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Article de revue

Voyager en pays socialiste avec Tourisme et travail

Pages 63 à 77

Notes

  • [1]
    Martine Sonnet, Atelier 62, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2008, p. 193.
  • [2]
    Alain Corbin (dir.), L’Avènement des loisirs, 1850-1960, Paris, Aubier, 1995 ; Catherine Bertho Lavenir, La Roue et le stylo : comment nous sommes devenus touristes, Paris, Odile Jacob, 1999.
  • [3]
    Jean-Claude Richez et Léon Strauss, « Généalogie des vacances ouvrières », Le Mouvement social, 150, janvier-mars 1990, p. 3-18, p. 9.
  • [4]
    Rachel Mazuy, Croire plutôt que voir ? Voyages en Russie soviétique (1919-1939), Paris, Odile Jacob, 2002.
  • [5]
    Ibid., p. 8.
  • [6]
    Fred Kupferman, Au pays des Soviets : le voyage français en Union soviétique, 1917-1939, Paris, Gallimard, 1979.
  • [7]
    Sophie Cœuré, La Grande Lueur à l’Est : les Français et l’Union soviétique, 1917-1939, Paris, Seuil, 1999, p. 155-184.
  • [8]
    Florence Vandichèle, « Les voyageurs français en URSS, 1953-1964 », mémoire de maîtrise sous la direction de Marie-Pierre Rey, université Paris-I, 2002 ; Anne Kroptokine, « Le tourisme soviétique en URSS dans les années 1960 », DEA d’histoire sous la direction d’Alain Blum, EHESS, 2003.
  • [9]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 32-42.
  • [10]
    Shawn Salmon, « Marketing Socialism : Inturist in the Late 1950s and Early 1960s », in Anne E. Gorsuch et Diane P. Koenker (dir.), The Russian and East European Tourist under Capitalism and Socialism, Ithaca, Cornell University Press, 2006.
  • [11]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 186.
  • [12]
    Les vacances à l’étranger représentent 11,5 % des journées de vacances en 1964, 17,5 en 1972 et 18 % en 1973 (Les Vacances des Français en 1973, Paris, INSEE, 1975, p. 8).
  • [13]
    Sylvain Pattieu, « Mouvement syndical et tourisme populaire en France, 1945-années 1980 : le cas de Tourisme et travail », thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Danielle Tartakowsky, université Paris-VIII, 2007.
  • [14]
    Bernard Pudal, « Les communistes », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar (dir.), Histoire des gauches en France, Paris, La Découverte, 2004, vol. 2, p. 73.
  • [15]
    Sur l’UJRF, voir Guillaume Quashie-Vauclin, « L’Union de la jeunesse républicaine de France, 1945-1956 : entre organisation de masse de jeunesse et mouvement d’avant-garde communiste », mémoire de master recherche sous la direction de Michel Dreyfus, université Paris-I, 2008.
  • [16]
    Sur cet aspect, voir Marie-Claire Lavabre et François Platone, Que reste-t-il du PCF ?, Paris, Autrement, 2003 ; Frédérique Matonti, La Nouvelle Critique, (1967-1978), Paris, La Découverte, 2004 ; Julian Mischi, « La recomposition identitaire du PCF », Communisme, 72-73, 1er trim. 2003, p. 71-99.
  • [17]
    Étienne Dollé, « Notes sur l’URSS », Tourisme et travail, mars 1961.
  • [18]
    Bertrand Réau et Franck Poupeau, « L’enchantement du monde touristique », Actes de la recherche en sciences sociales, 170, décembre 2007, p. 5-10.
  • [19]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 120.
  • [20]
    Tourisme et travail, août-septembre 1980.
  • [21]
    « La Bulgarie des traditions », Tourisme et travail, février 1972.
  • [22]
    Relevé effectué sur l’ensemble des numéros de Tourisme et travail aux archives départementales (AD) de Seine-Saint-Denis.
  • [23]
    Tourisme et travail, mai 1956.
  • [24]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 210, « Évolution du PAT de 1974 à 1978 ». En 1977, 3 232 voyageurs sont partis en Bulgarie, 1 140 en Tchécoslovaquie, 4 368 en URSS, contre 5 933 dans les Baléares, 5 793 en Tunisie, 1 404 en croisière en Méditerranée, et 9 171 en Grèce, destinations non exclusives mais représentant la grande majorité des voyages avec le Pool d’activités touristiques.
  • [25]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [26]
    Tourisme et travail, juin 1977.
  • [27]
    Tourisme et travail, février 1972.
  • [28]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [29]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1967.
  • [30]
    Tourisme et travail, juin 1958.
  • [31]
    Tourisme et travail, novembre 1958.
  • [32]
    Tourisme et travail, décembre-janvier 1957.
  • [33]
    Paul-Louis Thirard, « Le cinéma soviétique aujourd’hui », Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [34]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [35]
    Tourisme et travail, avril 1963. Cette référence concerne l’ouvrage de Louis Aragon et André Maurois, Les Deux Géants : histoire des États-Unis et de l’URSS de 1917 à nos jours, Paris, Éditions du Pont royal, 1963.
  • [36]
    Tourisme et travail, juin 1962.
  • [37]
    POM, « Comment campent les Soviétiques », Tourisme et travail, février 1958 ; Tourisme et travail, juin 1963.
  • [38]
    Tourisme et travail, novembre 1967.
  • [39]
    Rachel Mazuy, op. cit., p. 44, 130-135.
  • [40]
    Tourisme et travail, mai 1968.
  • [41]
    Tourisme et travail, avril 1969.
  • [42]
    « Votre voyage en URSS », Tourisme et travail, avril 1965.
  • [43]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1959.
  • [44]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1966.
  • [45]
    André Rougeot, « En sillonnant l’URSS », Tourisme et travail, mai 1970.
  • [46]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [47]
    André Rougeot, op. cit.
  • [48]
    Ibid.
  • [49]
    Nicole Chatel, « Visages de l’URSS, initiation au voyage », Tourisme et travail, avril 1969.
  • [50]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1959.
  • [51]
    André Rougeot, op. cit.
  • [52]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [53]
    André Rougeot, op. cit.
  • [54]
    Tourisme et travail, mars 1964.
  • [55]
    Étienne Dollé, op. cit. ; Tourisme et travail, novembre 1962.
  • [56]
    André Rougeot, op. cit.
  • [57]
    René Martin, « La croisière du Batory en URSS, notes de voyage », Tourisme et travail, novembre 1955 ; Tourisme et travail, décembre 1955-janvier 1956 ; Étienne Dollé, op. cit.
  • [58]
    André Rougeot, op. cit.
  • [59]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [60]
    Ibid.
  • [61]
    André Rougeot, op. cit.
  • [62]
    Jean Faucher, « Moscou Jeux olympiques », Tourisme et travail, septembre 1979.
  • [63]
    Tourisme et travail, mai 1979 ; Tourisme et travail, février 1980. La FSGT est une association sportive liée au PCF et à la CGT : voir Marianne Borel, « La FSGT entre société communiste et mouvement sportif (1964-1992) », thèse de sociologie, Institut d’études politiques de Paris, 1999 ; Nicolas Ksiss, « Le football corporatif à la FSGT sous le Front populaire », in Pierre Arnaud et Thierry Terret (dir.), Le Sport et ses espaces, Paris, CHTS, 1998, p. 219-239. LVJ est l’organisation de vacances des jeunes du PCF.
  • [64]
    Jean Faucher, op. cit.
  • [65]
    Tourisme et travail, octobre 1980.
  • [66]
    André Rougeot, op. cit.
  • [67]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [68]
    Ibid.
  • [69]
    J. Ball, « Venez, la RDA vous attend », Tourisme et travail, mai 1966.
  • [70]
    D. Luben, « La Yougoslavie ? C’est une idée ! », Tourisme et travail, mai 1966. Entre 1956 et 1970, cette destination pâtit peut-être de son statut particulier parmi les pays socialistes : Igor Tchoukarine relève seulement deux articles qui lui sont consacrés (Igor Tchoukarine, « Politiques et représentations d’une mise en tourisme : le tourisme international en Yougoslavie socialiste (1945-1970) », thèse de doctorat en cours sous la direction d’Alain Blum, EHESS).
  • [71]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1966.
  • [72]
    Tourisme et travail, mai 1967.
  • [73]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1964.
  • [74]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1967.
  • [75]
    Tourisme et travail, octobre 1963.
  • [76]
    J. Ball, op. cit.
  • [77]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 374, lettre de Jean Faucher à E. Sontag, Abteilungsleiter freier deutscher Gewerkschaftsbund, 18 juin 1982.
  • [78]
    Ibid.
  • [79]
    D. Luben, op. cit.
  • [80]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 187.
  • [81]
    Ibid. ; entretien avec René et Gisèle T., le 23 novembre 2004 à Tours.
  • [82]
    Avec mes remerciements pour leur aide et leurs relectures à Sébastien Chauvin, Florence Johsua, Anne Kropotkine, Julien Rochedy et Danielle Tartakowsky.

