Notes
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[1]
Entretien du 31 mars 2014.
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[2]
Ce phénomène existait depuis les années 1990 au Liban. Nous pensons à Télé Lumière-Noursat, chaîne arabophone qui se voulait une ONG à but non lucratif. Elle expose sur son site une mission civile et citoyenne tout en étant chrétienne. Télé Lumière-Noursat est supervisée par l’Assemblée des patriarches et des évêques du Liban et est dirigée par un comité catholique des chefs religieux de diverses confessions et un groupe de laïcs. La relation entre l’Église et Télé Lumière-Noursat est organisée par un « protocole de coopération ». Site officiel : www.noursat.tv/en/index.php.
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[3]
Même les candidats aux présidentielles y ont été invités lors de leur campagne électorale en 2012.
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[4]
Entretien du 2 mars 2015.
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[5]
Le rapport de L’indicateur arabe, publié chaque année par l’Arab Center for Research and Policy Studies de Doha (2013 et 2014) offre des chiffres intéressants sur les sources d’information, surtout politique, des publics arabes. Celui publié en 2013 nous montre que la télévision excède de loin les autres médiums d’information. En Iraq, au Liban, en Égypte et au Yémen, le pourcentage atteint 90 % tandis qu’en Algérie, en Palestine, en Tunisie et en Arabie Saoudite, le pourcentage varie entre 74 % et 85 %. Le rapport de 2014 montre la variation de ce pourcentage concernant l’audience égyptienne : 81 % en 2011, 91 % en 2012-2013 et 78 % en 2014.
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[6]
Il existe d’autres chaînes chrétiennes qui se veulent coptes dans le sens où elles s’intéressent à la « question copte » et aux problèmes de la communauté. Diffusées de l’étranger le plus souvent, elles disposent d’un bureau au Caire avec un équipement modeste. Elles sont financées essentiellement par des dons et l’Église n’a pas d’emprise sur elles. Citons à titre d’exemples Al-Moo’geza (« le miracle »), Al-Hayah (« la vie ») et Al-Shefa’a (« la guérison »).
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[7]
Un entretien tardif a eu lieu le 2 mars 2015 pour actualiser le propos.
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[8]
Le site officiel d’Aghapy : www.aghapy.tv.
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[9]
L’évêque Botros (« Pierre ») était l’un des évêques dits généraux et secrétaire personnel du pape Shenouda III. Moine depuis octobre 1975 au monastère d’Anba Paula dans le désert de l’est de l’Égypte, il a été ordonné évêque le 2 juin 1985 et nommé secrétaire par le pape aujourd’hui défunt en 2009.
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[10]
Le site de St Takla est un site encyclopédique copte, animé par l’église St Takla d’Alexandrie.
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[11]
Site officiel de Sat 7 : www.sat7.org.
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[12]
La devise fait référence à un verset du Nouveau Testament. Épitre de Saint-Paul à Philémon, chapitre 1 verset 2.
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[13]
Union de la radio et la télévision égyptienne, compagnie nationale sous tutelle du ministère de l’Information égyptien.
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[14]
À cela nous ajoutons quelques périodes éphémères durant le mandat de Fayez Farah, vice-président de la radio égyptienne dans les années 1970, qui a mis en place un concours autour des versets de l’Évangile à l’antenne.
-
[15]
Tharwat Bassily était le directeur d’une des plus grandes compagnies pharmaceutiques privées en Égypte, Amoun Co. Ancien sénateur par nomination et ex-Sous-secrétaire du Comité de la santé au Sénat, il est également adjoint du Conseil des laïcs de l’église copte, une instance créée en 1874 et qui représente les Coptes laïcs et se charge des affaires non religieuses de la communauté.
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[16]
Siège visité à plusieurs reprises par la chercheuse.
-
[17]
Entretiens du 11 novembre 2013 et du 16 janvier 2014.
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[18]
Naguib Sawirès est un milliardaire de confession copte et membre fondateur du Parti des Égyptiens libres. Actionnaire et propriétaire de Orascom Telecom, il est également actionnaire principal de plusieurs chaînes de télévision, dont ONTV et depuis le début de l’année 2015, Tahrir, la chaîne de la révolution qui change de nom avec sa nouvelle configuration pour être TEN (Tahrir Egyptian Network). ONTV est une des chaînes privées d’information égyptiennes et nationales les plus suivies et influentes. Ses émissions sont présentées par les animateurs les plus réputés dont Ibrahim Eissa, Yousry Fouda, Reem Magued, etc. Bien que le principal propriétaire soit chrétien, la chaîne n’affiche aucune appartenance confessionnelle.
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[19]
Nous notons qu’il a reçu plusieurs propositions de publicitaires, dont Naguib Sawirès, qu’il a fermement déclinées.
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[20]
Le nom d’un saint copte dont le sanctuaire est au sein du campus d’Abbassia, au-dessus d’une chapelle qui porte son nom, en face de l’édifice du centre culturel, visité à plusieurs reprises par la chercheuse. Site : www.copticocc.org/new/about-us.
-
[21]
Entretien du 16 janvier 2014.
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[22]
Entretien du 11 novembre 2013.
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[23]
Ihab Sobhy est également acteur et a notamment joué dans Maaly al-Wazir (« Son excellence le ministre ») avec l’acteur égyptien Ahmed Zaki et dans quelques séries télévisées. Dina Abd-el Kerim était la présentatrice principale de l’émission avec Ihab Sobhy dès sa création et jusqu’en novembre 2012 où elle quitta CTV pour rejoindre une nouvelle chaine chrétienne, El-Horreya (« La liberté »).
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[24]
Entretien du 11 novembre 2013.
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[25]
Beaucoup de Coptes se rendent à leur paroisse pour célébrer le Nouvel An. À minuit, le 31 décembre 2010, un attentat suicide a été perpétré à la sortie de la prière devant une église d’Alexandrie. Le bilan de plusieurs morts a engendré une grande frustration au sein de la communauté et l’indignation nationale. L’événement fut l’occasion pour tous les acteurs de dénoncer un état policier incapable de protéger les citoyens. Les familles des victimes ont refusé de recevoir les condoléances de l’envoyé officiel du président Hosni Moubarak et l’annonce du ministre de la Défense quelques jours après l’attentat de l’identification du responsable a été accueillie avec scepticisme en raison des précédents (Alexandrie en 2006, Nig’ Hammadi en 2010) pour lesquels aucune condamnation n’avait été prononcée.
-
[26]
Entretiens du 15 avril 2012, du 31 mars 2014 et du 15 mai 2014.
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[27]
Entretien du 13 février 2014.
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[28]
Référendum constitutionnel de janvier 2014 lors duquel les Égyptiens ont été appelés à se prononcer sur les amendements de la constitution de 2012, suspendue après la déchéance de Mohamed Morsi.
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[29]
Entretien du 13 février 2014.
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[30]
Entretiens du 11 novembre 2013 et du 13 février 2014.
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[31]
À l’exception des heures de prières et des messes.
-
[32]
L’idée de confronter des points de vue antagonistes d’adversaires politiques est refusée par CTV. En revanche, le débat sous forme de discussion où les différences se trouvent à la marge est toléré.
