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Article de revue

Les positions de l'europe, des Etats-Unis et de la Chine en Afrique. Implications pour son développement

Pages 193 à 214

Notes

  • [*]
    Les auteurs remercient sincèrement M. Blaise Thierrée, directeur de l’Institut Confucius de Bretagne, d’avoir assuré la remise en forme de l’article.
  • [**]
    Chargé de recherche, CERDI, CNRS-Université de Clermont-Ferrand, yong.he@cerdi.u-clermont1.fr
  • [***]
    Maître de Conférences, CREM, CNRS-Université de Rennes 1, yunnan.shi@univ-rennes1.fr
  • [1]
    Pour les échanges commerciaux, sauf indication contraire, nous considérons uniquement l’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud incluse), les données sur les pays de l’Afrique du Nord n’étant pas disponibles.
  • [2]
    Ces prêts ne sont pas forcément remboursés, car la plupart des dettes sont annulées par le gouvernement chinois.
  • [3]
    Quotidien du peuple (édition étrangère), le 30/01/2007.
  • [4]
    Ce taux pourrait, toutefois, baisser à 2 % en 2009.
  • [5]
    Une bonne preuve du problème du « missing middle » est que, selon les Nations unies (2005, p. 70), malgré le fait que depuis plusieurs années les pays africains ont connu un taux de croissance en moyenne de près de 5 % par an, cette performance n’a pas eu un effet significatif sur la réduction de la pauvreté parce que la croissance n’a pas permis de générer des emplois. Tout comme Mazumdar (2001) l’a estimé, la croissance tend à être plus équitable lorsque les petites et moyennes entreprises sont fortes et ont un impact plus fort sur la réduction de la pauvreté.
  • [6]
    La visite du Président chinois Hu Jintao au Mali, au Sénégal, en Tanzanie et sur l’Ile Maurice en février 2009 a démontré que la Chine ne s’intéressait pas uniquement aux pays exportateurs de matières premières.
  • [7]
    L’investissement dans l’industrialisation simultanée de nombreux secteurs peut être durable et profitable, alors qu’investir sur un seul secteur engendre des pertes. Un tel « big push » peut transformer un « mauvais » équilibre (sous-développement) en « bon » équilibre (industrialisation) (Rosenstein-Rodan, 1961 ; Murphy, Shleifer, Vishny, 1989).

1 Les pays européens sont, pour des raisons historiques, très impliqués en Afrique. Mais depuis un certain temps, les États-Unis gagnent du terrain dans cette région. Plus récemment, la présence de la Chine dans pratiquement tous les pays africains a attiré une attention particulière. Ses exportations massives de produits textiles et d’autres produits manufacturés ainsi que l’augmentation brutale de ses importations de produits minéraux, en particulier de pétrole, ont suscité de l’inquiétude chez certains – mais pourraient bien donner quelques espoirs aux autres.

2 Sans vouloir sous-estimer les enjeux politiques et géopolitiques évidents chez ces grandes puissances, la présente étude s’intéressera plus particulièrement à l’impact de leur présence sur le développement en Afrique. Nous nous fixerons ainsi deux objectifs. Dans une première partie, à travers des calculs sur les échanges commerciaux, les investissements directs étrangers (IDE) et l’aide au développement, nous tracerons un portrait de l’évolution des positions économiques de l’Europe, des États-Unis et de la Chine en Afrique depuis la fin des années 1990. Dans une seconde partie, nous essayerons de mesurer l’impact de leurs implications respectives sur le développement africain en fonction de l’évolution du rapport de force entre ces puissances. Nous pourrons, au terme de l’étude, tirer ainsi quelques leçons sur la manière la plus efficace de promouvoir ce développement.

LES RELATIONS ÉCONOMIQUES DE L’EUROPE, DES ÉTATS-UNIS ET DE LA CHINE AVEC L’AFRIQUE

3 Dans cette première partie, nous ferons un état des lieux de la présence des trois partenaires en Afrique (échanges commerciaux, investissements directs étrangers, aides) et analyserons l’évolution de leur rapport de force sur le continent.

Les échanges commerciaux

4 La base de données que nous avons utilisée pour nos calculs provient essentiellement du Comtrade Database des Nations unies, dont nous avons extrait la période la plus récente, à partir de 2000. C’est en effet depuis cette date que la Chine a connu une montée en puissance en Afrique [1].

5 Sur la base de données du Comtrade et de l’OMC, nous estimons que la part de l’UE à 15, des États-Unis et de la Chine dans la balance commerciale de l’Afrique subsaharienne représente plus de 50 % depuis 2005.

6 Considérons d’abord l’importation par l’Afrique. Le tableau 1 montre l’évolution des poids respectifs des trois partenaires. Nous constatons que l’Union européenne et, dans une moindre mesure, les États-Unis voient leurs parts diminuer sur la période au profit de la Chine. Cette dernière a en effet plus que doublé sa part dans le total des importations africaines.

Tableau 1

Les poids des principaux partenaires dans les importations de l’Afrique subsaharienne*

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Chine 9,8 % 11,0 % 11,9 % 14,4 % 15,9 % 18,0 % 16,9 % 18,6 %
UE 75,9 % 73,1 % 75,0 % 73,5 % 71,4 % 69,3 % 71,0 % 69,5 %
- France 20,0 % 17,8 % 18,0 % 15,3 % 14,2 % 13,7 %
- Royaume-Uni 12,4 % 11,2 % 11,8 % 11,6 % 11,1 % 10,6 %
- Allemagne 14,2 % 15,1 % 15,5 % 16,0 % 16,3 % 15,2 %
États-Unis 14,3 % 15,9 % 13,1 % 12,1 % 12,7 % 12,8 % 12,0 % 11,9 %
Total des trois 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %
partenaires
figure im1

Les poids des principaux partenaires dans les importations de l’Afrique subsaharienne*



*Les données entre 2000 et 2005 proviennent de Comtrade, et celles de 2006 et de 2007 de
OMC (2007, 2008). Dans le premier cas, l’Afrique est définie comme l’Afrique subsaharienne,
et l’UE se compose de 15 membres. Dans le deuxième cas, l’Afrique inclut aussi les pays
d’Afrique du Nord et l’UE se compose de 25 membres en 2006 et 27 membres en 2007. Cette
note vaut aussi pour le tableau 2.

7 Le changement dans les exportations africaines est tout aussi significatif. Dans le tableau 2, nous constatons une nette tendance en faveur des États-Unis et de la Chine au détriment de l’Europe. De 2000 à 2005, la part de cette dernière est ainsi passée de près de 55 % à 46 %. Cette réduction est principalement due à la baisse des parts de la France et de l’Allemagne. La part des États-Unis a d’abord baissé puis brusquement augmenté. Mais le plus spectaculaire est sans doute le cas de la Chine qui a vu sa part se stabiliser plus de 50 % au-dessus de son niveau de 2000.