1Le mouvement ouvrier engagea une intense politisation de la vie quotidienne, par le biais des pratiques sportives, culturelles et touristiques, qui supposait l’essor d’organisations ad hoc. L’association Tourisme et travail, fondée à la Libération, relève de ce projet, surtout à mesure qu’elle se rapproche de la CGT et du parti communiste. Mais cette priorité au politique s’affaiblit, pour que perdure un rapport enchanté aux « pays socialistes ». Le prisme du tourisme populaire permet ainsi de renouveler les analyses sur l’encadrement qu’engagea le mouvement ouvrier au 20e siècle.

2

« Un qui avait vu comment ça se passait ailleurs, et qui en faisait rêver plus d’un quand il racontait, c’était le gars du 62 qui pendant ses congés annuels 1965 avait fait un voyage magnifique relaté, en deux épisodes, dans L’Écho des Métallos Renault, n° 55, 2 décembre et n° 56, 16 décembre 1965. “Un forgeron de Renault visite l’URSS”, s’intitulaient les articles. […] Le forgeron les yeux écarquillés : les collègues en URSS travaillaient six heures par jour et l’avaient, eux, la retraite à 55 ans. Alors quand il racontait son voyage… L’URSS : le paradis sur terre des forgerons? [1]. »

3Invention aristocratique réappropriée par les élites bourgeoises au cours du 19e siècle, le tourisme s’est développé progressivement, au siècle suivant, dans les milieux populaires, en lien avec la réduction du temps de travail et les diverses législations sur les congés payés? [2]. Cette diffusion a reposé en partie sur des élites sociales ou militantes, qui, à rebours de la simple distraction oisive, concevaient le tourisme populaire dans une optique d’encadrement et d’éducation, idée partagée par les « catholiques, socialistes, communistes, syndicalistes et patrons éclairés? [3] ». Dans ce cadre, les objectifs patriotiques assignés au tourisme par les premiers dirigeants du Touring Club de France ont pu se calquer sur les vacances populaires, une meilleure connaissance de son pays permettant d’affermir le sentiment national. Cette volonté d’utiliser le tourisme populaire à des fins politiques a touché également le mouvement communiste. Très tôt, les voyages en URSS ont acquis une dimension pédagogique, idéologique et symbolique importante. Tout d’abord réservés aux cadres communistes dans les années 1920, ils « préfigurent le tourisme de masse » dans les années 1930 en s’ouvrant à un public ouvrier? [4]. L’URSS est un lieu de « pèlerinage » ou de « contre-pèlerinage » : il ne s’agit pas « de rencontrer une civilisation et une culture étrangères, mais de découvrir un système politique? [5] », au cours d’une visite qui « tourne à la démonstration? [6] ». Les objectifs politiques prédominent clairement sur le touristique. L’association des Amis de l’Union soviétique, liée au parti communiste français, et l’agence soviétique Intourist sont incontournables pour se rendre en URSS? [7]. L’agence, créée en 1929, fournit guides et encadrement logistique.

4Cette première époque du tourisme en URSS se clôt avec la guerre en 1939. Jusqu’à la mort de Staline, l’URSS est fermée aux touristes étrangers? [8]. La coexistence pacifique constitue une « nouvelle donne », symbolisée en août 1955 par la croisière sur le Batory de plus de sept cents touristes français? [9]. La volonté étatique de promouvoir le tourisme se marque par des facilités pour les visas, par la construction d’hôtels. France-URSS, qui a pris la suite des Amis de l’Union soviétique en 1944, n’est plus un intermédiaire exclusif : des agences à vocation commerciale comme Transtours deviennent des partenaires privilégiés. Intourist développe une véritable publicité pour les voyages en URSS? [10]. Le nombre de touristes français en URSS est multiplié par trente entre 1955 et 1964, passant de 1 000 à 31 700? [11]. Cette période correspond à un développement général du tourisme qui se poursuit jusqu’aux années 1980. Le nombre de journées de vacances à l’étranger y participe et passe, entre 1969 et 1973, de 33 à 132 millions, évolution qui touche toutes les catégories sociales, même si les élites partent proportionnellement davantage? [12].

5Du fait des évolutions du régime et de l’essor des pratiques touristiques, le tourisme en URSS s’est donc développé de manière inédite pendant les Trente Glorieuses. Contrairement à ceux des années 1930, ces touristes ont pourtant été peu étudiés, si on excepte le travail de Florence Vandichèle, qui porte sur les années 1953-1964 et concerne essentiellement, outre quelques dirigeants communistes, des touristes issus des couches moyennes et supérieures de la population : journalistes ou intellectuels. Il y a donc peu d’éléments sur les voyages des touristes populaires, alors que ces catégories sociales représentent un enjeu pour le mouvement communiste. Les études statistiques sur les vacances ne précisent pas la proportion de touristes issus de milieux populaires en URSS. L’éloignement et le coût du voyage ont constitué un frein important pour répondre aux offres des agences du secteur marchand. Pourtant, par le biais du syndicalisme, il était possible de contourner en partie cette difficulté. Il s’agit alors de se pencher, plutôt que sur le tourisme des agences, sur le tourisme social lié aux comités d’entreprise, dont le budget permet à des salariés modestes de partir à l’étranger grâce à des subventions. Les confédérations syndicales, du fait de cette gestion des vacances par des comités d’entreprise, ont entretenu des liens privilégiés avec des associations de tourisme? [13]. Si elles ne représentent, par rapport au secteur marchand, qu’une faible part du marché touristique en général, le public des comités d’entreprise leur est en partie acquis. Parmi ces associations, Tourisme et travail, liée à la CGT, dispose d’une certaine hégémonie. Caractérisée par une insertion particulière au sein du « système d’action communiste? [14] », elle présente parmi son offre de voyages un large choix de destinations en URSS et dans d’autres pays socialistes. Elle permet d’étudier la manière dont étaient conçus, dans ce cadre, les voyages de touristes populaires.

