Notes
-
[1]
Note de Röthke du 4 septembre 1943 (document CDJC, XXV a-38), in Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, 1943-1944, Paris, Fayard, 1985, pp. 341-343.
-
[2]
Il semble qu'en quelques occasions les SS aient mené vers le nord de l'ex-zone italienne des raids lointains. Serge Klarsfeld évoque « quelques expéditions à Megève et Grenoble » (Serge Klarsfled, op. cit., p. 124). En l'absence de toute autre information à ce sujet, l'expédition menée à Grenoble pourrait correspondre à l'arrestation de dix-huit Juifs à Saint-Pierre-de-Chartreuse le 1er octobre 1943.
-
[3]
Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, op. cit., p. 124, et Didier Epelbaum, Alois Brunner, préface de Serge Klarsfeld, Paris, Calmann-Lévy, 1990, p. 196.
-
[1]
CDJC, DLVI-62.
-
[2]
Archives départementales de l'Isère, 7291 W 332, dossier 91255.
-
[3]
ADI, 12 R 49/1, dossier Bollack.
-
[4]
Archives nationales, F9 5778-5788.
-
[1]
CDJC, CCXVI-53a, déposition de Sala Hirth, p. 5. Sala Hirth ne fit pas partie de l'équipe emmenée à Grenoble. En revanche, de manière très étonnante, le témoignage du docteur Drucker recueilli à la Libération (CDJC, CCXVI-66) ne mentionne d'aucune façon l'action à Grenoble.
-
[1]
CDJC XXII-9. Non daté, sans doute mars 1944.
-
[2]
« Le déchaînement des nazis dans la région grenobloise », in Notre Combat, Organe du Comité Uni de Défense des Juifs de France, numéro 1, avril 1944, CDJC, fonds Diamant (non coté).
-
[3]
ADI, 15 R 2, dossier Kosiorowski.
-
[4]
ADI, 2696 W 88, rapports des Renseignements généraux sur le Service social des étrangers, octobre 1944.
-
[5]
« Le même soir, une opération similaire s'est déroulée à St-Martin de l'Uriage [sic] et à Belmont [...] », Notre Voix, op. cit.
-
[6]
ADI, 13 R 962 et 971. Il s'agit des trois seules personnes dont l'arrestation est signalée le 6 février 1944 à Uriage. Léon Meyer, en tant qu'homme politique de premier plan, fait l'objet d'une surveillance particulière de la part des RG. Tout comme quelques autres personnalités vivant en Isère, les rapports hebdomadaires des Renseignements généraux lui consacrent quelques lignes au chapitre « surveillance des personnalités ». Mais les RG ne signalent aucune rafle à Uriage.
-
[1]
Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Paris, Odile Jacob, 1997, pp. 206-208.
-
[2]
Un rapport de gendarmerie fait état de la présence « du chef de la police allemande stationnant à l'hôtel Suisse et Bordeaux » (ADI, 52 M 72).
-
[3]
Titre d'une lettre expédiée le 15 février 1944 de Grenoble à Marc Jarblum. Ce document, conservé par les archives du Joint à New York, est cité par Renée Poznanski, Être juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Paris, Hachette, 1994, p. 813 (note 70).
-
[4]
7291 W 141, dossier 61268.
-
[5]
ADI, 13 R 971, rapport du commissaire central au préfet le 11 février 1944.
-
[1]
ADI, 13 R 962.
-
[2]
ADI, 15 R 6, dossier Koenig.
-
[3]
ADI, 13 R 971.
-
[4]
ADI, 13 R 981, commune de Corenc.
-
[5]
Aux 14 Juifs transférés à Drancy s'ajoutent deux « Aryens » et un Juif blessé qui restera hospitalisé jusqu'à la Libération.
-
[6]
ADI, 52 M 136/5, rapport hebdomadaire du 20 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[1]
Quatre cent vingt-trois personnes sont enregistrées à Drancy, en provenance de Grenoble, durant la présence du Kommando. Dans le même temps, on ne trouve trace dans les documents de la préfecture que de l'arrestation de cinquante-neuf de ces personnes, dont environ les deux tiers seulement sont signalées par la police, le restant provenant de demandes d'interventions en faveur de personnes arrêtées. Les enquêtes faites pour les Anciens Combattants et Victimes de guerre (ACVG) permettent d'éclairer quelques autres cas, mais la majorité des arrestations et des circonstances dans lesquelles elles se sont déroulées demeurent ignorées.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
ADI, 13 R 971.
-
[4]
ADI, 13 R 972.
-
[5]
ADI, 13 R 903.
-
[1]
In Patrice Nonni, La Résistance dans l'Isère : attitude des chrétiens, mémoire de fin d'étude, Institut d'études politiques de Grenoble, 1972, multigr. (sous la direction de Pierre Bolle et Jean Godel), 1972, p. 115.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
ADI, 13 R 981, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[4]
Sur les catégories à Drancy, voir notamment Georges Wellers, L'Étoile jaune à l'heure de Vichy, Fayard, 1973, réédité sous le titre Un Juif sous Vichy, Paris, Éditions Tiresias, 1991, pp. 161-162 (pour cette dernière édition) et Didier Epelbaum, op. cit., pp. 173-174. Il nous faut signaler qu'outre les sept catégories communément citées (A, B, C1 à C5) il semble qu'il en existait au moins quatre autres (D, E, F, G) qui ne sont jamais évoquées et dont nous ignorons la signification. Celles-ci apparaissent dans les cahiers de Drancy ainsi que sur une fiche récapitulative des effectifs du camp reproduite in Didier Epelbaum, op. cit., p. 338.
-
[5]
ADI, 15 R 2, dossier Cohen Marthe.
-
[1]
ADI, 2925 W 29, dossier Gabay Marcel.
-
[2]
In Liste alphabétique des personnes domiciliées au 10 mai 1940 en Belgique, arrêtées en France par l'autorité occupante en tant qu'israélites et déportées de France vers les camps d'extermination de Haute-Silésie par des convois partis du camp de rassemblement de Drancy, des camps de Compiègne, Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Angers entre le 8 juin 1942 et le 17 août 1944, Bruxelles, ministère de la Santé publique et de la Famille, 1980.
-
[3]
ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[4]
ADI, 7291 W 257, dossier 80336 (meurtres).
-
[5]
Rapport de police au sujet de l'arrestation, déjà mentionnée, du juge : « À l'intérieur, Clergue fut soumis à une nouvelle vérification d'identité et le policier allemand qui examina la carte d'identité laissa entendre qu'il était persuadé qu'il s'agissait d'une fausse carte, que Clergue était juif et se nommait en réalité Bloch. Il présentait en même temps un album de photos sur lequel se trouvait le portrait d'un homme ressemblant à Clergue » (ADI, 7291 W 64, dossier 74526). Ce qui permet sans doute de mieux comprendre ce qu'étaient les physionomistes signalés aux côtés de Brunner : des hommes ayant la mémoire des visages, plutôt que censés reconnaître « le Juif », comme le suppose Renée Poznanski (op. cit., p. 568).
-
[6]
ADI, 13 R 910, rapport du 7 mars 1944.
-
[1]
ADI, 13 R 972, lettre de l'évêque de Grenoble le 8 mars 1944, et 15 R 2, enquête des ACVG, dossier Ghislaine Lide, déclaration de la mère supérieure du couvent en 1954. La femme en question est sans doute l'une des membres de l'équipe juive emmenée à Grenoble.
-
[2]
ADI, 15 R 2, dossier Etty Molho, déclaration de la mère supérieure. On trouve de nombreux témoignages qui permettent de penser qu'il y eut effectivement un grand nombre d'enfants juifs placés à la Providence (par exemple, ADI, 7291 W 64, dossier 85879). Fritz et Annie Finaly, arrêtés aux environs du 14 février par les hommes de Brunner, confièrent leurs enfants quelques jours auparavant à la Providence.
-
[3]
Entre autres : ADI, 13 R 971, rapport du 17 février 1944 de la gendarmerie de Voiron. ADI, 13 R 981, commune du Sappey, rapport de gendarmerie du 8 août 1945. ADI, 15 R 3, dossier Mittelman. ADI, 7291 W 107, dossier 25763 (Weiss) : arrestation d'Anna Weiss, le 21 février 1944, par trois hommes vers 16 heures. Aux environs de 18 heures, ils reviennent emporter des affaires.
-
[1]
ADI 7291 W 64, dossier 85879. Ce dossier contient des plaintes concernant des pillages, plaintes enregistrées à la Libération, dont une trentaine ont été déposées par des Juifs. Il ressort de ces dossiers essentiellement deux périodes marquées par les pillages : février-mars 1944 et juin-août 1944. Voir également un témoignage oculaire en 20 U, dossier Cour de justice n° 127.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
Soit la fiche indique une date postérieure à l'arrivée à Drancy, soit il est explicitement fait mention que le versement provient de la « police allemande ». Nous sommes partis du principe que toutes les fiches établies après le jour d'arrivée de l'interné (sauf mouvements internes) étaient consécutives à un transfert effectué par la police allemande.
-
[1]
ADI, 13 R 910, rapport du 28 janvier 1944.
-
[2]
Note de Knochen-Brünner du 14 avril 1944 : « Au sujet de l'augmentation d'arrestations de Juifs dans la zone du commandement de la sûreté en France » (document CDJC, CXXXII-56), in Serge Klarsfeld, op. cit., pp. 384-388.
-
[1]
ADI, 2103 W 14.
-
[2]
Voir, entre autres : ADI. 7291 W 34, dossier 20038 et 7291 W 64, dossier 85879.
-
[1]
ADI, 52 M 136/5, rapport hebdomadaire du 13 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[2]
ADI, Ibid., rapport mensuel de février 1944 des Renseignements généraux.
-
[3]
ADI, Ibid., rapport hebdomadaire du 27 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[4]
AN, F1c/III/1158, rapport mensuel pour le mois de février 1944.
-
[5]
Ibid.
-
[1]
Le préfet précise à Vichy que les rafles du Kommando visent surtout « des israéliles et leurs amis »... (AN, F1c/III/1158, rapport mensuel pour le mois de février 1944).
-
[2]
Serge Klarsfeld, Le Calendrier de la persécution des Juifs de France, Paris. FFDJF, 1993, pp. 954-955.
-
[3]
ADI, 13 R 971, lettre du maire de Domène au préfet en date du 24 février.
-
[1]
CDJC, DLVI-62, rapport sur Drancy et l'activité de Brunner (sans date, sans doute rédigé, selon les indications contenues, aux environs de la première semaine de janvier 1944).
-
[2]
AN, AJ38 111, le commissaire général aux Questions juives à Röthke, Éléments d'informations touchant certains agissements imputés à l'UGIF.
-
[3]
Sabine Zeitoun, L'Oeuvre de secours aux enfants sous l'Occupation en France, Paris, L'Harmattan, 1990, p. 82, offre une explication peu satisfaisante en ce qui concerne cette fermeture : « En janvier 1944. la Gestapo perquisitionne le bureau de Grenoble à la recherche d'un enfant. Les parents de ce dernier avait communiqué l'adresse de l'OSE après leur arrestation. Herta Hauben est alors arrêtée. Cet événement incite les dirigeants de l'OSE à interrompre définitivement leurs activités légales. De plus, la dissolution de la direction centrale de l'OSE/3e direction-Santé, à Chambéry mettra fin à l'ensemble de ses activités. » Il est impossible que le bureau de Grenoble ait été fermé à la suite de l'arrestation de Herta Hauben, qui a lieu le 16 février 1944, soit après la rafle du bureau de Chambéry. La fermeture du bureau de l'UGIF de Grenoble est effective le 1er janvier 1944 (CDJC, archives de l'UGIF, microfilm 64, document 1110). Cela infirme également une autre explication, plus plausible : « A deux reprises, le bureau de Grenoble, partiellement démoli par une explosion en novembre 1943, reçoit la visite de la Gestapo [...]. Une troisième visite en janvier 1944 décide les responsables à chercher un local de repli. Ce dernier ne servira pas longtemps. » (L'Activité des organisations juives en France sous l'Occupation, Paris, 1947, p. 146). Mais il semble bien que les locaux de l'UGIF aient subi des perquisitions. Reste que l'on ignore où l'UGIF compte plusieurs bureaux à Grenoble et quand.
