Notes
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[1]
Cet article s’appuie sur mon doctorat, La Garde nationale de Paris sous la monarchie de Juillet, soutenu, en novembre 2000, à l’Université Paris 1.
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[2]
BnF, Estampes, coll. De Vinck, no 11193.
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[3]
Rapporté dans Le Journal des Débats, 2 août 1830.
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[4]
Cf. Alain Corbin, « L’Impossible présence du roi », in Usages politiques des fêtes au xixe-xxe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, pp. 77-116.
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[5]
Mathilde Larrère, « Ainsi paradait le roi des barricades », Le Mouvement social, no 179, avril-juin 1997, pp. 9-31.
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[6]
Alfred Cuvillier-Fleury, Journal Intime, Paris, Plon, 1900-03, p. 270.
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[7]
Les incidents se multiplient dans les corps de garde où l’on a mêlé les armes. Gardes municipaux et soldats refusent d’obéir aux ordres des officiers de la garde nationale. Quelques querelles manquent de dégénérer en duel, lors desquels les pauvres bourgeois en uniforme ne peuvent compter que sur l’intervention d’un officier pour sauver leur peau ! Archives Nationales F9/416.
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[8]
Rapport officiel du comte de Lobau, commandant supérieur de la garde nationale, commandant en chef des troupes chargées de la répression, sur l’émeute des 5 et 6 juin 1832. C’est nous qui soulignons.
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[9]
Hugh Collingham, The July Monarchy. A political History of France, 1830-1848, Londres et New York, Longman, 1988, p. 110. Philippe Vigier insiste également sur la distance entre l’assise sociale revendiquée et l’assise sociale réelle du régime. Mes recherches m’ont conduite à conforter cette idée.
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[10]
La Caricature, no 60, 25 déc. 1831. Une autre lithographie de Grandville de la même facture est ainsi commentée par l’auteur : « Ces gendarmes nés de la grande institution républicaine, auxquels vingt-quatre heures de corps de garde font oublier leur rôle de citoyen, trouvent fort bien de décorer d’un coup de crosse tout habit qui ne l’est pas d’une buffleterie, trépignent la patrouilloterie, suent la provocation et délectent l’arrestation ».
1Dans les rues du Paris de la monarchie de Juillet, gardes nationaux, policiers, soldats, gardes municipaux, marchent du même pas pour patrouiller et assurer la tranquillité des nuits parisiennes. Ensemble, ils participent à la répression des émeutes et tombent parfois, côte à côte, sous les balles des insurgés. Pourtant, les images du garde national que donnent les journaux de tous bords, les textes officiels ou les physionomies pittoresques sont toujours différentes de celles des autres forces de l’ordre. On ne pourra pas, dans le Paris de la monarchie orléaniste, opposer les représentations du garde national à celles du gendarme. La gendarmerie royale, compromise par sa participation à la répression des journées de Juillet, est dissoute dès août 1830 et remplacée par une garde municipale. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit surtout d’un changement d’étiquette, l’organisation et les missions des deux corps restant en tout point semblables. L’analyse des usages discursifs, iconographiques ou scéniques de la milice permet de présenter l’originalité de la représentation d’une force « citoyenne », à travers son recrutement mais aussi des symboles qui lui sont attachés, au regard des autres forces de l’ordre [1].
Le garde national sur les barricades : juillet 1830
2Les brochures qui fleurissent aux mois d’août et septembre 1830 construisent un discours délibérément univoque, que reprend l’abondante iconographie. Tous ces textes se plagient, se recopient parfois au mot près, et tous intègrent le garde national à la galerie des héros glorifiés. Spontanément reconstituée dans la matinée du 28 juillet, la garde nationale aurait activement participé aux combats décisifs des deuxième et troisième Glorieuses.
3Les représentations iconographiques des principaux combats reprennent souvent la même composition. Il s’agit de vues d’ensemble du lieu de combat, avec, en arrière-plan, un monument, cible des révolutionnaires. Les combattants sont présentés en une série de groupes identifiables, reproduits d’image en image, quasi à l’identique, contribuant ainsi à définir des « types » : les forces royales (Suisses, soldats, gendarmes), en ordre devant le bâtiment qu’elles défendent, font feu sur le peuple ; les victimes, à terre, signifient la violence des combats ; les blessés, secourus par des femmes ; le peuple combattant, figuré en un ensemble confus d’hommes en carmagnoles, armés de piques ou de faux, parfois accompagnés d’un groupe d’enfants, gamins de Paris toujours présentés en guenilles ; et, enfin, le groupe de la garde nationale. Il s’agit toujours d’un groupe d’une dizaine de gardes en uniforme complet : veste bleue, épaulettes, pantalon blanc à liseré, buffleteries, bonnet à poils. Ces gardes sont armés de fusils et brandissent un drapeau qui porte l’ancienne devise de la garde de 1790, « La Liberté ou la Mort », parfois actualisée en « La Charte ou la Mort ». Leur ordonnancement tranche avec le désordre du groupe populaire. Séparée du reste des combattants, identifiable à son uniforme, attachée à son drapeau et à sa devise, la garde est ainsi représentée en corps, au cœur des principaux combats du 28 juillet. La gravure à l’eau-forte, « Prise de l’Hôtel de Ville, le 28 juillet 1830 » [2], est en cela tout à fait caractéristique (ill. 1).
