Notes
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[1]
Compte-rendu par Jean-Marc Delaunay, « Relations franco-espagnoles autour de la Première Guerre mondiale. Colloque de Madrid, 20-22 mai 1981 », Mélanges de la Casa de Velázquez, XVIII/2, 1982, pp. 129-130, 134.
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[2]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne contemporaine entre guerres civiles, européennes et coloniales », colloque scientifique du 23e Congrès de la Société des hispanistes français (SHF), Montpellier, 20-22 mai 2011, Le Monde ibérique et la guerre, SHF, 2014 [à paraître].
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[3]
Cité par Albert Mousset, La política exterior de España 1873-1918, avec une préface du comte de Romanones (août 1917), Madrid, Biblioteca Nueva, 1918, p. note 1, qui, d’après une étude de Praxedes Zancada, La guerra europea en su aspecto político, Madrid, 1915, p. 309, situe la déclaration à l’automne 1914. Évoquée par Manuel Espadas Burgos, « España y la Primera Guerra mundial », in Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir), La política exterior de España en el siglo XX, UNED, 2000, p. 98, qui parle de « peu de jours avant l’éclatement de la guerre » (fin juillet 1914).
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[4]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne un allié oublié ? Les relations franco-espagnoles au début du xxe siècle », Relations internationales, n° 106, été 2001, pp. 151-163.
-
[5]
Sur l’année 1914 : Jean-Marc Delaunay, « 1914. Les Espagnols et la guerre »,inJean-Jacques Becker (dir.),Les Sociétés européennes et la guerre de 1914-1918, Colloque, Nanterre, université de Paris-X-Nanterre, 9-12 décembre 1988, Paris-Nanterre, 1990, pp. 117-132. L’expression sur Sébastopol (1854-1855) est tirée de Luis Bello, España durante la guerra, Madrid, 1918, pp. 58-59.
-
[6]
Documents Diplomatiques Français (ci-après : DDF), série 1914-1919, vol. I (3 août-31 décembre) 1914, doc. n° 3.
-
[7]
Carlos Seco Serrano, cité par Enrique Moradiellos, « La política europea, 1898-1939 », in La política exterior de España en el siglo xx, revue Ayer n°49, Madrid, M. Pons, 2003, pp. 61-62.
-
[8]
La Suisse (1815), la Belgique (1831/1839), le Luxembourg (1867), sans omettre la toute naissante Albanie (conférence des ambassadeurs, Londres 1913). Seule, la Suisse verra son statut respecté.
-
[9]
Fondation Antonio Maura, Madrid (ci-après : FAM), Papiers A. Maura, et Archives Real Academia de la Historia, Madrid (ci-après : ARAH), Papiers Dato, correspondance juillet-novembre 1914.
-
[10]
Michel Héron, Les Relations franco-espagnoles de 1914 à 1918, mémoire de maîtrise, dir. Jean-Baptiste Duroselle, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, 1973, p. 96.
-
[11]
Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale. Les relations franco-espagnoles de la fin du xixe siècle à la Première Guerre mondiale, vol. II : Les relations coloniales, Paris, L’Harmattan, 2010, pp. 849-878. Sur l’attitude générale des carlistes envers la France, ibid., vol. I : Les relations métropolitaines, p. 332.
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[12]
La Belgique, alors pays neutre, menait aussi des opérations d’exploration ou de pacification dans le bassin du Congo en août 1914. De même, Portugais et Néerlanda is dans leurs territoires.
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[13]
Jean-Marc Delaunay, notice « Espagnols, volontaires (1914-1918) », in Paul-André Comor (dir.), La Légion étrangère. Histoire et dictionnaire, Paris, R. Laffont, coll. « Bouquins », 2013, pp. 345-347.
-
[14]
Sur ces volontaires, David Martínez i Fiol, Els « voluntaris catalans » a la Gran Guerra (1914-1918), Publicacions de l’Abadia de Montserrat, S.A., 1991, et Jean-Marc Delaunay, « Tous Catalans ? Les combattants espagnols de l’armée française, 1914-1918 »,inDes étoiles et des croix : mélanges offerts à Guy Pedroncini, Paris, Economica, 1995, pp. 309-323.
-
[15]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n°s 12, 60, 77, 86, du 4 au 18 août 1914 (sur Tanger). En juin 1940, l’Espagne, profitant de la défaite française, prendra en mains l’autorité complète dans la zone.
-
[16]
Salvador Bermúdez de Castro y O’Lawlor, Marquis de Lema, La dimisión del Marqués de Villaurrutia de la Embajada de España en París (1914), Madrid, 1929, p. 6.
-
[17]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n° 116, Geoffray (Madrid) à Doumergue (Paris), par Hendaye, 24 août 1914.
-
[18]
ARAH, Papiers Dato, rapport sur l’évolution de la vision de la neutralité chez Romanones, 1914-1918, s.d. Un bel exemple de « surveillance de la communication » d’un adversaire politique. Vision reprise par l’académicien Carlos Seco Serrano, « De los comienzos del reinado a los problemas de la posguerra (1902-1922) », in t. XXXVIII(1) de José Marìa Jover Zamora (dir.), Historia de España, Menéndez Pidal, Espasa Calpe, Madrid, 1995, pp. 328-344.
-
[19]
La Veu de Catalunya, 20 août 1914, cité par Manuel Espadas Burgos, op. cit.
-
[20]
DDF, série 1914-1919, vol. II, 1915/I, doc. n° 153, Geoffray (Madrid) à Delcassé (Paris), 4 février 1915, qui évoque une vague de sympathie envers la Belgique.
-
[21]
Fils d’une archiduchesse autrichienne, époux d’une princesse britannique, le Roi était aussi orphelin de naissance.
