La métamorphose du personnage sériel depuis les origines de la télévision peut être perçue, d’un point de vue narratologique, comme corrélative à la montée en complexité narrative, et à l’hybridation des veines épisodiques et feuilletonnantes, initiées depuis les années 1980. Les personnages sont donc aujourd’hui capables de plus de nuances, et traversent des évolutions variées qui peuvent être catégorisées. Le présent article entend commenter et développer une catégorie atypique isolée par Jason Mittell : l’overhaul, la substitution subite de l’identité du personnage, dont le rôle, toujours joué par le ou la même interprète, se retrouve alors défamiliarisé. Manifestation la plus déroutante de l’évolution des personnages sériels, l’overhaul est lié aux récits dits de genre, et notamment des genres de l’imaginaire ; empreint d’une forte réflexivité, il met en abyme la capacité du personnage contemporain à évoluer, et les possibilités narratives nouvelles qui s’ouvrent aux séries « narrativement complexes ».