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Article de revue

Evaluation du fonctionnement familial : proposition d’un modèle intégratif pour soutenir la pratique clinique et la recherche

Pages 295 à 328

Notes

  • [1]
    Le terme PBE est utilisé pour désigner les recherches réalisées directement dans les milieux de pratique, celles issues d’un partenariat entre chercheurs et praticiens, ainsi que les innovations qui émergent de la pratique clinique (Leeman et Sandelowski, 2012). Elles incorporent des évaluations formelles de pratiques telles qu’elles sont dispensées par les intervenants dans des contextes « naturels ». Ces pratiques peuvent être des adaptations d’interventions scientifiquement testées, des innovations s’appuyant sur l’expérience pratique ou le résultat d’un processus influencé par plusieurs facteurs politiques, sociaux, bureaucratiques, etc. (Dunet, Losby, Tucker et Brown, 2013). Selon cette approche, l’acquisition de connaissances se fait selon un modèle bottom­up par lequel les données sont d’abord produites et utilisées à un niveau individuel au sein d’un service/département, puis accumulées à travers plusieurs services et utilisées pour générer des connaissances à un niveau supérieur (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015).
  • [2]
    Il s’agit ici de développer des traitements « en laboratoire », tester leur efficacité via des essais contrôlés, puis les diffuser dans les milieux de pratique (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015). Les connaissances acquises grâce aux études contrôlées sont généralement transposées sur le terrain via des guides de pratique (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015).
  • [3]
    Ce tableau de recension des écrits peut être obtenu en contactant l’auteur principal de l’article.
  • [4]
    Baumrind (1989) propose deux paramètres pour évaluer le style parental des parents : 1 – le niveau de contrôle et d’exigence des parents à l’égard des comportements de leur enfant et 2 – la sensibilité des parents aux besoins de leur enfant. Sur la base de ces deux dimensions, elle identifie quatre styles parentaux distincts : le style démocratique (sensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle élevé), autocratique (insensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle élevé), permissif (sensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle faible) et désengagé (insensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle faible).
  • [5]
    Les représentations maternelles relatives à l’attachement (génération 1) sont prédictives de la sensibilité des soins parentaux qui, elle­même, est prédictive de la qualité de l’attachement de l’enfant (génération 2) (Main, et al., 1985).
  • [6]
    Un facteur de risque est un événement ou une condition environnementale ou organique qui augmente la probabilité pour la personne de développer des problèmes émotifs ou de comportements. Les principaux facteurs de risque connus sont : un cumul d’événements stressants, un cumul de tâches développementales familiales non résolues, l’instabilité environnementale, un abus sexuel, la perte d’une personne importante, la pauvreté, la monoparentalité, un problème de santé mentale des parents, l’absence de réseau social de soutien, un problème de santé, un handicap physique ou intellectuel, la présence de certains problèmes d’adaptation, etc.
  • [7]
    Un facteur de protection est une ressource interne, familiale, sociale ou environnementale qui diminue la probabilité d’apparition d’un problème d’adaptation en atténuant l’impact des facteurs de risque, des perturbations, des stress négatifs sur la santé mentale et physique de l’individu. Les principaux facteurs de protection connus sont : des conditions socio­économiques favorables, la qualité du soutien social, un voisinage cohésif, l’accès à des services et des ressources, la qualité du milieu scolaire ou de travail, les conditions de travail favorables, la stabilité familiale, la qualité des relations entre les membres de la famille (cohésion), la complicité des parents dans l’exercice des rôles parentaux, de bonnes compétences cognitives, des habiletés sociales, une bonne santé physique, un attachement sécurisant, etc.
  • [8]
    Pour plus d’informations concernant la question des stades développementaux des familles et des tâches développementales qui y sont associées, nous invitons le lecteur à lire deux articles que nous avons publiés sur le sujet : Bradley M. F. et Pauzé R. (2009), Étude sur la résolution des tâches développementales chez les familles d’adolescents présentant une dysfonction alimentaire, Thérapie familiale, 30 (3), 353­377 ; Bradley, M. F. et Pauzé R. (2008), Cycle de vie familiale, échec dans la résolution des tâches développementales et apparition de l’anorexie à l’adolescence, Thérapie familiale, 29 (3), 335­353.

Introduction

1Quelles composantes du fonctionnement familial doit­on considérer lorsque nous devons évaluer une famille en clinique ? Cette question est loin de faire consensus chez les thérapeutes familiaux. Généralement, le fonctionnement des familles est examiné selon l’école de référence de chaque thérapeute. Par exemple, un thérapeute s’inspirant de l’école de Bowen (1999) complétera un génogramme familial dans le but d’identifier les phénomènes de transmission intergénérationnelle des patrons comportementaux pathologiques, les phénomènes de triangulations pathologiques, la gestion de l’angoisse chronique et le processus de différenciation du soi. De son côté, un thérapeute s’inspirant de l’école structuraliste de Minuchin (2010) s’intéressera à la structure de la famille, notamment les règles familiales, la composition des sous­systèmes, les frontières interpersonnelles et intergénérationnelles et la hiérarchie.

2Par ailleurs, un thérapeute qui opte pour une approche narrative de l’intervention ne fera aucune évaluation du fonctionnement familial. Seul compte pour lui le discours que la famille entretient sur ses difficultés (Nichols et Schwartz, 2005). Ces quelques exemples illustrent, d’une part, la diversité des points de vue dans ce domaine d’intervention et, d’autre part, le fait que chaque école en thérapie familiale propose une vision partielle et singulière de la réalité familiale.

3En thérapie familiale systémique, seul le modèle de la complexité proposé par Onnis (1989) et Selvini Palazzoli, et coll. (1990) recommande de considérer une grande diversité de composantes dans l’évaluation et le traitement des familles. À cet égard, Onnis (1989) écrit que « les intervenants doivent rechercher à mettre en corrélation réciproque les composantes multiples, biologiques, psychologiques, interpersonnelles, familiales, sociales, qui sont en jeu dans le phénomène psychosomatique et favoriser une vision finalement plus intégrée de l’individu comme unité psycho­physique inséparablement liée aux totalités plus larges de la réalité à laquelle il participe » (p. 116). Or, à notre connaissance, bien que prometteur, ce modèle n’a jamais été formellement décrit et démontré tant dans le travail d’évaluation que dans le traitement des familles. On peut donc conclure qu’il n’y a pas dans le domaine de la thérapie familiale systémique de modèle théorique multidimensionnel pour soutenir les thérapeutes lors de l’évaluation du fonctionnement familial. En outre, il n’existe pas de modèle intégrateur du fonctionnement de la famille qui permettrait de combiner le point de vue des principales écoles en thérapie familiale systémique.

4Dans un autre ordre d’idées, force est de constater qu’une terminologie diversifiée a été développée par les auteurs pour décrire les différentes composantes du fonctionnement des familles. En outre, plusieurs termes distincts sont souvent proposés pour désigner une même composante du fonctionnement de la famille. Par exemple, certains auteurs utilisent le terme cohésion familiale pour rendre compte de la qualité des relations entre les membres d’une famille alors que d’autres proposent plutôt les termes bienveillance émotionnelle, loyautés familiales ou liens émotionnels. De même, certains utilisent le terme structure familiale pour rendre compte du fonctionnement organisationnel de la famille alors que d’autres utilisent les termes organisation familiale, adaptabilité ou flexibilité familiale pour désigner des réalités très similaires. Il arrive également qu’un même concept puisse prendre des significations fort différentes d’un auteur à l’autre. On peut penser ici aux différentes conceptions de la notion de symptôme (fonction homéostatique, fonction de mise en crise, communication métaphorique, etc.) ou de la notion de pouvoir chez les tenants de la thérapie familiale systémique. Ce manque de consensus entre les auteurs sur le vocable utilisé pour désigner une même composante du fonctionnement de la famille a pour principale conséquence de multiplier les concepts souvent synonymes pour désigner une même composante. Cela contribue parfois à l’émergence de certains malentendus entre les thérapeutes au cours de leurs échanges, mais surtout à limiter les comparaisons possibles entre des études portant sur des cas cliniques. Ce manque de consensus sur le plan du vocabulaire utilisé nuit donc au développement de la connaissance dans le domaine de la thérapie familiale. Il apparaît alors nécessaire qu’un langage commun puisse être utilisé par les thérapeutes familiaux si ces derniers veulent contribuer au développement des connaissances issues de la pratique clinique (Practice-Based-Evidence, PBE [1]) dans le domaine de la thérapie familiale.

5Le même problème se pose pour les chercheurs intéressés à évaluer la relation entre le fonctionnement des familles et la présence d’une psychopathologie particulière chez un enfant ou un adolescent. Il n’y a pas de modèle explicatif commun du fonctionnement de la famille sur lequel les chercheurs peuvent s’appuyer pour sélectionner les composantes à cibler lors de la préparation de leurs devis de recherche. Les composantes qu’ils retiennent sont la plupart du temps déterminées par les instruments de mesure qu’ils utilisent pour évaluer les caractéristiques des familles, ce choix se faisant généralement sur la base des propriétés psychométriques des questionnaires afin de s’assurer de la validité des données colligées. Or, comme on le sait, la plupart de ces instruments de mesure porte sur un nombre limité de composantes (par exemple, le FACES IV de Olson, et coll., 2006 : cohésion, flexibilité et communication), ce qui limite d’autant la portée des résultats des études réalisées. Qui plus est, les composantes mesurées par chaque questionnaire ne sont pas toujours équivalentes entre elles, ce qui contribue aussi à réduire les possibilités de comparaisons entre les études. Par exemple, il est difficile de comparer les résultats de deux études basées sur deux instruments de mesure différents, par exemple le Family Assessment Device de Epstein (1978) d’un côté et le FACES IV de Olson, et coll. (2006) de l’autre. Le manque de consensus entre les concepteurs d’outils d’évaluation sur la définition des termes et l’absence de modèle explicatif commun du fonctionnement de la famille nuisent également au développement des connaissances scientifiques dans le champ de la thérapie familiale.

