Notes
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[1]
En reprenant l’hypothèse de Dubar (2004) qu’il existe plusieurs figures du temps et qu’il est toujours possible de distinguer plusieurs temporalités hétérogènes, à la fois points de vue sur et formes de manifestation du temps.
-
[2]
Ce logiciel découpe systématiquement le corpus textuel formé par les discours des TI et des AI interviewés en segments de texte. Ainsi, le corpus textuel des discours des TI est découpé en 1723 Unités de Contexte Élémentaires (UCE) dont 87,68 % ont effectivement été analysées, soit 1557 UCE. Tandis que le corpus textuel des discours des AI est découpé en 1778 Unités de Contexte Élémentaires (UCE) dont 90,37 % ont effectivement été analysées, soit 1559 UCE. Dans les deux corpus textuels ont été identifiées cinq classes lexicales (correspondant à cinq espaces de sens).
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[3]
Ces auteurs reprennent la notion d’intrigue chez Ricœur (1983) et considèrent que : « L’intrigue représente la part d’intelligibilité qu’on peut apporter à des données où le temps joue un rôle central. Au fond, le temps échappe pour une bonne part à la conceptualisation. Mais il reste une partie qui est intelligible : l’intrigue est la part de nécessité présente dans la contingence. Selon Ricœur, une intrigue est faite de relations de causalité, de relations de finalité et de hasard. Il y a à la fois des événements fortuits et des enchaînements nécessaires. On peut donc construire un cadre d’analyse dont le but est d’extraire l’intrigue présente dans un récit » (Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006, p. 169).
-
[4]
La notion de cadrage chez Bernstein (2007) s’inscrit dans une perspective analytique qui permet d’étudier les processus de réalisation (et de codification) des modalités pédagogiques visant à transmettre un savoir. Dans le cas de l’alternance, le processus de cadrage consiste à prescrire des règles et des codes fixant des lieux, des temps, des acteurs… et des modalités d’interaction entre tous ces éléments. Et c’est en cela que nous considérons que le cadrage est un problème majeur de l’investigation des formations en alternance. Lemaître (2009) souligne plus généralement l’importance de la question d’organisation du curriculum au sein des écoles d’ingénieurs en ce qu’elle constitue une mise en représentation de la réalité de l’entreprise et du rôle et des activités de l’ingénieur au travail.
Introduction
1 Les formations par apprentissage, dont celle des ingénieurs, sont scandées par une alternance en entreprise et institution scolaire ou universitaire. Ces temps sont distincts par leur organisation, leurs acteurs, leurs fonctions et leurs contenus. La distinction bien connue entre alternance juxtapositive, associative ou intégrative permet de clarifier la facette organisationnnelle – ou le temps prescrit – de ces dispositifs alternés. À ces deux terrains sont associés trois acteurs génériques : l’apprenti, ses enseignants et son tuteur auxquels correspond la facette transactionnelle – correspondant aux temps vécus –, explorée d’une façon moindre dans les recherches. La préoccupation de cet article porte essentiellement sur la temporalité prescrite de formation, les temporalités vécues en entreprise par les apprentis ingénieurs (AI) et les tuteurs-ingénieurs (TI) et le rapport entre ces temporalités prescrite et vécues. Cet article exploite d’une façon complémentaire les données d’une recherche menée à partir de l’investigation d’une étude de cas qui concerne un Centre de Formation par Apprentissage (CFA) ayant donné lieu à publication d’un rapport et d’un ouvrage (Zaid et Lebeaume, 2015) en se centrant, avec une posture didactique, sur la reconstruction des temporalités vécues par les AI et TI et celle prescrite. En effet, la formation professionnalisante des apprentis-ingénieurs postule la reconstruction par les acteurs de la succession des séquences à l’université et dans l’entreprise comme un ensemble cohérent d’actions de formation et d’apprentissage. Or, du point de vue didactique, c’est-à-dire avec une centration sur les contenus et les compétences, les processus d’appropriation, de construction et de développement font supposer des rapports différenciés entre les temporalités organisationnelle et transactionnelles, ou prescrite et vécues d’une façon propre par les acteurs.
2 Dans un premier temps est précisée la relation entre temporalité et contenu dans la problématique didactique ainsi ouverte. Puis est présentée la reconstruction de la temporalité organisationnelle. À cette temporalité prescrite succède celle des temporalités vécues, transactionnelles, par les couples TI/AI. L’ensemble ouvre une discussion sur ces modalités de formation par alternance et leurs implications pour leur mise en œuvre.
