Qui représente les patrons ? Et quelles causes soutiennent exactement les organisations patronales : celles des dirigeants, des entreprises, de l’Entreprise ? C’est à la morphologie, à la cartographie, au fonctionnement complexe et aux enjeux sociaux et sociologiques de ces représentations patronales, jusqu’ici peu étudiées, que ce dossier se consacre. L’ article de Baptiste Giraud et d’Aisling Healy se penche sur l’offre de services proposée par les syndicats patronaux et sur les luttes économiques et politiques qu’ils suscitent. Mickaël Ciccotelli met en lumière la fonction de socialisation du Centre des jeunes dirigeants qui, aux côtés du traditionnel Medef, regroupe des adhérents en reconversion dans la direction d’entreprise et transforme les dirigeants en « patrons », voire en « militants de la cause patronale ». Michel Offerlé s’intéresse quant à lui aux trajectoires et aux raisons d’agir des engagés pour la « cause de l’entreprise » et s’interroge sur ce que cette sociologie de l’engagement patronal peut apporter en retour à l’analyse des militantismes « ordinaires ». À partir d’un corpus de 251 présidents des fédérations du Medef, Étienne Penissat et Marion Rabier présentent, enfin, une sociographie inédite des représentants de la cause patronale, et soulignent combien la sélection des dirigeants du Medef contribue à assurer la domination d’une fraction supérieure du monde patronal sur une autre.

Hors dossier, mais en lien avec certains de ses questionnements, l’article de Julie Landour s’intéresse aux modalités d’importation en France du concept américain des « mompreneurs » – mères exerçant une profession indépendante – et aux caractéristiques bien particulières des femmes qui s’approprient cette image.