Notes
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[1]
Cette recherche a reçu le soutien des laboratoires Pfizer France (Convention Inserm/Pfizer n° 98169).
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[2]
Tordjman est le nom de plume de Gilbert Tordjemann.
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[3]
L’histoire de la sexologie française fera l’objet d’une prochaine publication.
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[4]
Le questionnaire ne comprenait pas de question sur une formation spécifique en « sexothérapie », dans la mesure où nous avons supposé qu’une telle formation était incluse dans la formation en sexologie.
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[5]
William Masters est décédé le 16 février 2001, à Tucson (Arizona) à l’âge de 85 ans.
1La sexologie, considérée « comme science sexuelle, recouvre un champ plus vaste que la sexologie médicale ou la médecine sexuelle. Ces dernières sont des pratiques de haut niveau scientifique qui traitent surtout des perturbations et des pathologies de la sexualité. La sexologie médicale est l’un des importants domaines de la sexologie, au même titre que la socio-sexologie, la psycho-sexologie, l’ethnosexologie, l’éducation sexuelle, les différentes formes de conseils et de thérapies sexuels ainsi que les autres domaines de la recherche et de la pratique sexologique. Ensemble, elles constituent le corpus de la sexologie. » (Haeberle, Gindorf, 1993). Théoriquement, la sexologie constitue un champ pluridisciplinaire faisant appel à plusieurs disciplines scientifiques et à des compétences cliniques diversifiées. Le champ scientifique et professionnel de la sexologie n’est donc pas homogène. Des professionnels formés initialement à la médecine et à différentes spécialités médicales, à la psychologie ou à d’autres professions de santé (infirmières, sages-femmes, éducateurs, kinésithérapeutes) et des chercheurs en sciences sociales se réclament de la sexologie. Le champ de la sexologie n’est pas réductible à la pratique clinique et englobe aussi la recherche fondamentale et clinique. Cependant, contrairement aux pays anglo-saxons où la sexologie constitue un champ à part entière, bien autonomisé, incluant la recherche fondamentale (« sex research ») et la pratique clinique (Tiefer, 1994), la sexologie française reste principalement une activité clinique. Dès les origines, en France, les médecins ont occupé une place prépondérante dans le développement de la sexologie en occupant les rôles principaux dans la formation et la production scientifique (recherche clinique principalement). Les chercheurs d’autres disciplines s’intéressant à la sexualité (notamment dans les sciences sociales mais aussi les biologistes et les physiologistes) ne se reconnaissent pas comme sexologues. De plus, la situation française contraste avec celle que l’on peut observer actuellement dans d’autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, Pays-Bas, pays scandinaves) où les sexologues cliniciens proviennent en majorité des autres professions de santé et notamment des conseillères conjugales, et des psychologues cliniciens qui ont suivi une formation complémentaire en sexologie. À cet égard, la situation québécoise, où la sexologie est une discipline autonome, faisant l’objet d’un enseignement universitaire initial en faculté de sciences humaines et visant à l’acquisition d’un diplôme, est unique au monde (Dupras, 1989). Cet article vise à étudier les caractéristiques de la pratique de la sexologie en France.
1. BREF HISTORIQUE
2En France, la sexologie s’est développée à partir de 1931, avec la création de l’Association d’Études Sexologiques, sous l’influence d’Édouard Toulouse. La sexologie de cette époque s’inscrit dans le courant néo-malthusien hygiéniste, qui prétend éradiquer un certain nombre de « fléaux sociaux » et améliorer la protection des femmes enceintes à l’aide de dispositifs sociaux (Drouard, 1997 ; Guerrand, 1997 ; Wojciechowski, 1997). À la même époque, Angelo Hesnard, qui a par ailleurs contribué à l’introduction de la psychanalyse en France, publie son « Traité de sexologie normale et pathologique » (Hesnard, 1933), et initie un courant de thérapie sexologique d’inspiration psychanalytique. Jean Dalsace et, plus tard, son gendre Pierre Vellay développeront le courant gynécologique de la sexologie en associant la prise en charge des problèmes de fertilité avec la vie du couple. Le psychanalyste André Berge élabore au cours des années cinquante et soixante une approche de l’éducation sexuelle pour les adolescents (Berge, 1951). Au cours des années soixante, Georges Valensin publie une œuvre considérable qui recouvre les aspects médicaux, psychologiques, sociologiques et culturels de la sexualité et élabore en 1964 une première approche de la « santé sexuelle ». Cette notion prend en compte la vie sexuelle des jeunes, la sexualité du couple avec ses aspects érotique et reproductif, l’homosexualité et la contraception (Valensin, 1964). Au cours de cette première époque qui se situe avant 1968, la sexologie est constituée par un ensemble d’initiatives dispersées dans différentes perspectives ; elle recouvre les aspects érotiques et procréatifs de la vie sexuelle et s’intéresse aux aspects individuels et collectifs. Les préoccupations sociales et de santé publique ainsi que la question de la morale sont au cœur des préoccupations de ces médecins. Curieusement cette genèse de la sexologie française fait l’objet d’un refoulement dans la mémoire des sexologues français contemporains qui écrivent l’histoire de la sexologie. Philippe Brenot écrit : « La sexologie ne pourra en fait exister tant que les préoccupations liées à la fécondité occulteront l’expression libre de la sexualité. » (Brenot, 1994, p. 14). Il développe une conception nouvelle de la sexologie qui s’inscrit dans le processus de dissociation des fonctions érotiques et reproductives pour se centrer sur les traitements des troubles sexuels s’adressant au couple et à l’individu et dans le cadre d’approches médicalisées.