6Conscients de ces différentes lacunes, nous avons travaillé au cours des dernières années à identifier un langage commun pour favoriser les échanges entre les cliniciens, entre les chercheurs et, ultimement, entre les cliniciens et les chercheurs. Nous avons également travaillé à élaborer un modèle multidimensionnel et intégratif du fonctionnement de la famille pouvant rendre compte de la complexité du fonctionnement familial et des principales écoles en thérapie familiale systémique. Les buts visés par cet exercice sont, d’une part, de renforcer l’évaluation systématique de la famille par les thérapeutes familiaux afin de garantir la plus forte adéquation possible entre les caractéristiques du fonctionnement des familles et les interventions proposées et, d’autre part, de soutenir les thérapeutes qui veulent contribuer au développement des connaissances dans le domaine de la thérapie familiale (Practice-Based-Evidence). Nous espérons également que ce modèle puisse soutenir les chercheurs intéressés par le développement des pratiques probantes en thérapie familiale (Evidence-Based-Practice[2]) (pratiques basées sur des données probantes).

7Le présent article vise 1 – à proposer un lexique intégrateur des principales composantes du fonctionnement des familles, 2 – à présenter un modèle explicatif multidimensionnel et intégratif du fonctionnement familial (carte conceptuelle) afin de soutenir la pratique d’évaluation des thérapeutes familiaux et des chercheurs et 3 – à donner un aperçu de l’utilisation de ce modèle sur la pratique évaluative. Le modèle explicatif proposé dans cet article s’appuie sur les fondements de l’approche systémique et de l’approche développementale en psychopathologie. La première porte son attention sur la dynamique résultant de l’interaction entre les personnes qui composent la famille et sur comment celle­ci influence la conduite de ses membres. La seconde met plutôt l’accent sur l’interaction entre la personne et les divers environnements avec lesquels elle doit composer et les différents facteurs de risque et de protection qui ont pu influencer son parcours développemental, la famille étant considérée ici comme un de ces environnements.

Proposition d’un lexique des principales composantes du fonctionnement familial

Méthodologie

8La première étape du travail d’identification d’un lexique des principales composantes du fonctionnement des familles a été de faire une recension des écrits sur les différents modèles et grilles d’évaluation du fonctionnement des familles publiés entre 1980 et 2013. L’objectif était de faire le point sur les différents termes utilisés par les auteurs pour désigner les composantes du fonctionnement familial. Cette recension a été publiée dans la revue Thérapie familiale en 2013 sous le titre « Evaluation du fonctionnement familial » : état des connaissances. Cette recension des écrits a ensuite été revue et complétée au cours de l’automne 2015. La démarche que nous avons empruntée pour réaliser ces recensions d’écrits a été la suivante. Les banques de données PsycInfo, SocIndex, Social Sciences Full Text, EBSCO et Psychological and Behavioral Sciences Collection ont été consultées à l’aide des mots­clés family, family functioning, assessment, evaluation, dimensions, theory, model, protocol et guidelines. Les textes sélectionnés lors de la recherche documentaire devaient porter sur les recommandations des auteurs concernant les composantes à considérer lors de l’évaluation du fonctionnement familial. Pour être retenus, ces textes devaient avoir été publiés entre 1980 et 2015 et avoir été rédigés en anglais ou en français. Cette démarche a permis de recenser 507 articles. Cette étape franchie, 298 doublons (c’est­à­dire les articles identiques provenant des différentes banques de données consultées) ont été retirés ainsi qu’un autre groupe de 134 articles pour les motifs suivants : l’article traitait d’instruments de mesure, portait sur des études réalisées dans un contexte spécifique (par exemple le fonctionnement familial de jeunes présentant un trouble des conduites), était semblable à un autre article écrit par le même auteur et faisait mention des mêmes thèmes, était écrit par des auteurs différents mais sur le même modèle théorique, proposait une démarche d’évaluation ou tout simplement des questions à investiguer avec la famille sans proposer de modèle d’évaluation. Sur les 75 articles restants, 34 autres ont été retranchés puisque les auteurs discutaient de l’importance de l’évaluation sans proposer de modèles ni de composantes précises à prendre en considération lors de l’évaluation de la famille. Au final, 41 articles ont été retenus.

9Le traitement de ces textes a permis de dresser une liste de tous les termes proposés par les auteurs pour désigner les principales composantes du fonctionnement familial. Toutes ces composantes ont été répertoriées dans un tableau de recension des écrits [3].

10Lors de la deuxième étape, ces composantes spécifiques ont été regroupées en composantes plus générales sur la base de leurs similitudes conceptuelles. Ce travail a permis d’identifier 14 composantes principales distinctes, soit : 1 – les caractéristiques personnelles des parents, 2 – les caractéristiques personnelles des enfants, 3 – le contexte socioculturel, 4 – les caractéristiques et relations avec les familles d’origine, 5 – les ressources sociales, économiques et communautaires, 6 – l’histoire développementale de la famille (incluant les tâches développementales non résolues, l’instabilité familiale et environnementale, les événements stressants actuels et ceux vécus au cours de la dernière année, les événements marquants vécus par la famille au cours de son histoire, les problèmes non résolus dans l’histoire familiale) et les composantes plus spécifiques du fonctionnement familial, 7 – l’épistémologie familiale, 8 – la communication, 9 – la composition, le type de famille et la diversité familiale, 10 – la dynamique du couple, 11 – la cohésion familiale, 12 – la structure et la flexibilité familiales, 13 – la fonction exécutive de la famille et 14 – les tâches familiales.

11La troisième étape a permis d’identifier les différents éléments inclus dans chacune des composantes. Ceux­ci sont présentés sous forme de tableau en annexe. Cette étape franchie, nous avons été en mesure de formuler une définition intégrative de chacune de ces composantes familiales. Ces définitions sont présentées dans la section qui suit. Lors de la quatrième étape, nous avons conçu une carte conceptuelle du fonctionnement de la famille. Celle­ci vise à illustrer comment ces 14 composantes sont organisées et interreliées.

12Le présent article comprend deux sections. En premier lieu, nous proposons un lexique des différentes composantes du fonctionnement familial. Suivra la présentation de la carte conceptuelle du fonctionnement familial qui intègre et hiérarchise l’ensemble de ces composantes.

Proposition d’un lexique des différentes composantes du fonctionnement familial

13Les 14 composantes du fonctionnement familial identifiées ont été regroupées en trois grandes catégories : 1 – les composantes contextuelles, soit le contexte socioculturel, les caractéristiques des membres de la famille, les facteurs environnementaux (caractéristiques des familles d’origine des parents et ressources sociales, économiques et communautaires) et l’histoire développementale de la famille ; 2 – les composantes du fonctionnement familial proprement dit, soit l’épistémologie familiale, le portrait familial, la dynamique du couple, la communication, la cohésion et la structure familiales et les compétences exécutives ; et 3 – les tâches familiales (voir le tableau qui suit).

Tableau 1

Regroupement des 14 composantes du fonctionnement familial

Tableau 1
Catégories de composantes Composantes Composantes contextuelles • Contexte socioculturel • Caractéristiques des parents • Caractéristiques des enfants • Caractéristiques des familles d’origine • Ressources sociales, économiques et communautaires • Histoire développementale de la famille Composantes • Épistémologie familiale du fonctionnement familial • Portrait familial • Dynamique du couple • Communication • Cohésion • Structure • Compétences exécutives Tâches familiales • Tâches familiales

Regroupement des 14 composantes du fonctionnement familial

Les composantes contextuelles

Le contexte socioculturel dans lequel évolue la famille

14Le terme contexte socioculturel désigne l’assemblage de certaines caractéristiques contextuelles et identitaires de la famille, soit la nationalité, l’identité ethnique et l’identité religieuse (Bray, 1995 ; 2009 ; Dishion, et coll., 2007 ; Watson, et coll., 1998), la classe sociale d’appartenance (Holman, 1983 ; Watson, et coll., 1998) et les valeurs partagées par la communauté dans laquelle la famille est intégrée (Georgiades, et coll., 2008 ; Holman, 1983 ; Watson, et coll., 1998). La composante socioculturelle de la famille est la toile de fond sur laquelle s’érige la famille. Elle influence directement l’épistémologie familiale, l’organisation et les interactions entre les différentes composantes du fonctionnement familial et, conséquemment, la manière d’assumer les tâches familiales. Elle doit donc être constamment prise en compte lors de l’examen de chacune des composantes du fonctionnement familial. Par exemple, la relation parents­enfants dans une famille ne peut pas être comprise de la même manière selon la nationalité, l’identité ethnique, la classe sociale et les valeurs partagées par la communauté d’appartenance de la famille. Il en est de même pour la plupart des autres composantes du fonctionnement familial. En conséquence, il appert qu’une connaissance adéquate du fonctionnement des familles selon différents contextes culturels s’avère un atout pour les thérapeutes familiaux.

Les caractéristiques personnelles des membres de la famille

15Le terme caractéristiques personnelles des parents inclut la santé physique et psychologique des parents, leurs compétences fonctionnelles et relationnelles et leur orientation sexuelle. La santé physique réfère à la présence ou non de maladies ou d’invalidités physiques (Snyder, et coll., 1995 ; Wilkinson, 2000). La santé psychologique des parents renvoie quant à elle à la présence ou non de troubles mentaux (Dishion, et coll., 2007 ; Wilkinson, 2000), leur style d’attachement (Wilkinson, 1988, 2000), leur niveau d’individuation et de différenciation (autonomie et régulation émotionnelle) (Bray, 2009), leurs traits de personnalité (Odell, 2003) et leurs capacités d’empathie (Odell, 2003). Leurs compétences fonctionnelles font référence à leurs capacités de compréhension, d’autocontrôle, d’autoréflexion, d’insight et à leurs capacités à résoudre leurs propres problèmes et à remplir leurs rôles et leurs fonctions dans la famille (Lawrence, 2006 ; Snyder, et coll., 2002). Le terme compétences relationnelles, quant à lui, désigne le fonctionnement interpersonnel des parents (Lawrence, 2006 ; Odell, 2003). Enfin, Bray (2009) suggère d’interroger les parents sur leur orientation sexuelle. Il est indéniable que ces différentes caractéristiques personnelles des parents ont un impact déterminant sur le fonctionnement du couple et de la famille, leur style parental (voir Baumrind [4]), leur engagement relationnel auprès des autres membres de la famille et leur sensibilité face aux besoins développementaux de leurs enfants.

