Notes
-
[1]
Cf. Mijolla-Mellor, S. de, Le besoin de savoir, Paris, Dunod, 2002.
-
[2]
Mijolla-Mellor, S. de, Au péril de l’ordre, p. 63 sqq.
-
[3]
Kershaw, J., L’opinion allemande sous le nazisme, Paris, CNRS Éditions, 1995.
-
[4]
Longerich, P., Nous ne savions pas, Paris, Éd. Héloïse d’Ormesson, 2006.
-
[5]
La même question se pose d’ailleurs en France, et ailleurs.
-
[6]
Mijolla-Mellor, S. de, Le plaisir de pensée, Paris, PUF, 1992.
-
[7]
Freud, S., « Morale sexuelle civilisée », (1908d) Paris, PUF.
-
[8]
Je me permets de renvoyer le lecteur notamment à ce que j’ai écrit à ce sujet dans le chapitre 2, « Une pensée qui s’immobilise » dans Le plaisir de pensée, Paris, PUF, 1992.
-
[9]
Freud, S., L’Avenir d’une illusion, trad. française, Paris, PUF, 1971.
-
[10]
Aulagnier, P., La violence de l’interprétation, Paris, PUF, 1975.
-
[11]
Freud, S., Au-delà du principe de plaisir, (1920g), Paris, PUF.
-
[12]
Freud, S., Au-delà du principe de plaisir, (1920g), Paris, PUF.
Cf. aussi ce qu’écrira Piera Aulagnier, autre auteur, théoricienne elle aussi en matière de psychoses, « Le droit au secret : condition pour pouvoir penser » in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, 1986.
1 Le conformisme (cum : avec, forma : apparence) implique de tendre vers une même forme avec d’autres. Il constitue la caractéristique de ce qu’on appelle la « majorité silencieuse » propre à accepter tous les gouvernements même les pires. Cette majorité n’est pas nécessairement muselée par la terreur, c’est le plus souvent au nom de ses intérêts immédiats qu’elle se conforme et agit dans le sens où on lui dit d’aller.
2 Le conformisme se rapproche sans se confondre de la simple imitation voire de l’identification et tend à l’aliénation. Si l’on va du côté de l’imitation, il s’agit alors d’un trait qui concerne l’aspect extérieur d’un comportement et qui ne dit rien en soi de l’intérieur, des convictions ou même des opinions d’une personne. Aussi le conformiste peut-il être parfaitement hypocrite – le personnage de Tartuffe dans Molière en est le modèle – c’est-à-dire que derrière son attitude extérieure conforme, il n’en pense pas moins et agit à sa guise, quand toutefois il peut se dissimuler.
3 Mais le véritable conformiste veut être semblable et c’est en cela qu’il y est davantage question d’identification. Il rejette ce qu’il pressent en lui-même de possiblement coupable ou non conforme et s’empresse de donner des gages de bonne conduite. Il ne ressent de fait en aucune manière qu’on l’y contraint, c’est lui qui le désire, voire qui s’angoisse si la ressemblance n’est pas suffisante. Aussi a-t-il besoin d’aller plus loin que la simple imitation quant aux manières et aux propos car il lui faut s’assurer de la conformité de sa pensée, de ses opinions et de ses goûts. Un cran au-delà, le sujet n’a même plus le sentiment de se conformer. Il sait spontanément ce qui est bon ou mauvais et agit conformément à ce qu’il pense être ses propres valeurs en toute inconscience du fait qu’elles lui ont été inculquées. Il va sans dire qu’aucune remise en question n’est alors possible. Il est alors aliéné.
4 On ne peut cependant se focaliser uniquement sur celui qui se conforme et c’est aussi celui auquel on se conforme – individu leader ou groupe – de même que les motifs pour lesquels on se conforme qu’il faut envisager. Et de même, les « bénéfices » du conformisme doivent être pris en considération faute de quoi on risquerait de confondre le souci de bienséance avec la soumission à l’autorité.
5 Dans le conformisme extérieur, le sujet agit par complaisance ou politesse, pour ne pas choquer, c’est par exemple le fait de se conformer à un rituel que l’on peut ou non partager mais que l’on va imiter par politesse. Soit parce qu’il aurait honte devant les autres de ne pas leur ressembler, soit parce que sa conformité lui apparaitrait comme pathologique, bizarre, il va faire en sorte de ne dépasser du rang. Le bénéfice attendu est l’approbation du groupe, ou celle de l’autre, mais chacun conserve son droit de penser librement. Mais cette relation n’est pas une relation libre, il s’agit d’une ressemblance obligée qui va s’établir aux dépens de la personne.
