Le 18 juin 1940, c’est aussi le jour où Hitler ne vint pas à Paris, contrairement à une légende qui eut la vie dure. Pendant les six mois qui s’écoulèrent entre l’entrée des Allemands dans l’île de la Cité et sa révocation par les autorités de Vichy, Roger Langeron, préfet de police, prit soin de noter au jour le jour ses impressions et les malheurs publics dont il était le témoin privilégié. Six ans plus tard, il fit imprimer son journal
sans assortir d’aucune rectification ni d’aucun commentaire ces lignes qu’il avait écrites le 18 juin : « Hitler est venu très rapidement. Il s’est rendu directement à l’Étoile, il a passé la revue de ses troupes. Un service d’ordre allemand, très strict, avait barré toutes les avenues. Bien inutilement ; la foule parisienne, d’instinct, n’est pas venue. Le Führer n’a vu que ses hommes et que des volets clos, dans des rues désertes. Il est remonté en voiture, aussitôt la revue passée. Paris ne l’a pas aperçu. »
En fait, Hitler n’a vu ni volets clos, ni rues désertes. Paris l’a d’autant moins aperçu qu’il était à Munich. Les informateurs que Roger Langeron a chargés, dès le 14 juin, de le renseigner tant bien que mal sur les faits et gestes de l’envahisseur ne prendront le touriste Adolf Hitler en filature que le dimanche 23 juin, après et non avant le « diktat de Rethondes » : « à 6 heures du matin, il entre à l’Opéra. Il visite tout de fond en comble. Il se promène assez longtemps sur la scène, dans la salle, dans les loges d’artistes…
Date de mise en ligne : 04/10/2016