Couverture de SPUB_226

Article de revue

La demande pour des espaces de nature en situation de pandémie

Pages 761 à 770

Notes

Introduction

1 Avant la crise sanitaire, déjà, de nombreuses recherches s’étaient intéressées aux bienfaits des loisirs dits « de nature » sur la santé mentale et physique [1]. Les confinements instaurés un peu partout dans le monde durant la pandémie de COVID-19 ont ravivé l’intérêt pour cette question, en montrant l’impact négatif qu’ont eu les privations de sorties sur le bien-être des individus [2], d’une part, et en soulignant, d’autre part, l’effet thérapeutique du contact avec la nature pour lutter contre le stress généré par cette pandémie [3].

2 Passé ce premier constat établi dans l’urgence d’une situation inédite, de nouvelles questions se sont posées, en particulier sur le type de « nature » à laquelle se référaient les études précédentes [4]. Le plus souvent, l’attention s’est portée sur les espaces boisés et les forêts, en particulier dans les villes [2]. Dans le contexte particulier du confinement, les espaces privatifs tels que les jardins ou les cours intérieures ont été examinés avec un nouvel intérêt [5]. En comparaison, les rivages de la mer, les lacs ou les rivières ont été nettement moins étudiés [6]. Plus encore, certaines recherches ont retenu une acception très générale de l’environnement extérieur mixant, avec plus ou moins de précision, des milieux naturels divers [7, 8]. Cela a parfois conduit à intégrer les rivages de la mer et les plans d’eau dans une catégorie très générale « d’espaces verts », dont les contours deviennent de ce fait extrêmement flous.

3 Hors du champ de la santé publique, plusieurs études ont pourtant cherché à croiser les spécificités des demandes relatives aux différents milieux naturels à des fins de loisirs. Green et al. [9], par exemple, ont montré la façon dont les motivations affichées par les adeptes du plein air aux États-Unis étaient attachées aux activités pratiquées ainsi qu’aux milieux qui les accueillaient. Dans leur travail sur les forêts littorales, Rulleau, Dehez et al. [10] ont montré que les visiteurs déclaraient des préférences très distinctes sur les attributs de « qualité récréative » des plages et des forêts, quitte à totalement négliger la forêt au profit des plages, pourtant situées à proximité immédiate les unes des autres. Un résultat comparable a été obtenu par Nora et al. [11] auprès des habitants de la région d’Helsinki, en Finlande, durant le premier confinement. Les auteurs ont ainsi montré que si la fréquentation des plages et des cours d’eau avait effectivement baissé durant le premier confinement, comparativement à d’autres destinations, ces derniers restaient malgré tout les plus appréciés.

4 Dans cet article, nous proposons donc une analyse croisée de la fréquentation des forêts et des plages de l’océan, en Aquitaine, durant la première année de la pandémie. Nous nous intéressons aux profils sociodémographiques des visiteurs, aux pratiques ainsi qu’aux attentes et aux représentations dont chacun de ces espaces a été l’objet durant cette période. Notre démarche s’appuie sur des méthodes d’analyse statistique, appliqués à deux échantillons représentatifs de la population régionale. Après avoir décrit la zone d’étude et les éléments de méthode, nous détaillons les principaux résultats que nous discutons dans une dernière partie.

Matériels et méthodes

Zone d’étude

5 Notre zone d’étude couvre un territoire de plus de 41 000 kilomètres carrés. D’après l’inventaire CORINE Land Cover (CLC) [1] de 2018, la forêt et les autres milieux arborés sont la première utilisation des sols (46,9 %) devant l’agriculture (45,9 %), les terres artificialisées (5,2 %), les zones humides et autres surfaces en eau (1,5 %) et les autres milieux ouverts (0,5 %). S’ajoute un littoral de 250 kilomètres de plages, dont 200 kilomètres de dunes de sable, quasiment ininterrompues (figure 1). Sur un plan démographique, les 3 437 398 habitants (population dénombrée au dernier recensement de 2018) sont très largement concentrés dans les grandes villes et sur la zone côtière [12]. En plus d’un fort potentiel en matière de loisirs de nature, ce terrain présente l’avantage d’avoir donné lieu à des d’enquêtes de fréquentation antérieures auxquelles on pourra se référer [13].

