Notes
-
[1]
Cette opposition a eu un impact philosophique considérable, particulièrement en France, et se prolonge aujourd’hui dans l’œuvre d’Augustin Berque qui oppose écologie et mésologie (Berque, 2014).
-
[2]
Selon Jonathan Massey, c’est pour résoudre la contradiction entre sa conviction technocratique du one best way et son idéal démocratique d’une auto-détermination individuelle que Fuller conceptualise le design comme un art de réconcilier la rationalisation systémique et l’initiative individuelle (Massey, 2009). Mais son modèle reste celui d’une démocratie de marché : Fuller pensait que le design pouvait réguler la consommation dans un sens « écologique » et construire un « arrangement mécanique » où l’optimisation individuelle rejoindrait, comme par inadvertance, l’optimisation pour tous. À propos de Fuller, Massey parle aussi bien de « technocratic planet » que de « sustainable design » (Massey, 2009), mais c’est là, à nos yeux, une contradiction insurmontable. Au contraire de ses analyses sur la modernité réflexive de Fuller (Massey, 2012), nous pensons que les préoccupations écologiques de Fuller, parce qu’elles omettent par principe les considérations politiques (et donc les problèmes d’inégalité, les luttes sociales, etc.), soumettent la démocratie à la technocratie, et excluent par-là même la possibilité d’un design à la fois démocratique et écologique.
-
[3]
Elle est corrélative d’une autre métaphore, tout aussi problématique, celle des « esclaves énergétiques ».
-
[4]
Les sessions du World Game de 1971, 1972 et 1974 aboutirent à la parution d’E3 (Energy, Earth, and Everyone) (Gabel, 1975). Nous nous appuyons sur l’édition française modifiée (Fuller et al., 2012).
-
[5]
« Désormais, il existe une alternative scientifique et concrète à la politique » (Gene Youngblood, dans Fuller et al., 2012, p. 32).
-
[6]
« Nous avons adopté le point de vue d’un homme en suspension dans l’espace, capable de considérer la Terre, là devant lui, comme un vaisseau spatial » (Medard Gabel dans Fuller et al., 2012, p. 74).
-
[7]
« Les ordinateurs démontreront que l’homme peut s’offrir rien de moins que ce qu’il y a de mieux : faire du vaisseau spatial Terre un environnement qui lui soit parfaitement adapté » (Gene Youngblood citant Fuller dans Fuller et al., 2012, p. 35).
-
[8]
Par ce mot Fuller rappelait en fait un leitmotiv du design, à savoir « faire plus avec moins ». Mais il peut exister des interprétations opposées de ce leitmotiv, car « plus » n’est pas « mieux » (« Weniger, aber besser » dira Dieter Rams).
-
[9]
Brand participe indéniablement, avec le Whole Earth Catalog, à la rencontre de la contre-culture et de l’écologie « centrée humain » (Kirk, 2011), mais son histoire est celle qui conduit de la contre-culture à la cyber-culture (Turner, 2006). Si le mouvement des technologies alternatives est mort prématurément, c’est entre autres car le Whole Earth Catalog, dans la mouvance de Fuller, évitait les articles de fond sur les questions sociales, politiques, et écologiques (Winner, 2002, ch. 4).
-
[10]
L’écologie industrielle de Brad Allenby cherche à prendre le contrôle de notre machine planétaire (Allenby, 2005), et repose sur une certaine idéologie (déterminisme technologique et néo-libéralisme) convaincue que l’écologie industrielle est une science des moyens qui n’a pas besoin d’une politique des fins (Opoku, Keitsch, 2006).
-
[11]
Son dernier ouvrage, The Green Imperative (1995), n’aura pas le même impact, car les problématiques écologiques sont désormais bien connues et se résument généralement avec trois processus en R (Recycler, Réparer et Réutiliser) qui doivent être conçus en amont de tout processus de production (ce qu’on nomme entre autres Design for Dissassembly). Mais Papanek ne nous dit pas comment se préoccuper du quatrième R : la Réduction à la source.
-
[12]
Maldonado critique virulemment le technocratisme de Fuller (Maldonado, 1972, p. 52 et p. 68) et condamne sa folle idée d’un « dome over Manhattan » (ibid., p. 77). Ce dernier exemple prouve bien qu’il y a une filiation entre la métaphore du « vaisseau-spatial-terre » et le projet prométhéen de Biosphère 2 (Anker, 2010, ch. 5-8).
-
[13]
C’est, à notre sens, parce qu’il distingue l’environnement (extérieur) du milieu (intérieur et extérieur), que la critique de Maldonado ne se confond pas avec celle de Baudrillard pour qui le design pour l’environnement est nécessairement un environnement pour le design. Nous faisons référence à la participation de Baudrillard au colloque Aspen de juin 1970, « Environment by design ». Cf. Baudrillard, « Design et environnement ou l’escalade de l’économie politique » (Baudrillard, 1972, p. 229-255).
-
[14]
Ce qui reste à prouver, si on ne se limite pas aux gaz à effet de serre, et si on prend en compte l’ACV des batteries par exemple.
