Notes
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[1]
Nous nous permettons de renvoyer à Olivier Dard, « Des intellectuels français face à la société de consommation », in Alain Chatriot, Marie-Emmanuelle Chessel et Matthew Hilton, Au nom du consommateur. Consommation et politique en Europe et aux États-Unis au xxe siècle, Paris, La Découverte, 2004, p. 376-390.
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[2]
Voir Thomas Keller, Les Verts allemands, un conservatisme alternatif, Paris, L’Harmattan, 1993.
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[3]
À titre d’exemple, on peut se reporter à l’ouvrage publié par le GRECE en 1977 : Dix ans de combat culturel pour une renaissance, dans lequel ces questions ne sont pas abordées. À l’inverse, une brochure d’Alain de Benoist publiée par les éditions du Labyrinthe en 1982 et intitulée Orientations pour des années décisives est un marqueur de changement dans les perspectives de la Nouvelle Droite.
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[4]
Armin Mohler est ainsi un membre originel du comité de patronage de la revue Nouvelle École.
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[5]
Alain de Benoist, « Une remise en cause salutaire des valeurs marchandes », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 41.
-
[6]
Sont notamment cités Naomi Klein, No log. La tyrannie des marques, Arles, Actes sud, 2001 ; et Guillaume Erner, Victimes de la mode ? Comment on la crée, pourquoi on la suit ?, Paris, La Découverte, 2004.
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[7]
Paul Masquelier, « Le capitalisme aime habiller les jeunes », Éléments, 115, hiver 2004-2005, p. 40-44.
-
[8]
C’est le titre du numéro d’Éléments, 46, été 1983.
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[9]
Xavier Marchand, « Édition, l’argent roi », Éléments, 74, printemps 1992, p. 25.
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[10]
Nous utilisons ici un article de Guillaume Faye, « La culture gadget », Éléments, 46, été 1983, p. 7. La Rédaction de Vingtième Siècle. Revue d’histoire remercie les éditions du Labyrinthe et la revue Éléments de l’avoir autorisée à reproduire les documents figurant dans cet article.
-
[11]
Il est nommément cité.
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[12]
Ibid., p. 3.
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[13]
Alain de Benoist, « Vers l’indépendance. Pour une Europe souveraine et libérée des blocs », in Le Défi de Disneyland. Actes du 20e Colloque national de la revue Éléments, Paris, Le Labyrinthe, 1987, p. 94-95.
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[14]
Marco Tarchi, « La colonisation subtile. American way of life et dynamique sociale », in Le Défi de Disneyland…, op. cit., p. 75. Signalons que ce texte a été récemment republié par Marco Tarchi en Italie dans un recueil de ses articles sur les États-Unis intitulé Contro l’americanismo, Rome-Bari, Laterza & Figli, 2004, sous le titre « La Colonizzazione sottile », p. 3-17.
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[15]
Cercle Héraclite, « La France de Mickey », Éléments, 57-58, printemps 1986, p. 7.
-
[16]
Charles Berrias, « Protection de l’environnement mental », Éléments, 97, janvier 2000, p. 13.
-
[17]
Alain de Benoist, Europe, Tiers monde, même combat, Paris, Robert Laffont, 1986, p. 125-126.
-
[18]
Éléments, 48-49, hiver 1983-1984, p. 31.
-
[19]
La présentation biographique d’Alain de Benoist en page de garde de son ouvrage Europe, Tiers monde même combat indiquait : « N’appartient à aucun mouvement politique et ne souhaite appartenir à aucun. » Le développement du Front national n’a pas été sans provoquer de cassure, du fait des positions antagonistes prises par des fondateurs du GRECE. Aux options pro-FN d’un Pierre Vial ou d’un Jean-Claude Bardet, se sont opposés notamment Alain de Benoist et Michel Marmin.
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[20]
Julius Evola, Révolte contre le monde moderne, trad. de l’it. par Philippe Baillet, Paris, L’Âge d’homme, 1991, 1re éd. 1934, p. 24. Evola met ainsi la société de consommation au premier rang de sa critique du monde moderne : « Les choses sont arrivées à un point tel qu’on se demande aujourd’hui qui serait capable d’assumer le monde moderne, non dans l’un de ses aspects particuliers – “technocratie”, “société de consommation”, etc., mais en bloc, jusqu’à en saisir la signification ultime. » Dans un autre de ses ouvrages, Les Hommes au milieu des ruines, trad. fr. revue, corrigée et complétée par Gérard Boulanger, Puiseaux, Pardès, 1984, 1re éd. 1972, consacre le sixième chapitre à la « démonie de l’économie » (p. 87-102).
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[21]
Marco Tarchi, op. cit., p. 81.
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[22]
Marco Tarchi, « Crise de la modernité et nouveaux mouvements sociaux », Krisis, 4, décembre 1989, p. 13.
-
[23]
Ibid., p. 13.
-
[24]
Ibid., p. 15.
-
[25]
Christian Lahalle, « Une pollution de l’esprit humain », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 37 et p. 39.
-
[26]
Alain de Benoist, « Une remise en cause salutaire des valeurs marchandes », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 44.
-
[27]
Sur le « naturalisme conservateur » de Robert Hainard et son influence sur Antoine Waechter, voir Jean Jacob, Histoire de l’écologie politique, Paris, Albin Michel, 1999, chap. 2, particulièrement p. 150-151.
-
[28]
« Ni droite ni gauche. Entretien avec Antoine Waechter », Krisis, 15, septembre 1993, p. 16-23.
-
[29]
Gérard Bramoullé, La Peste verte, Paris, Les Belles Lettres, 1991.
-
[30]
Voir en particulier, Charles Champetier, « Antiutilitarisme : de nouveaux clivages », Éléments, 74, printemps 1992, p. 12-14.