-
[22]
Jean-Marc Delaunay, « Le “grand dessein européen” d’Alphonse XIII (1914-1918). De médiations en illusions », in Lucien Bély (dir.), La Présence des Bourbons en Europe xvie-xxie siècle, Paris, Puf, 2003, pp. 321-335 (colloque, Université Paris-IV Sorbonne, 1er-2 décembre 2000).
-
[23]
Jean-Marc Delaunay, Des Palais en Espagne. L’École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au cœur des relations franco-espagnoles du xxe siècle (1898-1979), Madrid, Bibliothèque de la Casa de Velázquez, n° 10, 1994, pp. 88-153.
-
[24]
Les Carnets du cardinal Alfred Baudrillart. 1er août 1914-31 décembre 1918, Cerf, Paris, 1994. Diverses études ont été consacrées à ce comité, également actif en Italie (Saint-Siège) et aux États-Unis.
-
[25]
Paul Aubert, « La propagande étrangère en Espagne pendant la Première Guerre mondiale », in Españoles y Franceses en la primera mitad del siglo xx, CSIC, Madrid, 1986, pp. 357-411. Du même auteur, la thèse de 3e cycle, La Presse et son public (1914-1918), Université de Pau, 1983. Aussi, Antonio Niño Rodríguez, Cultura y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, Madrid, CSIC, 1988, pp. 261-341, et Jean-Marc Delaunay, Des Palais en Espagne, op. cit., pp. 88-153.
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[26]
Éléments d’une bibliographie des livres, brochures et tracts imprimés ou publiés en Espagne de 1914 à 1919 et relatifs à la guerre mondiale, Tello, Madrid & Collemant, Paris, 1919. Près de mille titres. Un second fascicule annoncé ne semble pas avoir été publié.
-
[27]
Fernando Díaz-Plaja, Francofilos y germanofilos. Los Españoles en la guerra Europea, Dopesa, coll. « Imagenes históricas de hoy, », Barcelone, 1973, 366 p. Un ouvrage pionnier mais confus.
-
[28]
Ainsi París bombardeado (Paris sous les bombes) publié par Azorín en 1921 est-il une compilation d’articles parus dans le journal ABC de Madrid (1918). Également, Los cuatro jinetes de la Apocalipsis (Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse) de Blasco Ibañez (1916).
-
[29]
Le Monde du 16 janvier 2014, Supplément Europa, p. V, d’après une correspondance de El País. Ce monsieur, en maison de retraite près de Madrid, était originaire d’Aldeadávila de la Ribera (Salamanque).
-
[30]
Nous reviendrons sur cette question, parmi bien d’autres, dans notre livre en préparation, Guerres d’Europe et d’Afrique. Les relations franco-espagnoles de l’été 1914 à la fin des années 1920, qui sera la suite de notre thèse Méfiance cordiale..., op. cit.
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[31]
Une exception : des heurts parfois violents eurent lieu en Afrique australe entre Allemands et Portugais neutres dès le 25 août 1914 (Mozambique) et jusqu’en décembre 1914 (Angola).
-
[32]
Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve (ci-après : AMAE-La Courneuve), Guerre 1914-1918, 1088, tél. s.n°, Ambassade de Londres au Département, 18 août 1915, information de l’attaché naval français, parlant de l’Isidora (sic).
-
[33]
Francisco Javier Ponce Marrero, Canarias en la Gran Guerra 1914-18 : estrategia y diplomacia. Un estudio sobre la política exterior de España, Cabildo de Gran Canaria, Las Palmas, 2006 ; Carolina García Sanz, La Primera Guerra mundial en el estrecho de Gibraltar : economia, política y relaciones internacionales, Madrid, CSIC, 2011 ; Fernando García Sanz, España en la Gran Guerra. Espías, diplomáticos y traficantes, Barcelone, Galaxia Gutenberg-Circulo Lectores, 2014.
-
[34]
ARAH, Papiers Romanones, 35, tél. s. n°, Ambassade d’Espagne à Paris (León y Castillo) à Romanones, 11 mai 1916.
-
[35]
The National Archives, Londres, FO 800/77, Papiers Grey, vol. 38, lettre de l’Ambassade de Grande-Bretagne à Madrid (A. Hardinge) au Foreign Office (Grey), 25 septembre 1916. Romanones, membre de la famille Figueroa, était lié à la firme minière française Peñarroya.
-
[36]
Lilian Gelos de Vaz Ferreira, Die Neutralitätpolitik Spaniens, Hambourg, Institut fu?r Auswa?rtige Politik, 1966, pp. 188-197, qui ne classe pas les dits qualificatifs, recueillis dans des articles, des ouvrages, des discours et des documents d’archives espagnoles de l’époque. Albert Mousset, « L’Espagne et la guerre », Revue des nations latines, Florence, 1er mai 1916, est cité cinq fois et la revue Le Correspondant, de Paris, deux fois. Le reste est d’origine nationale.
-
[37]
Sur ces catégories, l’article d’Éric Schnakenbourg dans ce numéro de Relations internationales.
-
[38]
Enric García Domingo, ¿España neutral?: la marina mercante española durante la Primera Guerra Mundial, Madrid, Real del Catorce Editores, 2005.
-
[39]
Les archives de l’Office colonial du Reich, consultées à Potsdam en 1991, regorgent de démarches à ce sujet. En février 1918, plus de 900 Allemands du Cameroun (902 exactement) étaient retenus en Espagne. Nous y reviendrons dans Guerres d’Europe et d’Afrique..., op. cit.
