Introduction
1 D’après les projections de l’INSEE, en 2050 un français sur trois sera âgé de plus de 60 ans, pour un sur cinq en 2005. Face aux défis de ce vieillissement de la population qui touche l’ensemble de l’Europe, différents programmes ont été mis en place pour favoriser un vieillissement actif, permettant dans le même mouvement de maintenir les seniors en activité, mais aussi de lutter pour la création de richesses et d’emplois. Une des voies envisagées est le développement de l’entrepreneuriat à tous les âges de la vie. Dans cette perspective, l’entrepreneuriat des seniors constitue un levier intéressant (Maâlaoui et al., 2012).
2 Ainsi en France, une étude commandée par l’Agence pour la Création d’Entreprise (APCE) montre que 49% des français envisageaient en 2010 « sans doute » ou « tout à fait » de créer une entreprise en prévision de leur fin de carrière ou de leur accès à la retraite. Si de nombreuses mesures ont été prises en France par les pouvoirs publics pour faciliter l’accession à la création d’une entreprise, elles ciblent plus particulièrement les plus jeunes, et peu de dispositifs existent pour les plus âgés malgré l’ampleur des enjeux sociétaux.
3 L’entrepreneuriat des seniors est ainsi devenu un objet de recherche. Les différentes statistiques et recherches menées dans les pays occidentaux montrent que la répartition des entrepreneurs ne suit pas la pyramide des âges des populations : les entrepreneurs âgés sont proportionnellement moins nombreux que les plus jeunes (Curran et Blackburn, 2001 ; Hart et al., 2004). De la même manière, en France, les plus de 50 ans représentent 24 % de la population active mais seulement 16 % des créateurs d’entreprise. Ils sont donc sous-représentés parmi les entrepreneurs. Ces résultats ne fournissent pas pour autant toutes les explications nécessaires à la compréhension de la création d’entreprise des seniors et le sujet reste peu abordé (Maâlaoui, 2012). Certes, les travaux de recherche affinent progressivement cette catégorie de créateurs d’entreprise en tentant de dégager différentes situations ou profils.
4 La littérature internationale indique en particulier que l’âge plus élevé fournit une plus longue expérience professionnelle et de vie et se traduit de manière générale par moins de charges de familles (en termes de temps et d’argent), plus de patrimoine et de réseau relationnel (Mackintosh et North, 1998 ; DeBruin et Firkin, 2001 ; Zacharakis et al., 2001 ; Singh et Denoble, 2003 ; Weber et Schaper, 2004). Il est également le signe de ressources physiques et cognitives moindres (Weber et Schaper, 2004) et peut représenter un handicap lié à une tendance à « l’agéisme », forme de stigmatisation par le regard social (Goldberg, 2000). Les spécificités mises en évidence n’éclairent pas les conditions du basculement vers l’entrepreneuriat et son évolution dans un parcours de vie. L’entrepreneuriat des seniors est-il différent des autres formes d’entrepreneuriat ?
5 Après une revue de littérature sur l’entrepreneuriat des seniors, nous nous proposons de traiter de cette question à partir de l’analyse des données de l’Observatoire des Porteurs de Projet mis en place par les chambres de commerce et d’industrie françaises, et représentant, en 2014, 7298 porteurs de projets. Des analyses descriptives puis comparatives confrontant les populations de plus et moins 50 ans ont été effectuées.
1 – Le paradoxe de l’entrepreneuriat des seniors
6 Nous pouvons définir l’entrepreneur senior comme un individu ayant entamé une expérience entrepreneuriale (création ou reprise d’entreprise) en deuxième partie de carrière. Pour notre recherche, nous avons posé une barre d’âge à 50 ans et plus, tout en considérant les limites associées à la disparité du rapport à la vieillesse, celle-ci étant par nature subjective. L’entrepreneuriat peut se concevoir comme un processus créateur de valeur (économique et sociale), centré sur la relation dialogique du couple individu-projet (Gartner, 1990 ; Bruyat, 1993). Le processus est entamé dès les premières démarches engageant le porteur de projet (temps passé, implication affective, dépenses d’étude). Ainsi nous considérons un « porteur de projet » - terme utilisé par les professionnels de l’accompagnement - comme un entrepreneur.
7 Entre l’expérience et les compétences acquises au fur et à mesure d’une carrière, les difficultés qu’il peut y avoir à retrouver un emploi en fin de carrière et le souhait de poursuivre un parcours professionnel, la création d’entreprise apparait comme une possibilité intéressante pour les plus de 50 ans. Si, à partir de 50 ans, un salarié est souvent considéré comme âgé, il n’en est pas de même pour un potentiel créateur d’entreprise : on imagine qu’il pourra plus facilement gérer la complexité d’un tel projet grâce à son expérience antérieure. Pourtant, les seniors entreprennent peu.
