L’enjeu de ce dossier est de saisir les formes labiles, peu référencées, mal détourées de savoirs ancrés dans les pratiques ordinaires et quotidiennes. Qu’il s’agisse de savoirs associés à des pratiques artisanales, sportives, amateurs, éducatives, ou militantes, leur acquisition, leur partage et leur validation prennent souvent des formes différentes de celles des savoirs mis en forme au sein des institutions savantes. Ces savoirs pratiques ne doivent pour autant ni être assimilés à des connaissances occultes, ni à des pratiques déconnectées des principes de rationalité. Comme tous savoirs, ils sont constamment mis à l’épreuve, au moyen de procédures, de règles, de jugements (collectifs ou non) tout à fait spécifiques, interrogeant leur efficacité, leurs modes de cumulation et de transformation.
D’une certaine façon, nous poursuivons ici le programme esquissé par Michel Foucault d’une étude des régimes de vérité. Dans son cours au Collège de France intitulé Du gouvernement des vivants, le philosophe invitait à considérer la science comme « une famille de jeux de vérité qui obéissent tous au même régime, même s’ils n’obéissent pas tous à la même grammaire, et ce régime de vérité bien spécifique, bien particulier, c’est un régime dans lequel le pouvoir de la vérité est organisé de façon que la contrainte y est assurée par le vrai lui-même […] ». Foucault ajoutait « que la science n’est que l’un des régimes possibles de vérité et qu’il y en a bien d’autres ». C’est donc à quelques-uns ces « autres » régimes d…