- [15]
-
[16]
Un exemple parmi mille : l’agence d’écodesign Frédéricadet est née de la rencontre entre un ingénieur de l’environnement et un écodesigner.
-
[17]
EPEA Paris : http://www.epeaparis.fr
-
[18]
Nicolas Buclet rappelle que l’économie de fonctionnalité, n’est pas toujours durable (ex. Michelin), mais espère beaucoup de ce qu’il identifie comme le sixième type d’économie de fonctionnalité, celui qui insiste sur la « co-conception de la fonction (et du support physique) entre le producteur et le consommateur / utilisateur, si possible en recourant à une production locale des supports physiques » (Buclet, 2014). Il prend l’exemple d’Usinette (http://goo.gl/OIEFgx)
-
[19]
DESIS : http://goo.gl/Nmw9Ir
-
[20]
SEP : http://goo.gl/1K6s41
-
[21]
SDS : http://goo.gl/wc1zUe
-
[22]
Demotech, design for self reliance : http://goo.gl/NnJHNx
-
[23]
En écho à la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21). Cet événement a été organisé par Ouishare et OpenState du 15 aout-20 sept. 2015, http://goo.gl/w37O3p
-
[24]
Jerry dot it together : http://goo.gl/luRxCN
-
[25]
Voir le blog de Philippe Aigrain : http://goo.gl/P3AwPA
Introduction
1Selon la thématique de ce dossier, l’extension du domaine du design aurait conduit au découplage entre le discours du design, qui se veut unificateur, et la pratique du design qui peine à s’unifier. On pourrait dire de même de l’éco-design, qui se veut unificateur, mais qui regroupe en réalité des philosophies et des pratiques différentes. Le but de cet article est de dresser une opposition « idéal-typique » entre deux visions de l’éco-design : design de l’environnement et design du milieu.
2Le terme français de « milieu » a ceci d’intéressant qu’il désigne à la fois le centre et l’environnement, l’entre et l’autour, le medium et l’umwelt. Or, le design engage les deux sens du terme : il aborde les objets techniques en tant qu’ils dessinent un milieu, au sens d’intermédiaires ou de médiateurs d’une part, et au sens d’ambiance ou d’intégration dans un environnement d’autre part.
3L’opposition entre milieu (Umwelt) et environnement (Umgebung) est une opposition héritée de l’éthologiste Jacob von Uexküll (2010) [1]. Pour Uexküll, l’environnement est un concept objectif corrélatif d’une conception mécaniste du vivant, tandis que le milieu est un concept relationnel, corrélatif d’une conception du vivant comme sujet. Pour notre propos, retenons simplement cette idée que l’environnement environne et qu’en ce sens il est extérieur, tandis que le milieu est aussi bien extérieur qu’intérieur, car il est constituant (de) et constitué (par) l’être dont il est le milieu. Dans l’usage, le mot environnement renvoie à la nature, tandis que celui de milieu est indissolublement naturel, technique et social. Cette opposition, apparemment abstraite, est d’une importance capitale, car elle implique deux conceptions du design opposées : dans un cas on peut concevoir « écologiquement » sans remettre en cause les normes mêmes du design, dans l’autre cas, c’est impossible. Schématiquement, le design de l’environnement est orienté objet, tandis que le design du milieu est orienté sujet ; autrement dit, pour changer d’environnement, il suffit de le modifier, tandis que pour changer de milieu, il faut se modifier soi-même (changer de normes).
1 – De la rencontre entre écologie et design
4Au début des années 1970, la relation entre design et écologie ouvre deux voies possibles. La première fait de l’environnement une entité objective et quantifiable à la manière de Buckminster Fuller. La seconde fait de l’environnement un milieu qualitatif et relatif à celui qui l’habite, à la manière de Victor Papanek ou de Tomás Maldonado. Aujourd’hui, Steward Brand semble l’héritier de la première voie, et Ezio Manzini semble l’héritier de la seconde. Ce qui suit retrace brièvement ces deux voies, avec notre préférence pour la seconde qui ne sépare par l’éco-design du design social.
1.1 – Le design de l’environnement De Buckminster Fuller à la géo-ingénierie
5Buckminster Fuller est une figure fondamentale non seulement pour notre propos, mais plus généralement pour l’histoire du design. Entre le design d’un Raymond Loewy et celui d’un Buckminster Fuller s’est probablement jouée une des principales ruptures dans l’histoire du design. Entre les deux, l’ordinateur et la globalité ; le design a pris l’échelle de la planète.