4Les récits des journées révolutionnaires reprennent le même discours. Une brochure rapporte qu’un certain Adolphe Boudeville, « nommé par acclamation commandant de la XIe légion de la garde nationale, composée d’environ quatre cents hommes bien déterminés, les a conduits dans les journées des 27, 28 et 29 juillet sur tous les points de combats : il a commandé l’attaque de Babylone, puis celle du Louvre, des Tuileries et de l’Abbaye ». « Mercredi (le 28), dès le matin, tous les bourgeois ne faisaient qu’une armée. La garde nationale en uniforme a reparu et a été saluée avec reconnaissance et respect. Elle a trouvé de la poudre et s’est dirigée pour prendre l’Hôtel de Ville ». On pourrait ainsi multiplier les exemples, dans les brochures ou la presse.
5Cette image du garde combattant prend appui sur l’histoire, plus encore sur la mémoire de la Révolution française. Celle-ci, tue et refoulée pendant la Restauration, fait son retour dès les premiers jours des combats, portant avec elle la légende glorieuse de la garde révolutionnaire, évoquant son rôle lors de la prise de la Bastille, des journées d’Octobre ou de la fête de la Fédération. Iconographies et discours témoignent tous de l’association qui est faite entre le garde de 1830 et celui de 1789 et 1790. Cette mémoire du rôle de la milice légitime historiquement la part prise dans les combats de Juillet.
6Le garde est ainsi devenu, dans les gravures ou sous la plume des contemporains, un combattant de Juillet. Mais il s’agit d’une construction élaborée au mépris des faits. La garde n’a pas réapparu en corps pour se porter, dès le 28 juillet, sur les lieux des affrontements. Certes quelques combattants ont revêtu un uniforme de garde, parfois incomplet ou mêlé à ceux d’autres armes. Il s’agissait pour eux d’une stratégie de distinction dans la foule révolutionnaire, souvent dans un objectif de prise de commandement. Ces quelques cas isolés ne sauraient être tenus comme la renaissance de la garde. Les premiers embryons de compagnies apparaissent dans la soirée du 28, mais surtout dans la journée du lendemain. Dans les quartiers, les bourgeois se mobilisent pour la défense des biens et des personnes et reprennent naturellement, sinon l’organisation, du moins l’étiquette de garde nationale pour légitimer leur réflexe d’autodéfense. Les commissions municipales provisoires, composées de notables de l’opposition, coordonnent ces premières réapparitions et envoient les « compagnies » en différents points de la capitale afin de veiller à la défense des bâtiments, lieux de pouvoir, magasins d’armes ou centres de ravitaillement, conquis par les combattants, pour prévenir le pillage et empêcher le retour des forces restées fidèles à Charles X. Il faut cependant attendre le rétablissement officiel de la garde nationale par le Gouvernement provisoire, le 29 juillet 1830, pour qu’une véritable impulsion soit donnée. Les premières légions sont réorganisées, et, dans la nuit du 30 au 31, la milice, mal équipée, peu armée et habillée de quelques oripeaux militaires, assure sa première nuit de garde. On est loin des représentations des gardes en uniformes clinquants et le fusil à la main de l’iconographie des combats !
7La garde nationale agissant en corps n’a donc pas sa place au cœur du peuple insurgé, dans lequel ne se retrouvent que quelques individus isolés revêtus de son uniforme. La réorganisation de la milice s’est faite au delà des combats, conjointement, mais pour en préparer l’effacement.
8La construction, au lendemain des combats, d’une figure héroïque de la garde obéit à plusieurs objectifs. La victoire acquise, il faut assurer le retour au calme, éviter les pillages ou les actes de vengeance. Les impératifs d’ordre public imposent le recours à une force de l’ordre. Mais police, armée ou gendarmerie sont trop compromises dans la répression et trop désorganisées pour que l’on y ait recours. À l’heure où l’on relève ses victimes, le peuple de Paris n’est pas prêt à accepter que le maintien de l’ordre soit assuré par ses meurtriers. La garde nationale reste la seule force disponible. Son image de combattante facilite son utilisation comme force de l’ordre. Les journaux qui paraissent les 30 et 31 juillet reproduisent tous la même scène qui symbolise la nécessaire passation de pouvoir. Un ouvrier se serait rendu au poste de la rue Sainte-Avoye (VIIe arrondissement), dans la soirée du 29, pour y confier son sabre à la garde nationale : « Sergent, voici mon sabre, je l’ai bien employé depuis trois jours ; maintenant, je retourne à mon ouvrage et mon arme me redevient inutile » [3]. La scène dit la nécessité du retour à la vie quotidienne, du désarmement du peuple, d’autant mieux accepté que c’est à un ancien compagnon de combat que l’on confie l’ordre.
