Couverture de RI_183

Article de revue

Note de lecture

Pages 159 à 160

Notes

  • [1]
    En français : « L’utilité d’un terme qui apparaît souvent davantage comme étant un bref salut à ce qui est actuellement à la mode. »
  • [2]
    Ce texte tire parti et réactualise une précédente recension parue dans History of Education Quarterly, février 2020, vol. 60, no 1, p. 107-110.
English version

Eckhardt Fuchs et Eugenia Roldán Vera (eds.). The Transnational in the History of Education: Concepts and Perspectives, New York, Palgrave Macmillan, 2019, 302 p.

1Cet ouvrage offre un point de vue intéressant sur les apports de l’approche transnationale à l’histoire de l’éducation. Dirigé par E. Fuchs et E. Roldán Vera, il fait suite au séminaire « The Concept of the Transnational » tenu à Istanbul en 2015, lors de l’International Standing Conference for the History of Education (ISCHE).

2Il rassemble neuf contributions d’auteurs ayant participé au séminaire, à la suite d’une introduction dense, théorique et historiographique, qui questionne les spécificités des approches transnationales en histoire de l’éducation. E. Fuchs et E. Roldán Vera y montrent comment l’éducation internationale est liée, historiquement, à l’émergence du concept de transnationalité. En effet, l’éducation internationale est le fruit d’un contexte particulier dans lequel le national comme unité d’analyse est fortement remis en cause, y compris dans les milieux pédagogiques, sous l’impulsion tout particulièrement des courants internationalistes d’éducateurs du début du xxe siècle. Ces acteurs, promoteurs entre autres de l’éducation internationale, élaborent de nouvelles logiques dans le domaine éducatif qui peuvent être qualifiées a posteriori de transnationales. Pour eux et à juste titre, c’est alors « la coopération internationale [qui est] la condition normative de la production et de la circulation des savoirs » (p. 5) et on assiste dès lors à la construction d’une nouvelle forme d’academic universalism (p. 5) qui influence l’éducation ainsi que de nombreux autres champs académiques.

3Les neuf articles examinent ensuite des objets de recherche en histoire de l’éducation sous l’angle transnational. Au fil de la lecture, on constate combien sont variés les appropriations et les usages des approches transnationales. Certains objets d’études demandent une combinaison d’approches liées à ce que l’on pourrait nommer la « grande famille transnationale » et c’est bien l’objet de recherche qui appelle à convoquer telle ou telle approche et non d’autres (Dorena Caroli, p. 71). Plus encore, certains articles adoptent des positions à l’opposé d’une lecture de l’histoire transnationale de l’éducation considérée comme une méthodologie stable et unique et mettent en évidence, au contraire, l’aspect polymorphe du terme. Comme Christine Mayer le dit très bien, il existe tant de propositions et de définitions contradictoires de l’histoire transnationale, selon le contexte et le positionnement de l’historien (p. 52). L’histoire transnationale peut ainsi fonctionner comme un générique pouvant s’appliquer à des pratiques variées, tout en proposant un cadre terminologique alternatif face à l’histoire dominante, nationale, eurocentrée. Pour Rebecca Rogers, plutôt qu’une approche méthodologique, le transnational représente une posture, un positionnement du chercheur et un moyen d’aller au-delà des logiques nationales (p. 120). Cette lecture permet, selon elle, d’atténuer « the usefulness of a term that often appears more like a nod to what is currently fashionable » (« le caractère d’utilité d’un terme qui apparaît souvent comme un acquiescement à la mode », p. 121) [1].

4Dans la lignée de nombreux historiens de l’éducation, les auteurs de cet ouvrage rappellent que l’usage des approches transnationales permet de déjouer la tendance d’une histoire nationale à être fermée sur elle-même. En cela l’histoire de l’éducation a tout à gagner d’une perspective qui tient compte des interdépendances entre les acteurs, les institutions et les concepts à travers l’histoire (p. 29). De ce fait, penser des cadres d’analyse en termes transnationaux permet également de réfléchir et de se positionner face à des instrumentalisations actuelles de l’histoire et de l’éducation à l’ère de Donald Trump et de la résurgence de discours nationalistes ou xénophobes dans l’arène politique mondiale (p. 12). R. Rogers ajoute une piste intéressante qui renforce encore l’intérêt de questionner l’influence du national dans les recherches (p. 120). Pour elle, le transnational devrait pousser à interroger la nation comme unité d’analyse mais également comme entité conditionnant le travail d’analyse des sources de l’historien. La localisation des archives, les subventions à la recherche ou les réglementations nationales ou transnationales qui régulent l’accès aux archives, voilà donc des sujets dont l’historien doit se préoccuper [2].


Mise en ligne 27/10/2020

https://doi.org/10.3917/ri.183.0159

Notes

  • [1]
    En français : « L’utilité d’un terme qui apparaît souvent davantage comme étant un bref salut à ce qui est actuellement à la mode. »
  • [2]
    Ce texte tire parti et réactualise une précédente recension parue dans History of Education Quarterly, février 2020, vol. 60, no 1, p. 107-110.
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