6Buckminster Fuller est une figure ambivalente, c’est indéniablement un pionnier du design appliqué aux problématiques environnementales, mais sa vision de l’écologie est problématique, car elle est technocratique. Si Fuller se veut démocrate (il est un des premiers à rêver d’une cyberdémocratie), son technocratisme planétaire et sa croyance en un one best way interdisent un design à la fois écologique et démocratique [2]. Le dôme géodésique de Fuller, qui l’a rendu célèbre, inclura aussi une série de « géoscopes », une base de données du système-terre ; il était la manifestation du rêve de Fuller, cet architecte de la maison-terre dont le but fut d’optimiser les ressources du « vaisseau-spatial terre ». Cette métaphore, qu’il a popularisée (Fuller, 1969), s’inscrit dans un contexte où la planète terre est définitivement devenue une vaste machine [3]. L’ambition de Fuller était de résoudre scientifiquement les problèmes de l’humanité en introduisant dans l’environnement de nouveaux artefacts, et les fameux World Game (1969–1977) qu’il organisa furent le terreau de cette révolution par la science du design [4]. Selon ses participants : la science du design se définit contre la politique [5], son but ultime est de transformer la terre en objet (de design) [6] et d’adapter ses ressources à l’homme, par le moyen de nos ordinateurs [7]. À aucun moment Fuller ne doute de ce qu’on appelle désormais l’approche faible de la soutenabilité et qu’il nommait pour sa part « ephéméralisation » [8]. Nikola Jankovic (2012) a montré comment les scénarios du World Game s’opposent aux scénarios du fameux rapport du Club de Rome qui lui est contemporain (Meadows et al., 1972), et cela car Fuller est convaincu par la possibilité d’une croissance infinie dans un monde fini. Dans le World Game tout le monde gagne, il n’y a ni conflits, ni ennemis, juste des solutions technologiques – Evgeny Morozov parle aujourd’hui de « solutionnisme » pour qualifier cette idéologie selon laquelle il n’y a de problème que là où il y a une solution technique (Morozov, 2014).
7La vision de Buckminster Fuller semble défendue aujourd’hui par Stewart Brand, cette figure incontournable de l’histoire de l’écologie et du design californiens. L’itinéraire de cet homme fait écho à un mouvement plus général : en quarante ans, l’éco-design semble avoir perdu toute sa portée subversive, il est passé de la volonté de créer des technologies douces pour favoriser l’émergence de communautés autonomes, qui était un des buts affichés du Whole Earth Catalog (Access to tool), à la volonté de rentrer dans une ère de l’ingénierie des écosystèmes à grande échelle, qui est le but du Whole Earth Discipline (Brand, [2009] 2010), et cela notamment en développant les OGM et l’énergie nucléaire [9]. L’éco-design est accompagné depuis les années 1980 du paradigme de l’écologie industrielle qui repose sur l’analogie entre un écosystème naturel et un écosystème technique. Le programme de l’écologie industrielle peut s’énoncer en quatre points : valoriser les déchets comme des ressources ; boucler les cycles de matière et minimiser les émissions dissipatives ; dématérialiser les produits et les activités économiques ; décarboniser l’énergie (Erkman, 2004). Ce programme est bien évidemment porteur d’espoir, mais tout comme Buckminster Fuller hier ou Stewart Brand aujourd’hui, un certain courant de l’écologie industrielle, en l’occurrence celui incarné par Brad Allenby, est pernicieux, car il pense l’environnement comme une entité objective et quantifiable (une vaste machine dont il faut prendre le contrôle) et dépolitise de ce fait la transition écologique [10].
1.2 – Le design du milieu De Victor Papanek au design soutenable
8Buckminster Fuller ne fut pas sans influence sur Victor Papanek, et en premier lieu dans son approche d’un design global, non spécialisé, pluridisciplinaire, mais Papanek prend une tout autre direction que Fuller ; et cela probablement en raison de sa rencontre avec le Tiers-Monde. Si sa Tin Car Radio conçue en 1965 (Papanek, 2011, p. 224-228) nous apparaît comme révolutionnaire dans l’histoire du design, ce n’est pas parce qu’elle est économiquement accessible au plus grand nombre, mais parce qu’elle rend l’utilisateur intelligent (en ouvrant la boite noire de la technique) et créatif (en luttant contre l’imposition d’une esthétique uniforme).
9C’est pour ses étudiants que Papanek a écrit son livre manifeste entre 1963 et 1970 : Design for the real world. La violence des mots de Victor Papanek dans sa préface (si souvent citée) à l’édition américaine (1971) a fait office de coup de massue [11]. La philosophie de Papanek s’appuie d’abord sur une contradiction entre les besoins réels et les besoins factices, et ce qu’il appelle le « monde réel » n’a de sens que par opposition au « dictat du marché » auquel succombent trop de designers – ce pourquoi trop d’objets sont inadaptés, polluants, discriminants, etc. Les solutions sont multiples : lutter contre l’obsolescence, s’inspirer des prototypes biologiques (on parle aujourd’hui de biomimétisme), faire de l’« environmental design » une lutte contre la pollution, etc. À l’inverse de Buckminster Fuller, il semble avoir compris qu’on ne pourra pas rêver d’un monde écologique sur la base de l’American way of life.
