Notes
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Dans une partie du camp d'origine (jusqu'à l'automne 1945), et dans une partie des baraques à Birkenau (jusqu'au printemps 1946), les autorités soviétiques enfermèrent temporairement des prisonniers de guerre allemands avant de les faire transférer en Union soviétique ; dans une autre partie, les services de sécurité polonais de l'époque détenaient des prisonniers politiques, d'origine allemande pour la plupart.
1Le lieu de mémoire et le musée d'Auschwitz-Birkenau ont été créés sur l'emplacement de l'ancien camp de concentration allemand d'Auschwitz. Le camp, établi en 1940 pour les Polonais, était un camp de concentration et un lieu d'extermination lente. Jusqu'au printemps 1942, la majorité des détenus furent des Polonais considérés comme des prisonniers politiques. Des personnes activement impliquées dans le mouvement de la résistance, mais aussi des membres de l'intelligentsia – médecins, enseignants, officiers de carrière, prêtres, employés de l'appareil administratif d'avant-guerre, tous arrêtés préventivement – en faisaient partie. Un groupe de prisonniers assez nombreux était constitué de civils arrêtés par hasard dans diverses rafles de rue. Jusqu'au printemps 1942, plus de 20 000 Polonais furent emprisonnés dans le camp.
2Un deuxième groupe d'internés important par le nombre fut celui de prisonniers de guerre soviétiques. Ils restèrent très peu de temps dans le camp. Des 10 000 prisonniers arrivés en octobre 1941, il n'en restait que 900 à peine encore vivants au début de février 1942.
3Le moment charnière dans l'histoire du camp fut son intégration, au printemps 1942, dans le programme d'extermination totale de la population juive.
4Le premier transport de masse juif enregistré au camp fut celui de 999 femmes juives, acheminées de Slovaquie, le 26 mars 1942. Le même mois, le premier transport de Juifs français arriva, suivi de convois en provenance de Pologne, d'Allemagne, de Hollande, de Belgique, de République Tchèque, de Moravie, de Yougoslavie, de Norvège. En 1943, des convois de Juifs de Grèce et d'Italie commencèrent à arriver et, en 1944, de Hongrie.
5Dès leur débarquement sur la rampe, les Juifs arrivés par des transports de masse étaient soumis à une première sélection, contrairement à toutes les autres nationalités. À l'issue de celle-ci, 80 % en moyenne des nouveaux arrivés étaient directement envoyés à la mort dans les chambres à gaz. Environ 20 % seulement des hommes jeunes, forts et en bonne santé étaient enregistrés comme main d'œuvre au camp.
6Le troisième groupe national important par son nombre, après les Juifs et les Polonais, fut celui des Tziganes acheminés au camp à partir du 26 février 1943, principalement en provenance du Troisième Reich. Au total, 23 000 Tziganes débarquèrent à Auschwitz dont 20 000 environ furent assassinés.
7Au total, 1 000 000 de Juifs environ, 140 000 à 150 000 Polonais, 23 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et environ 25 000 prisonniers d'autres nationalités dont 7 500 Tchèques, parmi lesquels un groupe assez nombreux des membres de l'organisation patriotique « Sokó » (« Faucon »), environ 6 000 hommes, femmes et enfants biélorusses capturés pendant les actions dirigées contre les partisans, au moins 4 000 Français, ainsi que des Slovènes, des Ukrainiens, des Allemands, des Autrichiens et d'autres furent acheminés au camp.
8En raison du nombre croissant des convois et en dépit d'une mortalité élevée, le nombre de détenus ne cessa d'augmenter, passant de 8 000 environ à la fin de 1940 à 130 000-150 000 environ au cours de l'été 1944.
9Au total, environ 1 300 000 personnes entrèrent à Auschwitz. Parmi elles, 400 000 furent enregistrées et reçurent un numéro matricule, et 900 000 Juifs environ furent tués dans les chambres à gaz dès leur arrivée au camp. 1 100 000 personnes donc furent assassinées à Auschwitz-Birkenau. Parmi les 400 000 personnes enregistrées, 200 000 environ furent tuées. Les 200 000 survivants furent transportés dans des camps à l'intérieur de l'Allemagne dans le cadre du transfert de la main d'œuvre ou de l'évacuation du camp. La majorité ne vécut pas la fin de la guerre.