Tableau 2

Les poids des principaux partenaires dans les exportations de l’Afrique subsaharienne

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Chine 8,0 % 7,1 % 7,9 % 10,0 % 14,4 % 14,7 % 11,1 % 12,4 %
UE 55,0 % 56,8 % 61,5 % 55,1 % 48,6 % 46,1 % 56,4 % 55,2 %
- France 8,1 % 9,6 % 9,6 % 8,4 % 6,9 % 6,6 %
- Royaume-Uni 9,8 % 8,1 % 13,0 % 11,7 % 11,2 % 9,7 %
- Allemagne 7,9 % 9,3 % 9,1 % 7,9 % 6,1 % 5,9 %
États-Unis 37,0 % 36,1 % 30,6 % 34,9 % 37,1 % 39,3 % 32,4 % 32,4 %
Total des trois 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %
partenaires
figure im2

Les poids des principaux partenaires dans les exportations de l’Afrique subsaharienne


8 La Chine étant l’étoile montante quant à sa présence en Afrique, nous présentons ici individuellement ses échanges avec le continent jusqu’à la date la plus récente (cf. tableau 3). Nous voyons que cette progression est spectaculaire. De 1999 à 2008, la valeur des importations de la Chine en provenance de l’Afrique a été multipliée par 23 (soit +42 % par an en moyenne), et celle des exportations chinoises vers l’Afrique par 12 (+32 % par an en moyenne).

Tableau 3

Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique (en millions de dollars américains)

Importation Variation (en %) Exportation Variation (en %)
1999 2375 - 4115 -
2000 5555 + 133,9 5042 + 22,5
2001 4793 - 13,7 6007 + 19,1
2002 5427 + 13,2 6961 + 15,9
2003 8360 + 54,0 10182 + 46,3
2004 15646 + 87,2 13816 + 35,7
2005 21063 + 34,6 18683 + 35,2
2006 28770 + 36,6 26690 + 42,9
2007 36283 + 26.1 37028 + 38.7
2008 56002 +54 50840 +36.3
figure im3

Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique (en millions de dollars américains)



Ministère du Commerce de la R. P. Chine, www.mofcom.gov.cn

9 Au total, sur la période étudiée, l’Europe a vu sa part significativement diminuer dans les exportations et les importations africaines, les États-Unis voyant la leur légèrement diminuer dans les importations, alors qu’elle augmentait dans les exportations. Quant à la Chine, partant de très loin, l’augmentation de sa part à la fois dans les exportations et les importations africaines est véritablement spectaculaire.

10 Regardons maintenant la différence des structures du commerce entre ces principaux partenaires. Ce point est important, en particulier parce qu’il permet de comprendre l’évolution du rapport des forces. Dans le tableau 4, nous voyons que l’Europe exporte principalement des biens d’équipement et d’autres produits manufacturés, et cette structure a peu changé sur la période considérée (parmi les trois pays européens pris en compte, l’Allemagne a une structure plus concentrée en biens d’équipement). La Chine exporte une part importante du textile vers l’Afrique, mais voit une légère régression dans sa structure exportatrice au profit notamment des biens d’équipement. La part de ceux-ci, bien qu’en forte augmentation, reste inférieure à celle de l’Europe et des États-Unis. Enfin, les États-Unis ont une structure exportatrice plus concentrée en biens d’équipement que l’Europe (excepté l’Allemagne). Il faut souligner également que si, dans la structure du commerce, la part des « autres » est plus importante pour les États-Unis et pour l’Europe (notamment la France), c’est qu’une partie importante de cette catégorie est constituée des produits alimentaires.

11 Dans le tableau 5, nous observons une ressemblance dans la structure des importations entre la Chine et les États-Unis : ils importent 90 % de ressources naturelles, et cette part est en augmentation sur la période, mais seulement 10 % de produits manufacturés et agricoles. Par contre, la structure est plus équilibrée pour l’Europe : les produits manufacturés et agricoles importés représentent près de 40 % (en particulier pour l’Allemagne : plus de 50 %), même si cette part a diminué de 5 points.

Tableau 4

La structure des importations de l’Afrique subsaharienne selon les principaux pays exportateurs (en %)

Chine UE (15) (France R.-U. Allemagne) États-Unis
2000 2006 2000 2005 2000 2005 2000 2005 2000 2005 2000 2006
Textile 29,4 27,2 3,5 2,2 2,3 1,7 4,5 2,4 2,9 1,9 2,5 1,3
Equipement 28,0 37,7 50,4 53,4 55,7 40,0 44,3 37,7 62,2 66,5 53,2 58,4
Autres 32 , 4 32 , 0 34 , 5 35 , 0 30 , 1 42 , 2 41 , 5 53 , 2 32 , 0 28 , 1 29 , 3 28 , 3
manufac
turés
Autres 10,2 3,1 11,6 9,5 12,0 16,2 9,7 6,8 2,9 3,5 14,9 12,0
figure im4

La structure des importations de l’Afrique subsaharienne selon les principaux pays exportateurs (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

Tableau 5

La structure des exportations de l’Afrique subsaharienne selon les principaux pays importateurs (en %)

Chine UE (15) (France R.-U. Allemagne) États-Unis
2000 2006 2000 2005 2000 2005 2000 2005 2000 2005 2000 2006
Pétrole, mine 85 , 6 91 , 1 56 , 3 61 , 7 47 , 8 57 , 3 53 , 5 64 , 3 43 , 3 47 , 8 88 , 0 90 , 2
& mat.
premières
Manufacturés 2,5 1,4 13,7 13,5 16,3 14,3 16,2 13,4 26,6 25,3 7,4 6,2
Produits 11,9 7, 5 30,1 24 , 9 35 , 9 28 , 4 30,3 22 , 2 30,1 26,9 4, 6 3, 6
agricoles
figure im5

La structure des exportations de l’Afrique subsaharienne selon les principaux pays importateurs (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

12 Après avoir analysé les structures des importations et des exportations de chacun des principaux partenaires commerciaux de l’Afrique, nous souhaitons maintenant connaître les parts des principaux partenaires sur les principaux produits qu’elle importe et exporte. Les tableaux 6-9 contiennent ces informations, où les pourcentages sont toujours calculés sur la base de la somme (totalisant 100 %) de l’Union Européenne, des États-Unis et de la Chine.

13 Dans le tableau 6, nous avons calculé les parts des importations de ressources naturelles africaines par les trois principaux partenaires. La Chine, ayant presque doublé sa part, a largement dépassé chacun des trois membres de l’Union européenne mentionnés dans le tableau. Les États-Unis ont réussi à maintenir leur part à un niveau très élevé. L’Europe (15) a par contre diminué la sienne de 7 points, cette baisse s’étant accentuée ces trois dernières années au profit de la Chine.