-
[40]
Le thème a été traité par l’un des principaux protagonistes, P[aul]-Louis Rivière, Un centre de guerre secrète. Madrid 1914-1918, Paris, Payot, 1936. Outre Fernando García Sanz, op. cit., Eduardo González-Calleja et Paul Aubert, Nidos de espías. España, Francia y la guerra mundial, Madrid, Alianza, 2014.
-
[41]
Archives du Palace Hotel àMadrid, registres de clientèle 1914-1918, n°s 6 à 15 : von Krohn, von Winterfeld, Hofer, Lewin, Thoroton, Huot, Marthe Richer, Bolo Pacha, Denvignes, Lévis-Mirepoix, Warluzel, Calmann-Lévy, etc. Mata Hari (la Néerlandaise Margaretha Zelle) logeait au Ritz Hotel proche (registres non disponibles) et chez ses amants : Fred Kupfermann, Mata Hari, Bruxelles, Complexe, 1982, pp. 71-84.
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[42]
Eduardo González-Calleja, « El servicio de información de la marina francesa en España durante la gran guerra (1914-1919) », in Xavier Huetz de Lemps, Jean-Philippe Luis (dir.), Sortir du labyrinthe. Études d’histoire contemporaine de l’Espagne. En hommage à Gérard Chastagnaret, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, pp. 431-454.
-
[43]
Mercedes Cabrera, Juan March (1880-1962), Madrid, M. Pons, 2011, pp. 77-92. On le vit passer à diverses reprises, en famille, au Palace Hotel.
-
[44]
Francesco Correale, La Grande Guerre des trafiquants. Le front colonial de l’Occident maghrébin, Paris, L’Harmattan, 2014, qui cite Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, op. cit., vol. II, sans l’utiliser !
-
[45]
De façon concomitante et non concertée, Jean-Claude Allain et Jean-Marc Delaunay ont utilisé le même terme de « course aux alliances » dans leurs notices de L’Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004, pp. 469 (J.-C. Allain, « Les négociations ») et 857 (J.-M. Delaunay, « Les neutres européens »). Dans la nouvelle édition, dite du Centenaire (Paris, Bayard, 2013), pp. 441 (Allain) et 805 (Delaunay).
-
[46]
Alan Dobson, Anglo-Spanish Relations in the First World War 1914-1918, Ph. D., Université de Birmingham, 1982, pp. 367-378. L’affaire avait déjà été évoquée en 1868, 1882, 1890 avant d’être relancée en 1917. Bullitt Lowry, « El indefendible Peñón. Inglaterra y la permuta de Gibraltar por Ceuta de 1917 a 1919 », Revista de politica internacional, n° 153, Madrid, 1977, pp. 195-204, et d’autres cités par Susana Sueiro Seoane, dans Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir.), op. cit., pp. 150-151 note 34.
-
[47]
Nuno Severiano Teixeira, L’Entrée du Portugal dans la Grande Guerre : objectifs nationaux et stratégies politiques, préface de Jean-Jacques Becker, Paris, Economica, 1998 ; Hipólito de la Torre Gomez, Antagonismo y fractura peninsular. España-Portugal,1910-1919, Madrid, CSIC, 1983, et « Portugal frente al “peligro español” (1910-1936) », Proserpina, Merida, décembre 1984, pp. 59-79.
-
[48]
José Antonio Montero, « Las relaciones hispano-americanas en los años de la Primera Guerra Mundial », Cuadernos de historia contemporánea, n° 24, 2004, pp. 36-42, résumé de sa thèse soutenue à la Complutense de Madrid en 2003 (dir. Antonio Niño Roddríguez), El despliegue de la potencia americana: las relaciones entre España y los Estados Unidos (1898-1930).
-
[49]
Juan Carlos Pereira, Introducción al estudio de la política exterior de España (siglos xix y xx), Madrid, Akal, 1983, p. 155.
-
[50]
Cité aussi par M. Espadas Burgos, op. cit., p. 98.
-
[51]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne, puissance protectrice de la fin du xixe siècle au début du xxie siècle »,Relations internationales, n° 143, 2010, pp. 51-60 (avec introduction au colloque IHRIC-IHEID, Genève, 28-29 mai 2010, Entre guerres et ruptures, la protection dans les relations internationales, en collaboration avec Daniel Bourgeois, pp. 3-6).
-
[52]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne, protectrice des intérêts français en Palestine au crépuscule de la domination ottomane, 1914-1918 », in Walid Arbid, Salgur Kançal,Jean-David Mizrahi, Samir Saul (dir.), Méditerranée, Moyen-Orient : deux siècles de relations internationales.Recherches en hommage à Jacques Thobie, Varia Turcica XXXIV, Paris, L’Harmattan, 2003, pp. 95-107, et « En toute discrétion. L’Espagne, protectrice des intérêts français en Allemagne 1914-1919 », in Jean-Marc Delaunay (dir.), Aux vents des Puissances. Hommages à Jean-Claude Allain,Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2008, pp. 195-208.
-
[53]
Nuño Aguirre de Cárcer (dir.), La Neutralidad de España durante la Primera Guerra mundial, 1914-1918, vol. I (unique), Bélgica, Madrid, MAE, 1995, et Álvaro Lozano Cutanda, « Algunas gestiones de mediación del Marqués de Villalobar durante la Primera Guerra Mundial », Espacio, tiempo y forma, V, t. 17, 2005, pp. 93-117. Après l’entrée en guerre des États-Unis, un Comité hispano-néerlandais fut installé à l’été 1917. Du même auteur, El marqués de Villalobar. Labor diplomática 1910-1918, El Viso, Madrid, 2010.