Tourisme et travail dans le « système d’action communiste »

6Fondée en janvier 1944, à l’instigation de militants ajistes et de l’éducation populaire, elle rassemble dans sa direction, à la Libération, la CGT comme la CFTC. Mais la guerre froide aboutit en 1954 à une emprise exclusive de la CGT, dont sont issus nombre de ses dirigeants. À partir des années 1950, au-delà de cette origine syndicale, ses présidents sont toujours membres du parti communiste. Gestionnaire rigoureux, Étienne Dollé, qui occupe la fonction de 1952 à 1968, est militant communiste, ancien chef-adjoint du cabinet du ministre François Billoux, administrateur pour la CGT au conseil d’administration du Crédit Lyonnais (1946) et salarié de cette banque jusqu’à sa retraite en 1958. André Lunet, qui lui succède, a été membre du Comité central du parti communiste. Spécialiste des questions de loisirs, Jean Faucher, secrétaire national (1956-1968), puis secrétaire général (1968-1972) et président de l’association (1972-1985), a dirigé l’UJRF, organisation de jeunesse communiste, à la fin des années 1940? [15]. Il est membre du parti communiste français à Gennevilliers. En 1985, la faillite de l’association correspond à une conjonction de difficultés davantage qu’à une causalité unique. Elle est affectée par une crise générale des associations de tourisme social due à une redéfinition des politiques des pouvoirs publics, qui remplacent les aides aux équipements par des aides individualisées. Elle est victime également de sa mauvaise gestion, en partie due à une surestimation des effets de la victoire de la gauche sur le tourisme social, qui a incité à des dépenses de fonctionnement inconsidérées. Enfin, la crise du syndicalisme a entraîné le financement de certains postes de permanents de la CGT par Tourisme et travail, tandis que, dans une période de crise sociale, les comités d’entreprises n’hésitaient plus à mettre en concurrence associations et secteur marchand, afin de baisser les coûts. Si ces facteurs pèsent, la faillite doit cependant être aussi mise en relation avec la dissociation du système d’action communiste? [16], qui aggrave, dans le cas de la CGT, les difficultés rencontrées alors par le syndicalisme. Tourisme et travail n’entretient pourtant de liens directs et formels qu’avec la confédération syndicale et le parti communiste français semble se désintéresser de l’association au niveau national. Loin de s’adresser exclusivement aux militants communistes ou même cégétistes, Tourisme et travail manifeste la volonté, à travers les comités d’entreprise, de proposer des vacances à tous les « travailleurs », quelles que soient leurs opinions syndicales ou politiques.

7Même s’ils ne représentent qu’une petite partie des séjours dans les pays socialistes par rapport à France-URSS ou Transtours, l’intérêt de se pencher sur les voyages organisés par Tourisme et travail réside dans le caractère à la fois populaire et diversifié politiquement de sa clientèle. Entre 1956 et les années 1980, l’association compte de cent à deux cents familles adhérentes, de sept cents à quatre mille collectivités. De nombreux adhérents le sont de façon indirecte, par le biais de leur comité d’entreprise. Diverses statistiques, fournies par les pouvoirs publics ou par l’association elle-même, témoignent du caractère populaire de ces vacanciers, que ce soit en France ou à l’étranger. Les proportions d’ouvriers ou d’employés dans les séjours de Tourisme et travail atteignent souvent 50 à 60 %, ce qui est particulièrement élevé pour les associations de tourisme, longtemps associées aux élites sociales. Sans qu’il soit possible de donner des chiffres exacts, une bonne partie des vacanciers de Tourisme et travail dans les pays socialistes appartiennent aux milieux populaires. De même, les récits de voyages présents dans la revue éponyme de l’association, distribuée à plus de cinquante mille exemplaires aux adhérents individuels et aux comités d’entreprise, permettent de toucher un public également populaire.

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Nombre d’articles sur chaque pays dans Tourisme et travail

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1955-1960 1960-1965 1965-1970 1970-1975 1975-1980 1980-1985 Andorre – – – – – 2 Autriche – 3 2 – – – Angleterre 1 – – – – – Belgique – – – – – 2 Canada 1 – – – – 1 Ceylan – – – – – 1 Égypte – – 1 – – – Espagne – 4 3 3 2 6 États-Unis – – 3 1 – – Grèce – 4 – – 7 6 Italie 1 4 3 3 – 9 Irlande – – – – – 2 Laponie – 1 – 1 – – Mexique – – – – 2 – Pays-Bas – 3 – – – 1 Portugal – – – – 1 1 RFA 1 1 – – – – Suède – 1 – – 2 1 Suisse – – – – – 2 Thaïlande – – – – 1 1 Total 4 21 12 8 15 35 Afrique – – 1 1 – – Algérie – 1 1 – 1 – Maroc – 1 2 1 – 1 Tunisie – – – 3 4 4 Total ex-colonies – 2 4 5 5 5 Bulgarie – 1 2 3 2 1 Cuba – – 1 – – 2 Hongrie 1 7 2 – – – Pologne 1 5 2 – – 1 RDA – 1 2 – – – Roumanie – 2 1 1 – 1 Tchécoslovaquie – 10 6 1 – – URSS 2 8 7 1 1 2 Yougoslavie 1 – 2 1 4 4 Total pays socialistes 5 34 25 7 7 11 Total global 9 57 41 20 27 51

Nombre d’articles sur chaque pays dans Tourisme et travail

8Si le profil de Tourisme et travail diffère de celui de France-URSS, à la solidarité directement affichée, les objectifs des voyages semblent pourtant à première vue s’inscrire dans la tradition des années 1920 et 1930 : « Le tourisme en URSS n’a pas pour objectif de se reposer mais de connaître », affirme en 1961 Étienne Dollé? [17]. Mais la relation de Tourisme et travail aux pays socialistes prend la voie plus subtile de « l’enchantement » touristique? [18], par le biais de représentations qui ne s’inscrivent pas toujours directement en conformité avec les normes culturelles communistes concernant ces voyages. Des décalages existent, liés à la nécessité pour l’association de prendre en compte leur dimension idéologique tout en développant des arguments touristiques en direction du plus grand nombre. Leur analyse offre un éclairage sur la manière dont la mise en tourisme diffère de celle des années 1920-1930, permettant de vérifier une « tendance générale à la dépolitisation du voyage en URSS? [19] ». Entre légitimation des pays socialistes et respect des canons du tourisme légitime, il s’agit d’analyser dans quelle mesure les conditions d’efficacité de la finalité politique du voyage se trouvent modifiées.

Une surreprésentation des pays socialistes ?

