1Nombreux sont les chercheurs en Sciences de Gestion qui s’adonnent à l’étude de sujets sensibles. Parmi les recherches actuelles, on retrouve, entre autres, l’ethnicité en marketing (Béji-Bécheur et al., 2011), l’échec en entreprise (Cusin, 2008), les comportements déviants en salle de marché (Havard et Poirot, 2010), le travail non déclaré (Heim et al., 2009), la déviance des salariés (Honoré, 2006), les conflits au travail (Jehn et Jonsen, 2010), les risques psychosociaux (Leroux et Van de Portal, 2011), le mensonge dans le recrutement (Levashina et Campion, 2006), le suicide au travail (Merle, 2010), le harcèlement psychologique (Poilpot-Rocaboy, 2010), les tabous en marketing (Sabri et al., 2010), la délinquance d’affaire (Sachet-Milliat, 2009), le cancer professionnel (Thébaud-Mony et al., 2003) ou la corruption (Venard, 2009).
2Le caractère sensible de ces recherches génère de nombreux questionnements théoriques mais aussi méthodologiques. Si certains auteurs (Sampson et al., 2008) préconisent l’utilisation d’outils qualitatifs afin de libérer la parole, d’autres considèrent la quantification comme nécessaire à une meilleure connaissance du sujet (Rogers et al., 1999). Dès lors, le choix d’une approche mixte peut paraître utile pour combiner les avantages des deux méthodologies. Les travaux des féministes tendent d’ailleurs à démontrer sur le plan historique l’importance de l’approche mixte eu égard aux sujets sensibles (Hodgkin, 2008).
3Cet article propose, dans un premier temps, de revenir sur les difficultés rencontrées dans le cadre d’études sur les sujets sensibles, puis d’expliquer comment l’utilisation d’une approche mixte peut permettre de résoudre certains de ces problèmes en fonction de l’objectif de la recherche et du thème abordé.
1 – Recherches sensibles : questionnements méthodologiques
4La difficulté première lorsqu’on s’engage dans une réflexion sur le concept de sujet sensible est que cette notion semble naturelle et n’est donc souvent pas définie avec précision, laissant toute liberté à l’interprétation des termes (Hennequin, 2012). Pourtant, au regard de la diversité des thèmes présentés comme « sensibles » en gestion, il est possible de questionner les caractéristiques qu’ils partagent et s’interroger sur les problèmes rencontrés en matière de méthodologie.
1.1 – La sensibilité en question
5Pendant longtemps, un sujet était considéré comme sensible s’il s’agissait d’un thème tabou, c’est-à-dire chargé d’émotion et pouvant générer une crainte (Farberow, 1963). Le tabou peut être défini comme « une prohibition morale ou sociale » (Encyclopédie Universalis). L’existence de tabous dans les sociétés a pour but d’empêcher la réalisation de certains comportements (inceste, pédophilie …) mais entraîne dans le même temps une réelle difficulté à aborder ces sujets. « Briser un tabou provoque souvent la punition, le danger ou l’ostracisme de la Société » (Mann, 1984, p. 10 cité par Evans et al., 2000). A l’heure actuelle, il existe encore de nombreux thèmes tabous qui constituent autant de sujets sensibles à étudier. Par exemple, Sabri, Manceau et Pras (2010) recensent certains sujets tabous en marketing qui posent encore à l’heure actuelle des problèmes en termes de recherche. Ils relèvent ainsi la difficulté à traiter de la communication sur certains produits ou comportements tabous (préservatifs, vente funéraire, alcool …). Toutefois, si un tabou est un sujet sensible car il peut entraîner « des émotions et des peurs » (Lee, 1993, p. 6), les sujets sensibles ne constituent pas tous des sujets tabous ; cette définition étant alors trop restrictive et déterministe puisque qu’elle n’aborde pas les éléments situationnels pouvant générer une certaine vulnérabilité.