10En raison de l'arrivée continue des prisonniers, le camp, qui comprenait en 1940 un complexe de vingt bâtiments, à partir d'une ancienne caserne de l'armée polonaise située sur une surface de 6 hectares, fut régulièrement agrandi. En 1942 fut créé le camp de Birkenau qui, d'après les projets, devait comprendre environ 600 baraques et bâtiments déployés sur une surface de 175 hectares.
11À la fin de la guerre, la moitié des bâtiments prévus avait été construite. Outre les baraques d'habitation, d'intendance et d'administration, avaient également été construites dans le camp de Birkenau quatre grandes chambres à gaz, des crématoires et une nouvelle rampe. Il y avait aussi une chambre à gaz plus petite et un four crématoire au camp d'Auschwitz. La superficie des camps d'Auschwitz et de Birkenau, y compris les terrains dépendants du commandant du camp, couvrait environ 40 km2. Une quarantaine de camps séparés, situés dans toute la Haute-Silésie, la Tchécoslovaquie et la Moravie faisaient également partie du camp d'Auschwitz.
12La tâche principale du camp demeura l'extermination des détenus. Pour cacher la réalité à l'opinion publique allemande, mais aussi à celle des pays alliés ou neutres, et afin de préserver les apparences de légalité, la méthode de mise à mort employée à l'égard des prisonniers enregistrés fut la famine. Les rations alimentaires distribuées aux prisonniers permettaient une survie de quelques mois, période pendant laquelle ils étaient autorisés à échanger avec leurs familles une correspondance censurée, où seules étaient autorisées les informations positives sur les conditions de vie. Cette période écoulée, la majorité des prisonniers mourrait, et les familles recevaient une attestation de décès attribuée à une maladie ordinaire. Le même type d'attestation était envoyé en cas de mort par injection de phénol, lorsqu'il s'agissait d'un fusillé ou d'un gazé. Dans le cas des prisonniers juifs, il était habituel de ne pas adresser d'attestation. La majorité d'entre eux fut assassinée dans les chambres à gaz suite aux sélections systématiquement menées parmi les malades et les inaptes au travail.
13Afin d'améliorer le rendement au travail des prisonniers, l'envoi des colis alimentaires fut autorisé dans les dernières années de la guerre. Il en résulta une diminution du taux de mortalité. Toutefois, et jusqu'à la fin de la guerre, on ne renonça pas à leur extermination et la question de tirer profit de leur force de travail ne fut jamais une priorité.
14À l'été 1944, lorsque les troupes soviétiques libérèrent le KL Lublin (Majdanek) et se retrouvèrent à 200 km d'Oswiecim, les autorités du camp commencèrent sa liquidation. Les prisonniers aptes au travail furent transférés dans des camps situés à l'intérieur du Reich, et les inaptes furent assassinés sur place. Les biens volés aux détenus furent transférés à la hâte. Des documents compromettants, indiquant l'ampleur de l'extermination de masse, furent détruits. Des lettres nominatives appartenant aux Juifs acheminés par les transports de masse, de nombreux registres et rapports, ainsi que la correspondance avec d'autres institutions et avec l'administration centrale furent brûlés. En novembre 1944, débuta le démontage des crématoires et des chambres à gaz que l'on fit exploser en janvier 1945.
Création du lieu de mémoire et du musée Auschwitz-Birkenau
15Alors même que le camp fonctionnait encore, l'idée d'honorer la mémoire de ses victimes naquit chez les prisonniers. C'est dans le camp que vit le jour le premier projet d'un monument dédié aux victimes (Jerzy Brandhuber) et un projet de temple-sanctuaire (Tadeusz Borkowski).
16Après la libération du camp, il n'existait sur le site aucune institution ayant à charge de faire visiter les bâtiments de l'ancien camp. Des hôpitaux destinés aux prisonniers libérés et malades furent aménagés dans une partie de ces bâtiments. Outre l'hôpital militaire soviétique, un hôpital de la Croix-Rouge polonaise fut ouvert qui fonctionna dans l'enceinte du camp d'origine jusqu'au 1er octobre 1945. Pendant cette période, l'hôpital reçut la visite de plusieurs milliers de personnes, membres de familles d'anciens déportés, à la recherche de leurs proches disparus [2]. Après la fermeture de l'hôpital de la Croix-Rouge, les autorités de la ville d'Oswiecim eurent à charge de prendre soin du site de l'ancien camp d'origine.