1.1 – Les atouts des seniors pour entreprendre
8 Les atouts des seniors pour entreprendre ressortent de la littérature. Weber et Schaper (2004), dans leur article faisant le point sur la recherche concernant les entrepreneurs âgés et les facteurs qui interviennent sur le comportement de leur entreprise, rappellent qu’ils présentent un certain nombre d’atouts, dont en premier lieu les ressources financières. Singh et Denoble (2003) ont montré que pour les travailleurs entre 55 et 64 ans (early retirees), ces ressources font partie des facteurs prédicteurs de la décision de créer son emploi plutôt que de rester sur le marché du travail. Ceux qui ont plus de capitaux sont plus susceptibles de devenir entrepreneur.
9 Au-delà du capital financier, le capital social a, lui aussi, toute son importance. Ainsi, les seniors possèdent des réseaux personnels potentiellement utiles (Weber et Schaper, 2004, Debruin et Mc Laren, 2002) et jouant un rôle important dans leur décision d’entreprendre et la réussite de leur démarche. Ces réseaux leur permettent de limiter les frais de communication en touchant plus facilement des cibles identifiées au cours de l’expérience passée. Au-delà du réseau strictement professionnel, ils disposent d’un plus grand réseau privé formel et informel représentant pour eux une ressource intangible efficace (DeBruin et Firkin, 2001 ; Zacharakis et al., 2000 ; Blackburn, Mackintosh et North, 1998). Le capital social des entrepreneurs plus âgés est supérieur à celui des plus jeunes (Alizadeh, 2000) et les aide à obtenir plus facilement des soutiens financiers et marketing (Baucus et Human, 1994). Weber et Schaper (2004) mettent également en évidence le rôle de l’absence de contraintes familiales dans la décision de créer une entreprise pour les plus âgés. Un certain nombre d’autres caractéristiques liées à la plus grande expérience professionnelle sont également identifiées comme de possibles atouts, à condition qu’elles puissent être mises en lien avec le projet : le surcroit de compétences techniques, l’expérience précédente du secteur ou l’expérience managériale extensive.
10 Sur le plan des motivations, nous constatons que les seniors présentent de nombreux atouts. En effet, chez les entrepreneurs seniors, les motivations de type « pull » seraient majoritaires (Amit et Muller, 1994 ; Kautonen, 2008 ; Arenius et al., 2004). Celles-ci sont définies comme étant des facteurs positifs tels que la recherche d’indépendance, l’augmentation espérée des revenus et les opportunités de développer ses propres idées. A contrario, les motivations « Push » sont constituées de facteurs négatifs comme le chômage, le manque d’opportunités de carrière alternatives et l’insatisfaction vis-à-vis de leur emploi actuel (McClelland et al., 2005 ; Singh et DeNoble, 2003). Or, les travaux sur l’entrepreneuriat font ressortir que les motivations « pull » apparaissent comme des facteurs centraux de réussite de la création (Amit et Muller, 1994).
11 La question de la capacité à mieux saisir les limites et les opportunités du marché est plus ambivalente. Certaines études peuvent même faire ressortir l’âge comme un handicap. Ainsi, les entrepreneurs seniors feraient preuve d’un comportement plus sélectif en matière de poursuite des opportunités (Maâlaoui et al., 2011). A contrario, Storey (1994) indique que si l’expérience permet d’identifier les manques à combler sur le marché, elle peut empêcher de se saisir d’opportunités novatrices. Ainsi, le senior pense le marché comme il était hier, alors que le plus jeune estime le comprendre comme il sera demain, les deux se trompant potentiellement, d’une part parce que le marché de demain ne sera pas comme celui d’hier, et d’autre part, parce que celui qui est prévu pour demain ne se réalisera probablement pas.
12 De même la question du succès des seniors dans leurs projets entrepreneuriaux reste ouverte. Si, pour Cressy and Storey (1995), le succès serait supérieur dans les pays anglo-saxons, la dernière enquête SINE (2010) de l’INSEE, indique que le taux de survie des entreprises créées par les plus de 50 ans, que ce soit à un an, deux ans ou trois ans est légèrement inférieur à celui des porteurs de projet tous âges confondus. La tendance s’inverse lorsqu’on les compare avec les moins de trente ans (respectivement 90,6 %, 80,7 % et 70, 5 % pour les plus de 50 ans contre 89,7 %, 78,1 % et 68, 9 % pour les moins de 30 ans). D’une manière générale, l’appréciation du taux de pérennisation des entreprises créées par les seniors, demande à être mise en relation avec la nature des projets de ces entrepreneurs. En effet, certains font le choix d’une création de courte durée pour combler une période avant l’effectivité de leur retraite. L’entrepreneur senior se projette donc moins à long terme qu’un entrepreneur plus jeune.
