Notes
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[1]
Ce travail a été réalisé avec le soutien du VOX-Pol Network of Excellence. Même menée par une chercheuse seule, toute recherche se nourrit d’échanges. L’auteure remercie le MediaLab de Sciences Po, François Briatte, Antoine Jardin et Gabriel Riboulet pour leurs précieux conseils sur les méthodes mobilisées. Les discussions avec Nonna Mayer et Tommaso Vitale du Centre d’Études Européennes de Sciences Po et celles avec Pietro Castelli Gattinara et Andrea Pirro de l’École Normale Supérieure de Florence ont nourri cette recherche. Pour la relecture, il faut s’armer de patience et de persévérance, des qualités qui n’ont pas manqué à Angéline Rochery. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude. Toute erreur éventuelle est celle de l’auteure.
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[2]
L’article suit la définition de « droite/s extrême/s » ou « extrême/s droite/s » de Mudde pour qualifier des organisations politiques qui prennent la forme de partis politiques, mouvements et/ou groupuscules et qui placent au cœur de leur message le nativisme et l’ethnocentrisme, l’autoritarisme et une vision populiste de la vie politique (Mudde, 1996, 2007).
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[3]
Comme le montre également une série de travaux non académiques (notamment Déchot, Briganti et Gautier, 2011 ; Albertini et Doucet, 2016).
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[4]
Voir, pour une discussion, Blee, 2007 ; Avanza, 2010 ; Bizeul, 2007.
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[5]
S’il existe plusieurs définitions du concept de préjugé (voir Mayer, 2014), ici le terme fait référence à une attitude préconstituée, généralement négative, envers un groupe ou envers ses membres. Elle peut se nourrir de stéréotypes liés au genre, à la sexualité, aux origines ethniques, au statut socio-économique, et/ou à la culture (Nelson, 2009, pp. 2-3). Les stéréotypes sont des croyances généralisées à tous les membres d’un groupe et qui ne sont pas forcément négatives ou fausses. Lorsque les croyances stéréotypées se combinent avec des attitudes et des émotions préjudiciables – comme la peur et l’hostilité – elles peuvent conduire à un comportement que j’appelle la discrimination (Lippmann, 1922).
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[6]
Pour un débat sur les usages du concept d’islamophobie qui dépasse l’objectif de cet article, voir la discussion proposée dans CNCDH (2014, pp. 16-17) et l’analyse de sa genèse par Asal (2014).
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[7]
Notamment les rapports annuels produits par la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme), le ministère de l’Intérieur, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (European Commission against Racism and Intolerance) et l’ancien Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia) créé en 1997, et devenu en 2007 l’ Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (European Union Agency for Fundamental Rights or Fundamental Rights Agency).
-
[8]
La sélection manuelle a permis d’inclure les sites qui étaient toujours actifs et qui ont été régulièrement mis à jour dans les quatre mois précédant le 1er novembre 2016.
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[9]
Pour plus de détails sur l’analyse qualitative du contenu et la liste complète des mots clefs, voir en annexe.
-
[10]
Il s’agit de l’English Defence Ligue, de CasaPound Italia, Zentropa, CathoBruxelles et du Vlaams Belang.
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[11]
La visualisation en couleur est disponible sur Cairn.info.
-
[12]
Une discussion approfondie sur la pertinence et les idiosyncrasies de chacune de ces catégories va au-delà de l’objectif de cette contribution qui est de repérer ce qui est commun aux différentes communautés et qui émerge par l’analyse des réseaux. Pour une discussion historique approfondie des tendances idéologiques dans les droites extrêmes en France, voir Camus et Lebourg (2015, pp. 8-63) et Taguieff (1985).
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[13]
La visualisation en couleur est disponible sur Cairn.info.
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[14]
Actif durant la phase de collecte des données, le site www.reseau-identités.org ne l’est plus fin novembre 2016. Il a été transféré sur la page Facebook https://www.facebook.com/ReseauIdentites/, consultée le 9 décembre 2016.
-
[15]
Même en étant un journal, le site du journal Charente Libre n’a pas été exclu de l’analyse, car il occupe une position très marginale dans le réseau et est faiblement connecté aux autres sites du regroupement et du réseau.
-
[16]
Pour une discussion détaillée sur les rapports entre le FN et les extrêmes droites radicales voir Lebourg (2015).
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[17]
Jeune Nation est actuellement un journal. Cependant, nous l’avons retenu dans la base, car il a été identifié comme l’organe officiel de Jeune Nation dissous (voir Algazy, 1984).
-
[18]
Voir notamment le collectif réuni autour du site d’Yvan Benedetti, Jeune Nation, mais aussi Troisième Voie de Serge Ayoub à présent reconverti dans un club de bikers, les Praetorians.
-
[19]
Dans la propagande Internet de ces organisations, les termes islam et/ou musulman sont rarement différenciés.
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[20]
Nous soulignons que parmi les groupes qui entrent dans cette catégorie il y en a certains qui tout en s’opposant à l’islam, ne se reconnaissent pas dans la laïcité républicaine. Il s’agit notamment des Jeunesses Nationalistes.
-
[21]
https://ripostelaique.com/chere-marine-lislam-est-vraiment-incompatible-avec-la-france-et-sa-laicite-videos.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[22]
http://www.parti-de-la-france.fr/Comment-la-laicite-devoyee-contribue-a-l-islamisation-de-la-France_a2631.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[23]
« En 2005, un rapport réalisé par le Comité permanent de coordination des inspections […] constate qu’en France 80 % des ovins, 20 % des bovins et 20 % des volailles seraient abattus selon le rite halal. Une autre étude du ministère de l’Agriculture précise qu’en France 32 % des bêtes sont abattues de façon rituelle. Or […] ce chiffre dépasse largement le volume des ventes étiquetées halal et commercialisées dans l’Hexagone. On est bien loin des 2,5 % de viande halal annoncés par la profession comme étant consommées en Île-de-France. » Disponible sur http://islamisation.fr/2016/09/29/dossier-complet-sur-la-viande-halal-les-chiffres-les-dangers-les-derogations-reglementaires/#more-5881, consulté le 6 décembre 2016.
-
[24]
http://vigilancehallal.com/risques-sanitaires/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[25]
http://ripostelaique.com/leffet-boeuf-de-le-foll-sauver-la-filiere-bovine-grace-au-halal-des-migrants.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[26]
http://vigilancehalal.com/bienvenue, consulté le 6 décembre 2016.
-
[27]
https://ripostelaique.com/accorder-des-droits-a-la-femme-musulmane-cest-tuer-lislam.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[28]
https://liguefrancilienne.com/tag/charia/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[29]
http://resistancerepublicaine.eu/2016/03/08/homosexualite-lennemi-ce-nest-pas-la-russie-mais-lislam/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[30]
https://ripostelaique.com/lislam-glorifie-pedophiles-condamne-a-mort-homosexuels.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[31]
Discours de Pierre Cassen à la 10e journée nationale et identitaire, disponible https://ripostelaique.com/chere-marine-lislam-est-vraiment-incompatible-avec-la-france-et-sa-laicite-videos.html, consulté le 6 décembre 2016.
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[32]
https://www.bloc-identitaire.com/courant-identitaire/faq, consulté le 6 décembre 2016.
- [33]
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[34]
https://ripostelaique.com/lislam-na-jamais-rien-apporte-dautre-a-lhumanite-que-la-mort.html, consulté le 6 décembre 2016.
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[35]
http://resistancerepublicaine.eu/2016/10/24/du-mythe-de-la-majorite-musulmane-moderee/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[36]
http://islamisation.fr/2016/12/05/europol-alerte-sur-la-menace-terroriste-en-europe-dans-un-rapport-du-2-decembre/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[37]
Des mots comme invasion, horde, etc., sont fréquents.
-
[38]
Comme ceux provenant d’Europe de l’Est qui attiraient l’attention des extrêmes droites dans les années 1990 et dont le « plombier polonais » du FN était un symbole.
-
[39]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 24 octobre 2016.
-
[40]
http://gollnisch.com/2012/06/07/les-francais-et-les-europeens-dabord/, consulté le 24 octobre 2016.
- [41]
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[42]
http://www.parti-de-la-france.fr/Immigration-dans-le-Doubs-statistiques-officielles_a2515.html, consulté le 24 octobre 2016.
-
[43]
http://ripostelaique.com/ils-vous-imposent-des-migrants-contactez-liberte-et-entraide-cest-gratuit.html, consulté le 24 octobre 2016.
-
[44]
http://www.bloc-identitaire.com/actualite/1997/immigration-esclavage, consulté le 12 novembre 2016.
-
[45]
https://liguefrancilienne.com/category/communication/, consulté le 10 décembre 2016.
-
[46]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/L-immigration-armee-de-reserve-du-capital-16220.html, consulté le 24 novembre 2016.
-
[47]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 24 octobre 2016.
- [48]
- [49]
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[50]
https://www.bloc-identitaire.com/actualite/3229/immigration-precipite-france-vers-chaos, consulté le 10 décembre 2016.
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[51]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 10 décembre 2016.
-
[52]
http://www.alaindebenoist.com/index.php/2016/05/12/donald-trump-un-populiste-seul-contre-tous/, consulté le 10 décembre 2016.
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[53]
http://ripostelaique.com/Bobos-antiracistes-bien-pensants.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[54]
http://www.xn--parti-nationaliste-franais.fr/2015/12/nationalisme-ce-mot-qu-ils-ont-voulu-nous-faire-oublier.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[55]
http://www.frontnational.com/2015/12/pour-la-gazette-des-communes-la-neutralite-politique-est-un-self-service/, consulté le 10 décembre 2016.
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[56]
http://ripostelaique.com/les-nouveaux-fachos-le-titre.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[57]
Même historiquement, l’homosexualité n’a jamais été une question tranchée parmi ces formations, il suffit de penser aux reconstructions sur l’homosexualité (présumée) de certains chefs de la Section d’Assaut (SS) de l’Allemagne nazie (Abrams, 2002), mais aussi dans l’Allemagne de l’après-guerre au cas du leader plus connu de la mouvance néo-nazie, Michael Kühnen.