-
[31]
Serge Latouche, L’Occidentalisation du monde. Essai sur la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire, Paris, La Découverte, 1989. Les textes de Latouche ont été publiés dans le numéro 4 de la revue.
-
[32]
Serge Latouche, « Le raisonnable et le rationnel. Les antinomies du postulat métaphysique et de la raison économique », Krisis, 12, octobre 1992, p. 34-45. Le numéro est intitulé « L’argent ? »
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[33]
Alain Caillé, « Monnaie des sauvages et monnaie des modernes », Krisis, 4, décembre 1989, p. 46-51.
-
[34]
« Entretien », Krisis, décembre 1989, p. 44-45.
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[35]
Charles Champetier, op. cit., p. 14.
-
[36]
Voir le numéro 13 de la Revue du MAUSS, « Droite ? Gauche ? ».
-
[37]
Pour la liste détaillée, voir Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d’une analyse critique, Paris, Descartes et Cie, 1994, p. 306.
-
[38]
Ibid., p. 321, n. 418. Pierre-André Taguieff a eu accès à une partie du courrier reçu en 1993 par la Rédaction de Krisis.
-
[39]
Pour une mise au point sur cette légende, se reporter à Pierre-André Taguieff, op. cit., p. 317-322.
-
[40]
« Face à face. Libéralisme ou écologisme » avec Gérard Bramoullé et Alain Lipietz, Krisis, 15, septembre 1993, p. 50.
-
[41]
À titre d’exemple, celui paru sur le livre de Serge Latouche, La Planète uniforme (Castelnau-le-Lez, Climats), qualifié de « bien utile synthèse », Éléments, 100, mars 2001, p. 6.
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[42]
Voir le texte d’Alain Caillé, « Trente thèses pour contribuer à l’émergence d’une gauche nouvelle et universalisable », Revue du MAUSS, « Comment peut-on être anticapitaliste ? », 9, 1er sem. 1997, p. 297-331.
-
[43]
Il est en particulier l’auteur de La Révolte des élites, Castelnaul-le-Lez, Climats, 1996 ; et de La Culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances, Castelnau-le-Lez, Climats, 2000, 2e éd. L’édition originale en anglais remonte à 1979.
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[44]
Alain de Benoist, « Objectif décroissance », Éléments, hiver 2005-2006, p. 29-30. Ce numéro de l’hiver 2005-2006 comporte un dossier intitulé « Le salut par la décroissance. Pour empêcher le capitalisme de pourrir la planète ? »
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[45]
Nicolas Lebourg, Les Nationalismes révolutionnaires en mouvements : idéologies, propagandes et influences (France 1962-2002), thèse de doctorat d’histoire contemporaine, université de Perpignan, 2005, p. 638-639.
-
[46]
Benjamin Guillemaind et Arnaud Guyot-Jeannin (dir.), Aux sources de l’erreur libérale. Pour sortir du libéralisme et de l’étatisme, Paris, L’Âge d’homme, 2000.
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[47]
Arnaud Guyot-Jeannin est interrogé dans Éléments, 98, mai 2000, p. 52-53.
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[48]
Ludovic Maubreuil, « L’élite des insurgés veille », Éléments, 100, mars 2001, p. 4.
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[*]
Olivier Dard est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul Verlaine de Metz. Il est notamment l’auteur des ouvrages suivants : Le Rendez-vous manqué des relèves des années 30 (PUF, 2002) et Voyage au cœur de l’OAS (Perrin, 2005) et, avec Dominique Barjot, Jean Garrigues, Didier Musiedlak et Éric Anceau, Industrie et politique en Europe occidentale et aux États-Unis (xix-xxe siècles) (Presses de la Sorbonne, 2006).(dard222@aol.com)
1De la Nouvelle Droite dont on connaît davantage le paganisme ou encore l’attrait pour la biologie et l’eugénisme, Olivier Dard nous présente un aspect nouveau : son refus de la société de consommation. Sur ce terrain, elle emprunte à des intellectuels fort éloignés d’elle politiquement, ce qui ne contribue pas peu à brouiller son image, dans une stratégie délibérée de troisième voie.
2Si les relèves des années 1930 et leurs postérités ont joué un rôle important dans le développement et la diffusion d’un discours hostile à la société de consommation qui s’est épanoui en France durant les années 1970 [1], force est de constater que la vigueur de ce dernier s’est singulièrement atténuée depuis les années 1980 tandis qu’il se redéfinissait, en France comme à l’étranger, autour de nouvelles forces politiques, à commencer par l’écologie politique. Les travaux sur cette dernière ont mis au jour les différentes matrices de sa naissance, et en particulier le rôle joué, pour le cas allemand, par certaines thématiques de la « révolution conservatrice [2] ». Rapporté au cas français, ce questionnement est particulièrement opératoire pour revisiter un courant de pensée jamais étudié à l’aune de cette approche, la Nouvelle Droite, née à la fin des années 1960 autour de certaines figures (à commencer par Alain de Benoist), d’un groupement, le GRECE, et de publications, les revues Nouvelle École et Éléments.