-
[54]
Víctor Espinos Moltó, Alfonso XIII y la Guerra. Espejo de neutrales, Madrid, Mumbert, 1918, rééd. 1977 ; Journal « La Monarquia », La piedad de Alfonso XIII en aquellos dias trágicos, Madrid, 1920 ; Juan Cortés-Cavanillas, Alfonso XIII y la guerra del 14. Una documentación inédita y sensacional del archivo privado de Alfonso XIII en el palacio real de Madrid, Madrid, Arce, 1976, et Juan Pando, Un Rey para la esperanza. La España humanitaria de Alfonso XIII en la Gran Guerra, Madrid, Temas de Hoy, 2002. La mode de l’hommage au roi humanitaire avait été lancée dès la guerre par des visiteurs étrangers, principalement français (Mousset encore et alii). Le roi recevra des mains du maréchal Joffre la Médaille de la Reconnaissance française à Madrid en 1920.
-
[55]
Santiago Roldan, José Luis García Delgado, Juan Muñoz, La formación de la sociedad capitalista en España 1914-1920, 2 t., Madrid, Cajas de ahorro, 1973.
-
[56]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n° 275 (6 000 pistolets Orbea d’Eibar) et n°s 298 et 304 (démarche pour canons de 75) et 330 (rachat manqué de mitrailleuses malgré l’accord secret du Roi).
-
[57]
Pierre Bouyoux, L’Opinion publique à Toulouse pendant la première guerre mondiale, thèse 3e cycle, dir. J. Godechot, Université de Toulouse, 1970.
-
[58]
Jean-Marc Delaunay, « Les crédits Urquijo et la France en guerre », Mélanges de la Casa de Velázquez, Madrid, 1984 (t. XX), pp. 339-353.
-
[59]
Albert Broder, Histoire économique de l’Espagne contemporaine, Paris, Economica, 1998, pp. 149-154.
-
[60]
Gerald H. Meaker, « A Civil war of words: The ideological impact of the First World war on Spain, 1914-1918 », in Hans A. Schmitt (dir.), Neutral Europe between War and Revolution 1917-1923, Charlottesville, Presses universitaires de Virginie, 1988, pp. 1-65. Francisco Romero Salvadó, España 1914-1918. Entre la guerra y la revolución, Barcelone, Crítica, 2002 (édition anglaise, 1999) et « España y la Primera Guerra mundial. Neutralidad y crisis », in Sebastian Balfour et Paul Preston (dir.), España y las grandes potencias en el siglo xx, Barcelone, Crítica, 2002, pp. 17-33. Du même Francisco Romero Salvado, The Foundations of Civil War: Revolution, Social Conflict and Reaction in Liberal Spain, 1916-1923, New York/Londres, Routledge, 2008. Aussi, Juan Avilés Farré, « El impacto de la revolución rusa en España, 1917-1922 », in Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir.), op cit., pp. 117-133. Au moment de conclure, signalons l’article de notre collègue politiste Javier Moreno Luzón, « Neutralidad convulsa » (Neutralité convulsive), El País, 31 mai 2014.
-
[61]
Fernando María de Castiella, Una batalla diplomática, Barcelone, Planeta, 1976, pp. 26-27, d’après les mémoires du comte de Romanones, Las responsabilidades del antiguo régimen, Madrid, Renacimiento, 1924, pp. 97-102. G. Solé, « La incorporación de España en la Sociedad de Naciones », Hispania, Madrid, n° 132, 1976, pp. 131-169.
-
[62]
Sur cette question : Vincent Laniol, « Les diplomates français et les neutres européens au sortir de la Grande Guerre (1918-1920) », Relations internationales, automne 2014, n°159, pp. 83-100.
-
[63]
Général Mordacq, Le Ministère Clemenceau. Journal d’un témoin (1917-1920), t. III, Paris, Plon, 1931, pp. 281-282. Sur l’avant-1914, Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale..., op. cit.,vol. I, p. 431.
-
[64]
Jean-Marc Delaunay, « Souvenir de Miguel de Unamuno, 1936-1986. Ses liens avec Maurice Legendre et la Casa de Velázquez », Mélanges de la Casa de Velázquez, Madrid, 1986, t. XXII, p. 418.
-
[65]
Nous y reviendrons dans Guerres d’Europe et d’Afrique..., op. cit.
-
[66]
Jean-Marc Delaunay, « Les neutres européens », dans Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004, pp. 855-866 (nouvelle édition dite du Centenaire, 2013, pp. 803-814).
-
[67]
Fernando Maria de Castiella, op. cit., pp. 27-34.
-
[68]
AMAE-La Courneuve, Papiers d’agents, n° 141, Papiers Pichon, vol. VI, copie lettre Romanones (Madrid) à Pichon (Paris), 30 novembre 1918. Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne et la Grande Guerre », in Jean-Claude Allain (dir.), La Moyenne puissance au xxe siècle: recherche d’une définition : table ronde, Paris, IHCC, 1989, pp. 145-150.
-
[69]
Rosa Pardo Sanz, « España ante el conflicto bélico de 1914-1918 : ¿ una esplendida neutralidad ? », in Salvador Forner, Coyuntura Internacional y Política española, Alicante, 2010, pp. 45-63.
-
[70]
Vincent Laniol, « L’article 231 du traité de Versailles, les faits et les représentations. Retour sur un mythe », Relations internationales, n° 158, printemps 2014, p. 17 : Wilson fut touché par la grippe espagnole au début de 1919, tout comme le roi d’Espagne, affecté de problèmes oto-rhino-laryngologiques sérieux depuis sa jeunesse. Une vaste littérature existe sur ce thème, objet encore aujourd’hui d’études épidémiologiques et historiques.