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[58]
http://www.jeunes-cathos.fr/questions-de-foi/catecheses-et-reflexions/paternite-de-dieu-et-paternite-dans-la-famille, consulté le 5 novembre 2016.
-
[59]
http://www.civitas-institut.com/content/view/1345/2/, consulté le 10 mai 2016.
-
[60]
https://www.groupeuniondefense.fr/2016/07/03/face-a-la-decadence-groupe-union-defense/, consulté le 4 novembre 2016.
-
[61]
http://gollnisch.com/2011/11/24/offensive-a-l%E2%80%99ump-en-faveur-du-mariage-homosexuel/, consulté le 5 novembre 2016.
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[62]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Comment-nait-le-conformisme-40827.html, consulté le 5 novembre 2016.
-
[63]
http://www.lamanifpourtous.fr/comprendre/comprendre-lessentiel/, consulté le 10 mai 2016.
-
[64]
http://www.lamanifpourtous.fr/comprendre/comprendre-lessentiel/, consulté le 10 mai 2016.
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[65]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Les-mensonges-du-lobby-gay-16486.html, consulté le 4 novembre 2016.
-
[66]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/DSK-a-t-il-ete-victime-de-la-guerre-d-influence-entre-Wasps-et-juifs-6960.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[67]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Shoah-la-saga-des-reparations-41581.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[68]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Les-Americains-savent-qu-Israel-est-derriere-le-11-Septembre-8058.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[69]
http://ripostelaique.com/escada-parait-avoir-plus-de-problemes-avec-les-juifs-et-lavortement-quavec-lislam.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[70]
https://ripostelaique.com/m-valls-juifs-renoncent-a-kippa-interdisez-voile-djellaba.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[71]
http://ripostelaique.com/Reflexions-sur-la-subsistance-des.html, consulté le 10 décembre 2016.
- [72]
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[73]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Berlin-paradis-des-mendiants-roms-39210.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[74]
http://ripostelaique.com/au-secours-les-roms-arrivent.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[75]
http://www.frontnational.com/2014/09/une-responsable-du-fn-agressee-par-des-roms-a-paris/, consulté le 10 décembre 2016.
-
[76]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Dans-le-bidonville-rom-de-Paris-37516.html, consulté le 10 décembre 2016.
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[77]
http://www.frontnational.com/2014/10/le-maire-les-roms-le-prefet-et-le-code-penal/, consulté le 10 décembre 2016.
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[78]
https://www.bloc-identitaire.com/document-audio/212/audio-agresseurs-deviennent-victimes-richard-roudier-rene-galinier, consulté le 10 décembre 2016.
1Si la politique identitaire est considérée fondamentale pour les extrêmes droites [2], les représentations de l’Autre sont rarement mises en avant pour appréhender la façon dont ces descriptions participent à la création d’identités communes à différentes organisations. Les recherches sur les Autres des extrêmes droites permettent d’approfondir les cibles privilégiées de leur discours à partir de l’étude des partis politiques (voir Mayer, 2009) ou des franges les plus radicales de ce champ politique (voir Caiani, Della Porta et Wagemann, 2012). Cependant, elles ont été jusqu’à présent principalement idiosyncratiques, se limitant à une seule organisation et/ou à un exogroupe ciblé, ce qui risquerait de faire passer au second plan l’analyse de la construction de réseaux à travers lesquels ces groupes diffusent leurs discours et maintiennent une audience (Melucci, 1985). En combinant les apprentissages issus de ces travaux en science politique et sociologie politique, cette contribution propose d’étudier les « communautés de cause » des extrêmes droites, c’est-à-dire les regroupements de formations qui, au-delà de leurs spécificités idéologiques et/ou organisationnelles, partagent certaines manières de décrire l’Autre. L’objectif est donc, d’une part, de cartographier le réseau qui se forme autour des définitions de l’endogroupe, ou groupe interne (nous) et l’exogroupe ou groupe externe (eux) ; d’autre part, d’offrir une synthèse des argumentations qui accompagnent cette opposition. Il sera ainsi possible d’observer comment, à l’extrême droite, les manières de conceptualiser l’Altérité peuvent redéfinir les frontières entre différentes organisations.
2L’article étudie ces interactions sur Internet. S’il est toujours problématique de tracer une ligne claire entre réalité online et offline (Boyadjian, 2014), Internet reste une source privilégiée pour étudier le discours des droites extrêmes, notamment lorsqu’il s’agit de regarder des organisations plus ou moins institutionnalisées, sur un sujet aussi délicat que la politique identitaire. Cette approche me paraît donc prometteuse pour trois raisons. D’abord parce que, même si l’accès à Internet reste loin d’être universel, il représente une arène de création de solidarité par la diffusion et le partage d’informations plus ample que les arènes traditionnelles (Dijk et Hacker, 2003). En fait, à la différence d’autres médias tels que la télévision, la radio, et/ou la presse, Internet représente une partie de l’espace public auquel l’accès est plus simple (Dahlgren, 2000). Ensuite, car tout internaute peut y prendre la parole, quelles que soient ses compétences en politique ou ses opinions, de même qu’il peut y diffuser des opinions qui n’ont pas de légitimité dans la sphère publique institutionnelle. Par ailleurs, le médium Internet a pour les droites extrêmes un intérêt assez spécifique. Des structures d’opportunités discursives fermées (Koopmans et Olzak, 2004), une forte stigmatisation sociale et des ressources souvent limitées (en termes d’adhérents, mais aussi en termes économiques) motivent la droite extrême à privilégier les nouvelles technologies de communication (surtout le web) comme arène politique alternative par laquelle elle donne, à ses propos et à ses actions, une plus grande visibilité et ce plus librement (Atton, 2006 ; Caiani, Della Porta et Wagemann, 2012 ; Dézé, 2012 ; Chauveau, 2015) [3]. Finalement, pour les chercheurs, Internet constitue une source novatrice de données facilement accessibles. Malgré les redressements méthodologiques que les spécialistes adoptent, les enquêtes par entretiens et/questionnaires aux militants et/ou électeurs des droites extrêmes font face à des difficultés liées non seulement à l’accès au terrain et à la position inconfortable du chercheur vis-à-vis de ses enquêtés [4], mais aussi au fait que certains interviewés ont du mal à reconnaître qu’ils adhèrent à des idées pouvant être stigmatisées par le reste de la population (Mayer, 2007).
3Avant d’entrer dans le vif de la recherche, il convient de préciser que chaque organisation peut avoir son/ses « ennemi(s) » spécifique(s) qui peut(ven)t également changer en fonction du contexte national et des spécificités idéologiques (Mudde, 2007, p. 64 ; François et Lebourg, 2016). Or l’objectif de cette contribution n’est pas de dresser un portrait détaillé de toutes ces spécificités, mais plutôt de fournir une clef pour comprendre les descriptions des endogroupes et exogroupes favorisant la communication entre organisations d’extrême droite. Chacune de ces deux catégories peut inclure différents types de groupes internes et externes, sans qu’ils soient mutuellement exclusifs. L’article offre d’abord un tour d’horizon de la littérature sur la politique identitaire des extrêmes droites. La vision des logiques qui guident les processus de construction identitaire ainsi obtenue permettra d’appréhender comment endogroupes et exogroupes peuvent être définis. Ensuite, je décris la méthodologie et les données déployées pour saisir les descriptions de l’Autre dans le réseau des droites extrêmes en France. Il sera ainsi possible de cartographier ce réseau et d’en explorer les caractéristiques et les protagonistes. Finalement, je me concentre sur les descriptions des groupes internes et externes qui apparaissent dans le réseau. Cette étape permettra d’étudier empiriquement comment certaines représentations des groupes internes et externes peuvent redéfinir les frontières entre organisations d’extrême droite. Les conclusions résument les résultats et offrent quelques suggestions pour des recherches futures.
La politique identitaire des extrêmes droites : nativisme, ethnocentrisme et altérité
4La politique identitaire est un élément constitutif du champ politique de l’extrême droite. Il semble pourtant y avoir un vrai décalage entre cette conception et les études sur l’Altérité des organisations d’extrême droite, telle qu’elle est décrite par la science politique et la sociologie politique. La politique identitaire est en effet souvent l’objet d’études idiosyncratiques de formations et/ou « ennemis » spécifiques. Elle est rarement mise en avant pour expliquer comment des coalitions de cause peuvent se former entre différentes organisations autour des définitions partagées des groupes internes et externes.
5Le nativisme et l’ethnocentrisme sont centraux dans l’idéologie des extrêmes droites, qu’il s’agisse des formations qui s’inscrivent dans la compétition électorale (les partis politiques) ou de celles qui se situent aux marges de celle-ci (les mouvements et/ou groupuscules) (Hirsch-Hoefler et Mudde, 2013). Selon ces visions du monde, les États devraient être habités exclusivement par des membres du groupe autochtone (la nation) tandis que les autres (personnes et idées) seraient fondamentalement menaçants pour l’homogénéité de l’État-nation (Brewer, 1999 ; Tajfel, 2010 ; Mudde, 2007, pp. 32-59 ; Taguieff, 2013). Si les études sur les suprématistes blancs aux États-Unis soulignent notamment l’importance d’une interprétation biologisante du groupe interne (Burris, Smith et Strahm, 2000 ; Atton, 2006 ; Chau et Xu, 2007 ; Koster et Houtman, 2008 ; Zuev, 2010), d’autres études de cas sur les partis politiques (Mayer, 2009 ; Mudde, 2007, pp. 63-89) et les mouvements d’extrême droite en Europe (Tateo, 2005 ; Garrett, 2006, p. 215 ; Caiani et Parenti, 2013 ; Froio, 2016) fournissent un portrait plus complexe et invitent à penser le nativisme et l’ethnocentrisme pas seulement en des termes ethniques. Dans ce sens, les représentations de l’Autre peuvent inclure des préjugés [5] d’ordre politique/civique et/ou culturel/ethnique sur la base desquels le groupe interne construit la différence et justifie l’incompatibilité avec les groupes externes (Taguieff, 1998a ; Wimmer, 2002 ; Wieviorka, 2005 ; Mayer, 2009 ; François et Lebourg, 2016).