3La sexologie connaît un renouveau en France au milieu des années soixante-dix, dans le contexte de la mise sur le marché de la contraception orale, de la libéralisation de l’avortement et du développement de l’éducation sexuelle de masse (Giami, 1978). Au plan des idées, la parution en 1966 de l’ouvrage de Masters et Johnson « Human Sexual Response » (traduit en français en 1968, sous la direction de Michel Meignant) a constitué une sorte de « révélation » pour les fondateurs de la sexologie moderne française, du fait de sa centration sur la fonction érotique. Pour les auteurs du Rapport Simon sur le comportement sexuel des Français (Simon, Gondonneau, Mironer, Dourlen-Rollier, 1972), qui se situent dans ce même contexte, la connaissance scientifique de la sexualité allait contribuer au développement de « la santé sexuelle et d’une vie sexuelle libérée des peurs et des contraintes. » (O.M.S., 1975). La Société Française de Sexologie Clinique est fondée en 1974 par cinq médecins (Charles Gellman, Michel Guenkine, Gilbert Tordjemann, Gérard Vallès et Jacques Waynberg). Cette même année voit l’organisation, par Jacqueline Kahn-Nathan et Albert Netter, du premier congrès mondial de sexologie médicale qui allait donner ultérieurement naissance à la World Association of Sexology fondée en 1978. Toujours au cours des années 70, les principaux sexologues français se sont illustrés dans le domaine de l’éducation sexuelle (Kahn-Nathan, Tordjman [2], Verdoux, Cohen, 1973) et l’élaboration des premières bases de la sexologie médicale (Abraham, Pasini, 1975 ; Abraham, Porto, 1978 ; Czyba, 1981 ; Zwang, 1972). Différentes approches sexologiques ont été élaborées à cette époque : thérapies de groupe dans le cadre d’une sexologie humaniste (Meignant, 1975), prise en charge de la sexualité des handicapés (Waynberg, 1981). La Société Française de Sexologie Clinique fonctionne à la fois comme une société savante et un institut de formation. Il s’agit d’une association privée (sans liens universitaires) qui assure la formation des sexologues. L’Institut de Sexologie de Paris est fondé en 1977 par Jacques Waynberg. D’autres associations scientifiques et professionnelles ont été ensuite créées et notamment l’Association Inter-Hospitalo Universitaire de Sexologie (AHIUS) en 1983 et l’Ecole Française de Sexologie qui ont développé l’enseignement de la sexologie en faculté de médecine. On assiste ainsi à l’émergence de deux types de structures professionnelles et scientifiques. D’une part, des associations privées sans liens avec l’Université, ouvertes aux médecins et aux non-médecins et, d’autre part, un regroupement de structures universitaires d’enseignement de la sexologie en faculté de médecine, qui sont aussi ouvertes aux autres membres des professions de santé.
4Deux personnalités majeures incarnent respectivement chacun de ces courants. Gilbert Tordjemann, spécialiste de gynécologie qui exerce en pratique privée, est le principal représentant de la sexologie associative. Il a été à l’origine de la fondation de la Société Française de Sexologie Clinique et de la World Association of Sexology. Il publie principalement des livres destinés au grand public ainsi que des ouvrages spécialisés. Il apparaît fortement dans les medias au cours des années soixante-dix où il s’illustre comme le promoteur de l’éducation sexuelle pour les adolescents. Il applique l’hypnose au traitement des troubles sexuels. Willy Pasini est d’origine italienne ; il enseigne la psychiatrie et la psychologie médicale à l’Université de Genève où existe depuis 1970 un « séminaire facultatif de sexologie clinique ». Il a été chargé d’une mission dans le cadre de l’OMS en 1972 afin de faire un bilan de l’enseignement de la sexologie dans le monde et a contribué à l’élaboration du rapport sur la santé sexuelle (OMS, 1975). Il a travaillé sur la contraception et l’avortement avec d’autres spécialistes. Il est à l’origine de l’AIHUS dont il deviendra le président. Dans une première partie de sa carrière, il publie, en collaboration avec G. Abraham (autre professeur de psychiatrie de Genève) une « Introduction à la sexologie médicale », un ouvrage spécialisé qui constitue le fondement de la sexologie médicale française avant de se lancer dans la rédaction d’ouvrages de vulgarisation destinés au grand public. Ces deux personnalités qui sont des médecins spécialistes ont toutefois développé des stratégies professionnelles différentes, l’un se situant à l’intérieur de l’Université, l’autre en dehors. Ils ont en commun une ouverture internationale, un souci de l’enseignement de la sexologie et une large ouverture sur les media. À la différence de Gilbert Tordjemann qui a créé des associations privées spécifiques, Willy Pasini aura introduit la sexologie médicale dans des institutions telles l’OMS et l’Université [3].
5À de rares exceptions près, les sexologues français ne se sont pas impliqués dans la prévention du VIH-sida, au cours des années 80-90. Au cours de sa période la plus récente, la sexologie française se concentre sur les traitements des troubles sexuels, c’est-à-dire des difficultés qui affectent la fonction érotique de la sexualité (troubles de l’érection, de l’éjaculation, troubles du désir, de l’excitation, frigidité et troubles de l’orgasme) et les problèmes affectifs du couple (cf. Giami, Pietri, 1999).
2. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
6Pour décrire la spécificité de l’exercice de la sexologie en France, il convient d’identifier la structure et les composantes du groupe professionnel des sexologues. Dubar et Tripier définissent le « triple enjeu des professions » comme : « Les professions représentent des formes historiques d’organisation sociale, de catégorisation des activités de travail qui constituent des enjeux politiques (…). [ Elles ] sont aussi des formes historiques d’accomplissement de soi, des cadres d’identification subjective et d’expression des valeurs d’ordre éthique ayant des significations d’ordre culturel (…). [ Elles ] sont, enfin, des formes historiques de coalitions d’acteurs qui défendent leurs intérêts en essayant d’assurer et de maintenir une fermeture de leur marché de travail, un monopole pour leurs activités, une clientèle assurée pour leur service, un emploi stable, et une rémunération élevée, une reconnaissance de leur expertise ». (Dubar, Tripier, 1998, p. 13). Ces mêmes auteurs définissent en outre, les quatre composantes constitutives du terme de profession : l’identité professionnelle, associée à la déclaration de la profession ; la position professionnelle associée à la fonction ; la spécialisation professionnelle qui renvoie à la notion de métier ; la classification professionnelle qui définit l’emploi occupé.
7L’exercice de la sexologie et sa définition comme groupe professionnel posent cependant problème au regard de ces définitions dans la mesure où on y trouve des individus qui viennent de professions différentes et d’associations professionnelles diverses. Il n’existe pas de titre protégé qui unifie le statut professionnel. Par ailleurs, on observe, en France, une prépondérance à la fois quantitative et politique des médecins qui sont eux-mêmes divisés en deux sous-groupes : les médecins généralistes et les spécialistes. Ces derniers occupent fréquemment des positions hospitalouniversitaires. Les membres des autres professions de santé, tels les psychologues, sont souvent définis comme « non-médecins ».
8Dans ce contexte, plusieurs questions se posent. La sexologie est-elle une profession autonome, c’est-à-dire définissant elle-même les critères de sa pratique et de sa légitimité, ou bien est-elle soumise à des déterminations externes ? Quels sont les clivages et la segmentation interne à ce groupe professionnel (médecins versus non-médecins) et quelles en sont les conséquences sur les modalités de la pratique et sa légitimité ainsi que sur l’identité professionnelle de ses membres ? Quelles sont les influences théoriques qui s’exercent sur le groupe professionnel des sexologues, et notamment quelles sont les influences respectives de la psychologie (ou plutôt des approches et des conceptions psychologisantes) et de la médecine ?