6 Lorsque cette relation de ressemblance tend vers une identité et que le conformiste cherche à se confondre avec ceux auxquels il se conforme, on est dans une autre dimension qui est interprétable à partir de la notion d’identification et par exemple un certain conformisme fait partie du processus de subjectivation chez l’enfant et l’adolescent qui veulent ressembler aux autres de leur groupe d’âge. Dans le conformisme par identification, le bénéfice attendu n’est pas l’estime mais l’amour. Le sujet s’identifie à son objet d’amour mais attend que l’objet d’amour lui sache gré de cette identification et l’aime en retour. La gloire narcissique de celui auquel on s’est identifié est supposée s’accroître d’autant. De ce fait, celui qui s’identifie profite de cet accroissement de gloire qu’il partage.
7 Dans le cas de l’identification à un groupe, le sujet en attend une identité en retour. De ce fait, même s’il se trouve en dehors du groupe, il va manifester fortement les caractéristiques identitaires du groupe. Lorsque l’objet d’identification est hautement valorisé, le sujet en intériorise la forme à un point tel qu’il est devenu totalement inconscient d’une quelconque distance à son modèle. Le bénéfice attendu pour le sujet, c’est l’identité, une identité aliénée mais de cela il n’est pas conscient.
8 J’envisagerai le conformisme dans trois domaines allant du grand groupe que constitue une nation ou une culture au petit groupe représenté par une société de pairs – dans le domaine professionnel par exemple – pour m’interroger enfin sur les conditions qui mettent en place dès l’enfance cette obligation interne d’être conforme.
I - LE CONFORMISME EN POLITIQUE
9 Le « conservatisme », qui se donne alors comme un retour vers un mode de fonctionnement passé jugé meilleur que l’actuel, n’est pas identifiable au conformisme. Il y a un conformisme « de droite » lié à la tradition comme il y en a un « de gauche » qui est lié au fantasme de révolution. Et ce qui peut apparaître comme un retour à des valeurs désuètes longtemps maintenues par un conformisme oppressant peut aussi, dans certaines conditions, être revendiqué comme une affirmation de renouveau. Ainsi la politique intérieure du gouvernement de Vichy entre 1940 et 1944, se donnait pour une « révolution nationale » et pas du tout pour un conformisme bien qu’il ait prôné un retour à des valeurs traditionnelles et anciennes.
10 Il faut différencier le fanatisme passif de la simple inaction consistant à s’accommoder d’une situation injuste par peur et/ou par intérêt tout en conservant par devers soi un vague dissentiment. C’est lui qui forme les cohortes qui acclament les dictateurs et ce fanatisme, qui n’en a pas l’apparence habituelle laquelle est plus tonitruante, est basé sur la peur mais une peur quasi ontologique que j’ai définie [1] comme une peur du mouvement [2] parce que celui-ci serait toujours suspect d’entraîner le chaos. Il se présente comme un conformisme convaincu voire militant et constitue une réaction de défense face aux questions métaphysiques essentielles qu’il faut éviter de poser parce que cela entraînerait trop loin…
11 Et de fait le conformiste est d’abord quelqu’un qui a peur parce qu’il a trouvé en lui des potentialités incontrôlables et qu’il n’a pas rencontré une loi pour les canaliser et faire de lui un individu normal, « normé »… C’est pourquoi il vit dans la culpabilité et a peur de la répression qui pourrait s’abattre sur lui « si l’on savait », aussi lui faut-il donner toujours plus de gages qu’il marche bien dans les clous. Parallèlement naît en lui le sentiment qu’il a pour mission de remettre de l’ordre dans le chaos. C’est aussi là où les idéologies se ressemblent mais ne se confondent pas car si l’idéologie révolutionnaire prône au moins pour un temps le désordre pour arriver à un meilleur ordre, l’idéologie autoritaire de type fasciste veut d’abord imposer un ordre, le rétablir dit-elle.
12 Pour l’individu en revanche la différence n’est pas immense : la peur de la perte d’amour lui fait redouter la solitude et se sentir le cœur au chaud dans les grandes foules où l’on chante ou crie à l’unisson. La présence d’un chef admiré mais aussi de camarades, le récit de leurs actes de courage et de leurs sacrifices va habiter son fantasme de régénération : celle qu’il vit lui-même et le cas échéant celle qu’il sera prêt à imposer aux autres.
13 Peur de soi-même, sentiment de culpabilité, crainte du rejet et de la solitude, tout cela va constituer le fondement du conformisme que l’idéologie soit de nature révolutionnaire ou conservatiste. Ces mécanismes individuels fondent l’autorité du groupe car l’individu conformiste n’a pas besoin d’ordres pour être efficace, il lui suffit d’avoir enregistré quelques principes de base ou quelques attitudes stéréotypées et d’en faire à son tour la norme qui lui permettra les cas échéant de s’instaurer en juge par rapport au voisin, de le dénoncer à la police comme déviant, etc. La peur de penser autrement, la frilosité fera des conformistes mais pas des fanatiques actifs qui sont eux convaincus d’avoir fait le bon choix et d’être fondés à l’imposer aux autres par tous les moyens.