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[33]
Entretien du 13 février 2014.
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[34]
Ahmad Ezz, jeune homme d’affaire proche de Gamal Mubarak, membre du comité politique du PND, président des compagnies industrielles d’Ezz, fut emprisonné pour accusation de corruption suite au soulèvement du 25 janvier.
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[35]
Khayrat al-Shater, homme d’affaire et adjoint du guide suprême des Frères musulmans, emprisonné après le soulèvement du 30 juin et la déchéance de Mohamed Morsi.
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[36]
La télévision étatique (URTE), dont le siège est à Maspero, a annoncé que l’armée se faisait agresser par les Coptes et a incité « les bons citoyens » à descendre défendre « leur armée » (Human Rights Watch, 2011).
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[37]
Penseur islamiste et très proche des Frères musulmans. Il fut candidat à la présidence en 2012.
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[38]
Médecin et syndicaliste égyptien, il fut membre des Frères musulmans. Il guidait l’aile réformiste du mouvement, ce qui lui a valu d'être écarté du bureau politique. En 2012, il fut exclu du mouvement des Frères musulmans à l’annonce de sa volonté de briguer la présidence. Il inaugure la même année, sous la présidence de Mohamed Morsi, un parti politique : Misr al-Kaweya (« le Parti de l’Égypte forte »).
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[39]
Chaînes au financement saoudien qui accueillent des prêcheurs à qui l’on reproche souvent un discours haineux. Il est à noter que ces deux exemples font partie des chaînes interdites après le 3 juillet 2013.
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[40]
Entretien du 12 juin 2012, voir aussi www.youtube.com/watch?v=dCWH2p4SRYY.
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[41]
Entretien du 16 janvier 2014.
I. Introduction
1 La plupart des études sur le développement satellitaire en Égypte et le panel assez large des chaînes et des émissions s’intéressent peu au phénomène des chaînes chrétiennes, perçues même par un nombre de spécialiste de médias en Égypte [1] comme marginales car s’adressant uniquement à une communauté dont les effectifs sont restreints et dont l’effet et l’étendue seraient négligeables. Or, le phénomène de la parole politique dans les chaînes chrétiennes est nouveau et extrêmement marquant [2], d’autant plus que l’émergence de ces chaînes est récente, accompagnant l’expansion satellitaire qu’a connue le pays dans les années 2000 (Guaaybess 2005 et 2012). La révolution de janvier 2011 a affirmé la place de la télévision satellitaire et notamment les talk-shows politiques, devenus le lieu privilégié communément admis des duels et débats politiques. Les personnalités politiques acceptent des invitations quotidiennes pour débattre à l’écran de la situation politique du pays en perpétuel changement. Le fait qu’un nombre considérable de personnalités politiques y soit invitétous les jours [3], tend à montrer que pour la classe politique, les chaînes chrétiennes font désormais partie intégrante du panel télévisuel où il faut s’investir [4], cela d’autant que la télévision en Égypte, et notamment les émissions politiques de prime-time du soir, reste la source d’information principale pour les Égyptiens [5]. Elle est non seulement regardée en famille mais également en groupe, dans les cafés, pratique très répandue dans le pays.
2 L’Unesco (2015) met en effet l’accent sur l’importance et les spécifiés des chaînes dites communautaires qui selon la définition qu’elle leur donne, sont des « chaînes par ou pour des communautés, distinctivement des chaînes commerciales et des chaînes étatiques pour servir les membres d’une communauté. » Nous entendons de plus en plus parler dans les milieux coptes de « médias chrétiens » ou de « l’information chrétienne », al-i’lam al-masihi. Que signifie donc cette expression ? Les chaînes communautaires chrétiennes tendent-elles vers plus de repli sur une identité religieuse ? Nous nous interrogerons donc dans un premier temps sur les conditions d’émergence de chaînes de type communautaire chrétien dans un pays à majorité musulmane. Cette question s’avère d’autant plus importante lorsque nous considérons que la communauté copte a longtemps été accusée d’isolement au sein de la société. Que cet isolement soit choisi ou imposé plus ou moins par le régime politique et ses pratiques communalistes (Guirguis, 2011), les membres de la communauté se sont longtemps contentés des activités sociales au sein de leurs églises sans une véritable participation civique et/ou politique au plan national. À la lumière de ces faits, parler politique et discuter des affaires de la polis au sein d’une arène médiatique qui se veut d’abord chrétienne devient un phénomène à analyser. Il paraît donc légitime de s’interroger dans un deuxième temps sur l’introduction de la parole politique au sein de ces chaînes et sur ce qui caractérise le discours médiatico-politique des chaînes chrétiennes.
3 Le présent article se veut une exploration de ce terrain très peu exploité. L’hypothèse principale de ce travail est que le phénomène des chaînes satellitaires chrétiennes ne peut être dissocié de la mutation médiatique qu’a connue l’Égypte. La démonopolisation du champ médiatique égyptien initiée sous Hosni Moubarak et accentuée après le 25 janvier 2011 a constitué une opportunité politique (Fillieule et al., 2009) pour la communauté chrétienne comme pour d’autres acteurs, afin de s’affirmer identitairement en se dotant d’un outil désormais en pleine expansion.
4 Cet article partira de l’analyse de deux chaînes coptes reconnues par l’Église copte [6], c’est-à-dire qui ne dévient pas de sa position concernant les questions religieuses ou sociales, comme en témoigne la présence permanente de prêtres ou d’évêques accueillis sur leurs plateaux ou animant eux-mêmes des émissions ; sans oublier la troisième – et la première à avoir été mise en place – chaîne copte, Aghapy. L’importance du contexte de naissance de cette dernière nous obligera à le rappeler sans pour autant nous y attarder longtemps, son contenu restant purement religieux, sans aucune parole politique. Cela contrairement à nos deux autres cas d’étude, CTV et MESat, toutes deux caractérisées par une abondance d’émissions politiques dans leurs programmations. Le travail est fondé sur un suivi des programmes des chaînes étudiées, dont une bonne part est disponible en ligne, complété par une étude de terrain menée auprès des acteurs en question, notamment les journalistes et les rédacteurs en chefs des émissions de ces chaînes. La période de l’enquête s’étend de novembre 2013 à mai 2014 [7].
5 Nous nous intéresserons d’abord à l’identité de ces chaînes et aux conditions de leur mise en place. Nous étudierons ensuite l’évolution de la parole politique et le passage du social au politique avant de nous attarder sur la nature du discours politique qui y déferle.
II. Chaîne copte : quelle identité affichée ?
6 La lignée de recherches qui s’intéressent à la communauté copte fondées sur un travail empirique rigoureux, inaugurées par Dina el-Khawaga (1992) suivie de Laure Guirguis (2012), sont d’une extrême pertinence. Ces travaux ont mis en valeur l’action des Coptes et leur affirmation identitaire qui coïncide avec le nationalisme égyptien depuis les années 1930.
