1Philippe Artières : Quand vous avez commencé à travailler sur l’autobiographie à la fin des années Soixante, il me semble que vous avez cherché d’emblée à inscrire ce genre historiquement, contre une approche anhistorique de l’autobiographie. Faire l’histoire de ce genre, est-ce la tâche que vous vous étiez fixée à ce moment-là ?
2Philippe Lejeune : Oui et non. D’abord une rectification : les travaux de Georges Gusdorf, le seul à l’époque en France à avoir travaillé sur l’histoire du genre, ne sont pas anhistoriques. Ils reposent seulement sur une autre conception de l’histoire, selon laquelle tout existe depuis les origines, si je puis dire, une histoire sans rupture, mais avec décadence. Les temps modernes, depuis Rousseau, sont vus comme une longue dégradation. Dans son grand livre de 1990, Gusdorf remonte d’ailleurs bien en deçà de Saint Augustin, et fait descendre l’autobiographie d’Adam et Ève… Dans les années Soixante-dix, je ne m’opposais pas à Georges Gusdorf. Mon propos était différent. Les vues sur l’autobiographie qu’on avait à l’époque me semblaient un peu mythologiques parce qu’elles reposaient sur un corpus déjà trié et qu’on ne s’interrogeait pas sur ce tri. On ne s’interrogeait guère non plus sur le statut des textes : avaient-ils été publiés, avaient-ils été lus, et par qui, ou bien s’agissait-il d’une tradition dormante ? La réception des textes, leur circulation m’intéressaient autant que leur écriture.
3Ph. A. : Vous aviez déjà un souci d’inventaire ?…
4Ph. L. : Oui, j’ai une âme de collectionneur, et la passion des inventaires. Vous trouverez d’ailleurs sur mon site Web, « Autopacte », un inventaire des inventaires d’autobiographies… J’ai donc commencé par constituer un corpus. Je voulais avoir des séries complètes, largement constituées sans trop tenir compte des frontières de genre, pour pouvoir englober ces frontières elles-mêmes dans mon étude. Cela peut paraître paradoxal car dans mon premier livre, L’Autobiographie en France (1971), j’ai l’air de construire des frontières, de chercher à isoler l’essence pure de quelque chose, et il est vrai que j’ai parfois cédé à ce genre de tentation. Mais ma définition n’était que l’occasion de forger un outil analytique, cela apparaît clairement à partir du Pacte autobiographique (1975). Les définitions sont faites pour être déconstruites. On distingue les paramètres qu’elles mettent en jeu, pour chaque paramètre on analyse les positions possibles, et l’on dresse des séries de tableaux combinatoires qui permettent de visualiser la complexité et la variabilité de ce qu’on appelle les « genres » : ce ne sont pas des essences fixes, mais des combinaisons précaires. Ma véritable vision des choses en ce qui concerne l’histoire se trouve dans l’ultime chapitre du Pacte autobiographique, « Autobiographie et histoire littéraire ». J’essaie d’y appliquer le concept de « variabilité » proposé par les formalistes russes. C’est une idée relativiste très simple : il n’y a aucune essence de quoi que ce soit, mais des systèmes de combinaison instable entre un nombre indéfini d’éléments, avec des hiérarchisations, des dominantes variables. En même temps, dans ce chapitre, j’essaie d’analyser les erreurs de perspective historique, en particulier l’erreur généalogique qui consiste à croire que tout le présent était déjà dans le passé, ou que le passé n’était fait que pour aboutir au présent.
5Ph. A. : Vos vues sur l’histoire viennent donc des formalistes russes ?…
6Ph. L. : Non. J’avais été très marqué auparavant par une première recherche que j’avais faite, de 1966 à 1969, sur l’histoire du mot « littérature » en français, une thèse que j’avais commencée, puis abandonnée. C’était un projet de recherche naïf. Au bout de peu de temps, j’ai compris qu’on ne pouvait pas faire l’histoire d’un mot. À la limite on ne peut même pas faire l’histoire d’un champ lexical : chaque fois, c’est la totalité de la langue qui est impliquée dans le changement. Si l’on établit, comme le font les dictionnaires, la généalogie d’un mot, c’est utile, mais scientifiquement un peu illusoire. Il en est de même pour les genres et toutes sortes d’autres réalités. J’ai retrouvé cette idée chez Foucault, dans la manière subtile dont il analyse le passage du système stoïcien au système chrétien. On risque toujours de croire que, parce que des éléments se transmettent, ils restent les mêmes, alors qu’ils se déforment en prenant une autre fonction. Là où l’on voit une continuité, il y a eu mutation. C’est difficile à penser pour nous, parce que tout le travail de construction de notre identité va dans l’autre sens, nous cherchons à enraciner notre présent dans des continuités en partie illusoires.
7Ph. A. : Dans le Pacte autobiographique, vous travaillez exclusivement des corpus littéraires. Comment vous êtes-vous intéressé aux écrits ordinaires ?