9Cette image du garde combattant est aussi au service du discours sur les journées de Juillet que les vainqueurs veulent imposer. L’objectif est de distinguer, au sein d’une foule révolutionnaire qui effraie, des figures reconnaissables et rassurantes, celle du garde national donc, mais aussi celle du polytechnicien, et, par là, de minimiser le rôle primordial des ouvriers et des artisans dans les combats. Ces figures combattantes moins inquiétantes que celles de l’insurgé parisien pourront ensuite être utilisées dans les représentations officielles du nouveau régime pour marquer sa filiation avec les combats. Le discours qui fait du garde national un combattant principal des journées de Juillet prépare celui qui en fait le soutien de la nouvelle monarchie.
10Les mois qui suivent les journées révolutionnaires sont en effet un moment crucial dans l’élaboration, par le régime, de la représentation de son pouvoir [4]. La monarchie doit présenter les traditions dont elle se revendique et préciser celles qu’elle rejette. Souffrant d’un déficit de sacralité, ne pouvant se référer au strict principe de l’hérédité, pas plus qu’à celui de l’élection, le régime de Juillet doit pourtant affirmer sa légitimité. La garde nationale et les symboles dont elle est porteuse sont alors largement mis à contribution au service de la mise en scène du nouveau pouvoir et de ses efforts pour asseoir sa légitimité.
11Un glissement s’opère de l’image construite au lendemain des Glorieuses, celle du garde combattant parmi d’autres sur les barricades, à l’utilisation du garde comme seul représentant reconnu et accepté du peuple en armes. Sa présence dit la filiation avec les événements révolutionnaires, ceux de 1830, mais également ceux de 1789, ce dont le nouveau régime abuse dans les mises en scène de son pouvoir. Les revues de la garde passées par le nouveau souverain sont en cela significatives [5]. La revue du 29 août 1830 rassemble, au Champ-de-Mars, 50 000 gardes nationaux devant une foule de 500 000 spectateurs. L’atmosphère est à la liesse, les Vive le Roi ! ne tarissent pas pendant les sept heures que dure la solennité. Le roi, en uniforme de garde national, parcourt les rangs avec aisance, serre les mains, accepte même le verre de vin que lui tend un grenadier. La revue joue des références historiques. En regroupant plusieurs dizaines de milliers d’hommes, tous de bleu-blanc-rouge parés, sous le commandement de La Fayette, au Champ-de-Mars, comment ne pas évoquer la fête de la Fédération ? Les journaux, le roi lui-même dans ses discours, ne manquent pas de le faire. Le régime utilise le souvenir de 1790 pour sa charge émotionnelle. De plus, la revue réitère la scène de l’accolade donnée par La Fayette au duc d’Orléans, dans les plis d’un drapeau tricolore et sous les vivats de la foule, le 31 juillet, à l’Hôtel de Ville. Cette scène, immédiatement utilisée pour signifier une légitimité populaire, est rejouée lors de la revue par La Fayette, qui reprend ses gestes fondateurs. L’acclamation des légions citoyennes renouvelle ainsi la fiction du « vœu national », comme le marquent explicitement les comptes rendus de la journée : « Jamais roi ne parut avoir réuni autant de titres de légitimité incontestables avec autant de pouvoir réel que n’en réunissait le roi après cette revue. Le roi, élu par la Chambre des députés, reconnu par le peuple le 31 juillet, fut sacré ce jour-là par les acclamations de ces cinquante mille bourgeois qui lui dévouaient leur épée » [6].
Reste que cette image du garde, construite au lendemain des Glorieuses pour clore la révolution et légitimer le nouveau régime, marque durablement les représentations ultérieures de la milice. Cette force de l’ordre apparaît avant tout comme une force révolutionnaire, citoyenne. Elle n’incarne pas la légalité du maintien de l’ordre, mais sa légitimité. La monarchie orléaniste continue, dans les années qui suivent la révolution, à utiliser cette image de la garde, tout en la modifiant légèrement.
Le pouvoir ne pouvait s’appuyer sur la seule garde nationale pour maintenir l’ordre dans le contexte troublé des années suivant les Glorieuses. Le retour des forces de l’ordre professionnelles allège le garde national d’un service contraignant. La passation de pouvoir esr célébrée dans la presse, qui rapporte les repas et les toasts cordialement échangés entre les différentes armes. Les archives, en revanche, gardent la trace des conflits [7] et du profond mépris des gardes municipaux, plus encore des soldats, pour ceux qu’ils appellent les « grenadiers de boutique ». Si l’on renonce à organiser des postes de gardes mixtes, toutes les forces sont mobilisées ensemble en cas d’insurrection. L’étude des discours et des mises en scène après l’émeute des 5 et 6 juin 1832 est révélatrice de la représentation officielle du garde national.