6 Comparé à d’autres pays, le confinement en France s’est appuyé sur une conception particulièrement restrictive de l’accès à la nature [14, 15]. Les directives édictées au soir du lundi 16 mars 2020 précisaient ainsi que : « sont donc autorisés des déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie. » Le second confinement, annoncé le 28 octobre 2020 fut un peu moins strict que le premier. Les espaces verts et les espaces naturels sont demeurés plus souvent accessibles au public, avec des déplacements toujours limités (à un rayon de 1 km entre le 30 octobre et le 27 novembre 2020, puis de 20 km entre le 28 novembre et le 15 décembre 2020). Des dérogations ont été mises en place. Par exemple, les chasseurs et les sportifs professionnels ont obtenu le droit de poursuivre leur activité au-delà de la limite des 20 kilomètres. Entre les deux, le relâchement des contraintes a été progressif.

Figure 1 :

Carte d’occupation des sols dans les cinq départements de l’ex-Région Aquitaine

figure im1

Carte d’occupation des sols dans les cinq départements de l’ex-Région Aquitaine

7 L’accès au littoral, interdit durant le premier confinement, s’est déroulé en plusieurs étapes, entre le 11 mai et le 15 juin 2021. D’abord soumise à l’avis des maires et des préfets, la fréquentation des plages a ensuite été autorisée en mode « dynamique » (c’est-à-dire, pour la pratique d’activités sportives sur la plage et dans l’eau, sans situation statique prolongée) avant de reprendre dans des conditions à peu près « normales », mais avec des conseils de distanciation sociale. Cette réouverture ne s’est pas déroulée sans difficulté, certains élus locaux prenant la décision de refermer les plages quelques jours à peine après en avoir de nouveau autorisé l’accès [2].

Les enquêtes

8 La mise au point de méthodes pour le suivi et l’évaluation de la fréquentation des espaces naturels constitue un volet important des études menées en plein air (outdoor studies) [16]. Dans notre cas, les données ont été collectées par deux enquêtes menées de façon simultanée, sur la fréquentation des forêts, d’une part, et sur la fréquentation des plages océanes, d’autre part. Elles ont été administrées du 7 au 15 décembre 2020, par téléphone. Les deux échantillons de 500 individus sont représentatifs de la population âgée de 15 ans sur les critères d’âge, de catégorie socioprofessionnelle et la taille de la commune (+/– 2 000 habitants). Les deux questionnaires suivaient une structure commune, avec des formulations permettant le plus possible la comparaison entre les deux espaces cibles. Les individus étaient interrogés sur plusieurs thèmes : leur fréquentation (ou non) de différents espaces naturels (forêt, littoral, campagne, rivières et plans d’eau, montagne, espaces verts en ville), leurs activité et conditions d’accès à l’espace cible (i. e. forêts ou plages), les attributs appréciés ou au contraire rejetés pour chaque espace cible, la perception des risques de contamination par la COVID-19 dans chaque espace cible. Des informations sur les caractéristiques sociodémographiques du répondant étaient également collectées (sexe, âge, formation, revenu, taille du ménage, lieu de vie). Malgré leurs similitudes, ces deux enquêtes constituent bien des dispositifs distincts, ne serait-ce qu’au niveau des éléments de contexte et de cadrage présentés aux individus et dont on ne peut nier l’influence sur les réponses faites en suivant [16].

9 L’avantage de réaliser des enquêtes « à domicile » réside naturellement dans un meilleur contrôle des biais de sélection [16], en évitant d’avoir notamment à se focaliser sur un type d’usagers, comme chez Rice et al. [17], par exemple. Une telle procédure facilite le contact avec les individus qui se sont peu ou pas déplacés en 2020, information particulièrement précieuse dans le contexte sanitaire. De l’aveu même des chercheurs qui y ont eu recours, les enquêtes par internet, largement déployées en 2020 [17, 18] restent fortement exposées à ce biais. Pour autant, l’enquête par téléphone n’est pas exempte d’inconvénients non plus [16], par exemple quant à l’impossibilité de s’appuyer sur des supports visuels ou cartographiques afin de cerner plus précisément la nature des préférences ou la localisation des lieux de visite.

