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Article de revue

Les jeunes adultes et leurs parents face à l’entrée dans la vie : une nouvelle étape du cycle de vie familiale ?

Pages 407 à 420

Notes

  • [1]
    Dans nos sociétés modernes comme dans les sociétés traditionnelles, devenir parent demeure le principal seuil d’accès au statut d’adulte. Il réorganise les places dans l’ordre de la filiation : le jeune parent reste l’enfant de ses parents, mais, parent à son tour, il est désormais investi d’une responsabilité filiative (son enfant dépend de lui). C’est ici que s’opère la transmission de la fonction parentale d’une génération à l’autre (Moisseeff, 2006).
  • [2]
    Pour une revue de la littérature approfondie sur le cycle de vie familiale, voir McGoldrick et coll. (2016) et Bradley et Pauzé (2008).
  • [3]
    On perçoit ici avec acuité la désarticulation entre sexualité et reproduction, que les sociologues et les anthropologues ont mise en évidence dans l’évolution des mœurs et de la famille (voir notamment Gauchet, 2010).
  • [4]
    Enquête « Valeurs des Européens », Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs, 2008.
  • [5]
    Enquête « Baromètre bien-être des adolescents », IPSOS, 2012.
  • [6]
    Cette configuration peut poser des problèmes financiers à la famille, du fait de la diminution des revenus du (des) parent(s).
  • [7]
    Cette situation peut être vécue très différemment selon chaque famille, mais aussi selon la culture environnante. En effet, certaines régions et nations européennes ont pour tradition ancestrale la cohabitation à trois générations (ménages dits « complexes ») et tolèrent donc plus facilement le retour de ce genre de configuration (c’est notamment le cas des pays du sud comme l’Italie ou l’Espagne).
  • [8]
    Aujourd’hui encore, les femmes sans diplôme ont leur premier enfant en moyenne à 25 ans, contre 30 ans pour les femmes diplômées de l’enseignement supérieur (Davie, 2012).
  • [9]
    Voir Michard (2005) ; ainsi que Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel (2005, p. 147-166).

Introduction

1L’autonomisation du jeune adulte vis-à-vis de sa famille d’origine est une étape décisive de l’existence individuelle et du cycle de vie familiale. Dès les années 1970, cette phase a attiré l’attention des pionniers de la thérapie familiale (Bowen, 1978 ; Haley, 1980). On sait désormais que nombre de troubles psychopathologiques (toxicomanie, anorexie, phobie sociale, etc.) peuvent émerger en réaction à des difficultés de la famille à traverser cette étape. A notre époque qui valorise l’autonomie et la performance, nombre de jeunes adultes développent des troubles à cette phase de la différenciation (Fourez, 2007 ; Neirynck, 2015).

2Ce passage de l’adolescence à la maturité adulte a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, sous l’action de facteurs multiples : libération de la sexualité adolescente, émancipation des femmes, allongement des études, retardement de l’âge au premier enfant, chômage de masse, difficultés d’autonomisation financière, etc. De nombreux auteurs ont étudié cette évolution du point de vue du développement psychoaffectif individuel et de la succession des âges de la vie (Van de Velde, 2008). Certains ont proposé d’identifier des âges intermédiaires entre l’adolescence et l’âge adulte : « postadolescence », « adulescence », « première maturité », « seconde jeunesse », etc. (Gaullier, 2000 ; Van de Velde, 2015).

3Si l’on connaît de mieux en mieux cette nouvelle donne de l’entrée dans la vie sur le plan individuel, ses répercussions sur la vie familiale restent largement méconnues. Il apparaît pourtant que ces transformations du cycle de vie individuelle affectent le cycle de vie familiale. Dans cet article, nous développerons l’hypothèse selon laquelle nous assistons à l’émergence d’une nouvelle étape du cycle de vie des familles occidentales, qui ouvre à des problématiques et à des tâches développementales spécifiques.

Une étape intermédiaire aux seuils multiples

4Avant les années 1970, les seuils de l’entrée dans la vie adulte étaient traversés de manière quasi simultanée : l’individu passait presque sans transition du statut d’enfant (vivant chez ses parents, dépendant, sans accès à la sexualité) à celui d’adulte marié, vivant en couple et amené à devenir lui-même parent (souvent assez vite après le mariage). On sait que l’évolution sociale a entraîné une désynchronisation de ces seuils : accès à la sexualité, départ du domicile parental, indépendance financière, éventuel mariage, naissance du premier enfant, etc. (Van de Velde, 2008). Pendant cette longue période de transition – sorte de « troisième mi-temps » de la vie familiale (après les périodes de l’enfance et de l’adolescence) –, le jeune adulte n’est plus tout à fait enfant vis-à-vis de ses parents, mais il n’a pas non plus accédé au statut anthropologique d’aîné (lié au statut de parent [1]). De nombreux facteurs expliquent ces transformations, qu’ils soient de nature culturelle (évolution des mœurs), démographique (allongement de l’espérance de vie des parents) ou économique (augmentation du chômage des jeunes et du coût de l’immobilier).