7 Le contexte de la mise en place d’Aghapy a montré qu’une chaîne de télévision pouvait constituer un champ d’action pour la communauté afin de s’affirmer sur le plan identitaire autour de la doctrine de l’Église d’Alexandrie. Il s’agit d’une appropriation de l’ouverture médiatique qu’a connue le pays pour se consolider communautairement. Aghapy [8], du mot copte qui signifie l’amour inconditionné, est née en novembre 2005 comme chaîne purement chrétienne copte diffusée sur le satellite Telestar. Un comité synodal émanant du Saint-Synode, composé de quinze membres, dont notamment des évêques avec à leur tête le pape Shenouda III (1923-2012), a confié la mise en œuvre et la supervision de chaîne Aghapy à Monseigneur Botros [9]. Depuis septembre 2009, la chaîne est diffusée sur le satellite égyptien NileSat. Son avènement a été salué par la communauté (St Takla [10], 2009). Une chaîne satellitaire chrétienne, ONG du nom de Sat 7 [11], avait déjà été lancée en 1995. Elle se voulait avant tout chrétienne sans s’identifier à l’une ou l’autre des confessions chrétiennes : orthodoxe, protestante ou catholique, et s’adressait aux chrétiens du Moyen-Orient. Bien que soutenue par la plupart des Églises de la région, elle était jugée insuffisante par sa nature pluriconfessionnelle. À plusieurs reprises au cours de la réunion hebdomadaire avec les fidèles filmée et enregistrée sous format audio à la cathédrale, au siège patriarcal à Abbassia, le pape défunt Shenouda III recevait des questions à propos de l’authenticité d’une information dogmatique ou spirituelle diffusée sur Sat 7. Ces questions, écrites sur des petits papiers anonymes, étaient le plus souvent signées : « un téléspectateur de Sat 7 ». À la suite de Sat 7, Aghapy, dont le slogan est « Aghapy TV : l’Église dans ton foyer » [12], s’est d’emblée présentée comme la chaîne de l’Église copte.
8 Nous pouvons considérer qu’elle entend répondre à deux exigences. Premièrement, elle sert le projet d’encadrement des fidèles qui préoccupait le pape Shenouda III en renforçant le rôle de l’Église dans la vie des fidèles (Guirguis 2012). Les enjeux doctrinaux et dogmatiques pouvaient ainsi être lucidement discutés sur une plateforme chrétienne jugée fiable, d’autant qu’avec l’ouverture médiatique, des questions internes à la communauté et à l’Église étaient surtout discutées par des opposants de l’ordre papal sur d’autres chaînes satellitaires. Ces dernières faisaient de quelques thématiques récurrentes l’occasion de critiquer l’Église et le patriarche, telles que la question du divorce ou la loi régissant la succession au siège patriarcal. Par ailleurs, l’Église copte, avec les flux migratoires importants parmi les chrétiens d’Égypte, a connu sous Shenouda III une grande expansion à l’étranger et beaucoup de prêtres et d’évêques ont été ordonnés hors du territoire. Il est a noté que, pour beaucoup d’Égyptiens à l’étranger, l’église constitue le lieu de socialisation par excellence, en particulier pour les parents souhaitant que leur descendance de la deuxième et troisième génération garde un lien affectif avec l’Égypte à travers son Église.
9 Deuxièmement, depuis la création de la télévision égyptienne, l’espace télévisuel étatique a longtemps été saturé de symboles islamiques, avec une quasi-absence de toute référence au christianisme. La prière du vendredi est diffusée sur les chaînes de l’URTE [13], une lecture du coran annonce l’ouverture et la fermeture des programmes à la télévision étatique et les programmes des chaînes sont interrompus lors des cinq prières quotidiennes. À quelques rares occasions, la messe du dimanche était en partie diffusée à la radio [14] et cette absence constituait pour les Coptes une exclusion de l’espace audiovisuel en général qu’il fallait compenser par un espace où ils pourraient retrouver leurs symboles et leurs références religieuses.
10 Il faut souligner que la diffusion d’Aghapy en Égypte était auparavant limitée du fait de sa transmission passée sur un satellite étranger et payant. La question de la diaspora copte étant une préoccupation centrale de l’Église, le projet naissant d’Aghapy cherchait d’abord à connecter la diaspora à l’Église mère en diffusant les nouvelles du patriarcat et en prêchant les enseignements orthodoxes de l’Église monolithique d’Alexandrie avec un accent sur le patrimoine copte et notamment la langue et les hymnes religieux traditionnels. La chaîne est reçue en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Ceci explique qu’une part importante des émissions soit en anglais ou sous-titrée. Financée essentiellement par des dons de la communauté à travers le monde, Aghapy est restée cantonnée à un contenu religieux, spirituel et social. La grille de programmes ne présente que des retransmissions en direct de messes et de sermons, des émissions d’exégèse de la bible et des films hagiographiques.
11 En novembre 2007, la nouvelle chaîne CTV (Coptic TV) a vu le jour. Son annonce publicitaire, prononcée par la voix du pape aujourd’hui défunt, explique que la lettre C du mot Coptic signifie la foi chrétienne basée sur la croix du Christ. Tout comme celui d’Aghapy qui possède une petite croix sur la lettre A, le logo reflète cette identité proclamée avec la lettre T en forme de croix. La devise de la chaîne est une citation connue de Shenouda III : « Dieu est présent. » Fondée par un milliardaire copte, Tharwat Bassily [15], le siège de la chaîne est un édifice moderne et grandiose bâti sur une superficie importante à Madinet al-Salam [16], banlieue pauvre du Caire. Le capital de la chaîne provient essentiellement de la « dîme » du propriétaire, qui selon la doctrine chrétienne représente un dixième du revenu que chaque chrétien doit à Dieu, et son financement se fait donc exclusivement à partir du rendement des intérêts d’un dépôt bancaire suite à la vente de ses actions de la compagnie Amoun [17]. Des dons sont reçus uniquement pour une émission caritative (Où es-tu ?) qui expose les histoires de personnes dans le besoin et incite les téléspectateurs à leur venir en aide.
12 Tharwat Bassily avait une relation privilégiée avec le précédent régime. Membre de lagnet al-seyasat, le comité politique du Parti national démocrate (PND) présidé par Gamal Moubarak, il était favorable à la candidature de ce dernier à la succession de son père. Cette question fut l’un des dossiers critiques sous Hosni Moubarak et a été utilisée après le 25 janvier 2011 pour répertorier les opposants et les soutiens du régime corrompu et déchu. Depuis mars 2011, Tharwat Bassily est installé aux États-Unis et la direction exécutive de la chaîne est revenue à son fils, Iliya Bassily (YouTube, 2009).