10 Nos traitements s’appuient pour l’essentiel sur des tests de comparaison deux à deux. Le test du Chi2 de Pearson a été utilisé pour mesurer la significativité des différences entre les deux espaces cibles, à l’aide du logiciel R.

Résultats

11 En 2020, 69 % des individus interrogés (base : 1 001 individus) ont déclaré s’être rendu en forêt durant l’année écoulée, ce qui place cette destination en deuxième position derrière la campagne (79 % de réponses positives), mais devant les rivières, les lacs et les étangs (62 % de réponses positives). La plage est citée par un individu sur deux environ (52 %), c’est-à-dire plus que les espaces verts en ville (43 %) ou la montagne (31 %). Concernant nos deux espaces cibles, 30 % des individus interrogés se sont rendus uniquement en forêt ; 9 %, uniquement à l’océan et 41 %, à la fois en forêt et à l’océan ; 20 %, n’ont fréquenté aucun des deux espaces (tableau I). Les différences sociospatiales du point de vue du genre, de l’âge, de la catégorie socioprofessionnelle (CSP), de la formation, de la composition du ménage, du revenu, de la commune de résidence et de l’habitat sont importantes. Toutes ces variables ont une influence sur la fréquentation, significative à 10 % minimum.

12 Le pourcentage de ceux qui n’ont visité aucun des deux espaces en 2020 est ainsi plus élevé chez les femmes, les 15-24 ans comme les 60 ans et plus, les retraités ou les autres personnes sans activité professionnelle, sans diplôme, vivant seules et gagnant entre 1 000 € et 1 499 € par mois, voire moins de 1 000 € par mois. À l’inverse, le pourcentage d’individus s’étant rendus à la fois sur les deux types d’espaces naturels est plus élevé chez les hommes, âgés de 30 à 44 ans, avec une profession intellectuelle supérieure, ayant fait des études supérieures et avec les revenus les plus élevés. Ce sont également des membres de foyers avec plus de trois personnes. Ces individus résident plus souvent dans des communes de plus de 2 000 habitants et habitent en appartement.

13 Ceux qui se sont rendus exclusivement en forêt sont plus souvent des hommes, âgés de 60 ans et plus, retraités ou agriculteurs, avec des diplômes de niveau inférieur au BAC, gagnant moins de 1 000 € par mois, vivant dans des ménages composés de deux personnes, dans une maison individuelle, située dans des communes de moins de 2 000 habitants. Pour leur part, les personnes qui se sont rendues exclusivement à l’océan sont plus souvent des femmes, âgées de 15 à 25 ans, employées, avec des diplômes de niveau BAC + 1 ou BAC + 2, gagnant moins de 1 000 € par mois, vivant seules, en appartement, dans des communes de plus de 2 000 habitants.

14 Les activités et les usages sont une autre expression des particularités de chaque demande. S’il peut sembler évident que les espaces se prêtent à des activités spécifiques (il paraît a priori plus facile de se baigner dans l’océan qu’en forêt), force est de constater que la distinction se manifeste également pour des activités très génériques (tableau II). Notons de plus que, durant toute cette année, la sortie en forêt s’est faite le plus souvent de manière solitaire (tableau III). En France, ce résultat est assez inédit, car, jusqu’à présent, la sortie en forêt était présentée comme l’archétype même de l’activité familiale [19]. D’une certaine façon, ce changement témoignerait d’un ajustement des pratiques, en accord avec les recommandations officielles sur la distanciation sociale. Le nombre de visites de personnes seules est plus bas sur le littoral, mais cette destination n’était accessible que pendant le déconfinement, période où les règles de distanciation étaient assouplies.

