, sous le sceau de l’erreur – ils sont dans le monde comme à l’étranger ; d’autre part, les conséquences structurales de ce refus premier, consistant à substituer à l’Autre du langage un autre constitué depuis l’Imaginaire, qui rend les non-dupes plus dupes encore que les autres… Deux fois dupes, en effet, de n’être pas dupe une première fois, parce que nécessairement perdus dans les plis et replis d’un Imaginaire qui tient lieu de monde, sans permettre pour autant de s’y tenir.

6« La bonne dupe, souligne Lacan le 11 décembre 1973, celle qui n’erre pas, il faut qu’il y ait quelque part un Réel dont elle soit dupe. » Ce n’est donc pas de n’importe quoi, mais d’un Réel qu’il faut être dupe pour que « ça tienne », c’est-à-dire que la vie puisse être autre chose qu’un voyage à l’étranger… On remarquera le caractère très indéterminé dans lequel Lacan laisse ici la question – « il faut qu’il y ait quelque part un Réel » – alors même qu’au cours de la séance précédente, le 20 novembre, il avait laissé entendre qu’il pourrait bien être en train de viser une « science de la jouissance » comme savoir du Réel. Avant d’examiner plus loin en quoi cette indétermination a sans doute partie liée avec la duperie, éclairons cet horizon d’un détour inattendu qui mérite d’autant plus notre attention qu’il semble avoir fait l’objet d’une certaine résistance des auditeurs du séminaire, et conséquemment d’une insistance de Lacan, qui fait de l’intérêt de Freud pour l’occultisme plus qu’un simple excursus.

7La « science de la jouissance », que Lacan évoque, surgit de cette affaire d’occultisme comme envers de la science : là où la science n’a de cesse de débusquer, et de prouver, les rapports entre les choses, voire les êtres, l’occultisme, quant à lui, soutient l’absence de rapport. Je peux bien penser être en train de parler avec un ancêtre mort, ou un être aimé absent, mais rien ne peut prouver que je suis effectivement en train de le faire (cela dit, rien ne prouve l’inverse non plus !)… Lacan indique par là que la question d’un au-delà se présente comme un point de duperie privilégié, en ce qu’y trouve abri le rapport qu’il n’y a pas : « L’intérêt est ceci que Freud sait très bien souligner éventuellement, n’est-ce pas, c’est que, le seul point remarquable de ces faits dits d’occultisme, c’est qu’ils concernent toujours une personne à qui on tient, pour qui on a de l’intérêt. Que l’on aime. […] En tant qu’on l’aime, c’est bien connu, on la rate. On n’y arrive pas [7]. » Et de préciser les choses le 11 décembre suivant : « Qu’est-ce que c’est pour Freud que le Réel ? Eh bien, je vais vous le dire aujourd’hui : c’est justement l’occulte. Et ça l’est précisément en ceci qu’il le considère comme impossible. » Freud est mis là en position de bonne dupe : il ne croit pas aux faits d’occultisme, il ne croit pas, par exemple, qu’on puisse communiquer à distance par télépathie, mais il fait place au hors-sens de ces expériences en y revenant à de nombreuses reprises [8], se faisant ainsi volontiers la dupe de ce Réel.

8Ce détour par l’occultisme et la façon dont Freud s’en sert, de biais, permet à Lacan de soutenir qu’il y a là quelque chose à trouver, en fait de Réel. Ce qui est mis sur la sellette par Freud, en l’occurrence, c’est la mise en acte d’un non-rapport : aucun contenu de parole qui tienne face au fait que quoi que l’on dise, on ne le dit que sur fond d’absence. Le sens des mots se heurte ici à un abîme, que l’expérience elle-même met en évidence. C’est cette butée-là que Lacan qualifie de Réel, et qu’il met au principe de ce séminaire dans l’équivoque de son titre : « Dans ces deux termes mis en mot, des noms du père et des non-dupes qui errent, c’est le même savoir. Dans les deux. […] Et ne croyez pas même que, à l’occasion, il ne reste pas là, à propos de ce rapprochement, de cette identité phonématique […] ne croyez pas qu’il n’y ait pas d’énigme pour moi-même – et c’est bien de ça qu’il s’agit [9]. » C’est bien de ça qu’il s’agit, en effet, parce qu’en saturant le sens, l’énigme le comble au point de le déborder, de laisser apercevoir son envers de hors-sens.

