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Article de revue

Processus familiaux à l’œuvre dans la coparentalité après la séparation conjugale

Quand la famille d’origine se mêle…

Pages 301 à 322

Notes

  • [1]
    Voir notre article précédent (Stolnicu et Hendrick, 2017, 2019) dans cette revue pour plus de détails à propos de l’analyse phénoménologique interprétative (IPA).

Introduction

1Le présent article fait partie d’une recherche plus vaste visant la compréhension de l’émergence d’une relation coparentale satisfaisante après la séparation conjugale. Notre objectif est d’aboutir à des pistes d’intervention auprès des familles séparées en situation de coparentalité hautement conflictuelle. En essayant de répondre à notre question de recherche « Comment les parents séparés ainsi que leurs enfants expliquent-ils la “bonne entente” au sein de la relation coparentale ? », nos études précédentes ont abouti à une conceptualisation de la coparentalité satisfaisante postséparation conjugale tant du point de vue de parents séparés (Stolnicu et Hendrick, 2017) que du point de vue des enfants (Stolnicu et Hendrick, 2019). Ici, nous allons nous centrer sur une question plus spécifique concernant « le rôle de la famille d’origine dans la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale ». Nous espérons ainsi contribuer à une meilleure compréhension des processus familiaux à l’œuvre dans la coparentalité postséparation.

2Henderson, Hayslip, Sanders et Louden (2009) soulignent l’importance d’étudier la séparation parentale dans une perspective intergénérationnelle. Les membres de la famille, autres que les parents, constituent souvent une source précieuse de soutien social pour les enfants, pendant les périodes de stress familial. Lorsque les familles sont stressées, les grands-parents peuvent être appelés à fournir soutien et stabilité à leurs enfants adultes ainsi qu’à leurs petits-enfants. Cela peut amener les grands-parents à s’impliquer davantage en assumant de nouveaux rôles et responsabilités (Lussier, Deater-Deckard, Dunn et Davies 2002). Par conséquent, les grands-parents apparaissent comme des figures de soutien potentiel après la séparation parentale. Dunifon et Bajracharya (2012) expliquent qu’en influençant les comportements parentaux, les grands-parents peuvent aider leurs petits-enfants. De la sorte, si les grands-parents fournissent des conseils et un soutien émotionnel aux parents, cela pourrait se traduire par une diminution du stress parental ou une amélioration de la santé émotionnelle des parents, ce qui pourrait aboutir à des résultats positifs chez les petits-enfants. Selon les mêmes auteurs, il est possible par contre que les grands-parents augmentent le stress au sein des familles si, par leur implication, ils interfèrent avec les comportements parentaux des parents ou les compromettent. Même si la littérature scientifique citée ci-dessus met en évidence l’influence des grands-parents sur l’adaptation des enfants dans ces moments de transition, elle reste très pauvre quant au rôle que la famille d’origine peut jouer dans la qualité de la coparentalité postséparation conjugale.

Méthodologie

Procédure

3Comme mentionnée ci-dessus, la présente étude fait partie d’une recherche plus large concernant la coparentalité après la séparation conjugale (Stolnicu, 2018). Nous avons interrogé seize parents issus de huit couples parentaux hétérosexuels qui estiment avoir négocié avec succès leur séparation conjugale. La séparation devait remonter à deux ans minimum et huit ans maximum au moment des interviews. De plus, chaque couple parental devait avoir un niveau d’alliance parentale élevé au Parenting Alliance Inventory – PAI (Abidin, Brunner, 1995). Les familles participantes ont été recrutées via des annonces diffusées à large échelle sur les réseaux sociaux ainsi qu’au travers des réseaux professionnels des auteurs.

4Dans chaque système parental participant à l’étude, nous avons d’abord contacté un des parents. Nous lui avons expliqué les buts de la recherche et nous lui avons demandé d’en informer l’autre parent afin de vérifier qu’ils pouvaient aboutir à un accord concernant leur participation (ceci constituant déjà un bon indice de leur niveau de collaboration).

5Après l’interview, chaque parent a rempli un autoquestionnaire d’alliance parentale (PAI) qui permet d’évaluer le degré d’engagement et de coopération parentale indépendamment de la situation du couple conjugal (Abidin et Brunner, 1995). Cette évaluation avait pour objectif de confirmer la présence d’un niveau d’alliance parentale élevé.

6Notre étude s’inscrit dans une démarche exploratoire. En corollaire, nous avons choisi une approche qualitative et inductive afin de mettre à jour des composantes et des processus inconnus mais qui ont favorisé une évolution positive de la coparentalité après la séparation conjugale. Nous avons utilisé l’analyse phénoménologique interprétative – IPA (Smith, Flowers, et Larkin, 2009) – qui permet l’exploration en profondeur de l’expérience vécue et du sens que les personnes [1] lui attribuent. L’IPA vise à mettre en évidence des patterns à travers l’ensemble des cas étudiés. Toutefois, c’est une méthode idiographique qui est attachée à l’étude détaillée de l’expérience de cas particuliers. Ainsi, notre étude précédente (Stolnicu et Hendrick, 2017) a mis en évidence des patterns récurrents pour l’ensemble de nos entretiens.

7Cependant, en accord avec la démarche idiographique de l’IPA, certains phénomènes singuliers, qui dévoilent des ressources et des difficultés spécifiques pour chaque famille, ont également émergé au cours de nos analyses. De la sorte, sur les huit équipes coparentales interviewées, deux ont particulièrement insisté sur « le rôle de la famille d’origine dans la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale ». Ainsi, en plus des patterns mentionnés dans l’article cité ci-dessous, l’analyse des entretiens réalisés avec les équipes coparentales D et G a mis en évidence des contextes familiaux spécifiques qui ont protégé la relation coparentale face aux difficultés résultant de la séparation.

8Afin de favoriser la compréhension de l’influence que les familles d’origine peuvent avoir sur la qualité de la relation coparentale, nous allons présenter ce phénomène spécifique en détail, à partir de l’analyse des entretiens réalisés avec les parents l’ayant vécu et rapporté. En nous focalisant toujours sur le particulier plutôt que sur l’universel, notre objectif est, rappelons-le, de montrer l’existence et la signification de certains phénomènes familiaux plutôt que leurs incidences.

Entretiens semi-structurés

9Nous avons réalisé avec chaque participant un entretien semi-structuré individuel à son domicile. Conformément à la méthode IPA, le guide d’entretien (tableau 1) a été utilisé de manière flexible. Les entretiens ont été enregistrés et retranscrits intégralement.

Tableau 1

Guide d’entretien

Comment avez-vous vécu l’histoire coparentale avant la séparation ?
Comment arriviez-vous à l’accord coparental avant la séparation ?
Comment avez-vous vécu la séparation ?
Comment arriviez-vous à l’accord coparental pendant la séparation ?
Comment avez-vous vécu la relation coparentale après la séparation ?
Comment arriviez-vous à l’accord coparental après la séparation ?

Guide d’entretien

Présentation détaillée des équipes coparentales D et G

Équipe coparentale D

10Le couple conjugal D s’est séparé après quinze ans de vie commune, leurs deux enfants étaient âgés de 10 ans et 15 mois. Au moment de l’interview, cela faisait sept ans que la séparation avait eu lieu, Mme D était en couple et M. D était célibataire.