-
[1]
CDJC, CDXXIII-10, lettre du directeur général de l'UGIF au président de l'UGIF en date du 9 février 1944.
-
[2]
CDJC, CMXX-15, lettre du directeur de l'UGIF Lyon au directeur général de l'UGIF en date du 25 février 1944.
-
[3]
Cette lettre est citée et en grande partie décodée par Sabine Zeitoun, op. cit., p. 185.
-
[4]
Lucien Lazare, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1987, p. 215.
-
[5]
Sabine Zeitoun. op. cit., pp. 184-185.
-
[6]
ADI, 7291 W 394, dossier 106032 (Herta Hauben).
-
[7]
ADI, 57 J 18. On peut cependant s'interroger sur la réalité de cet acte. D'où peut venir ce témoignage, l'arrestation s'étant déroulée sans témoin direct ?
-
[1]
Le docteur Isser Seilinger, responsable du bureau OSE de Grenoble, échappe à ces arrestations. Il sera arrêté le 19 juin 1944 à Saint-Laurent-du-Pont, où il résidait depuis plusieurs mois. Il est probable qu'il se soit réfugié dans cette commune de Chartreuse à la suite des événements de février.
-
[2]
ADI, 13 R 971, rapport de gendarmerie signalant l'arrestation d'un inconnu.
-
[3]
Un de ces groupes d'enfants, caché à La Martellière à Voiron, sera arrêté le 23 mars, une semaine après le départ de Grenoble du Kommando. Cette rafle s'inscrit dans un entrelacs d'événements s'étant déroulés dans le pays voironnais durant les mois de mars et avril 1944. Débutant par le pillage de Juifs réfugiés à Voiron par la Milice, ces événements se concluent par l'exécution de six Juifs (ou tenus pour tels) par la Milice, en représailles à « l'affaire Jourdan » (exécution d'un milicien et de sa famille). Il semblerait que cette sextuple exécution ne soit pas étrangère aux exécutions de Rillieux-la-Pape, postérieures d'à peine plus d'un mois. Nous nous permettons de renvoyer à notre étude, Les Persécutions raciales en Isère sous l'occupation allemande (septembre 1943-août 1944), TER d'histoire sous la direction de Jean-Claude Lescure, Université Pierre Mendès France-Grenoble II, UFR des sciences humaines, département d'histoire, octobre 1999, 245 pages (hors annexes).
-
[4]
Une intervention de la Croix-Rouge au sujet d'Edith Pulver indique qu'elle a été « arrêtée dans la rue » (ADI, 13 R 907, DU 458). Voir également Alain Michel, Les Éclaireurs Israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, éditions des EIF, 1984, pp. 166-167.
-
[1]
Document publié dans Revue d'histoire de la Shoah, numéro 161, septembre-décembre 1997, pp. 61-62.
-
[2]
ADI, 13 R 981, dossier Grenoble, liste de personnes tuées pendant l'Occupation. Le récit de la mort de Marc Haguenau varie selon les auteurs. Suicide, pour ne pas parler sous la torture, pour les uns. Meurtre par défenestration, commis par la Gestapo, pour d'autres. Chez d'autres encore, il aurait essuyé des coups de feu durant son évasion, provoquant sa chute. Or la lettre d'Edith Pulver, ainsi que le témoignage d'Isaure Luzet (ADI, 57 J 50), confirme la version de la chute.
-
[3]
Lucien Lazare, op. cit., p. 248. Il n'est pas impossible qu'en octobre 1943 (probablement simultanément à la rafle du 1er octobre à Saint-Pierre-de-Chartreuse) les hommes de Brunner aient tenté de s'attaquer au centre du Sappey. Un hôtelier du Sappey signale après guerre avoir subi une perquisition « par la brigade spéciale de Nice de la Gestapo » (ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945, déclaration de Pierre Vogel).
-
[1]
Sur l'organisation et les buts du Service social des étrangers, se reporter notamment aux circulaires du 28 novembre 1941 et du 26 mai 1942 du secrétariat d'État au Travail (AN, AJ38 113).
-
[2]
Divers bilans sont avancés pour la rafle d'Alboussière. Vincent Giraudier, Hervé Mauran, Jean Sauvageon et Robert Serre avancent cinquante-sept raflés (Des indésirables. Les camps d'internement et de travail dans l'Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Valence, Peuple Libre et Notre Temps, 1999, p. 430). Michael R. Marrus et Robert Paxton mentionnent soixante et une arrestations (Vichy et les Juifs, Paris, Le livre de poche, 1993, p. 460). Serge Klarsfeld fait état du chiffre de soixante-quatre (Le Calendrier..., op. cit., p. 962). Aux cinquante-sept personnes transférées à Drancy s'ajoutent une mère et ses deux enfants, libérés à Grenoble (ADI, 13 R 872). Il n'est pas impossible qu'au moins cinq autres personnes du transfert du 20 février aient été arrêtées à Alboussière.
-
[3]
En 1943, l'Isère compte quatre centres d'accueil pour les Polonais : le centre 55 bis au Sappey-en-Chartreuse, le 56 bis à Villard-de-Lans, le 57 bis à Uriage et le 58 bis à Bourg d'Oisans.
-
[1]
ADI, 13 R 1043, témoignage de monsieur Godlewski, recueilli le 28 février 1947.
-
[2]
« On commença par faire une visite de leur anatomie pour déclarer leur race » (Ibid).
-
[3]
À la suite d'une intervention de la préfecture, par le biais de la section de liaison, le SD répond que « M. Godlewski et Mme Wisti ont bien été arrêtés par le SD, pour des raisons personnelles. Le chef du SD savait qu'il avait affaire à des Polonais et non des israélites. Pour l'instant ils sont toujours à Grenoble pour instruction de leur cas et interrogatoire » (ADI, 13 R 907, rapport du commandant Réaux et au préfet du 7 mars 1944, RV 439). Il est évident que, malgré les dénégations du SD, ce n'est qu'après coup qu'est apparu qu'il s'agissait de résistants.
-
[1]
Une note émanant de la direction du CGQJ, en mars 1943, signale « que certains fonctionnaires du SSE seraient particulièrement favorables aux Juifs et les aideraient à échapper aux lois en vigueur (camouflages, secours abusifs, etc.). Si de tels faits parviennent à votre connaissance, je vous serais reconnaissant de m'en faire part sans délai, en me fournissant toutes les précisions nécessaires » (AN, AJ38 281, note de renseignements n° 22 de la direction générale pour la zone non occupée, Vichy, 31 mars 1943. Objet : liaison avec le Service social des étrangers). En avril 1944, Gilbert Lesage, directeur du SSE, est arrêté à Paris par les Allemands.
-
[2]
ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[3]
Ibid.
-
[4]
ADI, 13 R 907, DU 547 et 475 RV.
-
[5]
13 R 972.
-
[6]
ADI, 13 R 907, DU 547.
-
[7]
ADI, 13 R 1043, témoignage de monsieur Godlewski, recueilli le 28 février 1947.
-
[8]
Les opérations contre les centres polonais semblent s'être prolongées durant tout le mois de mars 1944, le départ du Kommando n'y mettant apparemment pas fin.
-
[1]
ADI, 13 R 907, le commandant Réaux au préfet, 463 RV du 20 mars 1944. Cette date est confirmée dans un courrier adressé à l'UGIF (CDJC, archives de l'UGIF, microfilm 61, document 553 : lettre, en date du 24 mars 1944, de Jeanne Brun, concernant l'arrestation de son locataire Joseph Walter : « La police allemande [...] qui a quitté Grenoble depuis vendredi dernier », soit le 17 mars.
-
[2]
Il semble que seuls six Juifs aient été arrêtés durant la même période par le SD grenoblois.
-
[1]
ADI, 13 R 887.
-
[2]
CDJC, CCXVI -53 a, op. cit.
-
[3]
Didier Epelbaum, op. cit., p. 204, sur la base des ordres du jour du chef du Sipo-SD, nos 8 et 11, 1944 (Berlin Document Center). Les raisons de ces distinctions ne sont pas indiquées.
-
[4]
Ibid.
-
[1]
Près de soixante ans après les faits, la réalité des persécutions dans le département de l'Isère était mal connue et fort sous-estimée. Cet aspect ne peut-être traité en quelques lignes, mais, à titre d'exemple, si l'on s'appuie sur l'aspect mémoriel qui reflète du moins partiellement la connaissance du passé, seules deux rafles raciales ont une existence avérée dans le département : à Grenoble, une plaque (apposée en 1992) rappelle la rafle du 26 août 1942 et à Voiron une autre plaque (1997) rappelle la rafle des enfants de La Martellière. Pourtant plus de neuf cents Juifs ont été déportés du département et une centaine a été exécutée sur place durant l'année 1944.
-
[2]
Concernant l'opération menée à Nice on dispose, entre autres, du plan d'action du 4 septembre 1943.
-
[3]
Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz., op. cit., p. 162.
-
[1]
Document publié in Serge Klarsfeld, La Shoah en France, volume III, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, septembre 1942-août 1944, Paris, Fayard, 2001, pp. 1802-1803.
1Durant près de deux mois, des premiers jours de février au 16 mars 1944, la région grenobloise connaît une vague d'arrestations de Juifs d'une ampleur et d'une férocité inégalées. Les responsables de cette opération, désignés comme étant la « section antijuive de Suisse et Bordeaux », sont en fait le SS-Hauptsturmführer Aloïs Brunner et ses hommes du Kommando Drancy.
2En septembre 1943, l'occupation de la zone italienne par les troupes allemandes permet à Brunner de mettre sur pied une vaste opération visant à la liquidation de la population juive qui y avait massivement trouvé refuge. Prévoyant de ratisser la zone du sud au nord, le plan indique que « les points principaux de l'opération seraient la Côte d'Azur, les départements de Savoie et Haute-Savoie, Grenoble, les localités frontalières ainsi que les zones d'intérêt frontalières » [1]. Lorsque, le 14 décembre 1943, Brunner met fin à l'opération et regagne Drancy, les objectifs prévus sont loin d'avoir été atteints. La zone effectivement ratissée n'a jamais dépassé la côte méditerranéenne [2] et, loin d'avoir pu arrêter les quelque 25 000 Juifs annoncés, le SS doit se « contenter » de 1 800 arrestations [3]. Jusqu'à présent, l'absence d'une autre opération de ce type laissait supposer que Brunner avait, en raison de l'échec de l'action niçoise, abandonné cette méthode, se concentrant sur les Juifs de la région parisienne et laissant la traque en province aux Kommandos des SD locaux. Pourtant, dès janvier 1944, le lieutenant d'Adolf Eichmann envisage de s'attaquer à Grenoble, l'autre grand centre juif de l'ex-zone d'occupation italienne, afin d'y mener une « grande purge » [1]. Plus de 4 000 Juifs sont alors recensés dans le département, et c'est probablement le double qui y vit en réalité. Nombre d'organisations juives sont implantées dans la région, que ce soient celles, légales, rattachées à l'UGIF – dont certaines usent de leur façade afin d'œuvrer clandestinement (Service social des jeunes/Éclaireurs Israélites de France à Grenoble, Œuvre de secours aux enfants à Grenoble et Chambéry) – et celles totalement clandestines (Mouvement de la jeunesse sioniste, Union de la jeunesse juive, Union des Juifs pour la résistance et l'entraide...). La capitale des Alpes est alors, avant même d'être celle des maquis, la capitale de la Résistance juive qui y déploie une intense activité. Ce sont autant de raisons qui font de Grenoble un objectif de premier plan pour l'homme chargé de mener à bien la « Solution finale » en France.
