Sociétés 2008/1 n° 99

Couverture de SOC_099

Article de revue

Femmes africaines, migration et travail du sexe

Pages 91 à 106

Notes

  • [1]
    Wijers (Marjan), “Women, Labour and Migration. The position of trafficked women and strategies for support”, in Global Sex Workers. Rights, Resistance, and Redefinition, Kempadoo Kamala et Doezema Jo, Londres, Routledge, 1998, p. 69-78 – Wijers (Marjan), “Keep your women home : European Union Policies on Trafficking in Women”, in Mariagrazia Rossilli ed., Gender Policies in the European Union, New York, Peter Lang, 1999, p. 209-29 – Doezema (Jo), « Loose Women or lost Women ? The re-emergence of the Myth of White Slavery in Contemporary Discourses of Trafficking in Women », Gender issues, vol. 18, n° 1, New Brunswick, NJ, 2000, Transaction periodical consortium Rutgers University, http:// www. nswp. org – Blanchet (Thérèse), « Beyond Boundaries : A critical Look at Women Labour Migration and the Trafficking », Drishti research center, submitted to USAID, Dhaka, April 2002, http:// www. nswp. org – Berman (Jacqueline), « (Un) Popular strangers and crises (Un) Bounded : Discourses of sex-trafficking, The European Political Community and the panicked state of the modern state», in European Journal of international relations, sage publications and ECPR, vol. 9 (1), 2003, p. 37-86 – Guillemaut (Françoise), Femmes et migrations en Europe. Stratégies et empowerment, Lyon, Cabiria, Le Dragon Lune, 2004. – Guillemaut (Françoise), « Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches », Hommes et migrations, n° 1248, mars-avril 2004, p. 75-87 – Guillemaut (Françoise), « Victimes de trafic ou actrices d’un processus migratoire ? Saisir la voix des femmes migrantes prostituées par la recherche-action », p. 155-173 – Terrains & travaux, n° 10, 2006, p. 157-177 – Danet (Jean) et Guienne (Véronique), Action publique et prostitution, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.
  • [2]
    Aghatise (Esohe), « Réalités et cadre légal de la traite de Nigérianes et d’Européennes de l’Est de l’Italie », in Prostitution : la mondialisation incarnée. Points de vue du Sud (coordonnés par Richard Poulin), Alternatives Sud, vol. XII, 2005, 3, 2005, p. 140.
  • [3]
    Je remercie ici tout particulièrement Barbara Niamke, Patience Puget, Bertine Assambo et Okiemute Agbufu qui m’ont permis de comprendre les mécanismes décrits par les femmes ainsi que les femmes du Cameroun, du Ghana ou du Nigeria qui ont bien voulu me faire confiance et me livrer leurs récits.
  • [4]
    Schutz Samson (Martine), Welzer-Lang (Daniel), Santé communautaire et prostitution : Essai critique sur la parité, Lyon, Dragon Lune, 1999.
  • [5]
    Agustin (Laura), “Alternate ethics, or : Telling lies to researchers”, Research for Sex Work, n° 7, 2004 Sex Workers’ Health, HIV/AIDS, and Ethical Issues in Care and Research : http:// www. nswp. org/ r4sw – Guillemaut (Françoise), « Victimes de trafic ou actrices d’un processus migratoire ? Saisir la voix des femmes migrantes prostituées par la recherche-action », 2006, Terrains & travaux, n° 10, p. 157-177.
  • [6]
    Guillemaut (Françoise) et Caitexa (Luzenir), Femmes et migrations en Europe. Stratégies et empowerment, Lyon, Cabiria, Le Dragon Lune, 2004.
  • [7]
    Guillemaut (Françoise), « Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches », Hommes et migrations, n° 1248, mars-avril 2004, p. 75-87.
  • [8]
    Guillemaut (Françoise), Thèse de sociologie à l’Université Toulouse-le-Mirail (CERS), « Stratégies des femmes en migration : pratiques et pensées minoritaires, repenser les marges au centre », 2007, p. 335-395.
  • [9]
    Ici le mot « communauté » est employé pour désigner un groupe social qui n’a de lien que par le regard extérieur porté sur lui. Les femmes concernées ne forment pas une communauté, même si elles peuvent être en lien entre elles, par petits groupes, en fonction de critères affinitaires ou de critères liés à leur région d’origine, comme c’est le cas pour beaucoup de migrant-e-s en général.
  • [10]
    Guillemaut (Françoise), « Sexe, juju et migrations. Regard anthropologique sur les processus migratoires de femmes africaines en France », à paraître 2008.
  • [11]
    Oso Casas (Laura), « Prostitution et immigration des femmes latino-américaines en Espagne », Les Cahiers du Genre, Travail et Mondialisation, confrontation Nord/Sud, 40/2006, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 92-113.
  • [12]
    Tarrius (Alain), « Les nouvelles migrations de la globalisation par le bas », Cosmopolitiques, n° 11, 2006, p. 41-62.
  • [13]
    Guillemaut (Françoise), Caxeita (Luzenir), Femmes et migrations en Europe…, op. cit.
  • [14]
    Oso Casas (Laura), 2006, « Prostitution et immigration… », op. cit.

