1Conséquences des changements globaux affectant le climat, les forêts et la biodiversité, les maladies transmises par les tiques posent des problèmes accrus en santé animale et en santé humaine. Le projet CiTIQUE [1] explore certains aspects méconnus de l’écologie de ces maladies pour améliorer leur prévention en coconstruisant les recherches avec les citoyens et les professionnels de la santé et des milieux naturels et forestiers.
2Encadrés par des chercheurs, les citoyens peuvent participer à l’effort de recherche, depuis la conception du projet, l’échantillonnage et l’expérimentation, jusqu’à l’interprétation des résultats. Au cours de cycles de living lab à l’Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes [2], citoyens et chercheurs ont ainsi ébauché les prototypes d’une application smartphone destinée à collecter de nombreuses informations sur les piqûres et à inciter les citoyens à envoyer aux chercheurs les tiques qui les ont piqués, eux ou leur animal. Le lien entre scientifiques et citoyens a été renforcé par de nombreuses conférences-débats auprès de différents publics (citoyens, associations de malades, scientifiques, responsable des politiques de santé), et grâce à un compte Twitter [3] et un site web [4].
Signalement Tique : une application et un site web pour collecter des données et faciliter la communication entre chercheurs et citoyens
Signalement Tique : une application et un site web pour collecter des données et faciliter la communication entre chercheurs et citoyens
3L’application Signalement Tique [5] a été mise à disposition gratuitement sur les plateformes iTUNE ET GooglePay le 17 juillet 2017. Sa sortie a été accompagnée d’une importante campagne de communication orchestrée par les organismes partenaires (Inra, DGS et Anses) et largement relayée par les associations de malades et la presse régionale et nationale (web, journaux, TV) [6-9].
4Cette initiative a été bien accueillie et la participation citoyenne a été très importante : en treize mois l’application a été téléchargée 47 686 fois, 14 183 piqûres (homme et animaux) ont été signalées, 4 673 photographies et 5 471 tiques ont été reçues au laboratoire pour enrichir la première tiquothèque de France. Ces données ont permis de produire des résultats importants pour la prévention. Par exemple 30 % des piqûres signalées ont eu lieu dans les jardins, autour des habitations. Cette constatation change notre perception sur le risque qui n’est donc pas uniquement lié aux randonnées en forêt, et ouvre de nouvelles questions de recherche sur les moyens d’atténuer le risque dans les espaces urbanisés très fréquentés [10].
Répartition géographique et par milieux des 11 183 signalements de piqûre de tique sur l’homme collectés avec l’application Signalement Tique entre le 17 juillet 2017 et le 30 septembre 2018
Répartition géographique et par milieux des 11 183 signalements de piqûre de tique sur l’homme collectés avec l’application Signalement Tique entre le 17 juillet 2017 et le 30 septembre 2018
5La participation des citoyens ne s’arrête pas là. Dans le cadre de stages ouverts à tous au laboratoire Tous Chercheurs de Nancy, citoyens et chercheurs travaillent ensemble, construisent de nouvelles questions de recherches et débattent avec des experts sur les controverses existantes et les nouvelles connaissances générées par le projet. Dans cette relation symbiotique que le projet CiTIQUE va contribuer à stimuler, chercheurs et citoyens vont construire une culture scientifique commune [11] au bénéfice de la société et des malades contaminés par piqûres de tiques.
6Aucun conflit d’intérêts déclaré
Remerciements
CiTIQUE bénéficie du soutien financier de l’Inra, de la DGS, de l’Anses, du labex Arbre, de la région Grand-Est, du FEDER, de la métropole du Grand-Nancy, de la région Île-de-France, de la fondation de France et de la fondation Bettencourt-Schueller.Bibliographie
Références
- 1Vayssier, et al. Lyme : collectionnons les tiques pour aider les chercheurs. The Conversation. 2017 https://theconversation.com/lyme-collectionnons-les-tiques-pour-aider-les-chercheurs-70607.
- 2Piégeons les tiques grâce à nos smartphones. https://www.espgg.org/Atelier-living-lab-Tiques.
- 3https://twitter.com/ci_ticks.
- 4https://www.citique.fr.
- 5INRA (2017), 17 juillet. Une application smartphone pour prévenir la maladie de Lyme et les autres maladies transmissibles par les tiques. http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Signalement-Tique.
- 6Le Monde (2017), 24 mai. Interview. Pour une cartographie des tiques http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/05/23/pour-une-cartographie-des-tiques_5132276_1650684.html.
- 7Le Figaro (2017), 18 juillet. Interview. Maladie de Lyme : une application pour cartographier les tiques en France. http://sante.lefigaro.fr/article/maladie-de-lyme-une-application-pour-cartographier-les-tiques-en-france.
- 8The Daily Telegraph (2017) 18 juillet, Interview. French launch ‘tick alert’ app as Lyme disease moves north. http://www.telegraph.co.uk/news/2017/07/17/france-launches-tick-alert-app-frantic-bid-map-lyme-disease/.
- 9France 3 (2017). 21 septembre. Interview. L’application Signalement Tique pour mieux prévenir la maladie de Lyme [VIDEO] France 3. https://youtu.be/A7leAvzpCyo.
- 10Cosson JF (2017) Maladie de Lyme : Aménager son jardin pour éviter les proliférations des tiques. The Conversation. https://theconversation.com/lyme-amenager-son-jardin-pour-se-proteger-des-piqûres-de-tiques-80931.
- 11Cosson JF, Roturier C, Desclaux D, Frey-Klett P. Les sciences participatives et la démarche scientifique. The Conversation. 2017. https://theconversation.com/les-sciences-participatives-et-la-demarche-scientifique-85198.