1. Temporalité et contenu de formation
3 Les travaux consacrés aux temporalités mises en œuvre ou vécues dans les enseignements ou les formations relèvent principalement de la thématique du « temps didactique ». Celle-ci focalise la progression chronologique des phases d’enseignement et d’apprentissage, principalement en mathématiques (Chevallard et Mercier, 1987 ; Chopin, 2010 ; Delhaxhe, 1997 ; Mercier, 2001 ; Sensevy, 2011). Ces recherches investiguent le lien entre temps d’enseignement et temps d’apprentissage c’est-à-dire de construction des savoirs et ils suggèrent des facteurs influençant ce lien, tels que le temps des opportunités de travailler/d’apprendre, le temps réellement passé ou le temps d’engagement sur la tâche, le temps nécessaire et propre à chaque individu pour apprendre, le temps des activités. Les études et recherches consacrées au temps dans les formations sont plus rares. Peut être cité l’ouvrage de St-Jarre et Dupuy-Walker (2001), dans lequel Savoie-Zajc (2001) analyse la façon dont les enseignants, construisent le rapport au temps et en décrivent les rythmes. Roquet (2010) et Roquet et al. (2013) s’intéressent également à différents temps vécus à travers l’étude des pratiques de formation et des récits biographiques d’étudiants en formation professionnelle. Or les perspectives ouvertes par le temps didactique peuvent être étendues aux formations professionnalisantes en se centrant sur les temps de formation en établissements et de production en entreprise et les temps de construction des savoirs et des compétences. Le temps didactique est alors considéré en tant que composante du temps vécu, supportant une pluralité de temporalités [1], c’est-à-dire une pluralité d’élaborations autonomes et de modes propres d’être-dans-le temps selon l’expression de Chesneaux (2004). À cet égard, dans la suite du texte, les mots « temps vécu » et « temporalité » sont indifféremment utilisés aussi bien pour relater le temps didactique que pour désigner les temps organisationnels de formation et de production.
4 Dans la publication antérieure (Zaid et Lebeaume, 2015), il est fait référence en particulier aux travaux de Zerubavel (1981), de McGrath et Kelly (1986) et d’Adam (1995) sur le temps vécu dans les organisations, dans les situations de travail ou dans la vie ordinaire, collective ou individuelle, qui distinguent les deux temporalités d’ordre organisationnel ou d’ordre transactionnel. Celles-ci peuvent être caractérisées à travers les quatre principales propriétés du temps :
- le temps construit par l’acteur, notamment dans sa mise en récit avec des repères spatiaux et temporels, des orientations, changements ou transformations ;
- la structure du temps, c’est-à-dire la succession de séquences qui renseigne sur l’ordonnancement d’un événement, son avant et son après, sa durée, sa localisation ainsi que le rythme qui informe, en suivant Zerubavel (1981), sur la récurrence d’un événement ;
- le flux du temps ou la manière dont l’acteur restitue l’écoulement du temps vécu en termes de cycle, de périodes ou de phases, réversibles ou irréversibles ;
- la matérialité du temps construit par l’acteur qui renvoie à son caractère concret ayant une existence et des effets réels et déterminé par le contexte où se déroule l’interaction (entre l’acteur et son environnement).
6 Le temps est ainsi une expérience subjective et intersubjective (McGrath et Kelly, 1986) ou individuelle et collective dont l’investigation exige la reconstruction du temps « passé » en formation en temps vécu. Mais ce temps vécu s’inscrit dans le contexte particulier d’une institution de formation par alternance. Il est donc sous l’influence et en interaction avec le temps prescrit qui est marqué par les quatre propriétés précédemment présentées : sa construction, sa structure, son flux et sa matérialité. Cette relation entre temporalité vécue et temporalité prescrite est éclairée par la métaphore de la résonance proposée par McGrath et Kelly (1986), Zerubavel (1981) et Giddens (2005). À l’image du phénomène mécanique de résonance entre des lamelles vibrantes et une source extérieure de vibration, cette métaphore met en exergue l’effet de la temporalité prescrite sur les temporalités vécues. Elle permet de supposer que la prescription des séquences de présence à l’université et en entreprise, influence la manière des apprentis et des tuteurs d’être-dans-le-temps de cette formation et la construction des savoirs et des compétences professionnelles par les apprentis. C’est dire que l’investigation du temps vécu implique celle du temps prescrit.
2. Accès aux temporalités prescrites et vécues
7 Comme précisé en introduction, l’étude porte sur une formation d’ingénieurs en alternance au sein du Centre de Formation par Apprentissage Ingénieurs 2000 en France. C’est un organisme qui coordonne un réseau d’établissements d’enseignement supérieur (cinq universités et écoles d’ingénieurs) et d’entreprises (environ 700 qui couvrent le territoire français) où chaque apprenti ingénieur est suivi par un tuteur académique et un tuteur ingénieur.