1Il semble acquis que les femmes africaines qui se prostituent en France sont victimes du trafic international d’êtres humains et qu’elles sont à la merci de mafias internationales, qui éventuellement les tiennent captives par le biais de rituels magiques.

2Or la réalité est plus complexe, et, si on veut bien prendre la peine de partager un minimum de proximité et de solidarité avec elles, l’on s’aperçoit que les représentations de sens commun sont parfois éloignées de la réalité vécue par ces femmes, et l’on mesure que ces représentations procèdent d’une méconnaissance de l’histoire même des migrations associées au travail du sexe.

3Un certain nombre d’auteur-e-s ont fait la démonstration que les politiques publiques de lutte contre le trafic sont essentiellement destinées à renforcer et à justifier les politiques restrictives de la migration dans l’espace Schengen et à contrôler les mœurs et les corps [1]. Tel n’est pas toutefois l’objet du propos présenté ici qui s’attachera à rendre compte de la vie quotidienne de ces femmes, que l’on considère alternativement comme des victimes absolues [2] ou comme des délinquantes troublant l’ordre et la sécurité publique.

4Les analyses présentées ici se basent sur un temps d’immersion long, en l’occurrence douze années passées à Lyon et six années à Toulouse avec les femmes d’origine africaine (entre 1995 et 2007) et la collaboration quotidienne avec des médiatrices culturelles, femmes issues des pays concernés, ayant pour certaines d’entre elles pratiqué la prostitution au cours de leur processus migratoire [3]. L’observatoire privilégié des pratiques se trouve au sein d’associations de santé communautaire [4] qui travaillent en collaboration et à partir des besoins exprimés par les publics ciblés. Il ne s’agit pas des structures traditionnelles de travail social chargées de lutter contre la prostitution. Ceci évite le biais lié à la dépendance des femmes vis-à-vis des travailleurs sociaux chargés de leur réinsertion alors qu’elles ont perdu leurs ressources liées à la prostitution. La présence des médiatrices culturelles permet de garantir qu’un lien de confiance se tisse avec les femmes ; c’est également leur éclairage qui aide les Blancs à comprendre ce qui pourrait leur échapper. Avec les femmes comme avec les médiatrices, la relation s’inscrit dans le quotidien de la vie professionnelle et sociale. Aussi, les constructions de récits préfabriqués pour convenir à la personne qui interroge, en particulier les instances administratives, policières et judiciaires, n’ont-ils ici pas lieu d’être [5]. À titre d’exemple, nos recherches ont permis de recueillir deux sortes de récits pour une même personne : celui qui est conté aux représentants des autorités (préfecture, police, travailleurs sociaux) et qui correspond au récit d’une victime-type, grâce auquel les femmes espèrent obtenir quelques droits ou subsides, et celui qu’elles nous confient, plus proche de la réalité de l’expérience migratoire vécue. Le second récit est partagé grâce à la complicité établie lors de l’élaboration du premier avec les intervenant-e-s de terrain. Le matériel recueilli provient de récits de vie et de discussions à bâtons rompus avec les femmes sur leur situations, mais aussi sur l’analyse qu’elles en ont et du regard des médiatrices culturelles qui ont développé une réflexivité par rapport à leur propre situation et par rapport au contexte, parce qu’elles se sont trouvées à la charnière entre les « victimes de trafic » et les Blanches (en l’occurrence nous) qui tentions de comprendre comment tout cela s’articulait.

« Pourquoi les filles partent ? Parce que chez nous, il n’y a aucune perspective, si tu n’es pas riche ou si tu ne connais pas quelqu’un de riche ou de proche du pouvoir, tu n’as aucune chance. C’est pareil pour l’école.
À partir du collège, c’est très cher, et personne sauf les riches ne peut payer la scolarité de ses enfants. Tout le monde cherche à partir, garçons et filles »
Aurore, Nigériane.

5Les migrantes ne sont en général pas des jeunes filles naïves, analphabètes, tout juste sorties du village. Nos travaux antérieurs [6] montrent que plus de 60 % des femmes arrivées depuis la fin des années 1990 sont des citadines, qu’elles ont été scolarisées à plus de 80 % (8 % ont fréquenté l’université et 17 % le lycée). Elles expliquent que leur envie de migrer prime sur l’éventuelle répugnance au travail du sexe, et que dans tous les cas elles ne veulent pas être rapatriées.

Les migrantes et les autres

6On distingue souvent dans le milieu de la prostitution les « anciennes » et les autres, ces dernières étant celles dont on suppose qu’elles sont des victimes de trafic. On suppose aussi souvent que les « anciennes » seraient des Françaises qui n’auraient rien à voir avec la migration. Or c’est là une première méprise qui procède d’un mode de classification binaire entre les Françaises et les étrangères, classification calquée sur l’idée des prostitué-e-s libres et celles qui sont sous la contrainte de proxénètes ou de réseaux de trafiquants.

7Un retour sur l’histoire nous apprend que, comme en population générale, il y a eu, dans la prostitution des apports liés à la migration [7] et que les femmes arrivées il y a 10 ou 20 ans ou plus sont à leur tour devenues des « anciennes ». Par exemple, à Marseille, une part importante des « anciennes » qui ont investi le quartier traditionnel de la prostitution, sont des femmes arrivées d’Espagne dans les années 1960-1970.