14 Peut-on parler de servitude volontaire dans ce cas étendu à une dimension collective et quels en sont les avantages ?
15 Il y a au moins deux types de servitude volontaire : celle du fanatisme qui relève de l’aliénation voire de la relation passionnelle et celle du conformisme qui relève de l’intérêt personnel et termes d’avantages économiques et de confort de ne pas avoir à se poser de questions.
16 L’un et l’autre se répondent et s’étayent mutuellement car le conformiste a besoin que le chef soit en quelque sorte authentifié dans sa fonction par les groupes de fanatiques qui l’entourent et les fanatiques, comme le chef lui-même, visent à produire des masses dociles qui vont les suivre sans discuter.
17 Pour les fanatiques, l’engagement dans le groupe se fait sur l’inverse d’un désir de servitude car il s’agit au contraire de récupérer par le biais du chef une puissance magique à laquelle le sujet avait dû péniblement renoncer mais dont il conservait la nostalgie. Se soumettre devient alors se grandir magiquement et tout pourra être accepté dans ce but. Représentant des instances idéales du Moi, l’objet de la passion devient la seule aune à laquelle le sujet mesure ses valeurs morales : « On devient criminel sans remords », écrit Freud, mais que penser de l’extension d’une telle formule lorsque l’attachement soit passionnel soit conformiste au chef rend non seulement permis mais souhaitables les crimes contre l’humanité ?
18 De la même manière, parce que l’appréciation que le sujet peut avoir de la réalité est totalement dépendante du pouvoir, la propagande aura beau jeu de faire croire ce qu’elle veut.
19 Pour les conformistes, la soumission va de soi parce qu’elle n’implique aucun renoncement à une pensée personnelle. Lorsque l’objet de vénération disparaît, c’est la panique comme on sait et l’on pense par exemple à la sidération de beaucoup d’Allemands en deuil de leur idéal au lendemain de la mort d’Hitler, les circonstances ayant rendu l’objet inapte à continuer à assumer son rôle, contraignant ainsi les suiveurs au vide dépressif ou à un déplacement en bloc sur un meilleur support s’il s’en trouve un.
20 Cependant l’adhésion de tout un peuple au culte du Führer, à l’exception des opposants de la première heure rapidement envoyés en camps de concentration, s’est faite sur le mode du conformisme beaucoup plus que sur celui du fanatisme actif. Même avec le sentiment de l’existence d’abus, la passivité, le silence et la soumission l’emportaient, cela expliquant pourquoi la fabrication de la judéophobie dans un pays où les Juifs avaient été relativement mieux accueillis qu’ailleurs (en Russie et en France notamment) s’est faite aussi facilement.
21 En outre l’intérêt économique était directement en jeu et les dénonciations n’avaient pas pour mobile la pureté de la race mais bien davantage la possibilité de récupérer un appartement, une boutique, bref de profiter directement de la spoliation d’une classe de population qu’il était de ce fait bien commode de désigner comme des spoliateurs eux-mêmes.
22 C’est la raison pour laquelle, masquée derrière un scepticisme ou une allégation d’incompétence en politique, l’acceptation d’un régime politique inique peut aller de pair avec une « dissension [3]» qui ne se transformera jamais en opposition.
23 La peur de la répression et l’intérêt économique sont alors les véritables soutiens du conformisme idéologique. La formule dont l’historien Peter Longerich a fait le titre de son livre : « Nous ne savions pas [4]» est particulièrement intéressante pour penser le conformisme car elle confirme à quel point celui-ci repose non sur la servitude volontaire mais sur l’ignorance volontaire de manière à rester aux côtés de ceux qui ont le pouvoir. La question posée est celle de la responsabilité collective de la population allemande [5] contemporaine face à la « Solution Finale » qu’ils n’auraient rien fait pour empêcher ou même pour contrecarrer. Longerich dresse un tableau de la mentalité et de l’opinion à cette époque en Allemagne avant le nazisme en insistant sur le fait que c’est le nazisme qui en promouvant l’idée d’un peuple allemand comme un même corps dont il fallait préserver la santé et la pureté a permis d’unifier une population marquée par « des différences confessionnelles, la survivance d’un puissant sentiment d’appartenance au Land et à la province, … la défense acharnée de privilèges sociaux et l’affirmation de « subtiles différences dans les habitus respectifs »» (op. cit., p. 63).
24 Autrement dit, le conformisme qui précède la période nazie est en fait beaucoup plus proche d’un esprit communautariste, ce que reflète la multiplicité des partis de la République de Weimar et leur incapacité à gouverner ensemble. En revanche, l’antisémitisme tel que Hitler l’a développé est devenu précisément un moyen d’unifier la population autour d’un ennemi interne commun, procédé efficace comme on le sait. Et, de fait, si la population allemande avait été spontanément antisémite au point de devenir judéocide, il n’aurait pas été utile de faire une telle propagande antisémite. À partir de 1943 Goebbels n’avait pas de mal à persuader les Allemands que l’opinion internationale ne leur pardonnerait pas le meurtre des Juifs et qu’il n’y avait donc aucun retour en arrière possible. En se disant ignorants, on pouvait se croire immunisés contre les représailles et la vengeance.