Le garde national contre les barricades : juin 1832
12Le 5 juin 1832, l’enterrement du général Lamarque dégénère en émeute. Les forces de l’ordre sont immédiatement mobilisées, et, si l’essentiel des combats est confié aux troupes professionnelles, des détachements de la garde nationale y prennent part également. Généralement, les gardes nationaux sont restés à l’arrière des combats, employés à maintenir la tranquillité dans le reste de la capitale ou à tenir les positions dégagées par l’armée. Mais le nombre de victimes dans les rangs de la garde témoigne de son engagement, bien que la comparaison avec les pertes de la ligne ou de la garde municipale montre que ces forces furent bien plus exposées. Le bilan est de 27 morts et 104 blessés pour la garde nationale, contre 55 morts et 204 blessés pour les autres forces. Pourtant, la stratégie du pouvoir est de valoriser l’engagement de la garde nationale aux dépens des autres.
13Le 6 juin 1832, le roi, précipitamment rentré à Paris, parcourt les rues de la capitale et passe en revue les gardes nationaux. Cette revue improvisée est un élément important de la mise en scène de la répression. La présence du roi a pour effet de galvaniser les troupes, de rassurer la population, d’intimider l’émeute. La revue affiche aussi la présence de la garde du côté de l’ordre. Dès le lendemain, le temps est à la célébration des vainqueurs. Or, il apparaît de façon évidente que la garde nationale fait l’objet d’un traitement de faveur. Dans les éloges décernés à son courage, se dessine une figure de l’héroïsme qui tend à se confondre, voire à se substituer à celle de 1830. « La garde nationale, disait-on, ne tiendrait pas devant les balles. À la première décharge, ces fiers bonnets à poils s’inclineraient devant la milice des clubs. Les bourgeois se cacheraient dans leurs caves. Et bien ! Elles sont venues les balles ! Les bourgeois exposés aux coups de fusil tombaient sans quitter les rangs », rapporte Le Journal des Débats. Les victimes font l’objet de toutes les sollicitations. Les noms paraissent au Moniteur, et l’on y prend soin de préciser la profession et la situation de famille. Les souscriptions se multiplient en faveur des blessés ou des familles des victimes. Le 15 juin, le roi demande – et obtient – un crédit de cinq millions pour les premiers secours. Si le projet d’une concession perpétuelle au Père-Lachaise est abandonné, les obsèques des gardes nationaux sont grandioses. Enfin, les pensions accordées aux gardes sont particulièrement élevées. Elles suivent le tarif établi par la Commission des récompenses de 1830 pour pensionner les héros de Juillet, et non celui des pensions militaires. La loi qui attribue les pensions aux gardes après Juin est ainsi plus une loi de récompense nationale qu’une simple loi de fixation de pension. Le souvenir des soldats et des gardes municipaux est bien moins entretenu. Les victimes restent anonymes. Aucune souscription n’est ouverte. Les corps seront entassés dans une fosse commune du cimetière Montparnasse.
14Le point d’orgue de toute cette construction est la grande revue royale de la garde nationale, organisée dès le dimanche suivant, le 10 juin 1832. Le roi y distribue la légion d’honneur, embrasse veuves et orphelins. Le compte rendu des Débats est caractéristique du discours officiel :
La revue du 10 juin sera célèbre. Jamais peut-être la garde nationale, le roi et les citoyens n’avaient eu tant besoin de se voir, de se donner la main. Paris est ainsi. Paris va se battre avec le plus grand sang-froid. Et à peine a-t-il essuyé la fumée, qu’il revient en grand uniforme crier Vive le Roi ! Tentez donc de soulever une autre fois cette grande ville. Au premier coup de fusil, on peut dire à coup sûr :
– Nous aurons une belle revue de soldats et de citoyens dans trois jours ! […]
La grande revue de ce matin est une espèce de Champ de Mai politique où Louis-Philippe a été proclamé plus encore qu’au 7 août.
16En juin 1832, toute la difficulté, pour le régime, est de parvenir à entretenir la mémoire de ses origines, à continuer à leur faire produire de la légitimité (à défaut d’en réaliser les promesses), tout en justifiant la répression de l’insurrection. Et ce, d’autant plus que les insurgés et les opposants au régime voient dans l’insurrection le véritable prolongement de Juillet. En insistant sur la participation de la garde, en revendiquant la continuité entre le combattant de Juillet et le défenseur de l’ordre de juin, le pouvoir tente de faire coïncider la révolution originelle et légitimante avec la légitimité de la répression des autres mouvements. Le pouvoir donne ainsi une lecture des choix politiques de la garde à l’aune de son comportement dans l’émeute, présentant les gardes, non comme des soldats obéissants faisant leur devoir, mais comme des citoyens luttant jusqu’à la mort pour le régime de leur choix.