6Sieber et Stanley (1988) ont proposé une définition plus extensive du sujet sensible qui va au-delà de la seule notion de tabou : « Les recherches socialement sensibles se rapportent aux études dans lesquelles il y a des conséquences ou des implications sociales, soit directement pour les participants de la recherche soit [indirectement] pour la catégorie d’individus représentée par la recherche » (p.49). Lee (1993) reconnaît que l’avantage de cette définition centrée sur les implications sociales potentielles est de permettre d’inclure des domaines de recherche qui n’avaient pas été considérés auparavant comme des thèmes sensibles et de prendre conscience du rôle du chercheur vis-à-vis de la Société. Toutefois, elle semble trop générale car presque toutes les recherches en Sciences Sociales, et en gestion tout particulièrement, pourraient être concernées, en ce sens qu’elles ont toutes pour objectif d’entraîner des conséquences sociales à petite ou grande échelle. Lee (1993) émet également des réserves car, selon lui, les auteurs insistent trop sur les effets de la recherche au détriment des questionnements méthodologiques, éthiques ou techniques que ce type de sujet soulève. Renzetti et Lee (1993) optent pour une définition plus précise, servant actuellement de référence pour la plupart des études. Selon eux, un sujet ou un terrain ne peuvent pas être considérés comme sensibles en soi. Une recherche revêtira une dimension sensible si elle est susceptible de générer une menace pour les personnes étudiées, pour le chercheur ou son entourage direct.
7Du point de vue des sujets interrogés, Lee et Renzetti (1993, p. 6) relèvent quatre types de menaces potentielles permettant de considérer la recherche comme sensible. La première menace émane de l’étude d’un domaine relevant de la sphère privée ou d’expériences extrêmement personnelles (la survie après un échec, Cusin, 2008 ; le cancer professionnel, Thébaud-Mony et al., 2003). Cette intrusion dans la vie privée s’avère délicate et le chercheur doit prendre en compte la douleur psychologique (embarras, honte, culpabilité, peine), même si l’étude provoque un effet de catharsis et de soulagement (Hutchinson et al., 1994) en ouvrant la « boîte de Pandore » (Ramos, 1989, p.59). La deuxième menace provient de recherches portant sur des comportements considérés comme déviants par la Société. Certains de ces comportements, tels que le mensonge dans le CV (Levashina et Campion, 2006) ou le travail non déclaré (Heim et al., 2009), peuvent générer un danger de sanction pour les répondants si la justice ou la police prennent connaissance des faits. Ils peuvent également créer un effet de stigmatisation à la suite de l’étude. Une troisième menace peut provenir de thématiques liées à des personnes puissantes disposant d’un pouvoir de coercition ou de domination. Les élites détiennent le pouvoir de s’opposer aux études trop critiques envers elles faisant ainsi peser une menace politique sur le chercheur (par exemple, pour la délinquance d’affaire, Sachet-Milliat, 2009) en utilisant des stratégies d’intimidation ou de flatterie pouvant contrarier ou modifier le cours de la recherche. Une dernière menace émane de problématiques considérées comme sacrées par les personnes étudiées ; ces dernières ne souhaitant donc pas les profaner (Sabri et al., 2010). Cette question relève des tabous présentés précédemment et varie donc selon le contexte culturel et l’époque.
8Un sujet peut également être considéré comme sensible si les menaces potentielles pour le chercheur et son entourage proche sont nombreuses que ce soit au moment de la définition du sujet, de la collecte, de la détention ou de la diffusion des données. Le chercheur s’expose parfois à la stigmatisation de la part de la communauté scientifique ou de son entourage personnel en raison de l’étude de certains sujets (Platzer et James, 1997). Il est également possible qu’il soit confronté à un réel danger physique (Brewer, 1993). Une autre menace envisageable est de se laisser envahir par les émotions sur un sujet particulier (Thébaud-Mony et al., 2003). Il s’agit alors de trouver l’équilibre propice à la recherche, les émotions étant indissociables de la cognition. Enfin, l’ensemble de l’entourage proche du chercheur, que ce soit dans la sphère professionnelle ou familiale, peut aussi être amené à supporter les effets de la recherche : soit directement du point de vue physique si leur sécurité est menacée ou mental si leur participation à la recherche les touche émotionnellement (souvent pour les transcripteurs), soit indirectement en servant de support psychologique et en offrant une écoute bienveillante au chercheur.