8Ph. L. : Cela a été un long chemin. J’étais littéraire de formation. Pour moi, l’autobiographie était un genre littéraire, certes un genre méconnu, méprisé, tenu pour secondaire, mais que je voulais réhabiliter, placer à côté du roman, de la poésie, du théâtre, de l’essai… Je la voyais plutôt comme une pratique de création, destinée à séduire un public. J’ai mis du temps à comprendre que l’autobiographie littéraire pouvait être envisagée aussi comme un cas particulier de l’autobiographie tout court. Celle-ci n’était pas un genre artistique destiné à fournir du plaisir, mais une pratique sociale plus large, qui se trouvait simplement parfois prendre comme adjuvant la littérature. L’acte autobiographique peut être le fait de n’importe qui, écrivain ou pas. C’est difficile de s’arracher à une formation intellectuelle. Et puis la littérature est pleine de charme, j’aime écrire. La relativiser était un geste contre nature. Il n’était pas évident que j’y arrive. Je peux vous dire que ce n’est toujours pas non plus évident pour les gens que je fréquente dans le milieu universitaire. Que l’acte autobiographique ne soit pas envisagé comme spécifiquement littéraire en choque plus d’un : on me demande souvent où, pour moi, s’arrête la littérature. Le problème est encore plus aigu pour la pratique du journal personnel. Les journaux réels ne sont pas faits pour être publiés ou pour séduire, ce sont des actes de la vie privée, des conduites qui passent par l’écriture. Le journal d’écrivain est une variété secondaire et sophistiquée, relativement rare, qui obstrue ou dévie la réflexion. Ce problème des « limites » de la littérature, qui est lui-même un problème historique, met des œillères aux critiques. Si on le dépasse, si l’on décide brusquement de tout considérer sur un autre plan, si l’on dit que les Confessions de Rousseau ont eu la même fonction que le Journal de Ménétra (ils font des choses comparables, ils ont les mêmes problèmes avec la société), on paraît réducteur et subversif. Cette idée m’est venue en 1970 en consultant au sous-sol de la Bibliothèque nationale le Catalogue de l’histoire de France, les gros volumes reliés, et en y découvrant la cote spéciale pour les « biographies individuelles », la cote Ln27. Il y a actuellement plus de cent mille entrées. Cela ressemble à un fatras gigantesque, mais tonifiant, où certes l’autobiographie n’est plus envisagée que comme une sous-classe de la biographie. C’est l’erreur inverse, si je puis dire. En fait l’autobiographie se trouve à l’intersection de ces deux ensembles, entre histoire et littérature…
9Ph. A. : Connaissez-vous l’histoire de la prise en compte à la Bibliothèque nationale du genre autobiographique en tant que tel ?
10Ph. L. : Le Catalogue de l’histoire de France a été établi sous le Second Empire, par ce qui s’appelait alors la Bibliothèque impériale. J’avoue ne pas savoir comment les choses étaient classées avant…
11Ph. A. : Ce serait intéressant de reconstituer l’histoire de ce fonds. Cela permettrait de savoir comment est perçu un genre à un moment donné.
12Ph. L. : C’est peut-être dû au fait qu’à un certain moment les bibliothécaires sont devenus, par leur formation, des historiens et, du coup, ont envisagé les autobiographies comme sources… Sur ce plan, d’ailleurs, littéraires et historiens se rejoignent parfois dans une même condescendance. Les écrivains ont créé des romans, des poèmes, des essais prestigieux et puis ils ont laissé derrière eux des scories autobiographiques, des mémoires justificatifs, des journaux ou des comptes de blanchisseuse. Des renseignements pour leurs futurs biographes. Ce sont des bas morceaux qui servent à faire la sauce de l’histoire littéraire. Ce n’est pas de la littérature. Le problème des historiens est différent. En fait, ils se servent des textes autobiographiques, mais avec précaution, ils les prennent avec les pincettes de la « critique du témoignage », comme des sources – impures et secondaires – de l’histoire, et cette instrumentalisation peut les aveugler, les empêcher d’envisager ces textes comme des faits historiques à part entière. Pourquoi « impures » ? Parce que l’autobiographe, c’est bien normal, a une vision du monde et une interprétation de sa vie, si bien que l’historien se trouve mis dans une désagréable situation de concurrence. Il préférerait une information brute, une « vidéo-surveillance » du passé, qui lui laisserait carte blanche. Tandis que là, il est obligé de détricoter avant de retricoter, et il risque de sous-estimer l’intérêt historique du tricot qu’il a défait. La critique du témoignage peut aboutir à des excès qui font sourire, comme les tirades d’Alfred Fierro, en tête de son anthologie des mémoires sur le Consulat et l’Empire, où il explique fièrement pourquoi lui, Alfred Fierro, il a mis Chateaubriand au piquet.