8Un autre exemple est celui de la communauté des femmes algériennes à Marseille, que nous avons rencontrées entre 1997 et 2000, dans les quartiers de Belsunce et de la porte d’Aix, « les marcheuses ». Ces femmes, chassées par les événements des années de plomb en Algérie, n’ont pas eu d’autre possibilité, en tant que chefs de famille, que de migrer en France. Nous avons estimé leur nombre, entre 1997 et 1999, à plus d’une centaine à Marseille. Avant leur arrivée en France, la plupart d’entre elles avaient un emploi, comme ouvrières dans des usines de confection ou employées dans des administrations. Certaines témoignent que leurs usines ont été brûlées parce que la main-d’œuvre y était féminine, d’autres expliquent qu’elles ont été chassées de leur emploi à cause de la pression des islamistes. La plupart d’entre elles étaient chefs de famille, suite soit au décès de leur conjoint soit à une répudiation. Face à la situation, elles ne pouvaient que sortir du pays. Certaines de ces femmes, parallèlement à leur activité de prostitution, sont aussi des commerçantes, et c’est d’ailleurs ce qu’elles expliquent à leurs proches dans leur pays d’origine.

9Considérant les femmes assumant leur activité de prostitution, on peut faire l’hypothèse que lorsque les conditions de l’immigration et de l’accès au travail étaient moins difficiles, celles qui pratiquaient la prostitution étaient celles qui, entre cette activité et le ménage ou l’usine par exemple, optaient pour la prostitution. La plupart de ces femmes avaient des engagements économiques importants, qui une charge de famille, en particulier déjà pour les étrangères espagnoles par exemple, qui un « mari » dont il fallait assurer le prestige, ce qui était, dans les années 1950-1970 monnaie courante. Le « mari » était en général l’amant. Dans certaines situations, le mari appartenait au monde des « truands », et la femme d’un tel homme bénéficiait elle aussi de beaucoup de prestige et de protection ; l’accord réciproque était, comme dans la société hétérosexuelle de l’époque, un accord de service, l’épouse étant en position subalterne. La valeur d’une femme prostituée se mesurait au prestige économique de son « mari ». Les femmes elles-mêmes adhéraient en majorité à cette norme, comme les femmes dans la société en général se mettaient au service de la carrière de leur mari par l’entretien des enfants, de la famille et des relations sociales. Dans le cas de la prostitution, le « mari » assurait la sécurité en échange du prestige apporté par l’argent, dans le cas des femmes « ordinaires », c’est l’époux qui apportait l’argent en échange du service domestique et de l’appartenance sexuelle exclusive. Les « anciennes » femmes prostituées expliquent d’ailleurs clairement comment, au cours des années 1970-1980, elles se sont émancipées de leurs maris, comme l’ont fait beaucoup de femmes de la société hétérosexuelle ordinaire, quitte à rompre les liens affectifs, et comment, migrantes ou non, elles ont été souvent les pourvoyeuses principales de ressources de leurs familles.

10L’occultation de la place des migrant-e-s dans la prostitution et celle de la prostitution dans les travaux sur l’histoire des migrations nous révèlent combien les situations vécues par les femmes étrangères, de même que leur parole (spécialement si elles sont en dehors des normes du mariage ou du regroupement familial et ne se présentent pas comme des victimes), sont peu documentées, parce qu’elles se heurtent à une conjonction de formes d’oppression et de suppression de leur parole et de leur expérience. Cette occultation n’est pas seulement due au hasard ou au fait que ces femmes ont toujours été minoritaires ; on peut aussi y lire un processus mental et scientifique très bien décrit dans les travaux des black feminists au sujet des Noires américaines, depuis l’esclavage jusqu’à la période contemporaine. Les groupes minoritaires et qui plus est les groupes minoritaires mis au ban des sociétés voient leur propre histoire supprimée par les dominant-e-s [8].

11Parmi les migrations les plus récentes, les femmes arrivées dans les années 1990 sont devenues « les anciennes » de celles qui arrivent actuellement. Ceci est vérifiable dans la « communauté » [9] des femmes africaines comme dans celle des femmes de l’Europe de l’Est.

12À Toulouse ou à Lyon par exemple, certaines d’entre elles, arrivées au début des années 1990, ont fait leur place dans les quartiers des anciennes et en ont adopté les codes. Ainsi, il y a peu, une femme française âgée a dû cesser son activité pendant plusieurs semaines à la suite d’une agression. Les anciennes Africaines du quartier se sont alors cotisées pour lui permettre de subvenir à ses besoins immédiats, ce qui, dans le milieu de la prostitution, relève d’une tradition de solidarité matérielle.