9Grâce à cette identité phonématique qui soutient l’équivoque, elle-même portée ici au statut d’énigme, on aperçoit effectivement ce dont on se fait si volontiers la dupe : « À savoir que le sens il est en somme assez court [10] », qu’il a ses limites, en quelque sorte, puisqu’il peut être débordé – nulle surprise, donc, à voir Lacan, au moment où il exhume la question de l’occultisme, tourner autour de la question des limites de l’interprétation (Die Grenzen der Deutbarkeit) que Freud interroge notamment en ce qui concerne le rêve. Supporté qu’il est par les mots, qui peuvent tout dire sauf ce qu’ils ne disent pas, le sens enveloppe le point d’impossible à dire – que Freud nomme ombilic du rêve, et Lacan Réel – et participe en cela activement à nous rendre dupe. C’est à ce titre sans doute que Lacan regrette à ce moment-là que l’initiation ne soit plus possible : « Il n’y a qu’un malheur, c’est que de nos jours, il n’y a plus trace, absolument nulle part, d’initiation [11]. » Si l’initiation est ici évoquée, dans la suite du recours freudien à l’occultisme, c’est de biais également, pour approcher ce que serait cette « science de la jouissance » structurellement énigmatique : elle ne s’arrêterait pas au rapport dans sa construction du monde, soit à ce qui soutient l’existence du sens, mais ferait place au contraire au non-rapport comme lieu d’évidement du sens. Lacan souligne ainsi que l’initiation se présente « toujours comme ceci : une approche, une approche qui ne se fait pas sans toutes sortes de détours, de lenteurs, une approche de quelque chose où ce qui est ouvert, révélé, c’est quelque chose qui, strictement, concerne la jouissance [12] ».

10Pour autant, il ne s’agit pas d’une sorte d’« Antikesehnsucht[13] » : Lacan a soutenu dès la deuxième année de son enseignement qu’il n’y a pas d’initiation, et il continue à le faire – « Eh bien, l’intérêt de ce que j’ai voulu vous avancer la dernière fois, et que je ne vous ai pas dit, sinon par la phrase de la fin, qu’il n’y a pas d’initiation, dont ceux qui ont des oreilles ont très bien su repérer que c’était la seule phrase intéressante, c’est justement que pour Freud – et c’est bien là quelque chose qui mérite que nous y regardions à deux fois – il était dupe du Réel [14]. » C’est là même où il n’y a pas d’initiation qu’il peut y avoir une bonne édupation : il n’y a rien d’autre que le voile du sens, le sens est voile de son état sans que pour autant il faille considérer que cela cache quoi que ce soit, car du sens, on ne peut qu’être dupe – il est fait pour ça, pourrait-on aller jusqu’à dire. Pour cerner ce que pourrait être un autre régime d’existence que celui du sens, où s’engagerait éventuellement la possibilité d’être ou de ne pas être dupe, et au-delà d’aimer ou pas son inconscient, il faut alors changer de support : le langage donne d’abord accès au sens, pour toucher au Réel, il en vient au nœud borroméen [15].

Du nodal au modal : vers une science de la jouissance ?

11Pourtant, c’est tout de même à partir du langage que la logique modale avait d’abord été approchée, comme en témoigne l’ouverture de « L’étourdit [16] », où se déplie une formule que l’on peut inscrire dans le voisinage des « non-dupes errent » – « Qu’on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend », et Lacan de commenter : « Cet énoncé qui paraît d’assertion pour se produire dans une forme universelle, est de fait modal, existentiel comme tel : le subjonctif dont se module son sujet, en témoignant. » Il s’en remet ici à la grammaire pour déplacer l’apparence d’assertion sur la modalisation verbale, qui porte la trace du subjectif dans le subjonctif ; mais le subjonctif est lui-même modalisé par l’usage d’un pronom impersonnel, qui met bien plus l’accent sur l’acte de dire que sur l’individu qui performe cet acte.