9A la suite de cette définition, il apparaît que le caractère sensible d’une recherche réside moins dans le thème traité que dans la relation entre ce sujet et le contexte social dans lequel l’étude est menée (Lee et Renzetti, 1993). Un chercheur peut ainsi croire que le sujet est sensible en entrant dans un terrain pour découvrir ensuite que ce n’est pas le cas. A l’inverse, la nature sensible d’un sujet apparemment sans enjeu peut devenir manifeste une fois l’étude entamée (Goyder, 1987). Il est donc possible pour un sujet, dans un contexte particulier, d’être traité comme sensible, même si certains domaines (sexualité, maladie, violence) prêtent plus à des études dites sensibles que d’autres. Malgré les risques liés à la réalisation d’une recherche sensible, le chercheur peut s’engager dans l’étude de ces thématiques pour mieux comprendre les phénomènes sous-jacents s’il s’estime prêt à le faire (Dickson-Swift et al., 2008). La recherche offre ainsi un moyen de sensibiliser le monde académique ou plus largement l’opinion sur un sujet social parfois méconnu ou stigmatisé. Il est toutefois nécessaire que le chercheur ait conscience des menaces afin de pouvoir prendre les précautions méthodologiques nécessaires à la meilleure conduite possible de son travail.
1.2 – Les questionnements méthodologiques lors d’études sensibles
10Si toute recherche nécessite des précautions méthodologiques et éthiques de la part du chercheur, la sensibilité d’un sujet incite généralement une attention particulière aux différentes étapes de la recherche, de la formulation du sujet à la publication des résultats, en passant par la collecte des données. Les protocoles de recherche classiques ne sont en effet pas forcément mobilisables ; les terrains étant souvent davantage fermés, la place du chercheur s’avère également plus difficile à affirmer. Nous présentons ci-dessous, de manière non exhaustive, les principaux dilemmes méthodologiques auxquels peut être confronté un chercheur dans le cadre d’une thématique sensible :
11- L’intrusion : La première question est de savoir s’il n’existe pas d’autres moyens, quand le sujet est délicat, d’obtenir des réponses à nos questions sans entrer en contact avec les sujets, par le biais notamment de la littérature ou de recherches précédentes (Frank, 2001 ; Kellehear, 1993). Si ce n’est pas le cas, se pose la question de la nécessité de l’étude et de son effet potentiel pour les personnes interrogées, notamment pour les individus vulnérables et ceux dont la santé est extrêmement fragile (par exemple, dans le cadre d’études sur les maladies professionnelles). Si l’intrusion est la seule manière d’obtenir des données, il faut alors réfléchir aux précautions à prendre pour diminuer les effets de cette intrusion sur le répondant en adoptant des stratégies adaptées (durée et intensité des entretiens, choix du questionnaire …).
12- L’accès au terrain : Si l’intrusion est nécessaire pour aborder le sujet, il faut ensuite recruter des répondants ou trouver un terrain d’observation. Quelle que soit la discipline (marketing, RH …) et les sujets abordés, il est souvent difficile d’obtenir l’accès à une entreprise, à une association, à des consommateurs ou à de salariés. Lorsque la recherche a pour objectif d’étudier une thématique sensible, la complexité est renforcée. Il ne s’agit pas juste « d’ « entrer et d’avoir accè s » mais aussi d’apprendre le contexte et la culture des participants de notre recherche » (Campbell, 2011, p. 160). Or, sur certains thèmes, les entreprises ne souhaitent pas toujours libre accès aux chercheurs en craignant de susciter des attentes chez leurs salariés ou de dévaloriser leur image. Les potentiels répondants peuvent aussi préférer rester cachés ou ne pas parler d’un comportement dévalorisant. Le chercheur peut également étudier une thématique rare ou inhabituelle pour laquelle le nombre de participants envisageables est faible. De fait, l’accès au terrain est une difficulté supplémentaire. Il est alors possible d’être parrainé par des intermédiaires (ou gatekeepers) qui vont faciliter le contact. Il peut s’agir d’associations, d’organisations gouvernementales ou de syndicats par exemple. Le chercheur peut aussi essayer de générer un effet « boule de neige » à partir d’un répondant volontaire. Cet accès difficile au terrain nécessite une réflexion approfondie sur la méthode d’échantillonnage à retenir.
13- L’échantillonnage : Etant donnée la sensibilité des sujets étudiés, il est souvent difficile de construire un échantillon représentatif, que ce soit dans une approche qualitative ou quantitative, dans la mesure où il n’existe pas de cadre d’échantillonnage, la population étant souvent cachée ou difficile à atteindre (Lepkowski, 1991 ; Sudman et Kalton, 1986). De ce fait, les statistiques officielles sous-estiment ou ignorent certains sujets sensibles. Les études ont tendance à sous-évaluer les comportements réprouvés et, au contraire, à sur-évaluer les conduites valorisantes (Rogers et al., 1999). Il est dès lors difficile de catégoriser la population et d’établir un échantillon représentatif de cette population. Même dans ce cas, on ne peut inciter les répondants à venir participer à l’étude proportionnellement aux catégories retenues. Il en découle une véritable difficulté lors de la réalisation de l’échantillonnage et dans le choix d’une approche uniquement quantitative de certaines problématiques, où il n’est pas toujours possible de contrôler l’hétérogénéité et donc la représentativité des répondants.
