De nombreuses enquêtes, en France et à l’étranger, abordent la question de l’évolution de la structure des goûts, en particulier en matière musicale. Mais il n’existe que très peu d’enquêtes spécifiques sur les publics des concerts de musique savante stricto sensu (musique classique, symphonique et de chambre, musique lyrique, musique ancienne et musique contemporaine), alors même que l’hypothèse de leur déclin est souvent mise en avant, en même temps que celle de la transformation des goûts musicaux. Ces derniers, toutes les enquêtes statistiques mises en place en France et à l’étranger le montrent, ont évolué en faveur des musiques populaires, qui font désormais l’objet d’appropriations diverses, parfois cultivées, ce qui contribue en retour à modifier en profondeur les contours de la mélomanie.
La musique classique est ainsi, aujourd’hui, le genre musical préféré d’une infime minorité d’individus. Les classes moyennes et supérieures écoutent des musiques dites populaires, et revendiquent un goût musical orienté à la fois vers la musique savante et le jazz, le rock, les musiques électroniques ou la chanson. Cette évolution des goûts culturels des classes moyennes et supérieures a été thématisée sous les vocables d’omnivorisme par Richard A. Peterson [Peterson, 1992] aux États-Unis et par Philippe Coulangeon [Coulangeon, 2003] en France, et sous ceux d’éclectisme par Olivier Donnat [Donnat, 1994] et de dissonance culturelle par Bernard Lahire [Lahire, 2004]. L’omnivorisme musical des classes moyennes et supérieures a été depuis identifié dans tous les pays dans lesquels des statistiques culturelles sont produites…