15 Chez ceux qui ont pu profiter d’un accès à la forêt ou à la plage en 2020, la sortie n’a absolument pas constitué un choix par défaut (tableau IV). Dans chacun des cas, la réponse « parce que je n’avais rien d’autre à faire » n’est respectivement citée que par 12 % et 7 % des enquêtés. Ces déplacements ont répondu à des besoins variés, au premier rang desquels « se détendre », « sortir », « se ressourcer » ou « le contact avec la nature ». À l’inverse, les attentes ne relèvent pas de la socialisation puisque la réponse « voir des gens » n’a été mentionnée au maximum que par 18 % de répondants (à la plage). Là encore, on pourrait y voir le signe, sinon d’une particularité française, à tout le moins d’une adaptation à des contraintes sanitaires fortes, comme ce fut le cas aussi en Italie ou en Espagne [2, 17]. Dans les pays nordiques qui n’ont pas appliqué les mêmes restrictions, la fonction sociale est plus souvent évoquée dans les enquêtes [20]. Enfin, quelles que soient les attentes, les taux de réponses positives sont généralement plus élevés vis-à-vis de la forêt que du littoral. Dans notre enquête, la fonction de santé et de bien-être semble donc plus importante en forêt, ce qui est assez cohérent avec les déclarations faites sur la perception des risques de contamination (tableau V).

Tableau I :

Caractéristiques sociodémographiques des individus qui se sont rendus en forêt, à la plage, sur les deux espaces ou aucun des deux en 2020.

Type d’espaces naturels visités en 2020
Forêt et plage (%)Forêt seule (%)Plage seule (%)Ni forêt, ni plage (%)Total (%)
Ensemble40,430,09,420,3100,0
Genreχ2(3) = 7,11 ; p = 0,0686
Femme37,829,110,422,7100,0
Homme43,531,08,217,3100,0
Âgeχ2(9) = 42,05 ; p = 3,22 e-06
15 à 29 ans39,922,613,923,6100,0
30 à 44 ans47,928,010,613,6100,0
45 à 59 ans44,829,88,716,7100,0
60 ans et plus31,236,75,926,2100,0
Catégories socioprofessionnellesχ2(18) = 81,74 ; p = 4,25 e-10
Agriculteur, artisan42,934,93,219,1100,0
Cadre, profession intellectuelle sup.60,315,512,112,1100,0
Profession intermédiaire57,928,94,19,1100,0
Employé42,027,014,916,1100,0
Ouvrier41,730,312,115,9100,0
Retraité29,137,45,528,0100,0
Autres sans activité prof.36,623,813,426,2100,0
Formationχ2(15) = 73,65 ; p = 9,92 e-10
Aucun diplôme16,429,110,943,6100,0
Inf Bac31,336,99,922,0100,0
Bac41,727,08,722,6100,0
Bac + 1/+247,328,112,612,0100,0
Bac + 3/+450,028,06,815,3100,0
Bac + 5 ou plus65,814,55,314,5100,0
Taille du ménageχ2(6) = 16,71 ; p = 0,0104
1 personne35,925,411,527,3100,0
2 personnes38,632,97,421,1100,0
3 personnes et plus44,029,710,116,2100,0
Revenuχ2(15) = 88,54 ; p = 1,86 e-12
Moins de 1 000 €24,036,012,028,0100,0
Entre 1 000 € et 1 499 €28,231,712,028,2100,0
Entre 1 500 € et 2 999 €42,429,711,116,8100,0
Entre 3000 € et 4000 €51,228,27,712,9100,0
Plus de 4000 €62,921,65,210,3100,0
Refus de répondre22,335,04,937,9100,0
Taille de la commune de résidence (habitants)χ2(3) = 56,8 ; p = 2,84 e-12
Moins de 2 000 hab.35,241,54,119,2100,0
2 000 hab. et plus44,021,913,121,1100,0
Type de logementχ2(6) = 45,08 ; p = 4,51 e-08
Appartement35,241,54,119,2100,0
Maison44,021,913,121,1100,0
Refus de répondre35,241,54,119,2100,0

Caractéristiques sociodémographiques des individus qui se sont rendus en forêt, à la plage, sur les deux espaces ou aucun des deux en 2020.

Source et champ : Fréquentation des espaces naturels en Aquitaine. Forêt : 501 répondants ; Plage : 500 répondants (Inrae, 2020). Calcul des auteurs.
Tableau II :

Comparaison des activités pratiquées dans les deux espaces cibles.

