Notes
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[1]
Ce dossier prend sa source dans une journée d'études organisée les 23 et 24 janvier 2014 au Centre de recherche sur l'action politique de l'université de Lausanne et intitulée « Questionner la notion de socialisation politique : définitions, usages et repérages ». Elle a été l'occasion d'échanges stimulants qui ont nourri ce dossier ; ce pour quoi nous tenons à remercier l'ensemble des participant·e·s (membres du comité scientifique, intervenant·e·s et discutant·e·s).
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[2]
Selon Sophie Maurer, « ce rapport englobe tout un ensemble de représentations qui débordent largement du champ politique au sens strict : représentations des divisions sociales, des rapports de classe, des mécanismes de privation et de distribution, hiérarchisation des conflits, mais aussi manières d'être et de faire qui situent l'individu (manières de parler, de s'habiller, de se nourrir) » (Maurer, 2000, p. 8).
1 Définir le domaine du politique et délimiter son étendue constituent une question transversale et toujours centrale en sciences sociales. De nombreux travaux se sont attaqués à cette question (Lagroye, 2003), en prenant pour objet des lieux ou des activités qui se situent précisément « aux frontières du politique » (Arnaud et Guionnet, 2005), « ailleurs » (CURAPP, 1998) ou qui relèvent de « l'ordinaire » (Lefébure, 2009). Dans le sillage de cette problématique générale de délimitation du politique, ce dossier de Sociétés contemporaines propose de déplacer le questionnement à l'échelle des individus, en interrogeant la socialisation politique et ce qu'elle recouvre.
2Traditionnellement définie comme l'ensemble des mécanismes et processus de transmission et d'incorporation des opinions et représentations politiques des individus, la socialisation politique a été l'objet de différents débats en sciences sociales, qui portaient tant sur les définitions adoptées que sur les manières empiriques de l'appréhender. Dès la fin des années 1960 et grâce, notamment, à l'apport des travaux d'Annick Percheron (1978), les conceptions normatives des premières recherches d'inspiration behavioriste et fonctionnaliste (Hyman, 1959 ; Greenstein, 1965 ; Hess et Torney, 1967 ; Easton et Dennis, 1969) étaient remises en cause. Des travaux montraient que tout ne se jouait pas durant la prime enfance (Jennings et Niemi, 1968), que l'individu tenait un rôle actif dans ce processus et, surtout, que le contenu de la socialisation politique ne se résumait pas à la transmission de préférences partisanes, mais bien à un ensemble de représentations, d'opinions et d'attitudes politiques (Percheron, 1985). Rapidement, sous l'impulsion de sociologues critiques (Bourdieu, 1972 ; 1977), les débats se cristallisaient autour du caractère spécifiquement politique ou non des processus de socialisation politique, tandis que les travaux anglo-saxons interrogeaient pour leur part le modèle de « la persistance » (Sigel, 1989). Ces interrogations faisaient alors écho au renouveau des études sur la socialisation qui essayaient d'aborder ces processus de manière moins unitaire. En France, des auteur·e·s comme Dubar (1991), Lahire (1998) ou plus récemment Darmon (2006), questionnaient la notion d'habitus de Bourdieu (1980), lui reprochant la primauté accordée aux apprentissages enfantins et sa conception uniforme des instances et des produits de socialisation. Faisant le constat que les individus étaient confrontés à des situations hétérogènes, concurrentes et parfois même contradictoires, ces travaux invitaient à analyser la manière dont les individus géraient la pluralité des sources socialisatrices, et ce, à différentes périodes de la trajectoire individuelle.