1Seuls, trois États européens ont pu demeurer neutres dans les grands conflits contemporains, de 1815 à nos jours. L’Espagne fait partie de cette liste très courte en compagnie de la Suisse et de la Suède. La neutralité est une réalité tangible, de tradition plus ou moins ancienne, de rapport de forces plus ou moins récent, de volonté plus ou moins affirmée. Savoir où est sa place dans les relations internationales, pouvoir l’assumer, vouloir la faire respecter sont des atouts précieux de survie lors des épreuves internationales, jamais très éloignées des troubles internes. Reconnue comme un état de fait permanent et positif à l’époque moderne – ainsi les cantons suisses ou certains pays scandinaves – la neutralité, qui remonte à l’Antiquité, était devenue une norme juridique au xixe et au début du xxe siècle à travers divers textes principalement commerciaux mais aussi militaires.
2Ainsi, l’abstention espagnole dans la Première Guerre mondiale semble avoir été acceptée massivement et envisagée plus sereinement au-delà des frontières du pays. Jean-Baptiste Duroselle l’avait clairement dit, lors d’un colloque à Madrid tenu en mai 1981, à la Casa de Velázquez. L’Espagne n’avait, selon lui, aucun intérêt majeur à défendre au cœur de l’été 1914. Sa non-participation à un conflit européen était inévitable, voire « parfaite », propos approuvés par les collègues espagnols et français alors présents. La neutralité espagnole relevait d’un sentiment très naturel, celui de ne pas vouloir souffrir des rigueurs des combats alors qu’aucune menace ne le justifierait [1]. Un propos certes diplomatique mais fondé.
Une neutralité historique ?
3Le temps des grandes luttes européennes était un souvenir lointain pour l’Espagne. Depuis un siècle très exactement (1814), elle n’avait plus connu que des guerres civiles et des guerres coloniales [2]. Dans une formule frisant l’humour de Monsieur de Lapalisse, le ministre d’État (i.e. des Affaires étrangères) de l’époque, le marquis de Lema, reconnaissait, dans un entretien paru dans le journal madrilène El Imparcial,que la neutralité ne pouvait être arbitraire et capricieuse car elle était forcément la résultante des antécédents de la politique extérieure du pays [3]. Une neutralité de circonstance donc, forgée par une tradition séculaire de passivité européenne.
4De ce congrès de Vienne manqué – point de départ d’une lente décadence mal stabilisée – à l’été 1914, un siècle de déboires répétés, dans l’ordre interne, externe et colonial, avait affaibli l’Espagne. Depuis la seconde restauration des Bourbons (1874), le royaume hésitait entre les camps qui se (re)composaient progressivement sur l’échiquier continental. Objets de l’intérêt tenace du nouvel Empire allemand, héritier de ce royaume de Prusse qui avait proposé un prince Hohenzollern au trône de Madrid en 1870, les dirigeants ibériques ne se résolvaient pas à se rapprocher jusqu’à l’entente ou l’alliance avec le Royaume-Uni et la France, les deux grandes puissances occidentales qui avaient joué de leur influence concurrente dans la péninsule depuis un siècle, des puissances estimées responsables de cette décadence aux yeux de certains observateurs. Pourtant, l’Espagne, alors encore présente à l’échelle mondiale, avait participé à la mise en place de cet « impérialisme de meute » parrainé en Afrique par le Reich bismarckien. Les conférences de Madrid (1880), sur la protection des étrangers au Maroc, et de Berlin (1884-1885), sur le partage du continent, lui avaient donné des droits à faire fructifier.
5La solution de la France, la nation la plus voisine et concurrente, sembla devoir s’imposer lentement autour de 1900, après quinze ans de contestation sur les confins sahariens et équatoriaux. Sur fond d’entente marocaine, à la suite du premier échange de visites officielles avec la République voisine du nord et au Royaume-Uni, et d’un voyage en terres germaniques, le jeune roi Alphonse XIII avait rassuré le gouvernement français en décembre 1905 sur la tranquillité des Pyrénées en cas de guerre générale. Lors d’un second échange de visites officielles, en 1913, à l’issue de la crise d’Agadir et du marathon diplomatique du partage du Maroc (hors Tanger) qui s’étira de 1902 à 1912, il réitéra son propos. Malgré la complicité supposée dans le nord-ouest de l’Afrique, personne ne croyait alors au projet d’alliance agité par ci par là dans la presse des deux pays ou dans la bouche de tel ou tel dirigeant. L’Espagne était-elle donc un allié que l’on avait oublié [4] ? Sa non-participation humiliante aux pourparlers de Berlin lors de la crise d’Agadir et l’âpreté de la négociation avec la France – qui ne pouvaient faire oublier la réduction drastique des prétentions territoriales en Afrique saharienne et équatoriale dès 1900, dans la lignée du désastre de la guerre hispano-américaine – expliquent en grande partie cette prudence méfiante que d’aucuns dénonçaient, même si l’Espagne avait pu finalement rebondir en Afrique après avoir perdu sa dimension mondiale. La guerre générale allait frapper le pays en pleine phase de « régénérationnisme » avec un handicap majeur : le nouvel engagement africain l’éloignait de nouveau du continent européen, en le plaçant paradoxalement au cœur des pulsions coloniales majeures du moment dont Agadir, en 1911, fut une étape, mais à quel prix, budgétaire, humain et diplomatique !