I. Identification
3Si les sources permettant l'identification de la section antijuive sont rares, elles n'en sont pas moins claires. Ainsi, dans un rapport d'enquête relatif à un meurtre commis à Grenoble en février 1944, la police grenobloise indique qu'il s'agit d'« un groupe du SD allemand qui, à cette époque, logeait à l'hôtel Suisse et Bordeaux, place de la Gare à Grenoble. Ce groupe qui était en liaison avec la Gestapo de Grenoble comprenait une dizaine de membres et était venu spécialement de Paris ou de Drancy pour traquer les Israélites habitant la région de Grenoble, il était commandé par le capitaine Brunner » [2]. Dans une demande de pension au ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ACVG), un homme indique avoir été arrêté à Uriage le 6 février 1944 par le « capitaine Brumer » [sic] [3]. Lors de sa comparution devant la cour de justice de l'Isère, une prostituée soupçonnée de relations avec les Allemands rapporte, quant à elle, avoir été arrêtée en février 1944 par un « certain capitaine Brunner ». Enfin, dans les registres de Drancy [4], les transferts de Juifs de Grenoble opérés entre le 11 février au 18 mars 1944 portent la mention « Kommando Drancy », nom du groupe commandé par le lieutenant d'Eichmann. Ces registres constituent d'ailleurs le fil conducteur qui permet de connaître au mieux l'action de Brunner à Grenoble. En l'absence de documents allemands, les seules sources à ce sujet sont les très lacunaires informations rapportées par une administration française peu intéressée par le sort des Juifs et de fort rares témoignages. Le recoupement des listes de personnes enregistrées à Drancy avec d'autres informations (lieu de résidence, circonstances de l'arrestation...) permet de reconstituer, dans la mesure du possible, l'action menée par Brunner et ses hommes dans la région grenobloise, révélant les lieux où furent opérées rafles et arrestations. Ainsi apparaissent deux faits principaux :
- l'action de Brunner a dépassé le simple cadre grenoblois puisqu'apparaissent parmi les victimes cinquante-sept personnes venant d'Alboussière (Ardèche) ou huit personnes de Chambéry ;
- les recoupements font apparaître des rafles à Uriage, le Sappey-en-Chartreuse ou encore Corenc, autant de rafles au sujet desquelles n'existent pas (ou peu) de traces, qu'elles soient documentaires ou mémorielles.
5C'est dans les premiers jours de février 1944, sans qu'il soit possible d'en connaître la date avec exactitude, que le Kommando Drancy arrive à Grenoble. L'installation se fait selon le même schéma que celui adopté à Nice. Une équipe de sept détenus juifs, déjà présents à Nice, a été emmenée de Drancy afin de s'occuper des tâches subalternes (les docteurs Drucker et Spiegel, M. Lazareff, M. et Mme Kahn, Mme Kohn et M. Isaac) [1]. Les SS installent leurs quartiers face à la gare de Grenoble dans le vaste hôtel Suisse et Bordeaux, qui va être transformé en centre d'interrogatoire et de détention. L'activité des SS débute le 6 février 1944 avec la rafle d'Uriage, station thermale à une vingtaine de kilomètres de Grenoble où se trouvent un grand nombre de réfugiés juifs ainsi que le 351e groupement de travailleurs étrangers.
II. Les rafles d'Uriage et de Monestier
6Cette rafle, qui s'avère être la plus importante opérée en Isère durant l'occupation allemande, est restée totalement ignorée jusqu'à aujourd'hui. Il n'existe ni archives, ni récit oculaire rapportant le déroulement d'une rafle à Uriage le 6 février 1944. Aucun ouvrage, ni aucun monument n'en font état. Seules des informations rapportées par la presse clandestine permettent d'en connaître le déroulement. Notre Voix rapporte que « le 6 février la Gestapo a fait “une rafle” à Uriage et a “raflé” une vingtaine de familles juives. Le convoi des malheureux à travers la ville a provoqué une grande émotion parmi la population. Les hommes, en effet, étaient forcés de marcher les mains levées. Les femmes tenaient toutes d'une main un enfant et de l'autre tenaient leur maigre baluchon. Avant la rafle, les bandits nazis s'efforçaient de dépister les Juifs cachés, en visitant les commerçants de la ville et en leur demandant l'adresse de leur clientèle juive [1]. » Une chose est sûre, l'opération est dirigée par Brunner lui-même. Pour le reste, on en est réduit à des suppositions, et seul un autre article de journal clandestin donne une description de l'opération : « À Uriage, le centre du village fut cerné [...] et toutes les maisons fouillées pour y découvrir des Juifs cachés [2]. » La station d'Uriage, construite le long de la nationale, est aisée à contrôler. Sans doute les issues en furent-elles bloquées, tandis que maisons et hôtels étaient systématiquement contrôlés. La majorité des gens arrêtés logeaient dans les hôtels [3]. Des membres du 351e GTE, dont sept Polonais aryens relâchés à leur arrivée à Drancy, figurent également parmi les raflés. L'hôtel Basset, siège du centre d'accueil des Polonais n° 57 bis, est également fouillé et plusieurs arrestations y sont effectuées [4]. Les SS poussent ensuite leurs recherches jusqu'aux lieux les plus reculés, tels le hameau de Belmont ou le village de Saint-Martin-d'Uriage [5]. Le bilan de la rafle s'établit à quarante-neuf arrestations, parmi lesquelles l'ancien ministre du Front populaire, député-maire du Havre, Léon Meyer et sa famille [6]. L'ensemble des personnes arrêtées est emmené à l'hôtel Suisse et Bordeaux. Le 8 février 1944, cinquante-huit Juifs en provenance de Grenoble sont enregistrés à Drancy, la majorité des personnes formant ce premier transfert de l'« ère Brunner » ayant été arrêtée à Uriage.
7Le 23 février, le Kommando lance une opération similaire, cette fois contre le village de Monestier-de-Clermont dans le Vercors. Le village, qui lui aussi s'étire le long d'une route, est bouclé et les hôtels fouillés. Le mathématicien Laurent Schwartz qui se trouvait alors à Monestier fut à la fois témoin et rescapé de la rafle : « Les papiers des passants furent systématiquement passés au crible, puis ils donnèrent l'ordre à la population de rentrer chez soi. Là-dessus ils raflèrent les quelques Juifs du village qui avaient été dénoncés et les ramenèrent dans un camion à proximité de leur hôtel. Dans l'hôtel, ils firent déshabiller les hommes et emmenèrent un vieillard de soixante-dix ans circoncis [1]. » Il semble que Brunner ait également été présent durant cette rafle [2], dont le bilan est de seize arrestations. Si ces deux opérations sont parmi les plus visibles entreprises en Isère par le Kommando, elles ne représentent qu'une faible partie de son activité. C'est à Grenoble que, durant plus d'un mois, va s'exercer le gros du travail des SS. La ville et sa banlieue sont sous sa coupe réglée, et les arrestations vont s'y succéder à un rythme effréné.
III. Grenoble sous la terreur [3]
8Durant une semaine, du 7 au 12 février, les hommes du IVb4 alternent descentes dans les hôtels et pensions de la ville la nuit et rafles dans les cafés et restaurants durant la journée. Là encore, bien peu d'informations ou de témoignages permettent de connaître le déroulement des opérations. Plusieurs dizaines de personnes sont ainsi arrêtées : sept personnes à l'Hôtel d'Angleterre, trois autres à l'hôtel International par « deux hommes parlant français avec un accent étranger » [4], « une dizaine de consommateurs », lors d'une rafle à la taverne Excelsior [5], huit personnes dont deux enfants à la pension Quay [1], une mère et son enfant à l'hôtel Nerf [2]. Le Kommando ne circonscrit pas ses descentes uniquement aux cafés et hôtels de Grenoble. D'autres communes, proches de Grenoble, sont également la cible de ces rafles. À une date indéterminée, entre le 7 et le 9 février, c'est à la pension du Chalet Alpin à la Tronche qu'au moins sept personnes sont arrêtées. Mais, encore une fois, aucun document ne signale une quelconque rafle au Chalet Alpin et c'est par le recoupement des listes de Drancy que l'on peut établir ce bilan. Le 12 février, c'est dans les communes de Meylan et de Corenc qu'opère le Kommando. La gendarmerie signale que « la police allemande a opéré plusieurs arrestations vers 13 heures au café Payerme à Meylan » [3]. Quatre personnes y sont arrêtées, dont deux sont d'ailleurs blessées par balles en tentant de s'échapper. Un autre Juif est également blessé dans la rue [4]. Aucune proie ne doit échapper aux chasseurs. Les SS ne se cantonnent pas au seul café. La composition du transfert à Drancy du 16 février révèle quatorze personnes domiciliées soit à Meylan, soit à Corenc, village limitrophe de Meylan. La rafle, débutée à 13 heures, se prolonge durant la journée dans les pensions de famille. Le bilan final de cette opération s'élève à dix-sept arrestations [5].
9Pourtant, malgré le nombre élevé des arrestations, le bilan demeure relativement faible. Nombreux sont les « Aryens » emmenés parmi les raflés qui sont ensuite libérés. Après l'opération effectuée à Meylan, le Kommando cesse subitement ses descentes dans les hôtels. Ce changement est suffisamment perceptible pour que les Renseignements généraux signalent que « les rafles ont un peu diminué d'intensité, pour faire place à des arrestations individuelles opérées à Grenoble et dans la région » [6]. Pour quelles raisons ? Les Allemands estiment-ils le résultat insuffisant, eu égard aux résultats escomptés ? Considèrent-ils que les hôtels se sont vidés de leurs proies à l'annonce des premières rafles ? Toujours est-il qu'à partir de cette date la tactique du Kommando change. Les SS, lors de leurs opérations à Grenoble, se concentrent dorénavant sur des cibles précises, des Juifs localisés, abandonnant les vastes coups de filets hasardeux.
10Les informations sur ces arrestations sont encore plus rares que celles concernant les rafles. Dates, lieux et circonstances sont rarement connus [1]. S'appuyant sur le recensement du 7 janvier 1944 mis en œuvre par le SD grenoblois, indiquant à l'entrée de chaque immeuble l'état civil complet des habitants, les SS ratissent les habitations de l'agglomération grenobloise et multiplient les contrôles sur la voie publique ou à la gare. Notre Combat offre une description de la situation qui règne alors : « On n'est plus en sécurité ni en ville, ni à la campagne, ni chez soi, ni dans la rue, ni même chez un voisin non juif, car n'ayant plus les adresses des Juifs, les Allemands attaquent des quartiers entiers et fouillent parmi toute la population, même dans les petits villages pour découvrir des Juifs cachés. [...] C'était un véritable danger de sortir dans la rue où les “brigadiers” sévissaient. Des quantités de Juifs ont disparu sans qu'on sache ce qu'ils sont devenus. Chaque personne, dont la figure avait le malheur de déplaire à quiconque de cette brigade, fut emmenée dans le sinistre hôtel Suisse et Bordeaux et s'il y fut constaté que l'arrêté était juif il ne sortait plus de là, si ce n'est pour prendre la route de Drancy [2]. » Tout ce qui ressemble pour les Allemands à un Juif est arrêté et emmené à Suisse et Bordeaux, où les SS opèrent un tri. L'essentiel de ces arrestations se déroule à Grenoble et dans sa proche banlieue, bien que le Kommando lance ponctuellement des raids sur des communes éloignées (le 14 février, trois femmes sont arrêtées à Montbonnot [3], le 5 mars six personnes à La Terrasse [4]). Les SS se fendent même d'une inspection des détenus de la prison de Grenoble aboutissant à la sélection de six Juifs détenus [5].