3 Quant aux recherches portant explicitement sur la socialisation politique, prolifiques jusqu'à la fin des années 1980, elles tombaient ensuite en relative déshérence, en dépit de différentes tentatives de relance (Hepburn, 1995 ; Joignant, 1997 ; Tournier, 1997 ; Muxel, 2001). Plus récemment, une nouvelle génération de travaux a vu le jour, explorant d'autres dimensions et périodes de la socialisation politique, qu'il s'agisse des enquêtes sur la socialisation militante (Juhem, 2001 ; Collovald, 2002 ; Yon, 2005) et professionnelle (Mennesson, 2004 ; Pudal, 2011 ; Sainsaulieu et Surdez 2012), des études sur les conséquences biographiques de l'engagement (Gottraux, 1997 ; Fillieule, 2005 ; Leclerq et Pagis, 2011 ; Pagis, 2014 ; Fillieule et al., 2018), des recherches sur la mutation des identifications individuelles et collectives (Haegel et Lavabre, 2010) ou encore des travaux sur la socialisation enfantine et juvénile (Recchi, 2001 ; Sapiro, 2004 ; Renahy, 2005 ; Boone, 2013 ; Abendschön, 2013 ; Lignier et Pagis 2017 ; Simon, 2018). Par ailleurs, plusieurs numéros de revues de sciences sociales ont abordé ce domaine de recherche (Revue française de science politique, 2002 : Dimensions de la socialisation politique ; Actes de la recherche en sciences sociales, 2004 : Le capital militant ; Sociétés contemporaines, 2011 : Les incidences biographiques de l'engagement ; Politix, 2012 : Différencier les enfants), témoignant d'un regain d'intérêt pour le sujet.
Des conceptions variables du politique
4Si ces travaux ont permis de donner un nouveau souffle aux études sur la socialisation politique, ils reposent sur des conceptions variables du politique. En effet, la définition de ce qui est (ou non) politique dans les contenus de la socialisation des individus ne fait pas consensus parmi les chercheuses et les chercheurs en sciences sociales. Alors que certain·e·s auteur·e·s pensent telle pratique ou représentation comme un indice du rapport au politique des individus, d'autres au contraire ne l'appréhendent pas ainsi ; une variabilité de l'usage de la catégorie « politique » qui n'est pas sans lien avec les ancrages disciplinaires et les points de vue toujours situés (Harding, 1986) des chercheuses et des chercheurs eux-mêmes. Se dessine alors un continuum au sein de la recherche sur la socialisation (politique) : d'un côté, des travaux qui mobilisent une définition resserrée et stato-centrée du politique pour analyser ce qui relève de la socialisation politique ; de l'autre, des auteur·e·s qui étudient des normes et des pratiques sans nécessairement les penser comme politiques.
5Au sein d'un premier pôle, les travaux de Daniel Gaxie (1978 ; 2002) sur l'intériorisation de l'ordre politique comme processus fondamentalement inégalitaire ont fait date. Ils se caractérisent par l'usage d'une définition wébérienne de la politique centrée sur les institutions étatiques. Si l'analyse des processus de socialisation politique qu'il développe tient compte d'une variété d'expériences sociales (Gaxie, 2002), les produits de cette socialisation sont pensés en référence au champ politique spécialisé et donc, ultima ratio, en termes d'acquisition d'une compétence politique. Ce modèle d'analyse et les nombreux travaux qu'il a inspirés ont ainsi été critiqués pour leur « légitimisme », car ils peuvent tendre à reproduire les visions dominantes des frontières du politique (Leca, 1971 ; Espaces temps, 2001) et à exclure diverses pratiques et représentations de l'espace du politique, notamment en les renvoyant à la sphère privée.
6Face à cette définition resserrée du politique se trouve un ensemble de travaux qui s'intéressent d'abord aux relations que les individus entretiennent avec les différents rapports sociaux de domination en termes d'intériorisation, de reproduction ou de contestation sans que celles-ci soient nécessairement perçues et qualifiées de « politiques » par les chercheurs et les chercheuses qui les étudient. Les travaux sur le « sens social des enfants » (Zarca, 1999), sur la formation des modes d'appréhension populaires du monde social (Schwartz, 1990), à l'instar par exemple de la division entre « eux » et « nous » mise au jour par Hoggart (1970), ou encore les études qui analysent le développement chez les femmes d'une « conscience de genre » (Varikas, 1991 ; Albenga, 2009) ou d'une « puissance d'agir » qui tend à remettre en question, en pratique, la domination (Achin et Naudier, 2010) en sont quelques exemples. Si ces études ont l'avantage de ne pas restreindre la question du politique à ce qui relève de l'espace spécialisé de la politique, celle-là demeure néanmoins abordée de manière marginale voire implicite. Les recherches de l'anthropologue James C. Scott font toutefois exception, dans la mesure où son étude Weapons of the Weak (1985) vise explicitement à analyser la politisation des groupes subalternes sous l'angle des résistances qu'ils manifestent face aux puissants : en appréhendant les luttes pratiques et symboliques des dominé·e·s, luttes qualifiées par la suite par le terme « infrapolitique » (Scott, 1990), J. Scott a ainsi contribué à poser des jalons pour analyser les rapports aux formes de domination comme relevant du politique au sens large.
