« Souvent quand je ferme les yeux, je vois des démons qui m’entourent de toute part, comme une poussière dense, et leurs corps sont minuscules comme les poussières ou les atomes qui apparaissent au soleil, et je pense que c’est ainsi qu’ils entourent chaque homme et se collent contre lui.— Il y en a pour chaque homme ?— Oui, tantôt beaucoup, tantôt peu. »Richalm de Schöntal, Liber revelationum, vers 1216-1219.
Martn Frobenius Ledermüller et Adam Wolffgang Winterschmidt, Troisième cinquantaine des amusemens microscopiques contenant en meme tems une fidele methode de faire un usage adroit, aisé et fidele de toutes sortes de microscopes, en forme de lettres, avec un supplement et une addition, 1768. Ce type de microscope solaire fonctionne comme une lanterne magique, illuminé par les seuls rayons du soleil.
Il suffit parfois d’un rayon de soleil, d’une lumière particulièrement horizontale ; il suffit que nous ayons le bon angle et la bonne distance vis-à-vis de cette lumière pour que nous fassions l’expérience d’une révélation visuelle, que, d’un coup, apparaisse, juste face à nous, un monde en suspension. Poussières, particules et minuscules créatures volantes rappellent leur présence et par elles, celle de ces « imperceptibles » avec qui nous faisons monde.
Si nous faisons tous l’expérience, souvent enchantée, de ces dispositifs accidentels, l’accès à l’infra-perceptible est bien plus généralement médié par la technique. Or chaque procédé d’investigation, chaque nouvel appareillage, implique et provoque des perceptions singulières, voire de nouvelles façons de ressentir…