« Quand l’événement est un fracas, il est difficile à représenter puisqu’on ne peut en faire un récit banal et qu’on n’ose pas en faire un récit sacré, un mythe fondateur. »
1Après la culture de la raison pure, le règne de l’affect et des pulsions, notre société contemporaine s’adonne au culte des émotions. Cette revalorisation du res~senti comporte certes des vertus et peut devenir source de richesses. Elle peut aussi être porteuse de dérives quand ce ressenti devient instrumentalisé à seule fin d’une jouissance immédiate (Lacroix, 2001).
2L’étude des émotions intéresse à la fois le biologiste, le philosophe, le médecin, le sociologue et le psychologue. Cependant, même si elle revient sous la lumière des projecteurs de manière récurrente, la compréhension des émotions reste en partie et paradoxalement le parent pauvre des théories et pratiques de la thérapie systémique. En effet celle-ci, le plus souvent, l’aborde de façon périphérique même si c’est par le biais de notions porteuses telles la communication analogique, l’affiliation, la résonance, l’ambiance émotionnelle. L’évolution de l’approche systémique vers une orientation constructiviste nous invite à repenser, avec les outils conceptuels et méthodologiques propres à ce courant, ce thème de l’émotion à la fois classique et méconnu. Cette piste de réflexion a fait l’objet d’un précédent article (Rey, 2000) qui mettait l’accent sur l’émotion au sein de la pratique de l’entretien familial systé~mique par le biais d’un rituel thérapeutique, le blason familial. Notre projet, dans ce deuxième volet, est d’approfondir cette exploration en questionnant différents plans qui se recoupent :
- Penser l’émotion à partir d’un cadre conceptuel systémo-constructiviste qui envisage l’émotion comme rapport au monde dans une double dimension : celle du vécu de l’expérience, celle de l’expression sous forme de communication.
- Penser l’émotion d’un point de vue anthropologique : comment les émotions sont-elles « cultivées » dans ce système en souffrance ? Comment cette « cul~ture » s’exprime-t-elle au sein de la rencontre dans la relation d’aide ?
- Penser l’émotion d’un point de vue méthodologique : comment créer un espace qui permette à la fois son expression et sa représentation ? Comment proposer un cadre d’expérience qui favorise la mise en perspective d’autres versions de cette émotion, qui la « dépayse », conduisant à distinguer et à relier « une émotion, le sentiment de cette émotion et le savoir que nous avons du sentiment de cette émotion » (Damasio, 1999).
3C’est autour de ces questions que s’articuleront les pistes théoriques et cliniques que nous proposons de développer dans cette présentation.
Dressons d’abord un rapide panorama des fondations
4Deux grands modèles théoriques semblent se partager la majorité des recherches menées sur les mécanismes émotionnels. Le premier s’inscrit dans un courant maté~rialiste, hérité de C. Darwin, et soutient que l’expression de certaines émotions (peur, colère, contentement…) est universelle chez l’homme et présente des points communs avec l’animal. L’autre modèle repose sur des thèses avancées par le psy~chologue William James qui publie en 1884 un article où il introduit l’idée que les émotions résultent d’une démarche d’ordre intellectuel à partir de la perception consciente d’un état du corps et ne procède donc pas d’une réaction instinctive. Ce qui peut se résumer par la formule : « je pleure, donc je me sens triste » en place de la conception classique : « je suis triste, alors je pleure » (Journet, 1998). Ce double héritage très présent dans la plupart des travaux actuels consacrés à l’émotion peut se résumer dans le dilemme bien connu : « nature ou culture », sous-tendu par un couple d’antagonistes encore plus ancien : « passion ou raison ».
5Cependant un courant de recherches en neuropsychologie (Damasio, 1995, 1999) contribue à réorienter le débat vers des logiques plus conjonctives en asso~ciant facteurs émotionnels et prise de décision. L’émotion est ici décrite comme acteur de premier plan dans le processus qui conduit au choix adéquat dans une situation donnée, elle devient alors auxiliaire de l’action et alliée de la pensée. Non seulement l’émotion est réhabilitée par rapport à la seule raison mais cette nouvelle approche qui a le mérite de connecter émotion-décision-action la contextualise autrement. En ce sens, il semble possible d’avancer que les travaux de A. Damasio viennent rejoindre les théories de la complexité et ne peuvent qu’alimenter la réflexion des praticiens systémiques.