8 Les AI sont en formation initiale en alternance. Ils ont le statut de salarié de l’entreprise pendant les trois années de la formation qui se répartit entre une école d’ingénieurs et une entreprise selon l’organisation temporelle suivante :
Figure 1. Calendrier de la formation en alternance (en gris : séquences académiques, en blanc : séquences industrielles)
Figure 1. Calendrier de la formation en alternance (en gris : séquences académiques, en blanc : séquences industrielles)
2.1 La reconstruction de la temporalité prescrite
9 Du point de vue méthodologique, la reconstruction de la temporalité prescrite de la formation est conduite à partir de l’analyse des documents qui fixent à la fois le contrat des équipes tutorales et le programme de formation sur la durée de la formation. Ces documents ont des intitulés génériques pour l’ensemble des formations et des contenus spécifiés pour chacune d’entre elles. Ce sont les fiches de suivi académique, le livret de construction des séquences professionnelles, le livret de suivi et d’évaluation de l’apprenti, la charte pédagogique de l’équipe pédagogique, le livret de l’équipe tutorale, la fiche de suivi de l’acquisition des aptitudes et son mode d’emploi, la fiche mission professionnelle (pour chaque année), la fiche d’évaluation annuelle et son mode d’emploi, les consignes pour le rapport de situation professionnelle et sa soutenance, le livret des droits et devoirs de l’apprenti… De plus, les livrets sont composés de plusieurs textes, par exemple le sommaire du livret de construction des séquences professionnelles en indique (i) les principes, (ii) la progression des séquences et (iii) le contenu attendu de chaque séquence, pour chaque année. L’analyse globale du contenu de ces nombreux documents est menée selon le schéma d’analyse curriculaire à trois pôles tâche/visée/référence (TVR) (Lebeaume, 2000). Les questions majeures portent ainsi sur trois points :
- Les caractéristiques des tâches confiées aux apprentis : Qui les propose ? Quelles sont leurs spécificités en entreprise, à l’université ? Quelle est leur progressivité ?
- Les visées (intentions, finalités, objectifs, aspirations) de formation ou de production des tâches : Qui les définit ? Quelle est leur nature, leur spécificité en situation académique, en situation professionnelle (selon les acteurs) ? Comment progressent-elles ?
- Les références : à quoi font référence les tâches prescrites pour les apprentis ? À des savoirs académiques, à des compétences ou des « savoirs » professionnels, à des pratiques spécifiques au métier de l’ingénieur ?
11 L’analyse des documents présentant l’ingénierie pédagogique de la formation vise ainsi à caractériser le temps prescrit, c’est-à-dire l’organisation temporelle et les décisions programmatiques concernant les tâches et leurs contenus ainsi que les visées et les références de la formation.
2.2 L’approche des temporalités vécues
12 La reconstruction des temporalités vécues est conduite par des entretiens semi-directifs, individuels, de TI et leur AI en dernière année de formation (3e année). Pour des raisons pratiques (éloignement géographique des entreprises), 11 couples TI/AI ont été rencontrés séparément au cours de la semaine des soutenances de fin de formation. Cinq thèmes structurent les entretiens : temporalité de formation et temporalité de production en entreprise, activités de formation de l’apprenti en entreprise et progressivité des tâches, rôle du tuteur ingénieur, temporalité des apprentissages en entreprise et articulation des temporalités de formation en entreprise et à l’école d’ingénieurs. Les spécialités des AI et des TI, les domaines industriels ainsi que les tailles de leurs entreprises sont donnés dans le tableau 2.
13 Afin d’explorer le sens qui sous-tend les discours des apprentis ingénieurs et de leurs tuteurs par rapport à la question du temps vécu en entreprise, une analyse lexicale est menée en utilisant le logiciel Iramuteq [2]. L’analyse thématique de ces discours, selon la grille d’analyse constituée des quatre propriétés du temps (cf. supra), donne lieu à des intrigues (Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006) [3] mettant en récit le temps vécu par (ou la temporalité transactionnelle de) chaque acteur. Une synthèse des intrigues est ensuite analysée selon le schéma d’analyse TVR. Deux autres questions sont alors essentielles : Quelles temporalités construisent les TI et les AI au regard des temporalités prescrites ? Que disent ces temporalités construites par les TI et les AI, des apprentissages des AI, notamment pendant les séquences en entreprise ?
Tableau 2. Caractéristiques des TI et AI interviewés
Tableau 2. Caractéristiques des TI et AI interviewés
3. Caractéristiques de la temporalité prescrite de la formation
14 La formation CFA est conçue, pour chaque spécialité, comme un parcours professionnalisant composé de séquences dites académiques et dites professionnelles. L’articulation d’ensemble est fondée sur le référentiel métier avec ses aspects spécialisés et transversaux.
15 L’analyse des documents de contractualisation des partenaires révèle que la progressivité de cette formation est fondamentalement construite sur le passage de l’état de technicien supérieur à celui d’ingénieur débutant avec des missions professionnelles de plus en plus autonomes et de plus grande complexité. Ainsi, selon le schéma d’analyse TVR, la cohérence est clairement précisée entre les tâches en entreprise, cette visée et leurs références. Le temps de l’alternance s’intègre à cette cohérence avec une immersion progressive dans l’entreprise et le métier et avec l’intention de répondre aux enjeux de choix ou de développement professionnel des apprentis. L’étude des documents de contractualisation révèle toutefois une articulation moindre entre les séquences professionnelles – fondatrices – et les séquences académiques. Celles-ci apparaissent disjointes du dispositif à plusieurs égards et ces enseignements semblent être pilotés par les connaissances et non pas par les compétences. Leurs références semblent être exclusivement les savoirs académiques et leurs visées ne sont pas précisées (« savoir que » à restituer ou « savoir pour agir » ; exercices intellectuels de gestion de problèmes complexes pour une discipline de l’esprit). Ces contenus académiques semblent définis en tant que sciences de l’ingénieur et non pas sciences pour l’ingénieur. Ainsi la structure de la formation académique apparaît-elle comme la superposition d’une logique d’enseignement sur une logique de formation (tableau 2).