14- La confiance : Dans le cas de recherche sur un thème sensible, le secret, la méfiance, les dissimulations ou les omissions sont particulièrement probables et donc préjudiciables pour la fiabilité et la validité des conclusions de la recherche. Que croire ou ne pas croire ? Il faut arriver à distinguer ce qui relève de la mise en scène ou du mensonge en raison de situations personnelles, culturelles, sociales ou politiques et des menaces propres aux sujets sensibles. Craignant l’isolement social, les individus évitent d’exprimer des idées ou des comportements qui vont à contre-courant de l’opinion générale ce qui se traduit par une spirale du silence (Noelle-Neuman, 1984) rendant la réalisation d’entretiens difficile. Quel que soit le thème abordé, les répondants ont également tendance à vouloir faire bonne impression auprès du chercheur en minimisant leur comportement déviant. Ce biais de désirabilité sociale est renforcé dans le cas de thématiques sensibles et doit être pris en compte par le chercheur dans sa façon de présenter le sujet aux répondants (Brannen, 1988) et dans le choix de son approche méthodologique. L’objectif est donc de générer une confiance entre chercheur et participants à l’étude alors même qu’il existe entre eux une « énigme réciproque » (Losonczy, 2002).
15- L’approche à retenir : Il est possible de choisir une posture qualitative, quantitative ou mixte (Johnson et al., 2007) lors d’études sensibles. D’un point de vue qualitatif, nombre de chercheurs utilisent l’observation participante. Lee (1993) préconise notamment cette méthode pour générer un lien de confiance. La proximité et la familiarité avec les participants facilitent en effet la connaissance réciproque. C’est le moyen de se faire accepter grâce à une entrée progressive permettant de minimiser la distance sociale. Toutefois, la distanciation du chercheur avec son terrain peut ensuite se révéler difficile lors de l’analyse et cette méthode peut générer des conflits de rôles (Diotte et Begin, 2002). Les entretiens sont également beaucoup utilisés quand les chercheurs ne présument pas à l’avance connaître les expériences des personnes interrogées (Lee, 1993), permettant ainsi aux répondants de développer leur propre compréhension du sujet. Afin de créer la relation de confiance nécessaire, certains auteurs préconisent de faire plusieurs entretiens (Oakley, 1981) tandis que d’autres privilégient la réalisation d’un seul entretien en raison du caractère sensible de la recherche et de la vulnérabilité émotionnelle des personnes interrogées (Brannen, 1988). L’intensité de la relation va donc différer selon la méthodologie retenue, certains auteurs précisant qu’un participant ne souhaitant pas parler d’un sujet sensible, ne dira rien quelle que soit la technique mobilisée (Hutchinson et al., 1994). Il est aussi possible d’envisager une méthode quantitative, notamment lorsque le fait de déclarer des comportements sensibles entraîne trop de biais dans les réponses (Rogers et al., 1999). Il est parfois moins difficile émotionnellement d’avouer des comportements délicats par le biais de questionnaires que lors d’entretiens en face à face, même si on peut craindre une sous-évaluation des comportements interdits. Pour envisager un questionnaire, il est nécessaire de posséder une excellente connaissance du cadre de référence et du sujet étudié. Il faut également avoir accès au terrain. La difficulté réside, dans ce cas, dans la création d’une relation de confiance puisque, souvent, il n’y a pas de contact direct avec le répondant. Il peut donc être difficile d’obtenir des informations sur le ressenti des individus (Cannon, 1989). Enfin, certains auteurs (Hodgkin, 2008) préconisent une approche mixte qui permettrait de combiner les avantages des postures qualitatives et quantitatives.
16Même si une telle approche nécessite un investissement souvent plus important en temps, en ressources, en efforts, en compétences qu’un design monométhode (Molina-Azorin, 2011 ; Creswell et Plano Clark, 2011), elle apparaît tout de même comme une solution possible afin d’aborder un sujet sensible tout en tenant compte des difficultés présentées précédemment. Cette démarche nécessite une rigueur mais aussi une ouverture d’esprit indispensable lorsque le chercheur s’engage dans l’étude de sujets considérés comme sensibles (Edmondson et McManus, 2007).