16Le terme caractéristiques personnelles des enfants inclut la santé physique et psychologique des enfants, leur niveau de développement et les événements de vie auxquels ils ont été confrontés. La santé physique des enfants renvoie à la présence ou non de maladies chroniques ou de handicaps physiques (Wilkinson, 2000). La santé psychologique des enfants fait référence à la présence ou non de troubles émotionnels, aux comportements des enfants dans leurs relations avec les autres (Wilkinson, 2000) et à leur style d’attachement (Wilkinson, 1988). Le terme niveau de développement renvoie quant à lui au niveau de développement des enfants sur les plans biologique, cognitif, langagier, moteur, affectif et social (Wilkinson, 2000) et à leur niveau de scolarité (Lawrence, 2006). Enfin, le terme événements de vie réfère aux événements de vie négatifs auxquels les enfants ont pu être confrontés (deuils, séparations ou traumatismes) au cours de leur développement. Selon les perspectives écologique et systémique, il ne faut pas oublier que l’enfant ne fait pas que subir l’influence de sa famille, il contribue également à la façonner.

Les facteurs environnementaux

17Cette deuxième catégorie de composantes inclut les caractéristiques et l’influence des familles d’origine des parents et les ressources sociales, économiques et communautaires dont bénéficie la famille.

18Le terme caractéristiques et influences des familles d’origine des parents fait référence aux caractéristiques identitaires des familles d’origine, aux caractéristiques physiques et psychologiques de ses membres, au climat relationnel qui caractérise ces familles, aux stress et aux événements traumatiques vécus dans ces familles et à la qualité des relations entre les familles d’origine et la famille actuelle des parents. Le terme caractéristiques identitaires est un assemblage de la composition, structure (Geismar, et coll., 1993), ethnie, religion (Geismar, et coll., 1993), classe sociale et niveau socio­économique (Geismar, et coll., 1993) et d’éducation (Geismar, et coll., 1993) des familles d’origine des parents. Par ailleurs, le terme santé physique et psychologique fait référence à la santé physique et psychologique des différents membres des familles d’origine (Geismar, et coll., 1993) et au style d’attachement des parents d’origine (celui­ci pouvant avoir un impact sur le style d’attachement actuel du parent [5]) (Lyons­Ruth, et coll., 2003 ; 2005). Le terme climat des relations réfère à la qualité et au climat des relations dans ces familles (Busby, et coll., 2005 ; Geismar, et coll., 1993 ; Wilkinson, 2000) et à la présence de violence ou de maltraitance au cours de l’enfance des parents (Busby, et coll., 2005). Plusieurs auteurs suggèrent également de documenter les stress et événements traumatiques auxquels les familles d’origine ont été confrontées au cours de leur histoire (Busby, et coll., 2005 ; Geismar, et coll., 1993 ; Watson, et coll., 1998). D’autres invitent à documenter la qualité des relations entre les familles d’origine et la famille actuelle, la qualité du soutien offert par les familles d’origine à la famille actuelle (Busby, et coll., 2005 ; Drummond, 2002 ; Odell, 2003) et le niveau de réciprocité dans ces échanges (Hartman, 1995). De nombreux auteurs ont maintes fois démontré l’influence déterminante des familles d’origine sur l’adaptation personnelle des parents, parfois même des enfants et sur le fonctionnement actuel de la famille.

19Le terme ressources sociales, économiques et communautaires renvoie aux relations que la famille entretient avec le monde extérieur, aux ressources économiques et matérielles dont elle dispose et au soutien reçu de la part des institutions. Le terme relations avec le monde extérieur inclut les relations que la famille entretient avec les proches (amis, famille élargie), les personnes en dehors du cercle familial, le voisinage et les institutions (Carlson, 2003 ; Holman, 1983 ; Loader, et coll., 1982 ; Odell, 2003), son implication dans la communauté (Carlson, 2003) et le soutien social auquel la famille a accès (Walsh, 2006). Le terme ressources économiques et matérielles réfère aux ressources économiques dont bénéficie la famille (revenu annuel/niveau d’endettement) (Bray, 2009 ; Carlson, 2003 ; Drummond, et coll., 2002 ; Georgiades, et coll., 2008), au niveau d’éducation (Glaser, 1984 ; Holman, 1983), aux conditions de travail des parents (Carlson, 2003) et à la qualité du logement dans lequel vit la famille (Holman, 1983). Enfin, Walsh (2006) propose de s’intéresser à la qualité du soutien reçu par la famille et de la part des institutions. Il est reconnu qu’un manque de ressources sociales, économiques, matérielles et communautaires constitue un facteur de risque [6] pour une famille alors que l’accès à ces mêmes ressources peut constituer un facteur de protection [7] pour permettre à la famille de faire face aux aléas de la vie quotidienne.

L’histoire développementale de la famille

20Cette catégorie de composantes inclut les facteurs de risque suivants : 1 – les tâches développementales non résolues par la famille, 2 – l’instabilité familiale et environnementale, 3 – les événements stressants actuels et ceux vécus au cours de la dernière année, 4 – les événements marquants vécus par la famille au cours de son histoire et 5 – la présence de problèmes non résolus dans l’histoire de la famille. La présence de l’un de ces facteurs ou leur cumul peut fragiliser l’adaptation et le développement de la famille. En contrepartie, la résolution de ces défis développementaux contribue à renforcer la confiance que la famille a en ses moyens et sa capacité de résilience (Walsh, 2006).

21Le terme tâches développementales non résolues fait référence aux difficultés rencontrées par la famille pour résoudre certaines tâches développementales au cours de son histoire (par exemple que les parents se soutiennent dans l’exercice de leurs rôles parentaux ou qu’ils ont été en mesure de s’entendre sur la manière d’exercer leurs rôles dans la famille). On sait qu’un cumul de tâches développementales non résolues rend la famille plus vulnérable lors de la résolution de tâches développementales ultérieures (Bray, 2009 ; Bradley, et coll., 2008). En outre, on note qu’un cumul de tâches développementales non résolues est associé à une vulnérabilité familiale accrue et à une probabilité plus élevée que la famille soit confrontée à des pathologies et à des crises familiales sévères et récurrentes (Bray, 2009 [8]).

22Le terme instabilité familiale et environnementale désigne les nombreux changements de configuration auxquels la famille a été confrontée au fil de son histoire (naissances nombreuses, séparation des parents, recomposition familiale, départ d’un des membres, etc.) (Beck, et coll., 2010 ; Bzostek, et coll., 2011 ; Fomby, et coll., 2007 ; Wu, et coll. 2001) et les multiples changements d’environnement auxquels ont été confrontés les membres de la famille (déménagements, immigration, changements d’école, etc.) (Calabrese, 1989 ; Gillespie, et coll., 1999 ; Pettit, 2004). L’instabilité familiale et environnementale peut nuire à la continuité relationnelle des individus avec les personnes de leur entourage et, conséquemment à leur sentiment de sécurité, à la qualité de leur insertion sociale et, éventuellement, à leur développement social.

23Le terme événements stressants actuels et ceux vécus au cours de la dernière année réfère aux nombreux stress internes (problèmes économiques, pauvreté chronique, conflits intrafamiliaux, stress émotionnels, séparations, décès, maladie) ou externes (difficultés professionnelles, perte d’emploi, conditions environnementales et sociales défavorables, milieu de vie peu sécurisant, catastrophes, conflits extrafamiliaux) auxquels la famille est actuellement confrontée ou a été confrontée au cours de la dernière année (Bray, 1995 ; 2009 ; Brock, et coll., 1999 ; Drummond, et coll., 2002 ; Favez, 2010 ; 2012 ; Lawrence, 2006). Comme le souligne Bateson (1980) dans sa théorie sur l’économie de souplesse, un cumul d’événements stressants peut contribuer à épuiser les capacités adaptatives de la famille et compromettre sa souplesse de fonctionnement.

24Le terme événements marquants vécus par la famille au cours de son histoire comprend les crises, transitions, événements critiques majeurs qui ont influencé de façon durable la trajectoire développementale de la famille et son fonctionnement actuel (Brock, et coll., 1999 ; Carlson, 2003 ; Glaser, et coll., 1984 ; Favez, 2010 ; 2012). On peut penser ici à l’impact du décès tragique d’un enfant sur le fonctionnement et l’évolution de la famille ou encore à l’immigration d’une famille dans un nouveau pays.

25Le terme problèmes non résolus dans l’histoire de la famille désigne les événements critiques qui n’ont pas été assimilés par la famille au cours de son histoire (séparation non résolue entre les parents, deuil non assumé, etc.). La non­résolution de ces événements critiques peut avoir pour effet de paralyser l’évolution de la famille et de contribuer à augmenter sa vulnérabilité croissante et la probabilité plus élevée qu’elle soit confrontée à des pathologies et à des crises familiales sévères et récurrentes (Epstein, et coll., 1978). On peut penser ici à l’impact d’un suicide d’un des parents que l’on évite d’aborder dans la famille pour tenter de panser les plaies. Tôt ou tard, cet événement non métabolisé (et possiblement traumatique) risque de refaire surface lorsque la famille sera confrontée à un événement stressant pouvant présenter ou non certaines similitudes avec cette perte soudaine et violente.

Les composantes spécifiques du fonctionnement familial

26Dans cette sous­section, nous présentons les définitions des composantes du fonctionnement familial proprement dit. Ces composantes sont l’épistémologie familiale, le portrait familial, la dynamique du couple, la communication, la cohésion, la structure et la fonction exécutive.

27Le terme épistémologie familiale fait référence à la posture cognitive, à la construction du monde partagée par les membres de la famille. Celle­ci est influencée par les valeurs (Beavers, et coll., 2003 ; Doherty, et coll., 1984 ; Glaser, et coll., 1984 ; Steinhauer, 1987) et les croyances partagées par les membres de la famille (Beavers, et coll., 2003 ; Holman, 1983 ; Rolland, et coll., 1996 ; Seywert, 1990 ; Walsh, 2006), les mythes familiaux (l’ensemble des croyances et convictions fondamentales partagées par les membres de la famille sans contestation possible) (Brock, et coll., 1999 ; Seywert, 1990), les convictions, les suppositions, les attributions et prémisses sur la façon dont fonctionnent les relations. Ces différentes composantes sont influencées par les familles d’origine des parents (Brock, et coll., 1999), le contexte socioculturel, l’appartenance à certains sous­groupes, les événements marquants dans l’histoire des personnes et de la famille (voir plus haut l’histoire développementale de la famille) et les relations vécues par le passé (Glaser, 1984 ; Steinhauer, 1987). L’épistémologie familiale influence l’ensemble des composantes du fonctionnement familial et les styles de résolution de conflits (Rolland et Walsh, 1996). Elle est la pierre d’assise du fonctionnement familial (climat relationnel, organisation et flexibilité, fonction exécutive et réalisation de tâches familiales) et une composante essentielle dans la capacité de la famille à faire face aux perturbations, à l’adversité. Les approches constructivistes et du constructionnisme social ciblent particulièrement cette dimension du fonctionnement familial.