IV. Modes opératoires
11Ce qui caractérise le mieux tant les rafles que les arrestations individuelles est le postulat adopté par le Kommando : toute personne est juive, à moins d'apporter la preuve du contraire. Et les exemples les plus caricaturaux témoignent du zèle ou de l'acharnement des SS. Un jour, c'est un curé qui est défroqué pour subir la vérification physique [1]. Un autre jour, c'est un juge d'instruction qui « ressemble » à un Juif- les Allemands ne semblent pas savoir qu'un juge au service de l'État français ne peut être juif – qui est retenu à Suisse et Bordeaux. Là, le tri est opéré par « une commission de “spécialistes de la race” et de médecins chargés de constater si les arrêtés étaient ou non des Juifs » [2]. Et, durant ces journées de terreur à Grenoble, les hommes de Brunner ratissent large. À charge pour chacun de prouver qu'il n'est pas juif. La comparaison entre les rares listes de personnes arrêtées dressées par la police française et les listes des transferts à Drancy révèlent que nombre de gens ont été relâchés après leur arrestation. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas certains « Aryens », ayant failli à prouver leur origine, de figurer sur les listes de Drancy.
12Tortures et sévices sont pratiqués afin de faire avouer aux personnes arrêtées leur identité. Un homme arrêté, puis relâché car « aryen », en témoigne : « J'ai été emmené à Grenoble, à l'hôtel Suisse et Bordeaux où j'ai été interrogé pendant des heures. Ils m'ont demandé si je n'étais pas juif, terroriste, etc. J'ai été frappé à la tête à coup de crosse [3]. » Certaines personnes refusent de céder et se raccrochent désespérément à leur identité d'emprunt. On retrouve ainsi plusieurs internés enregistrés à Drancy sous de fausses identités. Arrivées à Drancy, elles sont sans doute classées dans la catégorie C5, celle des personnes en attente, devant prouver leur aryanité [4]. Certaines abandonnent, tels Joseph et Myriam Rosenzweig qui, à l'arrivée à Drancy, s'étaient déclarés sous le nom de Rosan et seront immédiatement déportés sous leur véritable identité. D'autres seront déportés sous leur nom d'emprunt, telle Marthe Cohen, qui s'était déclarée à Drancy sous le nom de Marthe Cave [5]. Elle figure parmi les déportés du convoi 70, toujours sous ce nom qui n'aura fait que lui offrir un bref sursis, la majorité des gens transférés avec elle à Drancy ayant été déportés par le convoi 69. D'autres encore, Juifs étrangers, se raccrochent à leur fausse identité, pensant avoir la vie sauve en se faisant passer pour des Juifs français. C'est le cas de Chaskiel Grajek, alias Marcel Gabay [1], et de Jakob Graubart, alias Léon Alharal [2], qui seront tous deux également déportés sous leur fausse identité.
13La torture des personnes arrêtées poursuit également un autre but : savoir où se cachent d'autres Juifs. Le prisonnier « aryen » déjà cité rapporte avoir assisté à un de ces interrogatoires : « J'ai vu [...] un Allemand qui interrogeait une Polonaise et, comme elle ne voulait pas dire où son mari se trouvait, celui-ci lui a tordu les seins plusieurs fois [3]. » Et les tortures infligées à l'hôtel Suisse et Bordeaux peuvent aller jusqu'à la mort. Le 25 février, les SS font procéder à l'enlèvement du cadavre de Denis Marx à l'hôtel [4].
14L'arrestation d'une personne doit conduire à l'arrestation de l'ensemble de sa famille. Pas un Juif ne doit échapper aux SS. Tout est bon pour retrouver la trace de parents et, outre la torture, les SS utilisent le moindre indice trouvé lors d'une arrestation, jusqu'aux photographies trouvées chez les personnes arrêtées pour identifier les personnes leur ayant échappé [5]. L'exemple le plus marquant de cet acharnement est l'arrestation de la famille Lide-Tanne. Le 6 mars, à midi, une jeune femme est arrêtée dans une boulangerie à Grenoble, par deux Allemands et promptement embarquée dans leur véhicule [6]. Le Kommando vient d'arrêter Edna Rataczyczyk. À la suite de cette arrestation, les SS se rendent au domicile de la jeune femme. Là se trouve une partie de sa famille : Marthe Lide et sa fille Yvette, 6 ans, ainsi que Paulette Tanne, 17 ans. Les trois personnes sont arrêtées et conduites à Suisse et Bordeaux. Manque Ghislaine Lide, âgée de 10 ans, confiée aux sœurs du couvent de la Providence à Corenc. Les SS découvrent le lieu où a été placée la fillette, qu'ils vont chercher. Deux Allemands, accompagnés d'une Juive servant d'interprète, se présentent à 18 heures au couvent et exigent la remise de l'enfant [1]. Ils découvrent alors que deux autres fillettes juives, Joséphine Svadchii et Etty Molho, sont hébergées au couvent et s'en saisissent également. Grâce à une seule arrestation, les SS ont arrêté finalement sept personnes en six heures. Le Kommando est implacable mais pas infaillible. La descente opérée au couvent aurait pu se révéler encore plus désastreuse. Ce ne sont pas trois mais trente-trois fillettes juives qui se trouvaient alors placées chez les sœurs de la Providence [2].
15Quotidiennement, le Kommando traque, file, perquisitionne et arrête. Ce sont près de deux cents cinquante personnes qui ont probablement été arrêtées ainsi. Mais cet acharnement montre que, malgré tout, il n'est pas facile de découvrir les Juifs.
V. Le pillage des biens juifs
16Tous les rapports de police signalant des arrestations rapportent de façon récurrente le zèle déployé par les policiers allemands dans le pillage des biens juifs. Invariablement, après chaque arrestation, des membres du Kommando reviennent au domicile des victimes et repartent avec des biens [3]. Les plaintes déposées après guerre révèlent que les biens de nombre de Juifs ayant réussi à fuir furent également pillés [1]. Certes, le pillage était déjà fréquent antérieurement à l'arrivée du Kommando, mais jamais il n'avait été aussi systématique et organisé. L'ampleur en est telle qu'il est évoqué dans la presse clandestine : « Pendant les rafles et perquisitions, si le Juif recherché n'est pas trouvé chez lui, son logement était vidé et tout son bien emmené ou saccage [2]. » Les carnets de fouilles de Drancy sont révélateurs à bien des égards de ce changement. Sans préjuger de la valeur des biens consignés dans ces carnets, en analysant la simple fréquence de ces enregistrements, les statistiques confirment l'importance qu'occupe le pillage dans l'action de Brunner.
Fiches établies à l'arrivée à Drancy
Nombre d'internés | Personnes concernées | Versements à l'arrivée | Transmis par la police allemande | |
Transferts du 3/10/43 | ||||
au 27/01/44 | 124 | 24 | 21 | 3 |
Transferts du 8/02/44 | ||||
au 18/03/44 | 423 | 253 | 191 | 117 |
Transferts du 27/03/44 | ||||
au 28/06/44 | 154 | 67 | 53 | 23 |
Fiches établies à l'arrivée à Drancy
17Jusqu'au 27 janvier 1944, date du dernier transfert de Juifs avant l'arrivée de Brunner, seules vingt-quatre personnes en provenance de Grenoble, sur un total de cent vingt-quatre, ont été enregistrées à Drancy avec des valeurs, soit moins de 15 % du total. Pour la période correspondant à l'action du Kommando à Grenoble, la proportion passe à plus de 50 % du total. Le changement est radical. De plus, les fiches de fouilles précisent si le versement a été fait directement par l'interné à son arrivée ou si le versement a été expédié après coup par le SD [3]. En règle générale, ces transferts résultent de la saisie des biens ultérieurement à l'arrestation. Là encore, la différence est flagrante dans la fréquence de ces transmissions. Il semble qu'avec le Kommando les biens pillés aient été systématiquement envoyés à Drancy, alors que jusque-là cela avait été rarissime. Jusqu'au 27 janvier, ce n'est qu'à trois reprises que la police allemande effectue des versements. Pourtant, des pillages ont bien eu lieu. Ainsi, lors de l'arrestation d'un homme, le 26 janvier, la préfecture signale le vol de 20 000 francs [1]. Or, le seul reçu existant à son nom à Drancy fait état de 15 francs versés lors de son arrivée. La police allemande n'a jamais transféré la somme pillée. Lors de la présence du Kommando, c'est à cent sept reprises que des valeurs saisies sont enregistrées à Drancy, soit un tiers du total des consignations de la période. À la différence des agents français œuvrant pour la Gestapo, voire peut-être à la différence des membres de la Gestapo locale, les membres du Kommando ne s'emparent pas des biens juifs pour leur propre enrichissement. Le IVb4 n'est pas seulement chargé de l'arrestation des Juifs, il a aussi pour mission de se saisir des biens des personnes arrêtées, comme le rappelle Brunner en avril 1944 dans une note aux SD : « Lors de leur arrestation, il y a lieu d'avertir ces Juifs qu'ils ont à emporter tout leur argent, devises, pièces d'or, bijoux, actions et quittances de dépôt. Ils doivent emporter également tous leurs bagages (tissus, linges, literie, chaussures, etc.) [2]. » Si Brunner conseille cette méthode, c'est qu'il a pour habitude de l'appliquer. Conseiller aux Juifs de se munir de leurs valeurs, c'est s'épargner des recherches afin de les découvrir si elles ont été cachées. Une partie de ces biens pillés se trouve consignée dans les carnets de fouilles de Drancy. Il s'agit exclusivement de valeurs et bijoux.
Sommes (francs français) enregistrées à Drancy
Versements à l'arrivée | Transmis par la police allemande | Total | |
Convois du 3/10/43 au 27/01/44 | 127 655 | 4 180 | 131 835 |
Convois du 8/02/44 au 18/03/44 | 712 289 | 1 301 649 | 2 013 938 |
Convois du 27/03/44 au 28/06/44 | 45 137 | 514 498 | 559 635 |
Total des sommes en francs | 885 081 | 1 820 327 | 2 705 408 |
Sommes (francs français) enregistrées à Drancy
18En ne prenant en compte que les seuls montants en francs français, ainsi que les actions ou obligations dont la valeur est indiquée sur les fiches, on arrive à un total de 2 013 938 francs transférés par le Kommando, soit plus des deux tiers des sommes enregistrées en provenance de Grenoble durant les douze mois d'occupation. Le passage de Brunner à Grenoble transforme d'ailleurs le comportement du SD par la suite. Le nombre de personnes transférées à Drancy lors de la première et de la troisième période est sensiblement comparable (cent vingt-quatre contre cent cinquante-quatre personnes internées). Pourtant, la comparaison entre le nombre de fiches émises fait apparaître des différences flagrantes. Le rapport va du simple au triple pour les seuls enregistrements. Quant aux sommes envoyées par le SD, la comparaison est encore plus édifiante : quasiment inexistantes entre septembre et janvier, celles versées entre mars et juin 1944 sont quatre fois plus importantes, pour un nombre de personnes transférées à peine plus élevé. L'activité du Kommando marque bien un tournant dans la gestion du produit des pillages.
19Quant aux biens mobiliers, faute d'archives, il est impossible de connaître le fruit du pillage et sa destination. Certains inventaires dressés par la préfecture, à la suite de la restitution par les Allemands d'appartements habités par des Juifs arrêtés, font état d'habitations vierges de tout mobilier. D'autres inventaires encore mentionnent des lits sans matelas, des coffres et des armoires vides. Certains propriétaires ayant loué des meublés à des Juifs arrêtés se plaignent même de la disparition de certains de leurs meubles [1]. Que deviennent ces biens ? Là encore, la note du 14 avril offre un aperçu de l'utilisation des biens juifs. Le point 4-c précise la marche à suivre : « Les clefs des appartements devront être remises aux sous-locataires, aux propriétaires ou aux concierges. Au cas où le mobilier ou l'immeuble appartient au Juif et qu'il se trouve dans la ville une branche du Service Ouest du ministère du Reich pour les Territoires occupés de l'Est, les clefs devront être remises à cette dernière. S'il n'existe pas de branche de ce service, les clefs devront être remises au Commissariat général aux Questions juives et, dans les villages, aux maires. Il convient de suggérer aux services d'hébergement de la Wehrmacht de présenter des demandes de mobilier et d'appartement au cas où ils en auront besoin pour l'hébergement. » Certains meubles sont peut-être expédiés à la Dienststelle Westen, mais souvent ces biens vont récompenser délateurs et autres collaborateurs ou équiper les logements et locaux occupés par les Allemands [2]. À la Libération, du mobilier provenant de pillages est ainsi retrouvé à la Kommandantur et dans divers hôtels occupés par les troupes allemandes.