Activité (plusieurs réponses possibles)Forêt (%)Plage (%)
Promenade95,482,1χ2(1) = 26,33 ; p = 2,88 e-07
Repos, détente61,779,6χ2(1) = 20,45 ; p = 6,12 e-06
Observation de la nature66,625,8χ2(1) = 92,56 ; p = 6,55 e-22
Sport48,126,7χ2(1) = 26,48 ; p = 2,66 e-07
Pique-nique34,950,4χ2(1) = 13,52 ; p = 0,000 2

Comparaison des activités pratiquées dans les deux espaces cibles.

Source et champ : Fréquentation des espaces naturels en Aquitaine. Forêt : 501 répondants ; Plage : 500 répondants (Inrae, 2020).
Tableau III :

Composition des groupes lors d’un déplacement sur chacun des deux espaces cibles.

Composition du groupe (plusieurs réponses possibles)Forêt (%)Plage (%)
Seul52,217,9χ2(1) = 69,06 ; p = 9,55 e-17
En famille71,580,4χ2(1) = 5,61 ; p = 0,017 9
Avec des amis30,047,1χ2(1) 17,1 ; p = 3,54 e-05
Avec des enfants30,346,7χ2(1) 15,69 ; p = 0,000 1

Composition des groupes lors d’un déplacement sur chacun des deux espaces cibles.

Source et champ : Fréquentation des espaces naturels en Aquitaine. Forêt : 501 répondants ; Plage : 500 répondants (Inrae, 2020).
Tableau IV :

Attentes et motivations à se rendre dans chacun des deux espaces cibles.

Motivations (plusieurs réponses possibles)Forêt (%)Plage (%)
Garder la forme59,118,3χ2(1) = 94,77 ; p = 2,14 e-22
Déstresser, se détendre71,572,5χ2(1) = 0,03 ; p = 0,857 5
Le contact avec la nature75,546,7χ2(1) = 49,79 ; p = 1,71 e-12
Le besoin de sortir70,952,5χ2(1) = 19,89 ; p = 8,19 e-06
Voir des gens9,818,3χ2(1) = 8,24 ; p = 0,004 1
N’avoir rien d’autre à faire11,56,7χ2(1) = 3,34 ; p = 0,067 6
Se ressourcer69,752,5χ2(1) = 17,3 ; p = 3,19 e-05
Le meilleur endroit où pratiquer ses loisirs préférés42,917,9χ2(1) = 39,23 ; p = 3,76 e-10
Autre17,318,3χ2(1) = 0,05 ; p = 0,829 6

Attentes et motivations à se rendre dans chacun des deux espaces cibles.

Source et champ : Fréquentation des espaces naturels en Aquitaine. Forêt : 501 répondants ; Plage : 500 répondants (Inrae, 2020).

16 Lorsqu’on les compare directement, la forêt est en effet jugée « moins risquée » que le littoral, par 65 % des gens interrogés qui ont répondu à l’enquête sur la forêt, tandis que la plage est jugée « moins risquée » par seulement 19 % des individus qui ont été interrogés dans l’enquête sur la plage. Des différences apparaissent également lorsque chacun des deux types d’espace est mis en perspective avec un autre lieu. Dans tous les cas, la forêt apparaît « moins risquée » que n’importe quel autre espace par une majorité de répondants, sauf vis-à-vis de la montagne, laquelle est jugée « identique » par 56 % des répondants. La situation est moins favorable pour les plages. Celles-ci sont en effet jugées « moins risquées » que les rues piétonnes par tout juste une moitié de répondants (57 %), chiffre qui baisse lorsque l’on compare les plages avec les parcs et espaces verts en ville (39 % seulement jugent que les plages sont « moins risquées »).

Tableau V :

Perception du risque de contamination au sein de chaque espace cible, rapporté au risque de contamination dans d’autres milieux naturels.