28Le terme portrait familial inclut la taille de la famille et les spécificités de ses membres (âge, sexe) (Bray, 2009 ; Carlson, 2003 ; Georgiades, et coll., 2008 ; Lawrence, 2006), le type de famille (intacte, recomposée, monoparentale, homoparentale) (Bray, 1995 ; 2009 ; Carlson, 2003), l’ethnicité, l’orientation sexuelle des parents, le statut socio­économique et la religion (Bray, 2009). Ces différentes caractéristiques ont une influence directe sur la dynamique des autres composantes du fonctionnement familial (Bray, 2009).

29La dynamique du couple désigne, d’une part, la qualité (intimité, complicité, soutien et engagement) et le temps consacré à la relation conjugale (Frascarolo, et coll., 2005 ; Loader, et coll., 1982). D’autre part, elle réfère aux compétences des parents et au degré de complicité des parents dans l’exercice des rôles parentaux (gestion des tâches familiales), au niveau d’équilibre dans la répartition des tâches et à la capacité des parents à négocier leurs désaccords (Brock, et coll., 1999 ; Frascarolo, et coll., 2005 ; Lawrence, 2006 ; Loader, et coll., 1982). Enfin, elle renvoie à l’équilibre entre relation conjugale et parentale. Le fonctionnement du couple des parents influence directement le climat familial et l’ensemble des relations entre les membres de la famille. Il s’agit d’une composante centrale de la famille. Selon Westley, et coll. (1969 ; dans Favez, 2010), « une relation émotionnellement ouverte et chaleureuse entre les parents est indispensable pour la santé mentale des enfants, et ce quel que soit l’état mental individuel des parents. La relation entre parents est vue comme un tampon qui atténue l’effet possible d’une pathologie parentale sur l’enfant » (p. 198).

30La communication est une dimension transversale du fonctionnement familial. Elle désigne à la fois la communication instrumentale (la communication fonctionnelle de la vie de tous les jours) et affective (les aspects émotionnels de la vie de famille) (Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 1978 ; 2003). Elle se caractérise par le niveau de clarté et de direction des échanges (Bishop, et coll., 1980 ; Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 1978 ; Favez, 2010 ; 2012 ; Mulligan, et coll., 2010 Steinhauer, 1987 ; Walsh, 2006), le niveau de cohérence entre la communication verbale et non verbale (Holman, 1983), la diversité des affects exprimés (palette émotionnelle) (Bray, 1995 ; 2009 ; Brock, et coll., 1999 ; Carlson, 2003 ; Epstein, et coll., 1978 ; 2003 ; Seywert, 1990 ; Snyder, et coll., 2002), le niveau d’adéquation de la réponse émotionnelle et le respect lors des échanges (Mulligan, et coll., 2010). Elle fait référence également à certaines compétences familiales, soit les habiletés de communication positive (empathie, écoute, soutien) (Olson, 2000 ; 1989) et la capacité des membres à écouter et à exprimer leurs besoins, émotions et désirs (autodivulgation) (Bray, 1995 ; Skinner, et coll., 2000). Une bonne communication influence positivement les autres composantes du fonctionnement familial (Bray, 2009), notamment la cohésion et la structure familiale (Olson, 1989), la résolution des problèmes et l’exercice des rôles (Skinner, et coll., 2000).

31Le terme cohésion familiale fait référence à la qualité des relations entre les membres de la famille (Bray, 2009 ; Lawrence, 2006 ; Odell, 2003 ; Steinhauer, 1987 ; West, 1988) et au climat affectif qui règne dans la famille (Olson, 1989 ; 2000). Elle se traduit par l’engagement (Bray, 2009 ; Doherty, et coll., 1984), l’intérêt affectif (Bishop, et coll., 1980 ; Favez, 2010 ; 2012 ; Snyder, et coll., 2002), l’implication (Skinner, et coll., 2000), l’attachement, le sentiment d’inclusion, la loyauté entre les membres de la famille, le soutien mutuel (Walsh, 2006), l’intensité et la qualité des liens émotionnels (Carlson, 2003), le niveau d’expression de l’affection (Frascarolo, et coll., 2005), l’empathie (Beavers, et coll., 2003 ; Favez, 2010 ; 2012), la chaleur (Favez, 2010 ; 2012), la confiance, le soutien émotionnel (Brock, et coll., 1999), le partage d’intérêts (Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 2003) et de valeurs communes, le sentiment de sécurité et de confort relationnel et le degré de différenciation/individuation (Brock, et coll., 1999 ; Favez, 2010 ; 2012 ; Lawrence, 2006 ; Mulligan, et coll., 2010 ; Rolland, et coll., 1996). Une bonne cohésion contribue à l’efficacité de la résolution des problèmes (Bray, 2009). En contrepartie, une faible cohésion réduit l’intérêt à communiquer et affecte négativement l’intérêt à résoudre des conflits et à accomplir des tâches. La cohésion est une des composantes essentielles des capacités de résilience de la famille (Walsh, 2006).

32Le terme structure familiale réfère à la dimension organisationnelle de la famille. Cette composante renvoie aux rôles (Bishop, et coll., 1980 ; Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 2003 ; Favez, 2010 ; Seywert, 1990 ; Steinhauer, 1987), aux règles (Brock, et coll., 1999 ; Rolland, et coll., 1996 ; Seywert, 1990), aux frontières, à la hiérarchie de la famille (Beavers, et coll., 2003 ; Brock, et coll., 1999 ; Holman, 1983 ; Loader, et coll., 1982 ; Rolland, et coll., 1996 ; Seywert, 1990) et à la distribution des tâches (Skinner, et coll., 2000). Elle désigne aussi la clarté et le degré d’ouverture des frontières intergénérationnelles, interpersonnelles et extérieures et la présence de routines familiales (Bray, 2009). La structure familiale peut être plus ou moins flexible. Une famille flexible se caractérise par sa capacité à ajuster sa structure de pouvoirs, les rôles et les règles relationnelles en réponse à un stress développemental ou situationnel (Carlson, 2003 ; Favez, 2010 ; 2012 ; Holman, 1983 ; Mulligan, et coll. 2010 ; Olson, 1989 ; 2000 ; Rolland, et coll., 1996 ; Walsh, 2006 ; West, 1988). Cette composante a un impact important sur l’exécution des tâches familiales. Les approches structuraliste et stratégique en thérapie familiale ciblent particulièrement cette dimension du fonctionnement familial.

33La fonction exécutive fait référence à la capacité et à la compétence de la famille à gérer les nombreuses tâches qu’elle doit assumer quotidiennement pour répondre aux besoins développementaux de ses membres et assurer l’équilibre familial. Certains utilisent le terme opérations familiales (Beavers, et coll., 2003 ; Bishop, et coll., 1980 ; Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 2003 ; Loader, et coll., 1982 ; Mulligan, et coll., 2010 ; Rolland, et coll., 1996 ; Walsh, 2006). La fonction exécutive est directement influencée par les autres composantes du fonctionnement familial (épistémologie, dynamique du couple parental, communication, cohésion, structure et flexibilité). Elle peut être renforcée ou entravée par la dynamique des interactions entre ces différentes composantes. Par exemple, un conflit sévère entre les parents peut influencer négativement la qualité de la cohésion et de la communication et contribuer à la rigidification de la structure familiale et, conséquemment, altérer les réponses données par les parents aux besoins des différents membres de la famille par manque de disponibilité. Inversement, une forte cohésion familiale, combinée à une bonne communication et une structure flexible, contribue à l’implication des membres de la famille dans la réalisation des tâches quotidiennes ou encore la résolution de certaines tâches développementales. La fonction exécutive peut également être indirectement entravée par les composantes contextuelles, plus particulièrement par l’influence que ces dernières exercent sur les composantes du fonctionnement familial. Par exemple, un cumul de tâches développementales non résolues peut influencer négativement la qualité de la communication et la cohésion familiale puis, conséquemment, la gestion des tâches familiales. De même, le manque de ressources économiques peut exercer une pression sur la famille, entraver la dynamique du couple et, conséquemment, la disponibilité des parents dans la gestion des tâches familiales.

Les tâches familiales

34Les tâches familiales (ou opérations familiales) renvoient aux différentes actions qu’une famille doit poser pour répondre aux besoins développementaux de ses membres, préserver leur santé, sécurité, confort et intimité et permettre le maintien de l’équilibre familial. Pour atteindre ces objectifs la famille doit accomplir les différentes tâches ou opérations suivantes : prodiguer les soins de base et répondre aux besoins émotifs et développementaux des membres de la famille (Doherty, et coll., 1984 ; Favez, 2012 ; Lawrence, 2006 ; Loader, et coll., 1982 ; Steinhauer, 1987), assurer une gestion adéquate du quotidien (exécution des tâches de base et des rôles) (Epstein, et coll., 2003 ; Favez, 2010 ; Steinhauer, et coll., 1984), assurer la qualité des relations entre les membres de la famille (cohésion familiale) et le respect des frontières interpersonnelles et intergénérationnelles (Epstein, et coll., 1978 ; Loader, et coll., 1982 ; Seywert, 1990 ; Steinhauer, et coll., 1984). Aussi, les parents doivent exercer un leadership solide et adopter des pratiques parentales ajustées au niveau de développement des enfants (Dishion, et coll., 2007 ; Lawrence, 2006 ; Snyder, et coll., 2002 ; Walsh, 2006). La famille doit également s’adapter aux événements imprévus (Carlson, 2003 ; Epstein, et coll., 2003 ; Favez, 2010), gérer de façon adéquate les relations avec l’entourage (Loader, et coll., 1982), résoudre et s’adapter aux tâches développementales liées au cycle de vie actuel (Bray, 2009 ; Epstein, et coll., 2003 ; Holman, 1983 ; Rolland, et coll., 1996 ; Seywert, 1990 ; Steinhauer, et coll., 1984) et résoudre les conflits et les crises familiales (Bray, 2009 ; Craine, et coll., 1992 ; Loader, et coll., 1982 ; Steinhauer, et coll., 1984).

35Dans la section suivante, nous tenterons d’illustrer, à l’aide d’une carte conceptuelle du fonctionnement familial, comment ces différentes composantes du fonctionnement familial sont possiblement interreliées et comment elles peuvent s’inter­influencer.

Carte conceptuelle du fonctionnement familial

Qu’est-ce qu’une carte conceptuelle ?