9Nos premiers contacts avec les sexologues remontent aux années soixante-dix. Depuis 1996, nous avons mené des observations systématiques dans des conférences et congrès, ce qui nous a permis de nouer des contacts avec les responsables des associations de sexologues. Nous avons pu ainsi réaliser une enquête qui a bénéficié du soutien de ces responsables. Ces derniers étaient intéressés par un « état des lieux » de la sexologie, effectué par une instance indépendante et reconnue au plan scientifique et ce, au moment où le Conseil National de l’Ordre des Médecins était engagé dans un processus de reconnaissance de la formation en sexologie. Les responsables des associations, dûment informés des objectifs de l’enquête et du questionnaire, nous ont autorisés à utiliser leurs annuaires et listes d’adhérents afin de constituer la base de référence de l’enquête. L’article présente les résultats de cette enquête réalisée en 1999 auprès de l’ensemble des personnes se présentant publiquement comme « sexologue » ou « sexothérapeute ». Une dizaine d’entretiens semi-directifs ont, en outre, été réalisés ( cf. encadré page 46).
3. SOCIO-DEMOGRAPHIE DES SEXOLOGUES
3.1. MEDECINS ET NON-MEDECINS
1068 % des sexologues déclarent être docteurs en médecine, 12 % psychologues diplômés et 21 % ont suivi d’autres formations professionnelles. Il s’agit principalement de membres des professions paramédicales, (infirmières, sages-femmes…), d’éducateurs ou d’assistantes sociales. La prépondérance des médecins est donc avérée. La moitié d’entre eux sont des médecins généralistes et l’autre moitié des spécialistes. On observe donc la présence de trois groupes : les médecins généralistes qui représentent 35 % du total, les médecins spécialistes 32 % et les non–médecins 33 %. Parmi les médecins spécialistes, les psychiatres et les gynécologues occupent la part la plus importante. Si l’on s’en tient aux médecins, la proportion des médecins généralistes par rapport aux spécialistes est sensiblement la même pour les sexologues que pour l’ensemble des médecins libéraux. Par contre, les psychiatres (18,4 % contre 5,8 %) et les gynécologues obstétriciens (12,2 % contre 6 %) sont sur-représentés chez les médecins-sexologues (CNAMTS, 1997).
La « base sexologue » permet d’identifier les personnes qui apparaissent dans l’espace public comme « sexologue » sans préjuger de leur qualification, de leur compétence, de leur formation ou de leur reconnaissance professionnelle. Les analyses qui ont été réalisées sur cette base sont donc fondées sur une double approche qui comprend, d’une part, les personnes qui font partie d’une association et bénéficient à ce titre d’une forme de reconnaissance de leur activité professionnelle (70 %) et d’autre part, de celles qui apparaissent uniquement dans l’annuaire téléphonique et dans le guide « Rosenwald » et ne sont donc pas forcément « reconnues » par leurs pairs (30 %).
La non-adhésion à une organisation professionnelle reste possible en France, dans la mesure où les sexologues ne bénéficient pas d’un titre protégé par un statut, contrairement aux médecins, aux psychologues, aux infirmières ou aux sages-femmes.
Sur la base de ces informations, le nombre de personnes qui, à un titre ou un autre, se présentent en 1998 comme « sexologue » dans l’un et/ou l’autre de ces différents annuaires a été estimé à 959. Certaines de ces personnes ont toutefois dû être considérées comme « Hors champ » du point de vue de l’enquête. Il s’agit en particulier de celles qui ont déclaré être retraitées. S’y ajoutent également les personnes ayant déménagé et dont l’adresse n’a pu être retrouvée, ainsi que quelques personnes décédées, et cependant toujours présentes dans les fichiers associatifs.
Sur un plan pratique, le questionnaire (anonyme) ainsi qu’un coupon-réponse (nominatif) ont été envoyés par voie postale à l’ensemble des personnes susceptibles de répondre. Le questionnaire et le coupon, qui demandait, outre le nom et l’adresse, si la personne avait accepté ou non de répondre, les motifs de l’éventuel refus, ainsi que quelques caractéristiques socio-démographiques devaient être renvoyés sous pli séparé, afin de préserver l’anonymat des questionnaires. L’absence de retour des coupons entraînait alors deux relances postales à une dizaine de jours d’intervalle. Une enquête pilote auprès de 100 individus désignés de façon aléatoire a été réalisée en novembre 1998. Le protocole a fait l’objet d’une lettre d’information à la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL).
L’enquête finale a été réalisée auprès des 869 individus qui n’avaient pas participé à l’enquête pilote. 437 questionnaires ont été retournés à l’issue du protocole. Ce qui correspond à un taux réel de réponses de 63 % compte tenu du fait que 176 questionnaires ont été considérés comme « hors champ ». Les 61 questionnaires recueillis lors de l’enquête pilote ont été intégrés dans le corpus final. Ce taux de réponse reflète une forte motivation de la part des sexologues concernant la connaissance de leur profession, à un moment où le champ de la sexologie se trouve en évolution.
REPARTITION DES SEXOLOGUES SELON LE SEXE ET LA PROFESSION D’ORIGINE
REPARTITION DES SEXOLOGUES SELON LE SEXE ET LA PROFESSION D’ORIGINE
3.2. SEXE ET AGE
11Les sexologues sont le plus souvent des hommes (60 % contre 40 % de femmes), mais cette proportion varie fortement selon l’origine professionnelle. Maximale chez les médecins (70 % d’hommes, et plus chez les spécialistes), elle n’est que de 50 % chez les psychologues et de 41 % chez ceux qui ont reçu une autre formation. Notons cependant que le taux de féminisation est plus élevé chez les médecins sexologues (31 %) que chez l’ensemble des médecins exerçant en France (25 %). Au plan structurel, on constate donc que les femmes sont beaucoup plus nombreuses parmi les « non-médecins ». Phénomène que l’on retrouve chez les psychanalystes (Perron, 1990).
12L’âge moyen des sexologues est de 49 ans. On n’observe pas de différence statistiquement significative selon la formation d’origine (médecins, psychologues ou autres formations). Les hommes apparaissent légèrement plus âgés que les femmes. Par ailleurs, si les sexologues de moins de 40 ans ne représentent que 10 % des hommes et 15 % des femmes, la part des plus de 54 ans s’élève à 20 %. Force est de constater qu’avec un âge de moyen de 49 ans et une faible présence des moins de 40 ans, les sexologues apparaissent en moyenne plus âgés que l’ensemble des médecins (46,3 ans pour les hommes et de 43,2 ans pour les femmes). L’âge moyen élevé des sexologues reflète l’influence d’une génération qui a suivi ses études au cours des années soixante-dix à l’époque dite de la « libération sexuelle », dans le contexte de la libéralisation de l’avortement et du développement de la contraception. Par ailleurs, cet âge moyen élevé peut aussi découler du fait que la majorité des sexologues ont suivi leur formation en sexologie après une formation professionnelle initiale. Cette situation témoigne d’un vieillissement général des sexologues et de la faiblesse de la présence de nouvelles générations.
13Les sexologues exercent principalement dans les grandes agglomérations urbaines (plus de 200 000 habitants), dans les régions Ile-de-France, Rhône-Alpes et ProvenceAlpesCôte d’Azur. Ils sont ainsi majoritairement présents dans les régions qui bénéficient de la meilleure couverture médicale.