12Chercher les moyens d’une logique modale, plutôt que d’une logique propositionnelle qui qualifie l’être en fonction de l’universel et du particulier, de l’affirmation et de la négation, est un des enjeux importants du séminaire de 1973/1974 : comme cela s’entend dans l’ouverture de « L’étourdit », il s’agit alors pour Lacan de sortir de la question de l’être pour entrer dans celle du dire, ce qui implique de changer de logique. Cela pourrait avoir pour conséquence, entre autres choses, de rendre envisageable que la bonne-dupe erre quand même, mais autrement que le non-dupe. Là où le non-dupe pousse nécessairement l’erre du côté de l’erreur, c’est-à-dire du voyage dans un monde imaginarisé, la bonne-dupe, elle, se trouve engagée sur sa lancée, c’est-à-dire sur son erre [17], propulsée par le sens au-delà de lui-même, car « telle est l’erre : aller plus loin que ce qui est effectivement dit […], jusqu’au réel d’un dire [18] ». La bonne-dupe court donc encore… jusqu’au dire, où le sens s’étourdit.

13Cette modalité que Lacan instaure grammaticalement dans « L’étourdit » rebondit sur la nodalité dans Les non-dupes errent, où il est question d’une convergence entre modalité et nodalité. Ce n’est pas le séminaire où s’inaugure à proprement parler le recours à la topologie des nœuds borroméens [19], mais c’est celui où leur logique commence à être extensivement mise à l’épreuve de l’inconscient comme structure. Contrairement à la logique propositionnelle, qui impose un ordre et crée de l’être – tous les animaux parlants sont des hommes ; tout ce qui n’est pas homme est femme, etc. – la topologie organise des proximités de voisinage dont les lois de transformation impliquent une malléabilité : il y a des modalités de nouage du nœud, mais pas un être déterminé du nœud, car les trois ronds qui le constituent sont strictement équivalents, n’ont pas d’identité propre, de substance ou de qualité préexistante à leur existence à trois, strictement dépendante de la modalité de leur nouage. Au lieu qu’il y ait des hommes ou des femmes, il y a avec les mêmes consistances et en fonction du nouage : rsi et sir et irs, etc.

14La structure de l’inconscient s’en trouve pensée autrement : non seulement elle est triple – Imaginaire, Symbolique et Réel – mais surtout elle est sans ordre [20], à l’instar du nœud : c’est là le point important, souligne Lacan à plusieurs reprises. Or, là où il y a de l’être, il y a du dit – dit qui soutient l’être, une fois celui-ci institué, dans son existence d’homme, de femme, etc. Mais là où il n’y a pas d’être qui se soutienne d’un dit et du sens qui s’en déduit, il peut y avoir autre chose, cela même que Lacan pointait dans « L’étourdit » et qu’il retrouve maintenant autrement. Le nœud est un dire [21], dans la mesure où il touche au Réel, c’est-à-dire qu’il permet de s’initier à cette dimension de l’inconscient, inapprochable, on l’aura compris, par quelque moyen que ce soit qui implique un recours au sens. Et peu nombreux sont les moyens qui n’y recourent pas, c’est bien ce qui donne à ce nœud borroméen le caractère d’une véritable trouvaille, qui va à Lacan comme bague au doigt [22]

15« Qu’ils soient trois, c’est à ça que tient le Réel. Pourquoi le Réel est-il trois ? C’est une question que je fonde, que je justifie de ceci : qu’il n’y a pas de rapport sexuel [23]. » Autrement dit il n’y a pas de rapport qui fasse deux, comme l’on pourrait s’y attendre dans le rapport sexuel, parce qu’il n’y a rien qui assure d’une rencontre où le deux s’établirait – ce qui se rencontre, c’est plutôt la manière dont chacun jouit de soi, dans le symptôme, notamment. Il y a donc deux « un », dans ce rapport sexuel qu’il n’y a pas, et c’est bien ce qui nécessite un troisième à partir duquel on puisse commencer à compter deux quand même, quelque chose qui fasse tenir ensemble ces deux « un ». Corrélativement, « le deux ne peut être rien d’autre que ce qui choit ensemble du trois [24] ». Il n’y a donc de dire possible sur ce qui fait deux qu’à partir de trois [25] : c’est en cela que le nœud borroméen importe comme dire – comme dire du deux à partir du trois.