17En avril 1946, le ministère polonais de la Culture et de l'Art délégua à Oswiecim un groupe d'anciens prisonniers (Conseil de Protection), présidé par Tadeusz Wrsowicz. Le Conseil prit le relais en matière de la protection du site de l'ancien camp et commença des préparatifs en vue de la création officielle d'un musée sur ce site. Le terrain de l'ancien camp de Birkenau fit inclus dans le complexe du musée.
18L'ouverture du musée eut lieu le 14 juin 1947, date anniversaire de l'arrivée du premier convoi de prisonniers politiques polonais. À cette occasion, une première exposition fut organisée illustrant l'histoire du camp et le martyr des prisonniers. L'inauguration du musée se déroula en présence de Józef Cyrankiewicz, Premier ministre polonais de l'époque et ancien prisonnier du KL Auschwitz, des délégués des ambassades britannique, française et tchécoslovaque, ainsi qu'environ 50 000 personnes venues de toute la Pologne. Après la cérémonie d'ouverture du musée et les cérémonies religieuses de différentes confessions, les participants effectuèrent une marche jusqu'à l'ancien camp à Birkenau par le chemin qui est emprunté aujourd'hui par les participants à la Marche des Vivants. La loi du 2 juillet 1947 sur la création du musée du Martyr à Oswiecim, votée par le Parlement polonais, entérina officiellement la décision de conserver ad aeternam le site de l'ancien camp Auschwitz-Birkenau et d'y créer un musée (qui porte aujourd'hui le nom de musée d'État d'Auschwitz-Birkenau à Oswiecim) ayant pour vocation de protéger ce lieu et de veiller à la divulgation du savoir sur les crimes qui y furent perpétrés.
19Les deux camps principaux, Auschwitz I à Oswiecim et Auschwitz II à Birkenau, ainsi que les bâtiments annexes qui faisaient partie de ces deux camps, furent inclus dans le complexe du musée. Au total, le musée compte à peu près 150 bâtiments et environ 300 bâtiments en ruine. Le musée s'étend sur 191 hectares, dont 171 à Birkenau et 20 à Auschwitz, ce qui représente environ 5 % de la surface totale de 4 000 hectares de l'ancien camp (Interessengebiet) administré par les autorités SS.
20Parmi les 150 bâtiments, on compte 28 baraques d'habitation des détenus de l'ancien camp Auschwitz I, le bâtiment des cuisines du camp, le bâtiment des admissions de nouveaux arrivés (Aufnahmegebäude), des baraques à destination économique, le siège du commandant, les bâtiments de l'administration du camp, de l'hôpital des SS, le crématoire avec sa chambre à gaz, des garages et d'autres constructions à usage économique.
21À Birkenau se trouvent, entre autres, les mines des quatre chambres à gaz et des crématoires, la rampe, plusieurs dizaines de baraques en dur et en bois, principalement d'habitation, le bâtiment de la porte principale, trois douches et un bâtiment destiné au nouveau commandement, resté inachevé et non utilisé.
22Parmi les bâtiments non conservés à Birkenau, il faut mentionner 250 baraques d'habitation, d'infirmerie ou économiques, partiellement brûlées au moment de la liquidation du camp (30 dépôts des biens enlevés aux prisonniers, le Canada II) et démolis pour la plupart quelques années après la fin de la guerre.
23Au début, l'activité principale du musée consistait à sauvegarder et à protéger tout ce qui restait de l'ancien camp, à réunir des registres éparpillés dans les bureaux du camp, à permettre aux visiteurs et aux familles des prisonniers assassinés de visiter des expositions et les bâtiments de l'ancien camp. Avec le temps, le domaine d'activité du musée fut sensiblement élargi. Il a été précisé dans le statut de musée accordé à cette institution par le ministère de la Culture et de l'Art, instance titulaire du musée qui est une institution d'État, puis par des directives ultérieures tenues des autorités centrales. Actuellement, le musée emploie plus de 200 salariés, répartis dans vingt services et sections administratifs.