VI. La population face au Kommando
20C'est une situation de terreur qui règne sur la région grenobloise et les réactions au sein de la population se font dès les premiers jours de l'activité du Kommando. Les Renseignements généraux font savoir au préfet le 13 février- il s'agit là du premier rapport hebdomadaire émis depuis l'arrivée du Kommando – que « les rafles de Juifs français [...] ont fait l'objet de commentaires défavorables » [1]. Quelque temps après les rapports concernant l'état d'esprit de la population font apparaître que celle-ci est excédée par la chasse à l'homme. Les Renseignements généraux font état « de nombreuses doléances [qui] sont émises par toutes les classes de la société, concernant les interventions, arrestations, visites domiciliaires, etc. effectuées par la police allemande. On déplore aussi les procédés employés à l'égard des Juifs... » [2]. « Visites domiciliaires », terme confinant à la courtoisie, doux euphémisme utilisé en lieu et place de « perquisition ». Que faut-il alors entendre par « nombreuses doléances » ? Le langage modérateur de ces rapports concernant l'opinion publique minore sans doute le ressentiment éprouvé à l'encontre de l'Occupant et ce ressentiment provient ici essentiellement de la persécution raciale. Certes, c'est la population grenobloise dans son ensemble qui subit la pression policière qu'exerce le Kommando, pression qui semble n'avoir jamais atteint une telle intensité, même lors des « Journées rouges » de novembre 1943. Mais c'est au sein de cette même population que courent « les bruits les plus divers [...] au sujet de la façon dont certaines personnes arrêtées sont soumises à des examens de situation » [3]. Comment la population pourrait-elle réagir autrement que par le rejet face à la chasse à l'homme et aux méthodes du Kommando, parmi lesquelles les « examens de situation », ou, dans un langage moins aseptisé, inspections physiques. Le préfet de l'Isère lui-même fait état, dans son rapport mensuel à Vichy, du « fanatisme [ !] antiallemand des Grenoblois » [4] à la suite des rafles opérées par « une section de police spéciale antijuive » [5]. Nul doute que les agissements du Kommando à Grenoble, tout comme ce fut le cas à Nice, ont eu pour effet d'accroître le soutien aux Juifs au sein de la population, cette Résistance civile qui nuit tant aux résultats de la « Solution finale » et que le Kommando essaye par tous les moyens d'empêcher. Toute personne soupçonnée d'héberger ou de protéger des Juifs est arrêtée. La police signale régulièrement des arrestations pour ce motif [1]. En apeurant la population, Brunner et ses hommes cherchent par tous les moyens à isoler la population juive, à lui retirer le soutien et la protection que lui offrent les Français. Les risques encourus ne sont pas faibles. Cette obstruction de la population conduit les Allemands à radicaliser leur action. En février 1944, lors de la préparation de la rafle du 4 février à Paris, Röthke fait savoir à la police française que, dorénavant, les personnes fournissant de l'aide à des Juifs seraient tenues « personnellement responsables » [2]. Brunner applique, sensiblement à la même date, cette méthode. Si dans la plupart des cas les personnes arrêtées sont finalement libérées, après un certain temps de détention à l'hôtel Suisse et Bordeaux, il arrive que le sort réservé soit tragique. Les personnes aidant les Juifs ou faisant obstruction au Kommando risquent elles aussi la déportation. Ainsi, à la suite de l'arrestation d'un homme ayant favorisé l'évasion de Juifs hébergés chez lui, les SS avertissent que « si, par un moyen quelconque il n'arrivait pas à faire arrêter les 2 Juifs fuyards, d'ici 10 jours, soit d'ici le 3 mars, [il] serait dirigé sur Compiègne » [3]. Mais cette forme de Résistance civile n'est pas organisée. Il s'agit de réactions courageuses mais, en règle générale, isolées, sans coordination, répondant à des prises de positions individuelles. Il ne s'agit pas de réseaux, d'organisations cohérentes, qui sont également la cible du Kommando.
VII. Contre la façade légale : liquidation de l'UGIF
21Le IVb4 est le bureau des affaires juives et, en tant que tel, il est de son ressort de combattre toute forme de résistance entravant ses objectifs. L'une des priorités que s'était fixé Brunner lors de l'occupation de l'ex-zone italienne était de mettre la main sur Angelo Donati, un des principaux organisateurs du « refuge juif » à Nice. En janvier 1944, il clamait son intention de « mettre la main sur l'organisation Joint » [1], pourvoyeur de fonds des organisations juives.
22Le 8 février 1944, le Kommando se rend à Chambéry et rafle l'ensemble du personnel de l'OSE au siège du bureau de l'UGIF Chambéry-Grenoble. La célérité avec laquelle cette opération est effectuée, quatre ou cinq jours au maximum après l'installation du Kommando à Grenoble, prouve qu'il s'agit bien de l'un des objectifs prioritaires poursuivis par Brunner. L'activité clandestine de l'OSE était connue tant de Vichy que de l'occupant. En 1943, le commissaire général aux Questions juives prévient Röthke que « l'ancienne OSE poursuivrait son activité spécialement limitée aux enfants et jeunes gens juifs, de préférence étrangers, en se chargeant de les soustraire aux éventuelles recherches au moyen de mise en pension chez des gens sûrs » [2]. Malgré des directives venant de la direction OSE en Suisse leur enjoignant de fermer le bureau de Chambéry, les membres de l'équipe « officielle » continuent de mener leur action, bien que la situation des bureaux de l'UGIF devienne jour après jour des plus précaires. Au mois de janvier 1944, le bureau de l'UGIF-Grenoble est, pour une raison qui nous est inconnue, « provisoirement » fermé et transféré à Chambéry [3]. Le siège savoyard abrite, dès lors, à la fois le siège de la direction du service médico-social (l'OSE), le bureau d'assistance de Chambéry et le bureau d'assistance de Grenoble, ainsi que la direction régionale pour Grenoble et Chambéry [1]. Vers 17 heures, le 8 février, le Kommando investit le numéro 6, de la rue Basse du château où est situé le bureau de l'UGIF de Chambéry. Toutes les personnes présentes sont arrêtées, dont huit membres de l'OSE, et transférées à Grenoble. Les SS saisissent la somme de 207 000 francs [2] et probablement les archives des différents bureaux. Alain Mossé réussit le 9 février à faire sortir de l'hôtel Suisse et Bordeaux un message codé à destination des membres de l'OSE se trouvant à Limoges : « Pour René B. Sommes à Grenoble depuis hier soir – Ça va – Moral excellent – nous formons une équipe sympa – nous pensons partir ce soir ou demain – J'ai causé avec Ambrun – Il connaît parfaitement la famille de Robert Poulouzat, j'en ai été agréablement surpris, je ne le cache pas, le moral est épatant et le docteur, André et Julius sont très bien – voyez Job rapidement et dites-lui mes affectueuses pensées. Voyez aussi Germaine dès que possible. Dites à Raymond G. qu'il doit stopper [...] [3]. »
23C'est Brunner (« Ambrun ») en personne qui se charge de l'interrogatoire du directeur du bureau de l'UGIF de Chambéry. Le SS est au fait de l'activité de l'OSE et est parfaitement renseigné : il n'ignore rien de la crèche-pouponnière mise en place par l'OSE à Limoges-Poulouzat (« il connaît parfaitement la famille de Robert Poulouzat ») [4]. Par son message, Mossé demande expressément que l'on procède à l'évacuation des derniers homes d'enfants encore gérés par l'OSE. Ce qui est fait en moins de 48 heures [5]. L'OSE a ainsi cessé toute activité « officielle », se fondant dans la clandestinité. Mais l'action contre l'OSE ne s'arrête pas avec la rafle du 8 février. Les jours suivants, c'est à Grenoble que se poursuivent les opérations. Aux environs du 9 février, le Kommando procède à une descente chez Madeleine Kahn, assistante sociale de l'UGIF et membre de l'OSE. Celle-ci est absente, mais les SS réussissent à arrêter sa sœur. Le 16 février, c'est Herta Hauben qui est arrêtée à son domicile après plusieurs tentatives infructueuses les jours précédents [6]. Porteuse de listes d'enfants, elle réussit à les avaler avant que les Allemands ne les découvrent [7]. Les arrestations ne sont pas circonscrites aux seuls membres de l'OSE [1]. C'est l'ensemble du personnel et des organisations rattachées à l'UGIF qui est visé. Le 15 février une descente a lieu au château du Manoir à Saint-Étienne-de-Crossey (village proche de Voiron), où se trouve le centre d'accueil pour enfants de l'AIP, rattaché à l'OSE. Les enfants ont été dispersés à la fin de l'année 1943 dans la région voironnaise, mais le centre n'a pas été officiellement fermé. Il ne se trouve sur place qu'une seule personne, qui est arrêtée [2]. Le lendemain les Allemands reviennent afin de piller le centre, mais les enfants du centre de l'AIP échappent à Brunner [3].
24Le 18 février, Marc Haguenau, officiellement directeur du Service social des jeunes et secrétaire général des EIF clandestins, et sa secrétaire sont arrêtés à Grenoble alors qu'ils se rendaient au bureau de poste afin de récupérer le courrier adressé à la boîte postale du service social [4]. De cette arrestation existe un témoignage, une lettre qu'Edith Pulver réussit à faire sortir de l'hôtel Suisse et Bordeaux : « [...] Vendredi dernier, en allant de chez moi à chez Marc, nous nous sommes fait arrêter, embarquer dans une auto et menés à la Gestapo hôtel Suisse et Bordeaux. J'avais une serviette bourrée de papiers officiels UGIF. Après la petite séance d'usage, Marc a donné son adresse et on a trouvé ses identités. Marc était en piteux état, figure tuméfiée, etc. Il a tenté de fuir dans la nuit de samedi à dimanche mais a raté son coup et est tombé. Il est à l'hôpital. Je ne sais trop dans quel état, jambe cassée, etc.
25[...] J'ai subi quelques examens au grand dam de mes professeurs mais à ma satisfaction personnelle. Cela se passe en général de nuit après une soirée de beuverie. Les sévices subis sont très supportables physiquement, seuls les nerfs lâchent un peu, mais on me donne calmant, gardénal et je réagis.
26 [...] Avisez famille et amis Grenoble très dangereux comme tout le département.
27[...] Les cousins ne sont pas au courant des adresses de la famille. Ce n'est pas la peine de les mettre au courant, leur visite étant plutôt indésirable. Pour ma part, je ne le ferai pas ; je ne crois pas que mes papiers de famille étaient chez moi. On m'a fouillée complètement. 50 billets perdus malheureusement [...] [1]. »
28Que veulent les SS ? Sans doute obtenir des informations sur l'organisation clandestine des Éclaireurs. C'est ce que semble confirmer le passage de la lettre, sans doute codé, consacré aux « cousins » (germains ? donc les Allemands) cherchant les adresses de « la famille » (les EIF ?). Il semble qu'aucun des deux, malgré les tortures, n'ait jamais révélé d'informations sur ce point. Au lendemain de son arrestation, Marc Haguenau tente de fuir « du 5e étage à l'aide de draps de lit », mais, les draps se rompant, il chute. Emmené à l'hôpital, il décédera immédiatement [2]. Quant à Édith Pulver, elle sera envoyée à Drancy le 25 février puis déportée. Tout comme pour l'OSE, cette arrestation semble marquer le passage de la Sixième à une clandestinité totale. Une partie de ses membres vont rejoindre les maquis, dont celui de la Montagne Noire, où va s'organiser la compagnie Marc Haguenau, qui participera à la Libération de Castres.
