L’« art de vivre » à la française, ce
mélange de « savoir faire » et de « savoir
être », ce goût pour tout ce qui relèverait d’un haut niveau de culture artistique, esthétique, littéraire, celui pour
une cuisine « du terroir » ou encore la
valorisation de la « mentalité française »
et de son « authenticité »… Ces expressions dignes d’un guide touristique
consacré à la France sortent en fait de la
bouche des multi-millionnaires installé·es en France, de nationalité française
et étrangère, appartenant aux grandes
familles aristocrates et aux nouvelles
fortunes. Cet attrait pour une culture
qui serait proprement française côtoie,
chez ces fractions des classes supérieures les plus riches, la valorisation de
l’international : elle se matérialise par la
possession de propriétés dans plusieurs
pays du monde, par une forte mobilité transnationale, et aussi, par le rapport à l’anglais. Langue de travail pour
certain·es et langue de voyage pour
beaucoup, elle est aussi une langue du
quotidien, fréquente mais circonscrite,
dont il est difficile, au premier abord,
d’identifier les usages systématiques.
Une pratique toute particulière, celle
du recours à des employé·es domestiques à temps plein chargé·es de servir
au quotidien les grandes fortunes chez
elles, offre un éclairage sur les usages
quotidiens que les plus riches font de
l’anglais et leurs significations sociales…