Les intenses transformations des systèmes d’éducation justifieraient l’ajout d’un chapitre supplémentaire au livre d’Émile Durkheim L’ évolution pédagogique en France. Depuis que le capitalisme néolibéral, après avoir défait nombre d’institutions mises en place sous la pression des mobilisations collectives du milieu du XXe siècle, génère de nouvelles manières d’organiser les conditions d’existence des individus, les réformes des systèmes éducatifs se sont intensifiées. Tout se passe comme si ce qui a eu cours jusqu’à maintenant était remplacé par un nouveau système dont les évolutions ne sont pas encore achevées. Les adeptes du néolibéralisme, persuadés que « le véritable instrument de domination des âmes c’était l’éducation de la jeunesse », poursuivent l’objectif, avec les réformes du système pédagogique, de faire apparaître un « homme nouveau » bien adapté aux contraintes de la société contemporaine. Ils y réussissent dans la mesure où les transformations qu’ils imposent sont en affinité avec les transformations sociales. Comme l’écrivait Durkheim, « sous l’influence des changements survenus dans l’organisation économique et sociale, une éducation nouvelle est devenue nécessaire ». Il ajoutait, dans Éducation et sociologie, qu’« il n’est pas d’homme qui puisse faire qu’une société ait, à un moment donné, un autre système d’éducation que celui qui est impliqué dans sa structure ». Pour le dire autrement, aucune autorité politique nationale ou européenne n’est l’auteur des modifications substantielles de l’enseignement, même si elle signe des lois, décrets, directives en ce sens…