Tableau 2. Principes des séquences académiques et professionnelles
Séquences | Académiques | Professionnelles | Séquences | Académiques |
---|---|---|---|---|
Tâches | Cours, TD… | Activités pro. : projet | Tâches | Cours, TD… |
Visées | Maîtrise des connaissances | Capacités spécialisées et transverses | Visées | Maîtrise des connaissances |
Tableau 2. Principes des séquences académiques et professionnelles
4. Mise en évidence des temporalités vécues : analyse des discours des tuteurs ingénieurs et des apprentis ingénieurs
16 L’analyse lexicale, qui ne sera pas développée ici en raison de la longueur de l’article, met en évidence un temps vécu par les TI qui se manifeste par l’évolution et la transformation de leurs efforts d’intégrer les AI dans le projet de production à travers et malgré la temporalité de formation. La temporalité de formation est ainsi vécue comme une contrainte et, pour les TI, les AI apprennent lorsqu’ils s’approprient le temps de production au sein d’un projet. Deux temporalités sont ainsi mises en évidence dans les discours des TI et des AI. Pour les TI le temps du projet de production est prioritaire et le maintien de la double intention de formation et de production est difficile ; tandis que pour les AI le temps de formation est prioritaire et l’entreprise est conçue comme un temps pour progresser selon une trajectoire faite de l’ensemble des positions acquises dans et par rapport à des projets de production. Ces deux temporalités étant mises en évidence, qu’en est-il de leurs caractéristiques principales ?
17 L’analyse thématique des discours des TI et des AI permet de caractériser leurs temporalités vécues en reconstruisant des intrigues significatives, c’est-à-dire des récits racontant leur temps vécu, en en identifiant la construction, la structure, le flux, la matérialité et la résonance avec les temporalités organisationnelles de formation et de travail. Dans la suite, un exemple d’intrigue TI puis une synthèse des caractéristiques des temporalités vécues en entreprise par l’ensemble des TI interviewés sont présentés. Les caractéristiques des temporalités vécues par les AI se limiteront à une synthèse très succincte.
4.1 Une intrigue temporelle du tuteur ingénieur TI2
18 TI2 travaille dans une grande entreprise dans le domaine industriel de pétrochimie (service de l’instrumentation). Il forme un AI spécialiste en maintenance et fiabilité. C’est un ingénieur expérimenté (20 ans de carrière) qui reçoit son deuxième AI. La temporalité vécue par celui-ci se caractérise d’abord par sa manière de concevoir la progressivité des apprentissages de l’apprenti. Il exprime cette progressivité par une évolution de la responsabilisation de son apprenti, en lien avec la transformation de ses comportements et de ses attitudes. Il l’exprime également en termes de mise en mouvement de l’apprenti ingénieur au sein de différents réseaux sociotechniques en entreprise constitués d’équipes, de personnes ressources, de systèmes techniques ou de règles. La temporalité vécue par TI2 s’exprime enfin en termes de progressivité de l’appropriation des savoirs par son AI. L’extrait suivant illustre sa manière de raconter le temps vécu :
« Donc la première année tous les mois on ne peut rien lui donner, aucune responsabilité. On ne peut donner que des responsabilités ponctuelles. Donc on ne peut responsabiliser que sur le long terme. »
20 Cette construction temporelle implique une structure dont les séquences sont identifiées en référence à des transformations (selon un avant et un après) en termes de comportement et de conduite, d’acquisition des savoirs du métier et de construction de réseaux sociotechniques. Par exemple, TI2 décrit la progression de son AI en considérant des séquences temporelles larges, définies en termes de responsabilité donnée et en termes de temps organisationnel de l’alternance :
« La première année tous les mois d’abord je veux dire il faut se connaître pour arriver à juger les personnes savoir ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils ne savent pas faire pour arriver à leur donner des responsabilités. Le deuxième problème c’est que en deuxième année tous les trois mois c’est relativement long mais c’est relativement court on peut pas lui donner quelque chose dans le long terme… c’est aussi en responsabilité c’est assez mitigé quoi, donc la troisième année il y a six mois, six mois ça peut être une période intéressante alors l’autre souci aussi nous on est vis-à-vis des clients c’est difficile aussi on ne peut pas dire bah en face de vous on va mettre un ingénieur qui sort de l’école est responsable. »
22 La structure temporelle que souligne TI2 est caractérisée par un travail de production rythmé par les arrivées des contrats signés avec les clients.
« Pour nous la saisonnalité si on avait c’est le contrat. Donc les contrats ça se répète, toujours la même chose plus ou moins selon les unités […] ; la progression est toujours la même, donc c’est la saisonnalité, s’il y [en] avait c’est un contrat. »
24 Ce tuteur exprime un temps vécu discontinu, dont le flux est représenté par la succession des différents projets confiés à l’apprenti. Ces projets ne sont pas de même « niveau » de difficulté, et ils sont choisis en fonction des performances manifestées par l’AI. Au début, TI2 est attentif à la construction des savoirs du métier, c’est-à-dire les savoirs techniques qui, progressivement acquis, laissent la place en termes d’importance aux savoirs « relationnels ».