Femmes migrantes africaines et travail du sexe

13Parmi les femmes africaines en France, un certain nombre sont des « anciennes », c’est-à-dire qu’elles ont migré dans les années 1980-1990, en dehors de tout dispositif de passeurs car dans cette période il était encore possible d’obtenir des visas pour la France et de solliciter une régularisation par la suite. Ces anciennes disposent en général d’un titre de séjour, et certaines ont fondé une famille avec laquelle elles vivent. En revanche les femmes arrivées vers la fin des années 1990 ont eu, elles, dans leur majorité recours à des intermédiaires [10]. Leur silence vis-à-vis du dispositif migratoire qu’elles ont utilisé se justifie au moins autant par la loyauté vis-à-vis des intermédiaires ou des passeurs que par la peur ou par la menace exercées par ces dernières-ers. Elles savent, en effet, qu’elles peuvent dénoncer leurs passeurs aux autorités européennes, mais elles savent aussi que, si elles le font, elles perdent plus qu’elles ne gagnent, à la fois parce qu’elles perdent leur source de revenu, passent sous contrôle des autorités françaises (via les travailleurs sociaux) et risquent l’expulsion à plus ou moins long terme, mais aussi parce qu’elle perdent alors le soutien et l’estime de leur communauté en France et dans leur pays. Parmi les femmes africaines, certaines assument leur activité de prostitution, d’autres sortent ou tentent de sortir de cette activité pour des raisons que nous allons examiner ci-dessous.

14Certaines des femmes en effet ont migré en connaissance de cause, soit parce qu’elles sont parties en étant en lien avec d’autres migrantes déjà en Europe, soit parce que la question du travail du sexe a été négociée dans le « contrat » de passage. Leur objectif est alors de rembourser leur dette pour celles qui en ont contracté une, et en parallèle de se constituer un capital et/ou de subvenir aux besoins de leur famille.

15Parallèlement au remboursement de leur dette, elles permettent à leurs familles de se soigner, de poursuivre leurs études, notamment pour leurs frères, sœurs ou enfants, assurant ainsi une mobilité ascendante de la famille, ou encore de monter des commerces ou des entreprises. Laura Oso Casas [11] souligne, concernant les femmes d’Amérique latine en Espagne, que la « pression du foyer transnational » est en cohérence avec le fonctionnement des circuits du travail du sexe, et qu’elle incite les femmes à poursuivre le travail du sexe une fois leur dette payée. Sarah, une « ancienne » par exemple s’est constitué un capital pour sa retraite. Elle a déposé une partie de son argent sur des comptes bancaires en Europe et elle a par ailleurs acheté plusieurs échoppes qu’elle loue dans un marché couvert de la capitale de son pays. Elle a également fait construire sa propre maison, qui héberge une partie de sa famille et elle a permis à sa fille de poursuivre des études supérieures à Londres. Elle aimerait retourner dans son pays pour tenter de s’y réinstaller ; cependant, comme elle ne dispose que d’un titre de séjour d’une année délivré sous formes d’APS (Autorisation provisoire de séjour) successives de trois mois, elle ne peut pas partir sans courir le risque de perdre son droit au séjour en France. Aussi, comme elle n’est pas assez sûre que sa réinstallation soit couronnée de succès, elle préfère rester en France avec un titre de séjour précaire. Elle sait qu’elle devra arrêter son travail dans quelques années, mais, dit-elle, « tant que je suis encore en forme, je continue pour m’assurer un bon niveau de vie ».

16En deux ans, Aurore, qui est arrivée en 2000 a permis à sa mère de monter une petite entreprise qui emploie deux personnes. Avant que ne se pose pour elle la nécessité de se protéger de l’expulsion par le mariage, elle avait des projets d’investissement pour elle en vue de son retour. Mais son mariage et les conditions posées par son époux l’ont incitée à arrêter son travail. Si sa mère a pu monter une affaire grâce à elle, il n’est pas sûr pour le moment qu’elle puisse mener à bien les projets de retour et d’installation dans le commerce qu’elle élaborait alors qu’elle n’était pas mariée. Elle explique : « Avec l’argent que j’ai envoyé, ma mère a monté un commerce de vente de tissus et couture. Elle a deux employées. Elle a pu acheter une échoppe sur le marché couvert et des machines à coudre. Je lui ai envoyé l’argent pour investir dans de beaux stocks de tissus. Elle, maintenant, elle voyage. Elle part acheter les tissus en gros jusqu’au Bénin, et pendant son absence la boutique reste ouverte. Ça marche bien et je suis vraiment contente pour elle. Chez nous, il n’y a qu’avec de l’argent que tu as de la considération. Les gens sont méchants avec les pauvres alors qu’ils respectent les riches. On n’a pas d’autre solution chez nous, il faut de l’argent, comme ça les gens s’adressent à toi correctement, les fonctionnaires font leur travail, etc. Ici, la différence c’est qu’on ne peut pas acheter les papiers, les avantages, etc., c’est bizarre pour nous, ici, l’argent ne joue pas le même rôle, ça n’ouvre pas les mêmes portes. If you have money there, you can enjoy your cash. »

17Dans le cas d’Aurore, il est intéressant de remarquer qu’à l’origine elle avait un projet de retour et que, pour elle, son séjour en Europe n’était qu’une étape. Mais, dans la mesure où elle n’est pas parvenue à obtenir une régularisation de façon autonome, elle n’a pas pu retourner chez elle afin d’évaluer la faisabilité de son propre projet. Elle était en situation irrégulière et un départ même temporaire lui interdisait toute possibilité de retour. Paradoxalement, c’est le mariage et la maternité qui ont permis qu’elle régularise sa situation, mais qui, dans le même temps, l’ont attachée en France dans une situation de perte d’autonomie financière.