13 Le profil du propriétaire de CTV est commun à beaucoup d’hommes d’affaires de l’ère Moubarak qui ont choisi d’investir dans l’audiovisuel afin d’acquérir une assise économique et politique (Ben Néfissa, 2014). Tel a été le cas de Naguib Sawirès [18], homme d’affaires chrétien propriétaire de ONTV, d’Ahmed Bahgat, propriétaire de la chaîne Dream et de Hassan Rateb, propriétaire de Al-Mehwar. En revanche, la nature non lucrative de la chaîne la distingue des autres en la libérant de toute exigence de rentabilité. Tharwat Bassily refuse d’ailleurs toute publicité sur sa chaîne [19], ce qui n’enlève rien au prestige qu’il retire auprès de la communauté pour son action, perçue comme un « service public chrétien ». La notion de service revêt une importance particulière dans la communauté copte, il s’agit de témoigner sa foi par l’action et de ne pas en attendre de bénéfice matériel en retour car, selon cette doctrine, qui donne à l’Église, donne à Dieu. Ainsi, CTV remplit cette mission en jouant un rôle de sensibilisation religieuse et sociale, tout en prodiguant des conseils sanitaires. La présence de prêtres ou d’évêques à l’écran est donc indispensable en raison de la confiance qu’ils inspirent aux fidèles. Dès les premiers jours de la chaîne, l’intervention des téléspectateurs fidèles, en Égypte et à l’étranger, au cours des différentes émissions s’est effectuée par divers moyens de communication : téléphone, SMS, e-mail ou plus tard à travers la page Facebook, afin d’interagir avec les présentateurs, de commenter et de poser des questions. Parallèlement à Aghapy, CTV assure donc une mission d’éducation et de développement général qui passe par les valeurs chrétiennes.
14 En octobre 2011, la scène médiatique copte a vu naître la troisième chaîne dont le siège se trouve au sein du campus pontifical d’Abbassia. Née dans le contexte politique post-révolutionnaire, la chaîne porte le nom de Saint Marc (MESat) et fait partie d’un projet culturel plus large tenu par l’évêque général Abba Armeya visant la protection et le renouveau de la culture, du patrimoine et de l’identité coptes à travers le centre culturel copte orthodoxe d’Anba Roweis [20]. Il fut inauguré par le pape Shenouda III le 14 novembre 2000 à l’occasion du 29e anniversaire de son accession au siège papal. Le bâtiment grandiose est bâti sur une superficie de 2 400 m2. Pour beaucoup, la question s’est posée de savoir si l’initiative de lancer la nouvelle chaîne, qui occupe le quatrième étage de l’édifice, tenait d’une course à la visibilité et à la notoriété entre évêques, à l’heure de la succession de Shenouda III, déjà très âgé. À plus forte raison que la loi canonique régissant l’élection du futur pape d’Alexandrie était alors controversée au sein de la communauté. Or pour les fondateurs de MESat, l’objectif était avant tout de mettre en valeur la voix officielle de l’Église concernant la question copte, son emplacement au sein du campus de la cathédrale reflétant symboliquement son rattachement direct à l’institution. Si son identité religieuse est toujours centrale, son identité égyptienne est également soulignée. Financée au démarrage par des dons de la communauté comme l’était Aghapy, elle a adopté au fur et à mesure une logique commerciale en introduisant de la publicité avec parcimonie.
15 Après cette présentation générale des acteurs principaux du milieu vient la question de la place du politique et, plus particulièrement, de la parole politique sur ces chaînes.
III. Émissions politiques : une généalogie du genre dans la télévision chrétienne
16 Le label d’émission politique, plus souvent appelé talk-show politique, est assez particulier dans sa configuration égyptienne. Il désigne les émissions d’actualité politique diffusées en prime-time entre 20 heures et minuit dont la forme varie du débat entre opposants à l’interview avec un seul invité. La composition séquentielle est néanmoins commune à toutes ces émissions : une introduction monologuée où le présentateur vedette commente l’actualité, qui peut durer jusqu’à 120 minutes, suivie de deux ou trois autres séquences où le nombre des invités varie. Contrairement aux talk-shows américains, elles se caractérisent par l’absence d’audience sur le plateau. L’Égypte a connu un phénomène d’expansion des émissions politiques tout en respectant les limites définies sous le régime Moubarak et cela en particulier dans les années 2000, avec l’avènement des premières chaînes privées telles que Dream et Al-Mehwar, sans oublier l’émission de la première chaîne étatique hertzienne Al-Bayt Baytak (« Fais comme chez toi »). On constate que c’est sur ces heures de prime-time, consacrées aux séries télévisées sur les chaînes hertziennes, que les émissions politiques ont réussi à s’affirmer en quelques années. Les Égyptiens ont ainsi pour habitude de « zapper » d’une chaîne à l’autre chaque soir pour suivre les différents sujets traités par chaque émission. Ce phénomène s’est accentué après le Printemps arabe avec le déferlement d’émissions d’actualité politique. Désormais, la grille de programmation de toute chaîne naissante doit contenir au moins une émission de talk-show pour répondre à la demande grandissante d’information, une demande exacerbée par les événements de janvier 2011. Ainsi, mettre en place une émission politique au sein de chaînes destinées au spirituel s’inscrit dans cette dynamique. « La politique s’est imposée à nous, nous ne sommes pas allés la chercher. » [21]
1. CTV : du social au politique
17 La programmation de CTV est répartie par thèmes : des programmes dogmatiques autour de la foi et de la doctrine copte orthodoxe, des programmes culturels qui s’intéressent à la culture et à la langue copte et une production importante de films documentaires. S’ajoutent également les christian drama, sous forme de séries télévisées sociales ou de films sur la vie de saints vénérés par la communauté (Foda 2010). La production de ces derniers était déjà très répandue avant la mise en place de ces chaînes grâce aux cassettes vidéos et DVD vendus dans les églises et qui ont fortement contribué à la consolidation d’un imaginaire identitaire copte par le langage employé et les enjeux symboliques véhiculés par ces saints. La vie de ces derniers est aussi connue à travers les livres et est enseignée aux enfants au catéchisme. Plusieurs émissions très hétérogènes sont regroupées sous la catégorie de programme social, telles que Maison sur le roc, animé par Dina Abd el-Kerim et qui traite des problèmes conjugaux des foyers coptes avec, pour invité principal de l’émission, l’évêque général responsable du dossier du patriarcat qui répond au courrier des téléspectateurs et aux questions de l’audience présente. Dans cette même catégorie, il y a également des émissions comme Jeunesse en permanence avec l’évêque général en charge de la jeunesse, ou encore l’émission Fel Noor (« À la lumière »), qui est devenue au fur et à mesure la principale émission politique de la chaîne.