4. FORMATION EN SEXOLOGIE
14Dans la majorité des cas, l’acquisition d’une formation en sexologie fait suite à une première formation universitaire ou professionnelle (médicale, psychologique, ou dans les autres professions de santé). La formation en sexologie ne se réduit pas à l’obtention d’un diplôme. Elle comporte différentes dimensions : formation universitaire ou privée (voir plus bas) considérée comme qualifiante, formation continue, participation à des colloques et séminaires. Elle comprend en outre, des expériences personnelles de différentes psychothérapies et des formations aux approches psycho-thérapeutiques ainsi que le suivi d’une « supervision » qui peut avoir lieu à différentes phases de la formation ou de l’exercice professionnel.
4.1. FORMATION ET DIPLOME EN SEXOLOGIE
15Plus de 90 % de l’ensemble des sexologues déclarent avoir suivi au moins une formation dont l’intitulé comprenait les termes de « sexologie » ou « sexualité humaine ». Les médecins spécialistes ont un peu moins fréquemment que les généralistes et les non-médecins suivi une formation en sexologie : 85 %, alors que c’est le cas de 95 % des généralistes et des non-médecins. De plus, près de 40 % de l’ensemble des sexologues ont suivi au moins une deuxième formation en sexologie. Dans plus de 85 % des cas, la formation en sexologie a été sanctionnée par l’obtention d’un diplôme, ce qui implique que les trois quarts des sexologues exerçant en France en sont titulaires. Cependant les médecins spécialistes sont moins souvent diplômés en sexologie que les généralistes et les non-médecins.
16Seuls 20 % des répondants déclarent avoir commencé à prendre en charge des patients pour des troubles sexuels avant d’avoir entrepris une formation en sexologie, ou en l’absence de celle-ci. Cette proportion est plus importante parmi les médecins spécialistes qui sont par ailleurs les plus nombreux à n’avoir pas suivi de formation en sexologie, alors qu’il n’y a pas de différence sur ce point entre les généralistes et les non-médecins. Globalement, la formation spécifique en sexologie semble avoir plus d’importance pour les non-médecins et les médecins généralistes (ceux qui n’ont pas de spécialité médicale), qui apparaissent beaucoup plus à la recherche d’une reconnaissance de leur activité en sexologie et en quête de légitimité que les médecins spécialistes.
4.2. FORMATION AUX APPROCHES PSYCHOTHERAPEUTIQUES
17L’expérience personnelle d’une psychothérapie constitue l’un des éléments fondamentaux de la formation d’un psychothérapeute, formation complétée par une période de supervision.
18Près de 90 % des sexologues déclarent avoir suivi au moins une formation à une approche thérapeutique, complémentaire à leur formation en sexologie et à leur formation d’origine [4].
FORMATION AUX APPROCHES THERAPEUTIQUES SELON LA PROFESSION D’ORIGINE
FORMATION AUX APPROCHES THERAPEUTIQUES SELON LA PROFESSION D’ORIGINE
19La grande majorité des sexologues a suivi au moins une formation dans une approche psychothérapeutique. Les psychothérapies de différentes sortes constituent ainsi l’approche principale dans laquelle les sexologues (médecins et non-médecins) se sont formés, en complément à leur formation initiale et à leur formation en sexologie. Cependant, les sexologues non-médecins et, parmi les médecins, les généralistes ont plus fréquemment suivi ce type de formation que les médecins spécialistes. La sophrologie et la relaxation (près de 50 %) et les approches psycho-corporelles (près de 40 %) comprenant notamment la bioénergie viennent en second plan pour l’ensemble des sexologues (et surtout pour les non-médecins). Cet engouement pour les approches corporelles, surtout chez les non-médecins, peut refléter leur intérêt pour le corps - le corps émotionnel - aussi bien que leur adhésion aux idéologies de la « libération sexuelle ».
20De plus, les deux tiers des sexologues interrogés déclarent avoir suivi une psychanalyse ou une psychothérapie personnelle, et ce d’autant plus qu’ils n’ont pas de formation médicale (soit près de 80 % des psychologues). Cette situation confirme l’influence des psychothérapies, et dans une moindre mesure de la psychanalyse chez tous les sexologues.
4.3. SUPERVISION
21L’expérience d’une supervision en cours de formation et au cours de la pratique professionnelle constitue pour les sexologues de pays comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni, une exigence inscrite dans les codes de déontologie auxquels souscrivent les professionnels. Pour l’American Association of Sex Educators, Councelors, and Therapists (AASECT), l’expérience d’une psychothérapie personnelle ne peut se substituer à une supervision qui est très précisément codifiée en nombre d’heures, et en type de méthode de travail. La supervision doit être individuelle et se dérouler en face-à-face. La qualification du superviseur est aussi très co-difiée : « La supervision du travail clinique constitue la clef de voûte de l’acquisition de la certification. C’est là que le thérapeute peut faire la preuve de sa compétence clinique ». Pour la British Association of Sexual and Marital Therapy (BASMT ), la supervision est définie comme « ce qui permet au praticien de maintenir et d’améliorer une compétence éthique, ses connaissances, ses compétences, la confiance en lui-même et la créativité nécessaires afin de rendre à ses clients le meilleur service possible… C’est là où on peut vraiment se rendre compte si un professionnel a les compétences cliniques ». Elle est incontournable : c’est le pivot de la formation de sexologue et sa nécessité est inscrite dans les textes officiels qui régissent la certification de la profession.
22En France, les trois quarts des sexologues ont suivi au moins une supervision, individuelle ou de groupe. Cette proportion est plus élevée chez les non-médecins (plus de 85 %). Par contre près d’un tiers des spécialistes n’ont pas suivi de supervision, ce qui peut refléter une orientation plus somaticienne. Cette situation confirme en outre le degré moins élevé de formation en sexologie des médecins spécialistes.
23Ces résultats démontrent le degré élevé de qualification professionnelle de l’ensemble des sexologues et la relative homogénéité de leur formation au plan de la durée, quelle que soit la structure dans laquelle ils ont suivi leur formation. Un léger clivage semble opposer les médecins, qui se sont en majorité formés dans des structures universitaires, aux non-médecins qui ont plutôt suivi leur formation dans des structures associatives privées. Cette situation peut s’expliquer par le fait que les formations universitaires en sexologie sont délivrées en Faculté de médecine et qu’il n’existe pas de formation en sexologie dans les facultés de Lettres et de Sciences Humaines (Giami, 1999). Par ailleurs, ces résultats mettent en évidence le fait que les femmes et les non-médecins ont plus fréquemment que les médecins et, a fortiori les médecins spécialistes, acquis un ou deux diplômes en sexologie, suivi une psychothérapie ou une psychanalyse personnelle ainsi qu’une supervision. Compte tenu de l’importance des formations et des méthodes d’intervention de type psychothérapeutique utilisées par les sexologues et des normes déontologiques internationales concernant la qualification des sexologues, la proportion des sexologues ayant suivi une supervision apparaît néanmoins faible. La supervision ne constitue pas une obligation dans la formation ou la qualification professionnelle des sexologues qui exercent en France. En outre, près de 30 % des médecins spécialistes déclarent avoir commencé à prendre en charge des patients pour des troubles sexuels avant d’avoir suivi une formation en sexologie contre près de 16 % des non-médecins et des médecins généralistes.