18Ces deux exemples nous montrent que les contraintes administratives sont des obstacles à des projets envisagés dans le cadre d’une migration temporaire ou pendulaire. Une fois en Europe, les femmes doivent « choisir » d’y rester parfois malgré elles, car la moindre perspective de retour doit être définitive, au vu des contraintes limitant la mobilité entre ici et là-bas. Pourtant, elles savent que leur réussite financière devrait pouvoir leur assurer un certain prestige chez elles, facilitant ainsi une installation dans un projet commercial par exemple. Rosalin le formule ainsi : « Chez nous, si tu n’es pas passé par l’Europe, ce que tu fais a moins de valeur, mais si tu as fait le voyage et que tu as réussi, alors les portes s’ouvrent, on te fait plus confiance ». Ce que les femmes expriment est le souhait de gagner de l’argent pour rester indépendantes, et de ne pas être expulsées hors de l’espace Schengen contre leur gré.

19D’autres femmes n’ont pas pu faire face aux diverses difficultés rencontrées lors de leur processus migratoire. Dans la majorité des situations, ce sont les conditions liées à leur dette et liées aux conditions administratives de séjour qui les ont découragées. En effet, le coût du passage depuis un pays d’Afrique de l’Ouest est en 2007 de près de 50 000 e ; or les conditions de travail liées au harcèlement policier et les risques réels d’expulsion hypothèquent la possibilité de remboursement d’une dette devenue disproportionnée par rapport aux possibilités réelles de gain par le travail du sexe de rue. Ce lien par la dette (debtboundage), qui peut devenir une servitude, est un abus des droits humains. Mais aujourd’hui, dans tous les cas, entrer en Europe de l’Ouest sans intermédiaire est impossible. Ce phénomène existe dans pratiquement tous les domaines du travail informel à travers le monde. Les travailleurs sont tenus par des dettes et exploités. Dans tous les cas, l’absence de possibilité de recours à la loi ou aux droits formels pour dénoncer ces abus dans le travail, ne peut que les renforcer et maintenir la personne dans une situation d’exploitation. Bien souvent d’ailleurs, les femmes ne remboursent pas la totalité de leur dette. Lorsqu’elles ont remboursé un certain montant, elles s’arrangent pour disparaître de la sphère de connaissance des personnes à qui elles doivent de l’argent ; elles partent dans un pays d’Europe limitrophe, en ayant pris soin de ne pas laisser d’indices quant à leur nouvelle destination. Dans la mesure où, entre-temps, elles ont pu acquérir un certain nombre de codes sociaux de la vie en Europe et des moyens de se faire une place sur un territoire prostitutionnel donné, elles sont capables d’aller s’installer ailleurs. La mobilité « circulante » [12] des femmes africaines dans le travail du sexe est pour elles le seul moyen d’échapper à la fois au poids de la dette et aux contrôles de la police. Mais toutes ne réussissent pas à organiser leur vie en Europe de cette façon, car la mobilité permanente est elle aussi une grande source d’insécurité.

20Considérons par exemple l’histoire de Faith. Veuve, elle était commerçante chez elle et son affaire marchait bien ; mais elle souhaitait partir pour améliorer sa réussite et assurer l’avenir de ses trois enfants ; elle a vendu son commerce et avec l’argent récolté a pu payer une partie de son passage vers l’Europe. Mais après quelques mois d’activité à Paris, elle a été arrêtée et a fait deux mois de détention ; à sa sortie de prison, elle a réussi à éviter l’expulsion ; elle ne peut pas retourner travailler par peur d’être reconduite à la frontière en cas de nouvelle arrestation. Elle a trouvé un compatriote qui a bien voulu l’héberger en province, mais dont elle est dépendante. Elle essaie de travailler comme femme de ménage dans le secteur informel car elle n’a pas de titre de séjour l’autorisant à travailler. Elle se trouve dans une impasse ; d’un côté, elle ne veut pas risquer un retour, qu’elle sait définitif, les mains vides, mais d’un autre côté, si elle reste dans la situation dans laquelle elle se trouve actuellement, elle ne peut pas assurer la charge financière de ses enfants.

Des contraintes à contourner

21Les politiques répressives de la prostitution par la pénalisation du racolage et de la migration par le renforcement des dispositifs administratifs facilitant les expulsions semblent porter leurs fruits, non pas sur la diminution effective du nombre de migrant-e-s en Europe ou de candidat-e-s au passage, mais sur leur précarisation et la dégradation de leurs conditions de vie. Les femmes migrantes africaines comme celles qui viennent d’autres régions du monde se trouvent dans des situations inextricables leur imposant des situations d’assujettissement ou de dépendance croissants. En raison des tentatives de fermeture des frontières de l’espace Schengen, le coût des passages ne cesse d’augmenter, ce qui n’empêche pas les femmes de s’endetter pour migrer. Lorsqu’elles sont en France (ou en Europe), elles espèrent toujours voir leur situation s’améliorer et pour ce faire déploient une grande énergie afin de ne pas être expulsées et pour tenter de subvenir à leurs besoins matériels, dans l’espoir de pouvoir par la suite assurer l’amélioration de la vie matérielle de leurs proches.