5Notre hypothèse est que ces évolutions ne font pas qu’altérer à la marge les étapes classiques du cycle de vie familiale, mais qu’elles entraînent l’émergence d’une phase inédite dans la relation parents-enfant. Rappelons que la plupart des auteurs distinguent huit étapes du cycle de vie familiale : l’autonomisation du jeune adulte vis-à-vis de sa famille d’origine, la formation du couple, la famille avec des enfants en bas âge, la scolarisation des enfants, la famille avec des adolescents, le départ des enfants, la retraite du couple et la fin de vie. A chaque étape correspond un certain nombre de tâches développementales que le groupe familial doit réaliser (Minuchin, 1974). En effet, le passage d’un stade à un autre implique la renégociation des relations, des frontières et des règles familiales [2].

6Il est délicat d’identifier précisément les seuils d’entrée et de sortie de cette étape. Le moment où le jeune accède à la sexualité apparaît comme un repère intéressant pour identifier l’entrée dans cette nouvelle période de la relation parents-enfant, notamment parce que cet événement est désormais indépendant du départ du domicile parental. En France, l’âge médian du premier rapport sexuel est de 17,6 ans pour les filles et de 17,4 ans pour les garçons. A l’autre extrémité de cette étape du cycle de vie familiale, l’accès du jeune adulte à la parenté apparaît comme le repère le plus significatif (plus que la mise en couple du fait des unions successives, et plus que le mariage du fait de sa raréfaction). En France, l’âge moyen du parent à la naissance du premier enfant a augmenté de manière continue depuis les années 1970 (Davie, 2012). Pour les femmes, il est passé de 23,8 ans en 1969 à 28,1 ans aujourd’hui, ce qui place la France dans la moyenne des pays de l’Union européenne (27,9) et de l’OCDE (28,2). Cette augmentation est liée à l’action conjuguée de la diffusion des moyens de contraception (qui ont notamment fait chuter le taux de grossesses précoces), de l’allongement des études des femmes et de leur entrée sur le marché du travail. Les hommes ont en moyenne entre deux et trois ans de plus que les femmes à la naissance de leur premier enfant (soit 30-31 ans). L’âge moyen d’accès au statut de parent, hommes et femmes confondus, se situe ainsi à 29,5 ans.

7Entre ces deux étapes, le départ du domicile parental – que les sociologues appellent la « décohabitation » – reste un passage important, mais il ne change plus la relation parents-enfant aussi radicalement qu’autrefois. En effet, les parents restent souvent très présents dans la vie de leurs enfants au cours des années qui suivent leur départ (notamment du fait des difficultés d’accès à l’autonomie financière des jeunes générations). En France, l’âge moyen au départ du domicile parental est de 23,6 ans (22,8 ans pour les filles et 24,5 ans pour les garçons). Ce départ n’est pas toujours définitif. Il arrive en effet qu’un jeune adulte fasse des allers-retours au domicile de ses parents, selon les aléas de son parcours professionnel et personnel (périodes de chômage, changement de travail, rupture amoureuse, etc.). La sociologue américaine Katherine Newman parle ici de « familles accordéon », qui s’étendent et se rétractent selon les allées et venues de leurs jeunes adultes (appelés « boomerang kids ») (Newman, 2012). On observe également le développement de modes de résidence qui s’inscrivent à la lisière entre dépendance et autonomie ; par exemple : le jeune adulte vit durablement dans un logement indépendant qui appartient ou qui est financé par ses parents, il cohabite avec un (des) membre(s) de sa famille élargie (grand(s)-parent(s), oncle, tante, cousin(e), etc.), ou il partage un logement avec d’autres jeunes (colocation).