9Les voyages à l’étranger ne représentent qu’une partie du catalogue de Tourisme et travail : en 1980, il mentionne pour les vacances d’hiver et de printemps vingt centres de vacances en France contre neuf destinations à l’étranger? [20]. Ce rapport de deux tiers à un tiers reste stable dans les brochures, alors même que les séjours en France constituent une part bien plus importante des voyages réels. Les destinations à l’étranger sont davantage mises en valeur, dans le catalogue comme dans les publicités, du fait de leur part de rêve et de leur valeur symbolique : elles sont la preuve des capacités de l’association à proposer pour ses adhérents des vacances de prestige. À partir de 1973, un dispositif spécifique, le Pool d’activités touristiques, est mis au point afin de concentrer sur ces séjours les moyens techniques et promotionnels.

10La fonction de guide de Tourisme et travail définit une certaine vision de l’étranger. Conformément à ses objectifs d’éducation populaire, Tourisme et travail promeut des vacances de découverte, s’opposant à la superficialité supposée des agences, dominantes dans le secteur. Tourisme et travail met l’accent sur les « traditions? [21] », l’artisanat, le folklore, les monuments, la géographie et l’histoire, avec un souci didactique qui en fait parfois un mélange entre guide Michelin et manuel scolaire. Une recension des différents pays auxquels sont consacrés des articles fait apparaître une surreprésentation des pays socialistes, à nuancer toutefois en fonction de la chronologie? [22] (voir document 1).

11Jusqu’à la fin des années 1950, Tourisme et travail privilégie les articles consacrés à des régions françaises plus accessibles à son public, alors que les séjours de l’association hors de France sont limités. La place accordée aux pays socialistes est cependant importante au regard des destinations effectives. En 1955, on peut évaluer – de manière imprécise puisqu’on ne connaît pas le nombre de participants, la durée ni le nombre de dates effectivement remplies – le nombre de séjours ou de circuits proposés en fonction des destinations. Aucun ne concerne les pays socialistes, alors que plus d’une centaine de séjours ou de circuits sont proposés pour l’Italie, une quarantaine en Autriche, plus de cinquante en Suisse, une vingtaine en RFA et une quinzaine dans le Bénélux, cinq en Tunisie et dans les pays scandinaves. En 1956, l’association ne propose guère que trois voyages en URSS, un en Tchécoslovaquie, un en Albanie? [23].

12Au milieu des années 1960, alors que les voyages dans les démocraties socialistes sont désormais plus faciles, l’Italie, l’Espagne et l’Autriche, pays frontaliers, restent les destinations les plus courantes. Ces pays disposent d’attributs touristiques indéniables, plages en été et neige en hiver, pour un coût et un temps de voyage réduits. Le nombre d’articles consacrés à l’étranger augmente fortement, avec de véritables dossiers. Les pays socialistes sont largement surreprésentés, jusqu’à concerner plus de la moitié des articles, la Tchécoslovaquie et l’URSS étant les plus abordées.

13Durant la décennie 1970, les séjours en pays socialistes représentent 30 % des destinations totales du Pool d’activités touristiques. Alors que les pays frontaliers représentent l’écrasante majorité des séjours à l’étranger des Français, la proportion de pays socialistes visités marque une indéniable spécificité, sans présenter toutefois de caractère exclusif. L’association part moins qu’ailleurs dans les pays socialistes, mais elle y part plus que d’autres et plus que lors des périodes précédentes. Un rééquilibrage s’opère pourtant dans les pages de la revue, à une époque où les liens entre CGT et PCF sont moins affirmés. La part des pays socialistes passe en dessous de la moitié. La Yougoslavie, marginale dans le monde communiste, et la Bulgarie supplantent alors largement les autres pays socialistes, URSS comprise. Ces observations peuvent s’expliquer par la volonté manifestée par la CGT d’une association plus ouverte, tandis que la concurrence commerciale accrue nécessite de limiter la visibilité de destinations trop marquées idéologiquement, potentiellement stigmatisantes. Pendant l’été 1980, malgré le soutien appuyé aux Jeux olympiques de Moscou depuis plus d’un an, l’URSS ne fait plus partie des réalisations phares de la brochure des voyages d’été, remplacée par l’Andalousie.

14Du milieu des années 1950 jusqu’à la faillite de Tourisme et travail, les pays socialistes passent par étapes de la moitié à un cinquième des pays traités. Cette variation témoigne, par comparaison avec les voyages réels, du passage d’une surreprésentation, des années 1950 à 1975, à une sous-estimation, dans les années 1980? [24]. Cette évolution témoigne sans doute d’une détérioration de l’image des pays socialistes, moins faciles à mettre en avant pour une association de tourisme. De même, le discours à leur égard connaît des nuances et des inflexions, à la fois synchroniques et diachroniques.

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L’allusion à l’URSS, par le biais d’une réalisation spatiale emblématique, est banalisée par l’humour comme une référence commune. (Tourisme et travail, décembre 1957)

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L’allusion à l’URSS, par le biais d’une réalisation spatiale emblématique, est banalisée par l’humour comme une référence commune. (Tourisme et travail, décembre 1957)

© Tourisme et travail, dessin Deran.

L’URSS, un espace de la démonstration

Partir en URSS

15L’URSS occupe une place à part parmi les voyages de Tourisme et travail. Pour Étienne Dollé, la « première pensée de chacun » dans un séjour collectif vers cette destination est de savoir « si l’interlocuteur est pro ou anti »? [25]. Les comptes rendus de voyage en URSS inscrivent l’association dans le camp des « pro », d’autant que des liens solides existent avec France-URSS, encore renforcés à partir de 1977? [26]. La présence de publicités d’Aeroflot ou d’Intourist dans la revue laisse imaginer un soutien financier invérifiable en l’absence de précisions dans les archives de l’association. L’URSS est proclamée « amie publique n° 1 », Tourisme et travail prenant le contre-pied de la propagande antisoviétique? [27].

16Des années 1950 à 1970, cette position entraîne une apologie et une défense de l’URSS. Étienne Dollé évoque, sans la moindre critique, le « spectacle réconfortant de cette marche en avant » du socialisme au communisme? [28]. Une association de tourisme, dont l’objectif est de faire partir ses adhérents en voyage, a bien sûr une tendance naturelle à présenter les pays sous leur meilleur jour. Pourtant, quand il s’agit des États-Unis, la promotion du voyage ne conduit pas à mettre la critique sous le boisseau. En 1967, dans un numéro consacré aux deux pays, la différence est flagrante? [29]. Les contrastes sociaux et raciaux aux États-Unis sont notés et critiqués. Les cinquante ans de « L’URSS, grand pays de tourisme », font l’objet d’un traitement beaucoup plus empathique. Les récits de voyage concluent sur l’irrémédiable étrangeté des Américains quand les Soviétiques sont en définitive semblables aux Français (voir document 2).

17L’URSS est présentée comme un pays de progrès, scientifique et social. Le symbole du spoutnik est un thème récurrent : annonce d’expositions scientifiques? [30], images tirées du film soviétique Les Spoutniks pour illustrer l’objectif d’une « direction lune? [31] ». Ce thème est décliné sous l’angle du dessin humoristique avec un père Noël dépassé par la technologie soviétique : l’implicite et la connivence en constituent le ressort comique? [32]. L’humour inscrit l’engin spatial, et par-delà l’URSS, dans une banalité et un « ça va de soi », censés être partagés par les adhérents de Tourisme et travail, qui tranche avec les dénonciations du régime. L’approche culturelle est aussi de rigueur, par le biais du cinéma soviétique? [33], d’une exposition à la porte de Versailles à Paris sur l’URSS? [34] ou de « l’histoire véridique » de l’URSS par Aragon? [35]. Tourisme et travail participe à des comités d’amitié internationale et d’échanges culturels autour de l’URSS, initiant même un tel comité à Montpellier? [36]. Enfin, la comparaison entre les habitudes vacancières en URSS et en France, avec des reportages consacrés à « Comment campent les Soviétiques » ou « Comment se reposent les travailleurs soviétiques »? [37], permet de conclure, sur le mode de l’enquête anthropologique et sociale, à la supériorité du système soviétique.

