Le 23 juin 2018, après une session d’entraînement, treize membres d’une équipe de football junior entrent dans « la grotte de la dame endormie » (Tham Luang Nang Non). En ce début de la saison des pluies, ils sont bientôt piégés par une montée soudaine des eaux. Pendant près de trois semaines, leur sauvetage tient en haleine le monde entier. La médiatisation de l’évènement permet à tout un chacun de prendre conscience de la richesse de ce réseau karstique en tant que milieu, à la fois matériel, orographique, humain et technique. Ce jour-là, comme le font de temps en temps les habitants de cette région montagnarde au nord de la Thaïlande, ces jeunes footballeurs et leur entraîneur se sont aventurés plusieurs kilomètres à l’intérieur du dédale afin d’invoquer la protection de la redoutable maîtresse du lieu. La légende dit en effet que la montagne dans laquelle se trouve la grotte est formée par le corps endormi pour toujours d’une princesse suicidée. Au fil des jours, l’équipe de secours s’agrandit et mobilise au plus proche puis à distance, dans le royaume et au-delà de ses frontières, pour in fine agréger plus de dix mille personnes tendues vers un seul objectif : « les sortir de là vivants ! » Au cœur de ces galeries souterraines d’une dizaine de kilomètres, les corps, les outils et les machines sont mis à l’épreuve. Dans cette longue et obscure nuit, les enfants âgés de onze à seize ans se sont réfugiés à l’abri de l’eau sur un promontoire où ils méditent pour conjurer le froid, la soif, la faim et la peur, sous la protection de leur entraîneur à peine plus vieux qu’eux…