24L’analyse des modes de formation en sexologie (qu’il s’agisse du diplôme, de la supervision ou de la formation aux approches thérapeutiques) confirme l’hypothèse d’une segmentation du groupe professionnel des sexologues en trois sous-groupes. La légitimité de l’exercice de la sexologie par les non-médecins semble ainsi exiger de leur part un niveau de formation plus élevé et plus approfondi que pour les médecins. Les médecins généralistes se trouvent à leur tour dans la même situation d’avoir à légitimer leur exercice par rapport aux médecins spécialistes. L’exercice de la sexologie semble donc beaucoup plus dériver d’une spécialisation médicale (en psychiatrie ou en gynécologie) antérieure pour les médecins spécialistes et reposer sur l’acquisition d’une forme de spécialisation secondaire pour les médecins généralistes et les non-médecins. Cette situation met en évidence que la sexologie reste encore une discipline peu autonome et dépendante de la psychiatrie ou de la gynécologie (et actuellement de plus en plus de l’urologie) en tant que spécialités médicales autorisant à la prise en charge des troubles de la sexualité.
25En dépit de l’importance de la formation en sexologie acquise par les non-médecins, la légitimité de leur exercice dans ce domaine n’est pas pleinement reconnue ni acceptée par leurs homologues médecins.
OPINIONS SUR LA LEGITIMITE DE L’EXERCICE DE LA SEXOLOGIE
OPINIONS SUR LA LEGITIMITE DE L’EXERCICE DE LA SEXOLOGIE
26La majorité des médecins se déclarent « tout à fait d’accord » avec l’idée selon laquelle il « vaut mieux être médecin pour prendre en charge des difficultés sexuelles », alors que la grande majorité des non-médecins considèrent que cela n’est pas nécessaire, voire que « c’est sans importance ». Les médecins et les non-médecins divergent quant à leurs opinions sur la légitimité des différents acteurs à exercer la sexologie. Ces opinions différentes mettent en évidence que le clivage principal du groupe professionnel des sexologues repose sur la qualification médicale. Ce clivage est en outre renforcé par le fait que les médecins constituent la grande majorité de ce groupe professionnel.
5. L’IDENTITE PROFESSIONNELLE DES SEXOLOGUES
27L’identité professionnelle des membres des professions de santé résulte d’un ensemble complexe associant des motivations personnelles envers un domaine ou une profession qui seraient à l’origine d’un choix professionnel (la « vocation ») et des dimensions sociales ou bureaucratiques qui assurent la reconnaissance et la légitimité de la pratique. L’engagement dans une formation, l’obtention d’une qualification et l’acquisition d’un diplôme et d’un titre contribuent à la reconnaissance sociale et à la légitimité de l’exercice professionnel. Par la suite, l’expérience de la pratique contribue à l’élaboration et à l’affirmation de l’identité professionnelle (Déchamp-Leroux, 1994). Dans les sociétés contemporaines développées, dotées d’une organisation sociale complexe, les professions de santé sont incluses dans un système bureaucratique (Aïach, Fassin, 1994). L’identité professionnelle comprend ainsi des dimensions subjectives et des dimensions sociales et symboliques qui peuvent se renforcer mutuellement.
28La sexologie est, en outre, un champ professionnel aux contours mal définis et qui est souvent l’objet de préjugés et de stéréotypes négatifs. Des individus ayant des formations et des identités professionnelles très différentes composent son univers. La reconnaissance sociale et professionnelle de la sexologie française est actuellement en pleine évolution. Les médecins sont en cours d’obtention d’une reconnaissance officielle de leur formation par l’Ordre National des Médecins. Nous avons tenté de comprendre comment les sexologues vivent subjectivement leur identité professionnelle et quel rapport ils entretiennent avec leur profession, toujours en fonction de leur formation d’origine.
29Rappelons, tout d’abord, que la population de référence des sexologues a été constituée à partir des annuaires des cinq principales associations professionnelles de sexologues, de l’annuaire médical « Rosenwald » et de l’annuaire téléphonique. L’affichage public de l’exercice de la sexologie repose donc sur une démarche volontaire d’adhésion à une société professionnelle ou scientifique qui affiche la sexologie dans son intitulé ou sur une auto-reconnaissance comme sexologue pour figurer dans l’annuaire téléphonique ou le guide médical « Rosenwald ». L’ensemble de ces individus (c’est-à-dire l’ensemble de la base de la recherche) ont été définis comme ceux qui « s’affichent » comme sexologue.
30Les réponses obtenues aux différentes questions concernant l’identité professionnelle de sexologue apportent des nuances à cet « affichage » de l’identité de sexologue et font apparaître la complexité de l’identité professionnelle des sexologues en France. Cette situation est encore plus complexe dans la mesure où une partie des « sexologues » s’affichent comme « sexothérapeutes ». Nous avons ainsi distingué parmi l’ensemble de ceux qui « s’affichent » comme sexologues, ceux qui « se reconnaissent ‘avant tout’ comme sexologue ou sexothérapeute » (le versant subjectif des dispositions professionnelles) et ceux qui « déclarent exercer la profession de sexologue » (le versant objectivé). Nous avons enfin pris en compte la part de l’activité professionnelle consacrée à la sexologie.
5.1. SE RECONNAITRE COMME SEXOLOGUE
31Soixante-dix pour cent des personnes interrogées se reconnaissent « avant tout » comme « sexologue » ou comme « sexothérapeute ». Cette auto-reconnaissance professionnelle est davantage exprimée par les non-médecins et les médecins généralistes que par les médecins spécialistes.
SE RECONNAITRE « AVANT TOUT » COMME SEXOLOGUE OU SEXOTHERAPEUTE
SE RECONNAITRE « AVANT TOUT » COMME SEXOLOGUE OU SEXOTHERAPEUTE
32Si l’on analyse plus finement les données, en distinguant ceux qui se reconnaissent comme « sexologue » ou comme « sexothérapeute », on constate que les non-médecins se reconnaissent beaucoup plus fréquemment, comme « sexothérapeute » que comme « sexologue ». Par contre, les médecins généralistes sont ceux qui se reconnaissent le plus fréquemment comme « sexologue ». L’appellation de « sexologue » semble donc être plus fréquemment revendiquée par les médecins (et a fortiori les généralistes) que les non-médecins. Certains médecins proposent en outre de s’intituler « médecin-sexologue » (Brenot, 1994). Inversement les médecins spécialistes sont les plus nombreux à ne se déclarer ni sexologue ni sexothérapeute, cependant que les psychologues sont les plus nombreux à se reconnaître à la fois comme sexologue et sexothérapeute.