10Au moment où Papanek achève son livre manifeste, Tomás Maldonado publie un livre d’une lucidité extrême sur la crise écologique : La Speranza Progettuale. Ambiente e societa (1971), traduit en anglais et en français deux ans plus tard. Ce livre peut apparaître comme une réponse au technocratisme de Buckminster Fuller [12], et une reformulation critique de sa révolution par le design : « Une “Révolution guidée par le Design [progettazione]” ne prend un sens réel que si elle s’appuie sur un “Design guidé par la Révolution” » (Maldonado, 1972, p. 52, traduction modifiée). Ce livre, qui a pour horizon une théorie générale du design (c’est-à-dire selon lui de la praxis projectuelle), est un livre de philosophie sur le « milieu humain » – milieu (Umwelt) plutôt qu’environnement (Umgebung) –, autrement dit sur le « mésocosme » [13]. Si selon Fuller le milieu humain est un milieu technique (un vaisseau-spatial) qui n’est comme tel pas contenu dans un milieu plus vaste, il n’en est pas de même chez Maldonado pour qui le milieu humain n’est qu’une partie de l’écosystème naturel global. Cette divergence philosophique conduit à une divergence quant à l’approche écologique du design. Le designer doit se méfier de la tendance à l’artificialisation absolue de l’environnement physique humain (c’est-à-dire l’idée qu’on pourrait produire un milieu entièrement technique), et doit comprendre que le seul moyen de soigner la Nature est de soigner la Société, il doit se méfier de la mode écologique qui masque une « conscience écologique essentiellement critique – critique à l’égard du scandale de la société » (Maldonado, 1972, p.119).
11Qu’il s’agisse des trois phases de l’éco-design de Pauline Madge (1997) – design vert, design écologique et design soutenable – ou des trois approches de l’éco-design de Martina Keitsch (2012) – theoria, poièsis, praxis –, à chaque fois c’est le design soutenable d’Ezio Manzini qui est cité en exemple d’un design écologique mature. Il incarnerait la coupure qu’il y a entre « design écologique normalisé » des années 1980 et le « nouveau radicalisme » des années 1990 qui comprend le design comme vecteur d’une révolution de notre mode de vie qui en finisse avec notre modèle de développement (Madge, 1997). Il réconcilierait, à travers sa compréhension de la praxis sociale, la critique théorique de Papanek et l’approche productive ou techniciste du DfE (Keitsch, 2012). Il y a en effet chez Manzini, depuis plus de trente ans, une réelle réflexion sur l’artefact comme milieu (ambiante), une « écologie de l’environnement artificiel ». Sa thèse est que l’attitude écologique révolutionne la culture du projet : « Passer d’une culture du “faire en l’absence de limites” à une culture du “faire dans un monde limité” appelle un changement profond qui implique l’ensemble des acteurs du système de conception, production et consommation » (Manzini [1990] 1991, p. 111). Si nous préférons traduire la philosophie de Manzini par « écologie du milieu » plutôt que « écologie de l’environnement », c’est précisément parce que le milieu est un concept qui mêle les questions environnementales et les questions sociales : « Dans cette perspective, le lien entre les dimensions environnementale et sociale de la soutenabilité apparaît clairement » (Manzini, 2007).
2 – Eco-design de l’environnement et du milieu
12Ce que nous nommons aujourd’hui « éco-design » est en réalité un raccourci pour tout un ensemble de pratiques, d’outils et de recherches aux noms variés. Chacune de ces pratiques dépend d’une histoire et d’un contexte singulier, et les cultures mobilisées ne sont pas les mêmes (scientifique, ingénierique, design, etc.). Cependant, il n’y a pas, loin s’en faut, autant d’idées que de mots.
2.1 – Deux cultures de la conception ?
13Gaël Guilloux, dans sa thèse (Guilloux, 2009), oppose l’eco-conception (engineering ecodesign) à l’éco-design proprement dit (industrial ecodesign) : la première serait caractérisée par une culture ingénieur ; la seconde, moins développée, par une culture design, plus attentive à l’usage. Pour le dire avec nos mots, l’ingénieur serait plutôt porté vers le design de l’environnement, tandis que le designer serait plutôt porté vers le design du milieu. Prenons un exemple très simple : une voiture électrique concerne le design de l’environnement, en ce sens qu’elle est supposée être meilleure pour l’environnement [14], mais non le design du milieu, en ce sens que l’usage de la voiture électrique peut être équivalent à celui de la voiture à essence. L’autolib, par contre, concerne le design du milieu, en ce sens que l’innovation ne repose pas principalement sur l’objet mais sur son usage.
14Cette séparation entre l’objet et son usage, ou entre l’ingénieur, concepteur de la machine (et de son impact environnemental), et le designer, concepteur de son milieu (de la manière dont elle fait milieu), ne doit cependant pas être forcée, car dans les faits les deux cultures tendent à se rapprocher. C’est du moins ce que semble attester le guide produit par la Technical University of Denmark (McAloone et Bey, 2009) qui fait de l’analyse de l’usage la première marche l’éco-conception, ou bien l’outil Ecodesign Pilot qui intègre les pratiques de l’usager dans l’analyse du cycle de vie [15]. Ces outils sont essentiellement qualitatifs, contrairement à celui proposé par l’ADEME, qui lui est uniquement quantitatif (approche ACV : ISO 14040). Et c’est parce que les outils de l’éco-conception sont de plus en plus qualitatifs, qu’ils sont de plus en plus ouverts à la culture design. Si bien que l’éco-ingénierie et l’éco-design se donnent bien souvent la main [16].