1. Penser l’émotion dans un référentiel systémo-constructiviste
6Le cadre de l’approche systémique nous invite à penser l’émotion dans la rela~tion à autrui et à proposer ces prémisses :
- Il n’y a pas de relation humaine sans émotion (version dérivée de : « on ne peut pas communiquer sans qualifier (sympathie, joie, colère, crainte, tristesse, peur, dégoût répulsion…) ou disqualifier (niveau méta de l’émotion) la relation.
- Tout le monde sait ce qu’est une émotion mais la définition reste peu précise et la compréhension de cette émotion peut différer d’une culture à l’autre (Despret, 1999).
7Le plus généralement les auteurs s’accordent pour décrire l’émotion comme « un état affectif multidimensionnel qui s’accompagne de manifestations physiolo~giques, cognitives, expressives et subjectives ». (Christophe, 1998)
8Cette définition large comporte au moins l’avantage de ne fermer aucune porte. Elle offre également à chaque théorie la possibilité de s’y retrouver. Ainsi l’analyse cognitive des émotions conduit à différencier les émotions de base des émotions complexes par le nombre et la nature (positives ou négatives) des représentations qui les composent. Dans cette orientation commencent à être reliés émotions et sys~tèmes de croyances. La maîtrise des émotions devient alors, non plus un trait de per~sonnalité, mais une attitude cognitive. Dans ce contexte l’idée d’intelligence émo~tionnelle (Goleman, 1995) se présente non seulement comme objet d’étude mais aussi comme ouverture d’une nouvelle dimension d’action en psychothérapie.
9L’approche systémique, elle, pourra envisager deux versants, bien sûr interdé~pendants :
- Retenir ce qui a trait aux fonctions – individuelles, familiales, sociales – de l’émotion et à ses effets sur les comportements et sur les représentations tant per~sonnelles que collectives. Il s’agit donc moins de s’intéresser aux origines de tel type d’émotion qu’à ses buts ou ses projets, voire ses conséquences sur l’entou~rage. Reprenons brièvement le cas de cette famille composée du père et de deux adolescents (un garçon de 15 ans et une fille de 18 ans) endeuillée par la dispari~tion de la mère dans un accident de voiture survenu deux ans auparavant (Gaillard, Rey, 2001): bien évidemment, la tristesse affichée avait pour origine le décès prématuré et accidentel de la mère, mais le discours tant analogique que digital qui pourrait se résumer dans la formule : « nous sommes tristes, alors nous nous taisons et ne communiquons plus entre nous » permettait aussi de ne pas affronter la crise d’adolescence des deux enfants et de la famille ainsi que les conflits liés à des positions différentes des membres de ce groupe vis-à-vis des choix à faire dans un avenir proche. Ce type de lecture s’inscrit dans une démarche systémique classique.
- Le deuxième versant qui s’inscrit dans un courant plus constructiviste concerne, lui, la façon dont les émotions sont cultivées dans les différents systèmes en crise et/ou en souffrance (couple, famille, institution, etc.) mais également au sein du système thérapeutique. Il s’agit là d’un regard plus anthropologique, dans la lignée directe de Bateson, mais qui nous renvoie aussi aux travaux actuels d’eth~nopsychologie tels qu’ils sont développés par V. Despret. Cet auteur s’interroge en effet sur la façon dont « nous en sommes venus à penser les passions comme nous les pensons » (Despret, 1999, p. 47). La famille, comme l’ont souligné diffé~rents auteurs, représente par excellence le creuset où vont se vivre, se construire et se transformer les émotions, et chaque famille va développer sa microculture émotionnelle. Nous entendons par culture des émotions la façon dont elles sont vécues et mobilisées au sein d’un groupe, la façon dont elles sont exprimées, comprises, véhiculées et transmises. Par exemple : est-il autorisé d’éprouver du chagrin, de la tristesse, de la joie, du plaisir ? Comment montre-t-on cette douleur, cette exaltation ? Est-il possible ou non de la partager et avec qui ? Selon quels codes ? Ces questions, et quelques autres, jamais ouvertement posées, sont pour~tant en filigrane de toute rencontre thérapeutique et abordées à travers diverses techniques et rituels tels : le questionnement circulaire, le travail sur la résonance, les objets flottants. Cette démarche d’investigation risque de s’avérer insuffisante si elle ne s’accompagne d’un déploiement d’autres versions, d’une émergence d’autres possibles destinés à introduire une mise en contraste dans le champ d’expérience de la famille. En d’autres termes, un des objectifs de l’intervention thérapeutique serait d’offrir un cadre d’expérience susceptible de « dépayser » les émotions ratées, de proposer un espace de conversation (tant analogique que digi~tal) où il devient possible de réécrire un récit qui fasse sens.