25 Mais quels étaient alors les sentiments des gens à l’époque si l’on considère qu’ils « savaient » plus ou moins ? Les documents de l’époque montrent qu’ils approuvaient les restrictions imposées aux juifs par la loi, profitaient des spoliations, mais rejetaient les excès violents comme les pogroms. Peut-on parler pour autant de désintérêt et d’apathie voire d’indifférence à l’égard de la population juive ? C’est là où le terme de conformisme semble plus adapté en ce qu’il implique d’en savoir assez pour participer mais pas trop pour ne pas être obligé de penser ou surtout de mettre en doute, de critiquer.
26 Il y a donc eu un consensus conformiste du peuple allemand à cette époque mais il dépasse très largement la question juive et touche au renouveau promis par Hitler qui incite à lui faire confiance et à accepter. Le conformisme apparaît alors comme une complicité muette, passive, basée sur l’incapacité alléguée de juger négativement des décisions du Führer et aussi sur la peur de penser autrement du fait de l’omniprésence de la Gestapo. Et, de fait, le secret dont la « Solution finale » a été entourée avant et après la Conférence de Wahnsee, montre que ce qui était attendu des citoyens allemands étaient seulement le conformisme et non le soutien fanatique.
27 Cependant un tel consensus n’aurait pas été possible sans l’éducation préalable en particulier des jeunes Allemands façonnés par l’éducation populaire, le sport et les recommandations hygiénistes afin de créer une « Volkgemeinshaft » , une communauté nationale enthousiaste, disciplinée et fière d’elle-même. C’est donc l’éducation au conformisme qu’il faut maintenant envisager parce qu’il est la condition des autres. La peur de l’abandon par les figures protectrices de l’enfance et par les compagnons du même groupe d’âge est ce qui génère le conformisme. Le sujet comprend très vite qu’il lui faut choisir entre le risque de la solitude et du rejet ou l’abandon d’une certaine liberté de sentir et de penser.
II - LE CONFORMISME DANS LE DOMAINE DE L’ÉDUCATION
28 C’est celui qui va conditionner les autres modalités du conformisme. En 1908 à propos de la « Morale sexuelle civilisée » Freud nous rappelle que l’homme qui conquiert énergiquement son objet sexuel manifestera la même énergie inébranlable dans la poursuite d’autres buts.
29 On retrouve ici le lien entre pensée et sexualité [6] mais sous une forme opposée à ce qu’il dira à propos de la sublimation, c’est-à-dire en l’occurrence qu’elles vont de pair et que l’une n’a pas à se sacrifier pour faire advenir l’autre.
30 Que la vie sexuelle soit le prototype de l’exercice d’autres fonctions, Freud nous en développe l’idée à partir du refoulement de la curiosité normale à l’égard de la sexualité induit par la société chez les jeunes filles.
« L’éducation les effraye en leur enseignant que cette curiosité est anti féminine et le signe d’une disposition au péché. Par là on leur communique la peur de penser et le savoir perd de la valeur à leurs yeux, l’interdiction de penser s’étend au-delà de la sphère sexuelle en partie par suite d’associations inévitables, en partie automatiquement, tout comme l’interdiction de penser, d’origine religieuse faite à l’homme, la loyauté aveugle des braves sujet [7] ».
32 Mais comment passe-t-on de l’interdit de penser à l’incapacité de penser, élément de base du conformisme qui remet à un autre le soin de penser pour lui : « Le chef a toujours raison » ?
33 Rappelons tout d’abord que l’incapable, au sens juridique du terme, bénéficie de la protection de la loi, en même temps que sa liberté d’agir est définie comme restreinte. Il est en-deçà de la loi parce que, supposé ne pas pouvoir la connaître, il ne peut, serait-il coupable, en être puni. Plus profondément, la restriction même de sa liberté le dote d’une présomption d’innocence et on peut s’épargner le souci d’un soupçon le concernant puisque, comme l’agneau de la fable, il est bien trop petit pour mal faire. L’univers limité qui est le sien le soustrait à la violence relationnelle et, sauf s’il rencontre un loup décidé à le croquer en vertu de raisonnements spécieux, l’incapable peut se flatter de constituer pour les autres une limite à leur désir voire une obligation morale de protection.