VIII. Contre la façade légale : le Service social des étrangers
29En 1944, il n'existe plus de centres d'hébergement dépendant de l'UGIF dans la région grenobloise. Celui de l'AIP et, selon toute vraisemblance, les centres EIF du Sappey et de La Grave [3] ont été évacués à la fin de l'année 1943. En revanche, de nombreux centres rattachés au Service social des étrangers ([SSE] transformé ensuite en Service du contrôle social des étrangers [SCSE]) sont implantés en Isère, Savoie et Ardèche. Dépendant du Commissariat à la lutte contre le chômage, le SSE gère les centres d'accueils destinés aux familles des travailleurs étrangers, tel le centre pour jeunes femmes des Marquisats ou celui pour travailleurs inaptes à Montmélian, ainsi que des centres de l'ORT, de l'OSE, des EIF ou du CAR [1]. Ces centres accueillant essentiellement des Juifs offrent des cibles de choix pour les Allemands. Le 18 février, à 6 heures, débute une rafle au centre d'accueil pour personnes âgées d'Alboussière en Ardèche. Quand, à 15 heures, l'opération prend fin, au moins soixante personnes, dont quarante-cinq âgées de 60 à 80 ans, ont été arrêtées [2].
30Si cette rafle est connue, ses auteurs ne le sont pas. Or, l'ensemble des personnes arrêtées à Alboussière figure parmi celles transférées de Grenoble à Drancy le 20 février. Le Kommando a donc parcouru les 150 kilomètres séparant Grenoble d'Alboussière. Reste que cette rafle est la seule lancée contre les centres « juifs » du SSE se trouvant dans la région. Il est probable que les centres de Montmélian et des Marquisats, moins éloignés de Grenoble qu'Alboussière, n'accueillaient plus alors de Juifs en raisons de rafles subies durant l'année 1943. En revanche, d'autres centres gérés par le SSE sont la cible du Kommando. L'Isère compte une importante population polonaise et plusieurs centres d'accueil et de reclassement des Polonais réfugiés en France, dépendant du SSE et du Groupement d'assistance aux Polonais en France, sont installés dans le département [3].
31Le 2 mars le Kommando tend une souricière au siège du bureau de patronage des étudiants polonais, pensant avoir affaire à des Juifs. C'est en fait une rencontre clandestine réunissant l'ensemble des responsables de la Résistance polonaise en Isère – le réseau « Monika »–, œuvrant sous couvert du GAPF [1]. Les Polonais ont organisé et développé, de la même façon que les organisations juives, des réseaux de résistance en utilisant les structures que Vichy avait mis en place afin de les contrôler. Une aide financière importante est fournie par le biais du Groupement d'assistance des Polonais en France (GAPF), qui finance en grande partie les activités clandestines polonaises. Outre le renseignement et l'exfiltration, via la Suisse, des anciens soldats de l'armée polonaise en France, la Résistance polonaise fournit aide et camouflage aux Juifs, notamment dans les centres d'accueil. Le 2 mars, Godlewski, responsable du lycée de Villard-de-Lans, Richard Dittrich, délégué régional du GAPF, ainsi que cinq autres responsables de l'organisation sont arrêtés. Les Allemands ayant arrêté l'ensemble du bureau clandestin, cette opération fut par la suite interprétée comme une action visant la Résistance. Opérée par le Kommando, qui se lave les mains des activités clandestines autres que celles concernant les Juifs, il ne fait aucun doute que cette rafle avait avant tout pour but l'arrestation de Juifs. La première préoccupation des SS, une fois les raflés détenus à Suisse et Bordeaux, est de procéder à la vérification physique des gens arrêtés [2]. Ce n'est qu'ensuite que l'affaire est transmise à la section grenobloise de la Sipo-SD, une fois établi qu'il ne s'agit pas de Juifs, mais d'une organisation de résistance polonaise [3]. Le Kommando « par erreur », en s'intéressant aux activités des Polonais, est à l'origine de l'identification et du démantèlement du réseau de résistance polonais. Pourquoi le IVb4 s'est-il attaqué au Groupement d'assistance des Polonais ? Dispose-t-il de renseignements relatifs à l'aide apportée par les Polonais aux Juifs ? S'agit-il d'une démarche « logique », fondée sur le postulat : « Polonais = Juif » ? Ou la rafle est-elle la conséquence de ce que les Allemands savent que, d'une façon générale, le SCSE ainsi que des organisations sous sa tutelle dont fait partie le groupement offrent assistance et sauvetage aux Juifs [1] ? Il est sans doute probable que les SS aient obtenu des informations au sujet de l'activité déployée en faveur des Juifs.
32L'arrestation du bureau de patronage est le préambule d'un vaste coup de filet lancé le 9 mars, conjointement avec le SD, contre plusieurs objectifs. L'opération la plus importante est celle menée au Sappey contre le centre d'accueil polonais numéro 55 bis. Aux aurores, le village est investi par le Kommando, épaulé par un détachement de la Wehrmacht. Les hôtels sont méthodiquement fouillés et les personnes arrêtées rassemblées au fur et à mesure de la rafle sur la place du village. Quelque trente personnes, dont neuf Juifs, sont arrêtées et ramenées à Suisse et Bordeaux. Comme à leur habitude les Allemands reviennent le lendemain afin de procéder au pillage et, à cette occasion, arrêtent encore deux Juifs [2]. En route, l'un d'eux tente de fuir. Il est abattu [3]. Les « Aryens » arrêtés sont libérés petit à petit, les Polonais transitant par le SD qui œuvre au démantèlement de l'organisation de résistance polonaise. Simultanément à la rafle du Sappey, le bureau du Contrôle social des étrangers subit une perquisition de la police allemande. Les cinq personnes se trouvant sur les lieux, parmi lesquelles le délégué adjoint du GAPF et le gestionnaire du centre polonais de Bourg-d'Oisans, sont arrêtées. Toujours le même jour, une troisième opération a lieu, cette fois à Saint-Nizier. Là encore c'est le SD qui se charge d'effectuer les contrôles [4]. Le tramway assurant la liaison Grenoble-Saint-Nizier-Villard-de-Lans est contrôlé à Saint-Nizier [5]. Choix logique, puisque se trouvent à Villard-de-Lans le lycée polonais et le centre d'accueil n° 56 bis. Trois Juifs sont arrêtés, ainsi qu'au moins trois Polonais [6], dont le colonel Fyda, ancien attaché militaire de la Pologne à Paris et membre de l'organisation polonaise [7]. L'« erreur » du Kommando a entraîné l'annihilation complète du réseau Monika, implanté depuis 1940 à Grenoble [8].
33L'opération du 9 mars est la dernière opération d'envergure. Les actions du Kommando perdent ensuite de leur cohérence. Le 13 mars, une opération de pillage à Tullins, menée uniquement par des agents français en liaison avec le Kommando – probablement l'équipe spéciale de la Milice d'André Berthon ou le groupe PPF de Raoul Rollin, équipes habituellement en charge des affaires juives pour le compte du SD grenoblois – se solde par deux arrestations et une exécution. On trouve encore quelques traces éparses d'opérations de contrôle, sans qu'il soit possible de les rattacher directement aux hommes de Brunner. Finalement, à en croire les Allemands eux-mêmes, les SS quittent « brusquement » Grenoble, le 16 mars [1], expédiant à Drancy les quatorze dernières personnes encore détenues à l'hôtel Suisse et Bordeaux et mettant ainsi fin à un mois et demi de terreur.
Conclusion
34Le bilan humain de l'action du Kommando se solde par l'envoi à Drancy de quatre cent vingt-trois personnes, qui dans leur immense majorité, ont été arrêtées par les SS de Brunner [2]. Des quatre cent vingt-trois personnes envoyées à Drancy, trois cent soixante et onze ont été déportées, dont deux cent soixante-six personnes par le seul convoi 69. À ces internés s'ajoutent des dizaines d'arrestations pour des motifs liés à l'opération : « type juif », nom juif, aide aux Juifs... Le Kommando est également impliqué, directement ou indirectement, dans l'arrestation et la déportation d'une vingtaine d'« Aryens », ainsi que dans l'assassinat de cinq personnes. Pourquoi Brunner a-t-il de nouveau effectué une opération après l'échec patent de Nice ? C'est probablement l'importance qu'occupait Grenoble dans la Résistance juive qui l'a motivé. Le démantèlement de l'OSE, doublé de l'arrestation de Marc Haguenau et de sa secrétaire, porte un rude coup à la Résistance juive. Mais il s'agit de la Résistance développée sous couvert de l'UGIF. Aucune des organisations totalement clandestines n'a été inquiétée : ni le MJS, ni l'UJJ ou l'UJRE ne furent touchées par les arrestations ou les rafles, malgré l'ampleur des moyens mis en œuvre. La protection, toute relative, surtout depuis l'arrivée de Brunner en France, que l'UGIF offrait et qui permit de développer des activités clandestines, est définitivement terminée. Les organisations juives usant de cette façade deviennent totalement clandestines. Reste que nous ignorons quels buts poursuivait exactement Brunner à Grenoble. Mais, dans tous les cas, qu'il s'agisse du démantèlement de la Résistance juive ou d'arrestations de Juifs, le Kommando a rencontré à nouveau un échec. Certes, l'OSE et les EIF ont été mis à mal. Mais Brunner n'a pas réussi à remonter plus loin que la façade légale et à mettre la main sur ces deux organisations. Quant au nombre total des arrestations, bien qu'élevé dans l'absolu, il n'en demeure pas moins faible. Les SS ont été chercher les Juifs là où ils savaient, ou espéraient, les trouver. Ainsi, le Kommando a été prendre soixante et une personnes à Alboussière mais ignorait tout de la présence de cinquante Juives à l'hospice de Saint-Laurent-du-Pont, en provenance du camp de Noé, placées là par l'aumônerie catholique de Toulouse [1]. Sala Hirth, dans son témoignage, déclare qu'« après cinq semaines les Allemands ont liquidé cette “entreprise” [l'opération à Grenoble], car l'ambiance à Grenoble ne la favorisait guère » [2]. Le Kommando connaît donc un nouvel échec et se retire pour cette raison de Grenoble. Et apparemment les raisons de cet échec sont sans doute imputables à cette Résistance civile (« l'ambiance à Grenoble ») que Brunner cherchait tant à abattre.
35Échec sans doute, mais échec relatif. En effet, coup sur coup, les 26 février et 18 mars 1944, Aloïs Brunner est cité à l'ordre du jour de la direction de la Gestapo à Berlin [3]. L'attribution de ces deux distinctions est d'autant plus remarquable que Didier Epelbaum, qui ignore tout de l'épisode grenoblois – et donc de l'activité de Brunner durant cette période –, note à ce sujet que, « plus que jamais, Eichmann estime que son protégé fait de l'excellent travail » [4]. Quelle peut alors être la raison de ces distinctions venant récompenser un « bon travail » ? La réponse se trouve sans nul doute dans l'activité grenobloise du Kommando. Ces deux distinctions semblent répondre telles des échos – à une semaine d'intervalle à chaque fois – aux démantèlements successifs des réseaux de Résistance : la liquidation des mouvements juifs (EIF et OSE) qui s'achève le 18 février avec l'arrestation de Marc Haguenau et d'Edith Pulver, puis celle du réseau polonais qui se conclut avec les rafles du 9 mars. La mise au pas de la Résistance juive (ou assimilée) semble donc avoir été à l'origine de l'opération lancée à Grenoble.
36Reste une interrogation. Pourquoi la présence à Grenoble du Kommando Brunner, durant un mois et demi, a-t-elle jusqu'à présent échappé à l'histoire ? D'une façon générale, il n'existe que peu de documents ou de témoignages sur les persécutions raciales en Isère durant l'occupation allemande, ce qui ne manque pas de surprendre concernant la ville où fut fondé le CDJC [1]. De la présence à Grenoble de Brunner il existe des récits ou des témoignages, mais jamais le Kommando ou son chef n'y sont clairement identifiés. Ainsi, lors de l'affaire Finaly, jamais l'implication du Kommando dans l'arrestation de Fritz et Annie Finaly ne fut évoquée. Les actes du Kommando, des plus importants aux plus minimes, sont séparés, sans aucun lien. La dispersion sur trois départements (Ardèche, Savoie et Isère) des actions les plus marquantes des SS, dispersion gommant l'unicité des auteurs de ces actions, participe sans doute de cet anonymat qui a marqué au final l'action des SS. Et c'est ce qui semble être la raison essentielle de cette lacune concernant l'activité de Brunner. Nombre d'études ont mentionné des actions commises par le Kommando, parfois en ayant connaissance de son implication, mais dans une optique propre à leur champ d'étude : histoire de l'OSE, des EIF, études locales... De fait, séparées les unes des autres, intégrées chacune dans un champ différent, ces actions apparaissent alors comme des épiphénomènes, des cas isolés. Pourtant, chacun de ces événements, une fois relié au dénominateur commun qu'est Brunner, appartient à un vaste ensemble cohérent et acquiert une tout autre ampleur que celle qui lui était conférée individuellement.