6Pour tout individu, la construction de(s) identité(s) se constitue sur la base d’une distinction entre endogroupe (ingroup) et exogroupe (outgroup), entre « nous » et « eux » (Tajfel, 1982). Cependant, à l’extrême droite, la construction identitaire prend une forme excluante et présenterait au moins deux spécificités. D’abord, une vision manichéenne du monde dans laquelle les êtres humains et leurs interactions sont représentés comme « bons » ou « méchants » (Eatwell, 2000 ; Ramet, 1999). Ces interprétations s’accompagnent d’une vision moralisante et moralisatrice de la société particulièrement visible dans le discours des formations national-populistes (Taggart, 2000 ; Taguieff, 1998b). Cette vision de la société et des relations humaines transforme la distinction entre « nous » et « eux » en une dialectique schmittienne dans laquelle l’Autre est essentialisé et diabolisé (Mudde, 2007, p. 63 ; Wodak, 2015). Ensuite, les chercheurs estiment que les extrêmes droites tendent à définir les caractéristiques du groupe interne principalement par la description de celles du groupe externe. Souvent donc, les caractéristiques du « nous » sont plus vagues que celles du « eux » et les représentations du « nous » sont généralement un miroir de celles du « eux » (Holtz et Wagner, 2009 ; Wagner, Holtz et Kashima, 2009).
7À l’extrême droite, deux dimensions semblent fondamentales pour comprendre qui est considéré comme formant une partie de l’endogroupe : l’État en tant qu’unité politique, et la nation en tant qu’identité culturelle. L’appartenance à l’État et à la nation définit le groupe interne. Par reflet, les idées et les individus qui ne satisfont pas à ces critères sont considérés comme groupes externes et donc opposés. Il s’agit donc de minorités ethniques et/ou religieuses et/ou sexuelles (Lazaridis, Campani et Benventiste, 2016) de même que des groupes plus hétérogènes comme « les élites », politiques, intellectuelles, médiatiques et/ou économiques. En outre, trois groupes externes se démarquent dans la définition de l’identité et de l’imaginaire à l’extrême droite car ils ne peuvent être rangés dans les catégories classiques d’appartenance ou non à la nation ou à l’État : les juifs, les musulmans et les Roms. En effet, tous trois peuvent à la fois faire et ne pas faire partie de l’État. En outre, traditionnellement, le/a Juif/ve personnifie la modernité ; à travers l’antisémitisme, tous les maux de la modernité étaient contestés, et le groupe interne peut se représenter comme antimoderne (Taguieff, 2015 ; Smith, 1996). De manière différente, le/a Rom personnifie la « barbarie » et à travers l’antitsiganisme le groupe interne peut souligner sa modernité (Agarin, 2014). Le/a musulman/e est lui/elle aussi perçu/e comme « barbare », mais plus moderne que le/a Rom. Dans ces représentations, le/a Rom n’aurait pas atteint la modernité, alors que le/a musulman/e est représenté comme vivant dans la modernité tout en la refusant (Mudde, 2007, p. 78). De manière paradoxale, c’est par l’aversion aux musulmans et à l’islam – que l’on appelle islamophobie [6] – que certaines parties de l’extrême droite peuvent se présenter comme défenseurs de la démocratie libérale et de ses valeurs (par exemple les droits des femmes et des homosexuels, l’égalité des sexes et la séparation de l’Église et de l’État).
8Afin d’explorer comment ces différentes formes d’Altérité sont articulées dans le discours des extrêmes droites, je définirai l’Autre comme personne(s) ou idée(s) opposée(s) aux intérêts du groupe interne. Cela implique un regard holistique sur le nativisme et l’ethnocentrisme comprenant des éléments civiques, culturels et ethniques sur la base desquels les différences entre les communautés sont tracées, voire imaginées comme l’écrivait Anderson (2006). Cette approche novatrice permettra d’observer et comparer différentes organisations d’extrême droite et groupes externes. Il sera ainsi possible de montrer que les frontières entre organisations d’extrême droite peuvent être assez poreuses, au moins sur Internet.
Une approche multiméthodes pour étudier des communautés de cause
Combiner l’analyse des réseaux sociaux avec une analyse du contenu
9Pour étudier différentes organisations d’extrême droite et les descriptions de l’Autre qu’elles véhiculent, la recherche adopte un dispositif multi-méthodes qui combine l’analyse des réseaux sociaux (ARS) avec l’analyse du contenu du matériel disponible sur les sites du réseau. Je me sers d’abord d’une ARS des liens (hyperlinks) qui existent entre les sites Internet de différentes organisations pour cartographier cette communauté. L’ARS permet d’identifier les relations entre sites, de même que le partitionnement des nœuds en communautés de communication. Bien que les liens virtuels n’impliquent pas nécessairement de relations réelles entre ces formations, les recherches existantes sur l’activisme de droite montrent que les liens virtuels peuvent être appréhendés comme des indicateurs de « traces de communication, instruments d’aide réciproque pour atteindre l’attention du public » (Burris et al., 2000, p. 215) et comme « un canal additionnel pour construire une identité commune » (Tateo, 2005).
10Étudier les opinions politiques sur Internet est problématique, notamment à cause des difficultés liées aux techniques d’échantillonnage. D’abord parce qu’il est très difficile de déterminer la véritable dimension et la nature de la population (Schafer, 2002 ; Borgatti, Everett et Johnson, 2013 ; Boyadjian, 2014). Ensuite, parce qu’Internet est en constant changement et qu’il n’existe pas de site qui contienne une liste exhaustive des groupes actifs en ligne. Cette analyse privilégie les discours officiels produits par des organisations de droite extrême plutôt que les positions relayées par les individus qui en font partie ou qui les soutiennent (cadres, militants et sympathisants). Pour cette raison l’analyse est axée sur les sites officiels d’organisations (ou des journaux directement liés à un groupe, comme Jeune Nation) et elle ne prend en compte ni les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram en particulier) ni les agences de presse (comme FdeSouche). Bien que parfois très importantes pour les activistes d’extrême droite dans le contexte français (voir pour une discussion Albertini et Doucet, 2016), des recherches précédentes suggèrent que souvent ces plateformes se limitent à reproduire les contenus des sites officiels des organisations principales (Caiani et Parenti, 2013).
11Pour la construction de l’échantillon, j’ai suivi la méthode de Burris et al. (2000), qui consiste en la création initiale d’un échantillon dirigé (purposive sample) des principales organisations de droite extrême en France (partis, mouvements et groupuscules) dotées d’un site Internet. Ainsi, à partir de la littérature secondaire et des rapports d’organisations spécialisées dans l’étude de l’extrémisme de droite [7], j’ai construit un échantillon initial de 14 sites. Pour l’élargir, j’ai utilisé le logiciel Hyphe qui permet de sélectionner uniquement les liens « amicaux » qui sont explicitement indiqués dans les pages de ces sites. De cette manière, il est possible de découvrir les sites d’autres organisations moins connues, ce qui permet de traiter les problèmes liés à l’échantillonnage boule de neige (Jacomy et al., 2016), une technique classique pour l’étude des droites extrêmes sur Internet. Le processus a été répété jusqu’au moment où il n’était plus possible d’ajouter de nouveaux sites d’organisations à l’échantillon quantitatif à la date du 1er novembre 2016. Une fois l’échantillon de départ constitué, j’ai vérifié manuellement la pertinence de l’insertion de chaque site dans la base de données finale [8]. Ainsi, la base inclut 77 sites (représentés dans le graphique 1 par leurs noms originaux) et 253 liens hypertextuels. Pour caractériser la configuration des réseaux virtuels des droites extrêmes en France, je me suis servie du logiciel Gephy et des mesures classiques de l’analyse quantitative des réseaux sociaux qui décrivent leur densité, la position des nœuds (centralité, prestige-popularité et broker) et permettent de faire émerger des coalitions de communication entre regroupements de sites de différentes organisations (modularité) (Gerstenfeld, Grant et Chiang, 2003, p. 32).
12Si cette cartographie quantitative offre une « photographie » des réseaux virtuels des droites extrêmes en aidant à délimiter la population d’étude et à en saisir les caractéristiques principales, elle ne permet pas à elle seule de saisir les représentations de l’Autre véhiculées par ces organisations. Pour cette raison, j’ai intégré aux données quantitatives l’analyse qualitative du contenu des sites de ces groupes, une technique déjà utilisée dans les études sur l’activisme de droite extrême sur Internet (Tateo, 2005). Dans un premier temps, pour appréhender les représentations du groupe interne, j’ai réalisé une analyse qualitative du contenu des sites emboîtés dans les regroupements détectés par l’ARS. Ensuite, pour capturer les descriptions des groupes externes, j’ai procédé en deux étapes. À partir des catégories d’Autres identifiées dans la revue de littérature, j’ai d’abord réalisé une recherche par mots clefs sur les 77 sites afin d’identifier les exogroupes les plus récurrents dans le matériel Internet des droites extrêmes [9]. Puisque le fait qu’un groupe soit cité ne signifie pas forcément qu’il est considéré comme un opposant, j’ai ensuite affiné l’étude à l’aide d’une analyse qualitative du contenu de ces sites associés avec les groupes externes identifiés par les mots clefs. Il a ainsi été possible de détailler les argumentations nativistes et ethnocentristes déployées pour décrire les exogroupes et justifier l’incompatibilité avec l’endogroupe.
Anatomie du réseau : caractéristiques et protagonistes
13Le réseau Internet des droites extrêmes en France est représenté dans le graphique 1. Il inclut 77 nœuds/sites Internet et un total de 235 liens. Si cette cartographie n’est certes pas exhaustive, elle apporte un éventail assez vaste puisque la base de données rend compte de 77 sites et de 235 liens régulièrement actifs au cours des 12 derniers mois. Parmi les 77 sites, seule une petite partie appartient à des organisations qui participent aux élections aux niveaux local et/ou national, des partis politiques (3 %), alors que la plupart font référence à des organisations de mouvements sociaux (28 %) et surtout à des groupes plus restreints (69 %).