15L’opposition entre design de l’environnement et design du milieu ne se confond pas avec celle des ingénieurs et des designers. Cette opposition est en réalité une distinction politique (plutôt que culturelle), elle est relative au sens et à la portée que l’on confère à la transition écologique. Par exemple, si la philosophie « du berceau au berceau » telle qu’elle est défendue par William McDonough et Michael Braungart (2011) nous semble relever de l’écologie de l’environnement, c’est que son but affiché est de nous faire croire qu’on peut passer à un mode de production écologique sans révolutionner nos modes de vie. Les promesses avancées par l’économie circulaire de boucles vertueuses ne doivent pas nous faire accroire que tout est recyclable, que tout déchet, correctement réutilisé, est réintégrable dans la chaîne de production. Plutôt que d’admettre qu’il est possible de sauver la croissance infinie avec le recyclage infini, il convient d’être attentif à toutes les nouvelles pratiques d’éco-design qui, à l’écart de l’État et du marché (des brevets), construisent un monde commun. Lorsque l’économie circulaire relève d’une approche marketing [17], son impact révolutionnaire est anéanti. Ce qu’il faudrait imaginer n’est pas tant un recyclage parfait, qu’un monde où les usagers deviendraient locataire de leurs objets-services et les entreprises propriétaires de leurs objets-déchets ; ce qui est une manière un peu abrupte de décrire l’économie de la fonctionnalité. Cette économie (substituer la vente de l’usage à la vente du produit) fait indéniablement écho, dans certaines de ses manifestations, à un design collaboratif, non-marchand, qui mettrait en commun, au milieu de la cité, ses techniques (ses objets et ses savoir-faire) [18].
16« Eco-design », « écologie industrielle », « économie circulaire », « économie de la fonctionnalité », etc., autant de mots qui disent un même objectif « écologique », mais qui visent des pratiques différentes. L’opposition que nous proposons entre design de l’environnement et design du milieu n’a d’autres buts que d’insister sur la divergence des pratiques derrière un discours supposé commun (celui de la transition écologique). Les normes de l’éco-conception (ISO 14062) ne définissent pas l’éco-design, et il est tout à fait possible « d’intégrer l’environnement » dans la conception d’un produit, sans pour autant modifier la nature de la conception. Or derrière ce que nous appelons design du milieu, il y a l’idée que ce n’est pas l’objet qui doit être « éco-compatible », mais le système de production-consommation dans son ensemble.
2.2 – Eco-design du milieu
17Lorsqu’on n’observe plus la qualité environnementale de chaque produit, mais qu’on considère le système dans son ensemble, alors on constate que la situation s’aggrave de jour en jour. C’est ce type de constat qui distingue le design pour l’environnement (DfE) du « design du milieu ».
18Il est essentiel de comprendre que l’éco-design engage à la fois la théorie (theoria), la production (poesis) et la pratique (praxis). L’apport de la culture du designer nous semble être précisément d’ouvrir vers la praxis. Cette ouverture est précisément ce qui transforme l’éco-design en design pour l’innovation sociale, ce qui suppose d’admettre que l’innovation ne porte pas tant sur de nouvelles technologies, que sur de nouveaux comportements. C’est pourquoi les réseaux de designers comme Design for Social innovation and Sustainability [19], ou Sustainable Everyday Project [20], Strategic Design Scenarios [21] insistent tant sur les « communautés créatives », à savoir ces groupes qui se forment, selon une logique ascendante et contributive, pour construire, ce qu’on appelle depuis Eleonor Ostrom (1990), des communs.