3Trois préalables peuvent être précisés d’emblée pour baliser le cadre d’une relation entre la Nouvelle Droite et la question de la société de consommation. Le premier renvoie à la chronologie. La consommation n’est nullement un objet d’intérêt originel de la Nouvelle Droite. Longtemps polarisée sur les questions religieuses (problème du paganisme), biologiques et eugénistes (au cœur de la controverse de l’été 1979), la Nouvelle Droite ne s’est véritablement intéressée à la « société marchande » et à sa stigmatisation qu’à partir des années 1980 [3]. Un second renvoie aux contours du débat dans lequel se situe, au sein de la Nouvelle Droite, la question de la société de consommation. Il est inséparable d’autres enjeux concernant les États-Unis et l’antiaméricanisme, l’environnement et sa défense (combinaison de réflexions sur l’écologie et le rapport du paganisme à la nature) et, plus généralement, le rejet du libéralisme et du matérialisme. Un dernier élément tient à la nécessaire prise en compte de la combinaison entre originalité et dimension syncrétique du discours de la Nouvelle Droite. Elle agrège, en permanence, des éléments venus d’autres horizons idéologiques (des concepts du sociologue Jean Baudrillard aux auteurs de la revue du Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales, le MAUSS) et géographiques (auteurs européens mais également nord-américains), passés comme présents (de la « révolution conservatrice allemande », dont la Nouvelle Droite derrière Alain de Benoist est une des postérités les plus significatives depuis plus d’une trentaine d’années [4], à des penseurs contemporains).
Le sens d’un combat
4S’il est difficile de résumer, outre les ouvrages publiés par ses principaux représentants, à commencer par Alain de Benoist, les contenus parus à ce jour (hiver 2005) des cent dix-neuf numéros d’Éléments, des cinquante-cinq numéros de Nouvelle École et des vingt-sept numéros de Krisis, il apparaît cependant que la dénonciation de la société de consommation s’articule autour de deux thématiques fortes.
5La lecture des écrits néodroitiers permet de mettre au jour une série de critiques classiques contre la société de consommation. On mentionnera en particulier ses conséquences écologiques et l’aliénation qu’elle provoque chez les consommateurs. Ainsi, ironisant sur ceux qui dénoncent les « professionnels de l’inquiétude », Alain de Benoist entend mettre les choses au point : « On rappellera au passage qu’il n’y a pas d’activités humaines qui ne provoquent des dégâts, ce qui consolera des deux mille cinq cents morts et des trois cent mille blessés de la catastrophe de Bhopal (3 décembre 1984), à porter au palmarès de l’Union Carbide, et que la destruction par l’homme en moins d’un siècle de 75 % des espèces animales existantes (elles continuent à disparaître aujourd’hui au rythme d’une dizaine par jour) n’a jamais empêché personne de trouver son bonheur dans la consommation [5]. » La stigmatisation de l’aliénation parsème également le discours néodroitier et le numéro de l’hiver 2005 d’Éléments s’attache, en commentant des ouvrages récents sur le sujet [6], à réfléchir sur le poids revêtu par les marques sur les adolescents d’aujourd’hui [7]. Pris dans la durée, le cœur du discours néodroitier se situe cependant ailleurs et se décline autour de deux axes majeurs : la « mercantilisation » de la culture opérée par la société de consommation et le danger d’uniformisation synonyme d’indifférenciation.
La « mercantilisation » de la culture
6Cette thématique est l’une des premières mises en avant. Elle s’attache à stigmatiser la « culture gadget [8] », le « défi de Disneyland » et l’assimilation du livre à un « bien de consommation courante » qui « se transforme peu à peu, logique libérale oblige, en un produit périssable » [9]. De nombreux textes dénoncent la « “culture mondiale de masse” » et les « modes culturelles » présentées comme « des systèmes d’intégration à des mœurs et des habitudes de consommation » [10]. Pour Guillaume Faye, la « “culture mondiale de masse” » se divise « schématiquement […] en trois grands secteurs normalisés » : « la “culture de masse” proprement dite, celle qui produit E.T. ou le disco […], la culture élitaire souvent absconse et abstraite, tout aussi universaliste et dont la fonction est sociale et discriminatoire : substituer aux découpages ethno-géographiques une stratification culturelle verticale entre “gens cultivés” et “grand public” à l’échelle de la civilisation occidentale tout entière ; et enfin, une culture “musaïque” qui codifie la tradition, rationalise la mémoire collective et gère le passé, dans le but de transformer chaque culture nationale en un stock culturel inoffensif qui participe du “patrimoine commun de l’humanité” ». Pour Guillaume Faye, cette situation signifie la fin de toute « culture vivante et spécifique » à cause du « double poison » représenté par « l’économisme » entendu comme « l’économisation de la culture» (la « culture marchandise » chère à Baudrillard [11]) et le « cosmopolitisme ».