11La décision de la séparation a été prise par madame. Elle a motivé sa décision par son désaccord avec le mode de vie de son ex-époux. Monsieur ne souhaitait pas la séparation conjugale. Une garde alternée a été mise en place.

12Les entretiens ont indiqué l’implication de la grand-mère maternelle dans la vie de ses petits-enfants. Une implication que nous pourrions décrire comme une forme de présence bienveillante auprès des enfants mais aussi contribuant au maintien d’un dialogue constructif entre les parents après la séparation.

13Pendant la vie commune du couple déjà, la grand-mère maternelle passait souvent des fins de semaine dans la maison familiale du couple D. Elle s’occupait des enfants du couple mais aussi des enfants des autres frères et sœurs de Mme D. Selon monsieur, ils ont « toujours été fort unis » avec la grand-mère maternelle. À la suite de la séparation conjugale madame et les enfants ont vécu, dans un premier temps, chez cette grand-mère maternelle avant de trouver un autre logement.

14Cette situation contraste néanmoins avec celle de la famille élargie du côté du papa. En effet, la relation entre Mme D et la grand-mère paternelle était plus distante. M. et Mme D expliquent que dès avant la séparation, cette grand-mère paternelle se montrait déjà assez critique à propos de la manière dont madame éduquait ses enfants. Le discours de M. D est resté assez sommaire quant aux liens avec sa propre famille d’origine.

Équipe coparentale G

15Le couple conjugal G s’est séparé après dix-huit ans de vie commune. Au moment de la séparation, leurs deux enfants avaient 9 et 6 ans. Lors des entretiens, cela faisait cinq ans que les parents étaient séparés, Mme G était en couple et M. G était célibataire.

16La décision de la séparation conjugale a été prise conjointement. Le couple coparental G évoque une extinction des sentiments amoureux. Une garde alternée a été mise en place.

17Les entretiens ont également révélé l’implication des grands-parents maternels dans la vie des petits-enfants. Les enfants n’ont pas été à la crèche. Les parents avaient choisi de les laisser en journée chez ces grands-parents. Plus tard, les grands-parents maternels allaient chercher les enfants à l’école et ils restaient avec eux jusqu’à ce que les parents fussent disponibles. L’implication des grands-parents maternels dans la vie des petits-enfants a été soulignée par les parents. Celle-ci a été vécue comme une ressource précieuse ayant facilité l’organisation familiale.

18L’implication des grands-parents paternels dans la vie des leurs petits enfants est restée plus occasionnelle. Déjà, pendant la relation du couple, les parents G étaient « au clair » avec le fait qu’ils ne pouvaient pas demander aux grands-parents paternels un soutien régulier concernant les enfants. D’après Mme G, M. G a accepté l’aide des grands-parents maternels parce qu’il n’avait « pas le choix » vu qu’« il lui fallait des solutions pour reprendre les enfants ».

Analyse des résultats

19Afin de favoriser la compréhension du rôle des familles d’origine dans la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale au regard des ressources et des difficultés spécifiques de chaque famille, nous allons présenter nos résultats pour chaque équipe coparentale.

20Nos analyses IPA concernant la famille D ont permis de dégager deux sous-thèmes (tableau 2).

Tableau 2

Influence de la famille d’origine – Équipe coparentale D

Sous-thèmes
1.Soutien de la grand-mère maternelle dans la reprise du dialogue interparental après la séparation conjugale
2.Préservation d’une relation soutenante intrafamiliale et d’une ambiance familial non conflictuelle (au moins de la part d’une des deux familles d’origine)

Influence de la famille d’origine – Équipe coparentale D

21Ces résultats indiquent que le rôle joué par la grand-mère maternelle semble avoir agi comme un facteur de protection de la coparentalité en amortissant le stress résultant du processus de séparation conjugale, ce facteur de protection semble avoir atténué les difficultés propres de chacune des familles. Ce processus s’explique notamment par le fait que le dialogue interparental a pu être soutenu par la grand-mère maternelle. Par ailleurs, monsieur n’a pas eu le sentiment d’être stigmatisé ou mis à l’écart par la séparation. Voyons ceci plus en détail.

Soutien de la grand-mère maternelle dans la reprise du dialogue interparental après la séparation conjugale

22L’analyse des témoignages des parents de l’équipe coparentale D, indique le rôle que la grand-mère maternelle eut en agissant favorablement sur la qualité de la coparentalité postséparation conjugale. L’attitude bienveillante de la grand-mère maternelle au regard de son ex-beau-fils a facilité la reprise du dialogue interparental. En effet, après la séparation conjugale, la grand-mère maternelle semble être restée neutre par rapport au conflit conjugal. De plus, elle a encouragé le père des enfants à continuer à faire partie de la famille.

23Par exemple, chaque fois que le père attendait les enfants dans la voiture, la grand-mère maternelle venait à sa rencontre et l’invitait à rentrer dans la maison. La constance de l’attitude bienveillante de la grand-mère maternelle au regard de son ex-beau-fils a fini par porter ses fruits. En effet, par son attitude, la grand-mère a facilité la reprise du dialogue interparental.

24La dimension temporelle du processus menant à une coparentalité satisfaisante apparaît ici dans la mesure où ce dialogue n’a repris que progressivement grâce à la constance de l’attitude neutre et bienveillante de la grand-mère. Ce qui est frappant dans ce cas, c’est la capacité de cette famille à mobiliser et utiliser des ressources déjà existantes en son sein. Certes, le processus a pris un certain temps, mais celui-ci a pu se déployer sans l’intervention de professionnels. Les expressions « il y a cinq ans où on a galéré », « avant c’était volcan » soulignent l’intensité, la difficulté, ainsi que la longueur des tensions interparentales postrupture.

25Malgré les améliorations, cinq ans après la séparation, la relation coparentale n’était pas exempte de difficultés. Par exemple, le partage des responsabilités financières continuait à être un sujet potentiellement conflictuel. Cependant, les gains acquis au niveau de la qualité de la communication interparentale ont permis aux parents de mieux gérer les inévitables divergences de vue résultant de l’éducation des enfants.

26Pour la mise en place de ce processus, plusieurs conditions semblent essentielles. La préservation de l’attitude bienveillante de la grand-mère maternelle envers le père des enfants malgré la séparation conjugale est fondamentale. Ensuite la constance de la bienveillance et de celle l’ouverture relationnelle à travers le temps, malgré les refus, la lenteur et les éventuelles difficultés rencontrées, sont primordiales pour soutenir l’amélioration de la relation coparentale postséparation. Le rôle médiateur de la grand-mère, et la constance de celle-ci dans ce rôle, a donc permis de soutenir une communication claire, directe et apaisée entre les parents.