18Le voyage en URSS peut être de l’ordre de la récompense dont les bénéficiaires sont sélectionnés. En 1967, vingt-huit Français, choisis par Tourisme et travail, sont retenus pour une « croisière internationale d’amitié » organisée par le Comité syndical international du tourisme social? [38]. Cette sélection n’est pas une nouveauté par rapport aux années 1930 : les membres des délégations ouvrières et paysannes étaient dûment choisis par le parti communiste français ou par la CGT? [39]. En 1968, trois cents Français sont acheminés par bateau ou par avion et logés dans les hôtels des syndicats soviétiques? [40]. En 1969, douze responsables de gros comité d’entreprise, accompagnés par un dirigeant de Tourisme et travail, invités en URSS par Intourist, participent à la tradition des hôtes du régime? [41]. Sans être toujours clairement énoncées, les motivations politiques sont sous-jacentes. Le voyage en URSS nécessite de ce fait une forte préparation? [42]. Des réunions sont organisées avant le séjour et au retour? [43]. Des gestes symboliques sont accomplis : en 1966, un groupe de touristes dépose à Moscou des roses sur le quai Maurice Thorez? [44]. Si les partants ne sont pas nombreux, le voyage permet de présenter l’URSS sous un jour favorable. Un accord d’échange conclu avec les syndicats soviétiques est l’occasion pour les Français de constater que leurs hôtes, qui « gèrent le patrimoine touristique social de leur pays », « ne se trouvent pas devant les mêmes obstacles » : « Ce qui est difficile pour nous est aisé pour eux. »? [45]

19Ces aspects idéologiques n’empêchent pas Tourisme et travail de reconnaître des motivations différentes aux voyageurs : « survivances du passé » pour les uns, « promesses de l’avenir » pour les autres? [46]. L’association n’hésite pas à mettre en valeur les avantages touristiques. Elle décrit les « longues séances de bronzage, bains dans une eau à la température de l’air, parties d’échec à l’ombre » en mer Noire? [47] ou les « richesses artistiques insoupçonnables » : Moscou et son Kremlin, Kiev, « la mère des villes russes », Leningrad, « sorte de Versailles gigantesque, édifiée au prix de souffrances incroyables par les moujiks de toute la Russie »? [48]. La proximité avec l’URSS est mise en scène dans le récit de voyage : « Moscou, 3 h 30. Le temps d’aller à Dijon et nous voilà en URSS? [49]. » La nourriture fait l’objet de comparaisons, le repas pris en URSS dans un wagon-restaurant étant meilleur qu’en RFA? [50]. Les vacances en URSS représentent toutefois « quelque chose de plus » que les aspects matériels : il s’agit de « découvrir le pays du socialisme, de rencontrer l’homme soviétique? [51] », de se faire une opinion plutôt que d’écouter les « bruits tendancieux? [52] ». Pour remplir cet objectif, Tourisme et travail souhaite organiser des « contacts directs et fraternels avec les travailleurs dans leurs entreprises », grâce à un « contrat de réciprocité » avec les syndicats soviétiques. Les voyages permettent de « mieux connaître la vie des travailleurs soviétiques grâce aux nombreux contacts et visites d’entreprises préparés dans différentes villes ou villages de l’URSS par les syndicats? [53] ». Ce sont des « amis » qu’il s’agit de rencontrer? [54].

20Les enseignements et impressions de voyage concernent sans surprise en priorité le modèle social soviétique? [55]. Le séjour permet d’approcher « au plus près les conquêtes sociales des travailleurs? [56] ». L’idéal de paix supposé des Soviétiques est mis en avant jusqu’aux années 1960, moins récurrent par la suite, quand la menace de la guerre froide perd de sa prégnance? [57]. L’ampleur des réalisations sociales, en premier lieu les crèches, dûment photographiées? [58], s’impose à « tout visiteur, impartial? [59] ». Tourisme et travail inverse les représentations hostiles ou même simplement critiques. Elle dresse le tableau idyllique d’un pays sans « xénophobie, malgré le luxe de certains voyageurs », où la population est caractérisée par « un souci permanent d’apprendre, de connaître » grâce à des « avantages accordés pour rendre la culture accessible à tous ». La « probité », attestée par des bus sans receveur à Moscou, la « propreté » et l’« égalité des sexes » sont de mise. L’existence d’un « salaire social » hors du travail est un acquis et le pouvoir d’achat apparaît « suffisant pour couvrir les besoins premiers ». Les queues devant les magasins, mentionnées par de nombreux journalistes et voyageurs, ne sont pas évoquées. Au contraire, la nourriture et les vêtements sont en « excédent » et les dépenses se reportent sur les livres, d’autant que, « à l’abri des risques de la condition ouvrière dans les pays capitalistes », les « travailleurs ont toujours reçu ce qui avait été promis – parfois avant l’échéance ». Cette description est à peine nuancée par la mention de menus problèmes, réglés par une autorité agissant avec « davantage de persuasion que de force » : « indiscipline des piétons aux traverses des boulevards », « groupes de jeunes qui se forment aux coins des rues et semblent ne savoir que faire », « alcoolisme (quelques hommes ivres) »? [60]. Sous couvert de l’objectivité du touriste en voyage, une promotion de l’URSS est mise en œuvre, dans une « ambiance facile et détendue, car c’est de vacances qu’il s’agit? [61] ».

21À partir de la fin des années 1970, la tonalité est plus défensive. Les Jeux olympiques de 1980, « pour la première fois […] dans un pays socialiste? [62] », constituent l’exemple le plus flagrant de cette inflexion du discours. À la suite du mouvement de boycottage initié par les États-Unis en protestation contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan, seules quatre-vingts délégations, le plus faible nombre depuis 1956, participent aux Jeux olympiques de Moscou. Tourisme et travail refuse le boycottage et organise, avec la Fédération gymnique et sportive du travail (FSGT), France-URSS et Loisirs vacances jeunesse (LVJ), une campagne de séjours à l’occasion de l’événement? [63]. La moitié des places de la France, qui participe aux Jeux olympiques, leur sont réservées? [64]. Le compte rendu du déroulement des Jeux olympiques, à travers le voyage d’une famille française modeste, insiste, « au-delà des bassesses et des mesquineries », sur le bon accueil et l’organisation impeccable? [65]. Mais l’intérêt du voyage en URSS réside davantage dans l’impact d’un événement mondial et populaire que dans le pays lui-même ou dans son régime social et politique.