13Ph. A. : C’est un cas extrême…
14Ph. L. : Oui, heureusement. Mais cela donne à l’autobiographe que je suis par ailleurs l’envie de se révolter contre ces historiens prédateurs qui voient en tout animal du simple gibier. L’idée que dans quelques générations on viendra trifouiller dans vos textes pour en tirer des renseignements sur n’importe quoi, sans comprendre que vous parlez de vous, ou en vous reprochant de le faire, cela dégoûterait d’écrire. Pour éviter les malentendus, je mettrai en tête, en grosses lettres : « Je ne suis pas une source » ou « Chasse interdite ». Excusez-moi. Je reviens à mes découvertes de 1970, aux joies de la cote Ln27. Parmi ces biographies, il y avait 1 ou 2 % d’autobiographies. Et c’étaient des tas de gens que je ne connaissais pas, dont je n’avais jamais entendu parler ! Le classement alphabétique faisaient se côtoyer Les Mémoires d’outre-tombe et la plainte d’un jardinier que sa femme avait trompé et qui en appelait à l’opinion publique de son village. Tout cela formait comme une sorte de vaste roman unanimiste. Ces catalogues m’ont fasciné. J’avais découvert qu’il existait un immense territoire dont personne ne parlait. Donc j’ai aimé la cote Ln27 et dès 1970, j’ai eu le sentiment qu’il faudrait y aller, mais je n’y suis pas allé tout de suite…
15Ph. A. : Parallèlement à cette découverte, il y a l’enquête menée avec votre père sur les archives familiales, dont vous tirerez un livre, Calicot (1984). Ce travail a-t-il été aussi un déclencheur ?
16Ph. L. : Les deux choses se sont passées à peu près à la même époque – 1970 – avec aussi peu de résultat immédiat : ce sont des graines qui n’ont pas germé tout de suite. Mon oncle Jean Effel a transmis à mon père qui me les a à son tour transmis les manuscrits autobiographiques de mon arrière-grand-père, Xavier-Édouard Lejeune (1845-1918), employé de commerce et écrivain du dimanche. J’avais une trentaine d’années, j’étais jeune, je m’intéressais à l’autobiographie : à moi de prendre le relais, m’ont-ils dit. J’ai pris connaissance de ces piles de cahiers avec une certaine condescendance, sans bien voir ce que j’avais à faire avec cet homme. Je le trouvais émouvant, mais plat et scolaire. Ce fut une rencontre manquée. J’étais trop jeune pour comprendre. Je me suis juste dit que ce serait une « source » intéressante pour quelqu’un qui étudierait les grands magasins sous le Second Empire, point à la ligne. Les instruments d’analyse raffinée que j’appliquais à Rousseau n’avaient rien à voir avec ce pauvre bonhomme…
17Ph. A. : En même temps, on est dans le contexte social des années Soixante-dix où il y a une grande quête de cette parole ordinaire. Il y a eu par exemple des collections entières de récits donnés comme autobiographiques. N’y avez-vous pas été sensible ?
18Ph. L. : Non, pas tout de suite. Il peut y avoir un décalage entre l’histoire collective et l’histoire individuelle. Pour être sensible à quelque chose, il faut que vous soyez vous-même arrivé à maturité. Ce travail de maturation s’est fait en moi à partir de 1976, après Le Pacte autobiographique. Avant, j’ai passé quatre ou cinq ans à travailler comme un fou, avec passion d’ailleurs, à la définition de l’autobiographie, et à analyser la construction, les stratégies, les subtilités d’œuvres géniales de Rousseau, de Gide, de Sartre, de Leiris. Il y avait plein de choses à dire que personne n’avait jamais dites. J’étais aussi passionné par la psychanalyse. Je n’avais guère d’attention pour le reste. Certaines choses que je rencontrais restaient en réserve, à l’arrière-plan, attendant leur heure… Je comprends bien les incompréhensions qu’il m’arrive maintenant de susciter, car si mon moi de 1970 rencontrait mon moi d’aujourd’hui, je crois qu’il serait horrifié.
19Ph. A. : Qu’est-ce qui vous a amené, finalement, à reprendre ce dossier des manuscrits de votre aïeul ?
20Ph. L. : Je me suis aperçu que j’avais fait le tour de ce que je pouvais, moi, tirer des textes littéraires que j’étudiais. On me dit parfois que je me répète beaucoup… en fait je me dégoûte progressivement de choses auxquelles j’ai travaillé un certain temps. À partir de 1976, je me suis demandé ce que j’allais faire dans la vie. Un Pacte autobiographique bis ? Continuer à moudre de la poétique ? Je ne me voyais pas en train de recommencer éternellement la même chose…
21Ph. A. : Pourtant vous avez continué à travailler à Sartre ?
22Ph. L. : L’histoire du chantier des Mots, c’est différent. Les matériaux pour analyser l’autobiographie de Sartre sont apparus progressivement. Mon étude sur Les Mots, dans le Pacte autobiographique, avait été faite uniquement à partir du texte publié. En 1976 est sorti le film Sartre par lui-même. Après la mort de Sartre, on a publié, en 1983, ses géniaux Carnets de la drôle de guerre. Puis la Bibliothèque nationale s’est mise à acquérir les manuscrits des Mots…
23Ph. A. : Il y a alors historicisation de votre propos…
24Ph. L. : Il s’agissait d’accompagner un corpus qui se développait. J’ai été mis dans la situation rêvée de pouvoir vérifier, grâce à ces nouveaux documents, les hypothèses que j’avais faites en analysant uniquement la structure du texte publié : hypothèses sur l’histoire du texte, hypothèses sur l’inadéquation de ce récit à la vie de Sartre. Les Carnets, puis les manuscrits ont prouvé que je n’avais pas commis d’erreur.