13 Une autre comparaison statistique présente les caractéristiques des seniors de manière plus favorable lorsque l’on prend en compte le secteur d’activité de la nouvelle entreprise. Que se passe-t-il lorsqu’un senior s’éloigne de son cœur de compétence ? On pourrait penser a priori qu’il se trouve handicapé par ses schémas d’apprentissages plus rigides ou plus lents. Pourtant, en France, une recherche réalisée à partir de l’étude SINE de l’INSEE a montré que les entreprises créées par des juniors présentent des taux de survie significativement plus faibles lorsqu’ils changent de secteur d’activité comparés aux seniors (Bornard et Fonrouge, 2012). On constate des taux de survie à 5 ans presque similaires pour les entrepreneurs ayant créé à plus de 50 ans, en cas d’activité identique (53%) versus différente (52 %). Les moins de 50 ans sont eux beaucoup plus sévèrement sanctionnés par le changement de secteur (58 % de taux de survie en cas d’activités similaires contre 50% en cas d’activités distinctes). Même si ces chiffres sont modérés par le fait que certains peuvent faire le choix de prendre leur retraite, ils présentent sous un jour valorisant les capacités entrepreneuriales des seniors.
14 Pour les seniors, la création d’une activité entrepreneuriale à petite échelle est vue comme une façon de rester actifs, d’augmenter leur inclusion sociale et faire bénéficier la société de leur capital humain et social (Kautonen et al., 2008 ; Webster et Walker, 2005). L’entrepreneur senior apparait donc globalement comme porteur d’un ensemble d’atouts favorables à la création d’entreprise, pour autant qu’il puisse passer à l’acte de création.
1.2 – Le difficile basculement des seniors vers la création d’entreprise
15 Malgré cet ensemble de ressources, les seniors sont moins enclins à entreprendre dans les faits (Curran et Blackburn, 2001 ; Hart et al., 2004 ; Rotefoss et Kolvereid, 2005 ; Kautonen, 2008). Ainsi, une étude de Kautonen en Finlande (2008) portant sur les entrepreneurs ayant créé leur entreprise au-delà de 50 ans montre que la majorité (60.4 %) se trouve entre 50 et 54 ans, tandis que seulement 29,2 % ont créé leur entreprise dans la fin de leur cinquantaine ou le début de leur soixantaine (10.4 %). Les données de la base de données GEM, utilisées dans cet article de Kautonen (2008) montrent qu’en France et en Angleterre, par exemple, les entrepreneurs seniors sont deux fois moins nombreux que les plus jeunes.
16 Lévesque et Minniti (2006) ont étudié le rôle de l’âge sur la motivation au comportement entrepreneurial. Ils proposent un modèle de choix de carrière liant l’âge, la richesse et l’aversion au risque. Leurs résultats indiquent une relation négative entre l’attitude entrepreneuriale et l’âge ainsi que l’existence d’effets de seuil. Partant de la théorie d’allocation de temps de Becker (1965), leur modèle présente l’existence d’un seuil critique d’âge propre à chaque individu dans la distribution de son temps de travail entre l’entrepreneuriat et le salariat. Passé ce seuil d’âge, la volonté qu’à un individu à investir du temps dans la création d’une nouvelle entreprise diminue. Le passage à l’acte diminue avec l’âge. On peut ainsi supposer que l’intention entrepreneuriale diminue avec l’âge de manière linéaire. Cependant, Tornikoski et ses coauteurs (2012) ont montré que ce n’est pas le cas. Leurs résultats montrent que l’âge a un impact négatif significatif sur l’intention entrepreneuriale jusqu’à ce que l’individu ait atteint la quarantaine, sachant que l’impact décroît année après année. Passé 45 ans, l’effet de l’âge sur l’intention entrepreneuriale n’est plus significatif. Ainsi, pour ces auteurs, l’âge n’est pas un facteur important qui pourrait avoir un impact direct sur la formation de l’intention entrepreneuriale. D’autres travaux ont contourné cet écueil en s’intéressant à la perception individuelle de son âge et son lien avec la perception du potentiel entrepreneurial, facteur prédictif du comportement entrepreneurial. Ils ont démontré l’existence d’un lien entre une perception positive de son âge et la perception individuelle du potentiel entrepreneurial, et ceci indépendamment de l’âge biologique (Kautonen et al., 2015).