Le voyage des Soviétiques en France

22Le pendant du voyage des Français en URSS est celui des Soviétiques en France. Les travailleurs soviétiques peuvent constater « comment luttent les travailleurs français contre le patronat, comment ils vivent et ce qu’ils sont capables de réaliser tant du point de vue touristique avec Tourisme et travail […] que sur le plan municipal dans les mairies qu’ils ont conquises par les élections? [66] ». L’objectif est de leur présenter les réalisations, municipales ou touristiques, liées plus ou moins directement au système d’action communiste. Les vacances des Soviétiques en France sont l’occasion, à travers les déclarations de ces touristes choyés, d’affirmer un entre-soi international, une solidarité prolétarienne mondiale, qui s’allie à une spécificité nationale française. Un Soviétique interrogé exprime à la fois cette solidarité et cette spécificité en déclarant : « Pour nous, le peuple français, ce sont les ouvriers et les paysans? [67]. »

23À destination des lecteurs français de Tourisme et travail, la visite des Soviétiques permet de comparer les deux pays, avec un avantage évident pour l’URSS. Après le séjour de quarante-sept touristes à Saint-Raphaël, la conclusion est sans appel : « Nous ne sommes pas mécontents de rentrer chez nous, car nous préférons notre vie : nous nous trouvons bien plus heureux que les Français? [68] ! » Seul le centre de vacances de Tourisme et travail trouve grâce et se voit accorder l’onction des travailleurs soviétiques pour sa « véritable atmosphère fraternelle ». Ailleurs, l’hôtellerie paraît « très inférieure » à l’hôtellerie soviétique. Les Soviétiques critiquent pêle-mêle la nourriture « monotone », les plages privées alors que « la mer appartient à tous », les « problèmes de sécurité au travail », tels qu’en URSS « l’organisation syndicale ferait fermer ces entreprises ». Enfin le voyage est l’occasion de souligner que « les travailleurs français connaissent très peu l’Union soviétique ». Ce constat témoigne d’une posture plus défensive qu’il n’y paraît, notamment quand Tourisme et travail insiste sur l’existence d’une « vie privée » en URSS malgré l’absence de propriété privée.

24Le voyage des Soviétiques obéit à une double démonstration : l’autorité de la parole des voyageurs soviétiques légitime Tourisme et travail et souligne, sous couvert de l’objectivité du touriste étranger, les avantages de l’Union soviétique par rapport à la France.

En pays socialiste, le tourisme avant tout

25Sans surprise, Tourisme et travail donne de l’URSS une représentation qui correspond aux discours, aux images et aux lieux communs de la culture communiste. Dans la même logique, le traitement de faveur réservé aux pays socialistes témoigne de la place qu’ils occupent pour les dirigeants de Tourisme et travail. Cette politisation du tourisme à travers le traitement prioritaire de ces espaces doit cependant être nuancée, car une association de tourisme ne peut aborder les pays socialistes uniquement sous un angle politique. Dans les brochures de vacances, ils ne sont d’ailleurs pas présentés comme un bloc mais comme une collection de pays, mêlés à des destinations plus traditionnelles comme l’Italie ou la Grèce. L’Est européen n’est donc pas un tout indifférencié, chaque pays étant au contraire abordé en fonction de ses particularités et atouts touristiques, ce qui n’exclut pas de souligner leur dimension socialiste. Cette différence par rapport à l’URSS s’explique en partie par la moindre homogénéité politique de cet espace. Il comprend la Yougoslavie, qui n’appartient pas au pacte de Varsovie et dont le système socio-économique se démarque de celui des Soviétiques. La mise en valeur des pays socialistes dépend des opportunités de séjours plus que d’appréciations politiques. Les premières peuvent cependant être liées aux secondes, en fonction des relations entre Tourisme et travail et des institutions locales. Dans les années 1960, le grand nombre d’articles consacrés à la Tchécoslovaquie s’explique sans doute par un accord intervenu en 1963 entre le Bureau confédéral de la CGT, Tourisme et travail et le Conseil central des syndicats tchécoslovaques, en vue du « renforcement de l’unité des travailleurs ».

26Les brochures dessinent les contours des arguments touristiques utilisés. Il s’agit de dépayser, de créer un intérêt touristique qui repose sur une appréhension physique du terrain. Les accroches utilisées pour convaincre les vacanciers relèvent de l’injonction ou de la suggestion touristique (« Venez, la RDA vous attend? [69] », ou « La Yougoslavie ? C’est une idée? [70] ! »), du cliché paysager (la Hongrie, « pays du beau Danube vert? [71] », ou « La Bulgarie au rendez-vous du soleil? [72] »). Les sites mis en valeur sont les plus ludiques ou les plus riches en monuments, le lac de Zakopane en Pologne? [73] ou « la Roumanie touristique? [74] ». La concurrence avec les pays capitalistes est mise en scène puisque Zakopane « peut rivaliser avec Cortina d’Ampezzo et Chamonix », mais cet aspect ne constitue pas l’élément essentiel? [75] (voir document 3).

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Pour les pays socialistes, des arguments purement touristiques sont employés plutôt que des arguments politiques. (D. Luben, « La Yougoslavie ? C’est une idée ! », Tourisme et travail, mai 1966)

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Pour les pays socialistes, des arguments purement touristiques sont employés plutôt que des arguments politiques. (D. Luben, « La Yougoslavie ? C’est une idée ! », Tourisme et travail, mai 1966)

© Tourisme et travail, photographie Palo.

27Insister sur l’intérêt touristique d’un pays peut néanmoins changer son image. En RDA, Tourisme et travail propose au touriste de se « laisser brunir au soleil, allongé dans une corbeille de plage en osier, écoutant le bruit des vagues proches » ou « de surprendre la vigilance de l’insaisissable truite » dans le torrent d’une vallée? [76]. Divers centres d’intérêt touristiques sont mobilisés : les paysages, l’histoire médiévale, la ville natale de Bach et refuge pour Luther, le « pèlerinage » à Buchenwald, la littérature à Weimar – ville natale de Goethe et de Schiller –, la peinture et les porcelaines à Dresde. Mais Jean Faucher doit avouer au dirigeant d’un office du tourisme en RDA que cette destination est peu prisée même auprès de vacanciers désireux de visiter les pays socialistes : « Certes ils sont moins sensibles aux déformations politiques mais eux aussi n’imaginent pas quel intérêt ils peuvent trouver d’aller passer des vacances dans un pays qui leur apparaît baigné par une mer froide et dont ils ne connaissent que peu, par ailleurs, les centres d’intérêt de la nature, du paysage, des monuments? [77]. » L’aspect touristique prime donc sur le politique. De ce point de vue, Roumanie ou Bulgarie sont favorisées car elles correspondent à l’« image de vastes plages très ensoleillées? [78] ». La Yougoslavie et « l’immense baie de sa côte adriatique » sont recommandées pour arborer un « teint bronzé? [79] ». Plus étonnant, les « bas prix » et la « vie bon marché », preuves d’un mode de vie plus pauvre qu’en France, sont également soulignés, ainsi que « l’amitié indéfectible envers les Français », datée de la guerre de 1914, préexistant donc au caractère socialiste du pays.

28Le politique est donc largement édulcoré par rapport aux voyages en URSS. Le simple fait de poser les démocraties populaires en destinations comme les autres les transforme en lieux de villégiature loués pour leurs attraits touristiques quand tant d’autres condamnent leurs régimes politiques (voir document 4, 5 et 6).