8Sur la base de ces statistiques, plusieurs calculs théoriques permettent de mettre en évidence les spécificités de cette nouvelle étape de la vie familiale. En rapportant l’âge médian du premier rapport sexuel – garçons et filles confondus – (17,5 ans) et l’âge moyen de la décohabitation (23,6 ans), il apparaît une longue période théorique de six ans pendant laquelle le jeune a potentiellement une vie sexuelle tout en vivant chez ses parents. De la même façon, en mettant en relation l’âge médian du premier rapport sexuel avec l’arrivée du premier enfant, on découvre une période deux fois plus longue de douze ans, pendant laquelle le jeune a une sexualité, sans enfanter [3]. Enfin, en rapportant l’âge de la majorité civile (18 ans en France et dans la majorité des pays occidentaux) et l’âge moyen de la stabilisation dans l’emploi (27 ans en France), nous observons une période de neuf ans pendant laquelle le jeune adulte jouit pleinement de ses droits civiques et de son autonomie de citoyen, alors qu’il demeure en tout ou en partie dépendant économiquement de sa famille et/ou des aides publiques.

9L’allongement de la vie familiale ne se limite pas à ces variables sociologiques et quantitatives. Il s’accompagne d’un renouveau de la valeur famille (Dupont, 2017). Pour la très grande majorité des Français (87 %), la famille est le domaine de la vie qu’ils considèrent comme le plus important, loin devant le travail, les amis et les loisirs [4]. Dans le même sens, lorsqu’on leur demande quels sont les domaines qui sont les plus significatifs de leur identité personnelle, la famille arrive en première position pour 86 % d’entre eux (83 % pour les hommes et 89 % pour les femmes) (Houseaux, 2003). Cette valorisation de la famille est forte à toutes les périodes de la vie, y compris à celle de la jeunesse et de l’autonomisation. Qu’ils aient eux-mêmes fondé ou non une famille, la majorité des Français accordent une grande importance au(x) rôle(s) familial(aux) qu’ils jouent dans leur vie : père ou mère, fils ou fille, conjoint(e), frère ou sœur, grand-père ou grand-mère, etc. (Houseaux, 2003).

10Ce phénomène culturel remet en cause nos représentations de l’adolescence et de la jeunesse, que nous avons tendance, depuis les années 1960-1970, à associer à la rébellion et à l’opposition vis-à-vis de la famille. Ainsi, lorsqu’on demande aux adolescents d’aujourd’hui (de 15 à 18 ans) quelles sont les personnes sur lesquelles ils comptent pour les aider à devenir adultes, la mère est mentionnée en premier (92 %), puis le père (74 %), loin devant les amis (58 %) [5]. Parmi les jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans, près d’un sur deux (48 %) considère que la famille est « le seul endroit où l’on se sente bien » (Bigot, 2007).

11En période de crise économique prolongée, la famille est ainsi perçue comme le dernier refuge protecteur dans un monde anonyme et concurrentiel (Mermet, 2012, p. 8). Et en effet, à une époque où les liens deviennent de plus en plus fragiles et éphémères, qu’ils relèvent de la sphère conjugale ou de l’emploi par exemple, le lien de filiation apparaît comme une base de stabilité. La famille devient un espace de repli sécurisant, et ce de plus en plus tard dans la vie des jeunes adultes.

12Bien que ses seuils soient difficiles à déterminer, c’est bien une nouvelle étape du cycle de vie familiale qui émerge dans la relation entre les parents et les jeunes adultes (qu’ils continuent ou non de vivre sous le même toit). Cette modification du cycle de vie familiale peut altérer le déroulement ordinaire des autres étapes. Il arrive par exemple qu’un parent atteigne l’âge de la retraite alors que son enfant vit toujours à la maison, du fait que les parents ont leurs enfants de plus en plus tard (notamment dans les cas de seconde union) et que le temps de cohabitation s’allonge [6]. En ce cas, les étapes classiques sont inversées : la fin de l’activité professionnelle des parents précède le moment du « nid vide » ; le couple parental ne traverse pas l’épreuve de se retrouver seul avant la cessation d’activité. A l’autre extrémité du cycle de vie, il arrive que, par choix ou par nécessité, le jeune adulte s’installe en couple au domicile de ses parents. En ce cas, la vie conjugale commune précède l’autonomisation vis-à-vis de la famille d’origine [7].

De grandes disparités européennes

13Le déroulement et le vécu de cette nouvelle étape de la vie ne dépendent pas que de la culture propre à chaque famille ; ils relèvent également des cultures nationales. On observe en effet de grandes disparités entre les pays européens. Cette diversité s’observe de façon flagrante avec l’âge moyen au départ du domicile parental, qui varie entre 19,6 ans (Suède) et 31,9 ans (Croatie), soit une amplitude de douze années (voir Annexe).