24Jusqu'à la fin des années 1980, tous les frais de fonctionnement du musée et d'entretien des bâtiments historiques étaient supportés par le budget de l'État polonais. Depuis les années quatre-vingt-dix, de nombreux travaux de conservation ont été financés par les dotations des États dont les citoyens, principalement des Juifs, furent détenus à Auschwitz. Il faut souligner, en particulier, les fonds provenant du gouvernement fédéral et des gouvernements des Länder allemands, ainsi que de la Fondation Ronald Lauder.
25La Fondation pour la mémoire des victimes d'Auschwitz-Birkenau, dont les fonds sont constitués par des dotations de divers sponsors collectifs et individuels, joue un rôle essentiel dans le soutien de l'activité du musée. Le musée reste sous la tutelle du ministère de la Culture. Ses organes de contrôle sont le Conseil du musée, dont les membres font partie de diverses institutions nationales, et le Comité international du musée d'Auschwitz, organe consultatif auprès du Premier ministre polonais.
26En 1967 eut lieu l'inauguration à Birkenau du Monument international à la mémoire des victimes du fascisme. Le musée fut inscrit sur la liste des monuments du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979 ; la même année, le pape Jean-Paul II y célébra une messe à laquelle plusieurs centaines de milliers de personnes participèrent. En 1988 eut lieu la première Marche des Vivants, rassemblant des jeunes Juifs du monde entier. Deux ans plus tard avait lieu la première réunion du Comité international du musée.
Archives
27Les archives du musée représentent une infime partie des documents qui furent produits dans les bureaux du camp entre 1940 et 1945. On estime que 10 à 20 % seulement des registres produits ont été préservés. Ces documents sont d'une valeur inestimable comme source de recherche et preuves des crimes commis.
28Les documents ci-dessous constituent le noyau le plus précieux des archives du musée :
2948 volumes de registres de décès comprenant près de 70 000 actes ;
3016 volumes de dossiers personnels de détenus ;
3140 000 négatifs de photos de détenus, prises au moment de l'enregistrement ;
32200 photos de Juifs hongrois, prises principalement sur la rampe à Birkenau ;
33800 000 microfilms de divers pièces d'archives déposées par d'autres centres d'archives.
34Une autre source de grande valeur est constituée de dossiers provenant des institutions qui, sans faire partie du camp, collaboraient de manière étroite avec lui :
35248 volumes de documents de la Zentralbauleitung der Waffen SS und Polizei (direction du bâtiment de la Waffen et de la Police) ;
3664 volumes de dossiers de la SS Hygiene Institut (Institut d'Hygiène de la SS) ;
37documents des entreprises SS (DAW, DEST, Deutsche Lebensmittlen GmbH) et des entreprises privées et publiques employant des prisonniers (IG Ferbenindustrie AG, Berghütte, Herman Göring Werke, entre autres) ;
388 000 lettres et cartes envoyées par les détenus, déposées au musée par leurs familles ;
392 000 photos privées appartenant aux déportés, principalement des Juifs de Sosnowiec.
40Dans le cadre des travaux de recherche menés par le musée, environ 3 000 dépositions et 1 200 souvenirs des rescapés ont été consignés par écrit.
41Par ailleurs, il existe plus de 2 000 enregistrements audio des relations et souvenirs des anciens détenus, déposés au musée par la radio polonaise de Katowice.
42Les archives des procès des anciens fonctionnaires du camp, et surtout ceux des SS et du commandant du camp Rudolf Höss, représentent 76 volumes de pièces diverses : procès-verbaux des dépositions des témoins et des accusés, copies de documents, etc., qui constituent une source précieuse pour des chercheurs.
43Les notes manuscrites des détenus chargés du travail dans les chambres à gaz et les crématoires, prises à l'époque du fonctionnement du camp, ainsi que les souvenirs et notes du commandant du camp, Rudolf Höss, faites pendant son procès représente un ensemble de pièces d'une valeur exceptionnelle pour les chercheurs.