2. La culture des émotions
10Cependant si chaque famille développe un style émotionnel qui lui est propre à partir de ce qui est encouragé, toléré, banni, elle évolue aussi dans un macro~sys~tème social qui a sa manière de cultiver, de comprendre et de vivre les émotions. Et la famille subit aussi les influences de ce macro-système social. En particulier notre époque moderne semble marquée par une recherche de ce que M. Lacroix nomme l’émotion-choc. Cette boulimie de sensations fortes et immédiates provoque une surstimulation au détriment de l’émotion-contemplation, héritée de l’époque romantique, qui, elle, conduit à la métabolisation des sentiments.
« Une émotion s’appauvrit d’une part quand elle se réduit à de l’excitation et d’autre part quand elle abolit la communication avec autrui. Or le danger qui menace la sensibilité d’aujourd’hui est précisément la dérive vers une émotion à la fois survoltée et déconnectée d’autrui, artificielle et égocen~trée. » (Lacroix, 1999, p. 107).
12Cet auteur remarque que ces deux cultures de l’émotion génèrent un rapport au monde très différent. Dans l’émotion-choc, la primauté est donnée à l’action, elle est utile par sa capacité de déclencher une réaction rapide, en particulier en cas de danger, elle a vocation d’adaptation et de survie. Elle s’inscrit dans l’instant, « elle éclate dans une sorte de fulguration » (ibid., p. 120), elle se nourrit de la variété et suit un rythme accéléré, elle laisse le souvenir d’un plaisir fulgurant mais qui le len-demain peut se révéler amer.
13L’émotion-sentiment s’inscrit, elle, dans la durée, elle a besoin du temps pour s’approfondir, elle implique une présence au monde qui demande de la disponibilité, elle renaît à chaque évocation et vient enrichir la vie intérieure.
« Alors que l’émotion-choc aide à survivre dans le monde, l’émotion~contem~plation permet de jouir de la saveur du monde. La première est l’instrument du corps agissant, la seconde est liée au cœur réceptif. » (ibid. p. 123)
De la théorie à la pratique
1. Un blason pour échapper à une identité meurtrière
15Cette description ne peut que faire écho pour les thérapeutes familiaux. En for~çant à peine le trait, l’émotion-choc ressemble fort à ce que racontent les patients toxicomanes à propos du « flash » dans l’après-coup.
16Une étude réalisée, par une de nos étudiantes (Chaumontet, 2001) dans un centre thérapeutique résidentiel pour toxicomanes ayant déjà effectué une cure de sevrage en milieu hospitalier, va nous permettre d’illustrer ces propos et de mettre en évi~dence cet aspect bipolaire de l’émotion.
17Le centre de post-cure où cette recherche a été menée accueille des personnes majeures qui font une demande volontaire pour un séjour de six mois avec une réin~sertion professionnelle à la clé. L’étude a porté sur sept résidents, quatre femmes et trois hommes, âgés de 26 à 36 ans. Trois d’entre eux en sont à leur deuxième séjour. La durée moyenne de leur toxicomanie est d’environ huit ans. La majorité de ces résidents ont été polytoxicomanes avec cependant une accoutumance plus accen~tuée pour l’héroïne et la cocaïne.
18Un des objectifs de ce travail est d’approfondir la dimension identitaire dans la problématique de la toxicomanie. La méthodologie consistera en une série d’entre~tiens avec le groupe de résidents au cours desquels il sera proposé à chaque membre du groupe de réaliser successivement deux blasons en précisant que :
- le premier blason concerne l’appartenance au groupe de post-cure et vise l’iden~tité « toxicomane ».
- Le second concerne la représentation de l’identité personnelle du sujet en tant
qu’individu appartenant à un sexe (masculin, féminin) et à un groupe d’âge.
La consigne pour chaque blason est identique et consiste à remplir les cases vides selon la procédure habituelle (Rey, 2000): - Dessiner dans la case objet quelque chose qui représente l’emblème du groupe « toxicomane » (ou de la personne).
- Indiquer, dans la case passé, un personnage et/ou un événement passé important dans l’histoire du groupe (ou de la personne).
- Noter, dans la case présent, les soutiens, les ressources (matérielles, morales, spirituelles ou humaines) dont le groupe (la personne) dispose actuellement.
- Dessiner ou écrire, dans la case avenir, les missions (véhiculées par l’institution ou la famille) dont le sujet appartenant à ce groupe se sent investi et les projets personnels.