14Au sein de l’Union européenne apparaissent quatre groupes de pays, qui correspondent à quatre tranches d’âge moyen à la décohabitation :

  • entre 19 et 21 ans (Danemark, Finlande, Suède) ;
  • entre 22 et 24 ans (Belgique, Allemagne, Estonie, France, Lettonie, Pays-Bas, Royaume-Uni) ;
  • entre 25 et 27 ans (République tchèque, Irlande, Chypre, Lituanie, Luxembourg, Hongrie, Autriche) ;
  • 28 ans et plus (Bulgarie, Grèce, Espagne, Italie, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovénie, Slovaquie).

15De façon schématique, on observe l’effet de la polarité culturelle nord/sud : les pays du sud et de l’ex-bloc soviétique (souvent de culture catholique ou orthodoxe) présentent un âge à la décohabitation élevé, en comparaison avec les pays du nord (généralement de culture protestante). Au sud prime la valeur famille, au nord celle de l’autonomie individuelle. Bien qu’étant de culture catholique, la France partage des valeurs proches des pays protestants. En revanche, on observe une constante valable pour tous les pays : les femmes quittent le domicile parental en moyenne plus tôt que les hommes. Cet écart se réduit dans les pays les plus progressistes du point de vue des mœurs, qui privilégient la valeur d’autonomie individuelle pour les deux sexes.

16La sociologue Cécile Van de Velde (2008) a étudié de manière approfondie ces différences culturelles dans l’insertion sociale des jeunes adultes. Elle a ainsi mis en évidence quatre grands modèles, qui présentent chaque fois une cohérence entre valeurs culturelles, politiques publiques et rapport à la famille. Dans les pays scandinaves, l’indépendance du jeune adulte est fortement valorisée, aussi bien par les familles et par les politiques d’aide à l’autonomisation des jeunes adultes (quels que soient les revenus de leurs parents). Les pays anglo-saxons partagent ce même souci pour l’indépendance, mais celle-ci est beaucoup moins soutenue par l’Etat ; il est attendu du jeune adulte qu’il soit rapidement capable de s’assumer financièrement, que ce soit par l’emploi (contrat à temps plein ou job étudiant) ou par le crédit (emprunt étudiant). A l’opposé, dans les pays latins, la famille demeure longtemps un camp de base pour le jeune adulte ; elle est considérée comme une ressource lui permettant de patienter avant de pouvoir réunir toutes les conditions requises pour s’installer comme adulte, à tous les niveaux (emploi stable, achat d’un logement, mariage). Dans ce panorama européen, la France se situe dans une position intermédiaire, entre familialisme et individualisme. Ce modèle, ambigu par certains aspects, encourage en effet les jeunes à l’autonomie, mais sans leur en donner réellement les moyens, que ce soit en termes d’aides sociales ou d’accès à l’emploi.

17Tous les pays européens ont été touchés, de manière plus ou moins marquée, par l’allongement des études, la crise économique, l’augmentation du chômage, et donc la remobilisation des solidarités familiales pour un grand nombre de jeunes adultes. Cécile Van de Velde montre que la dépendance familiale peut être vécue très différemment selon ces quatre modèles. Dans les pays latins, elle apparaît comme une évidence et n’est pas source de culpabilité pour les jeunes ; les parents aident leurs enfants dans cette période où ils réunissent patiemment les conditions de leur autonomie, dans une perspective de solidarité familiale à long terme. Dans les pays scandinaves, l’Etat favorise l’autonomisation des jeunes adultes et limite le recours à la solidarité familiale. Lorsqu’ils cohabitent avec leurs parents, les jeunes scandinaves contribuent aux dépenses du ménage, à proportion de leurs allocations ou revenus, dans une logique culturelle d’équité et d’indépendance. Dans les pays anglo-saxons et en France, la dépendance familiale est plutôt mal vécue. Les jeunes Anglo-Saxons peuvent par exemple chercher à apaiser leur culpabilité en remboursant financièrement leur dette vis-à-vis de leurs parents (de la même manière qu’ils rembourseraient un prêt à une banque). C’est en France que la dépendance envers les parents suscite les plus vives préoccupations psychologiques et relationnelles. Ce phénomène est par ailleurs accentué par le rôle déterminant des études et du diplôme dans l’Hexagone. Les Français sont ainsi, parmi les jeunes européens, ceux qui apparaissent les plus inquiets de leur avenir à court et à moyen terme ; ils craignent de prendre du retard dans leurs études (qui les maintiennent dans une dépendance plus ou moins grande envers leurs parents) et de ne pas parvenir à « se placer » dans le monde du travail.