17Cependant, au côté de cette lecture politique de la participation de la garde, qui repose sur son identification au peuple de Paris (l’article cité des Débats est en cela très clair), une autre interprétation s’impose, dont le rapport du comte de Lobau, commandant en chef de la garde nationale, sur les événements offre un parfait exemple :
Les factieux portaient de préférence l’insurrection dans les quartiers les plus peuplés, parce qu’au milieu d’une population nombreuse se trouvent toujours de ces hommes que la misère, l’habitude du désordre et du vice livrent aisément à tous les excès. [… ] Ceux de la garde nationale se recrutèrent au milieu de tous les citoyens qui ont un établissement, un état, une famille à défendre ; cette population honorable, industrieuse, éclairée, devient, à l’aspect du meurtre et du brigandage, une population guerrière jusqu’à l’héroïsme [8].
19Dans sa lecture sociale de l’émeute, l’orléanisme invente dans un même mouvement ses ennemis (les « classes laborieuses, classes dangereuses ») et son soutien (la « classe moyenne »). Les contours flous de cette « classe moyenne » assemblent tous ceux « qui ont quelque chose à perdre dans le désordre », expression alors consacrée sous toutes les plumes. Cette insistance sur la garde nationale comme expression d’un intérêt de classe, et l’assimilation entre cet état social et une opinion politique, sont caractéristiques de la pensée des orléanistes. On considère alors que leur statut de bourgeois fait naturellement des gardes des défenseurs de l’ordre, des conservateurs. D’autre part, le glissement du soldat-citoyen au soldat-bourgeois ne saurait surprendre quand le système censitaire fait coïncider le droit de vote avec la fortune. Il s’agit, en outre, de mettre en scène l’accord entre le régime et son assise sociale désirée, dont l’ampleur supposée et la cohérence relèvent en partie de l’imaginaire, comme l’a fait remarquer Hugh Collingham [9]. Dans tous les cas, il s’agit de représentations sociales impliquées par les représentations politiques, éloignées de la réalité de la sociologie politique.
20Cette représentation de l’insurrection comme une « lutte des classes » – et l’expression est alors sous toutes les plumes – est également un moyen pour le régime de refuser d’en reconnaître le caractère politique. La mise en valeur d’une dimension socio-économique permet de replier le désordre sur une origine intellectuellement moins menaçante. Mais, si elle est rassurante pour le régime, cette vision n’en est pas moins perverse : elle risque de miner l’interprétation officielle de l’attitude des gardes comme expression d’un soutien politique. De façon générale, cette lecture de l’émeute comme une lutte des classes, qui impose de valoriser la participation des soldats-bourgeois aux dépens de celle des forces professionnelles, s’impose à partir de 1832, dans le gouvernement comme dans l’opposition. On la retrouve même dans le récit qu’en fait Victor Hugo dans Les Misérables :
En se servant de la garde nationale pour légitimer la répression, le régime de Juillet réaffirme les liens du trône et de la milice. Mais, loin de simplement réitérer l’alliance originelle, la construction de 1832 en redéfinit la nature. La garde représente désormais le « bon peuple », épuré de la populace, de la canaille. De citoyenne, populaire, née sur les barricades, la garde nationale est devenue, dans le discours officiel, bourgeoise, conservatrice et attachée au régime qui défend ses intérêts. Cette image est réaffirmée au lendemain des insurrections d’avril 1834 puis de mai 1839. Jusqu’en 1840, les grandes revues royales célèbrent chaque année l’union du trône et de la milice. Elles commémorent dans un même mouvement les journées révolutionnaires et la revue d’août 1830, mais honorent également les martyrs de juin ou d’avril, dont les noms sont ajoutés à la liste des victimes de Juillet, dont on fait publiquement la lecture avant le début de la solennité.Dans ces temps à la fois bourgeois et héroïques, en présence des idées qui avaient leurs chevaliers, les intérêts avaient aussi leurs paladins. Le prosaïsme du mobile n’ôtait rien à la bravoure du mouvement. […] On versait lyriquement son sang pour le comptoir ; et l’on défendait avec un enthousiasme lacédémonien la boutique, cet immense diminutif de la patrie. Au fond, disons-le, il n’y avait rien dans tout cela de très sérieux. C’étaient les éléments sociaux qui entraient en lutte, en attendant le jour où ils entreront en équilibre.