« La première année, il a travaillé sur un projet, donc il a travaillé tous les mois ; la deuxième année c’était tous les trois mois, il a fait un autre projet, le temps passant on a des projets en fonction des besoins et la troisième année il a fait encore un autre projet donc il ne peut pas y avoir une continuité au moins sur le même sujet il y a une continuité dans l’engineering il y a des clients différents il y a des visions différentes mais il y a pas de continuité c’est un sujet qu’on aborde de a à z sur les trois ans. »
26 Le temps vécu par TI2 se manifeste ainsi par et au sein des processus d’organisation et de production, dans des contextes matériels et humains en permanente évolution. Il souligne, par ailleurs, deux contraintes principales qui empêchent que soit opérée la résonance entre sa temporalité et la temporalité organisationnelle de formation : d’une part, l’inadéquation des chronologies des contrats (avec les clients) et celles des présences des apprentis en entreprise ; d’autre part le choix par les concepteurs de la formation (le CFA) d’une alternance avec des séquences en entreprise longues et progressives. Les extraits suivants illustrent respectivement ces deux contraintes :
« Et puis l’autre problème c’est il n’y a pas une adéquation entre les deux chronologies : la chronologie du contrat et le moment où il arrive l’étudiant en alternance. »
28 La marge de manœuvre de TI2, en termes de médiation et d’adaptation pour favoriser la résonance, est faible :
« Nous on ne l’a [le travail] pas adapté, il a fallu que lui [l’apprenti] s’adapte lui-même à notre travail on ne peut pas encore une fois on a des dates de remise de documents, des dates de remise de matériels, ou des études qui sont données par des contrats l’apprenti arrive à un moment où il n’est pas du tout prévu on fait avec mais il faudrait qu’on repose la question des contrats. »
4.2 Synthèse des caractéristiques des temporalités des tuteurs-ingénieurs
30 Les TI expriment des temporalités diverses dans leurs constructions, mais ce sont des temporalités dominées par des préoccupations de production, bien qu’elles soient exprimées en évoquant les caractéristiques des pôles tâches, visées et références.
31 La temporalité du tuteur structure la diversité de ses actions visant à mettre en mouvement l’apprenti et à susciter chez lui des transformations en vue d’intégrer la temporalité de production malgré la temporalité de formation, vécue comme contrainte. Ainsi, les séquences correspondent à des segments temporels délimités par des avant/après définis par les éléments de la construction temporelle mentionnés précédemment (avant/après l’acquisition d’un savoir, avant/après la prise en charge d’une tâche donnée, avant/après des variations sur l’approche d’un même problème technique pour s’adapter à des objectifs progressifs, avant/après l’intégration d’un service de l’entreprise, etc.). La durée des séquences vécues est exprimée, par exemple, par le temps nécessaire pour connaître l’entreprise et ses produits, par le temps objectif de l’alternance (mois, année), mais aussi par le temps de la demande du client.
32 Dans leurs discours, les TI mettent en tension la localisation des séquences de présence en entreprise induite par la temporalité organisationnelle de formation et la localisation des séquences de production déterminée par la temporalité organisationnelle de production. Au moins trois facteurs déterminants de la localisation des séquences de production peuvent être repérés : 1) facteurs en lien avec le temps « externe » à l’entreprise, tels que la conjoncture économique et sociale de l’entreprise ou le temps de la demande du client ; 2) facteurs en lien avec le temps « interne » à l’entreprise, celui spécifique au processus de production et caractérisé par des phases d’avant-projet, de spécification, d’innovation, de hausse/baisse de productivité ; 3) facteurs en lien avec le temps de formation (ou de tutorat), tels que le choix du moment de mise de l’apprenti dans un service en fonction de la compétence exigée par ce service.
33 La récurrence de séquences temporelles externe, interne et de formation implique une présence de l’AI en entreprise caractérisée par différents rythmes : un rythme des contraintes extérieures à l’entreprise (telles que l’arrivée des contrats et l’exigence des clients) ; un rythme du processus de production (tâches récurrentes ou problèmes techniques récurrents spécifiques à un domaine industriel) ; un rythme de formation (rencontres avec l’apprenti, récurrence des tâches de suivi et d’évaluation).
34 Le flux et la matérialité qui caractérisent la temporalité vécue par les TI ne s’expriment pas, dans leurs discours, de manière explicite. On ne peut qu’en inférer certaines caractéristiques. Le temps du TI s’écoule ainsi de manière discontinue et progressive, par paliers, comme l’acquisition des savoirs techniques et professionnels requis pour réaliser une tâche. Ce temps fait référence à un contexte matériel et humain concret.