19Il y a un point essentiel de la démarche de Papanek que nous avons laissé sous silence mais qui est pourtant fondamental. Il est explicitement formulé dans sa préface de 1971 : « il y a quelque chose de fondamentalement faux dans les concepts de brevets et de copyrights » (Papanek, 2011, p.xi). La perspective de Papanek ouvre donc directement vers ce qui se pratique aujourd’hui sous les noms d’open source et de creative commons. Cette pratique n’est pas seulement ouverte et collaborative, elle est aussi éminemment démocratique. Et ce n’est donc pas un hasard, si Reinder van Tijen, un des élèves de Papanek a fondé une association nommé « Demotech » [22]. Ce qu’il importe de voir, selon nous, c’est que sous des noms variés (dont beaucoup importés de l’anglais : FabLab, makerspace, hackerspace, etc.), les nouveaux lieux de pratiques du design défendent bien souvent et indissolublement une approche écologique (qui prône le recyclage, la réparation et la réutilisation) et une approche contributive, commune et ouverte (un renouveau de la culture design, qui ouvre la boîte noire de l’objet, qui travaille à l’unité de la production et de la consommation, et surtout, qui place la valeur d’usage avant la valeur d’échange). Des « activistes du web » comme Michel Bauwens, le père de la P2P Foundation, sont par exemple essentiels pour comprendre le lien (politique) entre « transition numérique » et « transition écologique », lien qui se condense actuellement autour du concept de communs. Ce lien se retrouve dans de nombreuses coopératives de design qui prennent désormais des allures variées, comme cet événement récent d’éco-hacking intitulé POC 21 qui repose sur la conviction que l’open source et l’éco-design participent d’un seul et même combat [23], comme cette communauté (Jerry do it together) qui prône à sa manière le lien entre renouveau démocratique (une réappropriation des techniques et une promotion des modèles d’organisation ouverts et horizontaux) et un renouveau écologique (une revalorisation des déchets) [24]. Cesar Harada, le projet de thèse s’intitule Open Hardware for the environment et qui est connu pour ses drones « éboueurs » open source (Protei), illustre parfaitement cette synergie entre préoccupations environnementales et open source, et cette synergie s’accompagne d’une vision contributive de la conception. C’est donc probablement autour de ce que Philippe Aigrain a appelé la « coalition des communs » [25] (naturels et informationnels) que se joue l’essentiel de l’éco-design de demain. Le but de cet « éco-open-design » ou « design des communs » n’est pas tant de sauver la Nature, que de défendre un milieu de vie menacé par une appropriation marchande, de reconstruire un milieu technique dépossédé de sa culture, de son savoir-faire, de son savoir-vivre (Gorz, 2008).
20Tandis que le design de l’environnement accompagne une philosophie technocratique (celle du vaisseau-spatial Terre), le design du milieu accompagne une philosophie démocratique (celle des communs).
Conclusion
21Le préfixe « éco » n’est pas une nouvelle propriété du design, ou un domaine particulier, c’est une révolution, un changement de paradigme, une « nouvelle philosophie » (Fry, 1999). Pourtant, de fait, la présence multiforme de l’environnement, sous les noms d’« éco », de « vert », de « bio », de « durable » ou de « soutenable », n’est pas en soi un gage de transformations réelles.
22L’opposition entre un design orienté objet (environnement) un design orienté sujet (milieu) que nous avons suggéré est certes un peu simpliste, mais elle permet de comprendre, en polarisant, des pratiques actuelles, et se repérer dans le vaste continent nommé éco-design. Nous avons vu en quel sens elle peut faire écho à l’opposition entre ingénieur et designer, nous avons dit aussi que cette opposition est à dépasser. La crise écologique demandera, pour être surmontée, à la fois un design pour l’environnement (qui suppose de détourner son regard de l’objet pour le tourner vers le cycle de vie de l’objet) et un design pour le milieu (qui suppose de détourner son regard du cycle de vie de l’objet, pour le tourner vers ces nouvelles communautés qui réinventent la valeur d’usage). La crise écologique demandera, pour être surmontée, de nouvelles machines et de nouveaux usages ; elle demandera de changer de produits, mais aussi de modes de vie. Le design de l’environnement se prétend être une science objective, une ingénierie optimale, de ce fait, il est reproductible, et sa solution peut en droit s’appliquer partout (ce pourquoi il peut faire l’objet de normes nationales ou internationales). Le design du milieu, parce qu’il est attentif à la singularité des communautés qui œuvrent à un monde soutenable, est propre à chaque territoire, il est relatif aux acteurs, aux contributeurs – et cela, car on ne peut pas faire un design du milieu sans écouter les vivants qui habitent ce milieu.
Références
- ALLENBY, B. (2005), Reconstructing earth : Technology and environment in the age of humans, Washington, DC, Island Press.
- ANKER, P. (2010), From Bauhaus to ecohouse. A history of ecological design, Louisiana State University Press.
- BAUDRILLARD, J. (1972) Pour une critique de l’économie politique du signe, Paris, Gallimard.
- BERQUE, A. (2014), La mésologie, pourquoi et pour quoi faire ?, Nanterre La Défense, Presses universitaires de Paris Ouest.
- BRAND, S. (2010) Whole Earth Discipline, London, Penguin Books.
- FULLER, R. B. (1969), Operating Manual for Spaceship Earth, New York, E.P. Dutton & Co.
- FULLER, R. B. et al. (2012), E3 – Energy, Earth and Everyone. Une stratégie énergétique globale pour le vaisseau spatial terre ? World game, 1969-1977, Paris, Éditions B2.
- BUCLET, N. (2014) « L’économie de fonctionnalité entre éonomie de fon et territoire : une typologie », Développement durable et territoires, Volume 5, Numéro 1.
- ERKMAN, S. (2004), Vers une écologie industrielle, Paris, Éditions-Diffusion Charles Léopold Mayer, 2e éd. enrichie et mise à jour.
- FRY, T. (1999), A new design philosophy : an introduction to defuturing, Sydney, University of New South Wales Press.
- GABEL, M. (1975), Energy, Earth, and everyone : A global energy strategy for spaceship Earth, New York, Simon and Schuster.
- GORZ, A. (2008), Ecologica, Paris, Galilée.
- GUILLOUX, G. (2009), Du contexte au produit, intégration mémationexte a de l’environnement aux métiers du design, Mines Saint-Etienne et Université Polytechnique Valencia.