44Le service de documentation reçoit aussi des documentaires et des films dont le sujet porte sur la destruction et la guerre. À ce jour y ont été déposées des copies de 130 longs et courts-métrages, 400 cassettes vidéo ayant pour thème la guerre ou le camp. Les archives renferment également la documentation sur la résistance dans le camp, comprenant des milliers de notes prises par des détenus.
45En 2003, le service des archives a été visité par 272 personnes qui ont consulté 2 577 documents.
46Depuis 1990, il existe au musée une section informatique dont la tâche consiste à collecter les données figurant dans les dossiers d'archives, à les travailler et à les introduire dans des bases de données. À terme, cette section à pour objectif d'informatiser l'ensemble des services du musée, dans le but de créer un système intégré d'échange et de collecte d'informations. Des informations concernant le musée et quelques bases de données, par exemple celle des décès, sont actuellement disponibles sur la page Internet du musée. Cette page est consultée par plusieurs centaines de milliers de personnes par an.
Bureau d'Information sur les anciens détenus et section aux Affaires d'anciens détenus
47Grâce à un registre séparé, réactualisé en permanence, le bureau d'Information sur les anciens détenus fournit des informations sur le destin des détenus. Les informations sont délivrées aux familles des détenus, sur place ou par correspondance. En 2003, le bureau a délivré 4 760 attestations écrites et 770 informations orales au sujet de 14 000 personnes. La section aux Affaires des anciens détenus a recueilli des informations et des données sur des détenus, a procédé à des enregistrements par écrit des témoignages, à la fabrication des index de pièces archivées, a mené des interviews avec les anciens détenus, a effectué un travail de recherche scientifique.
Expositions
48À l'ouverture du musée en 1947 a été inaugurée la première exposition illustrant divers aspects du fonctionnement du camp. La section qui présentait le martyr des Juifs a été préparée en collaboration avec le Comité central juif en Pologne. En 1955 a été inaugurée une nouvelle exposition dont le schéma général, conçu à l'époque, avait été préservé tel quel jusqu'à ce jour. Cependant de nombreuses rectifications, changements et suppléments y ont été apportés.
49Dans les années quatre-vingt-dix, les chiffres relatifs au nombre total des victimes ont été corrigés, des données concernant la répartition des victimes par nationalité ont été introduites. Elles font apparaître que la majorité des victimes – 90 % – furent des Juifs. Les légendes accompagnant les photos et les objets d'exposition indiquent la nationalité des victimes. Actuellement, des préparatifs sont menés pour élaborer un nouveau plan et une nouvelle scénographie de l'exposition.
50Hormis l'exposition générale de 1960, organisée à l'initiative du Comité international du musée d'Auschwitz, ont été organisées des expositions sur des pays dont les citoyens, Juifs pour la plupart, furent acheminés au KL Auschwitz. Ces expositions permanentes, préparées par des institutions d'État et des organismes sociaux des pays en question, ont été modifiées et aménagées ces dernières années afin de mieux répondre à une nouvelle attente. Le musée présente actuellement les expositions permanentes suivantes : juive (ouverte en 1968), polonaise, tzigane, russe, hongroise, tchèque, slovaque, autrichienne, yougoslave, française, belge, hollandaise et italienne.
51En 1985, à l'occasion du 40e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, l'exposition intitulée Auschwitz, Crime contre l'humanité a été présentée pour la première fois au siège de l'ONU à New York. Pendant plusieurs années, à la demande de différents milieux juifs et grâce au soutien financier et organisateur du Congrès juif mondial et de United Jewish Appeal, elle a voyagé à travers les États-Unis et a ensuite été présentée en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Autriche et en Hongrie.
52Pendant plus de 50 ans de son existence, le musée a organisé presque 300 expositions temporaires et itinérantes, visitées par plus de 15 millions de personnes. Ces expositions ont été présentées à l'étranger : en Autriche, en Grande-Bretagne, en ex-Tchécoslovaquie, aux Pays-Bas, en Israël, au Japon, en Allemagne, en Suisse, en Suède, aux USA, en Hongrie, en Italie, en ex-URSS.