6La mutation de la guerre austro-serbe en un conflit général surprit tout le monde en 1914. L’Espagne vaquait sous la rude chaleur de fin juillet. « Agua y sol y guerra en Sebastopol » (« Il fait beau à Sébastopol »), selon un observateur espagnol [5]. Le 30 du mois, était publiée dans la Gaceta de Madrid (le journal officiel du royaume) la première déclaration de neutralité face à la guerre déclarée entre Vienne et Belgrade. Début août, le 4, le gouvernement espagnol et le roi assuraient encore la France de la neutralité « bienveillante » du royaume, ce qui confirmait la tranquillité de la frontière pyrénéenne [6]. Un air connu depuis 1905. Le 5, une note officielle précisait que l’Espagne n’interviendrait pas dans le déroulement des événements européens. Le président du conseil Eduardo Dato l’avait dit au roi : l’engagement au Maroc, avec plus de la moitié des effectifs combattants, interdisait toute autre opération militaire ; sinon, une guerre civile éclaterait à coup sûr [7]. Finalement, la neutralité espagnole se voulait pragmatique, comme celle des pays scandinaves ou balkaniques, à la différence de la Suisse, de la Belgique et du Luxembourg, qui étaient reconnues neutres par des traités en bonne et due forme [8]. Enfin, le 7 août, la déclaration de neutralité, face à la guerre déclarée entre les trois alliés (Russie, France, Royaume-Uni) et l’Allemagne, d’une part, entre la Belgique et l’Autriche-Hongrie, d’autre part, fixait les droits et devoirs des sujets espagnols en vertu des lois et principes du droit international public, notamment le non-engagement dans une armée belligérante qui ferait perdre le droit à la protection diplomatique et consulaire traditionnelle. Dato parlait de « neutralité absolue » : pas de manifestations autorisées, pas d’engagement dans des armées belligérantes. Pour lui et pour son ami conservateur Antonio Maura, la neutralité allait de soi pour de multiples motifs. Leur correspondance croisée le montre sans l’ombre d’un doute [9]. Enfin, le 23 novembre 1914, un décret royal faisait adhérer l’Espagne aux dispositions des conventions de La Haye de 1907 sur le commerce maritime qu’elle n’avait pas alors ratifiées. Les navires belligérants se verraient interdire l’accès aux havres neutres [10].
7La neutralité était bien ferrée, la nation bien protégée des miasmes du conflit. Elle s’imposait aux yeux des chancelleries européennes. La diplomatie allemande y tenait tout particulièrement. Son agent militaire principal avait même recueilli la proposition d’aide des carlistes à l’Allemagne si leur pays entrait en guerre aux côtés des alliés occidentaux [11]. Pourtant, cette situation n’exprimait aucun pacifisme. L’Espagne était en opérations coloniales ouvertes au moment de l’éclatement de la guerre générale en Europe [12].
Une neutralité engagée ?
8Neutralité des autorités, certes, mais aussi neutralité des groupes et des individus ? Loin des responsabilités, chacun, plus ou moins au courant des événements, avait ses sympathies personnelles. Dès les premiers mois de la guerre, quelques Espagnols s’enrôlèrent dans la seule unité habilitée à les accueillir en France, la Légion étrangère [13]. La plupart espéraient ainsi se voir accorder par le sang et la sueur la nationalité française qui était souvent celle de leur compagne ou de leur femme : plus de 90 % des cas relevés aux archives légionnaires d’Aubagne sur la seule lettre A traduisent cette réalité. Ils vivaient déjà en France métropolitaine ou nord-africaine. Ubi labor, ibi patria. Leur nombre fut logiquement limité malgré la tentative catalaniste de promouvoir, avec l’aide de quelques notabilités du Roussillon (les députés Brousse et Rameil, le sénateur Pams et l’évêque Carsalade du Pont), le mythe – pas totalement évanoui de nos jours – des 15 000 combattants catalans ! Ils furent environ 560 sur un total approximatif de 1 000 à 1 300 Espagnols [14].
9Pourtant, dans les premiers jours de la guerre en Europe, la diplomatie française sembla craindre une intervention espagnole sur Tanger, qui relancerait une agitation indigène endémique alors calmée. Tout rentra dans l’ordre avec l’expulsion des représentants allemand et austro-hongrois et l’intervention espagnole contre des tribus hostiles du Fahs tout proche de la zone [15].
10L’appui, supposé unanime, de l’opinion publique poussa les gouvernants à une neutralité de circonstance. Au point de faire chuter l’ambassadeur d’Espagne à Paris, Villa-Urrutia, qui avait voulu, à l’inverse de son collègue nord-américain et contre les instructions de son ministre, quitter Paris pour suivre le gouvernement à Bordeaux en septembre 1914 au lieu d’attendre les troupes allemandes qui fonçaient sur la capitale. Il fut la première victime espagnole de la neutralité… espagnole qui entendait profiter des circonstances pour jouer les bons offices entre le vainqueur-éclair et le ou les vaincus [16]. Seuls, le leader libéral Álvaro de Figueroa, comte de Romanones, le réformiste Melquiades Álvarez, et le radical Alejandro Lerroux se livrèrent à des surenchères interventionnistes peu crédibles.
11Suscité par le premier, un article paru dans El Diario Universal du 18 août 1914, et intitulé « Hay neutralidades que matan » (« Il y a des neutralités qui tuent »), éveilla l’attention des observateurs étrangers [17]. Dans ce papier rédigé par son ami Juan Pérez Caballero, Romanones prétendait montrer la voie d’un engagement pro-occidental induit par les accords des années 1900-1912. Il devait cependant revenir quelques semaines plus tard sur cet engagement téméraire en indiquant, dans une entrevue publiée par El Imparcial, combien la neutralité apparaissait évidente et bénéfique pour son pays. Il la jugeait parfaitement acceptable, mais pas dans l’esprit que lui insufflait le chef du gouvernement, le conservateur Eduardo Dato. Il fallait éviter une neutralité expectative et inerte [18]. Pour le Catalan Francesc Cambó, l’abstention face à la guerre révélait un manque cruel d’unité nationale et d’idéal commun [19].