2 – Le choix d’une approche mixte comme réponse aux difficultés rencontrées par les recherches sensibles
17Le domaine des Sciences de Gestion qui, historiquement, était emprunt à l’approche quantitative puis qualitative, s’inscrit désormais dans un troisième mouvement méthodologique consacrant l’approche mixte (Cameron et Molina-Azorin, 2010 ; Aldebert et Rouzies, 2011). Cette tendance met en évidence les atouts de cette posture (Creswell, 2009) et, plus particulièrement, son utilité dans le cadre des recherches sensibles (Jehn et Jonsen, 2010).
2.1 – Les atouts d’une approche mixte
18Dans une perspective définitionnelle, la méthode mixte est « un modèle de recherche qui implique de combiner les éléments d’une approche quantitative et d’une approche qualitative (e.g. points de vue quantitatif et qualitatif, collecte des données, analyse des données, technique d’inférences) à des fins de compréhension et de corroboration » (Johnson et al., 2007, p. 123). Les atouts de cette méthode s’inscrivent, d’une part, dans ces différents designs et, d’autre part, dans les stratégies poursuivies. Il n’existe ainsi pas une mais des approches mixtes que les chercheurs peuvent choisir d’adopter en fonction du sujet, que celui-ci soit sensible ou non. Creswell et Plano-Clark (2011) présentent six designs qui permettent ce mixte des données quantitatives et qualitatives (tableau 1).
Les différents designs des méthodes mixtes
Les différents designs des méthodes mixtes
(Creswell et Plano-Clark, 2011, p. 69-70)19Le design convergent parallèle s’inscrit dans des stratégies de corroboration, de triangulation, d’initiation ou de complémentarité. La collecte puis l’analyse des données quantitatives et des données qualitatives s’effectuent conjointement. Par exemple, étudiant la corruption, Sachet-Milliat (2006) a collecté des données secondaires tout en menant des entretiens. L’auteur précise que ce design permet d’avoir une bonne estimation du sujet. Salgado (2006) utilise également ce design afin d’appréhender le rôle du théâtre en Sciences de Gestion. Le design séquentiel de type explicatif répond à une stratégie d’expansion et d’identification. Les données qualitatives permettent d’expliciter les résultats quantitatifs. Contrairement au positionnement d’Edmondson et McManus (2007), la méthode mixte répond aux exigences des recherches matures puisqu’elle permet de spécifier les phénomènes étudiés. Par exemple, nous pouvons citer la recherche de Liarte (2006) qui appréhende la concurrence comme critère de choix de la zone d’implantation. Le design séquentiel de type exploratoire répond à une stratégie de développement de type construction d’une échelle ou d’une théorie. La recherche menée par Hennequin (2007) peut être citée en exemple. Ainsi, les entretiens exploratoires ont permis de faciliter la construction d’une échelle de mesure. En opposition à Edmondson et McManus (2007), ce design démontre que la méthode mixte peut également être appliquée à des recherches naissantes, et non pas uniquement aux intermédiaires. Le design intégré est mobilisé lors des études de cas afin d’interpréter et de comprendre en profondeur la situation. Il convient aux stratégies de corroboration, de triangulation et de développement. L’étude de cas de Jehn et Jonsen (2010) illustre cette approche en menant successivement des entretiens, des observations et une enquête. Simultanément à l’enquête, les auteurs collectent des données secondaires. Ils précisent que ce design répond à certaines difficultés rencontrées par les sujets sensibles dont la proximité entre le phénomène et le contexte. Le design transformatif est mis en œuvre dans la cadre d’une recherche action. Il favorise l’appréhension du processus ou l’observation des modifications. Conformément au design séquentiel de type explicatif, il s’inscrit dans des stratégies d’expansion ou de développement. Les programmes de recherche action relatifs au cancer professionnel ou à la prévention du stress professionnel (Kompier et Cooper, 1999) peuvent être cités en exemple. Le design multiphases comprend différentes études qui se succèdent dans le temps afin de répondre à la même problématique. Sachet-Milliat (2009) précise que ses premières recherches permettent d’établir un lien de confiance facilitant subséquemment l’accès à la population et la mise en œuvre d’entretiens approfondis. Ces six designs mettent en exergue la multitude des démarches mixtes, le choix du design dépendant des difficultés rencontrées, que la recherche soit sensible ou non. Ces designs démontrent que l’approche mixte permet l’application conjointe de différents paradigmes épistémologiques (Creswell et Plano Clark, 2011). Dès lors, une approche mixte approfondit les particularités d’un sujet éludées lors