22Les possibilités qui s’offrent à elles se restreignent en les assignant à diverses formes de dépendance. Pour certaines, sans titre de séjour donnant droit au travail, elles survivent en effectuant des « petits boulots » domestiques, mal payés, aléatoires. Pour celles qui parviennent à obtenir un titre de séjour et de travail, la seule possibilité concrète de travail est encore le travail domestique, sous-payé, instable. D’autres enfin optent pour le mariage et la maternité, ce qui en général signe la fin de leur autonomie financière sans leur garantir une perspective de régularisation. En effet, l’obtention d’un titre de séjour par le mariage est conditionnée à la validité du visa d’entrée dans l’espace de Schengen ; or la plupart d’entre elles sont entrées sous une fausse identité, ont changé d’identité au cours de leur séjour en France ou en Europe, suite à l’obligation d’être invisibles et non repérables par les autorités de Schengen. De ce fait, il est rare qu’elles puissent apporter la preuve de la légalité de leur entrée en Europe.

23La migration des femmes, y compris celle des femmes prostituées, est inscrite dans l’histoire plus générale de la migration. Migration et prostitution sont liées dans ce contexte historique à des assignations de genre, les femmes étant en priorité assignées par les orientations inscrites dans les politiques publiques. Toutes les femmes migrantes rencontrées au cours de ces années de terrain ont eu à exercer un travail de service typiquement associé au féminin pour assurer leur survie. Travail légitime pour le travail domestique, illégitime pour celles qui exercent le travail du sexe. Cette assignation combine l’appartenance ethnique, ou de « race », et l’assignation de classe (quelle que soit la classe d’origine) avec les archétypes du genre.

24Le travail des femmes migrantes révèle le transfert de positions de service (domestique, de soin et sexuel) sur les « autres » femmes. On ne doit cependant pas en attribuer la responsabilité aux seules femmes occidentales. L’attitude des hommes occidentaux, qui en bénéficient largement (ou en priorité), sous-tend bien au même titre ces transferts.

25On constate à travers ces expériences que le lien entre assignation de genre, sexualité, travail et service est particulièrement prégnant pour les femmes migrantes. Il conditionne la régularisation, comme le travail, incitant au mariage et à la maternité, qui sont parmi les rares voies légales. Certaines femmes se situent en rupture face à cette assignation, soit qu’elles l’instrumentalisent, soit qu’elles en sortent. Toutefois, ces stratégies sont plus ou moins légitimes. L’instrumentalisation du mariage et de la maternité ne semble pas attirer d’opprobre sur ces femmes, et les plus stratèges d’entre elles peuvent n’avoir aucune obligation en échange de cette stratégie. En revanche, l’instrumentalisation de l’assignation de sexe dans la prostitution produit la stigmatisation ou la victimisation des femmes qui la pratiquent, tandis que le travail domestique est, lui, considéré comme légitime.

26On peut aussi souligner que ces stratégies ne sont pas « féminines » au sens essentialiste du terme, mais qu’elles répondent à une série de contraintes imposées aux femmes en tant que femmes, et ce d’autant plus fortement si elles ne sont pas européennes. Soulignons que c’est bien lorsque les étrangères sont devenues visibles dans la prostitution que les politiques publiques de répression du trafic ont réémergé.

27Ces stratégies de contournement ou d’instrumentalisation des normes de genre mettent en évidence les mécanismes de la performativité de genre que ces femmes sont capables de mettre à distance pour parvenir à la poursuite de leurs objectifs. Elles évoluent dans des espaces circulatoires dont elles savent tirer profit (par exemple, certaines se sont faites régulariser en Italie comme domestiques et exercent la prostitution en France), et elles se déplacent d’un pays à l’autre en fonction des circonstances [13]. Enfin, pour certaines d’entre elles, elles investissent dans leur pays d’origine, que ce soit pour améliorer le confort ou les chances de mobilité sociale de leur famille, ou pour monter des entreprises ou des commerces. L’investissement financier au pays est mis en œuvre en majorité par les femmes qui exercent le travail du sexe. Comme le souligne Oso Casas [14], le travail du sexe est le seul secteur qui soit réellement rémunérateur une fois la dette de passage payée. Les femmes travailleuses du sexe sont aussi, de ce point de vue, des « entrepreneuses d’elles-mêmes », et, parmi les migrantes, ce sont sans doute celles qui sont le plus persécutées et stigmatisées.