34 À ce titre, l’incapacité acquise ou alléguée constitue un instrument de pouvoir non négligeable, fait que l’on oublie trop souvent lorsqu’on évoque les malheureuses jeunes filles victimes du « Denkverbot » que Freud décrit dans « La morale sexuelle civilisée ». Loin d’être passivement subi, l’interdit de pensée est une donnée dans un échange et s’y soumettre fait l’objet d’un choix. La jeune fille aux débuts de ce siècle pouvait en attendre la reconnaissance de sa féminité, le loyal sujet des avantages moraux ou matériels divers, dans tous les cas le renoncement permettait de gagner quelques galons.
35 Certes l’inhibition de pensée ne saurait se limiter à ce schéma de base [8] mais il constitue néanmoins une donnée interprétative précieuse et toujours actuelle alors que l’interdit de penser le sexuel ne fait apparemment plus partie des mesures éducatives en vigueur et que les jeunes filles sinon les « loyaux sujets » ont bien changé...
36 Le vide que crée l’inhibition n’est assuré que lorsqu’il peut se combler de la plénitude que le sujet accepte désormais d’attendre d’un autre et toutes les dictatures privées ou publiques se ramènent à la possibilité de l’un de faire croire à l’autre qu’il peut penser non seulement à sa place mais pour lui, c’est-à-dire pour son plus grand bien.
37 Dès lors l’allégation de l’incapacité de pensée peut s’interpréter paradoxalement comme un instrument de séduction et, selon la logique hystérique, une provocation dont le terme est bien de montrer à l’autre sa propre incapacité. Loin de chercher à dissimuler leurs insuffisances, les sujets qui se plaignent de ne pas parvenir à penser somment volontiers les autres de constater leur état. Ils décrivent avec force détails l’apraxie mentale dont ils se sentent frappés, bien au-delà de ce que leurs performances, généralement moyennes, pourraient laisser croire. Ils n’hésitent pas cependant à multiplier les preuves de ce qu’ils affirment sous forme d’oublis, d’erreurs ou d’échecs répétitivement produits. Lorsque celui auquel s’adresse cette démonstration d’impuissance répond à la sollicitation par une attitude didactique, il jouit souvent d’une période de succès momentané, et se félicite d’être si facilement suivi. Il ne faut cependant pas attendre longtemps pour que le statu quo ante se rétablisse et que le mentor improvisé se sente dépassé et cède à la colère ou prenne la fuite selon les cas. À la culpabilité de l’un de ne pas avoir la patience requise répond la soumission masochiste de l’autre qui se plaint non d’être mal jugé mais d’être mal traité. Conscient des effets dévastateurs sur son entourage produits par son incapacité, le sujet n’en revendique pas moins, au nom de celle-ci, des égards tout à fait particuliers.
38 Sa plainte peut en venir à prendre des allures mélancoliques et il s’accable lui-même d’auto-reproches bien plus vifs que ceux qu’on lui adresse sans, bien sûr, s’engager pour autant dans la voie d’un désir de réforme ou d’amélioration. Bien loin d’une humilité que les circonstances pourraient justifier, il ne tire pas non plus de gloire de la « bêtise » dont il s’affuble mais il l’utilise avec une grande efficacité, comme une arme paralysante, contraignant l’entourage non seulement à la reconnaître mais à admettre qu’elle est bien irréparable.
39 Cette castration de pensée, semblable en cela à la souffrance hypocondriaque, est exhibée non sans agressivité comme une mutilation définitive face à laquelle on ne saurait se prétendre innocent. Le voudrait-on que la moindre opinion négative serait alors l’indice d’un jugement identifiant portant non pas sur telle ou telle performance ou activité mais sur le sujet tout entier. Plus radicalement encore, ce qu’il prête aux autres de plaisir de pensée et de liberté de l’exercice discursif constitue pour celui qui s’en dit incapable une blessure, au même titre que la bonne santé de ses interlocuteurs pour l’hypocondriaque.
40 Lorsque la plainte se trouve portée sur le divan de l’analyste, c’est avant tout une réalité que celui-ci se voit tenu de constater. Face à l’espace restreint d’une telle certitude, celui-ci risque de voir sa propre liberté de penser et d’associer se figer au fil des séances. Fasciné, sinon endormi, il lui faut le ressort que constitue la conscience de son propre contre-transfert pour se mettre à soupçonner que si l’incapacité de pensée doit faire ainsi l’objet d’un tel martelage affirmatif c’est parce que l’analysant lui-même n’y croit pas et suppose que celui qui l’écoute pourrait l’entendre comme une allégation ou un mensonge. Ce que cache si frénétiquement l’incapacité de pensée, c’est au cours du travail de l’analyse qu’il est possible d’en reconstituer quelque chose. J’en donnerai un bref exemple montrant la manière dont peuvent se combiner l’interdit de pensée lié à un secret familial, l’interdit proprement sexuel et l’obligation de pensée, condition nécessaire pour que les précédents aient quelque efficacité.
41 Au bout de nombreuses années d’analyse, Béatrice continuait d’égrener le même leitmotiv : elle ne vaut rien ou pas grand-chose. Ses diplômes de haut niveau ne lui confèrent aucune espèce de réassurance, bien au contraire car si elle les a, malgré tout, obtenus ce ne peut être qu’au prix d’une erreur sur sa personne.