7Au cœur de ce rejet, l’Amérique, symbole de cette « “culture mondiale de masse” ». Si la Nouvelle Droite a accueilli avec sympathie les premières prises de positions de Jack Lang, très rapidement le scepticisme l’a emporté. Le numéro précité d’Éléments sur la « culture gadget » avait comme couverture « Jack Lang au bilboquet » avec à l’intérieur du numéro cette explicitation de la couverture : « La culture, qui était naguère l’un des soucis majeurs des princes, n’est-elle plus qu’un hochet entre les mains des gestionnaires gouvernés par les seuls impératifs économiques ? Les bonnes intentions du ministre de la Culture, maintes fois affirmées non sans un certain courage d’ailleurs, n’ont pas pesé lourd devant la marée atlantiste qui, depuis mai 1981, a déferlé sur la France [12]. » L’anti-américanisme est un identifiant de la Nouvelle Droite. Le combat contre l’implantation de Disneyland à Marne-la-Vallée lui sert d’étendard et la revue Éléments reprend le thème pour son 20e Colloque national le 16 novembre 1986. Le ton des interventions est virulent et Alain de Benoist conclut la rencontre en lançant que « Mickey le souriceau appartient à l’espèce ratière », que « dans son cas c’est bien la dératisation qui s’impose », qu’« il s’agit d’en finir avec les États-Unis » et que « la guerre culturelle est déclarée » [13]. Si le « colloque » a passé en revue l’hégémonie du dollar, fustigé à travers le débat sur les « primaires », « l’américanisation de la vie politique » française, vanté les mérites du prince Éric contre Mickey, la consommation n’a pas été oubliée. C’est Marco Tarchi, politiste italien et figure de proue de la Nuova Destra transalpine qui s’est attaché à dénoncer, citations de Wim Wenders et de Werner Herzog à l’appui, la « colonisation subtile » représentée par la diffusion de « l’American way of life ». Marco Tarchi met en avant deux éléments selon lui indissolublement liés : « L’idée d’un marché mondial lancée et poursuivie par la société marchande dont les États-Unis sont l’incarnation la plus parfaite et la plus raffinée, ne p[eu]t être séparée d’une autre idée : celle de l’uniformité comportementale de ses clients/consommateurs potentiels, ce qui fai[t] automatiquement de l’American way of life le standard auquel toute conception de la vie collective d[oit] s’adapter [14]. » La vision de la Nouvelle Droite italienne est sur ces points conforme à celle de son homologue français. Quelques mois plus tôt, le cercle Héraclite du GRECE s’était élevé contre la « France de Mickey » au nom du refus de la « consommation » de la culture : « Consommer de la culture est plus immédiatement agréable que d’en créer : réussira toute tentative pour privilégier une consommation passive d’un art de divertissement au détriment d’une participation active. De Disneyland en concert gigantesque, de film à grand spectacle en station prolongée devant un poste de télévision, le spectateur est mené par la main dans un monde programmé merveilleux […]. Toujours dans la même optique, il convient de remarquer la fonction déterminante qu’occupent les concepts de marketing, créneau, ciblage : on ne crée pas tant parce que l’on a quelque chose à dire que pour répondre au besoin d’une cible. Tout l’art consiste donc dans la recherche de la cible, dans l’évaluation correcte de ses besoins, ou mieux encore dans la manipulation de la cible pour la persuader de l’existence de besoins nouveaux [15]. » Ces idées continuent d’être exprimées au cours des décennies suivantes. Elles s’enrichissent des nouveaux combats de l’heure, notamment lorsqu’il s’agit de dénoncer la publicité en soutenant en 2000 Casseurs de pub. La revue de l’environnement mental. Ses promoteurs, inspirés du groupe canadien des Adbusters qui avait lancé il y a quelques années la Journée mondiale sans achat (« Buy nothing today ») ont essayé sans succès de faire passer en France un spot à la télévision contre la publicité : « Notre culture de consommation est tragique. Le 26 novembre, fêtez la journée sans achat, n’achetez rien. » Faute de spot, une revue est née et Charles Berrias la salue : « Une initiative à rejoindre et à soutenir. » Pour éclairer le lecteur, Éléments reproduit certains photomontages suggestifs (un homme coiffé d’une casquette de policier à l’effigie de McDonald’s) et l’article cite des extraits considérés comme des « propos directs et justes sur la société de consommation » : « Le capitalisme est un totalitarisme […]. Depuis l’enfance, nous sommes sous l’influence de Big Brother, répétant inlassablement son slogan : “Ne pensez pas, consommez” […]. Au crépuscule de leur existence, combien de personnes auront pour bilan de leur vie personnelle autre chose qu’une connaissance accrue des lignes de leur petit écran [16] ? »
Uniformisation ou indifférenciation
8Cette thématique s’est particulièrement nourrie du combat des années 1980 en faveur de la « cause des peuples » et de la remise en cause de la logique comme des résultats du mode de développement occidental. « L’idéologie du développement » est ainsi violemment contestée dans la presse de la Nouvelle Droite et dans un essai d’Alain de Benoist, Europe, Tiers monde, même combat. Le « développement » proposé par l’Occident peut se définir selon de Benoist de la façon suivante :
« Réaliser dans le monde entier la “grande transformation” dont l’Europe a elle-même fait l’objet à partir des 17e et 18e siècles : détacher l’homme du sol, réduire ses croyances à l’état de “superstitions”, dénoncer la souveraineté politique comme “despotisme”, atomiser la société en acteurs économiques individuels et interchangeables. Processus impliquant l’abandon des cultures populaires, la réduction du sensible à l’intelligible, le rejet des héritages et des appartenances, la dépossession de soi au profit d’un modèle américano-centré, bref la conversion générale de toute l’humanité à l’obsession de la marchandise et du gain monétaire, à l’économisme égalitaire, au calcul rationnel, à l’utilité pratique comme ultime critère de la vérité, tous traits considérés, non sans raison, comme autant de réquisits d’une société transformée en marché. Univers qui ne connaît plus que des faits et des objets. Univers où rien n’a plus de valeur mais où tout a un prix [17]. »
10Ces idées sont reprises et développées continûment dans la presse néodroitière et dans des brochures de ses principaux auteurs, pour souligner les méfaits de « l’idéologie du développement » et défendre la « cause des peuples ». L’image vient toujours appuyer l’écrit. Ainsi, un article de Robert de Herte [Alain de Benoist] intitulé « Le développement en question », inséré dans un numéro d’Éléments « Tiers mondisme et cause des peuples », est illustré par des photographies et des légendes suggestives :
« Par l’homogénéisation des modes de consommation, le marché mondial a laminé les cultures et hypothéqué un possible équilibre des mœurs au sein de chaque communauté. HLM, rideaux à fleurs et télévision : la rencontre du malheur et de la solitude pour ces femmes musulmanes […]. Ouvriers en prière à Djeddah [ils prient au pied d’un immense réservoir de raffinerie]. Le choc de l’Islam et le mythe du développement [18]. »
Une troisième voie sur fond d’anticonsumérisme
12Le discours néodroitier peut dérouter un lecteur peu familier de ses productions, car ses sources sont éclectiques. Bien des auteurs marqués à gauche peuvent ainsi être mobilisés, ce qui est tout à fait logique pour un courant de pensée qui se définit comme un mouvement de « troisième voie » et qui refuse, Alain de Benoist en tête, toute affiliation partisane [19]. À observer les choses de près, il existe cependant un fond d’invariant dans les références de la Nouvelle Droite et, en fonction des sujets traités, des recours ponctuels à certains auteurs. Au cœur des références, on trouve les penseurs de la « révolution conservatrice » allemande (tout particulièrement Ernst Jünger et Carl Schmitt) et, plus largement, certains des philosophes allemands majeurs des 19e et 20e siècles (Nietzsche, Heidegger), les principaux auteurs de droite, français et étrangers (notamment Julius Evola, critique virulent de la « société de consommation [20] ») et les principales figures de la pensée de « troisième voie ». À ce fond original s’ajoutent des auteurs ponctuellement utilisés. Pour la question de la consommation et parmi les références françaises, sont très régulièrement sollicités Jean Baudrillard, Guy Debord, Serge Latouche et les figures majeures du MAUSS. Il serait assurément fastidieux de quantifier la présence de telles références, mais elles se mesurent à plusieurs indicateurs : participation directe aux publications, et en particulier à la revue Krisis, comptes rendus élogieux d’ouvrages, notamment dans la rubrique « Faits et gestes » de la revue Éléments, classement en fonction de l’intérêt (1, 2 ou 3) des titres proposés dans les bibliographies publiées par la revue Nouvelle École.