18 L’étiquette d’émission politique n’était pas voulue à l’origine, puisque le « politique » était considéré comme indigne de la mission d’une chaîne chrétienne. Le principal opposant à l’idée en était Atef Kamel, animateur à la télévision étatique et ancien directeur de la chaîne. Selon Abeer Fouad, rédacteur en chef de Fel Noor, il défendait sa position en affirmant que : « La chaîne est comme une robe blanche toute propre, la politique ne va faire que la souiller ». Pour l’ancien responsable, parler politique équivalait à parler polémique et s’attaquer à un camp au profit d’un autre, et il préférait s’en tenir à l’objectif premier de la chaîne [22]. En octobre 2009, après le départ d’Atef Kamel, le talk-show sociopolitique Fel Noor fut mis en place. Il était dévolu à une mission civique et l’accent était mis sur l’importance de la transmission d’une vérité sans déformation. Une devise est venue renforcer cette posture : « À la lumière, la vérité resplendit ». L’émission présentée par Dina Abd el-Kerim et Ihab Sobhy [23] se contentait, au début, de discuter des problèmes sociaux tels que le chômage ou la tradition de la vengeance en Haute-Égypte, avec la mise en évidence de questions à caractère confessionnel ou de discriminations notamment signalées par des téléspectateurs qui interagissaient au téléphone. Il n’y avait ni ligne éditoriale ni discours politique clairement définis et les sujets oscillaient entre la mission confessionnelle initiale et quelques questions délicates comme la relation de Tharwat Bassily au régime Moubarak, toujours avec un impératif de prudence. Abeer Fouad parlant de ces débuts, se rappelle : « On n’allait pas nous laisser dire quoi que ce soit. Ce qui était autorisé pour les autres chaînes ne l’était pas pour nous car on est avant tout une chaîne chrétienne. On surveillait de près ce que nous disions. » [24]
19 Cependant, l’attentat terroriste contre l’église des Deux-Saints à Alexandrie, à la sortie de la messe de minuit du jour de l’An 2011 [25] a constitué un tournant dans le discours de CTV et son émission Fel Noor qui s’est fait le relais de la frustration extrême de la communauté chrétienne sur un ton très critique vis-à-vis du régime Moubarak et de son ministre de l’Intérieur Habib al-Adly. Plusieurs manifestations coptes ont eu lieu dans différentes villes d’Égypte menant à des confrontations avec les forces de police (Al-Masry al-Youm, 2011a) et ces mouvements ont été l’occasion de replacer au centre « la question copte » et les discriminations dont la communauté était victime.
20 À l’instar de Dina Abd el-Kerim qui se souvient qu’à la question : « Que devons-nous dire ? », Tharwat Bassily avait répondu : « Dites la vérité » (YouTube, 2011), l’équipe de la chaîne avait exprimé une grande hésitation entre la prudence habituelle vis-à-vis du régime et la frustration engendrée par cet incident. Les journalistes de CTV avaient été les premiers sur les lieux de l’événement et avaient pu couvrir les premières heures par le biais de l’un des membres de l’équipe présent à la messe. Les photographies diffusées ont ainsi été reprises et relayées en boucle sur d’autres chaînes et de nombreux journaux télévisés. L’indignation provoquée à l’échelle nationale mêlée au mouvement de colère envers le régime a fait de l’émission Fel Noor un talk-show davantage suivi et prisé des hommes politiques et des leaders d’opinion.
21 Les jours qui ont suivi cet épisode sanglant, ceux qui ont mené au soulèvement populaire du 25 janvier 2011 (notamment le vendredi 28 janvier 2011), ont constitué un moment idéal pour la télévision satellitaire pour se défaire du joug du régime Moubarak [26]. Néanmoins, l’issue imprévisible de la contestation a incité plusieurs chaînes, dont CTV, à adopter d’abord une position prudente et à ne pas s’afficher ouvertement hostiles au régime déchu, avant de suivre le mouvement général face au basculement de l’histoire.
2. MESat : l’absolue nécessité de parler politique
22 MESat est née en 2011 dans un contexte politique déjà caractérisé par un déferlement de la parole politique, contrairement à CTV. Dans sa description, la chaîne expose son identité à la fois égyptienne, copte, ecclésiastique et orthodoxe et se définit comme une chaîne d’information, culturelle, familiale, sociale, jeune, éducative et sportive (MESat, 2015). Ainsi le caractère informatif et politique est présent dès sa mise en place et sa devise – « Du cœur de l’Église au cœur de l’Égypte » – le souligne (MESat, 2015). Elle se place dès lors comme un pont entre la communauté copte et la communauté nationale, une position reflétée dans la grille des programmes qui contient l’émission Nabdh Misr (« Impulsion de l’Égypte »), une émission politique sur le modèle des talk-shows des autres chaînes satellitaires. La moitié des programmes de la chaîne revêt un caractère informatif et politique (MESat, 2015) tels que les journaux télévisés, les revues de presse et les émissions consacrées à l’explication de la scène politique [27]. Cette catégorie de programmes est sans cesse actualisée, de nouveaux sont introduits et d’autres éclipsés en fonction de l’actualité. Par exemple, avant le référendum constitutionnel de 2014 [28], une émission a été mise en place en 2013 pour discuter des amendements constitutionnels et animée par Rafaat Fouda, professeur à la faculté de droit de l’Université du Caire, figure connue des talk-shows égyptiens. Il a pour habitude d’introduire son propos par l’expression pieuse d’ouverture fréquemment employée par la majorité musulmane : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ».
23 Le recrutement du personnel à son tour reflète la logique qui sous-tend le travail de la chaîne. Il s’est fait en fonction de l’expertise professionnelle et pas uniquement de l’appartenance confessionnelle. Bien que cette dernière ait été privilégiée, puisque les offres d’emploi ont d’abord été diffusées dans les églises, les dirigeants de la chaîne ont reconnu très tôt que quelques profils recherchés n’étaient pas répandus parmi la communauté, notamment celui de journaliste politique. Le premier rédacteur en chef du talk-show principal, Hamed Mahmoud, était de confession musulmane et ancien rédacteur en chef à Al-Jazeera Mubasher Misr (antenne égyptienne du direct du groupe Al-Jazeera). Il fut remplacé par Remon Kolta, de confession chrétienne copte et rédacteur, auparavant à ONTV et dans plusieurs agences de presse. L’équipe de la rédaction du contenu politique de MESat est celui de l’émission Sabah ON (« La matinale d’ON »), diffusée sur ONTV.
24 Selon les fondateurs de MESat, la donne politique après la révolution de janvier 2011 a imposé à l’Église un double rôle : s’occuper non seulement des besoins spirituels mais également faire sortir ses fidèles d’un enfermement communautaire, véritable ou prétendu, vers une ouverture nationale [29]. L’actualité du pays s’imposant de plus en plus, il a fallu que l’institution religieuse puisse se faire le relais d’une sensibilisation et d’une éducation attendue par les fidèles.
IV. Quel discours politique pour quelle audience ?
25 L’absence de chiffres d’audience fiables en Égypte ne permet pas d’établir des données sociologiques sur la répartition des téléspectateurs. Ainsi, les différentes chaînes s’adressent à une audience supposée qui est celle qu’elles ciblent par leur ligne éditoriale et qu’elles construisent à travers leur discours. Selon Baudouin Dupret et Jean-Noël Ferrié (2008) : « Les discours s’orientent vers des audiences et non vers une audience. Ils se tournent vers l’audience qu’ils se donnent et cette audience constitue une communauté virtuelle. » L’étude de cette communauté virtuelle nous permet d’apprendre beaucoup sur la grille de programmation et sur les discours des chaînes et de leurs émissions. Pour nos cas d’étude, elles se déclarent chaînes pour tous les Égyptiens sans distinction, or elles s’adressent en réalité d’abord au téléspectateur copte. Partant du constat qu’un grand nombre de chrétiens se désintéressaient de la politique avant le Printemps arabe, elles jouent le rôle d’éducateur en matière politique [30], en présentant la réalité commentée et expliquée afin de concilier appartenance communautaire et identité égyptienne. Les responsables de ces chaînes jugent qu’il faut passer par une chaîne de « chez nous » pour contrer une réticence qu’ils estiment élevée parmi les chrétiens. Pour le téléspectateur dont l’attention n’est pas directement captée par les journaux télévisés ou les émissions politiques, MESat a par exemple mis en place une barre d’actualité en bas de l’écran, mise à jour toutes les heures, qui accompagne les émissions religieuses et les sermons [31].