Tableau 6

Poids des principaux importateurs des mines et matières premières (pétrole inclus) en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)

2000 2001 2002 2003 2004 2005
Chine 9,7 8,9 10,1 12,7 17,4 17,1
UE (15) 44,0 44,4 51,5 43,1 37,1 36,9
- France 5,5 7,2 6,8 5,6 4,3 4,9
- R.-U. 7,4 3,9 10,8 9,8 9,3 8,1
- Allemagne 4,9 6,0 5,9 4,6 3,3 3,6
États-Unis 46,3 46,8 38,4 44,2 45,2 46,0
figure im6

Poids des principaux importateurs des mines et matières premières (pétrole inclus) en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

14 Dans le tableau 7, nous comptabilisons seulement le pétrole. La tendance observée dans le tableau 6 est alors encore plus accentuée. Comme les États-Unis, la Chine a une position plus importante sur le pétrole que sur les ressources naturelles dans leur ensemble. Sans égaler le leader américain incontestable en la matière, la Chine a nettement augmenté sa part, à quasi égalité avec l’Europe à 15 en 2005. Et avec la très forte croissance de la production industrielle chinoise en 2006 et en 2007, la part de la Chine dans les exportations africaines de pétrole a dépassé celle de l’Union européenne ces toutes dernières années.

Tableau 7

Poids des principaux importateurs du pétrole en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)

2000 2001 2002 2003 2004 2005
Chine 12,7 10,3 13,2 15,2 21,6 19,6
UE (15) 26,3 31,5 32,0 25,5 17,5 21,2
- France 5,6 8,0 8,4 6,2 4,2 5,1
- R.-U. 0,4 0,6 0,4 0,2 0,7 0,7
- Allemagne 2,3 3,3 3,9 2,4 0,7 1,4
États-Unis 61,0 58,2 54,7 59,3 60,9 59,2
figure im7

Poids des principaux importateurs du pétrole en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

15 Dans les tableaux 8 et 9, nous avons calculé les importations de produits manufacturés et agricoles en provenance de l’Afrique pour nous rendre compte du lien évident entre la pauvreté et l’insuffisance du développement de ces secteurs.

16 Le tableau 8 montre les parts des trois partenaires dans les importations de produits manufacturés. L’Europe est la principale importatrice des produits africains, loin devant les États-Unis. À l’autre extrême, la Chine, importante exportatrice de produits manufacturés, a logiquement une part négligeable dans les exportations africaines de ces mêmes produits. En utilisant les données les plus récentes de l’UNCTAD (2008b), en 2006, on s’aperçoit que les parts de l’UE (à 20), des États-Unis et de la Chine dans les exportations de produits manufacturés africains ont été respectivement de 83 %, 14,5 % et 2,5 %. Nous observons donc la même tendance.

Tableau 8

Poids des principaux importateurs de produits manufacturés en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)

2000 2001 2002 2003 2004 2005
Chine 1,9 2,2 1,6 2,3 2,6 2,6
UE (15) 72,0 69,4 68,4 66,1 66,2 69,9
- France 12,7 12,3 12,5 12,0 11,1 10,6
- R.-U. 15,2 14,6 16,8 14,9 15,0 14,5
- Allemagne 20,1 21,3 20,0 19,1 16,1 16,7
États-Unis 26,1 28,4 30,0 31,7 31,2 27,4
figure im8

Poids des principaux importateurs de produits manufacturés en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

17 Nous examinons ensuite le secteur agricole (tableau 9), car les exportations de produits agricoles par l’Afrique subsaharienne sont quantitativement plus importantes que celles de produits manufacturés. Nous constatons alors que la perte de la part de l’Union européenne a été principalement compensée par l’augmentation de celle de la Chine, tandis que celle des États-Unis reste relativement stable. Mais, même si sa part a diminué, l’Europe reste de loin la principale importatrice des produits agricoles africains.

Tableau 9

Poids des principaux importateurs de produits agricoles en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)

2000 2001 2002 2003 2004 2005
Chine 4,9 4,9 5,5 6,6 8,3 9,1
UE (15) 86,2 86,8 86,2 85,2 83,5 80,8
- France 15,2 15,4 15,6 15,2 14,7 13,3
- R.-U. 15,4 16,6 17,0 15,6 16,4 15,1
- Allemagne 12,4 11,7 11,5 11,4 11,5 11,1
États-Unis 8,9 8,3 8,3 8,2 8,2 10,1
figure im9

Poids des principaux importateurs de produits agricoles en provenance de l’Afrique subsaharienne (en %)



Comtrade Database des Nations unies.

L’investissement direct étranger

18 De 2003 à 2007, l’Afrique a accueilli respectivement 18,5, 17,2, 30,7, 36 et 53 milliards de dollars américains au titre de l’Investissement direct étranger (IDE). Le montant d’IDE en stock à la fin 1990, 2000 et 2007 a été respectivement de 58, 151 et 393 milliards de dollars américains (UNCTAD 2006a, 2007, 2008a). L’IDE en Afrique ne représente que 3 % du total de l’IDE mondial.

19 Il y a peu de chiffres détaillés disponibles sur les origines de l’IDE en Afrique pour les années récentes. UNCTAD (2008a) indique simplement l’Europe (notamment la France et la Suisse) comme principal investisseur et les États-Unis n’ont été mentionnés comme principal investisseur que dans UNCTAD (2005).

20 Avec les chiffres publiés dans le rapport de 2002, nous pouvons avoir une idée approximative sur les provenances de l’IDE africain sur la base de statistiques entre 1991 et 2000. Pendant cette période, l’Afrique a accueilli au total 32 milliards de dollars américains en IDE.

Tableau 10

Les provenances de l’IDE en Afrique 1991-2000

Montant (millions US$) Part (%)
Union Européenne 20 926 66,2 %
- France 6 428 20,3 %
- Royaume-Uni 5 645 17,8 %
- Allemagne 2 877 9,1 %
États-Unis 9 527 30,1 %
Total 31 634 100 %
figure im10

Les provenances de l’IDE en Afrique 1991-2000


UNCTAD, World Investment Report 2002.

21 Dans le tableau 10, nous voyons que, pendant cette période, l’Union européenne et les États-Unis totalisaient plus de 96 % de l’IDE reçu par l’Afrique. Parmi les pays européens, la France et le Royaume-Uni sont les deux plus gros investisseurs sur le continent.

22 Depuis 2000, l’un des phénomènes les plus marquants est la présence d’investissements directs chinois en Afrique. Nous ne disposons pas de chiffres avant 2003, car la Chine a commencé à publier les données sur l’investissement direct vers les pays étrangers seulement à partir de 2004 pour les chiffres de 2003. Ainsi, à partir des chiffres officiels chinois, mais aussi de ceux publiés par UNCTAD, nous avons pu mettre en évidence l’importance relative de l’IDE chinois en Afrique (voir tableau 11).

23 Il est vrai que l’IDE chinois a rapidement progressé ces dernières années. Mais même avec le progrès significatif des trois dernières années, la part des investissements directs en Afrique dans le total de l’IDE chinois a été de 5,9 % en 2007. Cette part était seulement légèrement supérieure à celle de 2004, du fait que la hausse de l’IDE en Afrique était nettement inférieure à celle de l’IDE chinois dans son ensemble. La part de l’IDE chinois dans le total de l’IDE reçu par l’Afrique est également très faible. De plus, en raison d’une augmentation exceptionnelle du montant de l’IDE reçu par l’Afrique en 2005, la part de la Chine a diminué de 1,8 % en 2004 à 1,3 % en 2005. Au niveau des stocks, la part de l’IDE chinois vers l’Afrique s’est significativement accrue en 2007 et a atteint 3,8 %.