13Les références brandies par la Nouvelle Droite obéissent à une triple logique. D’abord, montrer une volonté d’ouverture, volonté articulée sur une démarche à vocation syncrétique. Ensuite, notamment à partir des années 1980, essayer de réussir à sortir d’un ghetto où a fini par l’enfermer la polémique de l’été 1979. En dernier lieu, attirer pour si possible fédérer autour de ses propres thématiques. Projet métapolitique et souci d’être partie prenante d’une alternative de troisième voie sont ici étroitement conjugués. Cette vision stratégique n’est pas uniquement française et Marco Tarchi l’avait explicitée dès 1986 en soulignant la nécessité d’« opposer […] le front d’un nouveau non-conformisme [21] ». Trois ans plus tard, le politiste italien a explicité sa vision stratégique en croisant des réflexions sur la « crise de la modernité » et les « nouveaux mouvements sociaux ». Le jugement que porte sur eux le politiste florentin est « très positif », dans la mesure où « ils recréent une dynamique d’identification politique fondée sur des valeurs plutôt que sur des intérêts, rouvrent des canaux de participation populaire là où ceux dont disposent les institutions paraissent bouchés, et incitent à des synthèses créatrices au sein de sociétés menacées par l’exaspération du matérialisme consumériste et la multiplication des égoïsmes liés à la segmentation socioprofessionnelle caractéristique du monde moderne [22] ». Conscient des limites de ces mouvements, (« marginalité », « style monothémathique »), qu’il assimile à une « maladie infantile », Tarchi souhaite les voir acquérir une « conscience métapolitique » [23]. Ils pourraient rejoindre des mouvements déjà dotés d’une telle conscience. Marco Tarchi cite ainsi pour l’Italie : les Verts, la Nuova Destra ou le mouvement de rénovation religieuse Communion et libération [24].
14La démarche prônée par Marco Tarchi pour l’Italie trouve son équivalent en France au même moment. Alain de Benoist a pris en 1989 une position favorable à Antoine Waechter et aux Verts, ce qui n’a pas été sans susciter des controverses dans les milieux néodroitiers. Ainsi, Christian Lahalle a publié dans Éléments un véritable réquisitoire assimilant l’écologie à une vision de l’homme considéré comme un « animal maléfique » (héritage selon lui du judéo-christianisme) et à une « haine de l’homme innovateur » [25]. Dans le même numéro, Alain de Benoist a publié un long article pour défendre le mouvement écologiste. Au cœur de son argumentation, on trouve son refus de la « dichotomie gauche-droite », la défense des mouvements autonomistes et régionalistes, et surtout le fait que le mouvement écologiste « reste […] le seul mouvement politique ayant le courage de contester radicalement l’axiomatique de l’intérêt, le paradigme économique et le pouvoir absolu des valeurs marchandes, qui ne sont rien d’autre que les formes contemporaines du règne de la quantité » [26]. Ce soutien aux écologistes n’est pas uniquement conjoncturel et, quelques années plus tard, dans le numéro de Krisis consacré à l’écologie, Antoine Waechter donne un long entretien à la rédaction de la revue où il revient sur l’histoire du mouvement écologiste en France, présente les axes majeurs de sa pensée politique (en citant bien entendu Robert Hainard [27]), les différences existant avec les Grünen sans oublier de condamner avec force l’ouvrage de Luc Ferry, Le Nouvel Ordre écologique [28]. Dans le même numéro, Alain Lipietz dialogue avec Gérard Bramoullé, figure de proue des « nouveaux économistes » et auteur d’un pamphlet, La Peste verte, dans lequel il juge le programme économique des Verts malthusiens et régressif [29]. Ces convergences avec les Verts ne sont pas les seules que la Nouvelle Droite met alors en avant. Il faut en effet citer l’importance du relais donné au MAUSS, dont la Nouvelle Droite croise le questionnement anti-utilitaire. Certains articles de fond s’attachent ainsi à souligner les convergences et les divergences avec le MAUSS [30]. La Nouvelle Droite donne directement la parole aux figures marquantes de ce mouvement. Ainsi, en 1989, Serge Latouche, qui vient de publier un essai remarqué intitulé L’Occidentalisation du monde. Essai sur la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire, propose un article intitulé : « Réflexion sur le “bien-être” comme concept ethnocidaire » et donne un entretien sur son livre à la revue [31]. Trois ans plus tard, Serge Latouche publie un autre article dans Krisis intitulé « Le raisonnable et le rationnel. Les antinomies du postulat métaphysique et de la raison économique [32] ». À côté de Serge Latouche, on peut aussi noter la présence d’autres personnalités comme le sociologue Alain Caillé, qui a fait paraître en 1989 dans Krisis une étude sur la monnaie [33].