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« Au début quand j’allais les chercher, je rentrais même plus quoi. Je klaxonnais, les enfants montaient et je partais. Puis je dis ben pff… ce n’est pas une vie pour eux non plus. S’il y a un anniversaire je dois attendre dehors comme un… comme un… Tout seul là. Et mamy me disait : “ben rentre”, je dis : “non, c’est bon, je ne rentre pas. Tu sais bien comment ça va aller, je vais m’énerver”. Puis au fur et à mesure, ben je rentrais hein, j’allais ramener du bois à mamy. Mère D revenait du boulot, on se croisait, on ne se parlait pas au début. Après ben bon “ça va ? Tu veux un coup de main ?”, “Non, ça va, je dis, je me débrouille, fais ton truc”, je dis. Comme avant, c’est tout. Après ben voilà quoi, on a parlé, elle a parlé… et voilà. »
(Père D)

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« Entre la séparation et qu’on s’entend vraiment comme maintenant il y a cinq ans où on a galéré, maintenant ça fait deux ans ou euh… que ça va mieux on va dire… sauf naturellement quand les histoires d’argent arrivent, comme tout couple, comme tout personne. Que je ne supporte pas non plus car il y a des trucs que, qu’elle ne devrait pas faire et des trucs qu’elle fait qui est normale. Et là, à chaque fois ben le ton monte mais on arrive à bloquer, on se dit : “eh eh eh, on ne s’énerve pas, on s’explique”. Qu’avant c’était volcan quoi. »
(Père D)

29De plus, la grand-mère maternelle a joué un rôle important dans l’adaptation des enfants à la séparation de leurs parents. Par son attitude positive et bienveillante, elle a aidé son petit-fils à relativiser les difficultés liées à cet événement familial stressant. Son soutien affectueux et inconditionnel a facilité l’adaptation des enfants, mais aussi de chacun des parents à cette transition. Après la séparation conjugale, elle a continué à soutenir le lien du père avec les enfants et à l’aider dans l’exercice de ses responsabilités parentales. Ainsi, pour les enfants, le passage d’un système familial nucléaire à un système familial binucléaire a pu se faire « en douceur ».

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« Ma maman était là aussi, qui m’aidait beaucoup aussi avec les… avec fils D à relativiser, parce que ma mère est toujours très positive et euh… fort fort fort gentille et ça a passé en douceur, je veux dire pour lui ça a vraiment passé […]. Oui, ça elle m’a énormément soutenue, j’ai eu énormément de la chance de l’avoir. Ça, c’est clair. »
(Mère D)

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« Heureusement que sa maman était là. »
(Père D)

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« Il s’arrangeait avec elle (avec la grand-mère maternelle) pour les enfants, pour garder les enfants quoi, venir les chercher ou quoi. »
(Mère D)

Préservation d’une relation soutenante intrafamiliale et d’une ambiance familiale non conflictuelle (au moins de la part d’une des deux familles d’origine)

33La qualité de la relation coparentale postséparation conjugale a été également favorisée par la préservation d’une bonne entente entre la famille élargie maternelle et le père des enfants. En d’autres mots, les membres de la famille élargie maternelle semblent partager des principes tels que l’ouverture relationnelle et la valorisation de l’harmonie interrelationnelle. Le lien parental est respecté. Ainsi, malgré la séparation conjugale, le père des enfants continue à être respecté et considéré dans sa place auprès des enfants.

« Il y a pas… il y avait pas, ils allaient pas me casser quoi. […] Non, pour me casser, ils ne m’ont vraiment pas cassé du tout. »
(Père D)
« On est des gens, c’est vrai qu’on est assez ouverts et on est tous fort gentils donc on n’est pas, on n’est pas pour créer des conflits, et… et de la vengeance, non, ça ne sert à rien tout ça. Ça mène nulle part hein. Voilà. Et c’est comme ça qu’on est arrivés à tous s’entendre et que le… que… les gens… autour ne se sont jamais immiscés. »
(Mère D)
« Pour ça, on s’est toujours bien entendus. Parce que ça a toujours été aussi, ben c’est le papa, le papa ça sera le papa à vie. Donc il faut faire, il faut composer avec toute sa vie, donc autant s’entendre… tout le temps quoi, il y a pas de raison. […] Il y a pas de raison quoi, parce que c’est pas forcément la… la… allez, mon ex-mari n’a pas de conflits avec ma sœur, il n’a pas de conflit avec mes frères, donc pourquoi il ne pourrait pas s’entendre avec, quoi. Ça a toujours été comme ça. »
(Mère D)
« Moi la chance que j’ai eue, c’est que… je m’entendais super bien avec sa famille. […] Je m’entends super bien avec, je mange chez eux. Pour eux, je suis toujours le membre de… fin je suis leur beau-frère. »
(Père D)
Nos analyses IPA concernant la famille G ont permis de dégager trois sousthèmes (tableau 3).

Tableau 3

Influence de la famille d’origine – Équipe coparentale G

Sous-thèmes
1.Soutien des grands-parents maternels auprès de chacun des parents dans l’exercice des responsabilités parentales
2.Réactions différenciées des deux familles d’origine face au conflit intrafamilial
3.Demandes explicites et réitérées du père auprès de sa propre famille d’origine d’éviter les situations potentiellement conflictuelles

Influence de la famille d’origine – Équipe coparentale G

Soutien des grands-parents maternels auprès de chacun des parents dans l’exercice des responsabilités parentales

34Les grands-parents maternels ont été une source de stabilité inconditionnelle pour les enfants après la séparation. Depuis la naissance de ces derniers, les grands-parents maternels se sont impliqués dans leur vie. Cette attitude a perduré malgré la séparation parentale. En corollaire, ils ont continué à s’occuper de leurs petits-enfants, sans faire de différence entre les semaines de garde de chaque parent.

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« Depuis que mes enfants sont… sont nés, euh je ne les ai pas mis en crèche, ils ont été gardés par mes parents… Ensuite… quand ils ont été à l’école, ils ont été gardés aussi par mes parents. Et on a continué ça. »
(Mère G)

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« Mes ex-beaux-parents sont pour beaucoup dans… dans la situation… en tout cas pour les enfants. Parce que… ils… ils vont chercher les enfants, fin un peu moins maintenant parce qu’elles sont plus grandes, mais depuis le début de la séparation et même déjà avant, c’est eux qui allaient chercher les enfants à la fin de l’école. Et ils ont continué à faire ça, que ce soit pendant ma semaine, pendant la semaine de mon ex-épouse, sans faire diff…, sans faire de différence. »
(Père G)

37Les parents admettent le mérite des grands-parents maternels d’avoir su préserver une attitude soutenante centrée sur le bien-être des enfants malgré la séparation et les éventuels conflits adjacents.

38

« Mes parents, ils ont euh… ils sont très méritants je trouve parce qu’ils… gardent toujours l’église au milieu du village. »
(Mère G)

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« Ils restent orientés, ils passent au-delà de la séparation et ils… ils sont là, présents pour leurs petites-filles… Oui, ça c’est une chance. »
(Père G)

40Par leur attitude soutenante, les grands-parents maternels ont favorisé la bonne entente au sein de la relation coparentale postséparation conjugale. En d’autres mots, les parents ont été épargnés des difficultés organisationnelles par rapport aux enfants, qui auraient pu constituer une source importante de conflit interparental.