L’impact du milieu social

18A ces facteurs culturels, qui ont un impact sur cette période de la vie, s’ajoutent des facteurs sociaux. On observe en effet, au sein des mêmes nations, des différences importantes relatives aux milieux sociaux (Solard et Coppoletta, 2014).

19Jusqu’aux années 1990, les familles de milieux populaires et ouvriers privilégiaient un départ précoce des jeunes adultes, souvent en vue de trouver un emploi après des études courtes et de fonder rapidement leur propre famille [8]. A l’inverse, les jeunes adultes de milieux plus favorisés s’engageaient dans des études plus longues, soit en restant vivre avec leurs parents, soit en vivant seul ; et repoussaient l’installation en couple.

20Le durcissement de la situation économique au cours des dernières décennies a bouleversé ces modèles (Van de Velde, 2015, p. 57). Statistiquement, ce sont désormais les jeunes les plus diplômés, issus des classes moyennes ou supérieures, qui sont les plus susceptibles de quitter précocement le ménage familial, notamment grâce à l’aide financière de leurs parents. Inversement, les jeunes adultes peu diplômés, exposés au chômage ou à l’emploi précaire, peinent à réunir les conditions de la décohabitation et restent vivre chez leurs parents de manière prolongée.

21Ces variables sociales ont un impact fort sur le vécu des familles et des individus. En effet, dans les milieux populaires, la cohabitation entre parents et jeune adulte a une probabilité plus grande d’être subie et durable. Cette situation peut d’autant plus peser sur le climat familial que le jeune est sans activité (chômeur et non étudiant).

22La solidarité familiale retrouve ainsi une grande importance pour l’entrée dans la vie des jeunes adultes, et ce jusqu’à un âge avancé, du fait de la crise économique et de l’abaissement du niveau de vie des jeunes générations en comparaison avec ce qu’ont connu leurs parents. Ce phénomène est particulièrement prégnant dans les pays où les aides sociales en direction des jeunes sont faibles. Or, les transferts intergénérationnels – des parents aux enfants – tendent à accentuer les inégalités sociales (Papuchon, 2014). La capacité des parents à financer un logement indépendant ou l’allongement des études, ou encore à compléter le maigre salaire des premières années dans l’emploi, est devenue déterminante pour l’insertion sociale du jeune.

23Le devenir du couple parental a également une incidence sur cette période de la vie, et notamment sur l’âge au départ du domicile parental. En moyenne, les enfants de parents séparés partent plus tôt que ceux des familles intactes (Chardon et coll., 2008 ; Lapinte, 2013). Ce phénomène peut être lié à plusieurs facteurs : la baisse du niveau de vie du ménage après la séparation (qui peut raccourcir la durée des études et contraindre le jeune à gagner son indépendance plus rapidement par le travail), la volonté pour le jeune de s’éloigner d’un face-à-face pesant avec un parent seul ou d’un ménage recomposé où il a du mal à trouver sa place (Goldbeter-Merinfeld, 2010, p. 221), ou encore le développement accéléré de ses capacités d’autonomie (lié à l’expérience de la séparation, de la double résidence, etc.).

24La rupture parentale peut également altérer les conditions de vie du jeune adulte. Cette dernière a des effets différents selon les milieux, mais elle entraîne toujours une baisse de niveau de vie. Surtout, elle fragilise les liens parents- enfant. En France, le délitement du lien concerne principalement les pères : 40 % des enfants de parents séparés ne voient leur père que rarement ou jamais (Chardon et coll., 2008). A plus long terme, la séparation conjugale rend les liens entre l’enfant et ses deux parents plus vulnérables (et ce d’autant plus que l’enfant était jeune au moment de la séparation). Une fois devenus adultes, les enfants de parents séparés les fréquentent moins que ceux dont les parents sont restés ensemble (Vivas, 2008). Ce phénomène se retrouve dans toutes les classes sociales, mais il est accentué dans les milieux populaires : presque un enfant majeur de père ouvrier ou employé non qualifié sur deux (46 %) ne le voit jamais ; ce chiffre tombe à 13 % pour ceux dont le père est cadre. Les jeunes adultes de milieu populaire peuvent ainsi se trouver doublement handicapés pour leur entrée dans la vie : les ressources économiques de leur famille sont plus faibles à l’origine, et l’éventuelle rupture de lien avec l’un de leurs parents les prive d’une partie de cette aide familiale.