Tableau 11

L’IDE de la Chine vers l’Afrique (en millions de dollars américains)

Flux % dans le total % dans le total de l’IDE Stocks % dans le total
de l’IDE chinois reçu par l’Afrique de l’IDE chinois
2003 74,8 2,6 % 0,4 % 491,2 2,1 %
2004 317,4 5,8 % 1,8 % 899,6 2,0 %
2005 391,7 3,2 % 1,3 % 1595,3 2,8 %
2006 519,9 2,5 % 1,4 % 2556,8 2,8 %
2007 1574,3 5,9 % 3 % 4461,8 3,8 %
figure im11

L’IDE de la Chine vers l’Afrique (en millions de dollars américains)



Ministère du Commerce chinois, 2007, 2006, 2005, 2004 ; UNCTAD, 2006a, 2007,2008a.

24 L’information sur la répartition sectorielle de l’IDE chinois en Afrique n’est pas disponible. Selon le ministère du Commerce chinois, en 2007, 15 % de l’IDE chinois seulement a été effectué dans le secteur de l’exploitation des ressources naturelles (33 % en 2004). Mais la part dans ce secteur devrait être plus importante dans les investissements directs chinois vers l’Afrique. Un moyen pour mesurer la répartition sectorielle de l’IDE en Afrique est de voir sa répartition par pays (cf. tableau 12). Il est alors clair que l’IDE chinois est orienté vers les pays dotés de ressources naturelles.

Tableau 12

Les principales destinations de l’IDE chinois en Afrique (en millions de dollars américains)

Flux 2007 Stock fin 2007
1e Afrique du Sud 454 1e Algérie 934
2e Nigeria 390 2e Afrique du Sud 702
3e Algérie 146 3e Nigeria 630
4e Zambie 119 4e Soudan 575
5e Niger 101 5e Zambie 429
6e Soudan 65 6e Niger 135
7e R. D. Congo 57 7e Égypte 132
8e Lybie 42 8e Maurice 116
9e Angola 41 9e Tanzanie 111
10e Egypte 25 10e Ethiopie 109
figure im12

Les principales destinations de l’IDE chinois en Afrique (en millions de dollars américains)



Ministre du Commerce de Chine R. P., 2007.

25 Ainsi, au niveau de l’IDE en flux, parmi les dix pays africains qui accueillent l’essentiel de l’IDE chinois (plus de 80 %), tous sont des pays riches en ressources naturelles. Et c’est la même chose au niveau de l’IDE en stocks : les dix pays qui accueillent le plus d’IDE chinois sont aussi des pays riches en ressources naturelles. On peut ainsi estimer qu’au moins 70 à 80 % de l’IDE chinois en Afrique est effectué dans le secteur des mines. Un autre type d’opérations importantes de la part de la Chine est le renforcement du contrôle des ressources naturelles via les participations dans des banques africaines (FMI, 2008).

L’aide

26 L’aide à l’Afrique est un aspect important pour mesurer la présence d’un pays sur le continent. Sur ce sujet, nous n’avons également que des informations partielles.

27 Selon l’UNCTAD (2006b), depuis 1960, près de 580 milliards de dollars américains d’aide au développement ont été donnés à l’Afrique. D’après l’Union européenne (2005), en 2003, 15 milliards d’euros, soit 60 % de l’Aide publique pour le développement (APD) vers l’Afrique, ont été donnés par les pays de l’Union européenne. Les États-Unis sont également un donateur important en Afrique. Le tableau 13 présente les informations fournies par l’OCDE sur les origines de l’APD sur la période 2000-2007.

Tableau 13

L’APD des États-Unis et de l’Europe en Afrique, 2000-2007 (en milliards de dollars américains)

En Mds US$ 2000 2003 2004 2005 2006 2007
États-Unis 2,6 5,1 4,2 4,4 5,8 5,0
UE 6,9 12,0 12,7 16,9 20,9 15,2
- France 2,1 3,6 3,7 4,6 5,2 3,6
- Royaume-Uni 1,2 1,5 2,4 3,8 5,5 2,5
- Allemagne 0,8 2,1 1,4 2,7 3,5 2,4
Total donateurs 18,9 27,1 29,5 35,5 43,5 38,6
En %
États-Unis 13,8 % 18,8 % 14,2 % 12,4 % 13,3 % 13,0 %
UE 36,5 % 44,3 % 43,1 % 47,6 % 48,0 % 39,4 %
- France 11,1 % 13,3 % 12,5 % 13,0 % 12,0 % 9,3 %
- Royaume-Uni 6,3 % 5,5 % 8,1 % 10,7 % 12,6 % 6,5 %
- Allemagne 4,2 % 7,7 % 4,7 % 7,6 % 8,0 % 6,2 %
Total donateurs 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %
figure im13

L’APD des États-Unis et de l’Europe en Afrique, 2000-2007 (en milliards de dollars américains)



OCDE statistique, http://stats.oecd.org

28 Nous constatons que l’Union européenne donne 3 à 4 fois plus que les États-Unis. Les deux puissances assurent une part de plus en plus élevée du montant reçu par l’Afrique (de 50 % en 2000 à 61 % en 2006). Cette part a toutefois été ramenée en 2007 au niveau de 2000.

29 Récemment, il y a eu beaucoup de débats sur l’efficacité de l’aide traditionnelle au développement, et l’aide sous d’autres formes, notamment en provenance des autres pays du Sud, attire l’attention (cf. UNCTAD, 2008a). L’aide financière de la Chine à l’Afrique est difficilement comparable à l’APD, mais celle-ci avait commencé dès l’époque de Mao. Mis à part les dons utilisés principalement pour aider à réaliser des projets sociaux : hôpitaux, écoles, etc., les pays africains bénéficient souvent d’emprunts sans intérêts [2] ou à intérêts préférentiels, mais doivent confier la réalisation des projets aux Chinois (Guérin, 2008). Les Annuaires statistiques chinois publient les montants des opérations de ce genre réalisées en Afrique (projets de contrats réalisés, services de travail et consultations de bureaux d’étude, etc.). Le tableau 14 montre clairement une tendance croissante, en particulier une accélération entre 2005 et 2007.

Tableau 14

L’aide chinoise à l’Afrique 1998-2007 (en millions de dollars américains)

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Montant 201,9 203,6 128,7 175,2 202,3 283,3 402 627,4 954,9 1269,5
figure im14

L’aide chinoise à l’Afrique 1998-2007 (en millions de dollars américains)


Chinese Annual Statistic Yearbooks 1999-2008.

30 Selon une source officielle [3], la Chine a annulé 16 milliards de yuans (soit 2 milliards de dollars américains) de dettes pour les pays en voie de développement, dont la plupart sont des pays africains.