14Si la majorité des sites font référence à des organisations basées en France, on voit également apparaître sur le réseau quelques organisations étrangères [10]. La densité globale du réseau est de 0.04, c’est-à-dire que les liens actifs représentent 4 % de tous les liens potentiels. 34 sites n’ont pas de liens sortants vers d’autres sites, alors que 7 d’entre eux ont plus de dix liens sortants. 8 sites n’ont pas de liens entrants, alors que 5 sites ont plus de dix liens entrants.
Les réseaux Internet des droites extrêmes en France [11]
Les réseaux Internet des droites extrêmes en France [11]
Nœuds = 77, Liens = 235. La taille des nœuds est proportionnelle au nombre de liens entrants (plus il y a de liens entrants, plus grand est le nœud).15L’un des enjeux de l’analyse des réseaux est de comprendre si un ou plusieurs sites occupent une position centrale. La mesure de centralité de degré permet d’obtenir des informations sur la structure générale du réseau. Si un site a une valeur élevée de centralité de degré, la structure du réseau est centralisée et le site en question est crucial pour la circulation d’informations, sinon la structure du réseau est moins concentrée et donc plus distribuée autour de différents nœuds/sites (Freeman, 1979). Pour les sites considérés, la centralité de degré moyenne est de 3.052, ce qui signifie que le réseau des droites extrêmes en France n’est pas très centralisé, mais plutôt que la position centrale est occupée par plus d’un seul site. Si l’on suit la méthodologie de Burris, Smith et Strahm (2000) et Tateo (2005) pour l’analyse des réseaux des droites extrêmes, la mesure de degré entrant (c’est-à-dire le nombre de liens entrants provenant d’autres sites) peut être interprétée comme une mesure de la centralité d’un acteur dans le réseau. Dans l’analyse des réseaux, cette mesure est également appelée prestige ou popularité. Dans le réseau français, quatre sites disposent d’une mesure élevée de degré entrant : le site Égalite et Réconciliation qui fait référence à l’association dirigée par Alain Soral (21 liens entrants), le site Riposte Laïque (19 liens entrants) créé en 2007 par Pierre Cassen, Brigitte Bayle et Christine Tasin, le site des Étudiants de Toulouse Catholique (16 liens entrants, « Catholique » dans le graphique) et enfin le site du Front National (16 liens entrants). Parmi les quatre sites qui occupent une position centrale dans le réseau des droites extrêmes en France, Égalité et Réconciliation est celui qui dispose également du score de centralité intermédiaire le plus élevé du réseau (937.7). Une mesure de centralité intermédiaire élevée indique que le site se situe dans une position stratégique parmi les nœuds, reliant différentes zones du réseau, et ses liens entrants et sortants sont largement distribués à l’ensemble du réseau. Un tel acteur est appelé un broker (voir Krebs, 2000 ; Chauvac et Comet, 2015).
« Nous » et « eux » dans les réseaux des extrêmes droites
Des communautés de « nous » : orientations idéologiques et définitions du groupe interne
16L’ARS fait émerger des communautés de sites qui interagissent plus souvent entre eux qu’avec d’autres. Il s’agit de regroupements caractérisés par un nombre de liens hypertextes intra-communautaires important et un nombre d’arêtes intercommunautaires faible, identifiées par codes couleurs dans le graphique. La mesure de modularité permet d’explorer le partitionnement des nœuds d’un réseau en communautés. Ce réseau a une modularité de 0.433, ce qui suggère que le réseau des droites extrêmes a une structure de communautés significative. Les cinq communautés virtuelles découpent – au moins partiellement – les courants de l’extrême droite en France tels qu’ils ont été identifiés par Camus et Lebourg (2015, pp. 8-63). En outre, l’analyse du contenu de leurs sites révèle que ces communautés sont également porteuses de différentes manières d’envisager le groupe interne qui ne sont pas forcément alternatives. Les résultats apparaissent dans le tableau 1.
17S’il est difficile dans une comparaison si large de rendre compte de toutes les nuances idéologiques de chacun des sites trouvés, ces dernières n’étant en outre pas mutuellement exclusives [12] on peut néanmoins faire émerger quelques traits caractérisant les manières par lesquelles ces communautés définissent leur propre identité ou envisagent la « communauté nationale », le groupe interne.
« Nous » : tendances idéologiques dans le réseau Internet des extrêmes droites en France [13] [14]
Les nationalistes radicaux : ultra-laïcistes et ancrés au terroir
18Dans le réseau, l’orientation la plus représentée est celle que Camus et Lebourg appellent des « nationalistes radicaux » qui préfèrent investir l’arène non électorale et mettent au cœur de leur action politique une « expression non euphémisée de la question ethnique » (Camus et Lebourg, 2015, p. 51). Sur Internet ils représentent 30 % de tous les sites d’extrême droite recensés (23 sites) et apparaissent en gris dans le graphique 1. Le site Riposte Laïque en est le cœur, mais l’on retrouve également des sites comme le Bloc Identitaire, Résistance Républicaine et la Ligue du Midi. Autoproclamés défenseurs d’une identité nationale et/ou locale, ces groupes partagent une vision nativiste du groupe interne qui peut se nourrir soit d’une conception exclusiviste et ultra-assimilationniste de la citoyenneté jacobine (exemplifié par Riposte Laïque), soit d’un sentiment identitaire d’enracinement territorial, historique et civilisationnel communautariste (illustré par le Bloc Identitaire).
Les nationalistes révolutionnaires : localistes et différencialistes
19Le deuxième regroupement est constitué par des sites d’inspiration « national révolutionnaire » qui posent au cœur de leur engagement politique la volonté de « répondre aux revendications des milieux populaires, quant à leur statut et à leur condition de travail et en même temps à l’opposition très forte au marxisme » (Camus et Lebourg, 2015, p. 26). Il s’agit de 19 sites qui représentent 24,7 % de tous ceux recensés. C’est le site d’Alain Soral Égalité et Réconciliation qui en est au cœur, mais l’on y retrouve aussi le Front des Patriotes et des organisations qui font référence à des personnalités importantes de la Nouvelle Droite, comme Alain de Benoist. Se voulant les teneurs d’une approche métapolitique empruntée au gramscisme (Bar-On, 2008), ces sites partagent une vision nativiste du groupe interne que Taguieff a appelée, de manière provocatrice, « racisme différentialiste » (Taguieff, 1987). Dans cette conception la différenciation ethnique et culturelle entre les êtres humains continue à exister, mais elle n’implique pas la hiérarchisation des races (François et Lebourg, 2016, p. 32). Elle implique cependant l’impossibilité de la cohabitation de différentes ethnies/cultures dans le même territoire qui ne coïncide pas forcément avec les frontières de l’État, mais avec celles de la nation.
Les nationalistes catholiques : les paladins des racines chrétiennes
20Un troisième regroupement est celui des « nationalistes catholiques » qui incluent 20,8 % des sites de la base (19). Si ces sites partagent l’idée d’un ordre naturel d’inspiration catholique religieuse, ils ne partagent pas tous une vision intégrale du catholicisme (Camus et Lebourg, 2015, pp. 9-10). En fait, le site des Étudiants Catholiques de Toulouse est au cœur de cette congrégation qui inclut également des groupes radicaux comme l’Institut Civitas présidé par Alain Escada, la Manif pour Tous qui gravite autour de Virginie Merle, dite Frigide Barjot, ou des mouvements pro-vie comme SOS Tout Petits fondé en 1986 par Xavier Dor. Ainsi, ce regroupement inclut une constellation très variée d’organisations d’inspiration catholique modérée (comme les Étudiants Catholiques de Toulouse) ou traditionaliste et aussi intégriste/lefebvriste qui ne se reconnaissent pas dans le Concile Vatican II. Malgré cette hétérogénéité, ils ont en commun l’opposition à la modernité (Ferron, 2000) jugée en conflit avec les idéaux de vie « pure » et « bucolique » diffusés par certaines interprétations orthodoxes de la religion. En se posant comme les défenseurs de l’identité chrétienne de l’Europe, ces sites partagent une vision nativiste de l’ingroup construite autour du respect d’une morale religieuse traditionaliste et souvent intégriste.
Les nationalistes populistes et les royalistes : autochtones souverainistes
21Le quatrième regroupement est particulièrement hétérogène et inclut 14 sites (18,2 %) dont une majorité d’inspiration « nationale populiste » et d’autres « royalistes ». Au sein de ce groupe, on retrouve également le site de Robert Faurisson qui peut être plus précisément classé dans la famille des « négationnistes » (Igounet, 2012) [15]. Selon Camus et Lebourg (2015, p. 20) « le national-populisme conçoit l’évolution politique comme une décadence dont le seul peuple, sain, peut extraire la nation. […] il est l’apologiste d’un nationalisme fermé, recherche une unité nationale mutique et est altérophobe » alors que le royalisme se configure surtout comme « un nationalisme intégral, autoritaire, et décentralisateur, mettant par-dessus tout la notion d’ordre » (Camus et Lebourg, 2015, p. 22). Le site du Front National se situe au cœur de cette communauté et il est proche des sites d’organisations frontistes [16] comme notamment le Rassemblement Bleu Marine, Gollnisch, les Jeunes Actifs Patriotes, Jean-Marie Le Pen, le Collectif Marianne et SIEL. Plus éloignés, mais dans le même regroupement, l’on retrouve les royalistes de l’Action Française et de l’Action Royaliste d’inspiration maurrassienne, antidémocratiques et antiparlementaires. Au-delà de ces différences importantes, les sites frontistes et royalistes partagent une vision nativiste de l’ingroup construite autour d’une vision souverainiste du peuple « autochtone » où l’autoproclamé peuple « autochtone » peut être défini suivant une ou plusieurs des interprétations du groupe interne déjà décrites.
Les nationalistes autoritaires : l’ordre du passé
22Enfin, le regroupement le moins présent sur la toile est celui des « nationalistes autoritaires » (Camus et Lebourg, 2015, pp. 33-40), qui inclut seulement 5 sites : Réseau Identités, Jour de Colère, Jeune Nation [17], Caryatides et le Parti Nationaliste Français (6,5 %). Il s’agit notamment de groupes dont la raison d’être est de faire revivre un ordre passé (le pétainisme, le nazisme ou le fascisme mussolinien) ou une situation passée (l’Algérie française). Leur nativisme est basé sur une vision de l’ingroup comme étant composé d’individus se reconnaissant dans les principes de ces ordres passés et/ou militant pour le retour de situations passées. Les résultats montrent que les franges les plus extrêmes de la droite française – les skinheads – ne constituent pas un groupe en soi, mais que ces organisations sont assez éparpillées entre tous ces différents regroupements [18].