26 Pour CTV, la priorité reste à l’ordre communautaire. La mission envers la communauté chrétienne est accomplie à travers la réception et le traitement des appels des téléspectateurs lors de la séquence introductive de l’émission Fel Noor. Les thèmes en sont le plus souvent les tensions confessionnelles entre musulmans et chrétiens ou la discrimination dont souffrent les Coptes dans certains villages, à titre individuel ou collectif. Le point commun de ceux qui appellent reste leur appartenance religieuse, ils s’inscrivent dans une logique communautaire de demande d’aide à la chaîne « de chez nous ». Cet aspect semble devoir rester central car il n’est abordé nulle part ailleurs sous cet angle et cela explique la raison pour laquelle l’usage de répliques religieuses, de citations ou de termes bibliques dans le langage usuel des émissions est privilégié. Nous désignons cette tendance comme la christianisation du langage. Elle est moins présente dans les émissions non religieuses de MESat, où le langage est davantage sécularisé. Il est à noter que certaines plaintes concernent des dysfonctionnements de services publics dans des petits villages qui affectent tout habitant, quelle que soit sa religion, et qui pourraient donc être portées par d’autres chaînes privées qui offrent le même type de lieu d’expression dans leurs émissions.
27 Dans nos deux cas d’étude, le but est donc davantage d’assurer une mission constante de développement social que de faire de la télévision à sensation. Or, chacune a choisi de se distinguer en privilégiant des manœuvres médiatiques différentes de mise en scène de la polémique. Pour MESat, la représentation des différents points de vue à travers la confrontation est très courante, afin de donner toutes leurs chances aux opinions divergentes et ne pas prendre parti. Au contraire, pour CTV, la controverse sous forme de débats entre rivaux [32] est perçue comme le fait de « jouer au politique », ce qui n’est pas le propos de la chaîne qui préfère mettre l’accent sur les talents oratoires de l’animateur principal et ses performances dans l’exposition et la critique des thèmes médiatiques abordés.
28 Les critères de choix des invités sont cruciaux car ils reflètent directement l’identité et la politique éditoriale de la chaîne. Nous remarquons que les invités de Fel Noor et Nabdh Misr ne diffèrent pas des figures connues médiatiquement et qui, pour les rédacteurs en chefs, suivent la même grille de catégorisation d’invités que pour les autres chaînes, soumises aux mêmes filtres imposés par l’opinion publique. « Nous ne pourrons pas gazouiller en dehors de l’essaim », a déclaré le rédacteur en chef de Nabdh Misr [33]. Le contexte politique changeant qui accompagne les grandes révoltes populaires exclut de la scène des acteurs selon leurs positions : « Nous devons respecter l’État et le régime. On ne peut pas inviter Ahmad Ezz [34] au lendemain du 25 janvier 2011 comme on ne peut pas inviter Khayrat al-Shater [35] au lendemain du 30 juin 2013, quand même, nous devons rester prudents. »
29 À cela s’ajoutent des critères supplémentaires imposés par la direction de la chaîne comme le respect de l’ordre ecclésial copte, notamment les têtes de l’Église et du christianisme en général. Plusieurs figures, même chrétiennes laïques, connues pour leur positionnement anti-ecclésial, sont ainsi exclues.
30 S’agissant de la question « des droits des Coptes », le discours des deux chaînes semble clair et intraitable. La médiatisation de certains événements majeurs en atteste. Nous pensons notamment aux événements de Maspero en octobre 2011 où un certain nombre de manifestants coptes se sont fait agresser par des membres de l’armée égyptienne (Al-Masry al-Youm, 2011b). Le récit médiatique de CTV contredisait le récit officiel de la télévision d’État qui accusait les chrétiens d’agression [36]. Ces derniers manifestaient devant le siège de l’Union de la radio et la télévision égyptienne (URTE) à Maspero pour dénoncer la démolition d’une église à Assouan. Le discours de CTV a été très critique vis-à-vis du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui était censé mener la période de transition jusqu’aux élections présidentielles en juin 2012.
31 La montée des Frères musulmans et des partis salafistes qui a abouti à l’accession des Frères au pouvoir a posé à ces chaînes un véritable dilemme dans le respect d’une déontologie professionnelle, tout en exprimant les craintes de la minorité chrétienne. Nous remarquons à ce stade quelques dissemblances entre les deux chaînes. Pour CTV, conformément à sa mission éducative et sensibilisatrice, recevoir une personnalité équivaut à légitimer sa présence dans l’espace publique et la méfiance à l’égard des islamistes a prohibé de les recevoir dès le début. À l’inverse, MESat a reçu des personnalités comme Mohammad Salim al-Awa [37] et Abd el-Moneim Aboul Fotouh [38] dans l’idée que les inviter et leur exposer les craintes des chrétiens sous un régime islamiste était la meilleure façon d’accomplir sa mission.
32 En avril 2013 sous le gouvernement des Frères musulmans, le siège du patriarche copte, la cathédrale d’Abbassia, fut victime d’une attaque à l’issue de laquelle on dénombra plusieurs morts. Les chaînes chrétiennes, notamment MESat dont le siège est situé derrière la cathédrale, ont endossé le rôle de médias alternatifs en filmant un récit différent de celui retransmis sur les chaînes islamiques qui accusaient également les chrétiens d’agression. Le contexte de ces événements différait de celui des lendemains de la révolution. Le récit livré par les chaînes chrétiennes a été soutenu par tous les courants politiques opposés au camp islamiste au pouvoir. La thématique confessionnelle est ainsi devenue un argument pour décrédibiliser le régime en place et les chaînes chrétiennes se sont ralliées au discours dominant, s’adressant hostilement au pouvoir tout en s’adossant à l’argument identitaire qui faisait d’elles les mieux placées pour en juger. Laure Guirguis (2012) explique dans son ouvrage que la question copte a été une épreuve souvent imposée aux Frères musulmans afin de tester la compatibilité de leur discours avec les normes de la société égyptienne et la politique moderne.
V. Conclusion : Le discours politique et les susceptibilités du label « chrétien »
33 L’étude des médias coptes pose d’une manière indirecte la place de la communauté dans l’espace public égyptien. Cet espace étant régi par des valeurs et des comportements communautaristes (Guirguis, 2011), le fait communautaire est politisé depuis longtemps. Les deux chaînes coptes étudiées tentent alors de concilier la spécificité religieuse et culturelle avec un engagement national.
34 La double identité en fonction de laquelle leur discours médiatico-politique se déploie annonce pour beaucoup d’observateurs une éventuelle ouverture pour la communauté copte. Il affirme en quelque sorte qu’il existe désormais une audience copte qui débat des problèmes publics à l’échelle nationale et non pas uniquement des problèmes confessionnels liés à son statut de minorité. En revanche, dans certains cas, il s’avère que l’étiquette de chrétien ou copte ne manque pas de poser des dilemmes au discours médiatico-politique porté par ces acteurs. Le fait qu’une chaîne soit communautaire l’expose à nombre de stéréotypes autour de son contenu, elle est alors comparée à des chaînes dites de l’islam politique, telles que Al-Nas et Iqraa [39]. Plusieurs personnalités publiques refusent invariablement les invitations à apparaitre dans les émissions de ces chaînes ; d’autres les acceptent, tout en forgeant leurs discours et arguments selon des préjugés sur les attentes des téléspectateurs [40]. Ils considèrent notamment qu’une chaîne chrétienne appréhende nécessairement les questions politiques sous un angle communautaire ou confessionnel – ce qui n’est pas toujours le cas – et débattent en fonction de cette vision.