LES IMPLICATIONS POUR LE DÉVELOPPEMENT AFRICAIN

31 Nous avons évalué quantitativement l’évolution des positions économiques de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine en Afrique depuis 2000. Nous observons une tendance à l’affaiblissement de la position économique de l’Europe en Afrique, au profit de celles des États-Unis et de la Chine, même si l’Europe reste toujours le premier partenaire de l’Afrique. La progression rapide des États-Unis et de la Chine, plus en Afrique subsaharienne qu’en Afrique du Nord, est largement motivée par leur accès aux ressources naturelles. La Chine, qui est la championne au niveau de la rapidité du renforcement de sa position, a, en plus, l’objectif de vendre au marché africain ses produits manufacturés à forte intensité de main-d’œuvre, mais sa part de marché, sauf pour quelques secteurs spécifiques (comme le textile, par exemple), est pour l’instant loin d’être dominante.

32 Tout cela nous conduit à poser la question de l’importance du continent africain pour les grandes puissances économiques et de l’impact de l’évolution de leurs positions sur le développement africain. Nous présentons ici quelques axes de réflexion sur ce sujet.

Les enjeux géopolitiques du continent africain

33 Les relations entre la Chine et le continent africain sont anciennes. Au XVe siècle, la Chine, grande puissance maritime à l’époque, entreprit des expéditions maritimes d’envergure. L’amiral Zheng He prit la tête d’une armada de 300 navires et partit vers l’Ouest. Il parvint jusque sur les côtes de la Somalie, du Kenya et de Zanzibar. Des pièces de céramiques chinoises ont été retrouvées dans les ruines du Grand Zanzibar, témoignage des relations commerciales suivies entre l’Afrique de l’Est et la Chine.

34 Au milieu du XXe siècle, avec l’arrivée des communistes au pouvoir, les relations sino-africaines prirent une dimension essentiellement politique. Avec l’accession à l’indépendance des anciennes colonies européennes, la Chine est souvent sollicitée pour fournir aide financière et militaire. En contrepartie, elle a obtenu le siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies avec l’appui des pays africains.

35 Dans les années 1980-1990, la Chine s’est détournée de l’Afrique pour se concentrer sur son propre développement. Mais à partir du milieu des années 1990, les Chinois reviennent et investissent massivement en Afrique. La Chine s’implique également dans la création d’institutions sino-africaines. Le Forum de coopération Chine-Afrique s’est tenu pour la première fois en 2000 et réunit depuis lors tous les trois ans chefs d’État et entrepreneurs. Les visites officielles s’enchaînent. Après une tournée du Président Hu Jintao en 2004, le ministre chinois des Affaires étrangères a effectué une tournée africaine en janvier 2006 qui l’a conduit du Cap-Vert à la Libye. La Chine a également manifesté sa volonté de resserrer davantage ses liens avec l’Afrique en publiant un document établissant les bases d’un « nouveau type de partenariat stratégique ». Dans sa politique africaine, le gouvernement chinois met l’accent sur le partenariat « gagnant-gagnant », met en avant les relations égalitaires et en profite ainsi pour dénoncer les politiques africaines des Occidentaux. En novembre 2006, le dernier Forum de coopération Chine-Afrique a réuni plus de 30 chefs d’État ou de gouvernement africains et a fortement marqué le rapport de force entre la Chine et les pays développés dans leurs relations avec l’Afrique.

36 Aujourd’hui, la Chine est présente dans 49 pays africains à travers plus de 800 entreprises multinationales. On estime à 130 000 le nombre de Chinois présents en Afrique, mais ce chiffre doit être en deçà de la réalité. Une aide accrue vient renforcer cette stratégie économique : la Chine accorde 45 % de son aide au développement à l’Afrique, à travers des dons et prêts concessionnels, des annulations de dettes, des mesures commerciales préférentielles, de l’assistance technique, de l’aide alimentaire...

37 Mais si les effets commerciaux sont les plus visibles, notamment dans les pays riches en pétrole et en ressources naturelles, l’impact de la présence chinoise en Afrique est profondément politique. La coopération chinoise offre aux Africains des opportunités d’autant plus attirantes que Pékin prône la non-ingérence et un ordre international différent, non hégémonique, récusant le terme même de donateur qui implique une relation entre « riche qui donne » et « pauvre qui reçoit ». Devant la satisfaction africaine d’une aide déconnectée de toutes conditions politiques, les responsables occidentaux, eux, valorisent leurs politiques et instruments d’aide en invoquant la désinvolture de la Chine à l’égard des standards minimaux de démocratie et de respect des droits humains. Il est vrai que l’Angola, le Soudan et la Guinée équatoriale se comptent parmi les alliés de Pékin qui n’hésite pas à leur fournir armes et matériels militaires, voire à les protéger des critiques de la communauté internationale en ouvrant le parapluie de « l’inaliénable souveraineté des États ».

38 Les échanges politiques et économiques entre la Chine et l’Afrique témoignent du dynamisme de l’économie chinoise. L’Afrique a enregistré, ces dernières années, la plus forte croissance économique de ces deux dernières décennies, avec un taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 5,5 % en 2006, 6 % en 2007 et 5,1 % en 2008 selon un rapport de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique et l’Union africaine [4]. Ce sera en partie grâce aux investissements réalisés par la Chine. Mais cela n’est pas sans poser de problèmes sur le long terme. Il sera difficile pour la Chine de vouloir s’imposer comme un acteur sur la scène mondiale si elle contourne les règles internationales dans ses relations avec l’Afrique. Mais aujourd’hui la Chine est devenue un partenaire majeur, concurrençant ainsi les anciennes puissances coloniales et les États-Unis.

La Chine sera-t-elle le « sauveur » de l’Afrique ?

39 Le renforcement de la position chinoise en Afrique a suscité de nouveaux espoirs sur l’avenir de l’Afrique. C’est l’un des sujets les plus à la mode : voir par exemple Banque mondiale (Broadman, 2007), OCDE (2006), UNCTAD (2006b, 2008a, sur la vertu de l’investissement direct de type sud-sud), pour ne citer que les études les plus importantes sur le sujet.

40 Plusieurs raisons peuvent expliquer cet espoir. D’abord, l’échange et l’investissement sud-sud étant caractérisés par des niveaux de savoir-faire et de technologie relativement proches, l’effet de spillover devrait être plus important par rapport à ceux des échanges nord-sud, d’autant plus que la Chine et l’Afrique sont toutes deux caractérisées par l’abondance de main-d’œuvre (donc la compatibilité technologique est élevée). Ensuite, il est naturel de penser qu’au fur et à mesure du développement des pays émergents comme la Chine, leurs coûts de main-d’œuvre vont augmenter, et ce sera alors au tour de l’Afrique de bénéficier des opportunités données par une main-d’œuvre bon marché, comme l’ont préconisé les modèles de l’économie géographique nord-sud (Krugman, Venables, 1995). Troisièmement, le point commun entre la Chine et l’Afrique étant cette richesse en main-d’œuvre, si la Chine a réussi à sortir de la pauvreté en développant les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, les pays africains pourraient poursuivre ce modèle en espérant avoir le même résultat. Enfin, depuis 2000, l’augmentation des échanges et des investissements entre la Chine et d’autres pays émergents d’une part, et les pays africains d’autre part, est spectaculaire. On peut même dire que, au moins en partie grâce aux échanges avec la Chine, les pays africains ont connu, depuis plusieurs années, un taux de croissance élevé et continu (5 % par an en moyenne entre 2002 et 2008), ce qui est rare dans leur histoire. Avec ce dynamisme, il y a vraiment des raisons de croire que, désormais, l’Afrique fera partie de la frontière nouvelle des pays émergents et que la croissance rapide de ces derniers va s’étendre de façon permanente à l’Afrique. C’en serait donc terminé de 50 ans de stagnation en Afrique ?