23Sur les 77 sites recensés, les manières de définir le groupe interne (les membres de la nation) peuvent insister sur des aspects différents – mais pas nécessairement antinomiques – de leur propre identité, pour s’opposer à l’Autre. Au-delà des spécificités de chaque site et de chaque regroupement, les visions nativistes et ethnocentristes qui structurent le réseau incluent toujours une combinaison de nationalisme (comme référence à une « nation » qui ne coïncide pas nécessairement avec les frontières de l’État) et de xénophobie qui nourrissent des visions inégalitaires des êtres humains. Cela se traduit par une forme de nationalisme extrême qui remet en question la possibilité d’obtenir la citoyenneté (et même la possibilité de résidence) des personnes soupçonnées de ne pas être capables ou de ne pas avoir la volonté de se comporter de manière loyale et patriotique vis-à-vis de la nation, telle qu’elle est définie par le groupe interne. Après avoir discuté les caractéristiques principales qui informent les communautés des « nous » des droites extrêmes sur Internet, je vais maintenant m’intéresser aux « eux » et à leurs représentations.
Les « autres » récurrents : groupes externes et représentations
24À partir de la classification des groupes externes discutée dans la revue de littérature et de l’analyse qualitative du contenu des sites, le tableau 2 offre un aperçu des Autres récurrents sur le réseau Internet des droites extrêmes. De gauche à droite, le tableau reporte le type d’exogroupe, un résumé des arguments principaux qui émergent pour décrire l’Autre et marquer les différences avec l’endogroupe, le nombre de sites qui citent le groupe externe en valeur absolue et en pourcentage sur le total des sites du réseau.
« Eux » : les groupes externes récurrents dans le réseau des droites extrêmes
« Eux » : les groupes externes récurrents dans le réseau des droites extrêmes
Nœuds = 77, Liens = 235L’islam et les musulmans : la peur de l’invasion et du « remplacement »
25Tous les sites du réseau contiennent des références à l’islam et/ou aux musulmans [19]. L’opposition à l’islam est nourrie d’arguments dans lesquels le groupe externe est présenté de manière très homogène et décrit comme une menace pour le groupe interne à travers deux cadrages principaux que nous distinguons pour faciliter l’analyse, mais qui peuvent en réalité s’entrecroiser : culturel et sécuritaire. Le cadrage culturel insiste sur l’impossibilité de concilier l’islam avec certains éléments représentés comme étant constitutifs de l’identité culturelle de l’ingroup : notamment le rapport à la religion, les habitudes alimentaires et les rapports hommes femmes [20]. Cinq argumentations principales sont mobilisées pour justifier la tension entre groupe interne et groupe externe sur des bases essentiellement culturelles. D’abord, la croyance en un laïcisme d’exclusion. Ces argumentations sont construites sur la base d’interprétations exclusionnistes de la laïcité qui soulignent l’impossibilité de concilier l’islam et ses pratiques religieuses avec une vision assimilationniste de la citoyenneté et une conception laïque de l’espace public. À ce propos, Riposte Laïque explique sur son site que « l’islam est vraiment incompatible avec la France et sa laïcité » [21]. Cette interprétation de la laïcité existe aussi chez Le Parti de la France [22]. Un autre argument récurrent est celui qui décrit l’islam comme une menace aux habitudes alimentaires du groupe interne qui subirait la diffusion non maîtrisée de la viande halal et la disparition d’ingrédients typiques (le cochon) des tables de France. Ainsi, le site Résistance Républicaine dédie une section entière à la production de la viande halal en expliquant que « désormais la majeure partie des animaux sont abattus en France de manière rituelle et non pas traditionnelle » [23]. De même, selon le site Vigilancehalal la diffusion de viande halal serait également à l’origine de risques sanitaires [24] et une menace pour les habitudes alimentaires de l’ingroup non seulement parce qu’elle forcerait l’entrée de certains produits dans la coutume alimentaire, mais aussi parce qu’il en ferait disparaître d’autres qui font partie du répertoire gastronomique traditionnel du pays. Ainsi le site de Riposte Laïque suggère de changer les ingrédients de certaines recettes traditionnelles pour reporter à table la viande de cochon – la seule qui ne peut pas être halal – comme dans un passage où le site suggère une variation au cochon du bœuf bourguignon [25]. Enfin, ces arguments s’accompagnent souvent d’une dénonciation du manque de respect des droits des animaux dans l’abattage rituel, comme exemplifié par le site Vigilance halal [26]. Ensuite, parmi les 77 sites, certains décrivent aussi l’islam comme une menace pour les droits des femmes et des homosexuels. Cette argumentation est construite à partir de l’idée que l’islam et sa loi fondamentale – la charia – imposent de profondes différences entre le rôle, les droits et les obligations des hommes et des femmes et ne reconnaissent pas l’homosexualité. À ce propos, Riposte Laïque écrit par exemple : « Le statut de la femme est la dernière des préoccupations des pays musulmans y compris ceux qui ont cherché à lui donner sa dignité [27]. » La même thèse est relayée par le site Ligue Francilienne [28]. Sur ces sites, on peut également retrouver un discours nativiste qui s’oppose à l’islam au nom des droits des homosexuels. Par exemple, le site Résistance Républicaine écrit : « La situation [des homosexuels] est pire en pays de charia, où la peine de mort est encourue [29]. » Ou encore, selon Riposte Laïque : « L’islam glorifie les pédophiles et tue les homosexuels [30]. »
26À ces trois explications mobilisées pour justifier la tension entre le groupe interne et les musulmans, s’ajoute que sur certains sites l’islam – sans aucune spécification – est également ciblé, car il serait porteur d’une religion fondamentaliste qui cache une idéologie impérialiste. Dans ces interprétations qui se nourrissent de la théorie du « choc des civilisations » de Huntington (souvent mentionnée sur ces sites), l’« Occident » est représenté comme étant en guerre contre un « monde musulman » indéfini qui aurait l’ambition d’imposer sa domination culturelle par une guerre civile pour pouvoir influencer la politique interne d’un autre pays, bénéficier de ses ressources économiques et éventuellement se substituer à la population existante. À ce propos, Riposte Laïque écrit : « L’islam n’est pas une religion. Il a qu’un but : la conquête des pays qui ne sont pas encore islamiques. Les musulmans sont sur nos terres pour les transformer en terres d’islam [31]. » Ces propos sont également relayés par le site du Bloc Identitaire [32]. Dans les argumentaires de ces organisations, l’islam n’est pas seulement perçu comme un « ennemi extérieur », mais aussi comme un « ennemi interne » en action dans la société française et notamment dans les prisons [33]. La théorie conspirationniste dite du « Grand Remplacement » élaborée par Renaud Camus et qui dénonce un processus de substitution des populations autochtones par d’autres populations provenant de l’Afrique noire et du Maghreb – pas exclusivement de religion musulmane – est mobilisée assez régulièrement pour nourrir ces arguments.
27Enfin, l’islam est également décrit comme une source de préoccupations internes à travers des cadrages à caractère purement sécuritaire. Après le 11 septembre 2001 et plus récemment avec les attentats de Paris, Bruxelles et Nice, l’islam est aussi perçu comme une menace pour la sécurité intérieure et extérieure de la France. Tous les sites ont du contenu qui fait référence à l’islam comme un danger sécuritaire. À cet égard, j’ai pu repérer qualitativement deux argumentations principales qui opposent l’islam et les musulmans sur des bases sécuritaires. Sur la plupart des sites, la violence est décrite comme étant intrinsèque à l’islam et les musulmans présentés comme agressifs, car inspirés par le Coran composé de récits violents et bellicistes. Ainsi Riposte Laïque explique : « Ils [les musulmans] veulent effacer toute trace de vie sur terre pour qu’il n’y ait plus personne pour témoigner de leurs retards abyssaux. […] Destructeurs, égorgeurs, vitrioleurs, génocidaires, leur histoire est née dans le sang, elle finira dans le sang » [34], une interprétation partagée par Résistance Républicaine [35]. Sur certains de ces sites, l’une des principales accusations soulevées vis-à-vis des minorités musulmanes est qu’elles ne seraient pas loyales à l’État dans lequel elles vivent, mais qu’elles constitueraient une « Cinquième Colonne », des partisans d’une organisation hostile, cachés au sein de l’État français [36]. Malgré ces différents cadrages et argumentations, l’opposition à l’islam s’accompagne toujours sur ces sites d’une peur liée à la taille du groupe externe qui est perçu comme étant important et en expansion continue [37].
Les migrants : les « déracinés » de la mondialisation (au service du capital)
28Un groupe externe classique pour l’extrême droite et que l’on retrouve sur 97 % des sites du réseau sont les migrants (Mudde, 1999). Au moment de l’analyse (2016), ce sont les migrants d’origine non européenne et les réfugiés qui sont au cœur de la propagande et notamment ceux de confession musulmane, alors que les migrants internes à l’UE reçoivent moins d’attention [38]. À côté d’un discours nativiste classique qui décrit les immigrés comme une menace pour l’homogénéité et le caractère distinctif des cultures des autochtones, ou pour le bien-être économique et la sécurité (Castelli Gattinara, 2016), trois argumentations principales sont mobilisées pour décrire les raisons de la tension entre migrants et endogroupe.
29Tout d’abord, la plupart des sites dénoncent le fait qu’il n’y ait pas de place pour les migrants, notamment après la crise financière commencée en 2008. Ainsi, le Front National écrit : « La progression très sensible de l’immigration professionnelle est particulièrement condamnable en pleine crise économique, alors que le chômage explose dans notre pays » [39], une interprétation partagée et relayée aussi par les sites Bruno Gollnisch [40] et Génération Identitaire [41]. Ensuite, plusieurs sites dénoncent le fait qu’il ne s’agirait pas de « vrais » migrants en difficulté, mais plutôt de migrants économiques qui choisissent de quitter leurs pays d’origine, alors que les conditions ne sont pas si mauvaises chez eux. Cette position est très claire dans le matériel contenu sur le site du Parti de la France [42] et de Riposte Laïque [43].