VariableForêt (%)Plage (%)
Les parcs et jardins en villeχ2(3) = 257,03 ; p = 1,97 e-55
Moins risqué87,039,0
Identique7,639,4
Plus risqué0,811,8
Ne sait pas4,69,8
Les rues piétonnesχ2(3) = 165,91 ; p = 9,71 e-36
Moins risqué91,657,2
Identique3,623,8
Plus risqué1,012,0
Ne sait pas3,87,0
Les forêtsN/A
Moins risquéN/A18,6
IdentiqueN/A37,6
Plus risquéN/A38,2
Ne sait pasN/A5,6
Les plages de l’océanN/A
Moins risqué65,3N/A
Identique24,2N/A
Plus risqué2,6N/A
Ne sait pas8,0N/A
La montagneχ2(3) = 107,95 ; p = 3,03 e-23
Moins risqué29,117,0
Identique56,144,2
Plus risqué5,830,6
Ne sait pas9,08,2
Son lieu de travailχ2(3) = 76,31 ; p = ,89 e-16
Moins risqué47,733,0
Identique8,213,6
Plus risqué0,612,8
Ne sait pas43,540,6

Perception du risque de contamination au sein de chaque espace cible, rapporté au risque de contamination dans d’autres milieux naturels.

Lecture : 87,0 % des personnes interrogées pensent qu’il est moins risqué d’aller en forêt que dans les parcs et jardins en ville, du point de vue de la contamination par le SARS-CoV-2.
Source et champ : Fréquentation des espaces naturels en Aquitaine. Forêt : 501 répondants ; Plage : 500 répondants (Inrae, 2020).

Discussion

17 D’une façon générale, ce travail confirme l’importance de maintenir accessibles les activités de plein air, dans une situation de crise sanitaire telle que la pandémie de COVID-19. En France, la forêt et le littoral étaient déjà deux destinations très prisées avant la crise [21]. Cela s’est vérifié dans notre étude, puisque 80 % des personnes interrogées ont déclaré s’être rendu à l’une ou l’autre, durant l’année écoulée. Pour autant, nous montrons que, du point de vue des effets (attendus ou constatés) sur la santé, les demandes relatives à chaque espace sont très différentes.

18 Nous soulignons tout d’abord la diversité des profils sociodémographiques en fonction des destinations choisies. Cette divergence témoigne à la fois d’une singularité des usagers de chaque espace cible, mais aussi de fortes inégalités entre, d’un côté, les individus qui ont pu fréquenter un, voire deux espaces, et, de l’autre, ceux qui n’en ont visité aucun. De ce point de vue, la fréquentation des espaces naturels pourrait être assimilée à un cas d’inégalité environnementale [22] au sens où « les individus et les groupes sociaux ne sont pas égaux dans l’accès aux ressources et aux aménités environnementales ». D’après nos résultats, tout le monde n’a effectivement pas profité de la nature de la même façon durant la pandémie. Le plus souvent, ceux qui en ont été exclus vivaient seuls, ne disposaient ni du capital culturel ni du capital matériel donnant accès à ce loisir. Contrairement à ce qui a pu être observé dans d’autres pays européens [23], en France, la crise n’a pas véritablement incité de nouvelles personnes à faire l’expérience de la nature. Le propos mérite malgré tout d’être nuancé, car nous avons vu par ailleurs que les individus fidèles à un seul espace (qu’il s’agisse de la forêt ou de la plage) appartiennent aux catégories sociales les moins favorisées (en termes de revenus ou de formation). Sur le plan des inégalités sociales de santé [24] ce résultat est donc relativement encourageant et tendrait à confirmer l’utilité des politiques publiques garantissant l’accès gratuit à la nature.