5.2. DECLARER EXERCER LA PROFESSION DE SEXOLOGUE
33Examinons maintenant comment se concrétise cette auto-reconnaissance. Parmi les répondants qui se reconnaissent « avant tout » comme « sexologue » ou « sexothérapeute », 19 % seulement déclarent « exercer la profession de sexologue ». On observe ainsi un décalage entre la dimension subjective de l’auto-reconnaissance comme sexologue et l’affirmation selon laquelle on exerce la profession de sexologue. L’écart entre la « reconnaissance » et la « déclaration » apparaît beaucoup plus marqué chez les médecins que les non-médecins et chez les hommes que les femmes. Les médecins spécialistes qui étaient déjà les moins nombreux à se reconnaître « avant tout » comme sexologues sont également les moins nombreux à déclarer exercer la profession de sexologue. Globalement, l’identité de sexologue apparaît ainsi beaucoup plus comme une composante subjective, un intérêt et une compétence acquise que comme une « profession déclarée ».
34Il semble donc que l’auto-reconnaissance et la déclaration d’exercer la profession de sexologue (ou de sexothérapeute) sont beaucoup plus répandues chez les non-médecins et les médecins généralistes. La sexologie pourrait ainsi constituer un bénéfice de statut plus important pour ces deux groupes que pour les médecins spécialistes.
« SE RECONNAITRE AVANT TOUT COMME SEXOLOGUE OU SEXOTHERAPEUTE »
« SE RECONNAITRE AVANT TOUT COMME SEXOLOGUE OU SEXOTHERAPEUTE »
5.3. PART DE L’ACTIVITE CONSACREE A LA SEXOLOGIE
35Compte tenu de l’importance de l’investissement personnel et professionnel consenti par la majorité des sexologues dans leurs multiples formations, il est surprenant de constater que la sexologie ne représente qu’une faible partie de l’activité professionnelle de la majorité d’entre eux. En effet, plus de la moitié des médecins (mais seulement le tiers des psychologues et 40 % des individus ayant d’autres formations d’origine) ont estimé que la sexologie occupe moins de 25 % de leur activité totale. À l’inverse, 20 % des répondants ont déclaré consacrer plus de 75 % de leur activité professionnelle à la sexologie. Les non-médecins et les médecins généralistes consacrent une part plus importante de leur activité professionnelle à la sexologie que les médecins spécialistes.
36Quelles sont les relations entre l’auto-reconnaissance de l’identité de sexologue, la déclaration d’exercer cette profession et la part de l’activité professionnelle consacrée à la sexologie ? Le fait de se « reconnaître » comme sexologue n’est pas associé à un exercice exclusif ou important de la sexologie. Par contre, le fait de « déclarer exercer la profession de sexologue » constitue le meilleur prédicteur d’un exercice exclusif ou important de la sexologie.
PART DE L’ACTIVITE PROFESSIONNELLE CONSACREE A LA SEXOLOGIE
PART DE L’ACTIVITE PROFESSIONNELLE CONSACREE A LA SEXOLOGIE
37On se trouve donc bien loin du mythe des grandes figures de Kinsey ou de Masters [5] et Johnson qui dépeignait les pionniers de la sexologie moderne comme ayant consacré leur vie à la sexologie (Robinson, 1976). En France, à l’heure actuelle, la majorité des individus qui « s’affichent » publiquement comme sexologues (dans les différents annuaires) ne consacrent qu’une faible partie de leur activité professionnelle à la sexologie. Globalement, les sexologues constituent un regroupement de membres d’un ensemble de professions de santé - et surtout des médecins - qui ont acquis une formation importante dans le champ de la sexualité et de la sexologie, qui continuent à exercer l’activité professionnelle qui correspond à leur formation d’origine tout en consacrant une partie de celle-ci à la sexologie. L’évaluation de la part de l’activité professionnelle consacrée à la sexologie permet de mieux comprendre les écarts importants observés entre l’auto-reconnaissance et la « déclaration ». La demande de traitement des troubles ne serait-elle, pour l’instant, pas assez importante en France, contrairement à d’autres pays comme les États-Unis, pour orienter ces professionnels vers un exercice exclusif de la sexologie ? Par ailleurs, en termes de statut ou de prestige professionnel, il est intéressant de noter que même si la majorité des médecins spécialistes se « reconnaît » comme « sexologue », une très faible minorité d’entre eux déclare exercer la profession de sexologue. La reconnaissance subjective semble, dans ce cas, être plus importante que la reconnaissance sociale.
6. LA PRATIQUE CLINIQUE
38Les sexologues interrogés sont principalement des cliniciens. Les autres dimensions de la pratique en sexologie, la recherche, la formation ou l’enseignement occupent une part beaucoup moins importante au sein de leur exercice professionnel considéré dans sa globalité.
6.1. CADRE ET MODALITES DE L’EXERCICE PROFESSIONNEL
39La majorité des répondants exercent leur profession dans un cadre libéral (62 %). Moins de 10 % d’entre eux exercent uniquement dans un cadre salarié.
40Plus de 80 % des répondants déclarent que leurs consultations en sexologie durent au moins une demi-heure (12 % déclarent même que celles-ci durent au moins une heure). Il s’agit donc de consultations longues. Les non-médecins déclarent plus fréquemment des durées de consultation supérieures à une demi-heure.
41Le nombre de consultations dont bénéficie un patient est, également, relativement important : les deux tiers des répondants affirment suivre habituellement leurs patients sur plus de quatre consultations. Les non-médecins déclarent plus fréquemment pratiquer des prises en charge longues que les médecins.
42Les sexologues répondent principalement à des motifs de consultation pour troubles sexuels (éjaculation précoce et impuissance, pour les hommes ; perte de désir, absence d’orgasme, insatisfaction face à leur vie sexuelle, et frigidité, pour les femmes), et à des « problèmes relationnels et affectifs » pour les hommes et les femmes. Les sexologues ont élaboré des théories étiologiques des troubles qui affectent leur clientèle avec une différence en ce qui concerne les troubles sexuels des hommes et des femmes. 46 % des répondants considèrent que les troubles sexuels des hommes ont une origine « totalement ou plutôt psychologique » et 63 % d’entre eux partagent cette conception lorsqu’il s’agit des troubles sexuels féminins. Près de 40 % des répondants attribuent une étiologie multifactorielle (psychologique et organique) aux troubles sexuels masculins et seulement 22 % d’entre eux aux troubles sexuels féminins. On retrouve là le reflet d’une conception de sens commun selon laquelle la sexualité féminine serait de nature plus « psychologique » que la sexualité masculine. Ces conceptions étiologiques qui associent à des degrés divers les facteurs psychologiques et organiques trouvent leur traduction pratique dans les pratiques diagnostiques et thérapeutiques.