37Aucune des archives allemandes retrouvées en France ne mentionne l'opération à Grenoble [2]. Pourtant, un document semble être directement lié à l'action grenobloise. Nous avons évoqué et utilisé à de nombreuses reprises la note signée par Knochen le 14 avril 1944 et qui, selon Serge Klarsfeld, aurait été élaborée par Brunner [3]. Ce document donne de nouvelles directives sur les méthodes à adopter dans la traque des Juifs. Bien que postérieur d'un mois, dans sa version signée, au départ du Kommando de Grenoble, ce document semble avoir été rédigé à la suite des opérations menées à Grenoble. Dès le 17 mars, lendemain de la liquidation de l'action à Grenoble, Brunner réunit à Paris durant deux jours les responsables des affaires juives des différents Kommandos du SD en France afin de leur transmettre de nouvelles instructions « concernant les mesures à prendre à l'avenir pour l'arrestation des Juifs » [1], trame de la note du 14 avril. On y retrouve presque point par point les méthodes utilisées durant ce mois et demi d'opérations. À l'aune de faits jusque-là ignorés de l'action de Brunner et de ses hommes en France, ce document prend, à notre sens, un nouvel éclairage et permet également du même coup d'éclairer, rétroactivement, les opérations menées à Grenoble. Qu'un tel document ait été rédigé après l'opération grenobloise ne nous semble pas anodin. Il représenterait, si notre hypothèse est valable, les leçons de l'action grenobloise. Plus que « commandant du camp de Drancy »– rôle en fait tenu par Ernst Brückler –, Brunner a été avant tout un homme de terrain, un chasseur de Juifs, doublé d'un redoutable organisateur.
Notes
-
[1]
Note de Röthke du 4 septembre 1943 (document CDJC, XXV a-38), in Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, 1943-1944, Paris, Fayard, 1985, pp. 341-343.
-
[2]
Il semble qu'en quelques occasions les SS aient mené vers le nord de l'ex-zone italienne des raids lointains. Serge Klarsfeld évoque « quelques expéditions à Megève et Grenoble » (Serge Klarsfled, op. cit., p. 124). En l'absence de toute autre information à ce sujet, l'expédition menée à Grenoble pourrait correspondre à l'arrestation de dix-huit Juifs à Saint-Pierre-de-Chartreuse le 1er octobre 1943.
-
[3]
Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, op. cit., p. 124, et Didier Epelbaum, Alois Brunner, préface de Serge Klarsfeld, Paris, Calmann-Lévy, 1990, p. 196.
-
[1]
CDJC, DLVI-62.
-
[2]
Archives départementales de l'Isère, 7291 W 332, dossier 91255.
-
[3]
ADI, 12 R 49/1, dossier Bollack.
-
[4]
Archives nationales, F9 5778-5788.
-
[1]
CDJC, CCXVI-53a, déposition de Sala Hirth, p. 5. Sala Hirth ne fit pas partie de l'équipe emmenée à Grenoble. En revanche, de manière très étonnante, le témoignage du docteur Drucker recueilli à la Libération (CDJC, CCXVI-66) ne mentionne d'aucune façon l'action à Grenoble.
-
[1]
CDJC XXII-9. Non daté, sans doute mars 1944.
-
[2]
« Le déchaînement des nazis dans la région grenobloise », in Notre Combat, Organe du Comité Uni de Défense des Juifs de France, numéro 1, avril 1944, CDJC, fonds Diamant (non coté).
-
[3]
ADI, 15 R 2, dossier Kosiorowski.
-
[4]
ADI, 2696 W 88, rapports des Renseignements généraux sur le Service social des étrangers, octobre 1944.
-
[5]
« Le même soir, une opération similaire s'est déroulée à St-Martin de l'Uriage [sic] et à Belmont [...] », Notre Voix, op. cit.
-
[6]
ADI, 13 R 962 et 971. Il s'agit des trois seules personnes dont l'arrestation est signalée le 6 février 1944 à Uriage. Léon Meyer, en tant qu'homme politique de premier plan, fait l'objet d'une surveillance particulière de la part des RG. Tout comme quelques autres personnalités vivant en Isère, les rapports hebdomadaires des Renseignements généraux lui consacrent quelques lignes au chapitre « surveillance des personnalités ». Mais les RG ne signalent aucune rafle à Uriage.
-
[1]
Laurent Schwartz, Un mathématicien aux prises avec le siècle, Paris, Odile Jacob, 1997, pp. 206-208.
-
[2]
Un rapport de gendarmerie fait état de la présence « du chef de la police allemande stationnant à l'hôtel Suisse et Bordeaux » (ADI, 52 M 72).
-
[3]
Titre d'une lettre expédiée le 15 février 1944 de Grenoble à Marc Jarblum. Ce document, conservé par les archives du Joint à New York, est cité par Renée Poznanski, Être juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Paris, Hachette, 1994, p. 813 (note 70).
-
[4]
7291 W 141, dossier 61268.
-
[5]
ADI, 13 R 971, rapport du commissaire central au préfet le 11 février 1944.
-
[1]
ADI, 13 R 962.
-
[2]
ADI, 15 R 6, dossier Koenig.
-
[3]
ADI, 13 R 971.
-
[4]
ADI, 13 R 981, commune de Corenc.
-
[5]
Aux 14 Juifs transférés à Drancy s'ajoutent deux « Aryens » et un Juif blessé qui restera hospitalisé jusqu'à la Libération.
-
[6]
ADI, 52 M 136/5, rapport hebdomadaire du 20 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[1]
Quatre cent vingt-trois personnes sont enregistrées à Drancy, en provenance de Grenoble, durant la présence du Kommando. Dans le même temps, on ne trouve trace dans les documents de la préfecture que de l'arrestation de cinquante-neuf de ces personnes, dont environ les deux tiers seulement sont signalées par la police, le restant provenant de demandes d'interventions en faveur de personnes arrêtées. Les enquêtes faites pour les Anciens Combattants et Victimes de guerre (ACVG) permettent d'éclairer quelques autres cas, mais la majorité des arrestations et des circonstances dans lesquelles elles se sont déroulées demeurent ignorées.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
ADI, 13 R 971.
-
[4]
ADI, 13 R 972.
-
[5]
ADI, 13 R 903.
-
[1]
In Patrice Nonni, La Résistance dans l'Isère : attitude des chrétiens, mémoire de fin d'étude, Institut d'études politiques de Grenoble, 1972, multigr. (sous la direction de Pierre Bolle et Jean Godel), 1972, p. 115.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
ADI, 13 R 981, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[4]
Sur les catégories à Drancy, voir notamment Georges Wellers, L'Étoile jaune à l'heure de Vichy, Fayard, 1973, réédité sous le titre Un Juif sous Vichy, Paris, Éditions Tiresias, 1991, pp. 161-162 (pour cette dernière édition) et Didier Epelbaum, op. cit., pp. 173-174. Il nous faut signaler qu'outre les sept catégories communément citées (A, B, C1 à C5) il semble qu'il en existait au moins quatre autres (D, E, F, G) qui ne sont jamais évoquées et dont nous ignorons la signification. Celles-ci apparaissent dans les cahiers de Drancy ainsi que sur une fiche récapitulative des effectifs du camp reproduite in Didier Epelbaum, op. cit., p. 338.
-
[5]
ADI, 15 R 2, dossier Cohen Marthe.
-
[1]
ADI, 2925 W 29, dossier Gabay Marcel.
-
[2]
In Liste alphabétique des personnes domiciliées au 10 mai 1940 en Belgique, arrêtées en France par l'autorité occupante en tant qu'israélites et déportées de France vers les camps d'extermination de Haute-Silésie par des convois partis du camp de rassemblement de Drancy, des camps de Compiègne, Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Angers entre le 8 juin 1942 et le 17 août 1944, Bruxelles, ministère de la Santé publique et de la Famille, 1980.
-
[3]
ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[4]
ADI, 7291 W 257, dossier 80336 (meurtres).
-
[5]
Rapport de police au sujet de l'arrestation, déjà mentionnée, du juge : « À l'intérieur, Clergue fut soumis à une nouvelle vérification d'identité et le policier allemand qui examina la carte d'identité laissa entendre qu'il était persuadé qu'il s'agissait d'une fausse carte, que Clergue était juif et se nommait en réalité Bloch. Il présentait en même temps un album de photos sur lequel se trouvait le portrait d'un homme ressemblant à Clergue » (ADI, 7291 W 64, dossier 74526). Ce qui permet sans doute de mieux comprendre ce qu'étaient les physionomistes signalés aux côtés de Brunner : des hommes ayant la mémoire des visages, plutôt que censés reconnaître « le Juif », comme le suppose Renée Poznanski (op. cit., p. 568).
-
[6]
ADI, 13 R 910, rapport du 7 mars 1944.
-
[1]
ADI, 13 R 972, lettre de l'évêque de Grenoble le 8 mars 1944, et 15 R 2, enquête des ACVG, dossier Ghislaine Lide, déclaration de la mère supérieure du couvent en 1954. La femme en question est sans doute l'une des membres de l'équipe juive emmenée à Grenoble.
-
[2]
ADI, 15 R 2, dossier Etty Molho, déclaration de la mère supérieure. On trouve de nombreux témoignages qui permettent de penser qu'il y eut effectivement un grand nombre d'enfants juifs placés à la Providence (par exemple, ADI, 7291 W 64, dossier 85879). Fritz et Annie Finaly, arrêtés aux environs du 14 février par les hommes de Brunner, confièrent leurs enfants quelques jours auparavant à la Providence.
-
[3]
Entre autres : ADI, 13 R 971, rapport du 17 février 1944 de la gendarmerie de Voiron. ADI, 13 R 981, commune du Sappey, rapport de gendarmerie du 8 août 1945. ADI, 15 R 3, dossier Mittelman. ADI, 7291 W 107, dossier 25763 (Weiss) : arrestation d'Anna Weiss, le 21 février 1944, par trois hommes vers 16 heures. Aux environs de 18 heures, ils reviennent emporter des affaires.
-
[1]
ADI 7291 W 64, dossier 85879. Ce dossier contient des plaintes concernant des pillages, plaintes enregistrées à la Libération, dont une trentaine ont été déposées par des Juifs. Il ressort de ces dossiers essentiellement deux périodes marquées par les pillages : février-mars 1944 et juin-août 1944. Voir également un témoignage oculaire en 20 U, dossier Cour de justice n° 127.
-
[2]
Notre Combat, op. cit.
-
[3]
Soit la fiche indique une date postérieure à l'arrivée à Drancy, soit il est explicitement fait mention que le versement provient de la « police allemande ». Nous sommes partis du principe que toutes les fiches établies après le jour d'arrivée de l'interné (sauf mouvements internes) étaient consécutives à un transfert effectué par la police allemande.
-
[1]
ADI, 13 R 910, rapport du 28 janvier 1944.
-
[2]
Note de Knochen-Brünner du 14 avril 1944 : « Au sujet de l'augmentation d'arrestations de Juifs dans la zone du commandement de la sûreté en France » (document CDJC, CXXXII-56), in Serge Klarsfeld, op. cit., pp. 384-388.
-
[1]
ADI, 2103 W 14.
-
[2]
Voir, entre autres : ADI. 7291 W 34, dossier 20038 et 7291 W 64, dossier 85879.