- JANKOVIC, N. (2012), « Revolution by global design : croire en la croissance ? », Préface à Buckminster Fuller & al, E3, Paris, Éditions B2, p. 7-31.
- KEITSCH, M. (2012), « Sustainable Design : A Brief Appraisal of its Main Concepts » Sustainable Development, 20, p. 180-188.
- KIRK A. G., 2011, Counterculture Green : The Whole Earth Catalog and American Environmentalism, University Press of Kansas.
- MADGE, P. (1997), « Ecological design : a new critique », Design Issues, Volume 13, Number 1, p. 44-54.
- MALDONADO, T. (1971), La Speranza Progettuale. Ambiente e societa, Turin, Einaudi.
- MALDONADO, T. (1972), Environnement et idéologie. Vers une écologie critique, Paris, Unions Générale d’éditions (10/18).
- MANZINI E. (1991), Artefacts. Vers une nouvelle écologie de l’environnement artificiel, Paris, Editions du Centre Pompidou.
- MANZINI, E. (2007), « Design Research for Sustainable Social Innovation », in R. Michel (dir.), Design Research Now. Essays and Selected Projects, Basel/ Boston, Birkhäuser, p. 233-245.
- MASSEY, J. (2012) « Buckminster’ Fuller Reflexive modernism », Design and Culture, 4 (3), Berg.
- MASSEY, J. (2009) « The Sumptuary Ecology of Buckminster Fuller’s Designs », in A. Braddock & C. Irmscher (dir.), A Keener Perception, Ecocritical studies in American Art History, Tuscaloosa, University of Alabama Press, p. 218-236.
- MCALOONE, T. C., N. BEY (2009), Environmental improvement through product development - a guide, Confédération de l’industrie danoise (DI), IPU et l’Université des techniques du Danemark (DTU), en ligne http://goo.gl/ggnvnp.
- MCDONOUGH W., BRAUNGART M. (2011), Cradle to Cradle, Créer et recylcer à l’infini, Paris, Éditions Alternatives.
- MEADOWS D.H et al. (1972), The Limits to Growth, New York, Signet.
- MOROZOV, E. (2014), Pour tout résoudre cliquez ici - l’aberration du solutionnisme technologique, Limoges, FYP éditions.
- OPOKU H.N, KEITSCH M.M. (2006), « Une approche objective de la durabilité ? Théorie des implications scientifiques et politiques de l’écologie industrielle », Ecologie & politique, p. 141-152
- OSTROM, E. (1990), Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge University Press.
- PAPANEK, V. (2011), Design for the Real World : Human Ecology and Social Change, New York, Thames and Hudson, Second Edition Completly Revised.
- PAPANEK, V. (1995), The Green Imperative : Natural Design for the Real World, New York, Thames and Hudson.
- PRENDEVILLE S. et al., Envisioning Ecodesign : Definitions, Case Studies and Best Practice, European Network of Ecodesign Centres, en ligne http://goo.gl/i6yyb4
- TURNER, F. (2006), From Counterculture to Cyberculture. Steward Brand, The Whole Earth network, and the rise of digital utopianism, Chicago, The Univesity of Chicago Press (tr. fr. Aux sources de l’utopie numérique, Caen, C&F Éditions, 2012).
- UEXKÜLL, J. (2010), Milieu animal et milieu humain, Paris, Bibliothèque, Rivages.
- WINNER, L. (2002), La baleine et le réacteur, Paris, Descartes&Cie.
Mots-clés éditeurs : milieu, éco-design, environnement
Date de mise en ligne : 06/01/2016
https://doi.org/10.3917/sdd.002.0031Notes
-
[1]
Cette opposition a eu un impact philosophique considérable, particulièrement en France, et se prolonge aujourd’hui dans l’œuvre d’Augustin Berque qui oppose écologie et mésologie (Berque, 2014).
-
[2]
Selon Jonathan Massey, c’est pour résoudre la contradiction entre sa conviction technocratique du one best way et son idéal démocratique d’une auto-détermination individuelle que Fuller conceptualise le design comme un art de réconcilier la rationalisation systémique et l’initiative individuelle (Massey, 2009). Mais son modèle reste celui d’une démocratie de marché : Fuller pensait que le design pouvait réguler la consommation dans un sens « écologique » et construire un « arrangement mécanique » où l’optimisation individuelle rejoindrait, comme par inadvertance, l’optimisation pour tous. À propos de Fuller, Massey parle aussi bien de « technocratic planet » que de « sustainable design » (Massey, 2009), mais c’est là, à nos yeux, une contradiction insurmontable. Au contraire de ses analyses sur la modernité réflexive de Fuller (Massey, 2012), nous pensons que les préoccupations écologiques de Fuller, parce qu’elles omettent par principe les considérations politiques (et donc les problèmes d’inégalité, les luttes sociales, etc.), soumettent la démocratie à la technocratie, et excluent par-là même la possibilité d’un design à la fois démocratique et écologique.