6.2. LES PRATIQUES DIAGNOSTIQUES
43Le diagnostic sexologique inclut plusieurs dimensions. Il comporte des pratiques psychologiques (bilan de la vie sexuelle, et bilan psychologique général), des examens cliniques somatiques, des examens biologiques de laboratoire, et des tests de vérification du fonctionnement érectile. Dans certains cas, le recours aux compétences d’un correspondant peut s’avérer nécessaire pour les non-médecins qui demanderaient un examen clinique général ou spécialisé et pour les médecins qui jugeraient utile de faire procéder à des examens de laboratoire. Plus des trois quarts des sexologues interrogés déclare « avoir recours, lors du diagnostic ou du traitement, aux compétences d’un correspondant d’une autre spécialité que la leur ». Les médecins généralistes sont beaucoup moins nombreux à avoir recours aux compétences d’un correspondant que l’ensemble des deux autres groupes (non-médecins et spécialistes).
44La majorité des répondants (près de 60 %), quelle que soit leur origine professionnelle, font ou font faire « souvent ou très souvent » un bilan de la vie sexuelle. Une forte minorité déclare pratiquer « souvent ou très souvent » un bilan psychologique, les non-médecins un peu plus que les médecins (40 % contre 34 %).
EXAMENS PRATIQUES POUR ETABLIR LE DIAGNOSTIC PAR SOI - MEME
EXAMENS PRATIQUES POUR ETABLIR LE DIAGNOSTIC PAR SOI - MEME
45La réalisation du diagnostic présente cependant des différences selon que l’on est médecin ou non-médecin. D’une part, près de 60 % des médecins généralistes et 50 % des spécialistes ont recours « souvent ou très souvent » à un examen clinique général, et plus d’un tiers d’entre eux à des examens cliniques spécialisés (gynécologiques et andrologiques). Plus d’un tiers d’entre eux font faire un bilan hormonal ou biologique (les spécialistes plus fréquemment que les généralistes). Une minorité des médecins pratique les tests par Injection Intra Caverneuse (IIC) (26 %) et demandent un bilan cardio-vasculaire (20 %) « souvent ou très souvent ». Les autres tests biologiques ou fonctionnels sont pratiqués « souvent ou très souvent » par moins de 10 % des médecins et des non-médecins.
6.3. LES MODES D’INTERVENTION THERAPEUTIQUE
46Les interventions thérapeutiques que déclarent pratiquer plus de la moitié des sexologues sont, par ordre de fréquence décroissante, les thérapies de couple, le conseil conjugal, les psychothérapies et en particulier celles qui sont dites de « soutien » (mais pas les thérapies d’inspiration analytique) et les sexothérapies de type Masters et Johnson. Viennent ensuite, pratiquées par au moins le quart de l’échantillon, les techniques de relaxation ou de sophrologie, les thérapies comportementales, les psychothérapies analytiques, et les injections intracaverneuses. Proche de ce seuil de 25 % on trouve enfin les approches psychocorporelles (telle la bio-énergie) et l’hypnose. Il importe de noter que les thérapies de couple constituent l’approche thérapeutique la plus fréquemment pratiquée, ce qui confirme l’intérêt des sexologues pour le couple et pour les types d’activité sexuelle « normales » contrairement aux sexologues de la fin du XIXe siècle qui s’intéressaient beaucoup plus aux « perversions sexuelles » et à leur traitement.
INTERVENTIONS PRATIQUEES PAR LES SEXOLOGUES SELON LA PROFESSION D’ORIGINE
INTERVENTIONS PRATIQUEES PAR LES SEXOLOGUES SELON LA PROFESSION D’ORIGINE
47L’origine professionnelle des sexologues influence le choix des approches thérapeutiques. À titre d’exemple, les thérapies de couple et les psychothérapies de soutien sont davantage pratiquées par les psychologues et dans une moindre mesure par les médecins généralistes que par les membres des autres catégories professionnelles. Les autres types de psychothérapies (et notamment la psychanalyse) et l’hypnose sont plus fréquemment pratiquées par les psychologues que par les médecins. Par contre, les thérapies comportementales (qui visent à traiter le symptôme) sont plus souvent pratiquées par les médecins et les non-psychologues que par les psychologues. Globalement, les médecins et les « non-psychologues » préfèrent utiliser des thérapies dites brèves et centrées sur le symptôme alors que les psychologues préfèrent des traitements de plus longue durée et qui visent à traiter en profondeur les causes du symptôme (la relation de couple, ou le recours à la méthode psychanalytique).
48Les techniques de relaxation, les approches psychocorporelles et la gestaltthérapie semblent davantage pratiquées par les non-médecins. Les techniques chirurgicales ou les IIC sont bien évidemment presque du seul ressort des médecins et plus fréquemment pratiquées par les hommes. Plus d’un médecin sur deux pratique les injections intracaverneuses. À la date de l’enquête, le Viagra (qui a fait l’objet d’une autre question) était prescrit principalement par les médecins spécialistes et dans une moindre mesure par les omnipraticiens.
49Globalement, les approches de type psychothérapeutique constituent ainsi de loin les principaux traitements utilisés par la majorité des sexologues. Les médecinssexologues y associent fréquemment les traitements pharmacologiques. Les médecins disposent ainsi d’une offre de traitements beaucoup plus diversifiée que les non-médecins, auxquels la prescription de médicaments n’est pas accessible.
CONCLUSIONS
50Les résultats de notre enquête confirment l’hypothèse selon laquelle les sexologues exerçant en France constituent un groupe professionnel relativement structuré par l’existence de plusieurs associations qui contribuent à des degrés divers à l’organisation de la formation, à la formulation des règles déontologiques et à l’organisation de manifestations scientifiques et professionnelles. Il faut noter à ce propos que le congrès mondial de la World Association of Sexology (organisé à Paris en juin 2001) a impulsé une dynamique de collaboration entre les principales associations de sexologues qui en sont les co-organisatrices, sous la houlette du président de la Société Française de Sexologie Clinique. Le groupe professionnel des sexologues apparaît en outre relativement homogène au plan de la formation et de la pratique. L’ensemble des sexologues acquiert des formations similaires, dans les mêmes organismes reconnus et de nombreuses formations aux approches psychothérapeutiques et psycho-corporelles. La majorité d’entre eux a, par ailleurs, fait une analyse ou une thérapie personnelle et participé à une supervision. Les sexologues exercent principalement en pratique libérale et la majorité d’entre eux propose des consultations d’une durée moyenne d’une demi-heure avec un suivi moyen des patients qui s’étend sur quatre consultations. Cette homogénéité n’exclut pas la complémentarité entre les différentes composantes. Les sexologues ont souvent recours aux compétences d’un correspondant lors de l’établissement du diagnostic et les principaux traitements qui sont mis en oeuvre sont d’inspiration psychothérapeutique.