35 Les TI pensent la présence de l’AI en entreprise en privilégiant la préoccupation de production. Dès lors, la résonance, du point de vue des TI, ne s’opère pas uniquement lorsque les AI intègrent le temps de production en le reconstruisant. Ils insistent plutôt sur la nécessité d’adéquation entre temporalité de l’alternance et temporalité de production et identifient la durée et la localisation des séquences en entreprise comme points sensibles. Deux points de vue contradictoires ont notamment été formulés à ce propos. D’une part, 8 TI sur 11 avancent différents arguments pour justifier l’intérêt des séquences longues (durée) et progressives sur chaque année et à travers les trois années (localisation) quant à l’appropriation de la culture locale de l’entreprise, y compris sa culture temporelle. Par exemple, selon ces TI, les séquences longues en entreprise leur évitent de renouveler les mises en situation de l’AI au début de chaque période courte (TI10). Elles permettent à l’apprenti, dès la première année, de nouer des relations avec ses collègues de travail et d’avoir une vision globale de l’activité (AI14). Elles permettent d’impliquer l’apprenti dans des tâches à long terme, des tâches à enjeux réels pour l’entreprise (AI1), dont il peut avoir la responsabilité et en assurer le suivi (AI2, AI17) en travaillant avec des clients (AI1). D’autre part, 3 TI sur 11 considèrent qu’une présence longue en entreprise implique une absence longue équivalente pendant la formation académique. Ils sont donc favorables pour des séquences de présence courtes en entreprise (de l’ordre d’une semaine à deux semaines) mais avec une fréquence de présence importante. Cette solution permet à l’apprenti, par exemple, de faire le suivi des projets avec le client (TI6, TI15) sans qu’il soit complètement déconnecté de l’entreprise pendant six mois (TI8).
4.3 Synthèse des caractéristiques des temporalités des apprentis-ingénieurs
36 Une analyse thématique similaire à celles des discours des TI montre que la temporalité de l’apprenti s’exprime à travers un champ notionnel mentionnant mouvement, changement ou transformation des éléments de la dynamique didactique, à savoir :
- la trajectoire dont les événements remarquables sont repérés en référence au temps « objectif » (jours, mois, années de formation) ;
- les tâches prises en charge en termes de nature, d’importance et d’enjeux pour l’entreprise ; le statut de l’apprenti dans l’équipe ou au sein de l’entreprise ;
- les comportements ou des attitudes de l’apprenti, tels que l’acquisition de capacités de s’organiser, se donner des objectifs, prendre des initiatives, et être autonome ;
- les réseaux sociotechniques que l’AI a construits en termes de services de l’entreprise fréquentés, de personnes ressources sollicitées, de systèmes techniques utilisés (Intranet), etc. ;
- les savoirs académiques et du métier (comprendre les enjeux des différents métiers du soutien logistique) ;
- les actions de tutorat qu’a déployées le TI pour l’accompagner dans ses apprentissages.
4.4 Une dynamique didactique particulière à la formation en entreprise
38 En focalisant la manière dont les TI et les AI construisent dans leurs discours le temps vécu en entreprise, on peut repérer les caractéristiques d’une dynamique didactique particulière décrite selon les trois pôles du schéma d’analyse TVR (tableau 3) :
Tableau 3. Les trois pôles du schéma d’analyse TVR
Caractéristiques des tâches, visées et références | |
Tâches | Ce sont des projets assignés en prenant en compte d’une part leur nature, leurs enjeux et leurs implications financières et, d’autre part, les capacités des AI ; ce sont des tâches de production impliquant des activités et des interactions entre les AI et les autres acteurs de l’entreprise visant à résoudre des problèmes techniques ou de gestion de projets. Elles sont déterminées par le statut ou la position de l’AI dans l’équipe ou dans l’entreprise (apprenti vs collaborateur) Elles sont réalisées selon des trajectoires dont les événements sont repérés en référence au temps « objectif », celui de l’alternance, mais aussi en référence au temps de production (comme le rythme d’arrivée des contrats). |
Visées | Elles sont définies par des actions de tutorat, des consignes données à l’AI en termes de buts poursuivis (lui faire vivre une expérience professionnelle) et d’attentes du TI vis-à-vis de l’AI ; ces actions ont une fonction de médiation entre les AI et les contenus requis pour réaliser les tâches. Elles portent sur des contenus (notamment des savoirs scientifiques, techniques et professionnels) requis pour réaliser les tâches. Ces contenus sont reconstruits par les acteurs, selon leurs statuts, et impliquent ainsi des positions et des rôles différents au sein de l’entreprise. Elles portent sur des comportements requis de l’AI en termes de responsabilité, d’autonomie et de prise de recul exigées dans le métier d’ingénieur. |
Références | Elles renvoient à des contextes matériels et humains reconstruits en réseaux sociotechniques dont la connaissance est nécessaire pour réaliser les tâches et pour se situer en entreprise. |
Tableau 3. Les trois pôles du schéma d’analyse TVR
39 Deux caractéristiques sont à souligner concernant le contenu spécifique à la formation d’ingénieurs analysée ici. D’une part, ce contenu est caractérisé par sa complexité qui se révèle à travers la diversité de ses reconstructions par les acteurs. Par exemple, les AI reconstruisent ce contenu en termes de savoirs (scientifiques, techniques et professionnels), de comportements ou d’attitudes (tels que l’acquisition de capacités d’organisation, de se donner des objectifs, de prendre des initiatives et d’être autonome), de perception de soi (conscience de son statut reconnu au sein de l’équipe ou en entreprise), de position au sein ou par rapport aux réseaux sociotechniques : services de l’entreprise fréquentés, personnes ressources sollicitées et systèmes techniques utilisés (Intranet) de l’entreprise. D’autre part, ce contenu émerge et se construit par les acteurs dans un cadre dont la structure temporelle implique des séquences de production ayant des durées, des localisations et des rythmes irréguliers et instables dépendant de l’arrivée des contrats, des périodes de hausse/baisse de production, des phases particulières d’un projet (avant-projet) ou encore de la conjoncture économique.