Des tâches développementales spécifiques

25Depuis plusieurs décennies, les thérapeutes familiaux décrivent les tâches développementales spécifiques à chaque transition d’une étape du cycle de vie à une autre. Chaque fois, le groupe familial doit renégocier ses frontières internes et externes, ses règles de vie, ses rituels ou encore le degré d’autonomisation de ses membres.

26L’entrée des enfants dans l’adolescence provoque généralement la création de nouvelles frontières au sein de la famille : l’adolescent préserve son intimité et ses secrets, demande à ce que ses parents et ses frères et sœurs respectent son espace et sa pudeur (il commence par exemple à fermer à clé la porte de la salle de bains et à demander à ce qu’on toque avant d’entrer dans sa chambre). Il aspire également à une plus grande autonomie (allées et venues, gestion du temps, liberté de choix, etc.), qui implique une renégociation des règles et de la relation d’autorité entre ses parents et lui.

27La nouvelle étape du cycle de vie que nous essayons de décrire ici s’inscrit dans la suite de cette étape de l’adolescence, mais ne s’y limite pas. En effet, plusieurs facteurs complexifient la réorganisation de la vie familiale, notamment lorsque cohabitent parents et jeune adulte : la libération de la sexualité, l’accès à la majorité civile, l’avancée en âge du jeune adulte, ses besoins d’autonomisation financière, etc. Parents et enfants sont confrontés à des problématiques inédites (que les parents n’ont souvent pas connues durant leur propre jeunesse) et enjoints à inventer de nouvelles modalités de relation. Comment, par exemple, cohabiter tout en respectant l’autonomisation progressive du jeune adulte ? Les parents gardent-ils un droit de regard et d’intervention dans la vie de leur enfant du seul fait qu’il reste dépendant d’eux, voire qu’il continue à vivre avec eux ? Comment le jeune peut-il s’engager dans une vie affective et sexuelle tout en vivant chez ses parents ? Dans quelle mesure peut-il/doit-il contribuer à la vie du ménage (en termes de finances et/ou de tâches domestiques) ? Etc.

La renégociation des règles et des frontières

28Dans la suite des renégociations faites à l’adolescence, parents et jeune adulte doivent s’entendre sur de nouvelles modalités de vie partagée. Dans certaines familles, la majorité civile rend cette tâche plus ardue ; le jeune adulte étant officiellement majeur, il devient parfois difficile aux parents de contrôler ses allées et venues (notamment lorsqu’il a le permis de conduire et son propre véhicule), de lui imposer de se lever le matin pour se rendre en cours ou de ne pas rentrer trop tard le soir, par exemple.

29Dans certaines familles, les routines familiales restent inchangées : le jeune adulte conserve ses habitudes d’adolescent, partage tous les repas avec ses parents et s’investit peu dans les tâches domestiques. Dans d’autres, l’avancée en âge entraîne un bouleversement des habitudes familiales. Le jeune adulte s’autonomise davantage et participe moins aux rituels familiaux. Il arrive par exemple qu’un jeune transforme sa chambre ou une autre pièce du logement en studio ou quasi-studio, de manière à jouir d’une plus grande autonomie (il prend une partie de ses repas à part, entre et sort du domicile sans en informer ses parents, reçoit des amis de manière autonome, etc.). Cela se produit notamment lorsque le jeune a un compagnon ou une compagne, et que le couple établit ses propres routines et sa propre frontière externe. Dans des cas extrêmes, la cohabitation entre le jeune adulte et ses parents s’apparente à une sorte de « colocation ».

30Cette étape de la vie peut également bouleverser les relations au sein de la fratrie. Lorsqu’un jeune adulte vit encore à la maison et qu’il acquiert un statut proche de celui des parents, cette nouvelle situation peut raviver des rivalités fraternelles. A l’inverse, lorsqu’un jeune adulte reste vivre à la maison alors qu’un frère ou une sœur plus jeune a pris son indépendance, ce décalage peut donner aux uns et aux autres le sentiment d’une inversion des rangs dans la fratrie (d’autant plus si le jeune adulte continue de vivre au domicile parental avec un statut d’adolescent, voire d’enfant).