de l’utilisation d’un seul paradigme. Ces designs contribuent également à la compréhension exacte de l’objet de recherche. Cette démarche permet aussi de construire un rapport avec le sujet et de maximiser les chances d’acceptation (Jehn et Jonsen, 2010). De plus, elle augmente les capacités d’analyse de nouvelles problématiques. Ainsi, elle permet l’emploi de multiples méthodes de collecte et d’analyse de données facilitant la compréhension de problèmes de recherche complexes (Tashakkori et Teddlie, 2003). Concernant la typologie des stratégies, elle met en exergue les différents avantages de l’approche mixte (Collins et al., 2006 ; Greene et al., 1989). Les stratégies de corroboration ou de triangulation produisent une image complète en combinant les informations de différentes techniques de collecte de données (Bendelow, 1993). Elles augmentent ainsi la validité et la fiabilité des résultats. Ensuite, ces stratégies sont utilisées pour minimiser l’effet des biais intrinsèques relatif à la mise en œuvre d’une recherche monométhode (Creswell et Plano-Clark, 2011). Ainsi, conformément à la stratégie de complémentarité, les faiblesses d’une méthode sont contrebalancées par l’emploi conjoint d’une autre démarche (Campbell et Fiske, 1959 ; Sale et al., 2002). Les chercheurs peuvent également employer cette approche afin de développer une analyse et de construire les résultats en utilisant comme contraste les autres types de données ou de méthodes (stratégie d’élaboration). Subséquemment, la stratégie de développement permet de se servir des résultats de la première méthode pour développer l’instrument, l’échantillon ou sélectionner une stratégie d’analyse des données utilisées dans l’autre méthode. Enfin, la stratégie d’initiation donne lieu à l’élaboration d’une nouvelle théorie basée sur les différents résultats obtenus par les méthodes. Ces atouts se révèlent pertinents dans le cadre de nombreuses études et permettent de répondre à certains dilemmes méthodologiques propres aux recherches sensibles (Jehn et Jonsen, 2010).
2.2 – L’approche mixte appliquée aux recherches sensibles
20Dans une perspective pluridisciplinaire, l’approche mixte est régulièrement usitée lors de recherches sensibles. Nous pouvons citer en exemple les études portant sur le viol (Quinlan et Quinlan, 2010), l’attitude des jeunes adultes vis-à-vis des médicaments psychotropes (Townsend et al., 2010), la consommation d’alcool des sujets contaminés par le virus de l’hépatite C (Palo Stoller et al., 2009), les violences domestiques (Collins et Dressler, 2008), le décès d’un conjoint (Scott et al., 2007 ; Corden et Hirst, 2008) ou la mortalité infantile (Yount et Gittelsohn, 2008). Nonobstant le foisonnement de thèmes sensibles en Sciences de Gestion, les recherches emploient rarement cette méthodologie (Cameron et Molina-Azorin, 2010 ; Aldebert et Rouzies, 2011). En illustration, nous pouvons évoquer la recherche de Jehn et Jonsen (2010) relative aux conflits au travail. Le fait que peu de travaux en Sciences de Gestion adoptent une approche mixte pour étudier des sujets sensibles est étonnant eu égard à l’utilité de cette démarches face aux difficultés susmentionnées, utilité maintes fois soulignés par les chercheurs en Sciences Sociales. Quatre arguments en faveur de cette posture sont particulièrement avancés : la pertinence des différents designs, la complémentarité des méthodes, les stratégies d’échantillonnage et l’adaptabilité. En fonction de leur design, les recherches sensibles suscitées mettent en exergue différents avantages relatifs à l’apport d’une approche mixte. Premièrement, ces recherches utilisent majoritairement un design séquentiel dans une perspective exploratoire ou confirmatoire (Collins et Dressler, 2008 ; Palo Stoller et al., 2009). Ce design facilite le processus d’acceptation. Il favorise ainsi une entrée progressive qui permet de gérer le sentiment d’intrusion et, subséquemment, de générer un lien de confiance. Ensuite, il offre la possibilité aux participants de se retirer de la recherche lorsque la deuxième phase est considérée comme trop impliquante. Cette approche tend à garantir le consentement libre et éclairé des sujets qui « pose problème pour les recherches inductives ou abductives » (Royer, 2011, p. 66). Ce design contribue également à cerner en amont la complexité du sujet sensible. Deuxièmement, le design convergent (Townsend et al., 2010) et le design ancré (Quinlan et Quinlan, 2010) sont usités. Ces designs mettent en évidence les stratégies de triangulation et de corroboration qui favorisent les questions de validité et de fiabilité des résultats. Ces stratégies permettent de diminuer l’effet du dilemme de la confiance en contrecarrant les mises en scènes, le mensonge ou le secret (notamment sur des thèmes tels que la santé ou les relations conflictuelles avec un supérieur). De ce fait, elles réduisent les erreurs d’omissions (Yount et Gittelsohn, 2008). La triangulation des sources de données permet, quant à elle, d’avoir un large échantillon des réponses possibles (Palo Stoller et al., 2009) et de prendre en considération les perspectives des différents acteurs (Collins et Dressler, 2008). En fonction de l’objectif de l’étude et du thème, il est donc possible de retenir un design mixte adapté. Enfin, les designs séquentiels soulignent la pertinence de l’utilisation conjointe de l’approche qualitative et quantitative dans une perspective, d’une part, d’approfondissement et, d’autre part, de développement d’un instrument de mesure portant sur un sujet sensible ou son adaptation à une population sensible (Hennequin, 2007 ; Townsend et al., 2010 ; Ungar et Liebenderg, 2011 ; Yount et Gittelsohn, 2008).
21Ces études précisent également l’importance de la complémentarité de l’approche qualitative et quantitative. Celle-ci contribue à contrecarrer certains tabous présents dans les recherches sensibles. Se sentant embarrassés, stigmatisés ou incriminés, les participants peuvent refuser de répondre ou biaiser les réponses à un questionnaire. Dans ce contexte, l’approche qualitative permet aux acteurs de préciser les éléments leur semblant importants, de prendre en compte des facteurs influençant la décision (Palo Stoller et al., 2009). L’analyse du processus, des significations, des stratégies ou des dynamiques est favorisée par cette méthodologie (Corden et Hirst, 2008). Ainsi, la recherche de Ungar et Liebenberg (2011) démontre que certaines questions « sensibles » ont obtenu un taux de non-réponse élevé alors que ces thèmes ont été développés dans le cadre de la méthode qualitative. Ces éléments montrent l’importance du choix des méthodes dans une recherche sensible (Yount et Gittelsohn, 2008). Afin de minimiser l’effet d’intrusion, les méthodes utilisées sont en majorité le questionnaire et les entretiens semi-structurés. Cette forme tend à limiter la charge émotionnelle et à faciliter la narration des détails intimes (par exemple, dans le cadre du harcèlement). L’observation est également usitée afin de générer un lien de confiance (Ames et al., 2008 ; Jehn et Jonsen, 2010). En effet, si la présence ponctuelle d’un chercheur peut modifier le comportement de la personne observée, la proximité et la familiarité avec les participants lors d’une observation sur une période de plus long terme facilitent la connaissance réciproque (Lee, 1993). C’est le moyen de se faire accepter grâce à une entrée progressive permettant de minimiser la distance sociale. Ces méthodes réduisent également la réactivité qui peut émerger quand les personnes sont interviewées dans un contexte précis. Certaines recherches, comme celle de Palo Stoller, Webster, Blixen, McCormick, Hund, Perzynski, Kanuch, Thomas, Kercher et Dawson (2009), soulignent l’utilisation de nouvelles sources de données limitant cette intrusion, permettant de trianguler les données et facilitant la gestion de la confidentialité comma par exemple dans le questionnaire en ligne. Cependant, elles éludent la prise en compte des émotions. De ce fait, elles sont combinées avec des entretiens. L’approche mixte aspire aussi à répondre aux difficultés liées à l’échantillonnage. Tout d’abord, la faiblesse du taux d’acceptation impacte la taille de l’échantillon (Scott et al., 2007). L’importance du parrainage dans le cadre des recherches sensibles est ainsi énoncée. En outre, la construction de l’échantillon grâce à cette approche constitue un atout dans une recherche sensible. Trois stratégies d’échantillonnage sont mises en œuvre. La première stratégie est l’échantillon de convenance (Collins et al., 2007 ; Townsend et al., 2010 ; Vrkljan, 2009). La seconde stratégie est dite parallèle : l’échantillon de la première méthode permet de constituer un sous-échantillon pour l’autre méthode (Collins et al., 2007). Le design convergent et le design séquentiel autorisent cette stratégie qui demeure un élément clé des recherches sensibles dans la mesure où elle offre la possibilité aux participants de se retirer de la recherche en fonction de leur perception du niveau d’implication exigée par la méthode. De plus, cette stratégie favorise l’accès à la population et la sélection des participants lorsque la seconde méthode est de nature qualitative (Corden et Hirst, 2008). Ainsi, elle contribue à gérer l’effet de l’intrusion en sélectionnant les participants. Enfin, la troisième stratégie de la boule de neige, mise en œuvre par Collins et Dressler (2008), facilite l’accès à des groupes cachés, déviants ou peu nombreux (Collins et al., 2007).