12L’ambassadeur de France conseilla à la presse française de ne pas exciter l’Espagne à sortir de sa position, plus manipulable et moins compromettante qu’en cas d’intervention. Toute manifestation d’appui devant les bâtiments alliés devait être vivement déconseillée afin de ne pas créer de troubles pouvant mettre en péril les capacités de ravitaillement de l’Espagne en produits divers mais aussi braquer les germanophiles contre les pro-alliés (les « aliadophiles ») et créer ainsi un climat de guerre civile [20]. Demander à l’arrière-cour de travailler en silence – même à bon prix – était cependant un peu étroit. Il fallait convaincre les habitants du royaume du bien-fondé de la lutte menée contre l’ennemi ! La propagande devint alors le contrefort de la liberté de travail… et surtout de la tranquillité d’approvisionnement. Le développement, initialement discret, de la production industrielle espagnole au bénéfice des belligérants fut impressionnant. Jusqu’en 1915, via l’Italie, le trafic était même encore assuré avec les Empires centraux. L’entrée en guerre de l’Italie ne fut pas seulement un traumatisme diplomatique pour Madrid, elle fut aussi une rupture de route commerciale. Elle laissait l’Espagne isolée, ainsi que le Portugal, pour peu de temps encore.
13Quant au roi d’Espagne au caractère si chaleureusement extraverti [21], il fut l’objet d’une attention extrême manifestée par de multiples visites de représentants diplomatiques, militaires et économiques des pays belligérants qui lui firent miroiter ad nauseam un rôle possible de médiateur dans dans le cadre illusoire d’une conférence de la paix qui se tiendrait à Madrid. Alphonse XIII avait demandé, dès les premiers coups de feu, s’il pouvait être utile à une quelconque médiation. On le remercia aimablement de cette démarche. Son attitude – jalouse des positions nord-américaines et apostoliques – devait déboucher sur des échecs répétés [22].
14Assoupies dans un premier temps (sous Dato), les rancœurs d’avant-guerre – Gibraltar, Tanger et le Portugal – devenues des buts de guerre revinrent en force par deux fenêtres à l’époque de Romanones, le successeur libéral du conservateur Dato : celle des alliés occidentaux qui temporisaient malgré les intentions favorables à leur cause de certains dirigeants, et celle des Empires centraux qui promirent beaucoup, non pas tant en cas d’une entrée en guerre en leur faveur, mais d’une politique de stricte neutralité qui commencerait par la non-participation de l’Espagne à l’effort de guerre allié. Leur propagande, qui débuta dès l’été 1914, montra combien ils s’étaient préparés alors que les alliés occidentaux demeurèrent étrangement passifs durant de longs mois. Face au Service allemand d’informations fixé à Barcelone, qui reçut jusqu’au printemps 1915 un matériel abondant via Gênes, notamment en provenance du Service central pour l’Espagne et l’Amérique du sud basé à Francfort, des comités alliés se formèrent lentement, à Madrid notamment. Un Comité international de propagande fut fondé sous les auspices du jeune Institut français de Madrid [23]. Les catholiques espagnols – hostiles à la république française anticléricale et au royaume britannique schismatique – furent spécialement ciblés par un Comité catholique de propagande française à l’étranger dirigé par le recteur de l’Institut catholique de Paris, le très conservateur Mgr Alfred Baudrillart [24]. Cette propagande généralisée qui prit des formes parfois nouvelles (expositions photographiques, séances cinématographiques, distribution de brochures sur fond d’arrosage massif de la presse) devait animer l’actualité des neutres durant de longues années [25]. Albert Mousset fit un relevé en 1919 des ouvrages, brochures et tracts relatifs à l’attitude de l’Espagne durant la guerre [26].
15La guerre en s’éternisant, créait des antagonismes. Aliadophiles contre germanophiles, tous prirent d’assaut les moyens d’information locaux. L’argent coula plus ou moins à flots, les responsables de terrain exagérant les moyens de l’adversaire pour obtenir encore plus en faveur de leurs activités, une méthode héritée de la diplomatie d’avant-guerre pour les œuvres culturelles [27]. Journalistes et écrivains espagnols, devenus correspondants de guerre, s’en donnèrent à cœur joie. Ainsi, Gaziel (Agustí Calvet), Azorín (José Martínez Ruiz), mais aussi Vicente Blasco Ibañez, Miguel de Unamuno et bien d’autres, avec ou sans visites aux fronts, s’activèrent à alimenter leurs compatriotes d’informations plus ou moins tronquées, plus ou moins tendancieuses, mais surtout d’analyses capables de peser sur l’évolution politique de leur propre pays [28].