41 Cet enthousiasme sur la Chine est en particulier observé du côté des pays africains. Devant les critiques sur le capitalisme prédateur, le manque de transparence et le soutien aux régimes autoritaires de la présence chinoise en Afrique, African Developement Bank (2007) a avancé qu’« il semble que la critique de la Chine traduise davantage la crainte de perdre ses propres intérêts qu’un véritable intérêt pour la population africaine. Bien sûr, cela ne disculpe pas l’actuelle offensive chinoise et ses répercussions potentiellement dommageables. D’après les bilans que l’on peut commencer à dresser de l’intervention chinoise, la majorité des populations africaines devraient en tirer profit ».

42 Ces raisonnements sont-ils justifiés ? Pour notre part, nous jugeons qu’ils sont un peu trop rapides et optimistes, car nous pensons qu’il pourrait exister un profond conflit d’intérêts entre la Chine et l’Afrique.

43 La difficulté fondamentale du développement africain peut se résumer au problème du « missing middle » : d’une part, il y a un petit nombre de gens travaillant dans quelques grandes entreprises, souvent filiales des multinationales, ou dans les organisations gouvernementales ou internationales ; d’autre part, la grande majorité des travailleurs restent dans l’agriculture dans les régions rurales ou dans les secteurs informels des zones urbaines avec un salaire extrêmement bas. Il manque un intermédiaire entre ces deux extrêmes, c’est-à-dire une couche de la population travaillant dans des petites et moyennes entreprises avec un revenu convenable. UNCTAD (2001) a souligné ce problème et l’a considéré comme la cause principale de la pauvreté. Selon les Nations unies (2005), 65 % de la population active est dans l’agriculture. Parmi les 35 % qui restent, 70 % (soit 25 % du total) se trouvent dans le secteur informel en Afrique subsaharienne et 62 % (22 % du total) en Afrique du Nord. Pour réduire la pauvreté, il est primordial de faire passer le secteur agricole de l’autosuffisance au commerce national et international d’une part, et les micro-entreprises informelles en petites et moyennes entreprises formelles d’autre part. La Banque mondiale (2008) a affirmé que la clé pour réduire la pauvreté de l’Afrique serait de développer son agriculture et ses industries manufacturières au service de l’agriculture, car c’est là que se situe l’avantage comparatif de l’Afrique. Afin de créer plus d’emplois avec des revenus convenables, la création d’entreprises à forte intensité de main-d’œuvre s’impose donc [5].

44 Si l’intérêt de l’Afrique est de développer des secteurs d’activité à forte intensité de main-d’œuvre, est-ce également l’intérêt de la Chine ? Autrement dit, la Chine a-t-elle intérêt à promouvoir les industries à forte intensité de main-d’œuvre en Afrique ? La réponse est plutôt négative.

45 D’une part, en Chine, les centaines de millions de travailleurs ruraux représentent 60 % du total de la force de travail nationale. Malgré le développement spectaculaire des entreprises installées dans les campagnes, qui ont absorbé une part importante de ces travailleurs (188 millions en 2005), la main-d’œuvre rurale reste largement excédentaire par rapport aux terres arables. De plus, et malgré sa forte croissance, la Chine connaît des inégalités de plus en plus marquées, à la fois entre les régions urbaines et rurales mais aussi entre les provinces côtières et celles de l’intérieur. De ce fait, la Chine possède un réservoir de main-d’œuvre bon marché suffisamment important pour lui permettre de maintenir pendant encore longtemps sa compétitivité dans le monde.

46 D’autre part, en raison du manque de certaines ressources naturelles nécessaires, l’objectif primordial de la présence chinoise en Afrique ne peut qu’être l’accès aux ressources naturelles. Il semble alors que la Chine a largement intérêt à investir dans le domaine de l’exploitation des ressources, mais que par contre elle a peu d’intérêt à investir pour produire et puis vendre sur place, simplement parce que produire en Chine pour exporter ensuite vers l’Afrique reste plus avantageux.

47 Or, lorsque l’investissement se porte essentiellement sur l’exploitation des ressources, il suffit de s’appuyer sur une technologie à forte intensité de capital. Les équipements étant importés et les techniciens expatriés, il y aura peu d’effets de « spillover ». C’est là le problème de fond des investissements chinois en Afrique. Gelb (2005) a distingué entre les investissements à la recherche de marchés et ceux à la recherche de ressources (market-seeking and resource-seeking investment). Pour lui, c’est seulement lorsque l’investissement vise le marché local, afin d’adapter les conditions liées à la demande de la consommation, à la qualification des travailleurs et à la capacité technologique, qu’il y a un impact de « spillover » plus fort.

48 Il y a certainement des domaines de complémentarité importante dans lesquels le commerce et l’investissement entre la Chine et l’Afrique peuvent donner des effets très positifs sur le développement africain. Mais l’ampleur de ces effets dépend à la fois de la volonté de la Chine d’aider l’Afrique et de la politique commerciale et industrielle des gouvernements africains.

49 En Afrique, les secteurs qui sont en même temps à forte intensité de main-d’œuvre et à intensité de chaînage sont des secteurs manufacturiers liés à l’agriculture. Dans ces domaines, la complémentarité est importante, même entre la Chine et l’Afrique. La Deutsche Bank (2006) prévoit une croissance considérable jusqu’en 2020 des importations chinoises de produits agricoles, notamment la viande, le coton et le bois, et juge que de nombreux pays africains possèdent des avantages comparatifs dans ces domaines.

50 L’autre secteur important pour des pays en voie de développement à la main-d’œuvre abondante est celui des services. Est-ce que l’importation massive de produits manufacturés chinois permet de créer suffisamment d’emplois dans les réseaux de distribution en Afrique ? Un autre secteur en rapport avec la Chine et générant des emplois locaux est celui du tourisme et de la restauration. Le marché africain possède un avantage comparatif au niveau des prix, mais au niveau des infrastructures, beaucoup d’efforts sont encore nécessaires.

51 Un autre domaine de complémentarité importante est la construction d’infrastructures. De nombreuses études montrent à quel point, en raison du manque d’infrastructures nécessaires, l’offre est incapable de s’adapter aux variations de la demande, en particulier celle provenant du marché international (par exemple, OCDE 2005-2006). La Chine est, elle, championne dans ce secteur, avec une technologie à forte intensité de main-d’œuvre et capable de réaliser des projets de construction à un prix imbattable. De plus elle est obligée de « produire sur place » en employant, au moins en partie, une main-d’œuvre locale. De ce fait, au vu de l’importance des chantiers en Afrique, il y aura certainement un impact important sur l’emploi direct dans le secteur et, indirectement, sur l’ensemble de l’économie et de l’emploi, du fait de l’amélioration des infrastructures.