7Entre ces deux pôles, une littérature variée émanant tant de l'anthropologie africaniste, de la socio-histoire et de la sociologie politique que des études sur la citoyenneté a nourri la réflexion sur ces enjeux de définition. « L'énonciation du politique » (Bayart, 1985), la « politique ailleurs » (CURAPP, 1998), les pratiques « protopolitiques » (Mauger, 2006), la « politique sans en avoir l'air » (Le Gall, Offerlé et Ploux, 2012) ou encore les « citoyennetés ordinaires » (Carrel et Neveu, 2014), toutes ces expressions témoignent de l'existence d'initiatives visant à définir des pratiques et des représentations relevant du politique, bien qu'elles se situent en dehors, ou aux frontières, de l'espace politique autonomisé et de ses objets.
8Parmi ces différentes initiatives, deux ensembles de travaux, en particulier, ont cherché à élargir les critères permettant de repérer des formes individuelles d'expression politique. D'une part, plusieurs propositions se sont dégagées des études sur les rapports ordinaires au politique (Lefébure, 2009 ; Aït-Aoudia et al., 2011 ; Buton et al., 2016a). Le développement de ces travaux depuis le début des années 2000 dessine les contours d'un véritable agenda de recherche sur les politisations ordinaires (Weisbein, 2017). Au-delà de leurs manières variables d'aborder le caractère ordinaire du politique (par les acteurs, les activités, les situations), les auteur·e·s ont pour point commun de saisir la politique « de moins en moins à partir d'objets spécialisés et de plus en plus [à partir] de moments ou d'espaces sociaux éloignés » (Weisbein, 2017, p. 148). Dans cette perspective, l'étude des pratiques de citoyenneté de pompiers volontaires est un exemple du renouvellement des objets et des terrains (Boughaba, 2016). D'autre part, la préoccupation d'ouvrir le champ d'analyse est présente chez les auteur·e·s qui adoptent une définition élargie de la politisation. Cette dernière, basée sur l'ensemble des significations et des valeurs orientées vers les clivages et les enjeux sociaux, et que l'on retrouve de différentes manières chez des auteur·e·s comme Gamson (1992), Duchesne et Haegel (2004), Eliasoph (2010) ou encore Hamidi (2010), permet de saisir davantage les processus de politisation qu'une approche resserrée ne l'autorise. Cependant, une partie de ces travaux adopte bien souvent une définition a priori du politique et conçoit les produits de la socialisation politique en termes de relation « positive » ou « négative » et non en termes de rapport. Dans ces recherches comme dans les travaux sur les rapports ordinaires au politique, la politique conventionnelle et ses objets ne sont jamais loin, et l'objectif reste avant tout de comprendre les traductions les plus directement politiques des socialisations (pratiques de vote, militantisme, positionnements idéologiques, etc.). Ainsi, c'est bien la définition de la politisation, de ses mécanismes et de ses lieux qui est élargie, plutôt que celle de la socialisation politique et de ses contenus.