25Je reviens au tournant pris après 1976. Lassitude, certes, mais aussi rencontres qui m’ont incité à opérer des élargissements, dans plusieurs directions. Et d’abord dans le sens de l’oral. C’est Sartre lui-même qui m’y a poussé. J’ai analysé quatre-vingt-dix secondes de la bande-son du film Sartre par lui-même. Je me suis mis à m’intéresser à tout ce qui oppose l’oral à l’écriture, au problème de la médiation dans les entretiens, et à la transcription. De là à l’histoire orale, il n’y a qu’un pas. Je suis allé enquêter chez les historiens qui venaient de se lancer dans cette nouvelle direction. Puis j’ai pratiqué moi-même l’histoire orale en recueillant au magnétophone l’histoire de ma famille. J’ai fait de nombreux enregistrements avec mes parents, mes frère et sœurs et d’autres membres de la famille. L’écrit et l’oral sont deux mondes antinomiques. L’écrit est contrôlé, l’oral vulnérable…
26Ph. A. : Vous avez parlé tout à l’heure de psychanalyse. Cela a-t-il à voir avec votre travail ? Ou bien vous tournez-vous vers l’oral pour revenir après vers l’écrit ?
27Ph. L. : L’oral vers lequel je me suis tourné, c’était celui des autres… pour échapper au mien, si je puis dire. Il s’agissait de tourner le dos à une psychanalyse purement individuelle en faisant l’hypothèse que les problèmes dans lesquels je tournais en rond prenaient leur source non en moi, mais hors de moi, dans l’histoire de ma famille. Ce n’était plus la peine de ruminer mes rêves, de décortiquer mes lapsus : il suffisait de prendre un magnétophone, de poser quelques questions, d’écouter, d’essayer de comprendre…
28Et c’est au même moment, vers 1978, qu’une autre rencontre a donc eu lieu. Mon père a retrouvé un petit cahier supplémentaire de Xavier-Édouard Lejeune. Comme pour Sartre, ce sont de nouvelles archives qui surgissent. J’ai lu ces trente pages et j’ai eu une illumination, qui m’a donné la clef pour lire tout le reste. C’est un texte écrit d’une manière assez maladroite, au moment où son patron le met à la retraite. Il use d’un double langage, mélangeant l’éloge du patron avec un discours de révolte contre lui, le sucré et le salé, le doux et l’acide. J’ai découvert que cet homme pouvait tenir des discours compliqués et qu’il avait sa stratégie. Peut-être était-ce aussi le cas dans ses autres textes et je n’avais pas su le voir. J’ai relu alors avec mon père tout ce que j’avais méprisé et j’ai vu que c’était extrêmement compliqué. Rien n’est plus compliqué que les écritures dites « ordinaires ». Mon arrière-grand-père cachait une vie très douloureuse, qu’on n’avait pas su lire la première fois, derrière un discours apparemment conventionnel, mais plein de ruses et de révélations indirectes.
29Ph. A. : Et c’est ce qui vous conduit à publier un livre d’histoire sociale.
30Ph. L. : C’est un livre d’histoire sociale… à plusieurs étages. Mon arrière-grand-père se met lui-même, en écrivant, dans un rôle d’historien de la société de son temps, moralisateur et documentaire. Son autobiographie, Les Étapes de la vie, prétend donner l’exemple d’une vie modèle sur le plan moral avec la jeunesse, le mariage, la carrière, etc., en même temps qu’elle nous propose un vrai reportage picaresque sur la société de son temps et sur les mœurs du commerce. Lui-même se voyait comme une source pour l’histoire. Parfois même, pour être sûr d’être une bonne source, il recopiait les journaux de l’époque ! Nous l’avons pris au mot en restituant la partie de son histoire sociale qu’il avait occultée. En effet son autobiographie s’est révélée mensongère sur deux points essentiels : sa naissance et son mariage. Il n’a pu exprimer que de manière oblique et rusée le drame de sa vie : il était enfant naturel, né de père non déclaré, et non pas orphelin : sa mère avait été séduite et abandonnée… Ensuite sa mère l’a empêché de se marier jusqu’en 1875 (à un moment où il avait déjà quatre enfants nés hors mariage) et il n’a pu régulariser son union que lorsqu’elle a été internée dans un asile psychiatrique, où elle a végété dix-sept ans avant de mourir. Nous avons restitué, en insérant dans son texte les chapitres de notre enquête, cette vérité cachée, mais surtout nous avons réfléchi au pourquoi et au comment de cette occultation : l’acte autobiographique de Xavier-Édouard est un fait historique, que nous avons étudié comme tel, en nous servant des méthodes habituelles de l’histoire.