52 Mais tous ces domaines de complémentarité à exploiter sont secondaires par rapport au conflit d’intérêts entre la Chine et l’Afrique : afin de sortir de la pauvreté, l’Afrique a besoin du développement d’industries à forte intensité de main-d’œuvre. Or, la Chine, outre les avantages comparatifs dont elle dispose, a non seulement besoin d’exporter ses produits « made in China » vers l’Afrique, mais a aussi la nécessité de le faire afin d’équilibrer sa balance commerciale vis-à-vis de l’Afrique, ses importations de ressources naturelles en provenance du continent étant grandissantes. Bref, le modèle chinois actuel en Afrique (investissements massifs dans l’exploitation des ressources naturelles, multiplication des projets de construction employant en grande partie une main-d’œuvre chinoise rapatriée, inondation des marchés par des produits « made in China ») pourra difficilement permettre un développement harmonieux et durable dans la région.

53 La crise économique que le monde entier connaît actuellement peut toutefois changer la donne. Certes, le premier effet de la crise sur l’Afrique a été la forte baisse des cours des matières premières et des ressources naturelles, ce qui a mis en difficulté certains pays africains. Mais, à plus long terme, la crise pourrait s’accompagner d’une intensification des échanges entre la Chine et l’Afrique (l’Afrique dans son ensemble et non seulement les pays africains producteurs et exportateurs du pétrole [6]) (Chaponnière, Jozan, 2008). Car, d’une part, la demande occidentale des matières premières africaines diminuant plus vite que la demande chinoise, la place de la Chine dans les exportations de l’Afrique augmentera, et, d’autre part, parce que le changement en cours du mode de développement chinois essentiellement basé sur les investissements publics et les exportations de produits bas de gamme très consommateurs de ressources naturelles vers celui plus basé sur la consommation des ménages et les exportations de produits de plus haut de gamme, pourra (re) donner une chance aux pays africains de s’insérer dans la division internationale du travail en privilégiant dans un premier temps le développement des secteurs intensifs en main-d’œuvre et consommateurs de ressources naturelles, bénéficiant ainsi de leur avantage comparatif.

La logique du marché, de la charité ou d’« apprendre à pêcher » ?

54 Après l’effondrement de l’Union soviétique, l’économie africaine a été principalement guidée par les politiques d’ajustements structurels fondées sur le principe du libéralisme, connues comme le « consensus de Washington », coordonné par le FMI et la Banque mondiale. Le résultat obtenu est assez décevant (cf. Banque mondiale 1998). Selon UNCTAD (2002), à partir de 1999, la réduction de la pauvreté est devenue l’objectif prioritaire des institutions financières internationales, et « cela marque un arrêt de leur mise de l’accent sur la correction des déséquilibres macroéconomiques et des distorsions du marché à travers la stabilisation et l’ajustement structurel ». La proposition récente de l’UNCTAD (2006b) est de « doubler l’aide et de mettre en marche le big push »  [7].

55 Ce changement de politique vis-à-vis de l’Afrique reflète un arbitrage entre deux logiques pour le développement africain. Ce sont deux logiques extrêmes et opposées : d’un côté la logique du marché, et de l’autre celle de la charité. Personne ne peut nier que sans le développement de l’économie de marché, l’Afrique ne pourra jamais sortir de la pauvreté. Mais, en même temps, notamment au vu des expériences d’ajustement structurel, une politique entièrement basée sur le « laisser-faire » ne peut pas non plus mener l’Afrique à la réussite. Par contre, la logique de la charité est fondée sur la justice, et non sur l’efficacité. Selon UNCTAD (2006b), la plupart des 580 milliards de dollars d’aide donnés à l’Afrique depuis 1960 ont été utilisés pour des secours. Ainsi, sur la période 1992-2004, 62 % de l’aide en Afrique est « sociale », et seulement 7 % à destination des infrastructures.

56 UNCTAD (2006b) a exprimé une forte volonté de surpasser ces deux logiques extrêmes : il ne suffit plus d’appliquer le principe du libre-échange ou celui de la maîtrise du budget de l’État. Il faut doubler l’aide, et surtout utiliser cette aide de façon plus efficace et plus productive afin de créer les conditions d’un « big push ».

57 C’est ce que nous appelons la logique d’« apprendre à pêcher », qui est un compromis entre la logique du marché et celle de la charité.

58 Appliquons cette idée dans le rapport entre les puissances économiques mondiales et l’Afrique : nous pouvons alors considérer la façon américaine ou chinoise de traiter avec les pays africains comme la logique du marché. Achetant au prix fort les ressources naturelles africaines, les États-Unis ne peuvent plus être qualifiés de nouveaux impérialistes ou de colonialistes, tandis que l’exportation massive du textile chinois est aussi fondée sur l’avantage comparatif, un principe fondamental du marché. Mais il est évident que sans certains mécanismes autres que ceux du marché, l’Afrique ne pourra jamais s’en sortir. Pour ces puissances économiques, « apprendre à pêcher » c’est aider l’Afrique à créer plus d’emplois convenables. Pour cela, elles ne doivent plus se contenter d’investir seulement dans les secteurs des mines et des matières premières, mais aussi dans les secteurs manufacturiers à forte intensité de main-d’œuvre. Par exemple, étant donné que la Chine est en train de tirer de plus en plus de profit des ressources naturelles africaines, serait-il totalement injustifié de lui demander de « céder » une partie de sa production manufacturière à l’Afrique ? Naturellement, on objectera que cela relève de décisions d’entreprises, non pas de l’État ou des organisations internationales. Mais n’oublions pas que de toute façon ces grandes puissances et ces organisations internationales donnent au titre de l’aide à l’Afrique une proportion croissante du PIB africain. Au lieu de les donner de façon charitable, pourquoi ne pas utiliser une partie importante de ces aides pour inciter ou même pour « subventionner » ces entreprises étrangères qui s’installent en Afrique afin de former sa propre capacité de production et de créer des emplois en Afrique ? Nous estimons qu’inciter financièrement les entreprises des pays émergents maîtrisant bien des technologies à forte intensité de main-d’œuvre aura un impact particulièrement positif et efficace pour le développement africain.

« À chacun selon les profits qu’il tire des ressources naturelles africaines » ?

59 Si les États-Unis et la Chine ont considérablement augmenté leurs importations de ressources naturelles africaines, ont-ils également fait un effort dans l’importation des produits manufacturés et agricoles africains ? Nous considérons qu’une manière importante de favoriser le développement africain, notamment par l’augmentation des emplois dans des secteurs formels à revenu convenable, point-clé souligné par les Nations unies (2005) pour la réduction de la pauvreté africaine, est de stimuler le développement de ces secteurs via, entre autres, l’importation des produits issus de ceux-ci, car la commercialisation nationale et surtout internationale de ces produits à forte intensité de main-d’œuvre est la source la plus importante de création d’emplois plus qualifiés.