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« C’est quelque chose qui est… oui, qui est certainement la moitié de la stabilité qui est présente, en tout cas, la stabilité des enfants hein. Le bien-être des enfants. Sans ça, ça aurait été beaucoup plus conflictuel au niveau organisation. […] Voilà, ça aurait été… beaucoup plus conflictuel. Les enfants ont trouvé une… une stabilité et quelque chose de… de constant. Et mon ex-épouse comme moi-même on pouvait… être plus focalisés sur notre travail. »
(Père G)

42Même si parfois ils pouvaient être en désaccord avec les décisions du Père G, les grands-parents maternels ne l’exprimaient pas directement afin d’éviter de créer des conflits. En conséquence, ils essaient de remédier par eux-mêmes l’éventuel problème ou si nécessaire ils en parlaient à la Mère G. De la sorte, ils assumaient eux-mêmes certaines responsabilités du Père G auprès des enfants (faire le linge, faire les shampooings à poux, etc.) afin de satisfaire adéquatement les besoins des enfants et éviter ainsi un éventuel conflit interparental.

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« Donc mes parents, même s’ils ne sont pas d’accord […] mes parents ne disent jamais rien. Donc jamais jamais. […] Ils ont pallié parfois ou… parfois ils m’ont appelé. Mais à Père G ils ne le disent pas et ce n’est pas qu’ils ne veulent pas lui dire, c’est pour ne pas créer des conflits. Donc ils ne disent rien. […] On pallie beaucoup, par exemple mes filles ont eu… elles ont des têtes à poux… mais Père G, il ne soigne pas les poux… et donc… à un moment donné… ma mère a dit à Père G : “Ne t’inquiète pas pour les poux je vais m’en occuper, je vais les faire”, et donc mes parents ont fait les… les shampooings. »
(Mère G)

44La préservation de l’implication des grands-parents maternels auprès des enfants est considérée comme un facteur de protection qui a facilité l’adaptation des enfants à la séparation parentale. Les enfants ont pu garder une certaine stabilité malgré les difficultés propres de la garde alternée. En conséquence, ils ont continué à se sentir importants, soutenus et protégés par le système familial dans ces moments de transition.

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« Les enfants ont compris qu’ils restaient importants parce que papy et mamy, que ce soit la semaine où on est chez papa ou que ce soit la semaine où on est chez maman, ben ils viennent rechercher les enfants. Et donc forcément quand vous avez des grands-parents qui sont… qui sont présents pour leurs petits-enfants, ça aide aussi. […] Et certainement d’ailleurs, à… à passer au-dessus du fait que papa et maman sont séparés et que… euh, on va à gauche, on va une semaine à gauche, on va une semaine à droite. Mais bon, on sait qu’il reste aussi euh la balise qui est papy et mamy qui habitent là où on va tous les jours et qu’ils viennent nous chercher à l’école tous les jours. Et… et qui… et qui sont toujours là au cas où on a besoin. »
(Père G)

Réactions différenciées face au conflit intrafamilial

46Face à la déception liée à la dissolution du couple conjugal, chacun des parents a essayé à sa manière d’influencer la réaction de sa propre famille d’origine au regard de cet événement. À travers leurs discours auprès de leurs familles d’origine, les parents ont essayé d’amener leurs familles respectives devant la nécessité de prendre parti. Cependant, les deux familles n’ont pas réagi de la même manière. Selon l’analyse des entretiens, la famille élargie maternelle semble être restée dans une place de neutralité bienveillante vis-à-vis des deux parents malgré les conflits qui opposaient ces derniers, tandis que la famille élargie paternelle semble avoir pris parti pour Père G. D’après ces résultats il semblerait qu’en situation de conflit intrafamilial, les réactions de chaque famille d’origine restent tributaires des règles de fonctionnement familial préétablies et cela malgré les pressions que les personnes concernées directement par le conflit peuvent exercer.

47La famille d’origine maternelle semble avoir réagi selon la règle :

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« Face au conflit intrafamilial il faut rester neutre et protéger les enfants ! »

49La famille d’origine paternelle semble avoir réagi selon la règle :

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« Face au conflit intrafamilial il faut choisir un camp et protéger les siens ! »

Réaction de la famille élargie maternelle : rester neutre et protéger les enfants

51L’implication inconditionnelle des grands-parents maternels au regard des leurs petits-enfants, sans faire de différence entre les temps de garde de chacun des parents, ainsi que leur neutralité face aux conflits interparentaux ont été vécues comme injustes par Mère G. D’autant plus, dans un contexte familial où la famille élargie paternelle n’a pas fait preuve de la même impartialité face à la séparation. Malgré les reproches de leur propre fille, les grands-parents maternels ont persisté dans leur position soutenante et neutre. En d’autres mots, garder l’« intérêt de l’enfant » comme fil conducteur de leurs réactions a permis aux grands-parents maternels de contribuer au bien-être de leurs petits-enfants. De ce fait, ils ont continué à aider leur ex-beau-fils dans l’exercice de ses responsabilités parentales, malgré les reproches de leur propre fille. Ceci a permis la consolidation d’une relation de confiance entre Père G et ses ex-beaux-parents. En corollaire, cette attitude a concouru à l’adaptation des enfants et à la préservation d’un certain équilibre.

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« Ils rendent beaucoup de services à Père G quelque part. […] Mais moi de mon côté, on ne me le fait jamais. Alors parfois j’en ai gros sur la patate, mais… c’est comme ça. Fin voilà, il faut l’accepter. Je pense qu’il faut lâcher prise. Il faut se dire que c’est comme ça. »
(Mère G)

53

« Je pense que le fait qu’ils n’interviennent jamais, ça a été difficile, très difficile pour moi. Parce que moi, à un moment donné je leur en ai voulu en disant euh… parce que… mes beaux-parents ils prennent… ils prennent parti pour leur fils. Donc moi, s’ils peuvent me mettre des bâtons dans les roues, ils vont me mettre des bâtons dans les roues. Euh… par contre, mes parents, pas et donc c’est vrai que moi je leur en ai beaucoup voulu à mes parents. […] Parfois je leur disais : “N’oubliez pas, c’est moi votre fille. Ne l’oubliez pas, il faut prendre mon parti.” […] Mes parents sont jamais trop rentrés là-dedans et donc je pense que, voilà il y a une relation de confiance. […] Je pense qu’ils se disent que ça fait partie du bien pour les enfants, de leur équilibre. »
(Mère G)

54Face à la prise de parti de la part de la famille d’origine paternelle en faveur de Père G, la relation entre Mère G et son ex-belle-famille est devenue plus distante. Cependant, malgré la distance relationnelle qui s’est instaurée après la séparation, Mère G est restée disponible pour aider son ex-belle-famille si besoin. De plus, afin que ses enfants puissent participer aux fêtes familiales du côté paternel, Mère G a accepté de changer ses jours de garde. Elle n’est pas rentrée en conflit avec la famille d’origine de son ex-mari et elle a réagi dans l’intérêt des enfants. En corollaire, nonobstant son mécontentement, Mère G semble avoir obéi au fonctionnement de sa propre famille d’origine : rester neutre et protéger les enfants.