51Cependant, la structuration du groupe professionnel des sexologues ne suffit pas à assurer l’autonomisation de la pratique sexologique. Pour près de la moitié des sexologues, la sexologie ne constitue qu’une faible partie de leur activité professionnelle (moins de 25 % de leur activité totale). Ceci peut aider à comprendre pourquoi une minorité d’entre eux (moins de 20 %) ont déclaré exercer la profession de sexologue, même si 70 % se considèrent « avant tout comme sexologue ou sexothérapeute ». L’affichage public comme « sexologue » mesuré à partir de l’adhésion à une ou plusieurs associations professionnelles ou à l’inscription dans l’annuaire téléphonique ne renvoie donc ni à une activité principale dans ce domaine ni à une identité professionnelle pleinement endossée. Dans ce contexte, il apparaît que la formation professionnelle et scientifique en sexologie et l’expérience personnelle résultant de la pratique constituent bien plus, pour la majorité des sexologues, une spécialisation dans leur domaine professionnel - la médecine ou la psychologie -, voire même un état d’esprit, plutôt qu’une pratique exclusive, laquelle ne concerne qu’un cinquième des sexologues.
52La question de l’autonomie de la sexologie se pose également par rapport aux institutions. La pratique clinique de la sexologie reste déterminée par la principale institution médicale française, le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) qui reconnaît la légitimité des formations et des compétences requises et qui a le pouvoir de restreindre la pratique de la sexologie aux seuls médecins. En juin 1995, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a donné une définition de la sexologie : « pratique psycho-médicale nécessitant une approche globale de l’homme, suivie souvent d’une prise en charge pluridisciplinaire, la sexologie s’inscrit dans l’évolution de nos sociétés ». Lors de sa session d’Avril 1997, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a reconnu « en tant que titre le Diplôme Inter universitaire de Sexologie ». Pour le moment, ce diplôme « n’est ni une qualification, ni une capacité ». Les circulaires du CNO (n°98.009 et 98.018) autorisent les médecins titulaires d’un Diplôme Inter universitaire de Sexologie, à utiliser le titre de sexologue « sur leurs ordonnances et leurs plaques ». Cette disposition vaut aussi pour l’inclusion dans l’annuaire téléphonique professionnel. À la suite de cette reconnaissance par l’Ordre National des Médecins, l’AIHUS a chargé le Conseil de Coordination Pédagogique inter universitaire du Diplôme Inter-Universitaire (D.I.U.) de sexologie de valider les acquis des titulaires des diplômes universitaires (ou non) de sexologie, dans le cadre des mesures transitoires. Cette procédure s’applique aux seuls titulaires d’un doctorat en médecine. Les non-médecins qui suivent leur formation dans le cadre du D.I.U. de sexologie ne peuvent plus obtenir un diplôme équivalent à celui des médecins et reçoivent en fin de cursus une attestation d’études en « sexualité humaine ». Cette situation nouvelle est à même de modifier les équilibres existant actuellement entre les représentants des différentes disciplines et professions qui exercent dans le champ de la sexologie.
53L’autonomie limitée de la sexologie par rapport au Conseil National de l’Ordre des Médecins détermine et renforce la segmentation du groupe professionnel des sexologues au détriment des non-médecins. Le problème du statut et de l’exercice professionnel des « sexologues non-médecins » est donc posé. Les psychologues dont la formation est délivrée en faculté de Lettres et de Sciences Humaines, et sanctionnée par un diplôme professionnel national qui seul autorise l’utilisation du titre de psychologue, ne bénéficient pas d’une formation en sexologie dans leur champ académique. Les psychologues titulaires d’un diplôme en sexologie ont suivi leur formation dans le cadre d’associations d’enseignement privées ou en faculté de Médecine, ce qui peut avoir comme conséquence, à terme, de remettre en cause leur autonomie professionnelle (Giami, 1999). Enfin, près de la moitié des médecins considèrent qu’il « vaut mieux être médecin pour prendre en charge des difficultés sexuelles » alors que la grande majorité des non-médecins considèrent qu’on « peut ne pas être médecin » ou que « c’est sans importance ». La majorité des médecins ne reconnaît donc pas la légitimité des non-médecins pour exercer la sexologie. Cette conception semble être intériorisée par les non-médecins qui sont plus nombreux à se reconnaître comme sexothérapeutes que comme sexologues, alors que les médecins généralistes préfèrent se reconnaître comme sexologue.
54La segmentation du groupe professionnel des sexologues, marquée par la prédominance des médecins, est cependant associée à une très forte influence de la psychologie et des psychothérapies (et même de la psychanalyse) qui se concrétise au niveau des formations, des conceptions étiologiques des troubles sexuels, des pratiques diagnostiques et thérapeutiques. La pratique de la sexologie constitue ainsi une forme de pratique médicale des différentes formes de psychothérapie. Les médecins disposent en outre de la possibilité de prescrire des médicaments et peuvent de ce fait offrir des services plus diversifiés à leur clientèle. Ils bénéficient de la prise en charge de leurs consultations par l’Assurance-Maladie, ce dont les non-médecins ne bénéficient pas.
55Cette situation contient les germes de l’accroissement du clivage entre les médecins et les non-médecins du fait de différentes évolutions en cours.
56La prise en charge des troubles sexuels connaît actuellement une évolution importante, du fait de l’apparition de nouveaux médicaments de l’impuissance masculine qui ont fait la preuve de leur efficacité (Giami, Pietri, 1999). L’enquête a été réalisée au moment même où le Viagra était mis sur le marché en France (automne 1998), entraînant au cours des mois qui ont suivi un développement spectaculaire de la prescription de ce médicament par les médecins généralistes (source, Pfizer-Thalès, Janvier 1999). Cette situation est à même de modifier les équilibres existant dans le monde de la sexologie, dans le sens d’une plus grande médicalisation de la prise en charge des troubles de la sexualité (Bajos, Bozon, 1999 ; Giami, 2000), pouvant se traduire notamment par un reflux des approches psychothérapeutiques qui se traduirait par une diminution du recours à des psychologues et de l’utilisation des psycho-sexothérapies par les médecins.
57Le groupe professionnel des sexologues est donc actuellement en proie à des évolutions institutionnelles (reconnaissance de la formation pour les médecins) et à des évolutions scientifiques et techniques (la mise au point de médicaments pour les troubles sexuels) qui peuvent encore accroître la prédominance des médecins et des approches plus médicalisées (Tiefer, 1996) au détriment des non-médecins.
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Notes
-
[1]
Cette recherche a reçu le soutien des laboratoires Pfizer France (Convention Inserm/Pfizer n° 98169).
-
[2]
Tordjman est le nom de plume de Gilbert Tordjemann.
-
[3]
L’histoire de la sexologie française fera l’objet d’une prochaine publication.
-
[4]
Le questionnaire ne comprenait pas de question sur une formation spécifique en « sexothérapie », dans la mesure où nous avons supposé qu’une telle formation était incluse dans la formation en sexologie.
-
[5]
William Masters est décédé le 16 février 2001, à Tucson (Arizona) à l’âge de 85 ans.