17 Du côté de la littérature sur la décision de se lancer dans un projet entrepreneurial, plutôt que de retourner au salariat ou prendre une retraite anticipée, phénomène appelé « bridge employment » par les économistes du travail, nous pouvons relever les travaux de Singh et DeNoble (2003). Ces auteurs analysent comme antécédents de la décision de créer son propre emploi : les caractéristiques individuelles, les réseaux, les contingences environnementales et les contraintes de liquidité. Ils apportent ainsi une précision aux travaux de Galbraith et Latham (1996) qui avaient classé d’emblée les retraités anticipés devenus leurs propres patrons comme des entrepreneurs réticents, et proposent deux autres types de profil. Les entrepreneurs « contraints » sont définis comme des individus qui présentent des tendances entrepreneuriales relativement élevées mais qui n’ont pu agir plus tôt dans leur carrière à cause de limitations établies ou perçues. Les entrepreneurs « rationnels » prennent une décision de type rationnel et principalement par comparaison sur les aspects financiers. Ils sont motivés par la construction d’un flux de revenus stable qui corresponde à leur mode de vie. Enfin, les entrepreneurs « réticents » créent, par manque d’opportunités d’emploi, en « dernière option ». Ils vont donc peu s’y préparer et ne pas pouvoir valoriser leur réseau, limiter les risques, ou choisir un secteur avec peu de barrières à l’entrée. Ils auront tendance à fermer leur affaire dès que possible. Cette typologie, qui reste théorique, montre donc que les motivations à créer de ces entrepreneurs seniors ne sont pas univoques. Leur âge plus avancé ne se traduit pas par une compréhension plus simple de leurs ressorts comportementaux, d’autant plus que les motivations à entreprendre résultent souvent d’un mélange des leviers de motivation comme les « push » et les « pull ». La thèse de Tessier (2015) sur les entrepreneurs de nécessité, dont font partie certains seniors, a montré, à la suite des critiques sur l’opposition trop réductrice entre opportunité et nécessité (Smallbone et al., 2003 ; Williams et Youssef (2014) ; Stephan, Hart et Drews, 2015) qu’il faut raisonner plutôt en termes de continuum entre ces deux extrémités.
18 Aucun de ces travaux sur ce qui conduit un entrepreneur senior à passer à l’acte d’entreprendre n’a pu confronter ces analyses théoriques à une enquête quantitative auprès de porteurs de projet engagés dans le processus. Beaucoup sont des travaux théoriques, les autres analysent principalement les données comme celles du programme international GEM (Global Entrepreneurship Monitor) qui portent sur les déclarations de personnes adultes repérées aléatoirement, et dans une acception très large de l’activité entrepreneuriale. Les travaux de Tornikoski et de ses coauteurs (2012), par exemple, qui utilise cette base, reposent sur la présentation de scénarios fictifs et non des faits comme des démarches concrètes d’étude de projet. Nous avons donc fait le choix d’étudier les seniors en situation entrepreneuriale réelle.
19 Enfin, étant donné que la relation au temps du senior est centrale dans sa compréhension, nous nous demandons si le senior ressent cette forme d’urgence induite par l’âge avancé face à son projet d’entreprendre, et s’il met à profit son expérience de vie pour mûrir plus longuement son projet. Bien que l’entrepreneur senior se définisse avant tout par cette dimension temporelle, elle n’est pas réellement traitée dans les travaux académiques. C’est le cas, en particulier, pour la notion d’urgence, pourtant souvent évoquée comme étant une des caractéristiques liées à la situation entrepreneuriale et associée aux autres caractéristiques que sont un degré élevé d’incertitude, de nouveauté ou une surcharge informationnelle. Notons que les travaux portant sur les caractéristiques cognitives ou sociocognitives l’évoquent simplement au même titre que ces autres particularités comme étant un facteur d’aggravation du risque de biais cognitif (Baron, 1998).
1.3 – Problématique du passage à l’acte d’entreprendre des seniors
20 Le paradoxe de l’entrepreneur senior qui présente des atouts mais ne bascule pas vers l’entrepreneuriat nous a conduit à nous focaliser sur la population des porteurs de projet. En effet, le passage à l’acte d’entreprendre est-il différent pour les seniors ? Comment mieux comprendre le porteur de projet de plus de 50 ans qui se lance dans l’entrepreneuriat et qui va, pour ce faire, étudier son marché, établir ses prévisions, s’immatriculer, etc ? Se comporte-t-il face à ces démarches comme un porteur plus jeune, ou bien son expérience plus longue mais également son temps réduit d’activité professionnelle restant, induisent-ils des particularités ?
21 Des modèles existent sur le passage à l’acte d’entreprendre pour tout entrepreneur, notamment avec l’étude de l’influence de plusieurs variables, tels que décrits par Shapero (1975) : - psychologiques (dimensions de la disposition à l’action entrepreneuriale) ; - sociologiques (dimensions de la crédibilité de l’acte d’entreprendre) ; - économiques (faisabilité, accessibilité des ressources nécessaires).