35 L’absence de logique commerciale d’Aghapy – strictement cantonnée au religieux – et de CTV nous révèle une spécificité importante de cette catégorie de chaînes. Davantage qu’une véritable concurrence entre des chaînes issues d’un même label pour conquérir l’audience copte, il s’agit plutôt d’une pluralité d’arènes d’expression pour une même cause.
36 La consolidation de la communauté visée par ces chaînes à travers la reproduction des rituels religieux et les questions dogmatiques accompagne un rôle de développement et de sensibilisation politique suivant les exigences de l’actualité. Or gérer l’équilibre entre le volet communautaire et national/séculaire sur le plan institutionnel et interne n’est pas tâche facile. Beaucoup de ceux qui y travaillent dénoncent une dérive vers plus de contenu politique au détriment du contenu « religieux ». Cela se vérifierait notamment en termes de coûts de production et de fonds consacrés à la production de nouvelles émissions politiques [41].
37 L’étude approfondie révèle beaucoup sur les Coptes en Égypte et le changement de leur comportement politique durant les différentes phases de la transition. Le rôle qu’ont joué ces chaînes lors des périodes de consultation électorale qu’a connues le pays à plusieurs reprises depuis le 25 janvier 2011, tantôt par des discours sensibilisant à la participation, tantôt par des discours de mobilisation orientés, pourra ouvrir une piste de recherche sur leurs effets au niveau du comportement électoral de la communauté.
Bibliographie
Bibliographie
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- Arab Center for Research and Policy Studies (ACRPS), 2014, L’indicateur arabe 2014. Programme de mesure de l’opinion publique arabe, Doha, ACRPS, http://www.dohainstitute.org/file/Get/36166627-39ba-445b-b902-996ecca4a6dc.pdf (en arabe).
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- Guaaybess T., 2005, Télévisions arabes sur orbite 1960-2004, Paris, CNRS éditions.
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- Human Rights Watch, 2011, « Égypte : l’enquête militaire concernant les événements de Maspero révèle un dépérissement de la justice. Le déni des violences par l’armée suscite des craintes quant au dévoilement de la vérité », Hrw.org, http://www.hrw.org/ar/news/2011/10/25 (avril 2015) (en arabe).
- El-Khawaga D., 1992, « Le développement communautaire copte. Un mode de participation au politique ? », Maghreb-Machrek, n° 135, pp. 3-18.
- Al-Masry al-Youm, 2011a, « Affrontements et violences à Mokattam. Des Coptes en colère montent sur le plateau et jettent des pierres aux forces de sécurité et aux voitures qui passent », Al-Masry al-Youm, le 3 janvier, http://today.almasryalyoum.com/article2.aspx?ArticleID=283292&IssueID=2004 (avril 2015) (en arabe).
- Al-Masry al-Youm, 2011b, « “Maspero” se transforme en zone de guerre. 19 morts et 183 blessés chez les manifestants et les forces de sécurité », Al-Masry al-Youm, le 10 octobre, http://today.almasryalyoum.com/default.aspx?IssueID=2284 (avril 2015) (en arabe).
- MESat, « Nos programmes », Mesat.tv, http://mesat.tv/ (avril 2015) (en arabe).
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- Unesco, 2015, « Les Médias communautaires », Unesco.org, http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/media-development/community-media (avril 2015).
- YouTube, 2009, « Interview de Tharwat Bassily par Gaber el-Karmouty », Youtube.com, https://www.youtube.com/watch?v=hLHYcvzBGZ0 (avril 2015) (en arabe).
- YouTube, 2011, « Interview de Dina Abd el-Kerim », Youtube.com, https://www.youtube.com/watch?v=WTPj-Bq2kMk (avril 2015) (en arabe).
- Entretiens
- Le 15 avril 2012 : Albert Shafik, directeur exécutif d’ONTV.
- Le 12 juin 2012 : El-Sayyad, rédacteur en chef de Weghat Nazar, ex-conseiller du président Mohamed Morsi.
- Le 11 novembre 2013 : Abeer Fouad, journaliste et rédacteur en chef de l’émission Fel Noor.
- Le 16 janvier 2014 : Dalia Emile, rédactrice en chef et productrice d’une émission religieuse sur CTV et actuellement sur El-Horeyya (chaîne chrétienne récemment mise en place).
- Le 13 février 2014 : Remon Kolta, rédacteur en chef de Nabd Misr, au siège de MESat.
- Le 31 mars 2014 : Yasser Abd El-Aziz, spécialiste de médias.
- Le 15 mai 2014 : Bouthaina Kamel, présentatrice du journal télévisé à la télévision d’État et animatrice d’émission.
- Le 2 mars 2015 : Mahmoud el-Alayly, membre du parti Al-Misreyin al-Ahrar (« Les Égyptiens libres »).
Mots-clés éditeurs : Coptes, télévision, média communautaire, révolution janvier 2011., émissions politiques, Égypte
Mise en ligne 23/06/2015
https://doi.org/10.3917/rtm.222.0013Notes
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[1]
Entretien du 31 mars 2014.
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[2]
Ce phénomène existait depuis les années 1990 au Liban. Nous pensons à Télé Lumière-Noursat, chaîne arabophone qui se voulait une ONG à but non lucratif. Elle expose sur son site une mission civile et citoyenne tout en étant chrétienne. Télé Lumière-Noursat est supervisée par l’Assemblée des patriarches et des évêques du Liban et est dirigée par un comité catholique des chefs religieux de diverses confessions et un groupe de laïcs. La relation entre l’Église et Télé Lumière-Noursat est organisée par un « protocole de coopération ». Site officiel : www.noursat.tv/en/index.php.
-
[3]
Même les candidats aux présidentielles y ont été invités lors de leur campagne électorale en 2012.
-
[4]
Entretien du 2 mars 2015.
-
[5]
Le rapport de L’indicateur arabe, publié chaque année par l’Arab Center for Research and Policy Studies de Doha (2013 et 2014) offre des chiffres intéressants sur les sources d’information, surtout politique, des publics arabes. Celui publié en 2013 nous montre que la télévision excède de loin les autres médiums d’information. En Iraq, au Liban, en Égypte et au Yémen, le pourcentage atteint 90 % tandis qu’en Algérie, en Palestine, en Tunisie et en Arabie Saoudite, le pourcentage varie entre 74 % et 85 %. Le rapport de 2014 montre la variation de ce pourcentage concernant l’audience égyptienne : 81 % en 2011, 91 % en 2012-2013 et 78 % en 2014.