-
[3]
Elle est corrélative d’une autre métaphore, tout aussi problématique, celle des « esclaves énergétiques ».
-
[4]
Les sessions du World Game de 1971, 1972 et 1974 aboutirent à la parution d’E3 (Energy, Earth, and Everyone) (Gabel, 1975). Nous nous appuyons sur l’édition française modifiée (Fuller et al., 2012).
-
[5]
« Désormais, il existe une alternative scientifique et concrète à la politique » (Gene Youngblood, dans Fuller et al., 2012, p. 32).
-
[6]
« Nous avons adopté le point de vue d’un homme en suspension dans l’espace, capable de considérer la Terre, là devant lui, comme un vaisseau spatial » (Medard Gabel dans Fuller et al., 2012, p. 74).
-
[7]
« Les ordinateurs démontreront que l’homme peut s’offrir rien de moins que ce qu’il y a de mieux : faire du vaisseau spatial Terre un environnement qui lui soit parfaitement adapté » (Gene Youngblood citant Fuller dans Fuller et al., 2012, p. 35).
-
[8]
Par ce mot Fuller rappelait en fait un leitmotiv du design, à savoir « faire plus avec moins ». Mais il peut exister des interprétations opposées de ce leitmotiv, car « plus » n’est pas « mieux » (« Weniger, aber besser » dira Dieter Rams).
-
[9]
Brand participe indéniablement, avec le Whole Earth Catalog, à la rencontre de la contre-culture et de l’écologie « centrée humain » (Kirk, 2011), mais son histoire est celle qui conduit de la contre-culture à la cyber-culture (Turner, 2006). Si le mouvement des technologies alternatives est mort prématurément, c’est entre autres car le Whole Earth Catalog, dans la mouvance de Fuller, évitait les articles de fond sur les questions sociales, politiques, et écologiques (Winner, 2002, ch. 4).
-
[10]
L’écologie industrielle de Brad Allenby cherche à prendre le contrôle de notre machine planétaire (Allenby, 2005), et repose sur une certaine idéologie (déterminisme technologique et néo-libéralisme) convaincue que l’écologie industrielle est une science des moyens qui n’a pas besoin d’une politique des fins (Opoku, Keitsch, 2006).
-
[11]
Son dernier ouvrage, The Green Imperative (1995), n’aura pas le même impact, car les problématiques écologiques sont désormais bien connues et se résument généralement avec trois processus en R (Recycler, Réparer et Réutiliser) qui doivent être conçus en amont de tout processus de production (ce qu’on nomme entre autres Design for Dissassembly). Mais Papanek ne nous dit pas comment se préoccuper du quatrième R : la Réduction à la source.
-
[12]
Maldonado critique virulemment le technocratisme de Fuller (Maldonado, 1972, p. 52 et p. 68) et condamne sa folle idée d’un « dome over Manhattan » (ibid., p. 77). Ce dernier exemple prouve bien qu’il y a une filiation entre la métaphore du « vaisseau-spatial-terre » et le projet prométhéen de Biosphère 2 (Anker, 2010, ch. 5-8).
-
[13]
C’est, à notre sens, parce qu’il distingue l’environnement (extérieur) du milieu (intérieur et extérieur), que la critique de Maldonado ne se confond pas avec celle de Baudrillard pour qui le design pour l’environnement est nécessairement un environnement pour le design. Nous faisons référence à la participation de Baudrillard au colloque Aspen de juin 1970, « Environment by design ». Cf. Baudrillard, « Design et environnement ou l’escalade de l’économie politique » (Baudrillard, 1972, p. 229-255).
-
[14]
Ce qui reste à prouver, si on ne se limite pas aux gaz à effet de serre, et si on prend en compte l’ACV des batteries par exemple.
- [15]
-
[16]
Un exemple parmi mille : l’agence d’écodesign Frédéricadet est née de la rencontre entre un ingénieur de l’environnement et un écodesigner.
-
[17]
EPEA Paris : http://www.epeaparis.fr
-
[18]
Nicolas Buclet rappelle que l’économie de fonctionnalité, n’est pas toujours durable (ex. Michelin), mais espère beaucoup de ce qu’il identifie comme le sixième type d’économie de fonctionnalité, celui qui insiste sur la « co-conception de la fonction (et du support physique) entre le producteur et le consommateur / utilisateur, si possible en recourant à une production locale des supports physiques » (Buclet, 2014). Il prend l’exemple d’Usinette (http://goo.gl/OIEFgx)
-
[19]
DESIS : http://goo.gl/Nmw9Ir
-
[20]
SEP : http://goo.gl/1K6s41
-
[21]
SDS : http://goo.gl/wc1zUe
-
[22]
Demotech, design for self reliance : http://goo.gl/NnJHNx
-
[23]
En écho à la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21). Cet événement a été organisé par Ouishare et OpenState du 15 aout-20 sept. 2015, http://goo.gl/w37O3p
-
[24]
Jerry dot it together : http://goo.gl/luRxCN
-
[25]
Voir le blog de Philippe Aigrain : http://goo.gl/P3AwPA