22 A ces dimensions s’ajoute une variable situationnelle qu’il nomme « facteur de déplacement ou de discontinuité ». Ceci peut recouvrir un déplacement géographique ou mental (discontinuités comme un licenciement, un changement de patron mal vécu, l’impossibilité de trouver un premier emploi…) ; celui-ci est ressenti négativement ou positivement (découverte d’un nouveau produit ou d’un nouveau marché, la rencontre d’un partenaire, une possibilité de financement). Le plus souvent, les facteurs positifs et négatifs se combinent. Ils peuvent être imposés de l’extérieur ou simplement ressentis comme tels, comme par exemple les « nombres d’or » qui désignent des âges ressentis comme étant des caps à franchir avec une valeur symbolique.
23 Pour repérer d’éventuelles spécificités du comportement entrepreneurial du senior, il convient donc de retenir une approche multidimensionnelle selon ces 3 types d’axes - psychologique, sociologique et économique - afin d’étudier si la population des plus de 50 ans présente une homogénéité en les comparant aux moins de 50 ans.
2 – L’analyse de la situation de 7 298 porteurs de projets en 2014
24 Notre analyse a porté sur les données recueillies en 2014 en France par les chambres de commerce et d’industrie (CCI) auprès de personnes rencontrées par des conseillers à la création d’entreprise, soit à l’accueil, soit lors de réunions d’informations, soit lors du stage « 5 jours pour entreprendre » ou encore lors d’entretiens personnalisés. Ces données ont été consignées dans un dispositif appelé « Observatoire Permanent des Porteurs de Projet » (OPPP), mis en place depuis novembre 2006. Cette démarche est commune à l’ensemble des chambres de commerce, ce qui permet d’avoir un échantillon national de porteurs de projets, se situant dans la phase ante-création au sens juridique, c’est-à-dire lors de leurs démarches d’étude et de mise en place du projet, jusqu’au moment où ils immatriculent l’entreprise en création.
2.1 – Méthodologie
25 La base 2014 comporte 7298 porteurs de projet. Chaque porteur de projet a renseigné un questionnaire portant à la fois sur ses caractéristiques personnelles (âge, situation familiale et professionnelle, carrière passée, ressentis sur le projet et type de motivations) mais aussi sur son projet (ancienneté de la réflexion, type de projet, investissement envisagé) et ses démarches. C’est ce questionnaire (voir annexe 1) qui a servi de mode de recueil des données.
26 Les porteurs de projet recensés dans l’Observatoire sont des personnes qui, a minima, se sont adressés à l’accueil des CCI, où le questionnaire leur a été remis. Leur qualité de porteur de projet de création ou de reprise a donc été validée par le remplissage du questionnaire. Ils peuvent également avoir rempli ce questionnaire à l’occasion de démarches plus avancées sur leur projet, comme mentionné dans une des questions, entre le stade de : l’idée à creuser, la prise d’information sur les démarches, l’évaluation des impacts du projet et la prise de décision quasi irrévocable de se lancer, le travail sur le concept/produit/service, l’étude du marché, la réflexion sur les canaux de distribution, la définition d’une politique de communication, l’établissement des prévisions financières, le choix d’une forme juridique, la rédaction d’un business plan ou l’indentification d’une entreprise à reprendre. L’échantillon est donc composé de porteurs de projets de création ou de reprise d’entreprise à différents stades de leur processus de création.
27 A l’intérieur de cette base, nous nous nous sommes intéressés à la catégorie des porteurs seniors que nous définissons à partir de leur âge : 50 ans ou plus à la date de l’enquête. Ces porteurs seniors apparaissent au nombre de 1169 en 2014, soit environ 16 % de la base totale. Ce sont à la fois des demandeurs d’emploi, mais aussi des salariés, dirigeants, professions libérales etc. La population de cette base est donc très diverse et recouvre l’ensemble de la population de ceux qui entrent dans un processus de réflexion ou de travail sur la création d’une entreprise, selon qu’ils soient à un stade initial de réflexion ou très avancé, juste au moment de s’immatriculer. La population recensée exclut, du fait qu’elle ne concerne que les porteurs de projet s’adressant à une chambre de commerce, les projets relevant de l’artisanat ou les professions libérales.
28 Les analyses menées sur cette population sont à la fois des analyses descriptives afin de caractériser au mieux la population des entrepreneurs seniors, mais aussi des analyses comparatives qui cherchent à mettre en évidence les différences qui existent entre entrepreneurs, qu’ils soient seniors ou pas. Ces analyses comparatives visent à identifier des régularités permettant de mettre en évidence les différences de situation initiales et relatives au projet en cours. Les analyses réalisées portent donc sur une population spécifique mais diverse. Leur niveau d’avancement dans le projet de création est variable.
29 L’ensemble de ces résultats a été soumis pour discussion à des experts en création d’entreprise (spécialiste de l’accompagnement entrepreneurial, chef de projet responsable de la création et reprise d’entreprise CCI France, Responsable création d’entreprise d’une CCI régionale). Ce retour a permis d’affiner la présentation des résultats et de soulever de nouvelles pistes de travail.