19 En termes de bénéfices sur la santé, justement, la forêt semble jouir d’une image plus positive que le littoral. Certes, la fonction prophylactique de la forêt a bénéficié d’un regain de médiatisation récent, suite à la popularisation des « bains de forêts » importés de la tradition japonaise [25]. Cependant, les réponses faites pour le littoral peuvent paraître surprenantes sachant que les vertus thérapeutiques des bains de mer sont connues depuis longtemps et que la thalassothérapie structure aujourd’hui une véritable filière économique. À ce stade, nous formons l’hypothèse que la reconnaissance auprès du grand public de la fonction prophylactique profite, au moins en partie, de la valorisation des fonctions environnementales de chaque espace. Les études sur les représentations sociales des forêts ont en effet montré que les individus leur attribuaient un rôle central dans des processus tels que l’amélioration de la qualité de l’air, la régulation du climat ou la conservation de la biodiversité [26], autrement dit, des phénomènes ayant, dans l’imaginaire collectif, toutes les chances d’être bénéfiques aussi pour la santé. En outre, la répartition de la forêt sur l’ensemble du territoire national crée de facto une certaine proximité avec le milieu favorisant un attachement voire un caractère rassurant [27]. En comparaison, les motivations associées au tourisme balnéaire et à la fréquentation des plages relèvent encore plus souvent de l’hédonisme et du fun que de la quête d’une expérience à haute valeur environnementale [28]. D’une façon ou d’une autre, ces hypothèses invitent donc bel et bien à distinguer ce qui relève, d’un côté, de la Green Health [29] et, de l’autre, de la Blue Health [30]

20 Enfin, la forêt a semblé offrir un cadre plus accueillant également vis-à-vis des risques de contamination par la COVID-19. On sait que les risques, de toute nature, peuvent faire l’objet d’appropriations subjectives par les individus, sensiblement éloignées des conceptions « expertes » [31]. Un tel décalage a déjà été observé avec des virus de type SARS [33] et, au moment où nous menions nos enquêtes, cette dimension personnelle avait toutes les chances de s’exprimer, compte tenu du relatif déficit d’informations sur le sujet. À l’été 2020, on s’interrogeait encore sur les possibilités de transmission de la maladie par l’eau de mer [3] et les premières synthèses sur les risques de contamination « en extérieur » ont commencé à être publiées l’année suivant celle de la passation des questionnaires [33, 34]. Ce n’est qu’en mars 2021 que l’étude nationale de l’institut Pasteur sur les comportements et pratiques associés à l’infection par le SARS-CoV-2 (ComCor) [35] mentionnait : « l’analyse de plus de 10 000 contacts uniques […] à l’origine d’une infection montre que ce contact a eu lieu à l’intérieur fenêtres fermées dans 80 % des cas, à l’intérieur fenêtres ouvertes dans 15 % des cas, et à l’extérieur dans 5 % des cas ». Dans ce contexte marqué par une incertitude forte, il est difficile de trouver une explication immédiate à ces écarts. Les conditions d’accès et d’immersion dans le milieu ont-elles joué (nous avons vu un peu plus haut que les déplacements en forêt se faisaient plus souvent seuls, réduisant les risques associés aux interactions sociales) ? Est-ce une autre traduction de la médiatisation de la fonction prophylactique de la forêt (« bonne » pour la santé, elle nous protège forcément du virus) ? Ou encore, est-il possible que le caractère dangereux de la baignade dans l’océan [36] n’ait influencé la perception de ce risque-ci, alors qu’en forêt, les facteurs pathogènes sont nettement moins remarqués [37] ? Autant d’interrogations qui illustrent l’étendue des chantiers qui s’ouvrent à la recherche.

Conclusion

21 Dans la lutte contre les crises sanitaires, garantir l’accès à la nature est une stratégie que les politiques de santé publique examinent avec de plus en plus d’intérêt [38]. Cette stratégie s’appuie sur un corpus scientifique en pleine construction [1]. Dans le présent article, nous montrons que le rapport à la nature des individus est le résultat d’entrelacs complexes de facteurs environnementaux et sociaux. L’être humain n’est pas qu’un capteur passif. Ce qu’il reçoit de son immersion dans l’environnement naturel est modulé par ses pratiques, ses attentes et ses représentations. En filigrane, c’est bien la notion d’« exposition » qui s’en trouve discutée, laquelle pourrait dès lors tenir le rôle de passeur, d’aucuns diront « d’objet-frontière » [39], entre les sciences de la santé, les sciences de l’environnement et les sciences humaines et sociales.

22 Aucun conflit d’intérêts déclaré

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Mots-clés éditeurs : Épidémie, Santé publique, Sciences humaines et sociales, Activités de loisirs, Environnement

Date de mise en ligne : 07/04/2023

https://doi.org/10.3917/spub.226.0761

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