55

« Voilà, maintenant elle (grand-mère paternelle) m’a déjà, fin elle m’a appelée une fois parce qu’elle avait un souci, j’y ai été parce que euh, je ne vais pas lui faire la guerre non plus. »
(Mère G)

56

« Chaque fois elle… elle me demandait les filles et… à contrecœur j’ai à chaque fois dit oui. J’ai à chaque fois dit oui.
 » (Mère G)

57Dans la même idée, quand la famille d’origine paternelle critiquait Fille G à cause de sa forte ressemblance avec Mère G, cette dernière n’est pas intervenue directement auprès de son ex-belle-famille, mais elle a signalé son désaccord auprès du Père G. De plus, afin de contenter sa fille, Mère G a répondu positivement à la demande d’amitié sur les réseaux sociaux de la part de son ex-belle-sœur et a aidé celle-ci à trouver un cadeau adéquat pour Fille G. Par son attitude non conflictuelle centrée sur le bien-être de ses enfants, Mère G a soutenu indirectement les liens des enfants avec leur famille d’origine paternelle.

58

« C’est vraiment mon portrait et plus jeune, si vous mettez sa photo et ma photo vous ne reconnaissez pas la différence. Donc, elle représente mon image. Une image négative. Et donc on lui dit souvent, euh, “oh tu ressembles à ta mère, tu fais les mêmes réflexions que ta mère”, elle entend tout le temps ça chez… euh… dans sa belle-famille. Y compris ma belle-sœur, etc. »
(Mère G)

59

« L’autre fois, elle m’a demandé, par exemple, comme ami sur Facebook, je me suis dit : “Ah ben ça, ça, c’est fort quoi. Elle me demande comme ami alors qu’elle n’arrête pas de me critiquer.” Et puis ben… ma fille, ça avait l’air de l’enchanter qu’elle me demande, donc j’ai dit : “bon allez… je vais l’accepter”… Par exemple pour Noël elle m’a dit : “ta fille veut tel et tel cadeau, je le trouve pas”. Je me suis dit : “bon allez”, donc j’ai téléphoné au magasin. C’était pas possible, j’ai dit : “c’est pas possible, mais je t’ai trouvé une alternative”. Après elle m’a remerciée toute contente que j’aille trouver une alternative, quoi. Mais… voilà, c’est pas pour elle, c’est pour Fille G quoi. Pour que Fille G ait un cadeau qu’il lui faut. »
(Mère G)

60Concernant la réaction au moment de la séparation des grands-parents maternels face à leur ex-beau-fils, Père G a témoigné d’une prise de distance. Cependant, les grands-parents maternels ont continué à s’occuper de leurs petits-enfants y compris dans le temps de garde de leur père. De plus, malgré les choses qui auraient pu se dire entre Mère G et ses parents, ils ne sont jamais rentrés en conflit avec Père G.

61

« On m’a tenu un peu plus à l’écart de… de tout ça et on… on m’a, fin j’imagine qu’il y a des choses qui devaient se dire entre mon ex-épouse et mes ex-beaux-parents. Je les voyais régulièrement hein, je les voyais toutes les semaines au minimum. Puisque j’allais chercher mes enfants chez eux. Et ils ont plus eux-mêmes cloisonné. C’est-à-dire que s’il y avait des conflits ou des reproches qui étaient expliqués par mon ex-épouse à mes ex-beaux-parents, ils ne me les ont jamais rapportés eux directement. »
(Père G)

Réaction de la famille élargie paternelle : choisir un camp et protéger les siens

62Le témoignage du Père G met en évidence le lien étroit entre la manière dont le parent raconte la séparation à sa propre famille d’origine et la réaction de celle-ci. De ce fait, la réaction conflictuelle de la famille d’origine paternelle face à Mère G peut s’expliquer en partie par l’« orientation » que Père G a donnée à son discours. Toutefois nous estimons, comme mentionné ci-dessous, que Père G a pu orienter la réaction de sa famille d’origine face à la séparation conjugale, aussi parce que, à travers son discours « orienté », il faisait une demande implicite qui concordait avec une règle familiale à un niveau supérieur. Nous avons fait le choix d’énoncer cette règle de la manière suivante : « Face au conflit intrafamilial il faut choisir un camp et protéger les siens ! »

63Nos analyses soulignent également la temporalité de l’émergence d’une possible relation conflictuelle intrafamiliale. En effet, Père G explique la différence entre la manière dont il a expliqué la séparation conjugale à sa famille d’origine immédiatement après la séparation et la manière dont il l’aurait expliquée cinq ans après. Ainsi, la souffrance au moment de la séparation a pu amener le parent à raconter cet événement d’une manière plus « orientée ». N’ayant pas eu l’ouverture ou la possibilité d’entendre l’autre parent, la famille d’origine a reçu un discours clivé, avec un bon parent qui souffre et raconte sa souffrance et un méchant parent qui fait souffrir. Cela a pu impacter sur la réaction de la famille d’origine. Cette influence a perduré dans le temps. Comme Père G a expliqué, même si cinq ans après la séparation, il aurait raconté la séparation d’une manière différente, plus équilibré et neutre, l’influence de l’histoire passée aurait persisté.

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« La réaction de la famille élargie est toujours influencée par notre perception des choses. […] Dans le mois qui suivait la séparation j’en ai parlé à ma maman, j’en ai parlé à ma sœur… mais leur vision des choses était… était influencée par ma vision des choses. Je pouvais que leur raconter comment j’avais perçu les choses sur le moment et ce qui nous avait amenés à cette séparation. Je n’avais pas encore le recul nécessaire pour leur offrir une… une vision… équilibrée. […] Donc à ce moment-là, au moment de la séparation quand j’ai expliqué ça… à ma famille à moi… c’est plus, c’était plutôt des réactions de conflit vis-à-vis de mon ex-épouse qui… qui apparaissaient… mais évidemment c’était normal puisque si… si je devais leur expliquer la situation maintenant sans qu’elle n’ait à… à… sans… sans qu’elle ne soit au courant de l’histoire passée, je l’expliquerais de manière beaucoup plus euh neutre… et moins orientée. Voilà donc leur réaction a été une réaction de conflit, elles voulaient, je ne vais pas dire rentrer en guerre mais elles étaient en conflit avec mon ex-épouse par rapport à ce que je leur ai expliqué. Si c’était maintenant, la réaction serait beaucoup plus neutre aussi. Si je leur expliquais ça maintenant, cinq ans après[…] la réaction sur le moment même c’était de se ranger de mon côté en me disant que… en se disant que c’était moi qui avais souffert, c’était elle… que… que ce n’était pas bien tout ce que j’avais subi. Voilà… que c’était… que c’était elle la méchante. »
(Père G)

65Malgré la bonne entente au sein du sous-système coparental, Mère G a témoigné de ses difficultés avec la famille élargie paternelle. En effet, selon Mère G, la famille élargie paternelle a fortement pris le parti de Père G après la séparation. De ce fait, Mère G ne s’est pas sentie soutenue et elle a été refusée quand elle a demandé de l’aide par rapport à la garde des enfants. À la suite de la séparation, l’implication et le soutien de la famille élargie paternelle par rapport aux enfants ont été réservés pour les semaines de garde du Père G. Face à cette prise de parti de la famille élargie paternelle après la séparation, les relations entre Mère G est ses ex-beaux-parents sont devenus plus distantes.