31C’est grâce à lui que j’ai appris à travailler en archives : j’ai passé trois ans à vérifier un à un tous les faits mentionnés dans les centaines de pages de son autobiographie. Souvent, d’ailleurs, quand je voyais à côté de moi aux Archives départementales des fanas de généalogie pure, je me disais que c’était une chance inouïe pour moi d’avoir un ancêtre qui avait écrit. Les recherches généalogiques classiques n’aboutissent souvent qu’à des épures assez sèches, faute d’une information directe sur la manière dont les faits ont été vécus. Tandis qu’avec Xavier-Édouard, j’avais un complice dans le passé. En plus son discours me permettait de prendre à revers, si je puis dire, les générations suivantes : nous nous parlions, lui et moi, par-dessus leurs têtes…
32Ph. A. : Un chantier que vous n’avez jamais abandonné, c’est celui de l’inventaire des textes autobiographiques du xixe siècle ; vous lui avez notamment consacré quatre articles (les commerçants, les instituteurs, les criminels, les homosexuels). Pourquoi cette division par professions ?
33Ph. L. : J’ai voulu partir de situations sociales pour analyser des types de discours. Je reconnais que ce début de série, apparemment incohérent, peut faire sourire. J’ai commencé par les commerçants simplement parce que c’était le métier de mon arrière-grand-père, pour situer son discours dans la gamme des discours possibles à l’époque, depuis le discours exemplaire du « self-made man », parti de rien, etc. (j’ai d’ailleurs pu constater que justement ils partaient toujours de quelque chose…) jusqu’au discours apologétique ou vengeur du failli, en passant par toutes les variétés intermédiaires de l’aurea mediocritas. J’ai voulu continuer par les professeurs (projection personnelle !) mais j’ai vite vu qu’il y en avait peu, et que c’était surtout les instituteurs qui étaient en nombre dans les bataillons de l’autobiographie – d’où ma seconde étude, qui fait apparaître de nouveaux profils (le militant), et de nouveaux problèmes (le style, et l’écriture féminine – totalement absente chez les commerçants). D’autre part, à cette époque, je commençais à travailler sur le livre fascinant de l’équipe de Foucault, Moi Pierre Rivière, pour en contester d’ailleurs radicalement la méthode, et j’ai éprouvé le besoin, comme pour mon aïeul, de comparer le discours de Rivière aux autres discours possibles, d’où la troisième étude.
34Ph. A. : Mais être criminel est-il… une profession ?
35Ph. L. : Parfois c’en est une, en particulier pour les voleurs et les auteurs de « crimes crapuleux », qui ont le vol pour motif ; souvent non, vous avez raison. Mais ce qui m’intéressait c’était la situation sociale commune (répondre d’un crime devant la justice). Et là, j’ai commencé à me heurter à des difficultés : moins celle de l’interprétation – de nouveau, je trouvais une large palette de stratégies possibles, de la provocation (Lacenaire) à une contrition plus ou moins opportuniste – qu’au niveau des sources, et de mes propres réactions. J’avais jusqu’alors travaillé essentiellement sur des sources imprimées (Ln27 et autres), tout en sachant qu’il existait dans les archives publiques et privées bien des textes dormants qui m’attendaient. Mais avec les criminels, impossible de faire l’impasse sur les archives judiciaires, c’est pratiquement toujours dans le cadre des procédures que les textes autobiographiques sont produits. Me voilà aux Archives de Paris devant des kilos de dossiers… Me voilà pistant à Nice, puis à Lyon, les récits de Vidal, le tueur de femmes, et tombant sur le fonds Lacassagne, où je trouve une grappe énorme d’autres autobiographies de criminels… Me voilà aussi suffoquant devant des textes trop lourds… Je reste à mi-course, écris une première étude, partielle, et suis prêt à passer la main… que je vous ai passée, cher Philippe. Les criminels m’avaient aussi amené à me plonger dans les revues d’anthropologie criminelle, et mes études sur Maupassant avaient fait de moi, par ailleurs, un grand lecteur de la Psychopathia sexualis de Krafft-Ebing. D’où une ultime curiosité : aller faire un inventaire du côté des vies interdites, et cette fois je suis très proche de Foucault, j’ai analysé comment la médicalisation avait créé l’autobiographie homosexuelle. Je découvre avec fascination le fonds Georges Hérelle à Troyes, j’écris une quatrième étude qui montre que Si le grain ne meurt est bien la première autobiographie homosexuelle publiée par son auteur, mais que le livre est en même temps l’aboutissement d’un long travail collectif souterrain…
36Ph. A. : Pourquoi n’avez-vous pas continué cette série ?