Recherche scientifique et édition
53Le travail de recherche scientifique représente une part très importante de l'activité du musée. À partir des années quatre-vingt-dix, les travaux de recherche se sont concentrés autour des sujets portant sur l'identité des victimes, par conséquent autour des groupes particuliers de victimes, classés par sexe, âge, nationalité, confession, métier. La plupart des travaux des chercheurs du musée a été éditée par les éditions du musée. Au total, les éditions ont publié plus de 400 ouvrages tirés en 7 000 000 d'exemplaires. Hormis les travaux scientifiques, sont également édités des ouvrages de vulgarisation scientifique, des guides, des affiches, des cartes-postales, des cassettes vidéo et des cassettes audio des témoignages des rescapés.
54Depuis 1957, les éditions du musée publient des Zeszyty Oswiecimskie [Cahiers d'Oswiecim] (version allemande Hefte von Auschwitz) et depuis 1994, en coédition avec la Fondation pour la mémoire des victimes du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, le Biuletyn Informacyjny Pro Memoria [Bulletin d'Information Pro Memoria] (en polonais, en allemand et en anglais) consacré à l'histoire et à la portée contemporaine de la diffusion du savoir relatif au crime contre l'humanité et à la Shoah.
Activités éducatives
55En dehors du service d'accompagnement pour les visiteurs, le musée d'Auschwitz Birkenau propose diverses activités à but éducatif aussi bien sur place qu'en dehors du site. L'une des formes privilégiées dans ce domaine est l'action pédagogique auprès des enseignants et des enfants dans les écoles, la collaboration avec des institutions polonaises et étrangères, avec des centres de recherche ou des groupes d'étude de jeunes.
56Depuis plusieurs années, dans le cadre de la collaboration du musée avec Yad Vashem, sont organisés de manière régulière des échanges de groupes d'étude auxquels participent le personnel du musée et des enseignants polonais et israéliens.
57Cours, conférences, colloques, projections de films, concours de dessins, concours de la meilleure composition écrite sur le thème du camp font également partie de l'activité éducative du musée. Le département d'éducation, en collaboration avec les universités polonaises, propose, à l'intention des enseignants, un cursus post-diplôme sur le thème de l'Holocauste.
Fréquentation du musée
58Durant les presque 60 ans d'existence du musée Auschwitz-Birkenau, le site a été visité par environ 25 millions de visiteurs du monde entier dont des personnes de diverses nationalités, de toutes confessions, des touristes, des pèlerins, des chefs d'État. Ces dernières années, le nombre de visiteurs s'élève à environ 500 000 personnes par an, dont plus de la moitié viennent de l'étranger. En 2003, le musée a été visité par 194 753 Polonais, 34 404 Américains, 34 321 Allemands, 24 057 Italiens, 23 194 Anglais, 22 890 israéliens, 17 624 Norvégiens et 17 258 Français.
59En raison du nombre des victimes et, surtout, de l'extermination en masse des Juifs européens, le camp d'Auschwitz est devenu dans le monde entier synonyme de crime et symbole du génocide. Il est un objet de recherche des spécialistes de différents domaines, non seulement des historiens, mais aussi de sociologues, des politologues, des médecins, des psychologues, des psychiatres, des pédagogues, des théologiens. Auschwitz est présent dans les arts plastiques, au cinéma, dans la musique et dans la littérature – romans, nouvelles, théâtre, poésie.
60Auschwitz exhorte à la réflexion, d'une part sur la nature humaine – sur l'homme capable d'infliger à son semblable des souffrances atroces – et, d'autre part, sur les conditions politiques et psychologiques requises qui créent des possibilités de persécutions de masse des groupes entiers de populations en raison de leur nationalité, de leur confession, de leur race, de leurs convictions politiques.
61Auschwitz reste un puissant avertissement devant toutes les idéologies qui prônent la haine de l'autre, une haine qui tôt au tard aura pour conséquence de vouloir humilier, emprisonner et tuer des hommes innocents.
Notes
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[2]
Dans une partie du camp d'origine (jusqu'à l'automne 1945), et dans une partie des baraques à Birkenau (jusqu'au printemps 1946), les autorités soviétiques enfermèrent temporairement des prisonniers de guerre allemands avant de les faire transférer en Union soviétique ; dans une autre partie, les services de sécurité polonais de l'époque détenaient des prisonniers politiques, d'origine allemande pour la plupart.