5. Conclusion et implications pour la formation d’ingénieurs en alternance
40 La caractérisation de l’organisation temporelle prescrite des formations précise les différents temps de l’alternance. Elle contribue à la discussion de la flexibilité du parcours de formation et de sa compatibilité avec la diversité des entreprises et des écoles d’ingénieurs partenaires dans le dispositif CFA. Elle permet de discuter également la prise en charge et la répartition des contenus au sein des équipes tutorales. En ce sens, elle révèle des espaces potentiels de décision programmatique laissés à l’initiative des différents formateurs. Toutefois, le relatif clivage, entre l’académique et le professionnel, identifié dans cette caractérisation, exprime la tension entre contenus et compétences bien identifiée dans les travaux concernant l’ingénierie de l’approche par compétences, qui relève plus particulièrement de l’intégration de l’inclusion hiérarchique des programmes d’enseignement et du curriculum de formation (Jonnaert, Ettayebi et Defise, 2009). Si cette tension est susceptible de limiter fortement ou d’affaiblir l’alternance, elle invite à réguler l’étanchéité des deux lieux contrastés de formation en identifiant les continuités, les transitions ou les ruptures ainsi que leurs interactions.
41 L’organisation prescrite du temps de la formation est distincte de sa mise en œuvre par les acteurs et de son appropriation par les apprentis alternants et est actualisée dans l’expérience d’apprentissage. Cette actualisation est manifeste dans les discours des apprentis qui, comme les TI, tendent à l’exprimer en termes de position, de trajet et de temporalité en entreprise, plutôt qu’en termes de compétences, de savoirs ou de contenus. Ainsi le cadrage [4], au sens de Bernstein (2007), rend le contrat explicite pour les apprentis qui peuvent alors se positionner, ce qu’ils signalent en exprimant la résonance entre le déroulement programmé et la temporalité vécue et conçue. La reconstruction de l’organisation temporelle de la formation et de l’alternance à partir des documents de planification et de programmation des activités et des actions formatives tend à mettre en évidence le problème majeur de l’investigation des formations en alternance, celui de leur cadrage, généralement masqué par la question première de leur rythme.
42 L’analyse de la temporalité vécue met en évidence, premièrement, que TI et AI vivent les séquences en entreprise selon deux temporalités différentes. Si les TI vivent la temporalité de l’intégration de l’AI dans le temps du projet et de la production, les AI vivent la temporalité de l’acquisition des compétences de l’ingénieur. Deuxièmement, TI et AI expriment leurs temporalités en mobilisant les éléments de la dynamique didactique qui se joue en entreprise, conçue comme lieu de formation (tâches, visées, références), mais ils le font selon des visées différentes, respectivement des visées de production et de formation. L’analyse des structures des temporalités exprimées par les TI met en évidence, par exemple, trois facteurs de tensions entre durées, localisations et rythmes de présence en entreprise d’une part, et ceux des séquences de production d’autre part : facteurs en lien avec le temps « externe » à l’entreprise, facteurs en lien avec le temps « interne » des processus de production et facteurs en lien avec le temps des actions de tutorat. L’analyse des structures des temporalités exprimées par les AI met en évidence une reconstruction des éléments de la dynamique didactique en preuves de progression relative aux différentes facettes du devenir ingénieur. Troisièmement, l’analyse temporelle dévoile une dynamique didactique centrée sur des contenus enchevêtrés et relevant de différents ordres. Sont ainsi mis en évidence aussi bien des contenus scientifiques, techniques ou professionnels, reconstruits par les apprentis, que des contenus relevant plutôt de la conscience intime de l’apprenti ou de la perception de soi, tels que le sentiment d’être utile dans son entreprise ou la prise de conscience d’avoir « franchi un cap ». Quant au rapport entre temporalités prescrite et vécue, l’analyse des discours des TI et des AI met en évidence que la résonance entre temporalités des AI et temporalité prescrite dépend du choix de la structure de la temporalité prescrite de formation et ne se réduit pas au choix des durées de présence en entreprise. Les TI insistent plutôt sur la nécessité d’adéquation entre temporalité de l’alternance et temporalité de production et identifient la durée et la localisation des séquences en entreprise comme points sensibles.