Donner une place à la vie affective et sexuelle du jeune adulte

31La libération de la vie affective et sexuelle des jeunes adultes expose également la famille à de nouvelles problématiques. Nous avons vu plus haut que la durée théorique pendant laquelle le jeune connaît la sexualité tout en vivant chez ses parents est de six années. Selon les familles, les milieux et les références familiales de chaque parent, cette question est traitée très différemment. Dans certaines familles libérales, le sujet est abordé explicitement et le jeune est encouragé – parfois très tôt – à faire ce qui lui plaît en ce domaine dans les frontières de sa chambre. Certains parents invitent le (ou la) petit(e) ami(e) à dormir à la maison de manière régulière, voire quotidienne. Parfois, le jeune adulte s’installe donc en couple au domicile de ses parents. Cette cohabitation est plus ou moins bien vécue selon les familles, notamment eu égard à l’intimité et à la sexualité. Dans certaines familles où les frontières sont poreuses, la sexualité donne lieu à des remarques insidieuses ou à des plaisanteries, qui ont parfois un impact sur la vie affective/sexuelle du jeune adulte. A l’inverse, dans d’autres familles, la maturité sexuelle du jeune adulte est un sujet tabou et les parents le maintiennent dans des conditions de vie proches de celle d’un adolescent, voire d’un enfant (un(e) petit(e) ami(e) ne peut pas dormir dans sa chambre, par exemple). Des considérations culturelles et religieuses jouent parfois ici un rôle important. Entre ces deux pôles extrêmes, qui peuvent entraîner des souffrances et des conflits différents, il existe une grande variété de solutions familiales, dont la plupart s’inventent au fur et à mesure que les problèmes se présentent.

Réorganiser les échanges entre parents et jeune adulte

32Lorsque le jeune adulte avance en âge et acquiert de nouveaux statuts (majeur, étudiant ou employé, par exemple), l’équilibre des échanges entre parents et enfant – ce qu’Ivan Boszormenyi-Nagy appelle l’« éthique relationnelle » [9] – est altéré et réorganisé.

33Le jeune adulte peut en effet éprouver le besoin, pour s’affirmer dans son statut d’adulte, actif et indépendant, de s’affranchir davantage de la position d’enfant/ adolescent receveur et passif qu’il occupait au sein de sa famille. Certains s’impliquent davantage dans la vie de la maisonnée et les tâches domestiques (ménage, courses, cuisine, etc.). Certains ne se limitent pas à contribuer aux tâches, mais commencent à prendre des initiatives (organiser les courses et les menus des repas, gérer l’entretien de la voiture, etc.). Lorsque le jeune touche un salaire, il peut arriver qu’il en reverse une partie à ses parents, en échange du gîte et du couvert.

34Sur ce plan comme sur les autres, les réactions des familles sont très diverses : à un extrême, le jeune adulte devient un sous-locataire indépendant (et responsable) à la maison ; à l’opposé, il conserve la place qu’il avait étant enfant. Ces deux polarités peuvent entraîner des tensions différentes. La première ouvre au risque du délitement de la vie familiale (parents et enfant cohabitent sans être en relation) ou aux conflits de place (le jeune adulte intègre le sous-système parental et s’octroie les mêmes droits et les mêmes pouvoirs que ses parents dans l’organisation de la vie de famille). Dans la seconde polarité, la position passive d’enfant receveur s’oppose au mouvement psychologique d’autonomisation et d’affirmation du jeune adulte. Lorsque la famille ne parvient pas à réorganiser les échanges à la mesure de ce besoin de participation active du jeune adulte, celui-ci peut céder à la « légitimité destructrice » décrite par Boszormenyi-Nagy : refuser l’assistance de ses parents (ou, à l’inverse, la considérer comme un dû), s’isoler, quitter précipitamment le domicile dans une recherche de pseudo-autonomie, ou encore entrer dans des conflits violents avec ses parents.

Conclusion

35La conjoncture socio-économique du début du XXIe siècle, l’évolution des mœurs et l’allongement des études ont transformé les conditions d’entrée dans la vie du jeune adulte et ont fait émerger une nouvelle étape dans le cycle de vie familiale. Cette extension de la vie de famille bouleverse les repères traditionnels, notamment chez les parents des générations précédentes qui, nés dans les années 1940, 1950 ou 1960, ont connu des conditions d’entrée dans la vie radicalement différentes. Les familles sont contraintes de renégocier les relations et les espaces, souvent sans modèles à leur disposition. Cette étape représente ainsi une source importante de tensions et de conflits potentiels, qui peuvent fragiliser les liens, à une période déterminante pour la pérennité des relations ultérieures.