2.2 – La situation socio-économique des porteurs de projet en France en 2014
30 D’une manière générale, ces porteurs de projet de plus de 50 ans sont répartis à 81 % dans la tranche d’âge de 50/59 ans, vivent en couple pour 68 % d’entre eux, avec aucun enfant à charge pour 50 % d’entre eux. En termes des niveaux d’études, 58 % d’entre eux ont au minimum un bac (technique, professionnel ou général).
31 Si l’on compare cette population aux moins de 50 ans, on note une répartition par sexe comparable mais les niveaux d’études sont inférieurs, avec une surreprésentation des sans diplôme, certificat d’études primaires, ancien brevet, BEPC, CAP ou BEP). En revanche les plus âgés appartiennent à des catégories socio-professionnelles plus élevées, avec une surreprésentation chez les commerçants, artisans et cadres et une sous-représentation des employés et des demandeurs d’emploi indemnisés (voir tableau 1). Comme pour les moins de 50 ans, les porteurs de projets seniors sont majoritairement sans activité au moment de leurs démarches auprès des CCI puisque 53,3% d’entre eux sont demandeurs d’emploi indemnisés ou pas ou touchant les minima sociaux. Ils ne sont cependant pas surreprésentés dans ces catégories, sauf parmi les retraités qui représentent 11,4% d’entre eux.
Porteurs de projet par catégories socio-professionnelles
Porteurs de projet par catégories socio-professionnelles
P=<0,01 ; Khi2=663,01 ; ddl=13 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées32 Concernant les créateurs en situation difficile - les créateurs par nécessité - nous pouvons distinguer dans la base de données, ceux dont la situation peut être qualifiée de « nécessité absolue », les demandeurs d’emploi en fin de droit et les bénéficiaires des minimas sociaux (15 %), de ceux en situation de « nécessité latente », c’est-à-dire les demandeurs d’emploi indemnisés (38,3 %). La recherche de création de son propre emploi apparait comme un vecteur important de motivation à la création. Les porteurs de projet seniors apparaissent donc fragilisés par leur situation socio-économique. Se sentent-ils dès lors plus fortement soumis à une urgence à créer leur emploi ?
2.3 – La relation au temps des porteurs de projet : urgence et maturité du projet
33 L’idée de la pression d’une forme d’urgence sur la création d’entreprise émerge bien des données recueillies auprès de l’ensemble des porteurs de projet quel que soit leur âge. En effet, à la question « pour vous est-il urgent de mettre en œuvre votre projet ? », 72 % répondent par l’affirmative. Cette urgence apparaît d’autant plus importante que le discours sur « la » bonne façon de créer une entreprise repose sur l’idée dominante selon laquelle une création d’entreprise se pense, se réfléchit et passe par un ensemble d’étapes qui permettent de mûrir le projet pour assurer son succès. Cependant le fait d’être plus âgé ne semble pas ajouter de pression particulière de ce point de vue. En effet, aucune différence statistiquement significative n’est ressortie de la comparaison entre les plus et les moins de 50 ans.
34 L’urgence ressentie peut être due à la situation socio-économique de la personne. Ainsi, de manière assez logique, si l’on croise le ressenti de l’urgence parmi les entrepreneurs de tous âges et la situation socioprofessionnelle, les demandeurs d’emploi non indemnisés et les bénéficiaires des minima sociaux sont surreprésentés, c’est-à-dire ceux qui sont en situation de nécessité absolue. L’analyse comparative des cohortes des plus de 50 ans et des moins de 50 ans indique que les seniors en situation de nécessité latente sont cependant sous-représentés, tandis que ceux en situation plus critique n’expriment pas plus que les plus jeunes leur sentiment d’urgence à créer une entreprise (voir tableau 2).
Situation de nécessité des porteurs de projet
Situation de nécessité des porteurs de projet
P=0,02 ; Khi2=8,04 ;ddl=2 ; ** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées35 Sans doute n’attribuent ils pas de manière plus marquée le sentiment d’urgence à la crainte de perdre des ressources financières, qu’ils ont déjà actée. En revanche, c’est bien le cas pour les seniors en situation de nécessité latente. En fait, l’aspect financier constitue plutôt une menace qui affecte, avant tout et par anticipation, les demandeurs d’emploi indemnisés qui envisagent la période à venir.
36 En ce qui concerne les raisons de ce sentiment d’urgence, trois modalités explicatives sont retenues par les répondants, avec dans l’ordre : - perdre une opportunité (ex : local disponible) pour 30,6 % ; - se lancer avant la concurrence (23,2 %) ; - risquer de perdre des ressources financières (17,4%). Or chez les plus de 50 ans, l’analyse comparative montre qu’ils sont sensibles de la même manière que les plus jeunes aux opportunités, mais moins enthousiastes (ou plus réalistes ?) quant à leur idée de création et plus dépendants de leurs ressources financières (voir tableau 3).