60 Or, nous constatons, de la part des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne, une disproportion entre leurs importations de ressources naturelles africaines et celles de produits manufacturés et agricoles africains.

61 Pour les États-Unis et la Chine, la part de l’importation des ressources naturelles est largement supérieure à celle des produits manufacturés et agricoles. Par contre, les pays européens importent une part beaucoup plus importante de produits manufacturés et agricoles que de ressources naturelles. Selon l’Union européenne (2005), en 2004, 85 % du coton, des fruits et légumes importés par les pays de l’Union provenaient de l’Afrique.

62 Il semble qu’il n’est pas totalement injustifié d’exiger une correspondance entre l’importation des ressources naturelles et celle des produits à forte intensité de main-d’œuvre de la part des principaux partenaires économiques des pays africains. C’est ce que nous appelons le principe de « à chacun selon les profits qu’il tire des ressources naturelles africaines », même si la condition de réalisation de ce principe reste à préciser. Une autre façon d’appliquer ce principe de correspondance est d’investir directement dans ces secteurs.

Tableau 15

Parts des importations des ressources naturelles et de produits manufacturiers et agricoles en provenance de l’Afrique subsaharienne en 2005

Ressources naturelles Produits manufacturiers et
agricoles
Chine 17,1 % 6,6 %
UE (15) 36,9 % 76,6 %
- France 4,9 % 12,2 %
- R.-U. 8,1 % 13,3 %
- Allemagne 3,6 % 14,9 %
États-Unis 46,0 % 16,8 %
figure im15

Parts des importations des ressources naturelles et de produits manufacturiers et agricoles en provenance de l’Afrique subsaharienne en 2005



(La somme de l’Union Européenne, des États-Unis et de la Chine est de 100%).

63 Un autre argument qui appuie ce principe est que si les exportations africaines sont composées essentiellement des ressources naturelles et des matières premières, la croissance de ces exploitations va entraîner l’épuisement accéléré de ressources naturelles non renouvelables. Cela veut dire que l’Afrique est en train de répéter, mais de façon accélérée, le chemin qu’elle a suivi depuis sa colonisation. L’augmentation des exportations africaines de ressources naturelles n’est donc pas a priori une bonne chose à plus long terme. Dans cette optique, la solution ne peut qu’être l’accroissement de la part des produits manufacturés et agricoles dans les exportations.

CONCLUSION

64 Dans cette étude, nous avons évalué l’évolution des positions de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine en Afrique au niveau des échanges commerciaux, de l’IDE et de l’aide depuis 1999. Nous observons une croissance spectaculaire de la présence chinoise en Afrique. Nous constatons aussi une avancée significative des États-Unis dans cette région. Cependant, l’Europe occupe toujours une position dominante, en particulier en Afrique du Nord.

65 En analysant plus en détail cette évolution, nous constatons que le renforcement de la présence de la Chine et des États-Unis a été essentiellement motivé par l’accès aux ressources naturelles africaines. Mais les préoccupations politiques, notamment de la part de la Chine, ne sont pas à négliger. L’Afrique a en réalité une importance accrue pour la Chine, à la fois sur le plan géopolitique et économique.

66 Nous avons ensuite analysé l’implication de l’évolution des positions de ces puissances économiques pour le développement africain. Et nous pouvons en tirer trois conclusions.

67 Premièrement, l’impact positif de la présence chinoise sur le développement africain sera limité à plus long terme en raison d’un profond conflit d’intérêts entre la Chine et l’Afrique : elles dépendent toutes les deux d’une technologie à forte intensité de main-d’œuvre afin de résoudre leurs problèmes de surpopulation.

68 Deuxièmement, traiter avec l’Afrique uniquement dans une logique de marché ou de charité n’est jamais suffisant pour promouvoir le développement africain. « Apprendre à pêcher » consisterait plutôt à encourager financièrement, éventuellement en utilisant une partie importante des fonds de l’aide, les investissements directs, en particulier ceux des pays émergents maîtrisant bien les technologies à forte intensité de main-d’œuvre, afin d’augmenter la capacité de production africaine dans le domaine des activités manufacturières et agricoles et de créer des emplois aux revenus convenables.

69 Enfin, nous proposons l’application du principe de ce que nous appelons « à chacun selon les profits qu’il tire des ressources naturelles africaines », selon lequel les pays qui exploitent davantage des ressources naturelles africaines doivent faire plus d’efforts pour importer les produits manufacturés et agricoles africains et investir dans les secteurs concernés afin d’accroître la capacité de production africaine dans ces secteurs.

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Mots-clés éditeurs : matières premières, investissement direct étranger, Chine-Afrique, position en Afrique, aide au développement

Date de mise en ligne : 29/03/2010

https://doi.org/10.3917/rtm.201.0193

Notes

  • [*]
    Les auteurs remercient sincèrement M. Blaise Thierrée, directeur de l’Institut Confucius de Bretagne, d’avoir assuré la remise en forme de l’article.
  • [**]
    Chargé de recherche, CERDI, CNRS-Université de Clermont-Ferrand, yong.he@cerdi.u-clermont1.fr
  • [***]
    Maître de Conférences, CREM, CNRS-Université de Rennes 1, yunnan.shi@univ-rennes1.fr
  • [1]
    Pour les échanges commerciaux, sauf indication contraire, nous considérons uniquement l’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud incluse), les données sur les pays de l’Afrique du Nord n’étant pas disponibles.
  • [2]
    Ces prêts ne sont pas forcément remboursés, car la plupart des dettes sont annulées par le gouvernement chinois.
  • [3]
    Quotidien du peuple (édition étrangère), le 30/01/2007.
  • [4]
    Ce taux pourrait, toutefois, baisser à 2 % en 2009.
  • [5]
    Une bonne preuve du problème du « missing middle » est que, selon les Nations unies (2005, p. 70), malgré le fait que depuis plusieurs années les pays africains ont connu un taux de croissance en moyenne de près de 5 % par an, cette performance n’a pas eu un effet significatif sur la réduction de la pauvreté parce que la croissance n’a pas permis de générer des emplois. Tout comme Mazumdar (2001) l’a estimé, la croissance tend à être plus équitable lorsque les petites et moyennes entreprises sont fortes et ont un impact plus fort sur la réduction de la pauvreté.
  • [6]
    La visite du Président chinois Hu Jintao au Mali, au Sénégal, en Tanzanie et sur l’Ile Maurice en février 2009 a démontré que la Chine ne s’intéressait pas uniquement aux pays exportateurs de matières premières.
  • [7]
    L’investissement dans l’industrialisation simultanée de nombreux secteurs peut être durable et profitable, alors qu’investir sur un seul secteur engendre des pertes. Un tel « big push » peut transformer un « mauvais » équilibre (sous-développement) en « bon » équilibre (industrialisation) (Rosenstein-Rodan, 1961 ; Murphy, Shleifer, Vishny, 1989).

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