9Face aux limites et angles morts de ces différents ensembles de littérature, ce dossier de Sociétés contemporaines a pour ambition de développer une approche élargie de la socialisation politique à partir de contributions ancrées empiriquement [1]. Cette approche propose d'appréhender les contenus de la socialisation politique à l'aide d'un continuum, allant de l'expérience des rapports sociaux de domination au rapport à l'espace proprement politique. Contre le risque légitimiste associé aux définitions stato-centrées du politique, il s'agit en effet de ne pas restreindre les produits de la socialisation politique des individus à leur degré d'intérêt et de compétence politiques, ni même aux relations qu'ils entretiennent avec les objets de la politique en tant qu'activité spécialisée (rapport à la politique), mais de l'étendre à un deuxième niveau plus général : celui du rapport politique au monde social (Maurer, 2000) [2]. Plus précisément, nous suggérons d'analyser ce rapport politique au monde sous l'angle de l'expérience que les individus font des rapports sociaux de domination ; une position qui a l'avantage de ne pas ouvrir « à l'infini le champ d'investigation » (ibid., p. 8) et de ne pas diluer complètement ce qui est politique. Dans cette perspective, nous nous intéressons à la manière dont les rapports des individus aux formes de domination s'articulent (éventuellement) aux contenus plus classiquement associés au champ politique. En rendant compte des enjeux, des apports et des intérêts d'une telle perspective et en présentant des pistes concrètes d'opérationnalisation, ce dossier entend contribuer au renouvellement des études sur la socialisation politique, dont une recension récente a souligné « l'étendue de ce qu'on ne connaît toujours pas » (Bargel et Darmon, 2017).
Entre socialisation « politique » et socialisation « générale »
10En raison de sa dimension élargie, l'approche de la socialisation politique développée dans ce dossier soulève des enjeux spécifiques et doit être mise à l'épreuve empiriquement. Les articles réunis dans ce numéro posent précisément la question de son opérationnalisation. Ils ont pour point commun de se saisir et de travailler la zone floue existant entre la socialisation « politique » et la socialisation « générale » des individus.
Des instances de socialisation politique variées
11Déplacer le regard des instances habituellement étudiées vers d'autres domaines de la pratique constitue une première manière de développer une approche élargie de la socialisation politique. S'il est désormais admis que la socialisation politique, en tant que processus dynamique et continu (Darmon, 2006), ne se joue pas seulement au sein de la famille pendant l'enfance mais se prolonge bien au-delà de l'adolescence (Muxel, 1992 ; 2016), force est de constater que certaines sphères demeurent particulièrement investiguées pour saisir le façonnage politique des individus tout au long de la vie. Plutôt que de se restreindre à ces lieux centraux d'études de la socialisation politique, primaire (famille, école) ou secondaire (organisations militantes et partisanes, monde du travail), les contextes et les espaces dans lesquels se déroulent les processus de socialisation politique analysés dans ce dossier sont variés et ne relèvent pas de l'espace politique institutionnel. Au contraire, ils entretiennent une distance, plus ou moins importante, avec l'univers spécialisé de la politique, à la différence des nombreuses études sur la socialisation qui portent sur des groupements partisans ou militants (par exemple McAdam, 2012 ; Bargel, 2009). Analyser ces différents espaces permet dès lors de réfléchir à la manière dont des expériences forgées dans des sphères sociales diversifiées et n'ayant pas directement trait à l'univers politique peuvent constituer des matrices de socialisation politique.
12Stéphanie Monay s'intéresse ainsi à l'armée suisse et aux femmes qui s'y engagent volontairement tandis que le service est obligatoire pour les hommes. Dans un monde construit et pensé par et pour les hommes, l'auteure montre comment les femmes militaires doivent apprendre à légitimer leur place ; des apprentissages qui ne consistent pas à contester l'ordre du genre mais davantage à réaffirmer la différence et la hiérarchie entre les sexes. L'article d'Alexandre Dafflon porte sur une société de jeunesse campagnarde en Suisse romande. Ces associations, qui regroupent des jeunes âgé·e·s de 15 à 30 ans d'un village donné, sont entièrement tournées vers des activités festives et récréatives, la vie associative étant rythmée par l'organisation de fêtes, d'apéros et d'activités sportives. Se présentant officiellement comme « apolitiques » et poussant leurs membres à garder leur distance avec la politique dans le quotidien associatif, les sociétés de jeunesse n'en fonctionnent pas moins comme des instances de socialisation politique : en valorisant une conception pratique du monde et des choses, elles conduisent notamment les jeunes à percevoir la politique comme une menace culturelle pour le groupe et son unité.