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« Moi je ne me suis pas toujours super bien entendue avec… sa maman et son papa. […] Ils ont… fort pris son parti. À tel point qu’à un moment donné je me suis rendu compte que c’était mieux que j’y aille plus. Donc que c’était beaucoup plus facile que je n’y aille plus… par exemple, quand mes parents partaient en vacances même si c’était mon… ma garde à moi, je demandais à ma belle-mère si elle ne voulait pas aller chercher mes enfants à l’école. Et elle me disait euh “ah non, parce que moi je ne m’occupe pas de tes enfants tous les jours et je garde mes jours pour Père G.” »
(Mère G)

Demandes explicites et réitérées du père auprès de sa propre famille d’origine d’éviter les situations potentiellement conflictuelles

67Malgré le climat intrafamilial conflictuel au début de la séparation, l’escalade du conflit a été évitée. Père G a explicitement demandé à sa famille de ne pas « envenimer les choses et de rester en dehors de ce conflit ». Cette demande a été réitérée à plusieurs reprises. Avoir une bonne connaissance des possibles réactions de la part de sa famille d’origine a permis au Père G de prévoir les situations potentiellement conflictuelles.

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« Si elles ont eu l’occasion de la croiser, elles sont restées… restées neutres parce que je leur ai demandé de ne pas… envenimer les choses et de rester en dehors de… de ce conflit puisque c’est un conflit quand même à ce moment-là. Même si… si ça s’est résolu rapidement par après, c’est resté un conflit. […] Je lui ai souvent répété (à la grand-mère paternelle) de ne pas… de ne pas le faire, de ne pas envenimer les choses. Je pense qu’il est arrivé une ou deux fois que mon ex-épouse est allée chercher nos enfants chez ma maman. Et j’avais demandé, à l’avance, à ma maman de ne pas envenimer les choses […] de rester en dehors de ça. Que c’était entre elle et moi. Voilà. Donc ça ne s’est… il n’y a jamais eu de conflit par la suite qui s’est ouvert entre… entre euh… mon côté de la famille et mon ex-épouse. Mais j’ai toujours demandé à… à… à ce qu’on fasse attention que… que ça ne se produise pas. […] Parce que je savais que ma maman pouvait, à la moindre étincelle… partir en flammes. »
(Père G)

69Penser au bien-être de ses enfants a aidé Père G à mettre de côté sa souffrance liée à la séparation conjugale afin de pouvoir prévenir une escalade du conflit au niveau intrafamilial. En effet, Père G a envisagé les possibles conséquences sur ses enfants d’un conflit entre sa famille d’origine et Mère G. Il ne voulait pas que ses enfants se retrouvent dans « une situation déchirée » entre leur grand-mère paternelle d’un côté et leur mère de l’autre côté. La dimension temporelle du conflit intrafamilial après la séparation est de nouveau mise en avant. Même si au moment de l’entretien, cinq ans après la séparation, les deux parents estimaient avoir une bonne entente au sein de leur relation coparentale, la menace d’un conflit entre la grand-mère paternelle et Mère G restait d’actualité.

70

« Si ça se produit, je sais que les filles euh, nos… nos filles auraient été là. Et donc je n’ai pas envie qu’elles finissent par devoir prendre position pour l’une ou pour l’autre. […] Je ne voulais pas non plus que… mes… mes filles se retrouvent dans une situation déchirée entre mamy d’un côté et leur maman de l’autre, voilà. J’ai préféré prévenir… et…, sachant que de toute façon à… avec ma maman cette situation était possible, même quatre ans après. Je pense, toujours maintenant même peut-être. »
(Père G)

Discussion

Comment comprendre nos résultats au regard de la littérature ?

71Nos résultats précédents indiquent que la construction d’une relation coparentale satisfaisante après la séparation conjugale est un processus tridimensionnel, gouverné par trois règles, qui évolue constamment à travers le temps et qui exige un investissement actif de la part des acteurs impliqués : rester des parents à vie ; agir dans l’intérêt de l’enfant et gérer les désaccords (Stolnicu et Hendrick, 2017). Ces règles sont communes aux huit systèmes coparentaux que nous avons interrogés (Stolnicu, 2018).

72Néanmoins, certaines caractéristiques et processus spécifiques à chacun des systèmes ont émergé. De ce fait, nos analyses ont également mis en évidence des ressources qui sont propres à chacune des familles, ainsi que les difficultés que celles-ci ont pu rencontrer dans leur cheminement vers une relation coparentale satisfaisante après la séparation conjugale.

73Un élément en particulier semble jouer un rôle important en tant que facteur de protection : l’influence de la famille d’origine sur la coparentalité après la séparation conjugale. En effet, dans les deux situations familiales que nous avons analysées ci-dessus, les grands-parents maternels semblent avoir joué un rôle primordial dans la qualité de la relation coparentale après la séparation. La neutralité des grands-parents maternels par rapport au conflit interparental, la préservation d’une attitude bienveillante inconditionnelle au regard de l’ex-beau-fils, ainsi que leur soutien dans l’exercice adéquat des responsabilités parentales auprès de chacun des parents ont été reconnus par les parents comme des conditions fondamentales ayant favorisé la qualité de la coparentalité.

74De plus, nos analyses ont mis en évidence l’importance du soutien de la grand-mère maternelle dans la reprise du dialogue interparental après la séparation. Nous pouvons discerner plusieurs effets.

75Nos résultats témoignent également d’un « effet tiers » au niveau des adultes, rejoignant ainsi par ailleurs les conclusions de Timonen, Doyle et O’Dwyer, (2009) qui expliquent que la génération des grands-parents peut déployer des efforts considérables pour maintenir les relations intrafamiliales face à un conflit permanent ou à une rupture complète de la communication entre les parents séparés. Dans ces scénarios, les grands-parents (et les grands-mères en particulier) peuvent jouer un rôle crucial, agissant comme une force de conciliation et de stabilisation dans la vie de leurs petits-enfants. En ce sens, les grands-parents peuvent agir comme des « artisans de paix » ou des « bâtisseurs de ponts ». Selon, ces mêmes auteurs, la principale motivation de ces efforts de réconciliation et de réparation est le bien-être des petits-enfants et le maintien du lien avec ces derniers.

76Nos résultats révèlent aussi un « effet amortisseur » au niveau des enfants ce qui est consistant avec les conclusions d’Henderson et al. (2009) qui expliquent qu’entretenir une relation étroite avec la grand-mère maternelle peut aider les petits-enfants à mieux s’adapter à la séparation parentale, et cela indépendamment de la relation que la génération intermédiaire entretient avec cette grand-mère. Ainsi, Hetherington, (2003) met en évidence l’importance de l’implication attentionnée d’un adulte dans la vie des enfants après la séparation parentale pour l’adaptation de ces derniers. Dans la même logique, Lussier et al. (2002) indiquent qu’une meilleure relation avec les grands-mères après un divorce est associée à des problèmes d’internalisation et d’extériorisation moins fréquents chez les petits-enfants. Cependant, ces travaux n’expliquent pas le processus par lequel les grands-parents jouent un rôle positif.