36Une carte conceptuelle permet de synthétiser et de représenter graphiquement une littérature abondante sur une problématique ciblée. Elle permet d’illustrer la façon dont les différentes composantes d’une problématique sont interreliées et s’interinfluencent. Elle vise à illustrer un modèle explicatif de la problématique ciblée.

37Une carte conceptuelle peut avoir de multiples utilités pour le thérapeute. Elle sert d’abord de guide, de cadre de référence lorsqu’il doit procéder à l’évaluation d’une problématique ciblée. Elle peut être utilisée comme un outil d’évaluation systématique puisqu’elle assure que le thérapeute ne négligera pas certaines composantes de la problématique ciblée qui pourraient avoir une influence déterminante sur l’apparition ou le développement de celle­ci.

38Une fois l’évaluation systématique complétée, le thérapeute est en mesure d’identifier les composantes en cause dans la problématique ciblée, les interactions qu’elles entretiennent entre elles et leurs interinfluences. Ce travail de mise en relation des composantes identifiées permet au thérapeute d’élaborer une hypothèse explicative de la problématique : qu’est­ce qui a pu contribuer à l’émergence, au développement et au maintien de la problématique ? La carte conceptuelle peut donc être aussi utilisée comme un outil d’élaboration d’une hypothèse explicative et d’identification des objectifs d’intervention.

39Une hypothèse explicative bien construite permet par la suite au thérapeute d’identifier différentes approches possibles pour résoudre la problématique, différentes voies permettant d’atteindre les objectifs d’intervention. À cet effet, la carte conceptuelle peut être utilisée comme un outil facilitant la planification de l’intervention.

40Généralement, le thérapeute se doit de communiquer sa compréhension de la problématique ciblée aux personnes concernées. Parfois, il doit aussi le faire auprès de collègues de travail ou de partenaires. L’utilisation de la carte conceptuelle permet au thérapeute d’illustrer aisément sa compréhension de la problématique ciblée. À cet effet, la carte conceptuelle peut être utilisée comme un outil de communication, même un outil thérapeutique pour le thérapeute.

41Enfin, dans la situation où plusieurs professionnels sont impliqués dans une même situation clinique, la carte conceptuelle permet une compréhension commune de la problématique, une distribution des rôles de chacun des professionnels dans l’intervention et une meilleure compréhension des retombées possibles de l’intervention de chacun sur l’atteinte des objectifs. En ce sens, la carte conceptuelle peut être utilisée comme un outil de partenariat.

Carte conceptuelle sur le fonctionnement familial

42La carte conceptuelle que nous avons construite résulte de l’assemblage de la recension des écrits réalisée au départ de ce travail, de recommandations des auteurs recensés sur la manière dont ils perçoivent les relations entre les principales composantes du fonctionnement familial. Elle permet de rendre compte de la façon dont les différentes composantes du fonctionnement familial définies précédemment sont interreliées et s’interinfluencent. Cette carte conceptuelle s’inscrit dans la lignée de pensée de Selvini Palazzoli (1987) qui suggère la construction d’une carte susceptible d’intégrer les niveaux biologiques, individuels, familiaux et sociaux pour soutenir l’évaluation et l’intervention. Le défi que nous avons tenté de relever est de rendre compte de l’ensemble des informations colligées de façon intégrée, claire et opérationnelle.

Figure 1

Carte conceptuelle du fonctionnement familial

Figure 1

Carte conceptuelle du fonctionnement familial

En toile de fond le contexte socioculturel

43Tel qu’illustré dans cette carte conceptuelle, le contexte culturel dans lequel évolue la famille (la nationalité, l’identité ethnique et religieuse, la classe sociale d’appartenance et les valeurs partagées par la communauté dans laquelle la famille est intégrée) est la toile de fond sur laquelle s’érige celle­ci. Elle influence directement l’organisation et les interactions entre les différentes composantes du fonctionnement familial et, conséquemment, la manière d’assumer les tâches familiales. Comme thérapeute, on est souvent peu ou pas attentif à cette composante lorsque l’on travaille auprès de familles provenant du même milieu socioculturel ou proche du nôtre. Cependant, lorsque l’on intervient auprès d’une famille émigrante provenant d’une culture assez distincte de la nôtre, nous sommes frappés par l’influence déterminante de cette composante sur la manière dont la famille fonctionne. Bien que déterminante, le thérapeute a peu d’influence sur cette composante. Tout au plus doit­il prendre conscience de son influence sur le fonctionnement de la famille qu’il a devant lui et ajuster son intervention en respectant les singularités de la culture familiale.

Les caractéristiques personnelles des membres de la famille

44Il est établi que les caractéristiques personnelles des membres de la famille influencent directement le fonctionnement de la famille. Par exemple, des problèmes de santé physique chez un des parents peuvent augmenter la vulnérabilité familiale et conséquemment les compétences exécutives et la manière d’assumer les tâches familiales. En outre, des problèmes de santé mentale ou un problème de consommation de psychotropes d’un des parents risquent d’altérer de façon directe la dynamique du couple, la cohésion familiale, la communication et, finalement, la fonction exécutive. Par ailleurs, un trouble oppositionnel chez un enfant de la famille affectera inévitablement le fonctionnement familial, notamment l’exercice des rôles parentaux, la cohésion familiale, éventuellement, la fonction exécutive et, conséquemment, la manière d’assumer les tâches familiales (comme l’exercice du leadership et de l’autorité familiale ou la résolution des conflits et des crises familiales). Réciproquement, la réponse de la famille peut contribuer au maintien ou au renforcement des difficultés personnelles présentées par un des parents ou par l’enfant.

Relation entre les parents et les enfants

45Outre le fait que les caractéristiques personnelles des parents et des enfants influencent le fonctionnement familial, on a montré plus haut que les difficultés relationnelles et d’ajustement entre les parents et un enfant peuvent altérer le fonctionnement familial par l’intermédiaire de l’impact que cela peut avoir notamment sur l’exécution des rôles parentaux et des tâches familiales.

L’influence des familles d’origine

46On ne peut passer sous silence l’influence déterminante des familles d’origine des parents sur leurs caractéristiques personnelles, leurs valeurs (Geismar et Camasso, 1993), leurs attitudes et comportements comme conjoints et comme parents. De nombreux auteurs dans le domaine de la thérapie familiale ont porté leur attention sur cette dimension. Selon Watson, et coll. (1998), les difficultés vécues par les parents dans leur famille d’origine, les problèmes non résolus, les épisodes de stress du passé, les mythes familiaux influencent directement leurs conduites dans la famille actuelle et, conséquemment, son fonctionnement même. Par ailleurs, le soutien des familles d’origine lors de la naissance des enfants peut constituer un facteur de protection majeur pour l’adaptation personnelle des parents, l’exercice de leurs rôles parentaux et le fonctionnement familial.

Relation entre les parents et les familles d’origine

47Par ailleurs, on ne peut ignorer le fait que les relations entre les parents et leurs familles d’origine (par exemple, un conflit entre un des parents et la famille d’origine du conjoint) peuvent altérer la dynamique du couple, l’exécution des rôles parentaux, la cohésion familiale et la manière de gérer les tâches familiales.

L’apport des ressources sociales, économiques et communautaires

48Dans un autre ordre d’idées, on reconnaît que la présence ou l’absence de ressources sociales, économiques et communautaires agiront selon le cas comme facteurs de risque ou facteurs de protection sur le fonctionnement et les capacités adaptatives de la famille. Il est reconnu que l’absence de soutien social peut influencer négativement l’exercice des rôles parentaux en rendant les parents plus intolérants à l’égard de leurs enfants. De même, des difficultés sur le plan économique exercent un stress sur les parents, ce qui peut influencer négativement l’exercice de leurs rôles parentaux et la qualité de leurs réponses aux besoins de leurs enfants. Enfin, l’absence de soutien communautaire peut contribuer à l’isolement de la famille et à l’absence de réponses adéquates de la part de la communauté afin d’aider la famille à faire face à certains événements stressants. Inversement, l’accès à des ressources sociales, économiques et communautaires peut permettre à la famille de composer avec des stress majeurs au cours de son développement.

L’histoire développementale de la famille

49Les différentes facettes de l’histoire développementale de la famille influencent directement le fonctionnement familial et sa trajectoire développementale. À cet égard, Bradley, et coll. (2008), et Bray (2009) observent qu’un cumul de tâches développementales non résolues est associé à un dysfonctionnement familial croissant et à une probabilité élevée que la famille soit confrontée à des pathologies et des crises familiales sévères. La non­résolution de tâches développementales peut également être associée à l’apparition de comportements symptomatiques chez un des membres de la famille lors de transitions ultérieures. Par ailleurs, on note que les changements de configuration familiale augmentent les risques de stress parentaux et de pratiques disciplinaires plus sévères (Beck, et coll., 2010). Dans le même ordre d’idées, Bzostek, et coll. (2011) observent que l’instabilité familiale est liée à une moins bonne santé chez l’enfant. Les nombreux déménagements ont également un effet négatif sur la performance scolaire des enfants (Gillespie, et coll., 1999) et l’insertion sociale des adolescents (Calabrese, 1999). Enfin, Epstein, et coll. (1978) notent que la non­résolution de problèmes auxquels la famille a été confrontée au cours de son histoire est associée à une vulnérabilité croissante de la famille et à une probabilité plus élevée qu’elle soit confrontée à des pathologies et à des crises familiales sévères et récurrentes. Selon la manière dont la famille répond à ces stress développementaux, celle­ci peut s’en trouver vulnérabilisée ou, au contraire, renforcée dans sa confiance à faire face aux épreuves. Dans les faits, une famille qui réussit à relever les défis associés à ces événements développementaux augmente sa confiance en ses moyens, sa souplesse de fonctionnement et sa capacité de rebondir, autrement dit sa résilience (Walsh, 2006).

Les composantes du fonctionnement familial

50Les composantes à l’intérieur du carré central de la carte conceptuelle sont les composantes mêmes du fonctionnement familial. Généralement, on note un certain consensus entre les auteurs concernant les composantes qui caractérisent le fonctionnement familial. C’est principalement le vocable utilisé pour désigner chacune de ces composantes qui distingue parfois les auteurs entre eux.

