La parentèle, entendue comme l'ensemble des personnes avec lesquelles l'individu est apparenté (consanguins, alliés, beaux-parents par recomposition), constitue un réseau de différentes familles élémentaires (conjugales ou autres). Ce réseau de sociabilité et d'entraide, situé à l'interface de la sphère privée et de la sphère publique, forme une véritable « économie cachée ». Selon quels principes s'organise-t-elle ? Peut-on évaluer le volume des aides échangées et leurs effets ? L'entraide dans la parentèle contribue-t-elle à corriger les inégalités ou à les accroître ?
La sociologie de la famille a pris conscience depuis peu de l'importance du réseau de parenté dans lequel s'insère la famille élémentaire. Cette attention nouvelle est liée à la crise économique et sociale qui touche les pays occidentaux depuis environ trois décennies. Si les relations dans la parentèle sont intenses, elles s'organisent en différents cercles concentriques dont le cœur reste la famille nucléaire et selon des normes fluides et peu explicites.
Jusqu'aux années 1970, la famille, telle que l'étudiaient la plupart des sociologues, semblait réduite à l'unité conjugale. Les théories en vogue reprenaient la thèse classique de la « nucléarisation » familiale formulée il y a cinquante ans par le sociologue américain Parsons [1955] : l'industrialisation et l'urbanisation auraient entraîné un recentrage sur la famille nucléaire (les deux conjoints et leurs enfants non mariés), les liens avec le reste de la parenté devenant épisodiques et obsolètes…
Date de mise en ligne : 01/01/2011