13Les groupes d'habitantes de quartiers populaires de la banlieue lyonnaise en France étudiés par Daniel Thin ne font pas non plus explicitement figure de groupement politique ou militant. Initialement constitués autour de la question de l'alphabétisation ou du décrochage scolaire des enfants, ils se sont ensuite fédérés en collectif pour faire entendre une parole propre aux quartiers populaires et interpeller les pouvoirs publics. Dès lors, les frottements de ce type de groupes avec l'univers politique spécialisé sont plus nombreux et fréquents, concrétisés notamment par leurs interactions avec les institutions politiques et les élus locaux. Quant à l'expérience révolutionnaire étudiée par Olivier Marichalar celle des jeunes instruits chinois massivement envoyés à la campagne durant la Révolution culturelle , elle découle bien d'un projet politique, mais ses objectifs tendent justement à mettre en question les institutions par une inversion des principales hiérarchies sociales.
14En entrant par ces instances variées de socialisation politique secondaire, les articles du dossier se distinguent d'une approche prégnante dans la littérature, qui consiste à reconstituer a posteriori via l'analyse des trajectoires la genèse des rapports au politique des individus, en isolant les différents moments et lieux qui ont participé à les forger (Gaxie, 2002 ; Haegel et Lavabre, 2010 ; Gottraux et Péchu, 2012 ; Buton, Lehingue, Mariot et Rozier, 2016b). À partir d'un travail sur des groupes et des contextes spécifiques, ils présentent également une diversité de résultats quant aux dominations à l' uvre dans ces univers.
Repérer les rapports politiques au monde des individus
15Développer une approche élargie de la socialisation politique soulève avec une acuité particulière les enjeux de définition et de repérage du politique. Quelles dimensions faut-il investiguer dès lors que l'on veut sortir du seul rapport à la politique des individus pour saisir plus généralement leur rapport politique au monde social ? Plusieurs travaux récents ont cherché à prendre en compte des éléments qui sont habituellement classés hors du politique. La notion de « rapport mobilisé à sa condition sociale » (Siblot, 2018) ou l'inclusion des « aspects moraux » et « des aspirations sociales traduites en points de vue sur ce qui devrait (ou non) changer » (Beaumont, Challier et Lejeune, 2018, p. 19) dans l'analyse du rapport au politique constituent ainsi des contributions intéressantes pour élargir et enrichir l'étude de la socialisation politique. L'analyse des dispositions à transformer le genre entendues comme des dispositions à remettre en question certaines normes de genre dominantes sur un plan symbolique et pratique en tant que partie intégrante de la socialisation politique des enfants des féministes des années 1970 (Masclet, 2015) est un autre exemple de ces avancées récentes.
16Dans ce dossier, nous proposons de circonscrire le rapport politique au monde social à ce qui relève des rapports sociaux de domination et aux expériences que les individus en ont, qu'elles soient pratiques ou symboliques, individuelles ou collectives. Son repérage consiste alors à analyser les expériences sociales vécues au niveau individuel afin de mettre en exergue la manière dont des apprentissages débouchent sur des pratiques, des représentations ou des aspirations qui expriment un rapport politique au monde.
17Les articles rassemblés ici mettent à l'épreuve cette perspective d'analyse. La diversité des investigations empiriques des auteur·e·s permet de mettre au jour une pluralité d'indicateurs pour avancer dans l'analyse des contenus de ces rapports politiques au monde. Daniel Thin montre ainsi comment la capacité à la départicularisation des conflits ordinaires, l'acquisition de dispositions à agir et la transformation de la parole et du langage sont les principaux indicateurs d'un rapport politique au monde caractérisé par une lutte effective contre l'illégitimité sociale pour des femmes de classes populaires faiblement dotées en ressources. Dans son analyse sur l'engagement volontaire des femmes dans l'armée suisse, Stéphanie Monay montre à l'inverse un rapport politique au monde surtout marqué par une conformation à l'ordre de genre. En véhiculant une vision naturalisée des compétences « féminines » et en les poussant à se distancier du groupe social des femmes pour légitimer leur place, l'expérience militaire conduit les femmes à intérioriser les hiérarchies de genre. Alors que pour les tenants de l'infrapolitique (Scott, 1990) l'inclusion de l'expérience des dominations dans l'analyse de la politisation requiert souvent que celle-ci ait une dimension subversive ou de résistance, l'analyse de Stéphanie Monay vient rappeler à quel point ce qui relève de l'intériorisation d'un ordre social inégalitaire et pas seulement de sa contestation fait partie intégrante de la socialisation politique des individus.
