L’émergence, au xvii
e siècle, d’institutions explicitement vouées à l’avancement des sciences, l’augmentation du nombre de savants actifs dans des réseaux de correspondants et se regroupant dans des académies et des sociétés savantes nationales ou régionales, tout cela a favorisé le développement d’un espace social de plus en plus autonome par rapport aux autres sphères de la société.
Du point de vue sociologique, cette autonomisation progressive de la science s’accompagne de la mise en place de « normes » au sens de règles (le plus souvent implicites) qui prescrivent les comportements jugés acceptables. Le sociologue Robert Merton a ainsi identifié les éléments de base qui forment un système de normes institutionnalisées et intériorisées par les chercheurs. Ces normes, qui sont des prescriptions pour l’action, sont, selon Merton, essentielles au bon fonctionnement du système social de la science. Collectivement, elles constituent un système fonctionnel qui assure la production de connaissances objectives.
Quatre impératifs institutionnels, ou normes sociales, forment, selon Merton, « l’éthos de la science », défini comme un ensemble de règles, prescriptions, habitudes, croyances, valeurs et présuppositions intériorisées et vécues comme contraignantes par les scientifiques.
Les énoncés soumis à la communauté scientifique doivent être évalués selon des critères impersonnels, sans égard aux caractéristiques sociales (raciale, sexuelle, religieuse, idéologique…) ou institutionnelles (pays, région, organisation…) de la personne qui propose une découverte ou une théorie…