- Enfin inscrire au sommet du blason une maxime qui pourrait correspondre à la devise du groupe « toxicomane » (ou de la personne).
19Cette consigne, à travers le support identitaire qu’offre le blason, propose un espace de connexions entre différentes dimensions du temps. Il devient possible d’appréhender, de contempler la logique temporelle dans laquelle évolue le groupe ou la personne et d’établir des comparaisons. Si la case « passé » renvoie au temps de la narration, la case « présent » mobilise l’actuel dans ses ressources et en contre-point dans ses manques, tandis que la case « avenir » invite à une projection dans le futur dans le cadre d’un dialogue entre la dépendance (loyautés aux missions) et l’autonomie (fidélité aux projets personnels). Quant aux cases « emblème » et « devise » elles ouvrent à l’intemporel, à la permanence des croyances partagées et des modèles fondateurs. C’est une danse avec le temps, avec les temps qui en s’imprimant, en s’exposant peuvent se démarquer ou se conjuguer. Il devient alors possible de sortir du temps brisé des ruptures, des commotions, des abandons.
20Dans une première étape la psychologue et l’étudiante ont réuni les sept rési~dents en leur présentant les grandes lignes de la recherche. Après leur acceptation de participer à cette expérience, elles leur proposent de réaliser un premier blason, celui du groupe « toxicomane ». Un blason vide est distribué à chacun des rési~dents avec la consigne de le remplir individuellement. Il est précisé que dans un second temps le blason du groupe sera reconstruit à partir des productions indivi~duelles. En fait il y aura peu de problème de choix ou de sélection pour le blason commun. Bien que chaque membre de ce groupe ait réalisé seul ce blason, les diffé~rences entre chaque production sont si minimes que l’œuvre finale s’impose.
21Le premier constat est que la simple consigne consistant à demander de réaliser un blason de leur groupe conduit les résidents à se considérer en tant que toxico~manes. Ils sont ainsi invités à représenter, contempler et examiner cette dimension identitaire. L’aspect temporaire, voire transitoire de ce blason affleure aussitôt dans les réflexions qui accompagnent cette réalisation : « ce n’est pas une vie », soupire l’une, tandis qu’un autre s’exclame « on ne peut pas rester toxico toute sa vie !».
22Les devises choisies résument toutes les autres : « le cachet ne peut te cacher » et « c’est dangereux, tellement c’est bon ». Trois sur les sept résidents avaient plutôt mis l’accent sur le danger : « ne pas succomber à la tentation » ou encore : « à ne pas toucher ». Autrement dit ce qui émerge à travers ces maximes est le paradoxe de la drogue : l’intensité du plaisir et la douleur de l’assuétude, simultanément. Bien sûr, ce n’est une découverte ni pour les résidents, ni pour les intervenantes, mais il y a une différence entre un savoir implicite et un savoir affiché qui permet de prendre une position méta, un savoir de savoir.
23La case objet met, elle, en scène le produit (cachet, liquide, sachet de poudre etc.), le mode d’utilisation (quatre seringues sur sept objets, celle-ci ayant été choi~sie par ceux qui en usent) et l’idée du « flash ». Pour le blason commun, seule sera retenue la seringue qui résume, comme le préciseront la majorité des sujets, l’idée d’une sensation explosive qui marque à jamais celui qui la découvre et qui restera pour longtemps à la recherche de « l’extraordinaire » dans la sensation.
24Les cases du passé évoquent toutes le premier contact avec la drogue et la ren~contre avec celui qui sera l’initiateur, une bande de copains, un petit ami, un aîné etc. Cette case fait aussi parler des circonstances qui ont entouré cette rencontre : perte d’un travail, déception sentimentale ou amicale, période dépressive ou instable sur le plan familial et de l’occasion, qui s’est présentée sous la forme de vacances « camping », d’une soirée entre « potes » ou d’une « rave » partie. Cette case va dans le sens de la complexité du phénomène qui ne peut se réduire au seul sujet mais doit prendre en compte son environnement.
25La case présent va exprimer, à l’unanimité, le vœu de s’en sortir et identifier les ressources de l’environnement familial, amical, sentimental et institutionnel de cha~cun, mais aussi leur insuffisance. Surtout une place, ici, est donnée au manque, à l’absence, à ce qui ne peut être comblé. Là encore la représentation introduit l’opportunité de penser le vide, de commencer à faire le deuil.