16Et c’est aussi sans doute pour cela que, dans Les non-dupes errent, le nœud rencontre électivement l’amour, qui s’y trouve porté à l’existence par l’impossibilité du rapport sexuel – « Il y faut si je puis dire, cette racine de l’impossible [26]. » Il a été récemment montré que l’amour s’était frayé plus d’un chemin dans la recherche de Lacan tout au long des séminaires [27] ; dans celui auquel je m’intéresse ici plus particulièrement, il accompagne la construction de cette logique modale que Lacan instaure par la nodalité. Mais dire que l’amour accompagne le passage de la structure de l’inconscient à la logique modale et non plus propositionnelle est trop peu dire ici : si l’amour ne se conçoit qu’à partir de cette racine de l’impossible qu’est le rapport sexuel, le corolaire en serait-il qu’il n’y a pas de modalisation qui n’implique l’amour, à partir du moment où cet impossible oblige à penser à partir d’une logique du et/et et non plus du ou/ou ? Il n’y a pas de rapport sexuel, mais « alors, il s’agit de savoir comment, tout de même, ça fonctionne, à savoir que, tout de même, ça baise là-dedans [28] »…

17Le Réel étant ainsi ce qui se détermine de ce que ne puisse d’aucune façon s’y écrire le rapport sexuel (impossible : ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire), le deux de l’amour s’y rapporte à la fois en tant qu’il y a nécessité d’en signifier quelque chose pour qu’un sujet puisse se positionner (nécessaire : ce qui ne cesse pas de s’écrire) et que ce quelque chose tient à des constructions particulières, à l’imaginaire de chacun qui oriente les rencontres (contingent : ce qui cesse de ne pas s’écrire). Le nœud borroméen pourrait ainsi devenir le support d’une telle modalisation où le deux qui n’existe pas comme tel – et effectivement, le nécessaire et le contingent devraient s’exclure mutuellement – se trouve malgré tout fonctionner à trois à partir de l’impossible du Réel. Un tel nœud, que l’on pourrait par exemple intituler « nœud de l’amour et du modal », s’écrirait alors ainsi :

figure im1

18Le point de serrage du nœud est noté a, soit ce qui témoigne que le nouage borroméen n’est pas une résolution du problème posé par le Réel, ce trou que fait à jamais l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel comme tel, mais une écriture à trois de ce trou par une détermination qui l’inscrit dans une dynamique, ou une malléabilité. Ce qui s’écrit ainsi par une lettre, a, comme trace de l’absence, soit trace de rien qui ait été là avant la trace elle-même, ne peut pas être dit sans rentrer à nouveau dans le sens.

19Et quel serait alors le dit qui prendrait appui sur ce dire qu’est le nœud, mais qu’est aussi bien l’amour ici ? « Le dire vrai, c’est si je puis dire la rainure, c’est ce qui la définit, la rainure par où passe ce qui… ce qu’il faut bien qu’il supplée à l’absence, à l’impossibilité d’écrire, d’écrire comme tel le rapport sexuel [29]. » Or, si comme métaphore la rainure est le dit de a comme dire vrai de l’absence, elle permet aussi d’entrevoir comment celle-ci est à la fois la condition de possibilité du discours analytique et comment le discours analytique peut y créer du possible : « Le discours analytique est ce qui permet de dire ce qui, pour ce qui est du rapport sexuel, y coule, remplit la rainure […] il y passe quelque chose [30]. » Pour qu’il puisse y avoir du discours analytique, il faut qu’il y ait rainure ; et à partir du discours analytique, quelque chose passe dans la rainure, il peut (s’)y passer quelque chose – quelque chose qui s’écrit a, l’objet a, comme point d’appui indéterminé, sans qualité ni substance, d’une « science de la jouissance ».

La dupe et le symptôme

20Si cette rainure peut être rencontrée et montrée avec le nœud borroméen, Lacan en a également fait apparaître l’existence dans la trame même de son séminaire. Ainsi, une série de remarques discrètes, qui pourraient facilement sembler anodines, voire triviales, relient au Réel de la rainure la dupe et le symptôme… en passant par « une femme ».

21Lors de la première leçon du séminaire, Lacan remarque en passant qu’en français la dupe est la… c’est-à-dire féminine. Pourtant, il parle du non-dupe ; est-ce à dire que la négativation du terme le ferait changer de genre ? Lacan se garde là de trancher, mais il cite quand même Chamfort dans la foulée, rencontré semble-t-il au détour d’un dictionnaire : « Une des meilleures raisons, écrit Chamfort, qu’on puisse avoir de ne se marier jamais (ah !) c’est qu’on n’est pas tout à fait la dupe d’une femme tant qu’elle n’est pas la vôtre. » Au lieu d’y trouver l’évocation traditionnelle de la femme trompeuse, Ève en tête, Lacan prend la chose à rebours pour considérer plutôt qu’« une femme ne se trompe jamais. Pas dans le mariage, en tout cas [31] ». Alors serait-elle le non-dupe, et lui la dupe dès qu’il l’épouse ? Cette étrange évocation ricoche ensuite par deux fois.

