La question du développement durable dans les pays émergents est aujourd’hui, plus que par le passé, étroitement associée à celle du développement des infrastructures urbaines. Nous assistons à la diffusion progressive d’un modèle de développement où la promotion des infrastructures lourdes et la modernisation des réseaux se font moins au gré d’interventions ponctuelles que dans une approche systématique qui combine la diversité territoriale, une approche multisecteurs et le temps long. Ces programmes pluriannuels transforment les principes historiques de la planification dans ces pays. Faisant le pari d’asseoir, une fois pour toutes, des trajectoires de croissance ininterrompues, ils renforcent les grands systèmes d’infrastructures et les utilities. Ce modèle de développement repose sur des stratégies d’attraction d’investissements étrangers, introduites il y a parfois plus de trois décennies, dans un contexte d’excédents commerciaux de certains pays et d’un accès facilité au crédit. Après les Brics – premiers pays à avoir opéré ce tournant stratégique –, les nouveaux émergents de l’arc Pacifique – Malaisie, Thaïlande, Philippines, Chili, Pérou et Colombie parmi d’autres – placent le déploiement d’infrastructures au cœur de leurs programmes de développement. Ceux-ci se caractérisent aussi par une dimension territoriale marquée, avec des interventions qui privilégient les centres urbains. Ils constituent, de ce fait, un défi majeur quant à la capacité des gouvernements – urbains, métropolitains, nationaux – à combiner ces objectifs avec des impératifs socio-environnementaux de redistribution…