26La case avenir est porteuse des espérances, plutôt que de vrais projets : « décou~vrir la sérénité, communiquer autrement, s’investir dans une activité…». Mais cette case annonce aussi l’amorce d’une possible réparation en mentionnant, dans trois cas sur sept, le désir d’un engagement dans des missions d’ordre humanitaire : « aider à notre tour ». Dans ce blason, la case avenir semble se confondre avec la case « idéale », pourtant quelques marches se dessinent entre le vœu pieu « s’en sor~tir » et l’ancrage dans une démarche consistant à s’engager dans une association qui œuvre pour la défense des animaux (ou la scolarité des enfants du quart monde).
Ce premier blason instaure un espace balisé d’échange et de partage des émotions
27Le sentiment de toute puissance que procure la drogue et son revers, la dépen~dance seront posés d’emblée par tous. Ensuite seront évoqués des ressentis plus individuels concernant la solitude, la salissure, l’enfermement, la douleur du manque. Puis viendront les sentiments d’impuissance et de dépression : « l’envie que cela s’arrête, l’envie de mourir ». Mais apparaît du même coup la capacité de restauration émotionnelle, pas seulement par l’activité de verbalisation mais par le vécu d’une expérience commune de création. Expérience qui conduit à reconstruire à partir d’un support concret le parcours de vie autour de l’identité « toxicomanie »: un passé douloureux marqué par la rencontre avec le produit, un présent où se visua~lisent les manques, les conflits mais où se dessinent aussi les liens de confiance, un avenir qui dit l’espoir et le doute, la revendication d’une possible restauration. Il est déjà clair que toutes les personnes de ce groupe se placent dans l’optique de la « guérison », tous expriment l’envie de s’en sortir et de renoncer au produit, toxique ou de substitution (quatre des résidents sont sous méthadone).
28La question que pose ce premier blason n’est pas : qui êtes-vous ? Mais : quelle est votre représentation du groupe auquel vous appartenez dans ce Centre de Post-cure ? Cette nuance est parfaitement assimilée par les sujets. Le détour par ce pre~mier blason de « toxicomane » peut paraître violent. Il se révèle une étape indispen~sable, à condition de ne pas figer cette image en miroir grossissant et donc en la faisant suivre d’une deuxième phase :
La réalisation d’un blason individuel
29 Chacun pourra cette fois exprimer ce qui le différencie des autres membres du groupe, ce qui le rend unique. L’espace proposé offre dans ce second temps la possi~bilité d’affirmer sa singularité. Les résidents ne s’en priveront pas, il n’y aura pas une seule production superposable, l’individualité existe, ils viennent de la rencon~trer. Ce blason personnel offre l’opportunité de confronter les parcours singuliers, les situations familiales souvent douloureuses, les difficultés personnelles, les espoirs et les craintes mais aussi les rêves plus intimes.
30Ce qui paraît exemplaire dans ce deuxième volet de l’expérience, c’est d’une part la diversité des réponses et, d’autre part, la « banalité » des blasons proposés, en ce sens qu’il n’est plus fait aucune allusion à la drogue ou à son environnement. Autrement dit les résidents se sont parfaitement adaptés à la consigne. Il est, en conséquence, impossible cette fois de construire un blason commun. Chacun reven~dique le sien et l’originalité de son récit.
31L’ambiance qui entoure cette seconde étape est cependant empreinte de nostal~gie. Force est de constater qu’il y a eu une vie avant la toxicomanie et qu’il y en a une à inventer après. Le temps ne se réduit plus à l’événement, il redevient proces~sus. Tous parviendront à se projeter dans un futur dont ils aperçoivent maintenant le contour mais en avouant aussi leurs craintes concernant la vie matérielle, leurs rela~tions aux autres, voire leur terreur de « retomber ».
32La toute-puissance que conférait par instant la prise de produit et que donnait le flash est remplacée par un sentiment de grande vulnérabilité, assez bien traduite dans cette devise : « se protéger soi-même avant de vouloir protéger les autres. »
33Un des soucis qu’aura chaque résident sera de se démarquer du blason précé~dent. Dans la discussion qui suivra et où sera posée la question du choix du blason, la réponse est unanime pour laisser tomber comme un vieil habit le blason « toxico~mane » et garder précieusement le blason personnel que certains envisagent éven~tuellement de « retoucher ». Pour que ce choix devienne possible, fallait-il encore avoir l’opportunité de dessiner puis de visualiser simultanément au moins deux visages d’une identité. La psychologue et l’étudiante ont proposé ce cadre d’expé~rience sans prévoir ce qu’il en sortirait. Cette recherche dont l’objectif avait été annoncé comme expérimental se révèle également, en partie, thérapeutique en ce sens qu’elle introduit une dynamique de choix (Neuburger, 1991). Cette dynamique favorise un détricotage de l’identité « toxicomane » et permet d’amorcer la recons~truction d’une identité personnelle. Toutefois il importait au préalable de rendre lisible l’identité « toxicomane » avec l’ambiance émotionnelle qui lui est liée. A tra~vers la création du premier blason peut s’instaurer un échange qui, tout en échap~pant au discours moralisateur, permet d’aborder les tentations, la jouissance, la contrainte, la descente aux enfers et l’enfermement… Tout ce cortège de sensations, de sentiments qui sont les compagnons de route de ce type d’appartenance.