18Par l'observation de la division du travail associatif, Alexandre Dafflon analyse comment les activités des sociétés de jeunesse campagnarde offrent des situations d'apprentissage au sein desquelles la hiérarchie entre le travail manuel et intellectuel est contestée. Il identifie des valorisations qui forment les indicateurs d'un rapport politique au monde dans lequel la lutte contre la dépréciation symbolique est centrale. Dans un contexte où le volontarisme politique entend redéfinir les structures sociales de la société chinoise des années 1960 et 1970, Olivier Marichalar appréhende quant à lui le rapport politique au monde comme une propension à la redéfinition de soi. Les jeunes ayant atteint l'âge d'entrer à l'université voient en effet leur future place dans la société brutalement redéfinie par l'imposition de nouvelles hiérarchies politiques qui renversent les positions sociales existantes. L'auteur montre que les jeunes, en particulier ceux qui sont requalifiés par une « mauvaise origine de classe », développent dans ce contexte des dispositions à la discrétion, une forte propension à l'autocontrôle et un sentiment de honte face à une origine familiale devenue infâmante. Loin du thème du conflit ou de l'agency, ce rapport politique au monde est au contraire principalement défini comme un rapport incertain à l'avenir individuel et a marqué durablement la génération des jeunes instruits dits de mauvaise origine de classe envoyés dans les campagnes pour leur éducation.
Du politique à la politique
19Une fois cernés les rapports politiques au monde social des individus, il reste à comprendre comment ces derniers s'articulent avec leurs rapports à la politique. Dans quelle mesure et comment nourrissent-ils les relations que les individus entretiennent avec l'espace politique ? Ces questionnements rejoignent ceux des travaux sur la politisation, sans pour autant les embrasser entièrement. Si la notion de politisation recouvre des phénomènes variables en fonction des temporalités et des échelles d'analyse, elle peut être définie au niveau micro comme le mouvement ou le processus « qui conduit [des individus ou des groupes d'individus] à s'intéresser à et à s'impliquer dans la politique » (Déloye et Haegel, 2017, p. 325). Dans cette perspective, le rapport au politique des individus est analysé en termes de degré et principalement lorsqu'il débouche sur des investissements politiques.
20Les articles réunis dans ce dossier tentent de distinguer la socialisation politique et la politisation, en considérant cette dernière seulement comme l'une des formes possibles résultant des apprentissages politiques. Dans son article, Daniel Thin montre ainsi explicitement les liens qui existent entre les différents rapports au politique. Pour les habitantes de quartiers populaires qu'il étudie, la participation aux groupes les amène non seulement à transformer ce qui relève d'un rapport politique au monde social (transformation de la parole, du rapport aux institutions, à l'action, etc.), mais génère également, pour certaines, des débouchés dans le rapport à la politique, conduisant par exemple l'une d'entre elles à se présenter sur une liste de gauche aux élections régionales tandis qu'une autre deviendra déléguée syndicale. Chez les femmes engagées volontairement dans l'armée suisse étudiées par Stéphanie Monay, l'expérience militaire n'engendre pas de positionnements explicitement politiques, comme le souligne l'auteure en analysant leur distance à l'égard du féminisme ou leurs opinions sur le harcèlement sexuel au sein de l'armée. En s'intéressant aux discussions entre les jeunes, Alexandre Dafflon montre quant à lui comment un rapport politique au monde social marqué par des rapports de classe et de genre nourrit un rapport à la politique caractérisé par une mise à distance de la politique institutionnelle. En étant amenés à se construire une culture propre qui inverse les valeurs accordées à la pratique et à la théorie, les jeunes sont poussés à chasser la politique pour ne pas que s'impose dans leur quotidien associatif la domination culturelle. Ce faisant, l'auteur insiste sur les formes d'articulation qui existent entre différents niveaux du rapport au politique. Si l'engagement associatif ne favorise pas nécessairement l'acquisition d'un intérêt et d'une compétence politiques, il amène les jeunes à transposer dans l'univers politique, les formes culturelles de leur honorabilité sociale. En considérant la mise à distance de la politique comme un produit de la socialisation politique, l'auteur souligne donc bien toute la différence qui existe entre socialisation politique et politisation. L'évitement de discussions politiques est ici l'expression d'un certain type de rapport politique au monde social et non pas seulement le signe d'une absence de politisation.