42 À cette époque, sa plainte tournait surtout autour d’une angoisse d’homosexualité prenant la forme d’une interrogation obsédante en présence des femmes.
43 Elle avait été un garçon manqué, pleine d’assurance, grimpant aux arbres et peu soucieuse d’obéir, récit qui contrastait fortement avec son apparence diaphane et son air général de bête traquée et avait dans l’enfance revendiqué avec la même vigueur ses droits à la féminité et ceux-ci, comme d’ailleurs ses penchants garçonniers, avaient été fermement réprimés par ses parents. À la fin de l’enfance, cette floraison s’était fanée et la petite fille délurée s’était muée en une adolescente gauche et épaisse. Elle disait alors combien elle en voulait à ses parents de l’avoir artificiellement poussée vers un destin qui n’était pas le sien. Ils avaient voulu un garçon, et elle avait pu jusqu’à un âge avancé de l’enfance imaginer qu’elle pouvait en être un. La réussite intellectuelle prenait le relais de ce premier échec puisque, là, le démenti ne risquait pas de la même manière d’être infligé par la réalité anatomique.
44 Du coup, ce n’était pas ses qualités mais au contraire ses insuffisances qui l’avaient ainsi docilement soumise au souhait parental qu’elle devienne une intellectuelle. Elle n’avait pas eu la liberté de refuser d’ingurgiter de la pensée ou d’en produire sur commande.
45 Ses parents, militants de gauche très actifs, opéraient en fait un constant redressement de ses idées ou de ses goûts spontanés. Ainsi, disait-elle avoir aimé un roman de la Comtesse de\ Ségur, on lui expliquait en quoi l’idéologie véhiculée par l’auteur était contestable, si elle s’intéressait à Balzac on lui recommandait plutôt Zola, etc. Bref, il y avait toujours mieux et autrement que ce qu’elle appréciait ou pensait et, surtout, il existait un ensemble de certitudes grâce auxquelles on pouvait, moyennant une application rigoureuse, tomber juste tout à coup. Béatrice conformiste en apparence, avait à l’intérieur d’elle-même opéré un travail de sape dont elle était l’unique victime. Elle ne prétendait pas rivaliser avec les certitudes paternelles, ni les épouser, elle était tout simplement incapable de les penser.
46 Ce retrait qui était le sien s’expliquait en partie par la nécessité de protéger l’image paternelle et ses certitudes. Celui-ci s’était vu accusé d’avoir eu à l’adolescence des engagements politiques incompatibles avec sa position ultérieure de militant de gauche. Parallèlement Béatrice se reprochait son enfance trop libre et le peu de résistance qu’elle avait opposé aux jeux sexuels avec un adulte ami de la famille. Comme son père, elle était devenue l’objet d’un secret honteux et d’une dénonciation toujours possible. Il y avait eu erreur sur la personne quant à l’authenticité des convictions politiques d’un côté, et quant à celle des compétences intellectuelles de l’autre.
47 En fait, elle considérait que, comme son père, elle avait été le jouet d’un autre et avait accepté de passer les concours comme il s’était laissé entraîner par d’autres. Aussi, comme le père, il n’était pas possible de dire si elle était coupable ou victime et il était bien préférable de n’y plus penser, ce qu’elle avait fait jusqu’à redécouvrir cette histoire dans son analyse. Ce savoir précoce sur la sexualité, le fantasme d’avoir pu être un garçon et le secret du père sur ses engagements d’adolescent, tout cela était tombé sous le coup d’un même interdit global. Du coup, la bonne élève qu’elle était devenue s’était lancée dans l’enseignement comme dans un sacerdoce, mais le déni de ses compétences la plaçait dans l’incapacité d’être fidèle à cette forme de militantisme et à ses idéaux pédagogiques.
48 Vers la fin de son analyse elle était parvenue à un certain équilibre, la préoccupation concernant son incapacité étant passée au second plan grâce à son mariage mais la naissance de son premier enfant la ramena bien en-deçà de l’état où elle était lorsque je l’avais rencontrée. L’analyse lui semblait aussi impossible à reprendre que son travail et, débordant de lait, le cerveau vide, elle subissait l’interdit de penser le plus radical, celui qui substituait à ce qu’elle avait pu élaborer et construire d’elle-même un corps étouffant la condamnant à un renoncement mortifère. Si la sublimation est supposée par Freud s’établir « aux dépens du sexuel », là c’était aux dépens de cette pensée dont elle s’était affirmée incapable que s’était forgée cette maternité désirée et donc coupable. La reprise de l’analyse lui permit non seulement de sortir de cet état, mais d’établir avec son enfant une relation où elle se sentait calme et suffisamment compétente, cependant qu’elle avait aussi pu ressentir combien elle aurait été désespérée de devoir renoncer à sa vie professionnelle dans laquelle elle s’était crue artificiellement maintenue.