51En toile de fond, il y a l’épistémologie familiale, la posture cognitive de la famille, c’est­à­dire la manière dont les membres de la famille se représentent le monde. L’épistémologie familiale est bien sûr influencée par le contexte socioculturel ambiant, les caractéristiques personnelles des membres de la famille, l’histoire des parents dans leur propre famille d’origine, leurs ressources sociales, économiques et communautaires et l’histoire développementale de la famille. L’épistémologie familiale influence directement le fonctionnement même de la famille, la manière de se comporter à l’interne comme avec le monde extérieur, de comprendre et d’interpréter la réalité, d’assumer les tâches familiales et de résoudre les problèmes. Circulairement, ces dernières composantes l’influenceront en retour. Une partie importante du travail avec les familles porte sur leur manière de percevoir le problème pour lequel elles consultent.

52Outre l’épistémologie familiale, le portrait familial est reconnu pour teinter les autres composantes de la famille. Par exemple, l’exécution des rôles parentaux se distingue selon qu’il s’agit d’une famille monoparentale, d’une famille intacte, ou d’une famille recomposée. De même, on reconnaît que l’homoparentalité influencera la nature des interactions dans la famille (Bray, 1995). Au cœur de la dynamique familiale il y a la dynamique des relations entre les parents (la place qu’ils font à leur vie conjugale et parentale, leur degré d’intimité, de différenciation, leurs capacités à résoudre les difficultés, etc.). Selon Beavers, et coll.. (2003), l’équité dans le partage du pouvoir permet aux parents d’être réellement intimes et de se faire confiance, sans crainte.

53La lecture de la carte conceptuelle permet de constater que la communication est une composante centrale et transversale du fonctionnement familial. La communication est vue comme une dimension facilitatrice qui contribue à l’efficacité des autres composantes (Carlson, 2003 ; Olson, 1989). A cet égard, Bray (2009) affirme qu’une bonne communication contribue à la qualité de la cohésion, à l’intimité et à une bonne capacité de résolution de problèmes. A l’inverse, une mauvaise communication contribue à l’émergence de conflits entre les membres de la famille, à l’effritement de la cohésion et à la difficulté de résoudre des problèmes.

54Trois autres composantes du fonctionnement familial sont la cohésion et la structure familiales, deux composantes centrales du modèle circomplexe d’Olson, et coll.. (2006), et la fonction exécutive. La cohésion réfère à la qualité des relations entre les membres de la famille alors que la structure renvoie à l’aspect organisationnel de la famille et à sa capacité à modifier cette structure selon les événements. Enfin, la fonction exécutive désigne la capacité et la compétence de la famille à gérer les nombreuses tâches familiales et à résoudre les problèmes auxquels elle est confrontée.

55La dynamique d’interaction entre ces différentes composantes du fonctionnement familial vise l’exécution des tâches familiales (ou opérations familiales) qui, elles, permettent d’assurer la réponse aux besoins développementaux de ses membres et le maintien de l’équilibre familial (tâches familiales). De façon circulaire, la nature et le cumul de tâches familiales et la résolution ou non de celles­ci et des problèmes ont une incidence sur le fonctionnement même de la famille.

56La lecture de cette carte conceptuelle permet donc de constater que l’ensemble des composantes du fonctionnement familial a une influence plus ou moins directe sur la gestion des tâches ou opérations familiales. Selon ce modèle, les compétences exécutives auraient un impact direct sur la manière d’assumer les tâches ou opérations familiales alors que les autres composantes du fonctionnement familial (épistémologie, communication, portrait, dynamique du couple, cohésion et structure) influencent indirectement la manière d’assumer les tâches familiales par l’intermédiaire de leur influence sur les compétences exécutives. De même, les autres composantes autour du carré central influencent la fonction exécutive de la famille et, conséquemment, la manière d’assumer les tâches familiales par l’influence qu’elles exercent sur les autres composantes du fonctionnement familial (composantes du carré central).

Utilisation de cette carte conceptuelle en clinique

57Dans cette dernière section nous tenterons d’illustrer comment la carte conceptuelle peut être utilisée comme point d’appui pour investiguer le fonctionnement familial et pour planifier l’intervention. Nous ne prétendons pas faire le tour de toutes les catégories de situations vues en clinique. Nous souhaitons simplement illustrer comment il est possible d’utiliser cette carte conceptuelle dans différentes situations cliniques.

La difficulté à assumer certaines tâches familiales

58En cohérence avec la carte conceptuelle, on reconnaît que dans bon nombre de situations cliniques, les familles consultent ou sont référées pour des problèmes d’exécution de tâches. La famille n’arrive pas à résoudre certains conflits ou une crise familiale, certaines tâches développementales liées au cycle de vie actuel de la famille sont difficiles à résoudre, les parents vivent des désaccords concernant l’exercice de leurs rôles parentaux, les parents utilisent des pratiques éducatives violentes à l’égard des enfants, des relations entre les membres de la fratrie sont conflictuelles, la famille est signalée à la protection de la jeunesse pour soins inappropriés à l’égard de leurs enfants (négligence) ou pour abus sexuel intrafamilial, etc. Tous ces motifs de consultation correspondent à l’une ou l’autre des tâches ou opérations familiales ou à leur combinaison.

59Dans ces situations cliniques, la première question du thérapeute à la famille pourrait être la suivante : qu’avez­vous tenté pour résoudre ce problème ? Si le problème persiste, il y a tout lieu de penser que la réponse donnée par la famille ou la non­réponse contribue au maintien et possiblement même à l’exacerbation du problème. Cette façon de voir est conforme aux postulats de l’approche stratégique proposée par Haley (1978) pour qui le problème c’est la solution mise de l’avant par la famille pour faire face à une situation donnée. Parfois, un travail centré spécifiquement sur la manière de la famille d’assumer certaines tâches familiales peut permettre de résoudre le problème pour lequel la famille consulte. Par exemple, une crise familiale, résultant de la difficulté de la famille à faire face à certaines tâches développementales reliées à l’adolescence notamment, pourrait être résolue en amenant les membres de la famille à négocier la résolution des défis développementaux mis en évidence par la crise. De même, des conduites oppositionnelles d’un enfant de la famille pourraient être traitées en mettant l’accent sur une meilleure réponse des parents aux besoins développementaux de celui­ci et sur l’ajustement des pratiques éducatives des parents en fonction de son développement (deux tâches familiales distinctes).

60Parfois, ce premier niveau d’intervention a peu de succès. Le thérapeute doit alors porter son attention sur l’influence d’une ou de la combinaison de différentes composantes du fonctionnement de la famille sur les compétences exécutives de la famille. Il explore alors l’influence possible de l’épistémologie familiale (la manière de voir le problème), la dynamique du couple (notamment la manière d’exercer leurs rôles parentaux ou encore la qualité de la relation conjugale) qui, elle, peut avoir une influence sur la qualité de la communication, la cohésion familiale ou la structure familiale. Toutes ces composantes peuvent influencer les compétences exécutives et, conséquemment, la manière d’assumer les tâches familiales. Si cela s’avère pertinent, le thérapeute peut pousser plus loin son investigation et documenter l’histoire développementale de la famille, la relation de la famille avec les familles d’origine, les ressources dont dispose la famille, les caractéristiques personnelles des parents ou des enfants, et prendre en compte le contexte culturel dans lequel évolue la famille. Son investigation de ces différentes composantes pourra permettre au thérapeute d’identifier parmi l’ensemble de ces composantes celle qui semblent altérer les compétences exécutives de la famille. Par exemple, un intervenant est appelé à intervenir dans une crise familiale dans laquelle le fils aîné et le père en sont venus aux coups. Son investigation lui permet de constater que les pratiques parentales du père ne sont pas ajustées au niveau développemental du fils, que les parents vivent des désaccords importants concernant la manière d’intervenir auprès des enfants, que les parents n’ont pas été en mesure de résoudre certaines tâches développementales lors de l’arrivée des enfants, notamment s’entendre sur les pratiques éducatives et se soutenir dans l’exercice de leurs rôles parentaux. Cette non­résolution de ces défis développementaux caractéristiques des familles au moment de l’arrivée des enfants semble également avoir miné la dynamique du couple. Cette évaluation pourrait amener le thérapeute à discuter avec les parents de leur évolution comme couple et des défis développementaux qu’ils n’ont pas su résoudre au cours de leur évolution. Le travail sur cette dimension du fonctionnement de la famille pourrait contribuer à rapprocher les parents, à les rendre plus complices dans l’exercice de leurs rôles parentaux et à amener le père à adopter des pratiques parentales plus ajustées à la réalité développementale du fils aîné. Dans cette situation, le thérapeute fait le pari qu’en portant son attention sur la résolution de certaines tâches développementales, cela pourra avoir un impact sur la dynamique du couple, la qualité de la cohésion familiale, les compétences exécutives de la famille et, finalement, sur la manière d’assumer certaines tâches familiales.

L’impact des difficultés personnelles d’un des membres de la famille sur le fonctionnement familial

61Dans d’autres situations, les familles consultent pour des problèmes concernant un des membres de la famille. Dans ces situations cliniques qui concernent en priorité un individu plutôt que le fonctionnement familial comme tel, le thérapeute devrait d’abord commencer par tenter de définir le plus précisément possible le contexte événementiel dans lequel ce problème de l’individu est apparu et documenter comment la famille a tenté de résoudre le problème en question. Prenons l’exemple d’une situation clinique pour laquelle les parents consultent pour une anorexie mentale chez leur adolescente de 17 ans. L’évaluation du contexte événementiel dans lequel est apparu ce problème permet d’apprendre que cette anorexie s’est progressivement développée suite à une agression sexuelle subie par l’adolescente il y a quelques mois alors qu’elle revenait d’une fête avec ses amies. Cette agression a eu lieu à l’extérieur, près de la résidence de la famille. La nuit même de cette agression, la jeune fille avise ses parents. Ceux­ci se présentent immédiatement à l’urgence médicale. Les premiers soins sont donnés et la jeune fille est rencontrée par les policiers. On lui propose également de prendre contact avec un organisme spécialisé dans l’intervention auprès de personnes ayant subi une agression sexuelle. De retour à la maison, la jeune fille semble calme. Les parents se sentent rassurés. Dans les jours qui suivent, les parents observent que leur fille est préoccupée par son alimentation et a moins d’appétit. Au fil du temps la perte de poids devient de plus en plus marquée. Plusieurs semaines passent. L’adolescente perd de plus en plus de poids et pleure sans raison (selon eux). Ils décident alors de consulter. Avant cette situation, la famille fonctionnait normalement. La jeune adolescente était performante à l’école et pouvait compter sur un grand groupe d’amies. Le seul événement d’importance vécu par la famille par le passé est la séparation des parents qui a eu lieu il y a plus d’une dizaine d’années. Cette séparation se serait passée sans conflit ouvert.