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Lyon, « États généraux » de la Prostitution, 2 juillet 1975. Ulla, au centre de la tribune, préside la réunion en présence de 300 prostituées venues en délégations, notamment de Marseille, Grenoble et Paris.
Photo AFP (Coll. Part. G.L.)
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Marseille, Assises des Prostituées du Sud-Est. Pour manifester contre les mesures administratives de fermeture des hôtels et les très lourds rappels d’impôts qui leurs sont réclamées, les prostituées déléguées se rassemblent le 11 décembre 1975 et dédient un magnifique arbre de Noël au Ministre des Finances de l’époque Jean-Pierre Fourcade.
Photo AFP (Coll. Part. G.L.)
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Paris, Conférence de presse des Prostituées. Le « Collectif des Prostituées » donne lemardi 16 décembre 1975 une conférence de presse afin d’exposer les revendications des prostituées. Ulla de Lyon et Jackie de Paris.
Photo AFP (Coll. Part. G.L.)
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« Pute Pride » 2006, Paris.
Photo Ass. Les Putes.
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« Pute Pride» 2006, Paris, avec les Sœurs dela Perpétuelle Indulgence.
Photo Ass. Les Putes.
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« Pute Pride » 2007, Paris, Camille Cabral,présidente du PASSTT.
Photo Lina Lario.
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« Pute Pride » 2006, Paris.
Photo Ass. Les Putes.
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« Pute Pride », 2006, Paris.
Photo Ass. Les Putes.

Bibliographie

Bibliographie complémentaire

  • Anderson (Bridget), O’Connel Davidson (Julia), « Is Trafficking in Human Beings Demand Driven ? A multi-country pilot study », IOM migration research series, n° 15, décembre 2003, Genève.
  • Cabiria (Association), Rapports d’activité et de synthèse, années 1993 à 2006, Lyon, Le Dragon Lune, www. cabiria. asso. fr.
  • Chaumont (Jean-Michel), Traite et prostitution en débat (Bruxelles, 1880-2003). Matériaux pour une comédie sociologique, Université catholique de Louvain, 2004. Diffusion universitaire Ciaco.
  • Chaumont (Jean-Michel), « La traite des êtres humains ou l’histoire de Pinocchio racontée aux grandes filles », La Revue nouvelle, n° 3, mars 2005, p. 62-70.
  • Corbin (Alain), Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution aux XIXe et XXe siècles, Paris, Aubier Montaigne, 1978.
  • Handman (Marie-Elisabeth), Mossuz-Lavau (Janine), La prostitution à Paris, Paris, La Martinière, 2005.
  • Hirata (Hélène), Laborie (Françoise), Le Doaré (Hélène), Senotier (Danièle), Dictionnaire critique du féminisme, Paris, Presses universitaires de France, 2000.
  • Monnet (Corinne), « Répression et prostitution », Le passant ordinaire, n° 44, avril-juin 2003.
  • Monnet (Corinne), « “Trafic de femmes” : crime organisé ou organisation de la répression ? », Argument, Presses de l’Université Laval, 2006.
  • Moujoud (Nasima), Pourette (Dolorès), « “Traite” de femmes migrantes, domesticité et prostitution, À propos de migration interne et externe », Cahiers d’Études africaines, XLV (3-4), 179-180, 2005, p. 1093-1121.
  • Musso (Sandrine), « Les paradoxes de l’invisibilité. Le travail de rue d’une association marseillaise auprès de prostituées maghrébines », ethnographiques.org, n° 12, février 2007, www. ethnographiques. org/ 2007/ Musso. html.
  • Oso Casas (Laura), « Migration et trafic des femmes latino-américaines en Espagne : service domestique et prostitution », in Les Cahiers du CEDREF, Genre Travail et Migrations en Europe, décembre 2003, p. 163-187.
  • Oso Casas (Laura), « Femmes, actrices des mouvements migratoires » in Verschuur (Christine), Fenneke (Reysoo), « Genre, nouvelle division internationale du travail et migrations », Cahiers Genre et développement, n° 5, 2005, p. 35-54.
  • Pheterson (Gail), Le prisme de la prostitution, Paris, L’Harmattan, 2001 [1996].
  • Piette (Valérie), « La protection des voyageuses, une source pour l’étude des migrations féminines, 19e-20e siècles », Sextan, revue du groupe interdisciplinaire d’études sur les Femmes, n° 21-22, 2004, ULB, Bruxelles, p. 261-276.
  • Pryen (Stéphanie), Stigmate et métier. Une approche sociologique de la prostitution de rue, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1999.
  • Summers (Anne), « Les initiatives des femmes britanniques pour la protection des migrantes (c.1830-1900). Des archétypes en concurrence », Sextan, revue du groupe interdisciplinaire d’études sur les Femmes, n° 21-22, 2004, ULB, Bruxelles, p. 241-254.
  • Tabet (Paola), « Du don au tarif les relations sexuelles impliquant une compensation », Les Temps modernes, n° 490, 1987, p. 1-53.
  • Tabet (Paola), « Les dents de la prostituée, échange, négociation, choix dans les rapports économico-sexuels », in Hurtig (Marie-Claude) et al. (éds), Sexe et genre, Paris, CNRS éditions, 1991, p. 227-243.
  • Taraud (Christelle), La prostitution coloniale, Algérie, Tunisie, Maroc (1830-1962), Paris, Payot, 2003.
  • Wahab (Stéphanie), Sloan (Lacey), “Ethical dilemmas in sex work research”, Research for Sex Work, n° 7, 2004, “Sex Workers Health, HIV/AIDS, and Ethical Issues in Care and Research”, wwww. nswp. org/ r4sw675.
  • Walkowitz (Judith R.), « Sexualités dangereuses », in Duby (Georges), Perrot (Michèle) (éds), Histoire des femmes en Occident. Tome IV : Le XIXe siècle, Paris, Plon, 1991, p. 389-418.