15L’importance de telles convergences ne doit nullement être négligée, mais elle appelle une mise en perspectives. En premier lieu, convergence ne signifie pas homologie et les tenants du MAUSS ont toujours tenu à marquer leur distance vis-à-vis de la Nouvelle Droite, en particulier quant à sa critique radicale de la modernité, alors que la Nouvelle Droite a multiplié les appels du pied. Une question posée par la rédaction de Krisis à Serge Latouche est ainsi particulièrement significative : « La conclusion de votre livre [L’Occidentalisation du monde] est un peu ambiguë. On a l’impression qu’après avoir “déconstruit” la logique de la modernité, vous hésitez à en prendre congé totalement. Vous protestez contre la désagrégation des identités socioculturelles mais en même temps vous rejetez le “mythe identitaire”. Vous dénoncez les racines de l’idéologie occidentale, mais vous estimez qu’on ne peut quand même pas les rejeter complètement. La quadrature du cercle ? » La réponse de Serge Latouche reste volontairement vague et incomplète : « Il est très difficile de sauter par dessus son temps. C’est vrai que, tout en critiquant la modernité, j’ai aussi le sentiment d’y appartenir et qu’il ne m’est pas facile de rejeter certaines de ses valeurs auxquelles j’adhère et auxquelles je tiens. Il y a dans la modernité un idéal de fraternité universelle qui m’est cher. D’un autre côté, je ne suis pas sûr que cet idéal crée véritablement les conditions d’un authentique dialogue des cultures. Je pense aussi que la modernité forme un tout très largement indissociable. Je me pose donc encore pas mal de questions [34]. »
16Quelques années plus tard, la Nouvelle Droite se veut, par la plume de Charles Champetier encore plus insistante : « Le dépérissement du bien commun cessera lorsque seront revitalisées une socialité n’empruntant ni la voie marchande ni la voie étatique, et une citoyenneté qui puisse éprouver sa participation effective au destin de la Cité. Voilà bien un programme minimum, nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un “programme commun” [35]. » Le MAUSS s’était à vrai dire déjà en partie prononcé pour refuser ce compagnonnage [36].
17Le rejet de la société de consommation est-il autre chose qu’un exutoire de rencontres et un épisode supplémentaire de l’échec des tentatives de constitution de troisièmes voies, à l’image de leurs devancières des années 1930 ? Comme pour l’entre-deux-guerres, l’apparente communauté des critiques ne saurait faire négliger leurs différences de logiques, tout comme la diversité des projets de sociétés alternatives. Il faut ajouter le contexte propre au début des années 1990, marqué par la première guerre du Golfe à laquelle la Nouvelle Droite s’est violemment opposée. Cela a permis à Alain de Benoist de figurer, en décembre 1990, comme signataire d’une pétition « L’Appel des trente », en compagnie de Dominique Jamet, Antoine Waechter, René Dumont, mais aussi Gisèle Halimi, Charles Fiterman… sans oublier Michel Serrault ou Renaud [37]. Ce qui est considéré par le directeur de Krisis comme une marque d’ouverture et une sortie d’un ghetto est très mal compris par des abonnés de Krisis, de sensibilité nationale ou nationaliste, qui en refusent le renouvellement au motif d’une « gauchisation » de la revue et de son « flou politique » [38]. De façon concomitante, la polémique lancée à l’été 1993 par le quotidien Le Monde et relayée par certains écrivains (Didier Daeninckx) et journalistes (Thierry Maricourt) sur l’existence d’un « national-bolchevisme français » et d’un complot « rouge-brun » – quelle que soit l’inanité de son fondement [39] – a peut-être contrarié des rapprochements potentiels et exercé un rôle de frein. Ainsi, dans le numéro de Krisis intitulé « Écologie ? » paru en septembre 1993, Alain Lipietz a accompagné son entretien avec Gérard Bramoullé d’une note : « Ce dialogue paraît après un délai certain [il remonte à mars 1993], qui a vu s’allumer des polémiques à propos d’éventuelles convergences “nationales-bolcheviques”, et ce dans une revue censée en être l’épicentre. Qu’il soit bien clair qu’il ne s’agit là de rien d’autre qu’un débat entre deux économistes, l’un ultralibéral, l’autre écologiste. Bref, l’un et l’autre, ni bolchevique, ni nationaliste [40]… » Si au cours de la décennie suivante Krisis continue de paraître, en accueillant des signatures venant de la gauche (Jean-Luc Mélenchon, etc.) et si les ouvrages émanant du MAUSS peuvent faire l’objet de comptes rendus favorables [41], le front anticonsumériste esquissé au tournant des années 1990 s’est très durablement fissuré. Les Verts ont rejoint la « gauche plurielle » et le MAUSS s’est attaché à œuvrer à la reconstruction de la gauche [42]. Cela n’a pas empêché la Nouvelle Droite de poursuivre son action de critique à l’égard de la société de consommation et de s’ouvrir à d’autres influences alternatives, notamment les communautariens, Christopher Lasch [43] le « populiste » américain ci-devant marxiste et admirateur de l’École de Francfort, sans oublier le relais effectué d’auteurs et de mouvements prônant la « décroissance [44] ».