77Nos analyses ont également souligné l’importance du maintien d’une relation soutenante intrafamiliale et d’une ambiance familiale non conflictuelle, au moins de la part d’une des deux familles d’origine. Dans notre cohorte, les réactions de la part des familles d’origine paternelle face à la dissolution du couple conjugal n’ont pas influencé les réactions de la part des familles d’origine maternelle et vice versa. Ces résultats indiquent qu’au sein d’un même système familial, les différents sous-systèmes peuvent préserver une certaine autonomie et résister ainsi à l’effet de contamination. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que chacune des familles d’origine semble être restée fidèle à sa propre règle de fonctionnement familial. En corollaire, deux règles de fonctionnement familial ont émergé de nos analyses, chaque règle correspondant au fonctionnement d’une famille : « Face au conflit intrafamilial il faut rester neutre et protéger les enfants ! » (1re règle) vs « Face au conflit intrafamilial il faut choisir un camp et protéger les siens ! » (2e règle). Ainsi en situation de conflit intrafamilial, certaines familles semblent agir en fonction des valeurs qui leur sont propres et qui prônent le calme et la stabilité plutôt qu’en fonction d’incidents externes. En d’autres termes, les familles d’origine apaisante sont proactives et ont locus de contrôle interne (gouvernées par des valeurs familiales stables). Au contraire, les familles stressantes sont davantage réactives (épidermiques) et ont locus de contrôle externe (davantage gouvernées par les fluctuations de l’environnement). Le fonctionnement des familles « réactives » renvoie à ce que Gonçalves et De Vincenzi (2003, p. 240) nomment une « construction du monde propre au temps de guerre », afin de décrire le contexte des séparations parentales conflictuelles. Ce phénomène amènera à une réflexion plus spécifiquement systémique ci-dessous.

78Ces deux règles de fonctionnement préétablies renvoient également au concept de script familial. Ainsi « J. Byng-Hall théorise l’enchaînement des relations familiales et la prévisibilité des interactions et comportements sous la métaphore du script » (Annet, 2009, p. 525). Le script est décrit comme les attentes partagées par la famille quant à la manière dont les rôles familiaux doivent être remplis dans des contextes divers. Le terme « attentes » comprend l’anticipation de ce qui sera dit et fait dans les relations familiales, ainsi que les pressions familiales sur ses membres pour qu’ils remplissent les rôles prévus (Byng-Hall, 2008). Prévisibilité et constance constituent en effet une attente forte de la part des enfants des couples en train de se séparer comme l’étude de Delhuvenne, Stolnicu, et Hendrick (2016) l’a montré. Il semble que dans ces familles, les grands-parents semblent répondre à ce type d’attente.

79Toutefois, nos résultats montrent que, face au conflit intrafamilial, les parents de notre cohorte n’ont pas adhéré « aveuglément » au fonctionnement de leurs propres familles d’origine. Malgré les conflits et difficultés relationnels liés à la séparation conjugale, une relation coparentale satisfaisante a pu émerger.

80Ainsi, le temps et la persévérance de la part d’une des deux familles d’origine dans un fonctionnement neutre, bienveillant et centré sur l’intérêt des enfants ont permis à chacun des parents de dépasser le conflit intrafamilial en se focalisant sur les enfants. Dans ces cas, nous constatons que la constance d’au moins une des familles d’origine dans un fonctionnement correspondant à la règle « Face au conflit intrafamilial, il faut rester neutre et protéger les enfants ! » a offert aux parents en situation conflictuelle postséparation conjugale une base de sécurité suffisante afin de trouver leurs propres repères et ainsi construire une relation coparentale satisfaisante.

Comment interpréter nos données en termes de processus psychologiques, familiaux et systémiques ?

81Dans ce qui précède, nous avons surtout constaté des postures, des attitudes, des règles de conduites. Quels seraient les processus familiaux mis en cause ? Ceux-ci émergent de la confrontation de nos résultats au modèle systémique.

Quels sont ces processus ?

82Ainsi, la distance émotionnelle prise par certains grands-parents à l’égard du conflit parental joue un rôle modérateur fondamental. Plus cette distance est appropriée, plus l’exercice d’une coparentalité satisfaisante semble probable. Ce facteur distance est sans doute lié au concept de différenciation du soi de Bowen (1988). Ce clinicien nous explique que cette capacité à prendre une distance émotionnelle est transmise par la famille de génération en génération. Dans certaines familles, les distances sont si courtes que l’on assiste à des phénomènes sans fin de contagion et d’amplification des affects. Dans d’autres, cette distance devient trop grande et confine à l’indifférence et l’abandon. Bowen nous explique que, dans les systèmes trop peu différenciés, l’angoisse de rupture des liens est si grande qu’elle invite les protagonistes, à d’une part, abandonner toute forme d’assertivité au profit d’une adhésion sans nuance à la pensée dominante et, d’autre part, agir de façon impulsive. Or, nous venons d’expliquer dans la section précédente que les familles qui s’en sortaient le mieux étaient précisément celles qui étaient moins réactives/impulsives et davantage gouvernées par des valeurs stables qui leur sont propres (locus de contrôle interne).

83Les systèmes familiaux des familles d’origine maternelle que nous avons décrits peuvent être cliniquement définis plus spécifiquement comme « connectés », c’est-à-dire réalisant un équilibre entre attachement et autonomie des membres de la famille (Walsh, 2012). Ceci rejoint nos conclusions relatives à la notion de distance émotionnelle ci-dessus. Les grands-parents dont il est ici question semblent apporter un soutien de qualité sans pour autant prendre le pouvoir ou se montrer intrusifs.

84On y regardant de plus près, le processus s’affine. Dans les situations très conflictuelles, la séparation se traduit par le fait que l’entourage, les amis, et singulièrement les grands-parents, prennent le parti de leur enfant sans aucune nuance et se coalisent avec ce dernier contre le conjoint. Si les grands-parents de ce dernier agissent dans le même sens, on assiste alors à la bipolarisation, l’évitement et la cristallisation du conflit entre ce qu’il faut désormais considérer comme deux clans. Des grands-parents peuvent agir de la sorte dans l’espoir de témoigner de leur loyauté mais aussi dans la crainte de voir leurs liens avec leurs enfants et petits-enfants se déliter s’ils n’adoptent pas une attitude partisane. Cette posture n’en demeure pas moins contre-productive.

85Dans les systèmes humains, les phénomènes de bipolarisation conduisent invariablement à des escalades symétriques et à l’émergence de deux clans antagonistes luttant pour défendre leur position comme si leur survie en dépendait. C’est ce qu’on observe souvent dans les situations de séparation hautement conflictuelles.

86Ce clivage alourdit les rancœurs, les haines et engendre des stratégies d’évitement dont on connaît par ailleurs les effets délétères (Denis, 2017). Plus les parties en conflit s’évitent, plus un fossé infranchissable semble se creuser et plus les peurs s’intensifient.

87Les phénomènes de cristallisation quant à eux créent ce que les sociologues appellent des effets de gel (Joules et Beauvois, 2014). Les protagonistes ont alors tendance à s’enferrer dans ce qui leur paraît être leurs décisions. Chaque revers est perçu comme une bonne raison pour maintenir et renforcer les choix et les stratégies initiaux. L’entêtement et la radicalisation des positions semblent devenir une question de survie.

