« Apprendre à être seul en présence de l’autre, c’est autant apprendre à être soi en présence de l’autre. »
L’élaboration de la capacité d’être seul parcourt, dans ses différentes formes, l’ensemble des étapes évolutives du sujet. Du point de vue synchronique, elle intervient dans ses différents champs relationnels : son rapport à la figure d’attachement, au couple parental, au groupe de pairs, à l’environnement non humain, au partenaire du sexe opposé… Winnicott lui-même avait annoncé ce potentiel généralisable de sa notion de capacité d’être seul lorsqu’il l’appréhendait comme un synonyme de maturité psychique. En effet, à l’issue de cette étude, la lignée « capacité d’être seul en présence » apparaît comme une théorie possible de l’individuation.
L’élaboration de la problématique de la solitude est ainsi intimement liée au processus de séparation-individuation et à la constitution de l’identité. Nous pouvons même avancer l’hypothèse qu’à l’horizon du développement de la personnalité, sentiment de solitude et sentiment d’unicité tendent à se rejoindre. Le sentiment d’unicité est effectivement nécessaire à l’apprivoisement du sentiment de solitude et à l’élaboration de la capacité d’être seul « en présence » (Natanson, 2007). Nous retrouvons ici la conception de Jean-Michel Quinodoz, qui pose cette même condition à l’élaboration des angoisses de séparation (Quinodoz, 1991, p. 218-219). Ce sentiment d’unicité apparaît comme l’acquis le plus fragile, sans cesse réélaboré, de la maturation psychique…
Mise en ligne 26/10/2011