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© Tourisme et travail, photographies droits réservés.
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Ces trois unes de Tourisme et travail mettent avant tout l’accent sur les attraits culturels, folkloriques et architecturaux des pays socialistes. (Tourisme et travail, mai 1970 ; février 1972 ; avril 1968)

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Ces trois unes de Tourisme et travail mettent avant tout l’accent sur les attraits culturels, folkloriques et architecturaux des pays socialistes. (Tourisme et travail, mai 1970 ; février 1972 ; avril 1968)

© Tourisme et travail, photographies droits réservés.

Du discours aux pratiques du voyage

29Après l’étude du contenu des articles et brochures, celle des pratiques touristiques renforce le constat d’un primat du touristique sur le politique. La réception du voyage par les adhérents est difficile à évaluer, mais une partie d’entre eux ne fait pas la différence avec d’autres séjours. Au début des années 1980, René T., ouvrier imprimeur retraité, adhérent de l’association locale de Tours, tient pour chaque voyage la chronique de ses vacances en groupe, reproduite et distribuée à ses compagnons de voyage? [80]. Il évoque son voyage en Bulgarie, effectué du 30 août au 13 septembre 1984, au même titre que d’autres voyages, en Grèce ou en Corse. Son récit est révélateur de la façon dont il envisage le voyage et son souci du détail donne une idée précise du programme. René T. note scrupuleusement que la Bulgarie est « une République populaire alignée sur l’URSS » où, « depuis 1951, le chômage n’existe plus », mais sur le ton scolaire d’un exposé de géographie, de la même manière qu’il précisait que « le Grec » est « très accueillant, très gentil et honnête ». Lors de rencontres organisées avec des retraités bulgares ou avec un groupe de touristes russes, la barrière de la langue limite les échanges, même si la vodka partagée permet de « trinquer à l’amitié réciproque, ainsi que pour la paix dans le monde ». René T. en retient la « galanterie » remarquable des Russes, et garde, par traducteurs interposés, des relations épistolaires avec un couple? [81]. Exception faite de la visite d’une coopérative agricole, limitée à une seule journée, conclue par une soirée de musique tsigane, les activités proposées sont des classiques du tourisme de groupe : soirées folkloriques nombreuses, « bal contact » entre adhérents, plage, visite des « boutiques alentour » ou des « magasins jouxtant [la] résidence », tiercé de la chanson, jeux apéritifs, pique-nique, boules, barbecue, fléchettes, accordéon, visites de monuments à Sofia. Une excursion sur le Danube est l’occasion pour le guide d’insister sur les tombeaux thraces, les églises et les vignes. À travers la manière dont Tourisme et travail conçoit, en pratique, voyage et animation, et à travers la perception du séjour par les adhérents, la dimension touristique prend donc largement le pas sur la dimension politique. Au début des années 1980, l’invite à se rendre en Bulgarie, dans les brochures, sonne encore comme un slogan : « Découvrez un pays socialiste ». Mais l’ambiguïté de cette injonction réside dans la possibilité de l’interpréter comme un soutien politique ou comme une marque d’originalité et de curiosité touristique.

De la politisation à la mise en tourisme des espaces

30Le vacancier qui se rend dans les pays socialistes avec Tourisme et travail est invité à profiter de leurs avantages touristiques comme dans n’importe quel pays. Le voyage a valeur de démonstration et de comparaison : démonstration des mensonges de la « légende noire » de l’URSS, qui bénéficie d’un traitement particulier, possibilité de se faire une idée par soi-même, comparaison de deux systèmes politiques et sociaux. À son corps défendant, peut-être, le touriste, ou l’adhérent, est engagé dans une entreprise de légitimation. Par rapport aux voyages des années 1930, cette entreprise présente cependant un caractère radicalement différent, du fait d’un renversement des priorités. Les objectifs politiques étaient auparavant placés au premier plan, conduisant malgré tout à une forme de tourisme. Après guerre, suivant une tendance qui va en se renforçant des années 1950 aux années 1980, les séjours en pays socialiste avec Tourisme et travail participent d’un développement touristique qui contient certes des éléments idéologiques, mais sans qu’ils constituent le but principal affiché du voyage. La production d’un discours touristique devient la dimension principale. Pour être efficace, la finalité politique du voyage s’abrite derrière une apparence de neutralité assurée par la conformité aux critères du tourisme légitime. La politisation des espaces a donc ses limites pour une association liée au système d’action communiste. La crise plus générale de ce dernier et des relations plus distendues entre la CGT et le parti communiste français vont dans le sens d’un renforcement de cette tendance à la fin de la période étudiée. Insérée dans un secteur concurrentiel qui la met aux prises avec une concurrence marchande et associative, Tourisme et travail adapte son discours et ses pratiques à des enjeux proprement touristiques. La banalisation des pays socialistes prend le pas sur l’affirmation d’un modèle social et d’un régime politique. Vouée à un terrain d’intervention spécifique, c’est à ce prix que l’association tente d’y assurer sa crédibilité et son efficacité. La production, par le tourisme, d’un rapport enchanté au monde socialiste passe alors paradoxalement par un rapport marchand? [82].


Mots-clés éditeurs : tourisme et travail, communisme, URSS, syndicalisme, tourisme social

