Entre le milieu du XVe siècle et le XIXe siècle, le voyage consistait en des explorations sous-entendant le passage d’un connu à un inconnu. Elles étaient synonymes de risques, de longue durée, d’éloignement et étaient liées à la découverte, et donc à l’altérité des lieux et des cultures. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, le voyage a pris la forme du tourisme qui se caractérise par une durée moins longue et des risques réduits au minimum (Lecoquierre, 2010).
Aujourd’hui, le tourisme et, plus généralement, les activités récréatives de masse semblent avoir atteint leurs limites en générant des impacts négatifs sur l’environnement naturel, sur le patrimoine… ces impacts provoquant un rejet de ces activités et des espaces qui les accueillent de la part de certains individus. Ce rejet fait notamment apparaître des pratiques récréatives confidentielles qui mobilisent des marges et des interstices du temps et de l’espace non encore investis par une organisation marchande. Elles sont qualifiées de dissidentes car elles entretiennent une relation illégitime, inédite, inhabituelle ou transgressive avec l’espace et/ou le temps (par exemple : free parties, golf urbain, parkour, exploration urbaine) (Bourdeau et Lebreton, 2013).
Cette recherche va s’intéresser à l’exploration urbaine (urban exploration : urbex) qui consiste à visiter des sites bâtis, abandonnés par les activités sociales (Lebreton, 2015) ou non, interdits au grand public (Ninjalicious, 2005) et/ou difficiles d’accès (Baillargeon et Lefebvre, 2016)…