Sentiment d’urgence et âge des porteurs de projets
Sentiment d’urgence et âge des porteurs de projets
P=<0,01 ; Khi2=32,98 ;ddl=4 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées37 En termes de relation au temps, le senior a-t-il plus longtemps mûri son projet ? Si l’on mesure la maturité du projet, les plus de cinquante ans apparaissent avoir plutôt préparé leur projet moins longuement que leurs congénères plus jeunes. Les seniors ne mûrissent pas plus leur projet que les plus jeunes et se sentent soumis de la même manière à l’urgence du projet d’entreprendre.
38 Au-delà du seuil simplificateur des plus ou moins 50 ans, nous nous sommes demandé si les variables essentielles de la compréhension du passage à l’acte pouvaient suivre des étapes selon des tranches d’âge plus fines. Au sujet de la maturité du projet en nombre de mois de réflexion, ce sont les catégories intermédiaires (entre 30 à 49 ans) qui ont le plus réfléchi à leur création, tandis qu’au contraire les moins de 30 ans se distinguent par une réflexion de moins de 20 mois, comme nous le constatons dans le tableau 4. Si l’on considère les durées de réflexion précédant les démarches actives auprès des chambres de commerce de plus d’une année, les plus de 50 ans ne se comportent pas différemment des moins de 50 ans. Cela semble signifier que le projet de création de l’entrepreneur senior n’est pas forcément un projet de longue haleine que la fin de carrière va permettre de réaliser, mais plutôt un projet de création comme un autre, soumis à un ensemble de paramètres de contexte et d’opportunités.
Ancienneté de la réflexion et âge des porteurs de projets
Ancienneté de la réflexion et âge des porteurs de projets
P=0,002 ; Khi2=35,22 ; ddl=15 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées ; n = 72982.4 – Les actions menées par les porteurs de projet pour entreprendre
39 La maturité du projet se caractérise également par ce qui a déjà été fait par le porteur de projet. Le tableau 5 présente un tableau croisé des actions menées par tranches d’âge réalisé en éliminant la catégorie des plus de 60 ans et en regroupant les moins de 29 ans pour mieux faire ressortir les particularités.
Actions menées par les porteurs de projet en fonction de l’âge
Actions menées par les porteurs de projet en fonction de l’âge
p = 0,003 ; Khi2 = 69,55 ; ddl = 40 ; ***40 Ces résultats mettent en évidence une relative homogénéité de la nature des projets en fonction des catégories. Cependant, il convient de relever qu’il existe des variations notables. Ainsi, les plus jeunes ont un projet moins avancé et semblent portés vers le marché alors que les plus anciens se focalisent plus sur les aspects administratifs et financiers et envisagent la reprise plutôt que la création. On peut ainsi identifier une séparation entre ceux que l’on pourrait appeler les « porteurs d’affaires », tournés vers le marché et les « gestionnaires » tournés vers le fonctionnement interne.
41 Si l’on examine maintenant l’investissement personnel dans le projet (« combien êtes-vous prêt à investir personnellement (hors apports complémentaires) pour créer ou reprendre ?), ce sont une fois de plus les catégories d’âge intermédiaires qui semblent les plus à même d’investir, même si désormais les catégories d’âge les plus engagées semblent appartenir à la catégorie des 40 à 60 ans (voir tableau 6). Cela s’explique par le fait que pour ce qui concerne les plus anciens (au-delà de 60 ans), il s’agit d’une activité complémentaire à une situation de retraite, et pour les plus jeunes, il s’agit d’une absence de ressources. La proposition que le porteur de projet de plus de 50 ans investit plus dans son projet n’est que partiellement confortée par ces résultats. Si l’on considère les tranches supérieures à 10 000 euros d’investissement, cela ne ressort que jusqu’au seuil de 59 ans, et la tranche de 40 à 49 ans est également pleinement engagée.
Investissement financier personnel des porteurs de projets
Investissement financier personnel des porteurs de projets
P=0,00 ; Khi2=250,28 ;ddl=20 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées2.5 – Les motivations des porteurs de projet
42 Observe-t-on une évolution au fil des tranches d’âge du degré d’enthousiasme pour porter un projet ? Parmi ceux qui ont répondu « tout à fait d’accord ou plutôt d’accord » à la question : « je suis très motivé(e) pour entreprendre », les plus âgés ne se distinguent pas, jusqu’au seuil de 60 ans où cette fois ils expriment le fait qu’ils ne se sentent pas particulièrement enthousiastes (voir tableau 7). L’analyse montre que les plus motivés par le projet d’entreprendre se situent entre 20 et 29 ans sans qu’une particularité pour les seniors ne ressorte de manière significative en dehors d’un manque de motivation au-delà de 60 ans. Les porteurs de projet senior ne sont donc pas plus enthousiastes que les autres d’une manière générale et plutôt réticents au-delà de 60 ans.