62Cette étape franchie, le thérapeute a cherché à documenter la réponse de la famille à cet événement. Ceux­ci expliqueront alors au thérapeute que suite à cette agression sexuelle, ils avaient jugé bon de ne plus reparler de la situation afin de ne pas causer davantage de souci à leur fille. Ils se sont comportés comme si rien ne s’était produit. Cette stratégie protectrice a bien sûr contribué à l’enfermement de leur fille dans une détresse silencieuse qui s’est exprimée non verbalement par la « perte d’appétit pour la vie ». Ce constat a amené le thérapeute à explorer comment s’était déroulée la séparation des parents dix ans auparavant, comment chacun avait été affecté par cette situation, ce qui avait été exprimé comme peine, colère et déception à ce moment­là et comment l’adolescente avait vécu cet événement. Cette ouverture sur la séparation a permis au thérapeute de constater que la famille avait tendance à réagir en « étant raisonnable » face aux difficultés et à taire leur détresse, leur peine, leur agressivité entre eux. Tous convenaient se sentir inconfortables avec le fait d’exprimer leurs émotions. Ils ne voulaient pas importuner les autres avec leurs problèmes. Le thérapeute a alors exploré la question de l’expression des émotions dans les familles d’origine des familles. Les parents ont alors raconté comment dans leur famille respective l’expression des émotions était pratiquement inexistante. La règle d’or : ne pas tracasser les autres avec nos problèmes ; se conduire de façon raisonnable. Rapidement le thérapeute réagit en mettant en évidence le fait qu’on peut difficilement être raisonnable devant une situation d’agression sexuelle. Tout le reste du travail avec la famille a porté sur cette thématique. Par ailleurs, la jeune fille a bénéficié d’un suivi individuel et a reçu des services d’un centre en agressions sexuelles.

L’impact de certaines composantes du fonctionnement de la famille sur l’apparition de comportements symptomatiques chez un membre de la famille

63Un couple consulte parce que le conjoint a eu un comportement violent à l’égard de leur enfant unique de 4 ans et l’a blessé physiquement. Le thérapeute a d’abord commencé par documenter la situation dans laquelle cette intervention du père a été faite. Monsieur aurait complètement perdu patience avec cet enfant puisque celui­ci refusait d’aller se coucher le soir à l’heure prévue. C’était la première fois qu’il perdait patience avec son enfant. Le thérapeute a alors porté son attention sur la manière dont les parents exercent leurs rôles parentaux et la qualité du soutien qu’ils s’apportent mutuellement comme parents. Il apprendra qu’au cours des deux premières années de vie de l’enfant, monsieur n’avait pas l’autorisation d’intervenir auprès de son enfant. Tout devait passer par la mère. Au moment où l’enfant atteint l’âge de 2 ans madame, désinvestit progressivement son rôle de mère et décide de prendre un travail de nuit. Cela a impliqué que monsieur devait conduire son enfant à la garderie le matin et le reprendre le soir au retour du travail. Cette situation était très stressante pour le père qui avait un horaire de travail extrêmement exigeant et chargé. Il était souvent à la dernière minute pour aller chercher son enfant à la garderie, juste avant l’heure de la fermeture. L’heure du souper se passait en famille. Cependant, vers 19 heures madame allait dormir un peu avant d’aller travailler. Monsieur se retrouvait seul avec les routines de la soirée et du coucher. Il faisait tout ce qu’il pouvait pour que l’enfant ne réveille pas madame. La nuit c’est lui qui devait prendre soin de l’enfant lorsqu’il se réveillait. Monsieur se sentait submergé par la tâche familiale et sa vie professionnelle. C’est un soir où l’enfant refusait d’aller se coucher et qu’il a fait une crise que monsieur a eu un geste de violence à l’égard de l’enfant. Il est apparu très évident au thérapeute que les parents n’étaient pas complices dans l’éducation de leur enfant et que madame s’était pratiquement désinvestie de son rôle parental. L’investigation de la situation a également permis de mettre en évidence les conflits majeurs entre madame et la famille d’origine de monsieur, celui­ci se sentant constamment en conflit de loyauté entre sa conjointe et sa famille d’origine. Chaque fois que monsieur allait visiter sa famille, cela était suivi par des crises de colère de madame. Progressivement le thérapeute a été en mesure d’établir que madame présentait un trouble de personnalité limite qui faisait tache d’huile sur le fonctionnement familial et conjugal. Cette situation illustre bien comment un problème de santé mentale chez un des parents peut envahir le fonctionnement familial et altérer les compétences exécutives de la famille et l’exécution des tâches familiales. Dans cette situation il a été fortement recommandé à madame d’entreprendre une thérapie individuelle en complément à une intervention de couple.

Conclusion

64Ce modèle explicatif du fonctionnement de la famille et cette manière d’aborder l’évaluation des familles ont été expérimentés dans plusieurs situations cliniques au cours des dernières années.

65Dans les mois à venir, nous mettrons ce modèle d’évaluation à l’épreuve de la recherche que nous prévoyons de réaliser. Elle visera à évaluer la pertinence et la portée clinique de ce modèle théorique du fonctionnement familial et de cette méthodologie d’évaluation des familles. Celles­ci seront évaluées auprès de quelques familles et les entrevues seront filmées et analysées par la suite par cinq experts internationaux de la thérapie familiale. Les résultats de cette étude feront l’objet d’une prochaine publication.

66Nous croyons que l’adoption d’un tel modèle pourra contribuer à renforcer la pratique évaluative des thérapeutes familiaux. Ultimement, l’utilisation de ce modèle et l’ajout d’autoquestionnaires comme soutien à l’évaluation pourront contribuer au développement des connaissances par le partage d’expertises et la publication des données de recherche issues de la pratique clinique (Practice-Based-Evidence).