Mise en ligne 06/04/2009

https://doi.org/10.3917/ving.102.0063

Notes

  • [1]
    Martine Sonnet, Atelier 62, Cognac, Le Temps qu’il fait, 2008, p. 193.
  • [2]
    Alain Corbin (dir.), L’Avènement des loisirs, 1850-1960, Paris, Aubier, 1995 ; Catherine Bertho Lavenir, La Roue et le stylo : comment nous sommes devenus touristes, Paris, Odile Jacob, 1999.
  • [3]
    Jean-Claude Richez et Léon Strauss, « Généalogie des vacances ouvrières », Le Mouvement social, 150, janvier-mars 1990, p. 3-18, p. 9.
  • [4]
    Rachel Mazuy, Croire plutôt que voir ? Voyages en Russie soviétique (1919-1939), Paris, Odile Jacob, 2002.
  • [5]
    Ibid., p. 8.
  • [6]
    Fred Kupferman, Au pays des Soviets : le voyage français en Union soviétique, 1917-1939, Paris, Gallimard, 1979.
  • [7]
    Sophie Cœuré, La Grande Lueur à l’Est : les Français et l’Union soviétique, 1917-1939, Paris, Seuil, 1999, p. 155-184.
  • [8]
    Florence Vandichèle, « Les voyageurs français en URSS, 1953-1964 », mémoire de maîtrise sous la direction de Marie-Pierre Rey, université Paris-I, 2002 ; Anne Kroptokine, « Le tourisme soviétique en URSS dans les années 1960 », DEA d’histoire sous la direction d’Alain Blum, EHESS, 2003.
  • [9]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 32-42.
  • [10]
    Shawn Salmon, « Marketing Socialism : Inturist in the Late 1950s and Early 1960s », in Anne E. Gorsuch et Diane P. Koenker (dir.), The Russian and East European Tourist under Capitalism and Socialism, Ithaca, Cornell University Press, 2006.
  • [11]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 186.
  • [12]
    Les vacances à l’étranger représentent 11,5 % des journées de vacances en 1964, 17,5 en 1972 et 18 % en 1973 (Les Vacances des Français en 1973, Paris, INSEE, 1975, p. 8).
  • [13]
    Sylvain Pattieu, « Mouvement syndical et tourisme populaire en France, 1945-années 1980 : le cas de Tourisme et travail », thèse de doctorat d’histoire sous la direction de Danielle Tartakowsky, université Paris-VIII, 2007.
  • [14]
    Bernard Pudal, « Les communistes », in Jean-Jacques Becker et Gilles Candar (dir.), Histoire des gauches en France, Paris, La Découverte, 2004, vol. 2, p. 73.
  • [15]
    Sur l’UJRF, voir Guillaume Quashie-Vauclin, « L’Union de la jeunesse républicaine de France, 1945-1956 : entre organisation de masse de jeunesse et mouvement d’avant-garde communiste », mémoire de master recherche sous la direction de Michel Dreyfus, université Paris-I, 2008.
  • [16]
    Sur cet aspect, voir Marie-Claire Lavabre et François Platone, Que reste-t-il du PCF ?, Paris, Autrement, 2003 ; Frédérique Matonti, La Nouvelle Critique, (1967-1978), Paris, La Découverte, 2004 ; Julian Mischi, « La recomposition identitaire du PCF », Communisme, 72-73, 1er trim. 2003, p. 71-99.
  • [17]
    Étienne Dollé, « Notes sur l’URSS », Tourisme et travail, mars 1961.
  • [18]
    Bertrand Réau et Franck Poupeau, « L’enchantement du monde touristique », Actes de la recherche en sciences sociales, 170, décembre 2007, p. 5-10.
  • [19]
    Florence Vandichèle, op. cit., p. 120.
  • [20]
    Tourisme et travail, août-septembre 1980.
  • [21]
    « La Bulgarie des traditions », Tourisme et travail, février 1972.
  • [22]
    Relevé effectué sur l’ensemble des numéros de Tourisme et travail aux archives départementales (AD) de Seine-Saint-Denis.
  • [23]
    Tourisme et travail, mai 1956.
  • [24]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 210, « Évolution du PAT de 1974 à 1978 ». En 1977, 3 232 voyageurs sont partis en Bulgarie, 1 140 en Tchécoslovaquie, 4 368 en URSS, contre 5 933 dans les Baléares, 5 793 en Tunisie, 1 404 en croisière en Méditerranée, et 9 171 en Grèce, destinations non exclusives mais représentant la grande majorité des voyages avec le Pool d’activités touristiques.
  • [25]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [26]
    Tourisme et travail, juin 1977.
  • [27]
    Tourisme et travail, février 1972.
  • [28]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [29]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1967.
  • [30]
    Tourisme et travail, juin 1958.
  • [31]
    Tourisme et travail, novembre 1958.
  • [32]
    Tourisme et travail, décembre-janvier 1957.
  • [33]
    Paul-Louis Thirard, « Le cinéma soviétique aujourd’hui », Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [34]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [35]
    Tourisme et travail, avril 1963. Cette référence concerne l’ouvrage de Louis Aragon et André Maurois, Les Deux Géants : histoire des États-Unis et de l’URSS de 1917 à nos jours, Paris, Éditions du Pont royal, 1963.
  • [36]
    Tourisme et travail, juin 1962.
  • [37]
    POM, « Comment campent les Soviétiques », Tourisme et travail, février 1958 ; Tourisme et travail, juin 1963.
  • [38]
    Tourisme et travail, novembre 1967.
  • [39]
    Rachel Mazuy, op. cit., p. 44, 130-135.
  • [40]
    Tourisme et travail, mai 1968.
  • [41]
    Tourisme et travail, avril 1969.
  • [42]
    « Votre voyage en URSS », Tourisme et travail, avril 1965.
  • [43]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1959.
  • [44]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1966.
  • [45]
    André Rougeot, « En sillonnant l’URSS », Tourisme et travail, mai 1970.
  • [46]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [47]
    André Rougeot, op. cit.
  • [48]
    Ibid.
  • [49]
    Nicole Chatel, « Visages de l’URSS, initiation au voyage », Tourisme et travail, avril 1969.
  • [50]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1959.
  • [51]
    André Rougeot, op. cit.
  • [52]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [53]
    André Rougeot, op. cit.
  • [54]
    Tourisme et travail, mars 1964.
  • [55]
    Étienne Dollé, op. cit. ; Tourisme et travail, novembre 1962.
  • [56]
    André Rougeot, op. cit.
  • [57]
    René Martin, « La croisière du Batory en URSS, notes de voyage », Tourisme et travail, novembre 1955 ; Tourisme et travail, décembre 1955-janvier 1956 ; Étienne Dollé, op. cit.
  • [58]
    André Rougeot, op. cit.
  • [59]
    Étienne Dollé, op. cit.
  • [60]
    Ibid.
  • [61]
    André Rougeot, op. cit.
  • [62]
    Jean Faucher, « Moscou Jeux olympiques », Tourisme et travail, septembre 1979.
  • [63]
    Tourisme et travail, mai 1979 ; Tourisme et travail, février 1980. La FSGT est une association sportive liée au PCF et à la CGT : voir Marianne Borel, « La FSGT entre société communiste et mouvement sportif (1964-1992) », thèse de sociologie, Institut d’études politiques de Paris, 1999 ; Nicolas Ksiss, « Le football corporatif à la FSGT sous le Front populaire », in Pierre Arnaud et Thierry Terret (dir.), Le Sport et ses espaces, Paris, CHTS, 1998, p. 219-239. LVJ est l’organisation de vacances des jeunes du PCF.
  • [64]
    Jean Faucher, op. cit.
  • [65]
    Tourisme et travail, octobre 1980.
  • [66]
    André Rougeot, op. cit.
  • [67]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1961.
  • [68]
    Ibid.
  • [69]
    J. Ball, « Venez, la RDA vous attend », Tourisme et travail, mai 1966.
  • [70]
    D. Luben, « La Yougoslavie ? C’est une idée ! », Tourisme et travail, mai 1966. Entre 1956 et 1970, cette destination pâtit peut-être de son statut particulier parmi les pays socialistes : Igor Tchoukarine relève seulement deux articles qui lui sont consacrés (Igor Tchoukarine, « Politiques et représentations d’une mise en tourisme : le tourisme international en Yougoslavie socialiste (1945-1970) », thèse de doctorat en cours sous la direction d’Alain Blum, EHESS).
  • [71]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1966.
  • [72]
    Tourisme et travail, mai 1967.
  • [73]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1964.
  • [74]
    Tourisme et travail, septembre-octobre 1967.
  • [75]
    Tourisme et travail, octobre 1963.
  • [76]
    J. Ball, op. cit.
  • [77]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 374, lettre de Jean Faucher à E. Sontag, Abteilungsleiter freier deutscher Gewerkschaftsbund, 18 juin 1982.
  • [78]
    Ibid.
  • [79]
    D. Luben, op. cit.
  • [80]
    AD Seine-Saint-Denis, 53 J 187.
  • [81]
    Ibid. ; entretien avec René et Gisèle T., le 23 novembre 2004 à Tours.
  • [82]
    Avec mes remerciements pour leur aide et leurs relectures à Sébastien Chauvin, Florence Johsua, Anne Kropotkine, Julien Rochedy et Danielle Tartakowsky.
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