18Cependant la portée de tels discours comme les actions communes sur cet objet se situent dans un spectre politique beaucoup plus limité et circonscrit aux milieux d’une droite nationaliste révolutionnaire ou, plus largement, antilibérale. Ainsi, les actions menées contre des fast foods, notamment des McDonald’s (distributions de tracts) par les différents mouvements nationalistes révolutionnaires se nourrissent de thématiques tirées des écrits de la Nouvelle Droite tandis que le « collectif contre l’Eurodisneyland » reçoit l’appui d’Alain de Benoist comme du mouvement Ecolo.J de Paul-Marie Coûteaux [45]. Sur un autre plan, on relève la participation d’Alain de Benoist, de Charles Champetier ou de Pierre Le Vigan à l’ouvrage collectif Aux sources de l’erreur libérale [46], dans lequel sont explorées de nombreuses pistes sur le partage du travail, le mutualisme, le crédit social ou les systèmes d’échange local [47]. Ces éléments ne sont pas à la hauteur des ambitions originelles de la Nouvelle Droite. Elle est bien consciente de son isolement et de la difficulté à diffuser un discours hors d’un système médiatique jugé verrouillé. Revenant en mars 2001 sur l’initiative de la revue Casseurs de pub, Ludovic Maubreuil relevait avec une ironie grinçante que le magazine Télérama (dont il a compté qu’il offrait dans un même numéro soixante-neuf pages de publicité plus un encart cartonné de six pages) publiait un article favorable à l’association. Pour le rédacteur d’Éléments, la démarche est à la fois « scandaleuse » et « logique » : « Ces gens-là ne peuvent que se réjouir des contestations ludiques qu’ils réussissent facilement à faire passer pour une opposition aux seuls excès du système – et non à ses fondements – et qui leur permettent de transmettre davantage leur foi en une “dimension éthique et citoyenne de la consommation”, pour reprendre l’une des phrases les plus odieuses des philosociologues à la mode. » Et Ludovic Maubreuil de conclure : « Ce n’est plus seulement des objets qu’il s’agit de consommer, il faut que chacun ait le droit à ses poussées d’insoumission (évidemment bien encadrées), puisse exprimer son exquise individualité (au sein du troupeau dont tous les membres sont sommés de faire de même), parvienne à se situer le plus en marge possible (donc très exactement dans la norme). » [48]
Notes
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[1]
Nous nous permettons de renvoyer à Olivier Dard, « Des intellectuels français face à la société de consommation », in Alain Chatriot, Marie-Emmanuelle Chessel et Matthew Hilton, Au nom du consommateur. Consommation et politique en Europe et aux États-Unis au xxe siècle, Paris, La Découverte, 2004, p. 376-390.
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[2]
Voir Thomas Keller, Les Verts allemands, un conservatisme alternatif, Paris, L’Harmattan, 1993.
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[3]
À titre d’exemple, on peut se reporter à l’ouvrage publié par le GRECE en 1977 : Dix ans de combat culturel pour une renaissance, dans lequel ces questions ne sont pas abordées. À l’inverse, une brochure d’Alain de Benoist publiée par les éditions du Labyrinthe en 1982 et intitulée Orientations pour des années décisives est un marqueur de changement dans les perspectives de la Nouvelle Droite.
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[4]
Armin Mohler est ainsi un membre originel du comité de patronage de la revue Nouvelle École.
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[5]
Alain de Benoist, « Une remise en cause salutaire des valeurs marchandes », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 41.
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[6]
Sont notamment cités Naomi Klein, No log. La tyrannie des marques, Arles, Actes sud, 2001 ; et Guillaume Erner, Victimes de la mode ? Comment on la crée, pourquoi on la suit ?, Paris, La Découverte, 2004.
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[7]
Paul Masquelier, « Le capitalisme aime habiller les jeunes », Éléments, 115, hiver 2004-2005, p. 40-44.
-
[8]
C’est le titre du numéro d’Éléments, 46, été 1983.
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[9]
Xavier Marchand, « Édition, l’argent roi », Éléments, 74, printemps 1992, p. 25.
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[10]
Nous utilisons ici un article de Guillaume Faye, « La culture gadget », Éléments, 46, été 1983, p. 7. La Rédaction de Vingtième Siècle. Revue d’histoire remercie les éditions du Labyrinthe et la revue Éléments de l’avoir autorisée à reproduire les documents figurant dans cet article.
-
[11]
Il est nommément cité.
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[12]
Ibid., p. 3.
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[13]
Alain de Benoist, « Vers l’indépendance. Pour une Europe souveraine et libérée des blocs », in Le Défi de Disneyland. Actes du 20e Colloque national de la revue Éléments, Paris, Le Labyrinthe, 1987, p. 94-95.
-
[14]
Marco Tarchi, « La colonisation subtile. American way of life et dynamique sociale », in Le Défi de Disneyland…, op. cit., p. 75. Signalons que ce texte a été récemment republié par Marco Tarchi en Italie dans un recueil de ses articles sur les États-Unis intitulé Contro l’americanismo, Rome-Bari, Laterza & Figli, 2004, sous le titre « La Colonizzazione sottile », p. 3-17.
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[15]
Cercle Héraclite, « La France de Mickey », Éléments, 57-58, printemps 1986, p. 7.
-
[16]
Charles Berrias, « Protection de l’environnement mental », Éléments, 97, janvier 2000, p. 13.
-
[17]
Alain de Benoist, Europe, Tiers monde, même combat, Paris, Robert Laffont, 1986, p. 125-126.
-
[18]
Éléments, 48-49, hiver 1983-1984, p. 31.
-
[19]
La présentation biographique d’Alain de Benoist en page de garde de son ouvrage Europe, Tiers monde même combat indiquait : « N’appartient à aucun mouvement politique et ne souhaite appartenir à aucun. » Le développement du Front national n’a pas été sans provoquer de cassure, du fait des positions antagonistes prises par des fondateurs du GRECE. Aux options pro-FN d’un Pierre Vial ou d’un Jean-Claude Bardet, se sont opposés notamment Alain de Benoist et Michel Marmin.