Compte tenu de la place centrale de la garde nationale dans le dispositif festif de la monarchie de juillet et dans la représentation de son pouvoir, elle devient l’une des cibles privilégiées de l’opposition républicaine. Aussi ne peut-on s’en tenir au discours officiel sur la garde. L’un des intérêts de l’étude des représentations du garde national sous la monarchie de Juillet est la multiplicité des figures, et notamment l’opposition et la concurrence entre les images officielles et celles des républicains. Si nous nous attachons aux seuls républicains, écartant l’opposition constitutionnelle (gauche dynastique et Tiers Parti), c’est qu’ils sont les seuls à se préoccuper de la garde, à lui consacrer de nombreux articles, à chercher à l’investir, à la récupérer à leur profit. La garde nationale est un instrument aux mains de ceux qui contestent la nature du régime, non de ceux qui critiquent la politique gouvernementale. Ce qui n’a pas lieu de surprendre, puisque la garde est un instrument manipulé par le régime (pour en signifier la nature et la légitimité) et non par les gouvernements (pour asseoir leur politique).
Figures républicaines
22Dans les mois suivant les journées de Juillet, l’image de la garde nationale telle que l’élabore le nouveau régime plaît également aux libéraux de gauche et aux républicains qui y retrouvent certains des principes, des valeurs et des souvenirs qui leur sont chers. Sans être « républicaine », la milice est une de ces institutions populaires, citoyennes, dont ils se félicitent qu’elle « entoure le trône ». Mais les républicains, rapidement déçus par le régime, le sont également par la garde nationale en laquelle ils avaient pourtant placé quelques espoirs. La loi de 1831 met fin à l’organisation révolutionnaire. La dénonciation, dans la presse républicaine, de la garde nationale prend place dans la longue doléance des espoirs trahis de la révolution.
23L’arrivée au pouvoir de Casimir Perier est d’abord marquée par sa politique de rétablissement de l’ordre à Paris, après neuf mois d’agitation sans cesse renaissante. La garde nationale est quotidiennement requise pour disperser les attroupements. Les bourgeois, mal entraînés, mais aussi convaincus de la nécessité de leur mission, mènent dans leur service plus de violence qu’il n’en faudrait. Brutalités inutiles, contrôle « musclé » des noctambules, traitements inadmissibles des individus interpellés, sont attestés.
24Dans la presse d’opposition, dans Le National, plus encore dans La Caricature, une campagne est lancée dès la mi-mai 1831 contre ces « empoigneurs » de la garde nationale, ces « limiers », ces « gendarmes ». Gendarmes. Le mot est lâché, et l’insulte est sévère alors, quelques mois après la dissolution de la gendarmerie royale de Paris, fortement compromise dans la répression de Juillet. Parmi de nombreux exemples, notons un poème paru dans La Caricature du 21 avril 1831, « L’Ordre Public ou la perplexité d’un pauvre diable », et dont voici une strophe :
Des Étudians, des ouvriers,La voix semblait trop libérale ;Sur eux on lâche des limiers,De la garde nationale.Vite empoignez ces gens de rienQui dans Paris jettent l’alarme.Gn’ia pus moyenD’êtr’ citoyenD’puis qu’tout l’mond’se mèl’ d’êtr’ gendarme.
26Les caricatures publiées sont tout aussi truculentes et révélatrices. Retenons une lithographie figurant un pauvre garde coiffé d’un bonnet à poil, l’air piteux, sur fond de mêlée confuse où des gardes malmènent des manifestants, et ainsi légendée : « Né pour être épicier et devenir gendarme » [10]. Si le garde semble alors être victime de la dérive du régime, ailleurs il est directement accusé. Dans « La Grippe/maladie contagieuse qui exerça sa fureur sur les Parisiens en 1831 », Grandville représente des gardes nationaux brutalisant femmes, enfants et vieillards. Le thème comme le titre furent repris par d’autres caricaturistes. Il s’agit, dans cet important corpus dont nous ne pouvons donner que quelques exemples, de reprendre la dénonciation, somme toute classique, de la violence de la soldatesque et de propager l’image du régime égorgeant le peuple. Mais la garde étant une force citoyenne, le spectre de la guerre civile est également brandi, avant qu’on ne dénonce une « lutte des classes ».
27Républicains et libéraux de gauche reprennent en effet la vision d’une société divisée en deux classes, mais, au lieu d’y voir, comme le font les doctrinaires, la société menacée par les classes dangereuses, ils accusent la bourgeoisie que ses intérêts dressent contre le peuple. La garde nationale devient alors le symbole de l’exclusion politique des prolétaires et de la violence politique exercée à leur encontre, quand le fabricant est le symbole de l’exclusion et de la violence économique.