30Enfin, d’autres sites adoptent une posture de rejet vis-à-vis des migrants car ils représenteraient les déracinés d’une mondialisation dont seul le patronat bénéficie. Ce type de discours se nourrit d’argumentations nativistes à la fois culturalistes et économiques. En décrivant l’immigration notamment comme le résultat de la mondialisation, sans exprimer de solidarité, certaines extrêmes droites développent un discours dans lequel, paradoxalement, l’ingroup et les migrants sont décrits comme étant les victimes d’un même processus : le déracinement culturel imposé par la mondialisation et l’obligation de vivre dans des sociétés mélangées en opposition à la demande de ce que ces formations appellent « droit à la différence », de matrice différentialiste. Ainsi, le site Bloc Identitaire écrit : « Vivre sur la terre de ses ancêtres et selon leur mode de vie, c’est un droit non négociable, pour les Camerounais comme pour nous, Dauphinois et Français. […] L’immigration, c’est le déracinement, l’immigration, c’est un drame » [44], message auquel fait écho le site de la Ligue Francilienne [45]. En ce qui concerne les argumentations nativistes économiques, certaines franges des droites extrêmes voient les migrants comme de « nouveaux esclaves » à la merci du capital. Sans considérer que des conditions de vie et de travail inhumaines sont également des signes de discrimination par la population majoritaire, le site Égalité et Réconciliation relaie un billet d’Alain de Benoist qui résume cette position : « L’immigration, armée de réserve du capital [titre]. L’immigration a donc au départ été un phénomène patronal. Elle continue de l’être aujourd’hui. Ceux qui veulent toujours plus d’immigration, ce sont les grandes entreprises. Cette immigration est conforme à l’esprit même du capitalisme, qui tend à l’abolition des frontières » [46] ou encore le Front National : « L’immigration est utilisée par les puissances d’argent et le grand patronat pour peser à la baisse sur les salaires et les droits sociaux des travailleurs français. […] l’immigration n’est pas un projet humaniste, mais une arme au service du grand capital [47]. »
Les élites : le « politically correct » incapable de comprendre les « vrais gens »
3190 % des sites considérés font référence aux « élites ». Le terme désigne un amalgame indéterminé d’acteurs politiques, économiques et culturels. Les élites nationales sont critiquées en termes notamment nativistes et populistes, dans un discours qui les représente comme des traîtres aux intérêts de la nation, qui ne se préoccupent pas des besoins du peuple (autochtone) et qui lui mentent. Dans la plupart des sites, ces argumentations trouvent quatre déclinaisons principales. La première est directement inspirée de la tension entre libéralisme économique et libéralisme politique, cristallisée par la crise de l’euro et ses contrecoups. Ainsi, les extrêmes droites représentent les élites politiques comme étant homogènes et détachées de l’intérêt de la population autochtone, car au service de l’intérêt économique, des banques et des multinationales. Dans cette lignée, le Bloc Identitaire écrit : « Aujourd’hui, le clivage droite/gauche est totalement dépassé notamment en matière économique tant les politiques mondialistes des uns et des autres se suivent et se ressemblent » [48], une interprétation partagée par les Jeunes Actifs Patriotes [49]. Dans d’autres cas, la même élite est accusée de favoriser l’immigration et de permettre aux migrants d’exploiter l’État Providence [50], comme écrit le Front National [51].
32Pour conclure, pratiquement tous ces sites accusent l’élite politique, économique et culturelle d’être trop bien-pensante pour pouvoir comprendre les besoins des « vraies gens » ou des « tout petits ». Ainsi, le site Alaindebenoist en commentant la victoire de Trump aux États-Unis écrit : « Je comprends très bien qu’on puisse jubiler à l’entendre se moquer sans complexe du politically correct » [52] ou encore, Riposte Laïque fait une invitation : « Bobos antiracistes bien-pensants, lisez bien les propos d’Houria Bouteldja [porte-parole du Parti des Indigènes de la République] » [53] ou encore le Parti Nationaliste Français suggère : « Il faut arrêter d’écouter tous ces bien-pensants qui souhaitent l’assimilation [54]. » Enfin, ces sites considèrent aussi que les médias sont manipulés par les partis de gouvernement et seraient donc à leur service, dans le combat contre les « vrais » candidats antisystème, les droites extrêmes. Cette posture est bien représentée par le Front National [55] et par Riposte Laïque [56].
Les homosexuels : l’ennemi-ami
33L’homophobie existe à l’extrême droite, mais elle n’est pas commune à toutes les extrêmes droites (Mudde, 2007, p. 68) [57]. Dans le réseau en France, deux tiers des sites mentionnent les homosexuels féminins et masculins (72,7 %), bien que ceux-ci ne soient pas systématiquement représentés comme un groupe externe. L’on retrouve en fait deux argumentations différentes : l’une plus classique qui voit l’homosexualité comme un danger, l’autre comme un acquis déjà discuté de la société occidentale qui doit être défendu vis-à-vis de l’islam. Si les organisations inspirées par une conception de la citoyenneté ultra-assimilationniste et exclusionniste sont porteuses de l’approche « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », d’autres tiennent des discours différents.
34Pour les organisations de droite extrême d’inspiration religieuse traditionaliste, mais aussi traditionnellement pour le Front National (Crépon, 2015), l’homosexualité est problématique pour différentes raisons. D’abord, parce que l’homosexualité représenterait une perversion (et l’homosexuel est considéré comme déviant) par rapport à la conduite morale de l’ingroup. Ainsi, sur le site Jeunes Cathos, on lit : « Les “unions de fait” entre homosexuels constituent d’autre part une déplorable distorsion de ce qui devrait être une communion d’amour et de vie entre un homme et une femme [58]. » Ou encore le site Institut Civitas écrit : « Un Synode sur la Famille convoqué par le Pape va être une nouvelle occasion pour les ennemis de la Famille de manœuvrer pour tenter de dénaturer le mariage, légitimer les mœurs contre nature [59]. » Avec un ton ironique, le site du Groupe Union Défense souligne sa présence à la Marche des Fiertés de juillet 2016 à Paris [60]. Deuxièmement, l’homosexualité représenterait un danger pour la survie de la nation, car elle en empêcherait la reproduction. Emblématique de cette posture est la position du site de Bruno Gollnisch : « La loi [dite « mariage pour tous », loi n° 2013-404 du 17 mai 2013] est faite pour organiser la chose publique, dans l’intérêt général, et non pour répondre aux exigences catégorielles de tel ou tel groupe […]. Elle n’a donc à reconnaître comme institution que le mariage, seule forme d’union naturelle et stable entre un homme et une femme pour transmettre la vie [61]. » Selon d’autres parties des droites extrêmes, l’homosexualité serait simplement l’expression d’un « conformisme bourgeois », comme expliqué sur le site Égalité et Réconciliation [62]. Ensuite, d’autres sites argumentent leur aversion à l’homosexualité en la décrivant comme un choix sexuel qui ne déboucherait pas sur un modèle de famille dite « républicaine », présupposée hétérosexuelle et mariée [63]. Le site La manif pour tous est celui qui représente le mieux cette posture [64]. Enfin, certaines visions conspirationnistes représentent les homosexuels comme un « lobby » [65] qui interfère tant dans la politique interne que supranationale.