36Cette nouvelle étape du cycle de vie mérite ainsi toute l’attention des thérapeutes. Elle demande peut-être également que soit révisé le fonctionnement d’institutions qui accueillent des jeunes adultes. En effet, nombre de dispositifs destinés à cette classe d’âge prêtent spontanément peu d’attention à la dimension familiale (et ne proposent que des entretiens individuels), considérant que ces personnes sont en pleine période d’autonomisation (c’est notamment le cas, en France, de la plupart des dispositifs spécialisés pour les étudiants ou les jeunes chercheurs d’emploi). Le risque qu’encourt le thérapeute est alors de trianguler la relation entre le jeune et ses parents, et de retarder ainsi l’évolution de la dynamique familiale (Meynckens-Fourez, 2009).

37Il apparaît en effet, à l’issue de cet article, que cette étape de la vie individuelle est pleinement une étape de la vie familiale.


Annexe

Âge moyen auquel les jeunes quittent le foyer parental dans l’UE, en 2013

tableau im1
Total Hommes Femmes UE 26,1 27,2 25,0 Belgique 24,9 25,8 24,1 Bulgarie 29,1 31,3 26,8 République tchèque 26,7 27,8 25,6 Danemark 21,0 21,4 20,5 Allemagne 23,9 24,8 22,9 Estonie 24,3 25,1 23,5 Irlande 25,6 26,5 24,8 Grèce 29,3 30,7 27,9 Espagne 28,9 29,8 27,9 France 23,6 24,5 22,8 Croatie 31,9 33,7 30,2 Italie 29,9 31,0 28,7 Chypre 27,8 28,9 26,7 Lettonie 24,5 25,2 23,7 Lituanie 25,9 27,0 24,8 Luxembourg 26,4 27,0 25,9 Hongrie 27,8 29,0 26,6 Malte 30,1 31,0 29,2 Pays-Bas 23,5 24,3 22,6 Autriche 25,4 26,6 24,2 Pologne 28,2 29,3 27,0 Portugal 29,0 30,0 28,0 Roumanie 28,5 30,7 26,2 Slovénie 28,8 30,1 27,5 Slovaquie 30,7 32,1 29,3 Finlande 21,9 22,8 21,1 Suède 19,6 19,9 19,3 Royaume-Uni 24,1 25,0 23,1

Âge moyen auquel les jeunes quittent le foyer parental dans l’UE, en 2013

Source : Eurostat, 2015.

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Date de mise en ligne : 20/01/2017

https://doi.org/10.3917/tf.164.0407

Notes

  • [1]
    Dans nos sociétés modernes comme dans les sociétés traditionnelles, devenir parent demeure le principal seuil d’accès au statut d’adulte. Il réorganise les places dans l’ordre de la filiation : le jeune parent reste l’enfant de ses parents, mais, parent à son tour, il est désormais investi d’une responsabilité filiative (son enfant dépend de lui). C’est ici que s’opère la transmission de la fonction parentale d’une génération à l’autre (Moisseeff, 2006).
  • [2]
    Pour une revue de la littérature approfondie sur le cycle de vie familiale, voir McGoldrick et coll. (2016) et Bradley et Pauzé (2008).
  • [3]
    On perçoit ici avec acuité la désarticulation entre sexualité et reproduction, que les sociologues et les anthropologues ont mise en évidence dans l’évolution des mœurs et de la famille (voir notamment Gauchet, 2010).
  • [4]
    Enquête « Valeurs des Européens », Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs, 2008.
  • [5]
    Enquête « Baromètre bien-être des adolescents », IPSOS, 2012.
  • [6]
    Cette configuration peut poser des problèmes financiers à la famille, du fait de la diminution des revenus du (des) parent(s).
  • [7]
    Cette situation peut être vécue très différemment selon chaque famille, mais aussi selon la culture environnante. En effet, certaines régions et nations européennes ont pour tradition ancestrale la cohabitation à trois générations (ménages dits « complexes ») et tolèrent donc plus facilement le retour de ce genre de configuration (c’est notamment le cas des pays du sud comme l’Italie ou l’Espagne).
  • [8]
    Aujourd’hui encore, les femmes sans diplôme ont leur premier enfant en moyenne à 25 ans, contre 30 ans pour les femmes diplômées de l’enseignement supérieur (Davie, 2012).
  • [9]
    Voir Michard (2005) ; ainsi que Meynckens-Fourez et Henriquet-Duhamel (2005, p. 147-166).

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