37Ph. L. : Parce qu’à partir du moment où l’on sortait de l’imprimé, les instruments de travail n’existaient plus. Grâce à la cote Ln27, il est facile de repérer les volumes autobiographiques publiés, même si un certain nombre de textes se trouvent sous d’autres cotes ou dans des revues. Avec des bibliographies complémentaires, de fil en aiguille, on y arrive. Tandis que pour les manuscrits, c’est le chaos. Le Catalogue des manuscrits des bibliothèques françaises, en cent et quelque volumes, est incomplet, inachevé, et surtout difficilement utilisable dans ce cas. Sans index thématique ou générique, c’est chercher une aiguille dans une meule de foin. Même situation dans les archives publiques. C’est normal : si vous voulez trouver des récits de criminels, vous êtes devant des tonnes de dossiers de procès d’assises, chaque dossier comportant des dizaines et des dizaines de pièces… Aux archives départementales, si vous prenez la série J, il faut passer au crible un à un les inventaires des fonds privés… Un tel épluchage ne peut pas être fait à l’occasion d’une recherche particulière, uniquement pour retrouver des épiciers ou des médecins : il faudrait le faire pour tous les récits de vie et journaux, c’est un travail collectif qu’une institution devrait prendre en charge. C’est ce que j’ai proposé en 1991 à l’occasion de la journée « Archives autobiographiques » que j’avais organisée à Nanterre avec Michelle Perrot. J’ai présenté mon projet, sans succès, à l’EHESS et au CNRS. Depuis lors, le ministère de la Culture a lancé une grande entreprise, le Répertoire national des manuscrits littéraires français du xxe siècle, utile certes pour les chercheurs en littérature, mais contestable à cause de la disproportion entre l’immensité du travail d’épluchage entrepris et l’étroitesse de l’échantillon retenu. À vrai dire, ces grands inventaires transversaux spécialisés sont un peu des cache-misère. Si chaque service d’archives avaient un inventaire informatisé avec index thématique, bien des problèmes seraient résolus.
38Ph. A. : Mais cet inventaire des textes autobiographiques du xixe siècle, vous l’avez tout de même continué plus tard, en collectionnant les journaux de jeunes filles ?
39Ph. L. : Oui, et d’ailleurs, avec le Moi des demoiselles, j’ai répété des gestes que j’avais déjà faits. Ça commence toujours par une séduction : vous tombez sur un document qui vous éblouit (cette fois, c’est le journal de Claire Pic, une jeune fille de Bourg-en-Bresse dans les années 1860). Ça se poursuit par une généralisation : vous comprenez que ce n’est qu’un journal parmi des milliers d’autres, qui ont été perdus, et que c’est le signe d’une pratique sociale extensive. Alors vous vous lancez dans l’aventure : retrouver ce continent englouti, réunir tous les journaux de jeune fille du xixe siècle ! Vous passez au crible la cote Ln27. Vous picorez au hasard dans les archives. Et surtout vous devenez mendiant. Partout où vous allez, obsessionnellement, vous parlez de votre recherche, et vous faites sortir des armoires familiales de vieux cahiers. Vous construisez de nouvelles archives… Et parallèlement, vous menez une recherche historique classique sur le discours pédagogique qui encadrait cette pratique réservée aux filles… Seule Michelle Perrot, avec le Journal de Caroline B., s’était lancée sur cette piste… Les littéraires ne connaissaient qu’Eugénie de Guérin et Marie Bashkirtseff… Je me suis retrouvé avec un peu plus d’une centaine de journaux, infime échantillon par rapport aux dizaines de milliers que des jeunes filles ont dû écrire au xixe siècle…
40Ph. A. : Et là vraiment, à mon sens, avec le Moi des demoiselles, vous faites œuvre d’historien.
41Ph. L. : C’est un livre d’histoire, mais un peu bizarre. Peut-être est-ce un livre « interactif » ? Je ne suis pas historien. Je ne me sentais pas capable d’écrire une synthèse, qui m’ennuyait d’avance, et m’aurait semblé une imposture. J’ai préféré faire visiter mon chantier. Le livre se présente donc sous la forme de mon propre « journal de terrain », si je puis dire. Il y a ensuite des séries de monographies, des inventaires, des extraits, toute une documentation pour que le lecteur puisse juger et prendre le relais. J’ai voulu faire pour de bon de l’« ego-histoire », c’est-à-dire permettre au lecteur d’assister en direct à l’opération historique. C’est donc assez différent de ce que Pierre Nora avait regroupé sous ce titre, de classiques reconstructions de destinées scientifiques. Ici, on me voit vraiment travailler, faire mes hypothèses, étaler mes réactions affectives et mes préjugés, et parler de ma propre vie – tout ce qu’un historien sérieux cache soigneusement à ses lecteurs.
42Ph. A. : Croyez-vous que votre méthode soit généralisable ?
43Ph. L. : Non, j’imagine mal toute la production historique livrée ainsi en kit avec le journal du chercheur. Mais c’est la chance, et le rôle, des outsiders de tenter des expériences. Le Moi des demoiselles est un ouvrage synthétique, j’essaie de dresser un tableau d’une pratique d’écriture tout au long d’un siècle. Je l’ai prolongé par l’édition d’un texte isolé, le Journal de Lucile Desmoulins, un petit livre qui est un exercice de méthode. J’ai voulu réaliser une séparation complète entre l’objectivité et la subjectivité. À mon avis, la seule manière d’être objectif, donc utile au lecteur, c’est d’étaler sa subjectivité, puisque de toute façon on ne peut pas la supprimer ! Mais de l’étaler à part. Donc d’un côté j’ai établi minutieusement le texte du journal, avec un soin philologique, et en m’abstenant de toute intervention : pas de signe diacritique, pas d’appel de notes, etc. Mon discours ne doit jamais être physiquement mélangé à celui de Lucile. Les notes sont séparées du texte, et, dans la mesure du possible, elles ne contiennent pas d’interprétation. Mon discours à moi est lui-même réparti entre un « avant-propos » que j’espère un modèle d’objectivité, expliquant l’histoire du texte et les recherches que j’ai faites pour le reconstituer, et un « arrière-propos » qui est, lui, un modèle de subjectivité, puisque c’est mon journal du mois de juin 1994, où je dis carrément ce que je pense et ce que je sens à propos de Lucile et de son texte. Donc on peut arracher les pages de mon journal, et il restera un livre objectif. Mais on aurait tort de le faire, car ces pages personnelles permettront – à mon insu - de comprendre les biais qui ont pu limiter ou fausser un travail que j’ai cru objectif – l’est-on jamais ? Mon journal est donc une sorte de logiciel « anti-virus » que j’offre en prime au lecteur, et que lui seul peut faire fonctionner.