Les juifs : l’ennemi invisible (et la victime de l’islam)
35L’on peut sans doute débattre des formes que l’antisémitisme a pu revêtir dans l’histoire comme à l’époque contemporaine, notamment en ce qui concerne la critique envers l’État d’Israël (voir, pour une discussion, Taguieff, 2015 ; Mayer, 2004 ; Berstein, 1991), cependant le Juif a une place spéciale dans le monde des préjugés et particulièrement à l’extrême droite. Dans le réseau, 57 % des sites font référence au Juif. Si la plupart des Autres sont perçus comme étant relativement sans pouvoir, peu intelligents, et représenteraient un danger du fait de leur nombre, le Juif est un Autre « spécial », représenté comme intelligent et malin, et dont le pouvoir ne réside pas tant dans le nombre, mais dans le pouvoir d’un groupe étroit représenté comme étant interne et externe à l’État (Mudde, 2007, p. 79). Cette position peut s’accompagner de discours antisionistes plus classiques, elle est bien résumée sur le site Égalité et Réconciliation où on décrit « la communauté » juive comme « une communauté hyperpuissante aux USA et en Occident, qui rêve d’établir un gouvernement mondial avec comme capitale Jérusalem » [66]. Après l’Holocauste et surtout en Europe occidentale, les discours ouvertement antisémites continuent d’exister parmi les néo-nazis et des franges des catholiques traditionalistes, mais se font moins visibles dans d’autres franges des extrêmes droites, notamment les plus institutionnelles. Dans ce panorama, le FN de Jean-Marie Le Pen est considéré comme une exception. Bien que l’on puisse débattre du fait que l’antisémitisme constituait ou non le cœur idéologique du Front de Jean-Marie Le Pen, il a souvent été mobilisé, surtout pour attaquer d’autres politiciens (Fourquet, 2015). Dans les sites répertoriés, deux argumentations principales sont mobilisées pour décrire les raisons de la tension entre Juifs et endogroupe. D’abord, une soi-disant ingérence dans la politique interne et internationale en référence à l’État d’Israël et aux États-Unis fréquemment présentée par des argumentations conspirationnistes autour d’un « complot juif mondial » (Taguieff, 2007). Dans ces représentations, les Juifs vivant dans un pays peuvent également être représentés comme une cinquième colonne au service d’une puissance étrangère. Le site Égalité et Réconciliation écrit par exemple : « La Shoah génère depuis soixante-dix ans un flot ininterrompu de sommes astronomiques au titre des réparations/compensations aux victimes juives. En se penchant sur l’historique de ces versements, une convergence d’intérêts saute aux yeux : celle qui unit les dirigeants américains et certaines organisations juives d’outre-Atlantique, ligués pour faire payer les Européens et les obliger à traduire en espèces sonnantes et trébuchantes leur inépuisable culpabilité [67]. » Ou encore qu’il y aurait une collaboration entre l’État d’Israël et les terroristes islamistes dans les attentats du 11 septembre 2001 [68]. Riposte Laïque souligne encore que « parmi les mondialistes, on n’entend que des noms à consonance juive » [69]. Un autre argument répandu dans ces sites est celui du sectarisme religieux qui porte atteinte à la laïcité de l’État. Ainsi, sur le site de Riposte Laïque, on lit : « La moindre des choses, si les juifs renoncent effectivement au port de leurs signes religieux, serait d’exiger de toutes, absolument toutes les religions, qu’elles en fassent autant » [70], ou encore : « La ferveur à suivre scrupuleusement les règles leur [aux juifs] donne en plus un sentiment de supériorité […]. L’islam est similaire à la religion juive en ce qui concerne les sacrifices [71]. »
36Avant de conclure, il convient de souligner que, sur certains des sites proches du Front National et sur le site du Front National lui-même, pendant la période de cette recherche on constate l’émergence d’une série de propos philosémites anti-islam, ce qui n’est pas une tendance nouvelle si l’on regarde le cas d’autres formations d’extrême droite en Europe (Mudde, 2007, p. 83) et en France (Camus, 2007). Ainsi, sur le site du FN on lit par exemple : « L’augmentation de 91 % des actes antisémites recensés sur les sept premiers mois de l’année 2014 apporte une nouvelle fois la démonstration de ce que le Front National a toujours dénoncé : le développement d’un islamisme radical met en péril la sécurité de nos concitoyens [72]. »
Les Roms : la mendicité agressive
37Enfin, le groupe le moins cité dans le réseau est celui des Roms et des gens du voyage, qui apparaissent sur 50 % des sites. Bien que les extrêmes droites ne soient pas les seules interprètes de l’antitsiganisme, elles y participent activement (Sigona, 2005 ; Vitale, 2011). Sur Internet, les discours nativistes des droites extrêmes qui s’opposent aux Roms les décrivent comme un danger pour le groupe interne pour quatre raisons principales. Premièrement, car il s’agirait de populations considérées « primitives » qui vivent dans de très mauvaises conditions par choix plus que par nécessité. Ainsi, Égalité et Réconciliation écrit : « Lors de courts trajets en Europe occidentale, dans le but de pratiquer la mendicité de rue, les Roms gagnent des sommes qu’ils ne seraient pas en mesure d’atteindre chez eux » [73], mais aussi Riposte Laïque : « Il semblerait que partout où ils [les Roms] s’installent, avec ou sans autorisations (mais de préférence sans), ces sans-gêne et sans-éducation, soi-disant indigents alors que beaucoup se déplacent dans des véhicules que la plupart d’entre nous ne pourront jamais s’offrir, posent de nombreux problèmes aux populations autochtones [74]. » Deuxièmement, car les Roms seraient un danger pour la sécurité. Ainsi, sur le site du Front National, on lit un billet dédié à l’agression d’une militante à Paris : « Les auteurs de l’agression ont été clairement identifiés comme une bande organisée ; selon toute vraisemblance appartenant à la population rom qui s’épanouit dans la délinquance à Paris depuis déjà trop longtemps du fait d’une impunité quasi totale de la justice. […] Aujourd’hui, c’est le Front National que l’on attaque par le biais d’une de ses militantes, mais hier, aujourd’hui et demain, c’est toute la population parisienne [75]. » Troisièmement, car il s’agirait de parasites sociaux associés à une mendicité agressive et souvent violente. Selon Égalité et Réconciliation : « Ils [les Roms] font de la mendicité agressive, les gens ne veulent plus s’asseoir en terrasse [76]. » Et le Front National souligne : « En effet, c’est la mendicité rom dans son ensemble qui pose problème : elle est agressive, elle est aussi une diversion des voleurs qui écument les arrondissements centraux revendant ensuite le fruit de leurs larcins sur les marchés à la sauvette des arrondissements périphériques [77]. » Enfin, car les Roms seraient protégés par l’État. Ainsi, en commentant le cas René Galinier, un retraité reconnu coupable de deux tentatives de meurtre sur des adolescentes qui cambriolaient sa maison en juillet 2015, le Bloc Identitaire écrit : « René Galinier reste donc en prison parce que, Français de souche, il a tiré sur des Tsiganes et non sur des Bretonnes ! Et parce que les Gitans ayant le sens de la famille, paraît-il, ils pourraient décider de se faire justice eux-mêmes ! La justice française reconnaît donc qu’elle ne peut pas protéger “Papy Galinier” contre une vengeance ethnique [78] ! »
38L’analyse des représentations du groupe interne et des groupes externes permet de comprendre que, malgré les spécificités idéologiques et organisationnelles qui existent dans le camp des droites extrêmes et qui se reflètent sur Internet, certaines figures des groupes externes demeurent plus consensuelles que d’autres pour construire un réseau de solidarité virtuel. Ces résultats et leurs implications sont davantage discutés dans la dernière section.
Conclusion
39L’article visait à contribuer au débat sur la politique identitaire des droites extrêmes à partir d’une étude des communautés de cause qui se forment entre organisations différentes, autour de visions partagées du groupe interne et du groupe externe. Afin de dépasser les approches idiosyncratiques en termes d’organisation et/ou d’« ennemi » considéré, l’étude a combiné une analyse quantitative des réseaux sociaux avec une analyse qualitative du contenu des sites qui constituent le réseau.
40L’ambition de ce travail, qui vise à comparer des organisations et des endogroupes différents, tout en gardant une taille d’échantillon réduite afin de pouvoir développer une analyse qualitative de discours, a conduit à sous-estimer certaines facettes de cette problématique, de même que les approches et conceptualisations de l’Altérité à l’extrême droite. Malgré ces limites, les résultats soulignent d’ores et déjà qu’il existe une structure cohérente entre les sites de différentes organisations des droites extrêmes. Pour des recherches futures, il reste à comprendre si les sites qui y occupent une position centrale (Égalité et Réconciliation, Riposte Laïque, Étudiants Toulouse Catholique et le Front National) gardent leur centralité si l’on intègre à l’analyse d’autres sites Internet, notamment ceux des agences de presse et blogs – comme FdeSouche de Sautarel – de même que d’autres médias sociaux – comme Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat – et sites d’hébergement de vidéos, comme YouTube. Deuxièmement, la structure du réseau des extrêmes droites en France est plutôt dispersée et organisée autour de cinq regroupements de sites (nationalisme radical, nationalisme révolutionnaire, nationalisme catholique, nationalisme populiste et/ou royaliste, nationalisme autoritaire). Si ces communautés partagent une vision nativiste de l’ingroup qui combine nationalisme extrême (comme référence à une « nation » qui ne coïncide pas nécessairement avec les frontières de l’État) et xénophobie, ses déclinaisons peuvent varier, sans être nécessairement exclusives. Ces résultats suggèrent que les communautés de cause des extrêmes droites sur Internet peuvent fournir une offre différente et variée, adoptant la forme d’une galaxie peu structurée où interagissent des groupes assez différents, qui s’adressent à des publics différents autour des mêmes principes (nationalisme extrême et xénophobie). Une analyse plus fine demanderait d’approfondir l’importance des réseaux sociaux, d’une part à partir d’une étude approfondie de la nature de ces liens, notamment sur les raisons d’accord/désaccord entre les cinq regroupements, et d’autre part en se concentrant sur l’étude des liens entre les sites qui appartiennent à des courants distincts. Des pistes prometteuses qui requièrent plus d’analyse qualitative du contenu des sites et des entretiens avec les responsables de chaque site.
41Enfin, les résultats montrent que, parmi les Autres les plus récurrents sur les sites des extrêmes droites, certains sont communs à plus de 90 % des sites qui composent le réseau (musulman/e ; et immigré/e et élites), d’autres gardent leur importance, mais apparaissent moins régulièrement (homosexuel/le ; juif/ve ; Rom). L’une des tendances les plus intéressantes qui émerge concerne les groupes externes dont le rôle dans l’imaginaire des extrêmes droites semble se modifier, notamment le/la juif/ve et l’homosexuel/le (au moins dans le discours officiel) en lien avec l’émergence d’un nouveau exogroupe commun : l’islam. Il reste cependant à affiner la compréhension qualitative de ces représentations et de leurs évolutions dans le temps, afin appréhender si et dans quelles circonstances certains « ennemis » peuvent devenir des « amis » et lesquels. En outre, il serait également souhaitable d’affiner la méthodologie qui permet d’étudier l’importance relative de chacun de ces groupes externes au sein d’Internet, un travail qui demanderait une analyse quantitative systématique du matériau texte/audio/visuel sur chaque site. Finalement, il reste à comprendre dans quelle mesure ces communautés de cause virtuelles se traduisent dans la réalité offline, notamment dans des campagnes et/ou mobilisations conjointes entre partis et mouvements d’extrême droite. L’étude de la construction de l’Altérité dans le réseau Internet des droites extrêmes reste donc un champ d’étude prometteur qui pourrait bénéficier également d’approches comparatives tant en termes longitudinaux que spatiaux.
Liste complète des mots clefs identifiant l’Autre
Liste complète des mots clefs identifiant l’Autre
Note : Pour constituer le corpus des documents pour l’analyse qualitative, j’ai procédé en trois étapes. D’abord, j’ai extrait le contenu textuel des sites Internet jusqu’au 1er novembre 2016 à l’aide du paquet rvest de R. Ensuite, dans le texte extrait de chaque site, j’ai recherché les mots clefs qui apparaissent dans le tableau A. Finalement, j’ai réalisé une recherche par mots clefs directement sur les sites, lorsque l’option « rechercher » était disponible. Cela m’a permis de vérifier la fiabilité du corpus constitué, mais également de prendre en compte le matériel PDF, audio et vidéo portant sur les thèmes associés aux mots clefs.Liste des sites considérés
Liste des sites considérés
42Date: Novembre 2016
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Mots-clés éditeurs : politique identitaire, extrêmes droites, Internet, analyse des réseaux sociaux, France
Date de mise en ligne : 19/06/2017
https://doi.org/10.3917/res.202.0039Notes
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Ce travail a été réalisé avec le soutien du VOX-Pol Network of Excellence. Même menée par une chercheuse seule, toute recherche se nourrit d’échanges. L’auteure remercie le MediaLab de Sciences Po, François Briatte, Antoine Jardin et Gabriel Riboulet pour leurs précieux conseils sur les méthodes mobilisées. Les discussions avec Nonna Mayer et Tommaso Vitale du Centre d’Études Européennes de Sciences Po et celles avec Pietro Castelli Gattinara et Andrea Pirro de l’École Normale Supérieure de Florence ont nourri cette recherche. Pour la relecture, il faut s’armer de patience et de persévérance, des qualités qui n’ont pas manqué à Angéline Rochery. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude. Toute erreur éventuelle est celle de l’auteure.