34Avec la réalisation d’un second blason, chaque résident va se trouver placé dans une alternative, sorte de miroir à double face qui lui restitue un savoir sur ce qu’il sait. Le « meilleur » blason sera pour les sept sujets de l’expérience le blason de la personne, non celui du groupe. Ce résultat n’était pas prédictible. L’émotion susci~tée par cette double confrontation a participé sans aucun doute à la décision qui ne saurait être ici purement « intellectuelle ». Remarquons, par ailleurs, que cette mise en situation ne peut que favoriser un processus qui s’apparente à celui de la « diffé~renciation de soi » bien décrit par M. Bowen (1984).
35Enfin si tous ces jeunes adultes vivent dans une culture de l’émotion-choc, selon la terminologie de M. Lacroix (2001), culture marquée par l’intensité des stimula~tions et des sensations où le primat est donné au vécu de l’instant, la situation propo~sée instaure, elle, un climat de contemplation, d’auto-observation qui encourage la disponibilité, la présence au monde et le partage. L’émergence d’interactions à tra~vers le support analogique du blason va rendre possible la verbalisation d’expé~riences traumatiques ancrées dans les corps. Le temps en devenant séquentiel va s’inscrire dans une durée et permettre un développement. Mais surtout ce recadrage d’ambiance représente un dépaysement de la culture du « flash ». Le passage du cri au soupir devient perceptible.
2. Un parcours de jeu de l’oie dans une situation bloquée de deuil
36Une autre expérience (Schindler V., 2002) visant à un dépaysement de l’ambiance émotionnelle dans une situation bloquée suite à un deuil, illustre bien l’utilisation des objets flottants dans un cadre différent de celui de la thérapie familiale.
Charlotte, 12 ans, est conduite au Centre Médico-Psychologique par sa mère afin qu’elle puisse bénéficier d’un « espace de parole » (dixit Madame). Il y a six ans son père a eu un très grave accident de la route qui l’a laissé lourdement handicapé. La vie familiale s’est dégradée et a évolué vers un climat de conflits où la communication ne passait plus que par des actes violents. Depuis un mois, son état ayant empiré, Mon~sieur est hospitalisé. Il n’est pas question qu’il revienne à la maison, Madame a demandé la séparation. Elle semble soulagée par cette décision ainsi que sa fille cadette Pauline (9 ans). Par contre Charlotte va de plus en plus mal, ses résultats sco~laires s’effondrent, elle se replie sur elle-même et parle de moins en moins, d’où la démarche de sa mère qui est, elle-même, suivie en psychothérapie.
La psychologue de l’institution qui suit la mère confie Charlotte à sa stagiaire, étu~diante en dernière année de psychologie. Celle-ci va établir un protocole de prise en charge où elle propose de recevoir alternativement Charlotte seule, puis une séance sur deux ou trois Charlotte et sa maman. Charlotte, dans les premiers entretiens, bien qu’ayant exprimé le besoin de parler à quelqu’un depuis l’hospitalisation de son père, se montre très réservée, laconique, voire, par moment, mutique. Les objets flottants (ébauche d’un génogramme complété par l’épreuve des gommettes (Rey, Halin, 2002), réalisation d’un jeu de l’oie) seront utilisés, dans cette phase de prise de contact, comme simples outils médiateurs d’affiliation et créateurs d’un espace de rencontre. Dans les entretiens qui réuniront Charlotte et sa mère ils deviendront les supports d’une reconstruction d’un récit.
38Nous retiendrons surtout ici la partie de l’expérience concernant le jeu de l’oie qui nous paraît particulièrement significative.
Le contact s’établit progressivement avec Charlotte au cours des deux premiers entre~tiens et à travers l’ébauche d’un génogramme. Charlotte, malgré quelques zones d’ombres, parvient à dessiner l’ossature d’une structure familiale complexe et à quali~fier les relations qui unissent les membres qu’elle connaît. Elle commence à exprimer l’inconfort de sa place d’aînée, surtout après l’accident (elle avait six ans) qui a entraîné une parentification prématurée.