22Le 15 janvier 1974, dans un mouvement d’agacement, Lacan laisse ainsi échapper, face à son auditoire trop nombreux : « Depuis quelque temps, je ne peux plus vous identifier à une femme. Ça m’emmerde. » Que faire de cette drôle de remarque, si ce n’est de commencer par la situer dans le contexte où elle intervient ? En effet, dans cette même séance, Lacan reprend les formules de la sexuation [32] qu’il a développées dans Encore l’année précédente, pour insister sur le fait que « côté homme » la fonction de l’exception, loin d’ouvrir l’ensemble de ceux qui sont soumis à la fonction phallique, le clôt au contraire. L’exception ne fait pas trou dans l’ensemble « homme », elle renforce plutôt le bouclage du tout sur lui-même : pour que l’ensemble tienne face à l’exception qui le menace, il faut le fermer – moyennant quoi, quand on s’y trouve, on est un peu coincé… Ce qui décoince « l’homme », c’est qu’il a tout de même affaire à « des femmes », qui, elles, appartiennent à un ensemble ouvert. Sans entrer ici dans toutes les subtilités de ces formules, encore inscrites dans la logique propositionnelle bien que la détournant de son usage habituel, tenons-nous en à rappeler que l’invention d’un nouvel opérateur logique, le « pastout », empêche que l’absence d’exception « côté femme » ne règle en négatif le problème de l’universel : personne n’échappe à la fonction phallique, certes, mais il arrive à certaines personnes, celles qui viennent en position de femme, de n’y être pas toute inscrites. Par où il apparaît que ça ne se referme pas : « La vérité a une limite d’un côté, et c’est pour ça qu’elle est mi-dire. Mais de l’autre elle est sans limite, elle est ouverte. Et c’est bien en quoi peut l’habiter le savoir inconscient, parce que le savoir inconscient, c’est un ensemble ouvert [33]. » Sans doute peut-on rapporter cet ensemble ouvert au possible mentionné ci-dessus, que la rainure supporte de son ek-sistence.

23Si bien que pour qu’un « homme » puisse commencer à savoir quelque chose de ce qui compte vraiment – c’est-à-dire bien entendu de ce qui « emmerde », ce savoir de l’inconscient que Les non-dupes errent inscrit du côté de la science de la jouissance –, il faut qu’il sorte de la clôture coinçante à laquelle il se reconnaît comme homme, c’est-à-dire qu’il lui faut « une femme »… Une qui viendrait en position de ne lui laisser pas croire qu’il sait. Ainsi « un homme », qui n’aurait pas « une femme » devant lui, risquerait de croire qu’il sait ce que c’est qu’être un homme, et de s’installer de ce fait dans une position de non-dupe. En l’occurrence, plus l’auditoire de Lacan est nombreux, plus la supposition de savoir qui lui est imputée est puissante, plus il est difficile de ne pas croire qu’il sait. « Une femme », sans doute du fait de son affinité élective pour l’hystérie, se laisse volontiers duper par le phallus au point de « faire l’homme » – et sans doute est-ce en cela qu’elle ne se trompe jamais… Elle sait, en somme, de quoi il lui faut être dupe : voilà la bonne-dupe. Et en faisant l’homme, elle l’empêche, lui, de le faire tout seul, enfermé, non-dupe de sa position. Elle l’empêche d’errer en rond, elle lui fait faire un nœud, remarque Lacan… le nœud de l’amour et du modal ?

24Ce qui se dessine donc dans cette étonnante identification de l’auditoire à « une femme », c’est que pour que puisse s’inventer le savoir qui ici intéresse Lacan, savoir de l’inconscient, savoir du Réel, science de la jouissance, il faut que quelqu’un – ou ici quelques-uns –, puisse venir en position d’« une femme » – étant entendu, comme d’ailleurs l’exemple de Lacan le laisse voir, qu’il n’est pas question de personnes déterminées, ni de sexuation naturelle. Ce qui laisse à penser que Lacan est en fait plutôt « emmerdé » de n’être pas véritablement « emmerdé » par « une femme », seul moyen pour « un homme » de dégager ainsi un savoir à partir du symptôme qu’elle est pour lui. Dans la rencontre avec « une femme », « un homme » se charge de ce savoir, un savoir de rainure – mais jusqu’où s’en charge-t-il ? Aimera-t-il « cette femme » au point de faire de la rainure dont elle est porteuse le support de son savoir à lui ?