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[2]
L’article suit la définition de « droite/s extrême/s » ou « extrême/s droite/s » de Mudde pour qualifier des organisations politiques qui prennent la forme de partis politiques, mouvements et/ou groupuscules et qui placent au cœur de leur message le nativisme et l’ethnocentrisme, l’autoritarisme et une vision populiste de la vie politique (Mudde, 1996, 2007).
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[3]
Comme le montre également une série de travaux non académiques (notamment Déchot, Briganti et Gautier, 2011 ; Albertini et Doucet, 2016).
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[4]
Voir, pour une discussion, Blee, 2007 ; Avanza, 2010 ; Bizeul, 2007.
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[5]
S’il existe plusieurs définitions du concept de préjugé (voir Mayer, 2014), ici le terme fait référence à une attitude préconstituée, généralement négative, envers un groupe ou envers ses membres. Elle peut se nourrir de stéréotypes liés au genre, à la sexualité, aux origines ethniques, au statut socio-économique, et/ou à la culture (Nelson, 2009, pp. 2-3). Les stéréotypes sont des croyances généralisées à tous les membres d’un groupe et qui ne sont pas forcément négatives ou fausses. Lorsque les croyances stéréotypées se combinent avec des attitudes et des émotions préjudiciables – comme la peur et l’hostilité – elles peuvent conduire à un comportement que j’appelle la discrimination (Lippmann, 1922).
-
[6]
Pour un débat sur les usages du concept d’islamophobie qui dépasse l’objectif de cet article, voir la discussion proposée dans CNCDH (2014, pp. 16-17) et l’analyse de sa genèse par Asal (2014).
-
[7]
Notamment les rapports annuels produits par la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme), le ministère de l’Intérieur, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (European Commission against Racism and Intolerance) et l’ancien Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia) créé en 1997, et devenu en 2007 l’ Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (European Union Agency for Fundamental Rights or Fundamental Rights Agency).
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[8]
La sélection manuelle a permis d’inclure les sites qui étaient toujours actifs et qui ont été régulièrement mis à jour dans les quatre mois précédant le 1er novembre 2016.
-
[9]
Pour plus de détails sur l’analyse qualitative du contenu et la liste complète des mots clefs, voir en annexe.
-
[10]
Il s’agit de l’English Defence Ligue, de CasaPound Italia, Zentropa, CathoBruxelles et du Vlaams Belang.
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[11]
La visualisation en couleur est disponible sur Cairn.info.
-
[12]
Une discussion approfondie sur la pertinence et les idiosyncrasies de chacune de ces catégories va au-delà de l’objectif de cette contribution qui est de repérer ce qui est commun aux différentes communautés et qui émerge par l’analyse des réseaux. Pour une discussion historique approfondie des tendances idéologiques dans les droites extrêmes en France, voir Camus et Lebourg (2015, pp. 8-63) et Taguieff (1985).
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[13]
La visualisation en couleur est disponible sur Cairn.info.
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[14]
Actif durant la phase de collecte des données, le site www.reseau-identités.org ne l’est plus fin novembre 2016. Il a été transféré sur la page Facebook https://www.facebook.com/ReseauIdentites/, consultée le 9 décembre 2016.
-
[15]
Même en étant un journal, le site du journal Charente Libre n’a pas été exclu de l’analyse, car il occupe une position très marginale dans le réseau et est faiblement connecté aux autres sites du regroupement et du réseau.
-
[16]
Pour une discussion détaillée sur les rapports entre le FN et les extrêmes droites radicales voir Lebourg (2015).
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[17]
Jeune Nation est actuellement un journal. Cependant, nous l’avons retenu dans la base, car il a été identifié comme l’organe officiel de Jeune Nation dissous (voir Algazy, 1984).
-
[18]
Voir notamment le collectif réuni autour du site d’Yvan Benedetti, Jeune Nation, mais aussi Troisième Voie de Serge Ayoub à présent reconverti dans un club de bikers, les Praetorians.
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[19]
Dans la propagande Internet de ces organisations, les termes islam et/ou musulman sont rarement différenciés.
-
[20]
Nous soulignons que parmi les groupes qui entrent dans cette catégorie il y en a certains qui tout en s’opposant à l’islam, ne se reconnaissent pas dans la laïcité républicaine. Il s’agit notamment des Jeunesses Nationalistes.
-
[21]
https://ripostelaique.com/chere-marine-lislam-est-vraiment-incompatible-avec-la-france-et-sa-laicite-videos.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[22]
http://www.parti-de-la-france.fr/Comment-la-laicite-devoyee-contribue-a-l-islamisation-de-la-France_a2631.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[23]
« En 2005, un rapport réalisé par le Comité permanent de coordination des inspections […] constate qu’en France 80 % des ovins, 20 % des bovins et 20 % des volailles seraient abattus selon le rite halal. Une autre étude du ministère de l’Agriculture précise qu’en France 32 % des bêtes sont abattues de façon rituelle. Or […] ce chiffre dépasse largement le volume des ventes étiquetées halal et commercialisées dans l’Hexagone. On est bien loin des 2,5 % de viande halal annoncés par la profession comme étant consommées en Île-de-France. » Disponible sur http://islamisation.fr/2016/09/29/dossier-complet-sur-la-viande-halal-les-chiffres-les-dangers-les-derogations-reglementaires/#more-5881, consulté le 6 décembre 2016.
-
[24]
http://vigilancehallal.com/risques-sanitaires/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[25]
http://ripostelaique.com/leffet-boeuf-de-le-foll-sauver-la-filiere-bovine-grace-au-halal-des-migrants.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[26]
http://vigilancehalal.com/bienvenue, consulté le 6 décembre 2016.
-
[27]
https://ripostelaique.com/accorder-des-droits-a-la-femme-musulmane-cest-tuer-lislam.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[28]
https://liguefrancilienne.com/tag/charia/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[29]
http://resistancerepublicaine.eu/2016/03/08/homosexualite-lennemi-ce-nest-pas-la-russie-mais-lislam/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[30]
https://ripostelaique.com/lislam-glorifie-pedophiles-condamne-a-mort-homosexuels.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[31]
Discours de Pierre Cassen à la 10e journée nationale et identitaire, disponible https://ripostelaique.com/chere-marine-lislam-est-vraiment-incompatible-avec-la-france-et-sa-laicite-videos.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[32]
https://www.bloc-identitaire.com/courant-identitaire/faq, consulté le 6 décembre 2016.
- [33]
-
[34]
https://ripostelaique.com/lislam-na-jamais-rien-apporte-dautre-a-lhumanite-que-la-mort.html, consulté le 6 décembre 2016.
-
[35]
http://resistancerepublicaine.eu/2016/10/24/du-mythe-de-la-majorite-musulmane-moderee/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[36]
http://islamisation.fr/2016/12/05/europol-alerte-sur-la-menace-terroriste-en-europe-dans-un-rapport-du-2-decembre/, consulté le 6 décembre 2016.
-
[37]
Des mots comme invasion, horde, etc., sont fréquents.
-
[38]
Comme ceux provenant d’Europe de l’Est qui attiraient l’attention des extrêmes droites dans les années 1990 et dont le « plombier polonais » du FN était un symbole.
-
[39]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 24 octobre 2016.
-
[40]
http://gollnisch.com/2012/06/07/les-francais-et-les-europeens-dabord/, consulté le 24 octobre 2016.
- [41]
-
[42]
http://www.parti-de-la-france.fr/Immigration-dans-le-Doubs-statistiques-officielles_a2515.html, consulté le 24 octobre 2016.
-
[43]
http://ripostelaique.com/ils-vous-imposent-des-migrants-contactez-liberte-et-entraide-cest-gratuit.html, consulté le 24 octobre 2016.
-
[44]
http://www.bloc-identitaire.com/actualite/1997/immigration-esclavage, consulté le 12 novembre 2016.
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[45]
https://liguefrancilienne.com/category/communication/, consulté le 10 décembre 2016.
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[46]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/L-immigration-armee-de-reserve-du-capital-16220.html, consulté le 24 novembre 2016.
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[47]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 24 octobre 2016.
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- [49]
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[50]
https://www.bloc-identitaire.com/actualite/3229/immigration-precipite-france-vers-chaos, consulté le 10 décembre 2016.
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[51]
http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/autorite-de-letat/immigration/, consulté le 10 décembre 2016.
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[52]
http://www.alaindebenoist.com/index.php/2016/05/12/donald-trump-un-populiste-seul-contre-tous/, consulté le 10 décembre 2016.
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http://ripostelaique.com/Bobos-antiracistes-bien-pensants.html, consulté le 10 décembre 2016.
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http://www.frontnational.com/2015/12/pour-la-gazette-des-communes-la-neutralite-politique-est-un-self-service/, consulté le 10 décembre 2016.
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[56]
http://ripostelaique.com/les-nouveaux-fachos-le-titre.html, consulté le 10 décembre 2016.
-
[57]
Même historiquement, l’homosexualité n’a jamais été une question tranchée parmi ces formations, il suffit de penser aux reconstructions sur l’homosexualité (présumée) de certains chefs de la Section d’Assaut (SS) de l’Allemagne nazie (Abrams, 2002), mais aussi dans l’Allemagne de l’après-guerre au cas du leader plus connu de la mouvance néo-nazie, Michael Kühnen.
-
[58]
http://www.jeunes-cathos.fr/questions-de-foi/catecheses-et-reflexions/paternite-de-dieu-et-paternite-dans-la-famille, consulté le 5 novembre 2016.
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