Les enseignants-chercheurs ne font pas tous de la recherche pendant toute la durée de leur carrière. Certains parviennent à concilier, tant bien que mal, enseignement, recherche et tâches administratives, d’autres connaissent des périodes sans publication, à court comme à long terme. La transformation de l’université française en lieu d’enseignement mais aussi de recherche, au 19e siècle, ne s’est pas faite sans susciter des critiques, certains chercheurs voyant dans ces deux fonctions des habitus différenciés. Depuis quelques décennies, la multiplication des missions que les enseignants-chercheurs doivent remplir, dans un contexte de mise en concurrence accrue et de montée en puissance des organismes de recherche, amène parfois à interroger à nouveau la bivalence de leur statut. La pression à la publication (« publish or perish ») s’accroît, accentuant le caractère subalterne de l’enseignement et des tâches administratives ordinaires. La diversification des tâches, quant à elle, entraîne la possibilité (et parfois la contrainte) de différents types de carrière, l’accumulation éventuelle de différents types de capital (plus ou moins objectivable), symboliquement inégaux (les normes du champ scientifique continuant à prévaloir) mais aussi la nécessité d’arbitrage entre le temps alloué à chacune de ces activités, toutes ne pouvant être menées également de front. La majorité des enseignants-chercheurs se trouve alors dans une situation de « pression temporelle accrue », beaucoup d’entre eux se trouvant obligés de diminuer le temps qu’ils consacrent aux activités de recherche, au profit notamment de tâches administrative…