La rencontre avec un patient présentant un trouble de la personnalité borderline, à fortiori s’il est adolescent, est la rencontre avec un être écorché expérimentant douloureusement la vie et soumis à une extrême sensibilité au monde. La question du vide, du manque, de l’insupportable solitude, mais aussi de l’avidité d’amour envahit le contexte de la relation à l’autre. C’est au départ dans les particularités du travail psychanalytique avec ces patients que le trouble borderline a été rapporté par Stern dès 1930. La clinique de ces sujets est marquée par une fragilité narcissique, une hypersensibilité émotionnelle, un sentiment d’infériorité et un masochisme associés à des mécanismes de défenses projectifs et à des difficultés à affronter la réalité qui s’accompagnent de conduites auto-agressives souvent suicidaires.
Dans le rapport intersubjectif au patient limite, on perçoit une incapacité à tolérer l’angoisse et les affects dépressifs en lien avec un défaut de modulation émotionnelle qui amène ces patients à des comportements agis destinés à lutter contre leur sentiment de vide intérieur, contre leur intolérance à la frustration, contre leur déception de l’autre qui ne peut combler leurs attentes. Le lien aux états de carence d’investissement précoce a été formulé par Masterson (1972) sous le terme de dépression d’abandon.
Le lien étroit entre suicidalité et personnalité borderline a été mis en évidence dans de nombreuses études réalisées dans des cohortes de patients adultes…