28Les caricatures de la garde empruntent aussi au registre du grotesque, surtout lorsqu’elles se focalisent sur la personne du commandant supérieur, le comte de Lobau. La répression d’une manifestation place Vendôme, le 10 mai 1831, apparaît comme le détonateur d’une vaste campagne de dénigrement. Pour disperser un attroupement séditieux, Lobau avait imaginé de recourir aux pompes à incendie. L’idée, pourtant promise à un bel avenir dans l’histoire du maintien de l’ordre, échoue faute d’eau dans les réservoirs. Le ridicule de la tentative est abondamment utilisé. Lobau se voit affublé des surnoms de M. Robinet, de Gobe-eau ou maréchal Lancelot. Surtout, l’affaire est l’occasion de donner au commandant ce qui devient son attribut permanent, selon un procédé de marquage qu’affectionne l’écriture caricaturale : il ne sera plus représenté sans son clystère ! Le voici, dans les colonnes de La Caricature, présenté en « Seringueur général de la garde nationale », « prince de Trinacule ». L’utilisation de la seringue pour signifier le maintien de l’ordre n’est pas nouvelle et prend place dans un ensemble de métaphores médicales sur la répression comme purge. Mais le procédé devient systématique pour Lobau, parce que la tentative malheureuse de la place Vendôme fournit un référent à ce qui ne tenait que du jeu de mots ou de l’allusion dégradante. Il permet aussi de figurer le comte en apothicaire, image dégradante pour cette gloire de l’Empire, mais qui insiste sur le caractère bourgeois de la milice. D’autre part, Lobau incarne une garde nationale achetée par le pouvoir, corrompue et soumise au « système ». Un corpus cohérent de caricatures sur le « système du 13 mars » présente les différents soutiens du régime, personnalités connues et facilement identifiables, sous la forme d’un cortège ou d’une ménagerie : aux côtés des ministres, des deux préfets de Paris et des principaux rédacteurs de la presse gouvernementale, Lobau figure en bonne place.
29Cette campagne, aux thèmes et aux formes multiples, conduit à une révision nécessaire de l’image de la garde de Juillet. La figure héroïque est écartée par celle du bourgeois frileux, fermant boutique devant le désordre, craignant avant tout pour ses biens.
30On aurait pu s’attendre à ce que la participation des gardes à la répression de l’émeute de juin 1832 et la mise en scène de l’alliance renouvelée avec le pouvoir déçoivent définitivement l’opposition. Il n’en est rien. Bien au contraire, 1832 marque la fin du divorce entre l’opposition et la garde. « On ne se brouille pas sottement avec une grande et belle institution, qui est sujette à quelques inconvénients, comme toutes les choses humaines, mais dont l’invincible mouvement est de recommencer à s’inquiéter pour la liberté quand elle a cessé de craindre pour l’ordre », explique, stratège, Armand Carrel, le 19 juin 1832. Les articles du National sont alors autant de réhabilitations de la milice ; mieux, une main tendue : « Non seulement nous n’avons jamais vu en la garde nationale un obstacle au développement de nos idées, mais c’est par elle, c’est en la persuadant, que nous avons toujours espéré les faire triompher ». Cette reconsidération de la garde, qui s’ébauche d’abord au sein des modérés du National, est la conséquence du revirement stratégique des républicains au lendemain de juin. Tirant les leçons des événements, ils prennent conscience que les gardes, indisposés par les quolibets et les violences, se sont rapprochés du régime et voient dans la République la menace de désordres. La répression de 1832 éloignant l’espoir d’une victoire par la rue, une majorité des républicains abandonne la stratégie insurrectionnelle pour une reconquête de l’opinion. L’année 1831 et ses campagnes de dénigrement contre la garde apparaissent donc comme une parenthèse dans le discours de l’opposition attachée à l’institution citoyenne et aux principes démocratiques qui lui sont associés depuis 1789.
31Dans un premier temps, la stratégie des républicains est moins de convertir la garde à leurs idées (entreprise que l’opposition sait vaine) que de briser le modèle officiel de l’union du trône et de la milice et d’empêcher le régime de se servir de la garde pour légitimer ses actes. L’objectif est d’autant plus tentant et facile à atteindre qu’il suffit d’une manifestation minoritaire pour balayer la prétention du pouvoir au consensus. Aussi, dès que la presse du régime cherche à imposer l’image d’une garde unanime derrière le trône, les républicains valorisent-ils la moindre opposition au sein des légions citoyennes. La politique festive du régime reposant sur la mobilisation de l’affectivité dont on induit un soutien politique, l’opposition cherche à intervenir systématiquement dans ces fêtes pour en inverser le sens. La revue, cérémonie caractéristique de la mise en scène du pouvoir, devient ainsi la cible des républicains. En 1833, ils parviennent à ce que des cris contre le projet de fortification de Paris soient proférés par les gardes pendant la revue de juillet.
32Ce faisant, les républicains renouent avec l’image d’une garde citoyenne, chargée de veiller à l’ordre, mais aussi au respect de la loi et de la liberté, ce qui peut la conduire à s’opposer au pouvoir s’il venait à les violer. Non seulement la garde ne saurait être une force « essentiellement obéissante », selon l’expression consacrée par tous, mais elle peut légitimement exprimer une opinion. « La garde nationale est aujourd’hui la véritable souveraineté populaire », conclut Armand Carrel en 1833. La campagne de 1839 et 1840 pour la réforme électorale s’inscrit dans la continuité de ce mouvement.