88Dans les situations de séparation peu conflictuelles, au contraire, les grands-parents, refusent de prendre parti et adoptent une position de tiers neutre, garant de la règle 1 évoquée ci-dessus. Ceci a plusieurs conséquences : a) ils instaurent de la sorte une espace tiers contenant et libre de conflit – effet amortisseur – pour les petits-enfants ; b) de même, ils instaurent un espace tiers contenant et libre de conflit pour les conjoints séparés ; c) cet espace offre alors une porte de sortie pour toutes les parties et désamorce les processus de bipolarisation, d’évitement et de cristallisation évoqués ci-dessus ; d) ils indiquent à tous que les liens d’affection et de respect qu’ils ont construits sont stables et durables, ce qui est rassurant, et répond, nous l’avons dit, à une attente forte des enfants.

89Une autre dimension importante émerge dans nos résultats : les grands-parents apportent leur soutien au dialogue interparental. D’un point de vue systémique, on peut ici dire que les grands-parents maintiennent les canaux de communication familiaux ouverts dont on sait depuis longtemps l’importance (Ryan, Epstein, Keitner, Miller, Bishop, 2005). Ceci permet de prévenir toute une série de perturbations (doubles messages, malentendus, messages confus, etc.) et contribue à apaiser le stress résultant de la séparation.

90Non seulement les grands-parents contribuent à maintenir la communication, mais ils veillent également à ce que celle-ci soit autant que possible purgée de toute conflictualité. Dans les cas étudiés, l’idée déjà évoquée d’une fonction de tampon, d’amortisseur ou encore de médiateur semble se renforcer de par leur capacité à conserver une position de neutralité.

91Un autre facteur, mieux connu des psychanalystes, semble encore à l’œuvre. L’attitude soutenante des grands-parents rappelle la notion de contenance, telle décrite par Winnicott (1994, Lehmann, 2009). En apportant leur soutien, les grands-parents contribuent à résorber ce stress et à permettre la mise en place d’une nouvelle organisation plus stable. En effet, au lieu d’assister à un processus de contagion où l’émotion de chacun amplifie les angoisses, la colère ou le découragement des autres, les parents peuvent apprendre à gérer leurs émotions en observant comment les grands-parents agissent. Par exemple, si un des parents est angoissé, les grands-parents accueillent l’angoisse, se montrent concernés… mais ne s’angoissent pas outre mesure. De cette manière, l’anxiété pourrait se transformer en quelque chose d’autre, de structurant. De par cette attitude, les grands-parents indiquent à la génération intermédiaire (les parents séparés) que ce qui est vécu comme insupportable peut devenir supportable. La présence des grands-parents, par leur attitude bienveillante, leur neutralité ainsi que leur capacité à ne pas se désorganiser sous la pression des affects des parents, mais aussi par leur présence qui n’empiète pas sur la vie des parents, sont des éléments qui aident les parents à dépasser leurs angoisses et leurs conflits.

Conclusions

92Nous avons essayé de comprendre le rôle que la famille d’origine peut jouer dans la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale. Afin d’essayer de contribuer à une meilleure compréhension des processus familiaux à l’œuvre dans la coparentalité postséparation conjugale, nous proposons à travers nos résultats quelques pistes de réflexion tant de point de vue théorique que psychothérapeutique.

93Théoriquement, certains facteurs de protection familiaux de la coparentalité ont été mis en évidence. Ainsi, la neutralité des grands-parents par rapport au conflit interparental, la préservation d’une attitude bienveillante inconditionnelle au regard de l’ex-conjoint de son enfant, ainsi que leur soutien dans l’exercice adéquat des responsabilités parentales auprès de chacun des parents ont été reconnus par les parents comme des conditions fondamentales ayant favorisé la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale.

94Concernant les possibles implications psychothérapeutiques, nos résultats ont mis en évidence le poids des règles familiales préétablies au sein de chacune des familles d’origine dans la construction de la relation coparentale. Mais nous avons aussi mis en évidence des facteurs et des processus qui permettent de mieux différencier les scénarios de séparation. Cette approche – processuelle – ne vise plus à stigmatiser et à « changer » des personnes ou des familles mais cherche avant tout à modifier les trajectoires et les interactions et à peser sur des facteurs salutogènes.

95Dans une perspective psychothérapeutique, nos résultats invitent à réfléchir quant aux interventions auprès des familles en situation de séparation hautement conflictuelle. À la lumière de cette étude, plusieurs questions surgissent : Quelles sont les « règles familiales » en cas de conflit intrafamilial ? Comment les familles d’origine peuvent soutenir ou entraver la construction d’une relation coparentale satisfaisante postséparation conjugale ? Comment favoriser la préservation des ressources familiales déjà existantes ? Comment construire avec les familles une base de sécurité suffisante afin de permettre une différenciation par rapport à certains modes de fonctionnement familiaux potentiellement nuisibles à la coparentalité ? Comment utiliser les ressources familiales afin de soutenir la différenciation des parents, en tant qu’équipe coparentale compétente pour établir ses propres règles de fonctionnement ? Etc.

96De plus, nos résultats soulignent l’importance du travail avec les familles d’origine. Même si les parents ont la responsabilité principale quant à l’évolution de la relation coparentale après la séparation conjugale, l’influence des familles d’origine n’est pas négligeable. Ainsi, il est extrêmement important de tenir compte de l’attitude des grands-parents face cet événement familial stressant. Dans une perspective bigénérationnelle, aider les parents aide les enfants. Dans une perspective trigénérationelle, les grands-parents peuvent représenter des ressources précieuses, des alliés thérapeutiques indispensables dans le travail familial avec la génération intermédiaire en situation de crise relationnelle.

Limites et perspectives de recherche

97Nous nous sommes centrés sur le rôle de la famille d’origine dans la qualité de la relation coparentale après la séparation conjugale. Nous avons constitué un échantillon homogène par rapport à nos critères d’inclusion. Cependant, il aurait été intéressant d’accéder au témoignage des membres des familles d’origine aussi. Interroger les grands-parents pourrait offrir des pistes psychothérapeutiques supplémentaires. De plus, réaliser des génogrammes pourrait mettre en évidence des informations complémentaires concernant les contextes familiaux favorables à la coparentalité postséparation conjugale.

98En utilisant l’IPA, nous avons ambitionné à réaliser un examen approfondi du phénomène étudié. Certes, la taille de notre échantillon ne permet pas de généraliser nos résultats. Toutefois, l’objectif de notre recherche vise à démontrer l’existence et la signification d’un phénomène plutôt que son incidence.

99Notre étude s’inscrit dans une démarche plus vaste visant l’élaboration d’un modèle d’intervention vers une coparentalité satisfaisante après la séparation conjugale, située au carrefour entre le vécu des parents séparés ayant abouti à construire ce type de relation, l’expérience des enfants et le point de vue des acteurs de terrain impliqués dans l’intervention auprès des familles vivant des séparations parentales conflictuelles.

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Date de mise en ligne : 20/03/2020

https://doi.org/10.3917/tf.193.0301

Notes

  • [1]
    Voir notre article précédent (Stolnicu et Hendrick, 2017, 2019) dans cette revue pour plus de détails à propos de l’analyse phénoménologique interprétative (IPA).

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