43 Deux contributions de cette recherche sont à souligner au regard des travaux antérieurs sur la formation des ingénieurs. D’une part, il s’agit de dépasser une approche qui n’étudie le temps qu’en tant que contrainte spécifique au métier de l’ingénieur, comme c’est le cas des travaux de Swart, Lombard et de Jager (2010) et Anderson et al. (2011). D’autre part, il s’agit de contribuer à l’étude des profils temporels des contenus en jeux dans les pratiques d’ingénieurs ou de leur formation, à la recherche des propriétés temporelles de leurs activités. Plusieurs recherches ont déjà esquissé des pistes dans ce sens : Zaid (2012) a étudié une activité de conception d’AI et a représenté sous forme d’actigrammes les profils temporels des phases d’un processus de conception dans une formation d’ingénieurs ; Filliettaz et Saint-Georges (2006) ont décrit, à partir d’un enregistrement audio-vidéo, la technique du trempage de l’acier devant un groupe d’apprentis techniciens en vue de thématiser les propriétés temporelles de cette activité, et plus particulièrement son ordre temporel, son rythme d’exécution et la durée des étapes qui la constituent ; ou encore Gainsbourg et al. (2010) ont établi des profils temporels spécifiques aux catégories de savoirs mobilisées par les ingénieurs des structures. Dans ce dernier exemple, les auteurs montrent que les savoirs générés dans la pratique sont dominants dans le travail des ingénieurs des structures, appuyant ainsi la position des TI et des AI qui mettent en relation construction de savoirs et durées plus longues de présence en entreprise. En revanche, pour Zaid (2013), ces savoirs évoluent au cours d’une même activité et les profils temporels de leur mobilisation ne sont ni « généraux » ni figés et ne peuvent avoir qu’un caractère heuristique pour analyser des processus de conception. Néanmoins, une limite de cette recherche est qu’elle ne caractérise pas les spécificités du temps vécu de chaque AI/TI au regard de la taille de l’entreprise, de la spécialité ou du domaine industriel visé.
44 Ces résultats ont des implications pour la formation des ingénieurs en alternance. La première est qu’il n’y a pas de temporalité idéale qui permet une construction « optimale » des savoirs et des compétences professionnelles par les AI, mais plutôt une temporalité qui articule durée, localisation et rythme des séquences industrielles et académiques en cohérence avec les acquis culturels, expérientiels et sociaux de chaque dispositif de formation. La seconde implication, quelle que soit la temporalité choisie, porte sur ce qui est décisif, en particulier les mesures d’accompagnement pouvant faire face, en particulier, au dilemme présence/absence en entreprise telle que la formation des TI à la gestion de la temporalité de formation et à son articulation avec la temporalité de production ou encore l’aménagement pour les AI, pendant la séquence académique, de temps pour préparer, continuer ou finaliser leurs projets professionnels.
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Notes
-
[1]
En reprenant l’hypothèse de Dubar (2004) qu’il existe plusieurs figures du temps et qu’il est toujours possible de distinguer plusieurs temporalités hétérogènes, à la fois points de vue sur et formes de manifestation du temps.
-
[2]
Ce logiciel découpe systématiquement le corpus textuel formé par les discours des TI et des AI interviewés en segments de texte. Ainsi, le corpus textuel des discours des TI est découpé en 1723 Unités de Contexte Élémentaires (UCE) dont 87,68 % ont effectivement été analysées, soit 1557 UCE. Tandis que le corpus textuel des discours des AI est découpé en 1778 Unités de Contexte Élémentaires (UCE) dont 90,37 % ont effectivement été analysées, soit 1559 UCE. Dans les deux corpus textuels ont été identifiées cinq classes lexicales (correspondant à cinq espaces de sens).
-
[3]
Ces auteurs reprennent la notion d’intrigue chez Ricœur (1983) et considèrent que : « L’intrigue représente la part d’intelligibilité qu’on peut apporter à des données où le temps joue un rôle central. Au fond, le temps échappe pour une bonne part à la conceptualisation. Mais il reste une partie qui est intelligible : l’intrigue est la part de nécessité présente dans la contingence. Selon Ricœur, une intrigue est faite de relations de causalité, de relations de finalité et de hasard. Il y a à la fois des événements fortuits et des enchaînements nécessaires. On peut donc construire un cadre d’analyse dont le but est d’extraire l’intrigue présente dans un récit » (Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006, p. 169).
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[4]
La notion de cadrage chez Bernstein (2007) s’inscrit dans une perspective analytique qui permet d’étudier les processus de réalisation (et de codification) des modalités pédagogiques visant à transmettre un savoir. Dans le cas de l’alternance, le processus de cadrage consiste à prescrire des règles et des codes fixant des lieux, des temps, des acteurs… et des modalités d’interaction entre tous ces éléments. Et c’est en cela que nous considérons que le cadrage est un problème majeur de l’investigation des formations en alternance. Lemaître (2009) souligne plus généralement l’importance de la question d’organisation du curriculum au sein des écoles d’ingénieurs en ce qu’elle constitue une mise en représentation de la réalité de l’entreprise et du rôle et des activités de l’ingénieur au travail.