Annexe
tableau im3
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Caractéristiques personnelles des parents Santé physique Snyder, et coll. (1995) Wilkinson, et coll. (2000) Santé psychologique Wilkinson, et coll. (2000) Le style d’attachement Wilkinson, et coll. (1998) Les ressources cognitives Dishion, et coll. (2007) Snyder, et coll. (2002) Les cognitions sociales Dishion, et coll. (2007) Snyder, et coll. (2002) Traits de personnalité Odell (2003) Capacités d’empathie Odell (2003) Dynamique interpersonnelle Lawrence (2006) Odell (2003) Les habiletés parentales Wilkinson, et coll. (1988) Caractéristiques personnelles des enfants Santé physique Wilkinson, et coll. (2000) Niveau de développement sur le plan biologique, cognitif, moteur, langagier, affectif et social Wilkinson, et coll. (2000) Présence de troubles émotionnels Wilkinson, et coll. (2000) Les relations interpersonnelles Wilkinson, et coll. (2000) Le style d’attachement Wilkinson, et coll. (1988) Événements de vie négatifs Wilkinson, et coll. (2000) Le niveau d’éducation Lawrence (2006) Contexte culturel Contexte culturel/culture Bray (2009) Dishion, et coll. (2007) Glaser (1984) Holman (1983) Watson, et coll. (1998) Héritage culturel Brock et al. (1999) Religion Bray (2009) Dishion, et coll. (2007) Georgiades, et coll. (2008) Watson, et coll. (1998) Ethnicité/ Identité Ethnique/ Nationalité Bray (2009) Brock et a. (1999) Dishion, et coll. (2007) Holman (1983) Georgiades, et coll. (2008) Watson, et coll. (1998)
tableau im4
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Contexte culturel (suite) Valeurs culturelles Georgiades, et coll. (2008) Holman (1983) Watson, et coll. (1998) Classes sociales Holman (1983) Caractéristiques et influence des familles d’origine Nombre d’années passées dans leur famille, configuration familiale Busby, et coll. (2005) Geismar, et coll. (1993) Wilkinson (2000) Ethnie et religion des familles d’origine Geismar, et coll. (1993) Classe sociale des familles d’ori-gine/niveau d’éducation Geismar, et coll. (1993) Valeurs/mythes familiaux Geismar, et coll. (1993) Watson, et coll. (1998) Événements stressants vécus dans les familles d’origine Busby, et coll. (2005) Geismar, et coll. (1993) Qualité des relations entre les parents, entre les membres de la fra-trie/climat relationnel Busby, et coll. (2005) Geismar, et coll. (1993 Histoire de maltraitance des parents dans leurs propres familles d’origine Busby, et coll. (2005) Soutien reçu actuellement de la part des familles d’origine Drummond (2002) Odell (2003) Ressources sociales/ économiques/ communautaires Configuration et qualité des rela-tions avec les personnes compo-sant le réseau social de soutien (relations avec les amis, les familles d’origine, le voisinage, la communauté) Carlson (2003) Holman (1983) Loader, et coll. (1982) Odell (2003) Walsh (2006) Statut socio-économique de la famille / travail et revenu Bray (2009) Carlson (2003) Georgiades, et coll. (2008) Le niveau d’éducation Glaser (1984) Holman (1983) Sécurité financière/pauvreté chronique Drummond, et coll. (2002) Walsh (2006) Ressources matérielles Holman (1983) Accès au service de santé Holman (1983) Soutien des institutions Walsh (2006)
tableau im5
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Cycle de vie familiale/tâches développementales non résolues Tâches développementales auxquelles la famille doit faire face au cours de son évolution Bray (1995 ; 2009) Epstein, et coll. (1978) Favez (2012) Steinhauer, et coll. (1984) Tâches développementales non résolues par la famille au fil de son histoire augmentent sa vulnérabilité Bradley et Pauzé (2008) Bray (2009) Instabilité dans la composition familiale et environnementale Changements de configuration familiale Beck, et coll. (2010) Bzostek, et coll. (2011) Fomby, et coll. (2007) Wu, et coll. (2001) Instabilité environnementale Calabrese (1989) Gillespie, et coll. (1999) Pettit (2004) Événements stressants vécus au cours de la dernière année Événements négatifs Bray (1995 ; 2009) Brock, et coll. (1999) Événements quotidiens/ tracas quotidiens Bray (1995 ; 2009) Favez (2010 ; 2012) Présence de stress émotionnels Lawrence (2006) Événements marquants dans l’histoire de la famille Événements de vie majeurs qui ont affecté l’évolution de la famille Brock, et coll. (1999) Carlson (2003) Favez (2010 ; 2012) Glaser, et coll. (1984) Problèmes non résolus Problèmes non résolus dans l’histoire de la famille qui affectent sa trajectoire Epstein, et coll. (1978) Épistémologie familiale Système de valeurs morale et religieuse, croyances et convictions partagées par les membres de la famille Beavers, et coll. (2003) Doherty, et coll. (1984) Holman (1983) Rolland, et coll. (1996) Steinhauer (1987) Walsh (2006) Idéologie familiale et mythes familiaux Brock, et coll. (1999) Seywert (1990) Communication Transmission de l’information Holman (1983) Expression des besoins/attentes/désirs Bray (1995) Clarté et direction de la communication Bishop, et coll. (1980) Bray (2009) Brock, et coll. (1999) Epstein, et coll. (1978) Favez (2010 ; 2012) Mulligan, et coll. (2010) Olson (1989 ; 2000) Seywert (1990) Steinhauer (1987)
tableau im6
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Communication (suite) Empathie Olson (1989) Qualité de l’écoute Olson (2000) Autodivulgation Olson (2000) Respect lors des échanges Mulligan, et coll. (2010) Olson (2000) Réponses adaptées/adéquation entre l’émotion et le stimulus Epstein, et coll. (1978 ; 2003) Favez (2010) Diversité des émotions/palette émo-tionnelle/ expression des émotions positves et négatives Bray (1995 ; 2009) Brock, et coll. (1999) Carlson (2003) Epstein, et coll. (1978) Seywert (1990) Snyder, et coll. (2002) Skinner, et coll. (2000) Walsh (2006) Dynamique du couple / fonctions parentales et conjugales Préservation d’un espace conjugal Frascarolo, et coll. 2005) Qualité de la relation conjugale Loader, et coll. (1982) Le partage des tâches et des soins concernant les enfants Brock, et coll. (1999) Loader, et coll. (1982) Capacité à faire des choix et à prendre des décisions/degré de consensus Frascarolo, et coll. 2005) Lawrence (2006) Loader, et coll. (1982) Composition, type et diversité familiale Qui compose la famille, leurs carac-téristiques (âge, sexe, orientation sexuelle et taille de la famille) Bray (1995 ; 2009) Carlson (2003) Georgiades, et coll. (2008) Lawrence (2006) Type familial Bray (1995 ; 2009) Carlson (2003) Diversité familiale Bray (2009) Cohésion familiale Empathie et intérêt les uns pour les autres/bienveillance émotionnelle Beavers, et coll. (2003) Bishop, et coll. (1980) Bray (1995 ; 2009) Epstein, et coll. (2003) Favez (2010 ; 2012) Mulligan, et coll. (2010) Steinhauer (1987) Liens émotionnels/engagement/ qualité des relations Bray (1995 ; 2009) Doherty, et coll. (1984) Carlson (2003) Lawrence (2006) Olson (1989 ; 2000) Skinner, et coll. (2000) Snyder, et coll. (2002) Steinhauer (1987) West (1988)
tableau im7
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Cohésion familiale (suite) Partage d’affection, de chaleur, d’empathie, soutien émotionnel Bishop, et coll. (1980) Bray (1995 ; 2009) Brock, et coll. (1999) Favez (2010 ; 2012) Frascarolo, et coll. (2005) Walsh (2006) Partage de valeurs, de philosophies et de points de vue Odell (2003) Équilibre entre indépendance/ autonomie Brock, et coll. (1999) Favez (2010 ; 2012) Mulligan, et coll. (2010) Rolland, et coll. 1996) Skinner, et coll. (2000) Walsh (2006) Structure Organisation familiale Bray (2009) Doherty, et coll. (1984) Exécution des rôles familiaux afin de répondre aux fonctions familiales et aux besoins des membres Bishop, et coll. 1980) Bray (2009) Epstein, et coll. (2003) Favez (2010) Seywert (1990) Tâches familiales Skinner, et coll. (2000) Règles familiales implicites et explicites Brock, et coll. (1999) Rolland, et coll. (1996) Frontières interpersonnelles et intergénérationnelles et extérieures (clarté, perméabilité) Beavers, et coll. (2003) Brock, et coll. (1999) Holman (1983) Loader, et coll. (1982) Rolland, et coll. (1996) Seywert (1990) Hiérarchie de pouvoir clairement définie/répartition du pouvoir Beavers, et coll. (2003) Brock, et coll. (1999) Contrôle des comportements Bishop, et coll. (1980) Epstein, et coll. (2003) Frascarolo, et coll. (2015) Steinhauer (1987) Flexibilité Carlson (2003) Favez (2010 ; 2012) Holman (1983) Mulligan, et coll. (2010) Olson (1989 ; 2000) Rolland, et coll. (1986) Walsh (2006) West (1988)
tableau im8
Composantes du fonctionnement familial Éléments inclus dans chacune des composantes Auteurs Fonction exécutive de la famille Gestion des tâches et capacités de résolution de problèmes Beavers, et coll. (2003) Bishop, et coll. (1980) Bray (2009) Epstein, et coll. (2003) Loader, et coll. (1982) Mulligan, et coll. (2010) Rolland, et coll. (1996) Walsh (2006) Tâches familiales Réponse aux besoins de ses membres Doherty, et coll. (1984) Favez (2012) Lawrence (2006) Loader, et coll. (1982) Steinhauer (1987) L’exécution des tâches et des rôles Epstein, et coll. (2003) Favez (2010) Steinhauer, et coll. (1984) Contrôle des comportements Epstein, et coll. (1978) Respect des frontières Loader, et coll. (1982) Seywert (1990) Maintien de la cohésion familiale Steinhauer, et coll. (1984) Leadership et autorité parentale Dishion, et coll. (2007) Lawrence (2006) Snyder, et coll. (2002) Walsh (2006) Adaptation aux événements majeurs ou imprévus Carlson (2003) Epstein, et coll. (2003) Capacité de la famille à s’adapter aux demandes de l’environnement Favez (2010) Loader, et coll. (1982) Résolution des tâches développementales Bray (1995 ; 2009) Epstein, et coll. (2003) Holman (1983) Rolland, et coll. (1996) Seywert (1990) Steinhauer, et coll. (1984) Résolution des conflits et des crises familiales Bray (2009) Craine, et coll. (1992) Loader, et coll. (1982) Steinhauer, et coll. (1984)

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Mise en ligne 02/10/2017

https://doi.org/10.3917/tf.173.0295

Notes

  • [1]
    Le terme PBE est utilisé pour désigner les recherches réalisées directement dans les milieux de pratique, celles issues d’un partenariat entre chercheurs et praticiens, ainsi que les innovations qui émergent de la pratique clinique (Leeman et Sandelowski, 2012). Elles incorporent des évaluations formelles de pratiques telles qu’elles sont dispensées par les intervenants dans des contextes « naturels ». Ces pratiques peuvent être des adaptations d’interventions scientifiquement testées, des innovations s’appuyant sur l’expérience pratique ou le résultat d’un processus influencé par plusieurs facteurs politiques, sociaux, bureaucratiques, etc. (Dunet, Losby, Tucker et Brown, 2013). Selon cette approche, l’acquisition de connaissances se fait selon un modèle bottom­up par lequel les données sont d’abord produites et utilisées à un niveau individuel au sein d’un service/département, puis accumulées à travers plusieurs services et utilisées pour générer des connaissances à un niveau supérieur (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015).
  • [2]
    Il s’agit ici de développer des traitements « en laboratoire », tester leur efficacité via des essais contrôlés, puis les diffuser dans les milieux de pratique (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015). Les connaissances acquises grâce aux études contrôlées sont généralement transposées sur le terrain via des guides de pratique (Holmqvist, Philips et Barkham, 2015).
  • [3]
    Ce tableau de recension des écrits peut être obtenu en contactant l’auteur principal de l’article.
  • [4]
    Baumrind (1989) propose deux paramètres pour évaluer le style parental des parents : 1 – le niveau de contrôle et d’exigence des parents à l’égard des comportements de leur enfant et 2 – la sensibilité des parents aux besoins de leur enfant. Sur la base de ces deux dimensions, elle identifie quatre styles parentaux distincts : le style démocratique (sensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle élevé), autocratique (insensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle élevé), permissif (sensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle faible) et désengagé (insensibilité aux besoins de l’enfant et contrôle faible).
  • [5]
    Les représentations maternelles relatives à l’attachement (génération 1) sont prédictives de la sensibilité des soins parentaux qui, elle­même, est prédictive de la qualité de l’attachement de l’enfant (génération 2) (Main, et al., 1985).
  • [6]
    Un facteur de risque est un événement ou une condition environnementale ou organique qui augmente la probabilité pour la personne de développer des problèmes émotifs ou de comportements. Les principaux facteurs de risque connus sont : un cumul d’événements stressants, un cumul de tâches développementales familiales non résolues, l’instabilité environnementale, un abus sexuel, la perte d’une personne importante, la pauvreté, la monoparentalité, un problème de santé mentale des parents, l’absence de réseau social de soutien, un problème de santé, un handicap physique ou intellectuel, la présence de certains problèmes d’adaptation, etc.
  • [7]
    Un facteur de protection est une ressource interne, familiale, sociale ou environnementale qui diminue la probabilité d’apparition d’un problème d’adaptation en atténuant l’impact des facteurs de risque, des perturbations, des stress négatifs sur la santé mentale et physique de l’individu. Les principaux facteurs de protection connus sont : des conditions socio­économiques favorables, la qualité du soutien social, un voisinage cohésif, l’accès à des services et des ressources, la qualité du milieu scolaire ou de travail, les conditions de travail favorables, la stabilité familiale, la qualité des relations entre les membres de la famille (cohésion), la complicité des parents dans l’exercice des rôles parentaux, de bonnes compétences cognitives, des habiletés sociales, une bonne santé physique, un attachement sécurisant, etc.
  • [8]
    Pour plus d’informations concernant la question des stades développementaux des familles et des tâches développementales qui y sont associées, nous invitons le lecteur à lire deux articles que nous avons publiés sur le sujet : Bradley M. F. et Pauzé R. (2009), Étude sur la résolution des tâches développementales chez les familles d’adolescents présentant une dysfonction alimentaire, Thérapie familiale, 30 (3), 353­377 ; Bradley, M. F. et Pauzé R. (2008), Cycle de vie familiale, échec dans la résolution des tâches développementales et apparition de l’anorexie à l’adolescence, Thérapie familiale, 29 (3), 335­353.
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