44Ph. A. : De ce journal de Lucile, il ne reste que des fragments ?
45Ph. L. : Oui, j’ai rassemblé ce que j’ai pu retrouver, et j’ai eu du mal à m’abstenir de broder autour ! Un des grands dangers, en histoire, c’est de perdre la conscience des trous, de tout ce qu’on ne connaît pas, et de rationaliser des corpus tronqués. A des degrés divers, c’est inévitable. Je pense que c’est arrivé à beaucoup de chercheurs, mais on ne s’en vante pas : vous ressemblez votre corpus, vous faites votre étude, vous la publiez, et patatras, une pièce supplémentaire arrive après la bataille, change la face du problème et ridiculise vos généralisations… D’où la nécessité d’essayer d’avoir les séries les plus complètes, et de garder à l’esprit l’histoire de votre corpus, de ne pas croire que ce qu’on a sous les yeux, c’est la réalité. Depuis que j’ai publié le Moi des demoiselles (1993), d’autres journaux de jeunes filles ont fait surface, qui répondent à des questions que je me posais, et pas toujours dans le sens où je l’attendais… Ma méthode fait que c’est moins grave : j’ai mis cartes sur table, il me suffira de tenir un nouveau journal… Ce problème m’a aussi frappé en étudiant les Journaux d’Anne Frank : la plupart des gens qui en parlent (y compris les éditeurs de l’excellente édition critique) ont les plus grandes difficultés à comprendre le statut d’une partie du corpus, les fameuses « feuilles volantes » sur lesquelles Anne élaborait la réécriture de son journal : les raisonnements qu’on peut tenir sur leur contenu changent du tout au tout dès qu’on réalise qu’on n’est pas sûr d’avoir toutes ces feuilles, et que celles qu’on a, il n’est pas du tout sûr qu’Anne avait l’intention de les publier. Ce sont les épaves fortuites d’un travail inachevé, qu’on traite à tort comme une œuvre…
46Ph. A. : Vous avez travaillé sur les manuscrits d’Anne Frank ?
47Ph. L. : Sur leur traduction, mais je suis allé voir les manuscrits à Amsterdam. Nous n’en avons pas encore parlé, mais depuis le milieu des années 1980, je suis passionné de « génétique textuelle ». C’est peut-être la vraie manière pour un historien de traiter un texte autobiographique : le prendre dans sa propre histoire. J’ai créé à l’ITEM/CNRS une équipe « Genèse et autobiographie », que dirige actuellement Catherine Viollet. J’ai travaillé moi-même sur la genèse de l’ensemble des textes autobiographiques de Sartre et de Perec, sur les brouillons d’un chapitre d’Enfance de Nathalie Sarraute et, pour revenir à notre cher xixe siècle, sur les cahiers préparatoires des Mémoires inachevés de Marie d’Agoult. On a perdu tous les manuscrits de ces Mémoires, mais il reste les journaux dans lesquels elle méditait son coup… c’est presque comme un traité pratique d’autobiographie. Les études génétiques sont à la fois l’antidote de la « critique du témoignage », et son instrument indispensable. Elles amènent à comprendre comment un individu construit sa vision du monde, et à la respecter.
48Ph. A. : Puisque nous faisons le tour de vos activités qui touchent à l’histoire, peut-être faudrait-il mentionner l’Association pour l’Autobiographie ?…
49Ph. L. : C’est une activité collective, même si j’en ai eu l’initiative avec Chantal Chaveyriat-Dumoulin, après la journée Archives autobiographiques de 1991. L’APA a constitué un fonds de textes d’un type nouveau : plus de mille récits et journaux personnels sont disponibles pour les historiens à la Médiathèque d’Ambérieu-en-Bugey, près de Lyon. Une cinquantaine de bénévoles travaillent tout au long de l’année à lire et décrire ces textes qui nous sont en général envoyés par les auteurs, ou par leurs descendants. Ce travail aboutit à un catalogue raisonné en cinq volumes, le Garde-mémoire, avec des index de toutes sortes qui permettent au chercheur de s’orienter dans le fonds. Il y a déjà eu des études publiées à partir de ce nouveau corpus, et des thèses en cours. Mais ce n’est qu’un début. Nous attendons de pied ferme les historiens – comme aussi les sociologues, les anthropologues, les linguistes… et les littéraires, pour leur ouvrir, maintenant que la page du xxe siècle est tournée, ces archives du siècle dernier.