La motivation des porteurs de projets
La motivation des porteurs de projets
P=<0,01 ; Khi2=59,51 ;ddl=5 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées43 De la même façon, entre logique de projet et logique d’activité ou contrainte, ce sont les plus jeunes qui semblent s’inscrire dans une logique de projet. A la question « vous envisagez d’entreprendre parce… », nous avons analysé les réponses « vous avez un projet en vous depuis longtemps », parmi l’ensemble des autres propositions (vous n’arrivez pas à retrouver un emploi salarié, vous voulez être indépendant, vous avez une idée/opportunité qui se présente à vous, vous voulez une activité supplémentaire pour augmenter vos revenus), soit ceux dont on peut dire qu’ils s’inscrivent dans une logique de projet. On observe alors que ce sont les 20 à 39 ans qui se placent dans cette logique de manière statistiquement significative alors que les plus de 50 ans n’évoquent pas le projet comme explication principale de leur volonté de créer une entreprise.
Logique de projet des porteurs de projet
Logique de projet des porteurs de projet
P=<0,01 ; Khi2=254,55 ;ddl=5 ; n = 7298 ; *** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentées44 Les plus anciens choisissent-ils un projet en cohérence avec leurs compétences ? (question : mon projet est cohérent avec mes compétences ?). Le tableau 9 montre que les seniors en sont moins certains que les plus jeunes. Ce résultat peut être dû soit au fait qu’ils se dirigent vers des projets qui ne sont pas dans leur cœur de métier, soit qu’ils sont plus modestes ou distanciés par rapport à leurs compétences.
Réponse à la question « Mon projet est cohérent avec mes compétences »
Réponse à la question « Mon projet est cohérent avec mes compétences »
P=0,02 ; Khi2=35,33 ;ddl=20 ; ** ; en gras (italiques) les catégories sur (sous)-représentéesConclusion
45 Notre étude présente plusieurs limites liées au mode de recueil des données et au ciblage sur une population s’adressant aux CCI dans une démarche entrepreneuriale de créateurs ou de repreneurs d’entreprise. Des travaux complémentaires restent à mener, tant de suivi de ces projets qu’auprès des seniors non entrepreneurs, afin d’identifier ce qui pousse certains à porter des projets quand d’autres ne passent pas à l’acte.
46 Nos résultats restent riches en enseignements. Ils vont en effet à l’encontre de l’idée préconçue d’un entrepreneur ayant muri son projet ou se sentant soumis à l’urgence de le mettre en œuvre. Des spécificités ressortent dans la démarche des seniors, comme une moindre concordance perçue entre ses compétences et son projet, ou l’orientation vers la reprise d’entreprise et les préoccupations gestionnaires. Elles ne permettent pas de conclure à une forme spécifique d’entrepreneuriat et questionnent la pertinence du choix de la variable de l’âge pour catégoriser les types d’entrepreneuriat. D’autant plus que bien des projets sont portés par des équipes intergénérationnelles non catégorisables par l’âge. L’entrepreneur de plus de 50 ans se comporte comme tout autre entrepreneur. Contrairement à l’affirmation d’un capital financier plus important chez les seniors (Singh et DeNoble, 2003 ; Weber et Shaper, 2004), nos résultats montrent que ce ne sont pas les porteurs de projets les plus âgés qui disposent des moyens les plus importants à consacrer à la création, mais la catégorie d’âge des 40 à 50 ans. Une distinction peut toutefois être opérée entre la création d’entreprise des plus jeunes tournée vers le marché, le développement et la concurrence, et celle des plus âgés. Elle rejoint les travaux de Singh et Denoble (2003) qui qualifient la création des seniors de moins agressive. Dans les données recueillies par les CCI, nous retrouvons cette opposition entre une vision de marché (focalisée sur l’extérieur de la création) et une vision de sûreté (focalisée sur l’intérieur de la création). Concernant la relation au temps, la maturation des projets par les seniors n’est pas plus importante. De même, leur horizon temporel objectivement raccourci n’apparait pas comme un moteur ou un frein à la création. Les seniors apparaissent comme des entrepreneurs comme les autres et ne semblent demander ni un accompagnement spécifique, ni des dispositifs qui leur seraient propres. Au final, quel que soit l’âge, il est toujours temps d’entreprendre.
Questionnaire de la CCI utilisé pour l’étude
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Mots-clés éditeurs : porteur de projets, âge, senior, entrepreneuriat
Date de mise en ligne : 11/07/2016.
https://doi.org/10.3917/rimhe.022.0044