Au troisième entretien la consigne du jeu de l’oie systémique est introduite avec une consigne minimaliste. Il lui est demandé de réfléchir à 10 événements qui ont marqué son histoire personnelle et qui pourraient aider à mieux la comprendre. La fillette semble tout d’abord intéressée puis s’abîme dans une réflexion profonde en soupi~rant. Enfin, elle prend une fiche et note : « accident de papa en 1995 », puis déclare : « je n’en vois pas d’autres ». Il sera inutile d’insister.
La séance suivante réunit Charlotte et sa maman. A la fin de l’entretien la consigne est redonnée, en précisant cette fois qu’il s’agit de réfléchir et de noter sur une feuille (après en avoir discuté aussi avec la plus jeune sœur Pauline, âgée de 9 ans) 5 à 10 événements significatifs de l’histoire familiale et qui permettraient d’en faire un récit. Madame semble perplexe, dit que ce sera difficile. Charlotte la rassure (bien dans son rôle de petite maman !) et déclare que ce n’est pas si compliqué, qu’elle a déjà joué à ce jeu !
La semaine suivante elles arrivent toutes deux avant l’heure. Elles affichent un large sourire et un air de complicité. A trois, elles sont arrivées à noter 8 événements qui au premier abord semblent plutôt concerner le parcours de Charlotte. L’exploration mon~trera qu’il n’en n’est rien.
Au fur et à mesure que se construit le jeu, la conversation s’engage entre la mère et la fille, relancée de temps en temps par l’intervenante. Madame exprimera d’abord un ressenti positif en mentionnant la case 1 de son arrivée en France, puis à la réflexion le nuancera, en précisant qu’il s’agissait aussi d’une rupture, d’une perte de quelque chose qui se trouvera très amplifiée au décès de son père, majoré par le fait qu’elle ne pourra assister à ses funérailles. Une ligne de rupture commence à se dessiner et prend toute sa valeur traumatique avec l’accident de Monsieur. Charlotte pourra alors dire qu’elle avait un papa merveilleux et qu’il a disparu ce jour-là (elle dit aussi avoir difficilement supporté de le voir dans le coma, ce qui a été épargné à sa sœur trop jeune à l’époque).
- Case 1 : Arrivée en France de Maman (venait d’Italie, elle avait 6 ans) en 1971.
- Case 2 : Naissance de Charlotte en 1989.
- Case 3 : Naissance de Pauline en 1992.
- Case 4 : Décès de pépé (le père de Madame resté en Italie, madame n’a pu assister aux funérailles).
- Case 5 : Accident de Papa le 29.01.95.
- Case 6 : Premier Noël en Italie avec toute la famille.
- Case 7 : Premier anniversaire de Charlotte avec tous ses amis le 29.01.02.
- Case 8 : Chanson écrite par les amies de Charlotte et qu’elles lui offrent.
L’homme qui est revenu à la maison après une longue hospitalisation n’avait plus rien à voir avec le papa merveilleux, son infirmité l’avait beaucoup diminué, son caractère s’était dégradé, il ne supportait plus le moindre bruit, hurlait et frappait pour un rien (il y aura signalement au juge). Mais le choix que fait ensuite Charlotte de poser la carte de son anniversaire exactement le même jour sept ans plus tard est une façon d’affirmer sa volonté de sortir de ce temps de deuil et d’amorcer une différenciation par rapport au discours de sa mère. Cette dernière avait en effet remarqué, qu’après l’accident, sa famille et ses amis l’avait abandonnée. Charlotte affirme avec cette carte la volonté d’une renaissance et la possibilité d’avoir, elle, des amies qui lui com~posent la chanson de la vie. Peu à peu sur le tableau du jeu de l’oie (qui ne comprend que dix cases, plus la case arrivée et la case départ) surgit une nouvelle dynamique où peuvent se confronter deux mélodies émotionnelles : celle sourde, funèbre et plaintive de la douleur, de la perte, du deuil et de l’abandon, celle encore timide mais déjà clai~ronnante de l’amitié retrouvée et d’une vie possible.
Dans ce cadre qui est celui d’une consultation, la seconde phase du jeu de l’oie, qui consiste à qualifier à l’aide de cartes symboles les différents événements posés sur le plateau, ne sera pas proposée. Par contre sur la case départ, la mère et la fille, d’un commun accord noteront : « l’arrivée de maman en France », et sur la case arrivée :
« incertain »exprimant ainsi combien il est encore difficile de se projeter dans l’avenir mais aussi mouvement homéostatique après l’audacieuse tentative de différenciation de Charlotte.