Des rapports au politique différenciés
21Loin de considérer le groupe étudié comme un tout homogène, les auteur·e·s rappellent enfin que les processus de socialisation politique ne peuvent être saisis sans prendre en compte la position sociale des individus et leurs inscriptions dans différentes sphères de vie passées comme présentes, au-delà de celles qui sont investiguées. En d'autres termes, ils montrent l'importance de saisir l'articulation de différentes sources et périodes socialisatrices, c'est-à-dire l'aménagement des acquis antérieurs et la construction de nouveaux savoir-faire et savoir-être sous l'effet d'une multiplicité d'agents de socialisation. Aucune instance socialisatrice n'est donc écartée, toutes les expériences sociales pouvant contribuer, quel que soit le cadre au sein duquel elles ont lieu, au façonnage politique des individus. Les analyses du dossier se rapprochent ainsi des propositions convaincantes de l'étude des processus de socialisation politique par une variété d'expériences sociales (Gaxie, 2002).
22Alexandre Dafflon montre par exemple que si la mise à distance du politique s'inscrit dans une dimension collective et qu'en ce sens, elle ne peut uniquement être interprétée comme l'expression individuelle d'un manque de maîtrise des enjeux propres au champ politique, les significations qu'elle prend sont indissociables de la position que les individus occupent dans l'espace social. L'auteur insiste d'ailleurs sur les conflits que peuvent générer des socialisations potentiellement contradictoires et sur le travail que doivent effectuer certains jeunes pour attester de leur loyauté aux normes du groupe. Les variations liées aux socialisations antérieures des enquêté·e·s sont aussi finement explorées par Stéphanie Monay qui souligne leur rôle dans les stratégies d'adaptation aux normes militaires masculines que développent les femmes volontaires. Alors que les femmes militaires aux socialisations sexuées antérieures dites « inversées » qui ont forgé au préalable des dispositions corporelles construites comme « masculines » ont moins tendance à adhérer à un discours différentialiste, leurs homologues à la socialisation plus traditionnelle réaffirment plus systématiquement les caractéristiques propres à chaque sexe. Quant aux groupes d'habitantes de quartiers populaires étudiés par Daniel Thin, c'est la présence d'apprentissages politiques antérieurs dans les trajectoires de ces femmes qui conditionne l'importance et la durée des effets politiques de la participation. Pour Olivier Marichalar, l'assignation à une « mauvaise » origine de classe ou à l'inverse à une origine familiale revalorisée dans le contexte de la Révolution culturelle est un élément fondamental pour comprendre la diversité des expériences des jeunes instruits envoyés à la campagne. Alors que les premiers doivent lutter contre la nouvelle position qu'ils occupent, les seconds sont portés par cette revalorisation politique et développent au contraire des dispositions à agir.
23Sans prétendre résoudre tous les enjeux soulevés par l'approche élargie de la socialisation politique, les articles de ce dossier travaillent empiriquement la question de la constitution des produits de la socialisation politique à partir de l'étude de contextes, d'activités et de milieux sociaux variés. Ils contribuent plus généralement à nourrir la réflexion sur les effets politiques contrastés que produisent les diverses formes de domination sur la vie des individus.
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Notes
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[1]
Ce dossier prend sa source dans une journée d'études organisée les 23 et 24 janvier 2014 au Centre de recherche sur l'action politique de l'université de Lausanne et intitulée « Questionner la notion de socialisation politique : définitions, usages et repérages ». Elle a été l'occasion d'échanges stimulants qui ont nourri ce dossier ; ce pour quoi nous tenons à remercier l'ensemble des participant·e·s (membres du comité scientifique, intervenant·e·s et discutant·e·s).
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[2]
Selon Sophie Maurer, « ce rapport englobe tout un ensemble de représentations qui débordent largement du champ politique au sens strict : représentations des divisions sociales, des rapports de classe, des mécanismes de privation et de distribution, hiérarchisation des conflits, mais aussi manières d'être et de faire qui situent l'individu (manières de parler, de s'habiller, de se nourrir) » (Maurer, 2000, p. 8).