III - LE DOGMATISME, CONSERVATISME DE LA CONNAISSANCE
49 J’évoquerai une figure fondamentale du conformisme qui est le dogmatisme et prendrai pour cela un exemple qui nous est proche : le dogmatisme en psychanalyse. Il aurait été possible aussi de prendre celui du dogmatisme dans le domaine de l’art et de montrer comment tous les grands créateurs ont eu à souffrir du rejet de leurs contemporains parce qu’ils s’écartaient des normes du bon gout de l’époque.
50 Dans L’Avenir d’une illusion, [9] Freud explique que par dogme, il n’entend nullement une désignation péjorative, mais le fait qu’un énoncé, qui affirme dire le vrai sur des faits ou des rapports entre des faits concernant la réalité externe ou interne, soit toujours d’abord cru avant d’être éventuellement vérifié. Le processus de connaissance implique en effet que l’on admette pour vrai un ensemble d’énoncés qu’on n’aura jamais l’occasion de vérifier soi-même. Mais comme nous n’avons ni le temps ni les compétences nécessaires, nous tenons pour exact ce qui nous a été donné pour tel et qui justifie cette prétention par des démarches cogitatives supposées adéquates.
51 Comme l’a montré Piera Aulagnier [10], lorsqu’un enfant reçoit de ses parents ou de l’un d’entre eux seulement, un discours « fou » sur le monde, les relations entre les choses et les gens, il doit faire face à un choix crucial :
52 Ou bien il accepte le discours parental et fait alors le choix de dénier toute vérité à l’expérience sensible, il est alors dans le conformisme silencieux vis-à-vis d’une pensée délirante qui est celle de sa famille. Ou bien il refuse le discours parental mais alors il reste face à un éprouvé indicible, une chose innommable qui est la folie de ses parents. Ou alors, il y a une troisième solution, celle d’un conformisme paradoxalement créateur car l’enfant va construire un énoncé qui puisse le combler et qui, de ce fait, nécessairement s’adaptera à ses contours. Ce conformisme est une aliénation absolue car la construction délirante n’a de sens que de s’adapter au discours d’un autre.
53 Mais il existe aussi un conservatisme vis-à-vis de soi-même qui non seulement tend à faire éviter toute remise en doute de ses propres certitudes mais cherche à gagner des sectateurs pour renforcer sa propre auto-certitude.
54 Telle n’était pas la position de Freud qui écrivait dans « Au-delà du principe de plaisir [11]» :
« Il faut être prêt à quitter une voie qu’on a suivie pendant un certain temps lorsqu’elle ne semble conduire à rien de bon. Seuls ces croyants qui demandent à la science de leur tenir lieu de catéchisme qu’ils ont abandonné en voudront au chercheur de prolonger ou même de transformer ces vues. »
56 Mais que devient l’avancée d’une théorie lorsque créateur, le producteur principal en matière d’hypothèses, abandonne un chemin que d’autres ont suivi avec lui ? Comment éviter que sa propre recherche ne soit mise en position de dogme ?
57 Le mouvement de la théorie est indissociable des mouvements pluriels des théoriciens qui se co-reconnaissent œuvrer dans un même champ. Or, dans le cas de la psychanalyse, le mouvement brownien qui a agité les têtes pensantes des premiers psychanalystes regroupés autour de Freud donne l’image d’incessants conflits : revendications autour de la priorité de la découverte d’une notion, opinions divergentes rejetées comme hérésies d’abord par Freud lui-même puis par le groupe, vœu d’une psychanalyse sans mélange unie derrière celui qui l’avait découverte et tendait à se confondre avec elle... Le dogmatisme reproché à Freud était de fait à l’époque étayé par des conflits multiples.
58 À peine la rupture avec Fliess était-elle définitivement consommée, qu’allaient s’enchaîner celles l’opposant à Adler, à Steckel, et plus tard à Jung et d’autres de moindre importance. Viktor Tausk quant à lui allait révéler ou exacerber chez Freud un malaise, au demeurant banal, celui d’avoir l’impression d’être doublé sur son propre terrain par des proches qui saisissent au vol des idées qui ne sont encore que naissantes.
59 Ce fantasme rejoint bien sûr celui du plagiat, mais dans une forme très particulière puisqu’il ne s’agit pas de s’emparer d’un produit fini en le dérobant à son auteur qu’on omet opportunément de citer, mais de saisir un germe et de le porter à maturité à la place de celui qui l’avait initialement semé. De ce fait, ce qui pourrait apparaître comme un signe positif du développement d’une théorie, à savoir que les idées sont « en l’air » et s’attrapent ou s’échangent dans une sorte de fécondation réciproque, devient en fait l’origine de tous les conflits et donc des inhibitions diverses.