22Les recherches sensibles se fondent sur des approches interdisciplinaires (Palo Stoller et al., 2009) ou transdisciplinaires (Ames et al., 2008). Elles impliquent différents paradigmes, perspectives, démarches et méthodes. Autorisant la fusion, l’approche mixte permet cette adaptabilité (Johnson, 2008 ; Creswell et Plano-Clark, 2011). Quinlan et Quinlan (2010) utilisent de ce fait deux paradigmes et deux méthodes diamétralement opposés pour aborder leur sujet dans sa globalité. Plus généralement, ces éléments posent la question de la place de l’Homme dans la recherche (Brasseur, 2011) et démontrent la prise en compte de la responsabilité du chercheur dans le cadre des études portant sur l’humain. Comme le précise Royer (2011), le chercheur est ainsi responsable vis-à-vis de la population étudiée (e.g. consentement libre et éclairé), de la communauté scientifique (e.g. validité, fiabilité) et de la société (e.g. différentes perspectives d’analyse d’un sujet controversé, rapport bénéfice/risque de la recherche). Il doit également veiller à être bienveillant (Holloway et Wheeler, 1995). Cependant, les atouts de l’approche mixte sont conditionnés par la maîtrise des deux approches méthodologiques et par la publication conjointe des différents résultats.
Conclusion
23Le choix d’une approche mixte peut permettre de pallier le dilemme méthodologique des recherches et, plus précisément, des recherches sensibles en permettant d’abord d’obtenir des données plus représentatives (Yount et Gittelsohn, 2008), ensuite d’avoir une vision plus compréhensive, élaborée et nuancée (Palo Stoller et al., 2009 ; Scott et al., 2007) et enfin d’avoir une nouvelle approche du sujet en prenant en considération les divers éléments à des niveaux de détails différents (Collins et Dressler, 2008 ; Scott et al., 2007). Il existe plusieurs designs d’approche mixte favorisant la prise en considération de la diversité et de la complexité des thèmes d’une recherche sensible (Morse, 2003 ; Newman et al., 2003 ; O’Cathain et al., 2007 ; Ungar et Liebenderg, 2011). L’opérationnalisation par l’intermédiaire de méthodes mixtes offre la possibilité de mieux appréhender des thèmes sensibles, souvent soumis à des confusions (Lang, 2007). Pour Collins et Dressler (2008), elle « dresse une image plus complète des expériences et identifie mieux les pistes d’amélioration » (p. 364). Cette approche permet également de s’assurer de la validité de la recherche grâce à une meilleure triangulation des données (Jick, 1979 ; Niglas, 2004). Cependant, l’utilisation de cette approche reste encore limitée, de par les contraintes qu’elle génère (Creswell et Plano Clark, 2011) et, comme dans les designs monométhodes, le nombre de répondants reste faible ce qui engendre des biais d’échantillonnage (Cunradi et al., 2005 ; Vrkljan, 2009 ; Yount et Gittelsohn, 2008). Il faut toutefois encourager les chercheurs en Sciences de Gestion à poursuivre dans cette voie malgré les difficultés rencontrées car une vision holiste des sujets sensibles est indispensable à leur compréhension et le partage des méthodologies mixtes employées, des paradigmes retenus et les débats inhérents ne peuvent que faire progresser la réflexion sur une meilleure compréhension de ces phénomènes. De plus, les éléments susmentionnés tels que le respect des règles éthiques ou l’établissement d’une relation de confiance sont également inhérents aux recherches non sensibles.
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Mots-clés éditeurs : utilité, responsabilités du chercheur, méthodologie, sujets sensibles, méthode mixte
Date de mise en ligne : 19/01/2013.
https://doi.org/10.3917/rimhe.005.0012