50Ph. A. : Dans quelles directions allez-vous poursuivre votre travail personnel ?
51Ph. L. : J’ai en cours l’édition du journal d’un adolescent du xixe siècle, Paul Jamin – mais si je puis dire, c’est de la routine – une routine passionnante. Mais surtout j’ai en projet des recherches un peu folles. En général l’historien établit qu’une chose a existé, et essaie de la décrire et de l’expliquer. Je voudrais faire l’inverse : établir, si c’est possible, que telle chose n’a pas existé jusqu’à telle date, et comprendre pourquoi. Pourquoi tel phénomène est-il apparu dans l’histoire à telle époque, et pas avant ? Il s’agit bien sûr du journal personnel. La pratique d’une écriture individuelle datée, autre que la lettre, semble inconnue en Occident avant la fin du Moyen Âge. Tout le monde (y compris moi jusqu’à il y a peu) en prend acte sans s’en étonner. Pour l’autobiographie, on peut remonter à Saint Augustin et en deçà. En tout cas ça montre que ce n’est pas lié à la religion chrétienne, puisqu’on a pu pendant quatorze ou quinze siècles être chrétien sans en avoir l’idée, et que le journal spirituel sera une des dernières variétés du genre à apparaître, inventé tardivement par les jésuites au milieu du xvie siècle. Les réponses sont ailleurs, me semble-t-il : du côté de l’individualisation des pratiques d’écriture et de l’expansion du papier, d’une part ; et surtout du côté des changements dans la mesure du temps, c’est-à-dire du côté de l’invention de l’horloge au début du xive siècle et de son lent et très progressif perfectionnement. Pures hypothèses, et qui à leur tour posent des questions redoutables, comme le montrent les livres de David S. Landes et de Gerhard Dohrn van Rossum, jonglant entre le temps des marchands et le temps des couvents… Pour cerner cette question de l’origine d’une pratique sociale multiforme (chroniques locales, livres de bord des bateaux, livres de comptes) et de sa progressive individualisation et intériorisation, il faudrait qu’il existe des inventaires systématiques des dits journaux depuis le xive jusqu’au xvie siècle – à ma connaissance il n’y en a pas –, et il faudrait d’autre part comparer avec ce qui s’est passé dans les autres pays d’Europe. – Peut-être cette question est-elle naïve. Mais il est aussi naïf de considérer la pratique du journal comme « naturelle », alors qu’elle est toute récente dans l’histoire de l’humanité. – Il me reste juste, pour résoudre ce problème, à reprendre mes études et à suivre des cours d’histoire du Moyen Age et de la Renaissance, domaine qui m’est moins familier que l’histoire sociale du xixe siècle… ?
Bibliographie
Textes mentionnés
- Xavier-Édouard Lejeune, Calicot, Enquête de Michel et Philippe Lejeune, Éditions Montalba, 1984, 368 p.
Répertoire des autobiographies écrites en France au xixe siècle
- - « La cote Ln 27. Pour un répertoire des autobiographies écrites en France au xixe siècle », Moi aussi, Paris, Le Seuil, 1986, pp. 249-272
- - Section 1, « Vies commerciales, industrielles et financières ».
- « Autobiographie et histoire sociale », Revue de l’Institut de sociologie, 1982, n° 1-2, pp. 209-234.
- - Section 2, « Vies d’instituteurs ».
- « Les instituteurs du xixe siècle racontent leur vie », Histoire de l’éducation, 1985, n° 25, janv., pp. 53-104.
- - Section 3, « Vies de criminels, n° 1. 1789-1880 ».
- « Crime et testament. Les autobiographies de criminels au xixe siècle », Cahiers de sémiotique textuelle, 1986, n° 8-9, pp. 73-98.
- - Section 4, « Vies d’homosexuels »
- « Autobiographie et homosexualité en France au xixe siècle », Romantisme, 1987, n° 56, pp. 79-100.
- « Lire Pierre Rivière », Le Débat, n° 66, sept.-oct. 1991, pp. 92-106.
- Le Moi des demoiselles, Enquête sur le journal de jeune fille, Paris, Le Seuil, 1993, 456 p.
- Lucile Desmoulins, Journal 1788-1793, texte établi et présenté par Philippe Lejeune, Paris, Éditions des Cendres, 1995, 170 p.
- Les Brouillons de soi, Paris, Le Seuil, 1998, 430 p. (Études génétiques sur l’autobiographie. Sartre, Sarraute, Anne Frank).
- « Vers une grammaire de l’autobiographie », Genesis (Éd. Jean-Michel Place), n° 16, 2001, pp. 9-35 (Sur le cahier « 1865 » de Marie d’Agoult).
- Adresses
- Association pour l’Autobiographie (APA), La Grenette, 10 rue A. Bonnet, 01500 Ambérieu-en-Bugey, 01.74.38.37.31
- Site : http:// perso. wanadoo. fr/ apa/
- Autopacte
- http:// worldserver. oleane. com/ autopact/