-
[1]
ADI, 52 M 136/5, rapport hebdomadaire du 13 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[2]
ADI, Ibid., rapport mensuel de février 1944 des Renseignements généraux.
-
[3]
ADI, Ibid., rapport hebdomadaire du 27 février 1944 des Renseignements généraux.
-
[4]
AN, F1c/III/1158, rapport mensuel pour le mois de février 1944.
-
[5]
Ibid.
-
[1]
Le préfet précise à Vichy que les rafles du Kommando visent surtout « des israéliles et leurs amis »... (AN, F1c/III/1158, rapport mensuel pour le mois de février 1944).
-
[2]
Serge Klarsfeld, Le Calendrier de la persécution des Juifs de France, Paris. FFDJF, 1993, pp. 954-955.
-
[3]
ADI, 13 R 971, lettre du maire de Domène au préfet en date du 24 février.
-
[1]
CDJC, DLVI-62, rapport sur Drancy et l'activité de Brunner (sans date, sans doute rédigé, selon les indications contenues, aux environs de la première semaine de janvier 1944).
-
[2]
AN, AJ38 111, le commissaire général aux Questions juives à Röthke, Éléments d'informations touchant certains agissements imputés à l'UGIF.
-
[3]
Sabine Zeitoun, L'Oeuvre de secours aux enfants sous l'Occupation en France, Paris, L'Harmattan, 1990, p. 82, offre une explication peu satisfaisante en ce qui concerne cette fermeture : « En janvier 1944. la Gestapo perquisitionne le bureau de Grenoble à la recherche d'un enfant. Les parents de ce dernier avait communiqué l'adresse de l'OSE après leur arrestation. Herta Hauben est alors arrêtée. Cet événement incite les dirigeants de l'OSE à interrompre définitivement leurs activités légales. De plus, la dissolution de la direction centrale de l'OSE/3e direction-Santé, à Chambéry mettra fin à l'ensemble de ses activités. » Il est impossible que le bureau de Grenoble ait été fermé à la suite de l'arrestation de Herta Hauben, qui a lieu le 16 février 1944, soit après la rafle du bureau de Chambéry. La fermeture du bureau de l'UGIF de Grenoble est effective le 1er janvier 1944 (CDJC, archives de l'UGIF, microfilm 64, document 1110). Cela infirme également une autre explication, plus plausible : « A deux reprises, le bureau de Grenoble, partiellement démoli par une explosion en novembre 1943, reçoit la visite de la Gestapo [...]. Une troisième visite en janvier 1944 décide les responsables à chercher un local de repli. Ce dernier ne servira pas longtemps. » (L'Activité des organisations juives en France sous l'Occupation, Paris, 1947, p. 146). Mais il semble bien que les locaux de l'UGIF aient subi des perquisitions. Reste que l'on ignore où l'UGIF compte plusieurs bureaux à Grenoble et quand.
-
[1]
CDJC, CDXXIII-10, lettre du directeur général de l'UGIF au président de l'UGIF en date du 9 février 1944.
-
[2]
CDJC, CMXX-15, lettre du directeur de l'UGIF Lyon au directeur général de l'UGIF en date du 25 février 1944.
-
[3]
Cette lettre est citée et en grande partie décodée par Sabine Zeitoun, op. cit., p. 185.
-
[4]
Lucien Lazare, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1987, p. 215.
-
[5]
Sabine Zeitoun. op. cit., pp. 184-185.
-
[6]
ADI, 7291 W 394, dossier 106032 (Herta Hauben).
-
[7]
ADI, 57 J 18. On peut cependant s'interroger sur la réalité de cet acte. D'où peut venir ce témoignage, l'arrestation s'étant déroulée sans témoin direct ?
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[1]
Le docteur Isser Seilinger, responsable du bureau OSE de Grenoble, échappe à ces arrestations. Il sera arrêté le 19 juin 1944 à Saint-Laurent-du-Pont, où il résidait depuis plusieurs mois. Il est probable qu'il se soit réfugié dans cette commune de Chartreuse à la suite des événements de février.
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[2]
ADI, 13 R 971, rapport de gendarmerie signalant l'arrestation d'un inconnu.
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[3]
Un de ces groupes d'enfants, caché à La Martellière à Voiron, sera arrêté le 23 mars, une semaine après le départ de Grenoble du Kommando. Cette rafle s'inscrit dans un entrelacs d'événements s'étant déroulés dans le pays voironnais durant les mois de mars et avril 1944. Débutant par le pillage de Juifs réfugiés à Voiron par la Milice, ces événements se concluent par l'exécution de six Juifs (ou tenus pour tels) par la Milice, en représailles à « l'affaire Jourdan » (exécution d'un milicien et de sa famille). Il semblerait que cette sextuple exécution ne soit pas étrangère aux exécutions de Rillieux-la-Pape, postérieures d'à peine plus d'un mois. Nous nous permettons de renvoyer à notre étude, Les Persécutions raciales en Isère sous l'occupation allemande (septembre 1943-août 1944), TER d'histoire sous la direction de Jean-Claude Lescure, Université Pierre Mendès France-Grenoble II, UFR des sciences humaines, département d'histoire, octobre 1999, 245 pages (hors annexes).
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[4]
Une intervention de la Croix-Rouge au sujet d'Edith Pulver indique qu'elle a été « arrêtée dans la rue » (ADI, 13 R 907, DU 458). Voir également Alain Michel, Les Éclaireurs Israélites de France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, éditions des EIF, 1984, pp. 166-167.
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[1]
Document publié dans Revue d'histoire de la Shoah, numéro 161, septembre-décembre 1997, pp. 61-62.
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[2]
ADI, 13 R 981, dossier Grenoble, liste de personnes tuées pendant l'Occupation. Le récit de la mort de Marc Haguenau varie selon les auteurs. Suicide, pour ne pas parler sous la torture, pour les uns. Meurtre par défenestration, commis par la Gestapo, pour d'autres. Chez d'autres encore, il aurait essuyé des coups de feu durant son évasion, provoquant sa chute. Or la lettre d'Edith Pulver, ainsi que le témoignage d'Isaure Luzet (ADI, 57 J 50), confirme la version de la chute.
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[3]
Lucien Lazare, op. cit., p. 248. Il n'est pas impossible qu'en octobre 1943 (probablement simultanément à la rafle du 1er octobre à Saint-Pierre-de-Chartreuse) les hommes de Brunner aient tenté de s'attaquer au centre du Sappey. Un hôtelier du Sappey signale après guerre avoir subi une perquisition « par la brigade spéciale de Nice de la Gestapo » (ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945, déclaration de Pierre Vogel).
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[1]
Sur l'organisation et les buts du Service social des étrangers, se reporter notamment aux circulaires du 28 novembre 1941 et du 26 mai 1942 du secrétariat d'État au Travail (AN, AJ38 113).
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[2]
Divers bilans sont avancés pour la rafle d'Alboussière. Vincent Giraudier, Hervé Mauran, Jean Sauvageon et Robert Serre avancent cinquante-sept raflés (Des indésirables. Les camps d'internement et de travail dans l'Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Valence, Peuple Libre et Notre Temps, 1999, p. 430). Michael R. Marrus et Robert Paxton mentionnent soixante et une arrestations (Vichy et les Juifs, Paris, Le livre de poche, 1993, p. 460). Serge Klarsfeld fait état du chiffre de soixante-quatre (Le Calendrier..., op. cit., p. 962). Aux cinquante-sept personnes transférées à Drancy s'ajoutent une mère et ses deux enfants, libérés à Grenoble (ADI, 13 R 872). Il n'est pas impossible qu'au moins cinq autres personnes du transfert du 20 février aient été arrêtées à Alboussière.
-
[3]
En 1943, l'Isère compte quatre centres d'accueil pour les Polonais : le centre 55 bis au Sappey-en-Chartreuse, le 56 bis à Villard-de-Lans, le 57 bis à Uriage et le 58 bis à Bourg d'Oisans.
-
[1]
ADI, 13 R 1043, témoignage de monsieur Godlewski, recueilli le 28 février 1947.
-
[2]
« On commença par faire une visite de leur anatomie pour déclarer leur race » (Ibid).
-
[3]
À la suite d'une intervention de la préfecture, par le biais de la section de liaison, le SD répond que « M. Godlewski et Mme Wisti ont bien été arrêtés par le SD, pour des raisons personnelles. Le chef du SD savait qu'il avait affaire à des Polonais et non des israélites. Pour l'instant ils sont toujours à Grenoble pour instruction de leur cas et interrogatoire » (ADI, 13 R 907, rapport du commandant Réaux et au préfet du 7 mars 1944, RV 439). Il est évident que, malgré les dénégations du SD, ce n'est qu'après coup qu'est apparu qu'il s'agissait de résistants.
-
[1]
Une note émanant de la direction du CGQJ, en mars 1943, signale « que certains fonctionnaires du SSE seraient particulièrement favorables aux Juifs et les aideraient à échapper aux lois en vigueur (camouflages, secours abusifs, etc.). Si de tels faits parviennent à votre connaissance, je vous serais reconnaissant de m'en faire part sans délai, en me fournissant toutes les précisions nécessaires » (AN, AJ38 281, note de renseignements n° 22 de la direction générale pour la zone non occupée, Vichy, 31 mars 1943. Objet : liaison avec le Service social des étrangers). En avril 1944, Gilbert Lesage, directeur du SSE, est arrêté à Paris par les Allemands.
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[2]
ADI, 13 R 981, commune du Sappey, procès-verbal de gendarmerie en date du 8 août 1945.
-
[3]
Ibid.
-
[4]
ADI, 13 R 907, DU 547 et 475 RV.
-
[5]
13 R 972.
-
[6]
ADI, 13 R 907, DU 547.
-
[7]
ADI, 13 R 1043, témoignage de monsieur Godlewski, recueilli le 28 février 1947.
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[8]
Les opérations contre les centres polonais semblent s'être prolongées durant tout le mois de mars 1944, le départ du Kommando n'y mettant apparemment pas fin.
-
[1]
ADI, 13 R 907, le commandant Réaux au préfet, 463 RV du 20 mars 1944. Cette date est confirmée dans un courrier adressé à l'UGIF (CDJC, archives de l'UGIF, microfilm 61, document 553 : lettre, en date du 24 mars 1944, de Jeanne Brun, concernant l'arrestation de son locataire Joseph Walter : « La police allemande [...] qui a quitté Grenoble depuis vendredi dernier », soit le 17 mars.
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[2]
Il semble que seuls six Juifs aient été arrêtés durant la même période par le SD grenoblois.
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[1]
ADI, 13 R 887.
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[2]
CDJC, CCXVI -53 a, op. cit.
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[3]
Didier Epelbaum, op. cit., p. 204, sur la base des ordres du jour du chef du Sipo-SD, nos 8 et 11, 1944 (Berlin Document Center). Les raisons de ces distinctions ne sont pas indiquées.
-
[4]
Ibid.
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[1]
Près de soixante ans après les faits, la réalité des persécutions dans le département de l'Isère était mal connue et fort sous-estimée. Cet aspect ne peut-être traité en quelques lignes, mais, à titre d'exemple, si l'on s'appuie sur l'aspect mémoriel qui reflète du moins partiellement la connaissance du passé, seules deux rafles raciales ont une existence avérée dans le département : à Grenoble, une plaque (apposée en 1992) rappelle la rafle du 26 août 1942 et à Voiron une autre plaque (1997) rappelle la rafle des enfants de La Martellière. Pourtant plus de neuf cents Juifs ont été déportés du département et une centaine a été exécutée sur place durant l'année 1944.
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[2]
Concernant l'opération menée à Nice on dispose, entre autres, du plan d'action du 4 septembre 1943.
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[3]
Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz., op. cit., p. 162.
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[1]
Document publié in Serge Klarsfeld, La Shoah en France, volume III, Le calendrier de la persécution des Juifs de France, septembre 1942-août 1944, Paris, Fayard, 2001, pp. 1802-1803.