-
[6]
Il existe d’autres chaînes chrétiennes qui se veulent coptes dans le sens où elles s’intéressent à la « question copte » et aux problèmes de la communauté. Diffusées de l’étranger le plus souvent, elles disposent d’un bureau au Caire avec un équipement modeste. Elles sont financées essentiellement par des dons et l’Église n’a pas d’emprise sur elles. Citons à titre d’exemples Al-Moo’geza (« le miracle »), Al-Hayah (« la vie ») et Al-Shefa’a (« la guérison »).
-
[7]
Un entretien tardif a eu lieu le 2 mars 2015 pour actualiser le propos.
-
[8]
Le site officiel d’Aghapy : www.aghapy.tv.
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[9]
L’évêque Botros (« Pierre ») était l’un des évêques dits généraux et secrétaire personnel du pape Shenouda III. Moine depuis octobre 1975 au monastère d’Anba Paula dans le désert de l’est de l’Égypte, il a été ordonné évêque le 2 juin 1985 et nommé secrétaire par le pape aujourd’hui défunt en 2009.
-
[10]
Le site de St Takla est un site encyclopédique copte, animé par l’église St Takla d’Alexandrie.
-
[11]
Site officiel de Sat 7 : www.sat7.org.
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[12]
La devise fait référence à un verset du Nouveau Testament. Épitre de Saint-Paul à Philémon, chapitre 1 verset 2.
-
[13]
Union de la radio et la télévision égyptienne, compagnie nationale sous tutelle du ministère de l’Information égyptien.
-
[14]
À cela nous ajoutons quelques périodes éphémères durant le mandat de Fayez Farah, vice-président de la radio égyptienne dans les années 1970, qui a mis en place un concours autour des versets de l’Évangile à l’antenne.
-
[15]
Tharwat Bassily était le directeur d’une des plus grandes compagnies pharmaceutiques privées en Égypte, Amoun Co. Ancien sénateur par nomination et ex-Sous-secrétaire du Comité de la santé au Sénat, il est également adjoint du Conseil des laïcs de l’église copte, une instance créée en 1874 et qui représente les Coptes laïcs et se charge des affaires non religieuses de la communauté.
-
[16]
Siège visité à plusieurs reprises par la chercheuse.
-
[17]
Entretiens du 11 novembre 2013 et du 16 janvier 2014.
-
[18]
Naguib Sawirès est un milliardaire de confession copte et membre fondateur du Parti des Égyptiens libres. Actionnaire et propriétaire de Orascom Telecom, il est également actionnaire principal de plusieurs chaînes de télévision, dont ONTV et depuis le début de l’année 2015, Tahrir, la chaîne de la révolution qui change de nom avec sa nouvelle configuration pour être TEN (Tahrir Egyptian Network). ONTV est une des chaînes privées d’information égyptiennes et nationales les plus suivies et influentes. Ses émissions sont présentées par les animateurs les plus réputés dont Ibrahim Eissa, Yousry Fouda, Reem Magued, etc. Bien que le principal propriétaire soit chrétien, la chaîne n’affiche aucune appartenance confessionnelle.
-
[19]
Nous notons qu’il a reçu plusieurs propositions de publicitaires, dont Naguib Sawirès, qu’il a fermement déclinées.
-
[20]
Le nom d’un saint copte dont le sanctuaire est au sein du campus d’Abbassia, au-dessus d’une chapelle qui porte son nom, en face de l’édifice du centre culturel, visité à plusieurs reprises par la chercheuse. Site : www.copticocc.org/new/about-us.
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[21]
Entretien du 16 janvier 2014.
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[22]
Entretien du 11 novembre 2013.
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[23]
Ihab Sobhy est également acteur et a notamment joué dans Maaly al-Wazir (« Son excellence le ministre ») avec l’acteur égyptien Ahmed Zaki et dans quelques séries télévisées. Dina Abd-el Kerim était la présentatrice principale de l’émission avec Ihab Sobhy dès sa création et jusqu’en novembre 2012 où elle quitta CTV pour rejoindre une nouvelle chaine chrétienne, El-Horreya (« La liberté »).
-
[24]
Entretien du 11 novembre 2013.
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[25]
Beaucoup de Coptes se rendent à leur paroisse pour célébrer le Nouvel An. À minuit, le 31 décembre 2010, un attentat suicide a été perpétré à la sortie de la prière devant une église d’Alexandrie. Le bilan de plusieurs morts a engendré une grande frustration au sein de la communauté et l’indignation nationale. L’événement fut l’occasion pour tous les acteurs de dénoncer un état policier incapable de protéger les citoyens. Les familles des victimes ont refusé de recevoir les condoléances de l’envoyé officiel du président Hosni Moubarak et l’annonce du ministre de la Défense quelques jours après l’attentat de l’identification du responsable a été accueillie avec scepticisme en raison des précédents (Alexandrie en 2006, Nig’ Hammadi en 2010) pour lesquels aucune condamnation n’avait été prononcée.
-
[26]
Entretiens du 15 avril 2012, du 31 mars 2014 et du 15 mai 2014.
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[27]
Entretien du 13 février 2014.
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[28]
Référendum constitutionnel de janvier 2014 lors duquel les Égyptiens ont été appelés à se prononcer sur les amendements de la constitution de 2012, suspendue après la déchéance de Mohamed Morsi.
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[29]
Entretien du 13 février 2014.
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[30]
Entretiens du 11 novembre 2013 et du 13 février 2014.
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[31]
À l’exception des heures de prières et des messes.
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[32]
L’idée de confronter des points de vue antagonistes d’adversaires politiques est refusée par CTV. En revanche, le débat sous forme de discussion où les différences se trouvent à la marge est toléré.
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[33]
Entretien du 13 février 2014.
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[34]
Ahmad Ezz, jeune homme d’affaire proche de Gamal Mubarak, membre du comité politique du PND, président des compagnies industrielles d’Ezz, fut emprisonné pour accusation de corruption suite au soulèvement du 25 janvier.
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[35]
Khayrat al-Shater, homme d’affaire et adjoint du guide suprême des Frères musulmans, emprisonné après le soulèvement du 30 juin et la déchéance de Mohamed Morsi.
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[36]
La télévision étatique (URTE), dont le siège est à Maspero, a annoncé que l’armée se faisait agresser par les Coptes et a incité « les bons citoyens » à descendre défendre « leur armée » (Human Rights Watch, 2011).
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[37]
Penseur islamiste et très proche des Frères musulmans. Il fut candidat à la présidence en 2012.
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[38]
Médecin et syndicaliste égyptien, il fut membre des Frères musulmans. Il guidait l’aile réformiste du mouvement, ce qui lui a valu d'être écarté du bureau politique. En 2012, il fut exclu du mouvement des Frères musulmans à l’annonce de sa volonté de briguer la présidence. Il inaugure la même année, sous la présidence de Mohamed Morsi, un parti politique : Misr al-Kaweya (« le Parti de l’Égypte forte »).
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[39]
Chaînes au financement saoudien qui accueillent des prêcheurs à qui l’on reproche souvent un discours haineux. Il est à noter que ces deux exemples font partie des chaînes interdites après le 3 juillet 2013.
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[40]
Entretien du 12 juin 2012, voir aussi www.youtube.com/watch?v=dCWH2p4SRYY.
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[41]
Entretien du 16 janvier 2014.