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[20]
Julius Evola, Révolte contre le monde moderne, trad. de l’it. par Philippe Baillet, Paris, L’Âge d’homme, 1991, 1re éd. 1934, p. 24. Evola met ainsi la société de consommation au premier rang de sa critique du monde moderne : « Les choses sont arrivées à un point tel qu’on se demande aujourd’hui qui serait capable d’assumer le monde moderne, non dans l’un de ses aspects particuliers – “technocratie”, “société de consommation”, etc., mais en bloc, jusqu’à en saisir la signification ultime. » Dans un autre de ses ouvrages, Les Hommes au milieu des ruines, trad. fr. revue, corrigée et complétée par Gérard Boulanger, Puiseaux, Pardès, 1984, 1re éd. 1972, consacre le sixième chapitre à la « démonie de l’économie » (p. 87-102).
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[21]
Marco Tarchi, op. cit., p. 81.
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[22]
Marco Tarchi, « Crise de la modernité et nouveaux mouvements sociaux », Krisis, 4, décembre 1989, p. 13.
-
[23]
Ibid., p. 13.
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[24]
Ibid., p. 15.
-
[25]
Christian Lahalle, « Une pollution de l’esprit humain », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 37 et p. 39.
-
[26]
Alain de Benoist, « Une remise en cause salutaire des valeurs marchandes », Éléments, 66, septembre-octobre 1989, p. 44.
-
[27]
Sur le « naturalisme conservateur » de Robert Hainard et son influence sur Antoine Waechter, voir Jean Jacob, Histoire de l’écologie politique, Paris, Albin Michel, 1999, chap. 2, particulièrement p. 150-151.
-
[28]
« Ni droite ni gauche. Entretien avec Antoine Waechter », Krisis, 15, septembre 1993, p. 16-23.
-
[29]
Gérard Bramoullé, La Peste verte, Paris, Les Belles Lettres, 1991.
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[30]
Voir en particulier, Charles Champetier, « Antiutilitarisme : de nouveaux clivages », Éléments, 74, printemps 1992, p. 12-14.
-
[31]
Serge Latouche, L’Occidentalisation du monde. Essai sur la signification, la portée et les limites de l’uniformisation planétaire, Paris, La Découverte, 1989. Les textes de Latouche ont été publiés dans le numéro 4 de la revue.
-
[32]
Serge Latouche, « Le raisonnable et le rationnel. Les antinomies du postulat métaphysique et de la raison économique », Krisis, 12, octobre 1992, p. 34-45. Le numéro est intitulé « L’argent ? »
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[33]
Alain Caillé, « Monnaie des sauvages et monnaie des modernes », Krisis, 4, décembre 1989, p. 46-51.
-
[34]
« Entretien », Krisis, décembre 1989, p. 44-45.
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[35]
Charles Champetier, op. cit., p. 14.
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[36]
Voir le numéro 13 de la Revue du MAUSS, « Droite ? Gauche ? ».
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[37]
Pour la liste détaillée, voir Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle Droite. Jalons d’une analyse critique, Paris, Descartes et Cie, 1994, p. 306.
-
[38]
Ibid., p. 321, n. 418. Pierre-André Taguieff a eu accès à une partie du courrier reçu en 1993 par la Rédaction de Krisis.
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[39]
Pour une mise au point sur cette légende, se reporter à Pierre-André Taguieff, op. cit., p. 317-322.
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[40]
« Face à face. Libéralisme ou écologisme » avec Gérard Bramoullé et Alain Lipietz, Krisis, 15, septembre 1993, p. 50.
-
[41]
À titre d’exemple, celui paru sur le livre de Serge Latouche, La Planète uniforme (Castelnau-le-Lez, Climats), qualifié de « bien utile synthèse », Éléments, 100, mars 2001, p. 6.
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[42]
Voir le texte d’Alain Caillé, « Trente thèses pour contribuer à l’émergence d’une gauche nouvelle et universalisable », Revue du MAUSS, « Comment peut-on être anticapitaliste ? », 9, 1er sem. 1997, p. 297-331.
-
[43]
Il est en particulier l’auteur de La Révolte des élites, Castelnaul-le-Lez, Climats, 1996 ; et de La Culture du narcissisme. La vie américaine à un âge de déclin des espérances, Castelnau-le-Lez, Climats, 2000, 2e éd. L’édition originale en anglais remonte à 1979.
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[44]
Alain de Benoist, « Objectif décroissance », Éléments, hiver 2005-2006, p. 29-30. Ce numéro de l’hiver 2005-2006 comporte un dossier intitulé « Le salut par la décroissance. Pour empêcher le capitalisme de pourrir la planète ? »
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[45]
Nicolas Lebourg, Les Nationalismes révolutionnaires en mouvements : idéologies, propagandes et influences (France 1962-2002), thèse de doctorat d’histoire contemporaine, université de Perpignan, 2005, p. 638-639.
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[46]
Benjamin Guillemaind et Arnaud Guyot-Jeannin (dir.), Aux sources de l’erreur libérale. Pour sortir du libéralisme et de l’étatisme, Paris, L’Âge d’homme, 2000.
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[47]
Arnaud Guyot-Jeannin est interrogé dans Éléments, 98, mai 2000, p. 52-53.
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[48]
Ludovic Maubreuil, « L’élite des insurgés veille », Éléments, 100, mars 2001, p. 4.
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[*]
Olivier Dard est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul Verlaine de Metz. Il est notamment l’auteur des ouvrages suivants : Le Rendez-vous manqué des relèves des années 30 (PUF, 2002) et Voyage au cœur de l’OAS (Perrin, 2005) et, avec Dominique Barjot, Jean Garrigues, Didier Musiedlak et Éric Anceau, Industrie et politique en Europe occidentale et aux États-Unis (xix-xxe siècles) (Presses de la Sorbonne, 2006).(dard222@aol.com)