25Ainsi, lorsqu’un an plus tard exactement, à la fin de la séance du 21 janvier 1975 du séminaire rsi, Lacan remarque que « dire qu’une femme c’est un symptôme » est à la fois quelque chose qui colle au mieux à la pratique et qu’on ne l’avait jamais dit, c’est bien cette question du Réel du symptôme porté par « une femme » qui insiste. Même s’il ne l’avait pas ramassé dans cette formule, c’est tout de même ce qu’il dégageait un an plus tôt de sa pratique de séminariste, qui, on le sait, n’est pas étrangère pour lui à la pratique de l’analyse. Cette formule vient là ponctuer l’idée que si « un homme » rencontre son symptôme dans « une femme », c’est dans la mesure où celle-ci se présente d’abord à lui comme ce à quoi il croit, ce à quoi même il n’a pas de raison de ne pas croire, puisque c’est d’y croire qui précisément lui permet de rencontrer l’ouvert de la rainure et le possible qui y passe. Il ne s’agit pas tant ici d’aimer son symptôme comme on aime sa femme, mais, par le truchement d’« une femme » qui fait symptôme d’introduire le Réel du savoir de l’inconscient, de se laisser habiter par l’inconscient comme savoir, et ainsi d’en savoir quelque chose – et n’est-ce pas là, effectivement, la tâche que s’est donnée Lacan comme séminariste ?

26Dans cette perspective, il est toutefois envisageable pour « un homme » de ne pas croire à ce symptôme, de ne pas se fixer à « une femme » par la croyance à ce Réel dont elle est structurellement porteuse et qui constitue le savoir de l’inconscient. De n’être pas dupe, en somme. De sorte que l’on peut effectivement refuser d’aimer son inconscient : le nom de ce refus, ici, est la non-croyance en « une femme » – mais sans doute y en a-t-il d’autres. L’errance qui s’ensuit peut dès lors être entendue comme la conséquence de l’éviction du Réel hors du savoir. On mesurera ainsi quelle distance est prise par exemple avec l’idée selon laquelle l’errance viendrait, dans la psychose notamment, d’une invasion du Réel en lieu et place du Symbolique, puisque ce qui peut s’apercevoir maintenant, c’est que l’on ne peut aimer son inconscient sans se charger du Réel qui en constitue le savoir. Si l’on n’erre pas dans l’amour, c’est parce que c’est là que se trouve la possibilité de savoir ce Réel – et sans doute est-ce une propriété du Réel qu’on puisse en être dupe tout en le sachant. N’est-ce pas ainsi que Lacan situe Freud dans son rapport à l’occultisme : il n’y croit pas, c’est-à-dire qu’il repère là quelque chose qui excède les limites du sens ; mais il s’en fait la dupe, il y cherche tout de même à savoir quelque chose. C’est sans doute en quoi, à défaut peut-être d’aimer « une femme », il aura aimé la psychanalyse en la mettant à cette place-là, ce qui lui aura permis de ne pas errer… À nous maintenant d’aimer, ou pas, notre inconscient.

27Pourquoi aimer son inconscient, ce « savoir emmerdant » ? Cette question, à première vue assez énigmatique, l’est peut-être un peu moins à l’issue de ce trajet. Ce qui semble bien être en jeu, dans l’amour de l’inconscient, c’est le possible, qui entre en fonction grâce à la logique modale que Lacan développe avec la topologie borroméenne – du reste, c’est bien ce que prend en charge d’emblée l’équivoque du titre du séminaire auquel je me suis plus particulièrement intéressée, Les non-dupes errent.

28En effet, ce qui s’annonçait dès 1963 avec la pluralisation du Nom-du-Père, dans le séminaire à l’unique séance où s’entrevoyait cependant déjà, dans le pluriel, la limite de la métaphore paternelle comme élection d’un signifiant déterminé, substitut du désir maternel – ce qui s’annonçait donc dès 1963, dans Les noms du père, se trouve réalisé dans Les non-dupes errent, par le nœud. La pluralisation des noms du père se présente comme le corrélat d’une logique qui autorise des voisinages et des transformations dans un espace ouvert, à côté de l’espace de substitutions délimité par la métaphore. Le signifiant et ses opérations privilégiées – métaphore, donc, mais également métonymie – ne disparaît pas, mais il se rattache au dit ; pour ce qui est du dire, qu’habite l’inconscient comme savoir, d’autres opérations sont requises à le cerner, celles de la topologie borroméenne, qui dessinent alors un axe problématique qu’il nous incombe de continuer à explorer : de l’indéterminé au possible en passant, notamment, par le symptôme.