En demandant « Tout garde national doit être électeur », l’opposition reprend l’image du citoyen capacitaire propre à la pensée doctrinaire, mais en la retournant contre le régime. Il s’agir de montrer que, si le régime reconnaît aux gardes la capacité de le défendre par les armes, et celle de le soutenir à travers le choix de ses officiers, il faut également admettre leur capacité à élire les députés. L’opposition demande au régime d’être cohérent avec sa pratique politique qui le conduit à utiliser la garde nationale.
Les légions parisiennes s’engagent assez massivement dans le mouvement, comme en témoigne la campagne de pétition au sein de la milice, la participation aux banquets réformistes et même l’organisation d’une manifestation de quelque trois cents gardes et officiers républicains. Si le mouvement se désagrège à partir de l’été 1840, il a des conséquences importantes dans l’histoire de la garde et de ses représentations. À défaut d’avoir obtenu le droit de vote, les gardes ont l’impression d’avoir conquis celui de s’exprimer. Plus que ne l’avait fait la mise en scène officielle, le mouvement pour la réforme les a fait se sentir citoyens. La revue de juin 1840, la cérémonie du transfert des restes des héros de Juillet sous la colonne de la Bastille, puis celle du retour des cendres de l’Empereur, se déroulent assez mal pour le régime, qui doit essuyer quelques cris séditieux. Voilà qui met fin à l’utilisation de la garde dans la mise en scène officielle, comme en témoigne l’abandon des revues, laissant le champ libre à l’opposition républicaine, qui impose son image de la garde nationale. À chaque élection des officiers, tous les trois ans, la presse républicaine promeut l’image d’une garde qui serait un véritable acteur politique, susceptible de s’opposer légitimement au pouvoir. La garde serait la seule souveraineté populaire, et l’élection de ses officiers, son unique expression.
Au lendemain des Trois Glorieuses, une lithographie de Bellangé figurait un polytechnicien, un garde national et un ouvrier, debout sur une barricade, au cœur des combats, presque victorieux, mais déjà honorés (ill. 2). Le 25 février 1848, composant à la hâte une feuille pour célébrer la victoire, un rédacteur reprend la même image, se contentant de substituer à la devise du drapeau de 1830 (« La Charte ou la mort ») le mot de « Réforme ». Voilà qui traduit la postérité de l’image de la garde révolutionnaire, combattante et citoyenne, perpétuée d’abord par le régime au service de sa mise en scène, puis par l’opposition républicaine en accord avec ses principes. Orléanistes et républicains font des usages concurrents d’une image de la garde sur laquelle ils s’accordent en partie. Le garde national permet de concevoir une figure de la citoyenneté, plus large que celle de l’électeur censitaire, mais moins inquiétante que celle du peuple souverain. ?
Notes
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[1]
Cet article s’appuie sur mon doctorat, La Garde nationale de Paris sous la monarchie de Juillet, soutenu, en novembre 2000, à l’Université Paris 1.
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[2]
BnF, Estampes, coll. De Vinck, no 11193.
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[3]
Rapporté dans Le Journal des Débats, 2 août 1830.
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[4]
Cf. Alain Corbin, « L’Impossible présence du roi », in Usages politiques des fêtes au xixe-xxe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, pp. 77-116.
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[5]
Mathilde Larrère, « Ainsi paradait le roi des barricades », Le Mouvement social, no 179, avril-juin 1997, pp. 9-31.
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[6]
Alfred Cuvillier-Fleury, Journal Intime, Paris, Plon, 1900-03, p. 270.
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[7]
Les incidents se multiplient dans les corps de garde où l’on a mêlé les armes. Gardes municipaux et soldats refusent d’obéir aux ordres des officiers de la garde nationale. Quelques querelles manquent de dégénérer en duel, lors desquels les pauvres bourgeois en uniforme ne peuvent compter que sur l’intervention d’un officier pour sauver leur peau ! Archives Nationales F9/416.
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[8]
Rapport officiel du comte de Lobau, commandant supérieur de la garde nationale, commandant en chef des troupes chargées de la répression, sur l’émeute des 5 et 6 juin 1832. C’est nous qui soulignons.
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[9]
Hugh Collingham, The July Monarchy. A political History of France, 1830-1848, Londres et New York, Longman, 1988, p. 110. Philippe Vigier insiste également sur la distance entre l’assise sociale revendiquée et l’assise sociale réelle du régime. Mes recherches m’ont conduite à conforter cette idée.
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[10]
La Caricature, no 60, 25 déc. 1831. Une autre lithographie de Grandville de la même facture est ainsi commentée par l’auteur : « Ces gendarmes nés de la grande institution républicaine, auxquels vingt-quatre heures de corps de garde font oublier leur rôle de citoyen, trouvent fort bien de décorer d’un coup de crosse tout habit qui ne l’est pas d’une buffleterie, trépignent la patrouilloterie, suent la provocation et délectent l’arrestation ».