Montrant l’interdépendance des formes de la science avec l’ordre des représentations et des discours propres à une époque, Michel Foucault désignait sous le concept d’épistémè « une façon de penser, de parler, de se représenter le monde » définissant les « conditions de possibilité » de production de la connaissance (Foucault, 1966). Une manière de présenter la recherche biographique en éducation est d’interroger les relations d’interdépendance entre le contexte sociétal dans lequel ce courant de recherche développe son projet, les objets et formes de savoir qu’il se donne, les démarches de recherche partagée selon lesquelles il construit ce savoir.
Au cœur du projet de la recherche biographique, la reconnaissance et l’exploration du biographique comme dimension constitutive des processus d’individuation, de subjectivation, de socialisation, répondent en effet à une configuration socio-historique des rapports de l’individu au social et, pour le dire en termes à la fois éthiques et politiques, du sujet à la Cité. Cette configuration nouvelle a pour conséquence d’accorder une centralité sociale et politique aux opérations de biographisation et en particulier aux figures de langage dans lesquelles les individus produisent les formes de leur existence pour eux-mêmes et pour les autres au sein du monde social.
La prégnance et les effets de ce tournant biographique (biographical turn) sur les représentations et les conduites individuelles et collectives créent les conditions d’une approche spécifique en sciences humaines, fondée sur le paradigme d…