La prématurité constitue un important problème de santé publique : en France, elle concerne une naissance sur treize (7,7 %). La morbidité et la mortalité y sont notablement plus élevées que lors d’une naissance à terme et cela en fonction de l’importance de l’avance constatée. La prématurité et surtout la grande prématurité sont à l’origine de pratiquement la moitié des handicaps liés à la période périnatale. L’apparition puis les progrès des techniques de soins intensifs et de réanimation ont amené une considérable augmentation de la survie des nouveau-nés prématurés. Ces progrès ont fait émerger la question des limites raisonnables à apporter à l’utilisation de ces techniques, posant de nombreuses et très difficiles questions éthiques. Deux d’entre elles occupent le devant de la scène : la réanimation néonatale des prématurés de très faible terme et l’arrêt de réanimation des prématurés cérébrolésés.
L’aventure des soins aux prématurés débute il y a environ une cinquantaine d’années : c’est en effet en 1969 que les premiers transports de nouveau-nés prématurés en détresse cardio-respiratoire ont été effectués, et c’est à la même époque que Gilbert Huault crée le premier service de réanimation néonatale à Saint-Vincent-de-Paul. En un demi-siècle, la néonatologie a donc progressé de façon stupéfiante : alors que, dans les années 1960, quelques années après mes premiers pas de médecin, les grands prématurés n’avaient pratiquement aucune chance de survivre, aujourd’hui 85 à 90 % d’entre eux y parviennent, avec bien évidemment des chances de survie de plus en plus faibles, au fur et à mesure que l’on s’approche de la limite des 24-25 semaines d’aménorrhée …