Notes

  • [1]
    Wijers (Marjan), “Women, Labour and Migration. The position of trafficked women and strategies for support”, in Global Sex Workers. Rights, Resistance, and Redefinition, Kempadoo Kamala et Doezema Jo, Londres, Routledge, 1998, p. 69-78 – Wijers (Marjan), “Keep your women home : European Union Policies on Trafficking in Women”, in Mariagrazia Rossilli ed., Gender Policies in the European Union, New York, Peter Lang, 1999, p. 209-29 – Doezema (Jo), « Loose Women or lost Women ? The re-emergence of the Myth of White Slavery in Contemporary Discourses of Trafficking in Women », Gender issues, vol. 18, n° 1, New Brunswick, NJ, 2000, Transaction periodical consortium Rutgers University, http:// www. nswp. org – Blanchet (Thérèse), « Beyond Boundaries : A critical Look at Women Labour Migration and the Trafficking », Drishti research center, submitted to USAID, Dhaka, April 2002, http:// www. nswp. org – Berman (Jacqueline), « (Un) Popular strangers and crises (Un) Bounded : Discourses of sex-trafficking, The European Political Community and the panicked state of the modern state», in European Journal of international relations, sage publications and ECPR, vol. 9 (1), 2003, p. 37-86 – Guillemaut (Françoise), Femmes et migrations en Europe. Stratégies et empowerment, Lyon, Cabiria, Le Dragon Lune, 2004. – Guillemaut (Françoise), « Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches », Hommes et migrations, n° 1248, mars-avril 2004, p. 75-87 – Guillemaut (Françoise), « Victimes de trafic ou actrices d’un processus migratoire ? Saisir la voix des femmes migrantes prostituées par la recherche-action », p. 155-173 – Terrains & travaux, n° 10, 2006, p. 157-177 – Danet (Jean) et Guienne (Véronique), Action publique et prostitution, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006.
  • [2]
    Aghatise (Esohe), « Réalités et cadre légal de la traite de Nigérianes et d’Européennes de l’Est de l’Italie », in Prostitution : la mondialisation incarnée. Points de vue du Sud (coordonnés par Richard Poulin), Alternatives Sud, vol. XII, 2005, 3, 2005, p. 140.
  • [3]
    Je remercie ici tout particulièrement Barbara Niamke, Patience Puget, Bertine Assambo et Okiemute Agbufu qui m’ont permis de comprendre les mécanismes décrits par les femmes ainsi que les femmes du Cameroun, du Ghana ou du Nigeria qui ont bien voulu me faire confiance et me livrer leurs récits.
  • [4]
    Schutz Samson (Martine), Welzer-Lang (Daniel), Santé communautaire et prostitution : Essai critique sur la parité, Lyon, Dragon Lune, 1999.
  • [5]
    Agustin (Laura), “Alternate ethics, or : Telling lies to researchers”, Research for Sex Work, n° 7, 2004 Sex Workers’ Health, HIV/AIDS, and Ethical Issues in Care and Research : http:// www. nswp. org/ r4sw – Guillemaut (Françoise), « Victimes de trafic ou actrices d’un processus migratoire ? Saisir la voix des femmes migrantes prostituées par la recherche-action », 2006, Terrains & travaux, n° 10, p. 157-177.
  • [6]
    Guillemaut (Françoise) et Caitexa (Luzenir), Femmes et migrations en Europe. Stratégies et empowerment, Lyon, Cabiria, Le Dragon Lune, 2004.
  • [7]
    Guillemaut (Françoise), « Trafics et migrations de femmes, une hypocrisie au service des pays riches », Hommes et migrations, n° 1248, mars-avril 2004, p. 75-87.
  • [8]
    Guillemaut (Françoise), Thèse de sociologie à l’Université Toulouse-le-Mirail (CERS), « Stratégies des femmes en migration : pratiques et pensées minoritaires, repenser les marges au centre », 2007, p. 335-395.
  • [9]
    Ici le mot « communauté » est employé pour désigner un groupe social qui n’a de lien que par le regard extérieur porté sur lui. Les femmes concernées ne forment pas une communauté, même si elles peuvent être en lien entre elles, par petits groupes, en fonction de critères affinitaires ou de critères liés à leur région d’origine, comme c’est le cas pour beaucoup de migrant-e-s en général.
  • [10]
    Guillemaut (Françoise), « Sexe, juju et migrations. Regard anthropologique sur les processus migratoires de femmes africaines en France », à paraître 2008.
  • [11]
    Oso Casas (Laura), « Prostitution et immigration des femmes latino-américaines en Espagne », Les Cahiers du Genre, Travail et Mondialisation, confrontation Nord/Sud, 40/2006, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 92-113.
  • [12]
    Tarrius (Alain), « Les nouvelles migrations de la globalisation par le bas », Cosmopolitiques, n° 11, 2006, p. 41-62.
  • [13]
    Guillemaut (Françoise), Caxeita (Luzenir), Femmes et migrations en Europe…, op. cit.
  • [14]
    Oso Casas (Laura), 2006, « Prostitution et immigration… », op. cit.
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