60 Pour celui qui est en position de maître, il y a la crainte de dévoiler trop vite ou trop tôt des idées qui, de ce fait, ensuite lui échapperaient. Avec Freud, le problème se complique du fait qu’il est en permanence en position d’origine. Il est pour ses proches l’origine des patients qu’il leur envoie et donc, outre l’aspect financier, il leur confère aussi du même coup l’identité de psychanalyste. Mais surtout, pour la communauté analytique, il est « la psychanalyse », c’est-à-dire qu’il est origine de la théorie, origine absolue auto-engendrée dans l’auto-analyse, point de départ des idées nouvelles par lesquelles la théorie peut continuer de se développer.
61 Freud était donc en permanence dans la position douloureuse et contradictoire de vouloir travailler avec d’autres, de souhaiter être soulagé du poids de sa tâche grâce à leur aide, tout en ne pouvant absolument pas supporter ce que le fait qu’il s’agisse d’« autres » implique, c’est-à-dire des différences. Il était en fait aussi inquiet des divergences théoriques que d’un excès de proximité. Il était probablement impossible pour lui de ne pas être le découvreur absolu qu’il voulait devenir depuis son adolescence. Loin d’être heureux de penser qu’il exprime un point de vue auquel un interlocuteur aurait pu parvenir de son côté et par d’autres voies, cette constatation le navre, en le privant de son image de conquistador.
62 Le mythe d’origine, soit en l’occurrence l’identité entre Freud et la psychanalyse, comme le lui avait formulé Ferenczi, génère un risque considérable de conformisme ou à l’inverse une tentation de fusion identificatoire qui est une véritable spoliation. Il n’est évidemment pas sans intérêt que ce soit Tausk qui ait créé la théorie de la « machine à influencer » chez le schizophrène. Sa lutte contre le conformisme vis-à-vis des théories de Freud s’éclaire aussi de ce qu’il écrit au sujet de la croyance de l’enfant en la capacité des parents de deviner ses pensées. « La lutte pour le droit de posséder des secrets à l’insu des parents est un des facteurs les plus puissants de la formation du Moi, de la délimitation et de la réalisation d’une volonté propre [12]. »
63 Cette lutte de Freud pour maintenir l’unicité du mouvement autour du rythme libre de sa propre découverte, accompagnée et soutenue par le reflet renvoyé par les disciples et les confirmations qu’ils pouvaient apporter avec du matériel clinique, était évidemment impossible. Le créateur est placé ici devant la contradiction entre le désir d’être suivi et la crainte d’être phagocyté. Contradiction insoluble car le suivisme théorique s’apparente au psittacisme procédant précisément de ce qui fait la nature profonde du conservatisme soit l’abandon de la pensée personnelle et des risques qu’elle implique.
CONCLUSION
64 Incapable de penser par lui-même, tel se veut le conformiste, et donc, prétend-il incapable de nuire… Cette incapacité lui est payée de retour par le soutien du groupe auquel il aliène sa capacité de penser. Le conformisme constitue donc un danger considérable sous ses dehors apathiques et anodins. Sur le plan éthique, il peut réduire à zéro le sens de la solidarité humaine, faisant de la foule un objet dangereux et incontrôlé parce que manipulable à volonté.
Notes
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[1]
Cf. Mijolla-Mellor, S. de, Le besoin de savoir, Paris, Dunod, 2002.
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[2]
Mijolla-Mellor, S. de, Au péril de l’ordre, p. 63 sqq.
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[3]
Kershaw, J., L’opinion allemande sous le nazisme, Paris, CNRS Éditions, 1995.
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[4]
Longerich, P., Nous ne savions pas, Paris, Éd. Héloïse d’Ormesson, 2006.
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[5]
La même question se pose d’ailleurs en France, et ailleurs.
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[6]
Mijolla-Mellor, S. de, Le plaisir de pensée, Paris, PUF, 1992.
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[7]
Freud, S., « Morale sexuelle civilisée », (1908d) Paris, PUF.
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[8]
Je me permets de renvoyer le lecteur notamment à ce que j’ai écrit à ce sujet dans le chapitre 2, « Une pensée qui s’immobilise » dans Le plaisir de pensée, Paris, PUF, 1992.
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[9]
Freud, S., L’Avenir d’une illusion, trad. française, Paris, PUF, 1971.
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[10]
Aulagnier, P., La violence de l’interprétation, Paris, PUF, 1975.
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[11]
Freud, S., Au-delà du principe de plaisir, (1920g), Paris, PUF.
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[12]
Freud, S., Au-delà du principe de plaisir, (1920g), Paris, PUF.
Cf. aussi ce qu’écrira Piera Aulagnier, autre auteur, théoricienne elle aussi en matière de psychoses, « Le droit au secret : condition pour pouvoir penser » in Un interprète en quête de sens, Paris, Ramsay, 1986.