Notes

  • [1]
    J. Lacan, Les non-dupes errent, séance du 11 décembre 1973, séminaire inédit.
  • [2]
    Ibid., séance du 8 janvier 1974.
  • [3]
    Trésor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm.
  • [4]
    Ne retrouve-t-on pas dans ce consentement la fonction de la Bejahung freudienne et sa traduction logique en termes de jugement d’attribution et d’existence ?
  • [5]
    13 novembre 1973 (Les non-dupes errent étant la référence principale de cet article, je m’y référerai désormais en donnant simplement la date de la séance concernée).
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    20 novembre 1973.
  • [8]
    On trouve mention des questions liées à l’occultisme dans les textes suivants de Freud : « Un rêve prémonitoire », « La psychopathologie de la vie quotidienne », « Totem et tabou », « L’inquiétante étrangeté », « Psychanalyse et télépathie », « Rêve et télépathie », « La signification occulte des rêves », « Rêve et occultisme ».
  • [9]
    13 novembre 1973.
  • [10]
    20 novembre 1973.
  • [11]
    Ibid.
  • [12]
    Ibid.
  • [13]
    Je propose ce néologisme en référence, et en opposition ici, à la nostalgie du père freudienne (Vatersehnsucht).
  • [14]
    11 décembre 1973.
  • [15]
    8 janvier 1974 : « Quant au Réel, ben, ça va, c’est de ça qu’il s’agit cette année, il s’agit de voir ce qu’il y a de Réel, justement, dans le nœud borroméen. »
  • [16]
    J. Lacan, « L’étourdit », dans Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001.
  • [17]
    Dans les premiers mots du séminaire, le 13 novembre 1973, Lacan précise, après avoir rappelé son titre : « Ça sonne drôlement, hein ? C’est un petit air de ma façon. Ou pour mieux dire les choses, une petite “erre”, e deux r, e. Vous savez peut-être ce que ça veut dire, une erre ? C’est quelque chose comme la lancée. La lancée de quelque chose quand s’arrête ce qui la propulse et continue de courir encore. »
  • [18]
    E. Porge, Lettres du symptôme, versions de l’identification, Toulouse, érès, 2010, p. 39.
  • [19]
    Voir l’article de Jean François, « L’invention du borroméen », dans La psychanalyse : chercher, inventer, réinventer, Toulouse, érès, 2004.
  • [20]
    15 janvier 1974 : « Que le savoir inconscient soit topologique, c’est-à-dire qu’il ne tienne que de la proximité du voisinage, non de l’ordre, c’est en quoi j’essaie de dire, de fonder là-dessus qu’il est nodal. »
  • [21]
    18 décembre 1973 : « C’est pas tellement ce nœud qui est important, c’est son dire. »
  • [22]
    Lacan fait cette remarque le 9 février 1972 dans … ou pire.
  • [23]
    19 février 1974.
  • [24]
    11 décembre 1973.
  • [25]
    Sur la duplicité du Réel, qui est à la fois trois (le nœud borroméen en tant que tel est un Réel, ce qui existe hors-sens (ek-siste), c’est-à-dire insiste hors de l’être) et une consistance des trois (R), on consultera les développements d’Erik Porge dans son ouvrage Lettres du symptôme, op. cit., particulièrement le deuxième chapitre, « Le problème d’une nomination du Réel ».
  • [26]
    8 janvier 1974.
  • [27]
    J. Allouch, L’amour Lacan, Paris, epel, 2009.
  • [28]
    15 janvier 1974.
  • [29]
    12 février 1974 et 19 février 1974. C’est suffisamment important pour que ce soit reformulé plus synthétiquement à la séance suivante : « Ce dire qui s’engouffre dans ce qu’il en est du trou par où manque au Réel ce qui pourrait s’inscrire du rapport sexuel. »
  • [30]
    12 février 1974.
  • [31]
    13 novembre 1973.
  • [32]
    Voir J. Lacan, Encore (1972-1973), Paris, Le Seuil, 1999, p. 73. « Côté homme » à gauche et « côté femme » à droite :
    equation im2
  • [33]
    15 janvier 1974.
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