Cette expérience appelle quelques commentaires :
- Il ne s’agit pas d’une thérapie familiale. Le cadre défini comme celui d’une consultation et d’un suivi d’une enfant en collaboration avec la maman permet cependant à l’intervenante, grâce aux outils méthodologiques utilisés, d’ouvrir un espace à l’interaction familiale. Le jeu de l’oie met bien en évidence que cet espace, balisé par ce rituel de conversation, permet de sortir du registre des reproches, des plaintes, des conseils pour aborder celui d’un dialogue plus authen~tique sur les ressentis de chacun et autorise donc une amorce de distanciation.
- Le temps séquentiel introduit par la proposition de réaliser un jeu d’abord en individuel permet à Charlotte de poser sa sidération et de la contempler. Elle pourra dire une semaine plus tard : « c’est facile je l’ai déjà fait ». Cette distance temporelle était nécessaire pour qu’elle puisse visualiser l’émotion et se la réap~proprier. Charlotte ne se contente pas ainsi de rester dans sa fonction d’enfant parentifiée, elle exprime également que ce premier contact avec le plateau du jeu de l’oie lui a permis d’éprouver ce que Cathelat (1999) nomme une émotion « réaliste », pour parler des émotions dont l’énergie se propulse dans le rapport au monde et est susceptible de le modifier. Dès cette première partie qui laissera l’étudiante très perplexe, Charlotte a acquis une forme de connaissance qui se traduira en compétence à la séance suivante.
- Depuis l’accident, le mode principal de communication, dans cette famille, hors la violence, est le silence. Le jeu de l’oie explore cette dimension et les cases vides du premier jeu en individuel rendent visible ce silence. Cette nouvelle visi~bilité va ouvrir à une modalité alternative où il devient possible de relier par des cartes puis par des mots, ce qui est du même registre, celui de la perte, de l’aban~don, de la rupture, mais aussi d’imaginer en contrepoint une autre mélodie, moins dramatique, presque joyeuse (l’anniversaire, les amies, la chanson).
En conclusion
41Pour aborder ce nouveau volet de : « comment penser l’émotion dans un référen~tiel et une pratique systémo-constructiviste » nous avons choisi d’illustrer notre argu~mentation par des situations cliniques hors du champ stricte des thérapies familiales.
42Ces expériences, pour modestes qu’elles soient, ont le mérite de montrer l’importance, face à des situations bloquées, de proposer une méthodologie faisant largement appel à la communication analogique pour favoriser le passage d’un registre de l’émotion-choc, selon la terminologie de M. Lacroix (2001) à un registre d’émotion-contemplation qui permet, lui, de mobiliser l’imaginaire.
43Ce qui a été vécu et appris à travers ces deux contextes d’expérience semble se rapporter au « soi-autobiographique » tel que le définit A. Damasio (1999, p. 201):
« Le Soi-autobiographique se constitue à partir de la réactivation et de la pré~sentation sous une forme cohérente d’ensembles choisis de souvenirs biogra~phiques… Il s’agit de multiplier des instances de ce simple « sens que l’on a de se connaître soi-même », appliqué à la fois à ce-qui-se-donne-à-connaître et à une entité complexe et en perpétuelle rénovation, ce quelque-chose-à-quoi-la connaissance-est-attribuée, c’est-à-dire le Soi-autobiographique. »
45Comme le remarque P. Caillé (2001), certains antécédents traumatisants peuvent rendre difficile la construction d’un récit auto-biographique adaptatif. Et ceci d’autant, ajouterons-nous, que l’individu ou le groupe reste fixé à un registre émo~tionnel unique : celui de la survie.
46Dans ces situations où l’ambiance émotionnelle se rétrécit à celle du choc, les objets flottants présentent un triple intérêt :
- Celui d’offrir un cadre simultanément « contenant » et « dépaysant » qui va favo~riser la prise de distance.
- De procurer un support analogique qui non seulement ne conteste pas le récit auto-biographique (identitaire) apporté mais en l’autorisant à se déployer lui permet d’évoluer.
- Enfin, celui de placer le sujet non plus en posture de patient mais en position d’acteur compétent dans l’invention de son histoire.
47L’émotion n’est plus alors l’ennemie de la raison, elle peut devenir son associée dans « le sentiment de savoir que nous éprouvons des sentiments » (Damasio, 1999, p. 282).
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
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