16L’information de guerre était naturellement discriminatoire. Les élites, à commencer par le Palais royal et le gouvernement, en savaient plus que d’autres milieux. La parole neutre était multiforme, parfois tardive. Le petit peuple n’avait pas un accès direct à ce flux d’informations. Se moquait-il pour autant de cette guerre souvent lointaine ? Le témoignage récent d’un Espagnol de 103 ans, Isidro Ramos, venu d’un village de la province de Salamanque, collé à la frontière d’un pays alors tout aussi neutre, le Portugal, nous a été livré à l’aube de la commémoration du centenaire : « J’en ai entendu parler un peu. On disait qu’une grande guerre avait éclaté en Europe. On avait peur qu’elle vienne en Espagne » ! Le vieux monsieur semble en outre se rappeler que les prix avaient beaucoup augmenté et que sa famille ne roulait pas sur l’or. Pour ses six ans, son père lui avait assigné un troupeau d’ovins à surveiller alors que Français et Allemands se battaient devant Verdun et que nombre de ses compatriotes plus âgés allaient tenter leur chance au-delà des Pyrénées [29]…
17La neutralité espagnole offrit en effet un appel d’air migratoire en faveur de l’effort de guerre allié. L’historiographie française semble accorder à la guerre de 1914 le rôle de déclencheur de l’immigration systématique de cette population espagnole soudainement disponible, ce qui est très discutable. Dès avant 1914, en effet, les Espagnols rattrapaient en nombre les Belges et les Italiens en métropole. Le quart sud-ouest de la France leur était largement ouvert, sans oublier l’Afrique du Nord où le Maroc pacifié derrière le glaive français leur ouvrait de nouvelles portes depuis l’Algérie ou l’Andalousie. La guerre accéléra ainsi un processus en cours, après un coup de frein ressenti grosso modo d’août à décembre 1914 : ce stop and go migratoire, reflux de précaution qui ne toucha que l’Europe, n’empêcha pas en effet une vive relance car le front occidental stabilisé et le départ des Italiens au printemps 1915 (ce fut le cas par exemple de Lazare Ponticelli) favorisa l’appel massif d’Espagnols et de populations coloniales. En outre, l’interruption de la migration transatlantique traditionnelle réorienta une partie de cette main-d’œuvre vers les zones dynamiques septentrionales de la péninsule ibérique (Pays basque, Catalogne, Asturies) jusqu’au-delà de la frontière. Dans le sud de la France, où de nombreuses villes accueillaient des industries menacées par l’invasion allemande, la tendance au fort développement d’avant-guerre reprit son cours en s’intensifiant, tandis qu’à Paris et alentours la présence espagnole, jusqu’alors limitée, devenait massive [30].
18L’Espagne a-t-elle été un pays neutre éloigné des théâtres d’opérations, alors que Suisses et Néerlandais, voire Scandinaves, pouvaient entendre à l’occasion le son du canon et voir voler des aéroplanes au loin [31] ? Arrière-cour de l’Entente franco-anglaise, puis franco-anglo-italienne à partir du printemps 1915, l’Espagne allait se convertir inévitablement en espace privilégié des réseaux d’espionnage et de sabotage, pouvant ainsi agir dans le dos des ennemis des Empires centraux, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, mais aussi l’Empire ottoman ! Frapper depuis l’Espagne, avec ses longues frontières terrestres et ses vastes zones maritimes, c’était perturber l’effort de guerre allié. Les Français, les Britanniques, les Italiens, et les Belges regardant vers le nord et vers l’est pour se battre, on les toucherait par le sud et par l’ouest.
19Le détroit qui unit l’Atlantique et la Méditerranée, les mers concernées par les accords hispano-anglo-français de 1907, constituaient un lieu majeur pour placer des guets-apens. En mai 1915, le premier sous-marin allemand (U 21) avait passé le détroit de Gibraltar vers la Méditerranée qui allait se transformer en zone de combats au fil des mois. De multiples routes maritimes vitales pour le ravitaillement allié longeaient aussi les rivages galiciens, cantabriques et basques. Le 17 août 1915, un premier bateau de commerce espagnol, l’Isidoro, fut coulé par un sous-marin près des côtes irlandaises [32]. De là l’importance des études régionales initiées par des collègues espagnols – les Garcia Sanz sur l’Andalousie ou Javier Ponce Marrero sur les Canaries [33] – car la neutralité ne se vivait pas de la même façon en bordure de conflit que dans un espace lointain. Pourtant, l’extension des théâtres d’opération mit des Espagnols au contact des effets directs de la guerre, sur les côtes métropolitaines ou insulaires lointaines quand débarquaient des naufragés de toutes nationalités mais aussi parfois espagnols, ou quand apparaissaient des sous-marins allemands venus réparer leurs avaries. Le Roi avait parlé de neutralité « équidistante » dans son discours du trône, en mai 1916 [34]. Le comte de Romanones n’en voulait pas. Revenu au pouvoir en décembre 1915, le chef du camp libéral entendait mener une neutralité favorable à l’Entente, selon un diplomate britannique [35]. Le florilège relevé par un chercheur, il y a une quarantaine d’années, ne laisse pas d’étonner par sa variété. Environ une centaine de termes employés ! Le corpus des qualificatifs de la neutralité englobe le plus inénarrable comique et le plus sombre tragique [36].
20Cependant, les mesures de blocus allaient provoquer une réaction de plus en plus forte des Empires centraux qui ne voyaient plus que la solution sous-marine pour rompre leur encerclement. Les pertes de navires alliés furent relayées par les torpillages et canonnages des navires neutres supposés transporter des produits de contrebande absolue ou conditionnelle [37]. L’Espagne perdit ainsi son premier bateau en 1915. D’autres allaient suivre. Cette hécatombe fut rendue plus insupportable encore aux autorités espagnoles qu’elles tentaient de faire respecter, après le départ de Romanones en avril 1917, une neutralité à nouveau plus stricte, comme au début du conflit ; les gouvernements García Prieto (par deux fois), Dato (à nouveau) et Maura en 1918 durent pourtant subir les avanies de la guerre sous- marine à outrance décrétée en janvier 1917. Par une note de la mi-août 1918, une menace de rupture avec l’Allemagne fut évoquée mezzo voce si les bateaux marchands espagnols coulés n’étaient pas remplacés par des navires allemands internés comme l’avaient fait le Portugal et les États-Unis lors de leur entrée en guerre. Elle fit long feu. Quelques semaines avant l’armistice, le gouvernement du Reich accorda cependant six navires à Madrid après lui avoir coulé 87 unités, causant la mort d’environ 300 marins tout au long du conflit [38].
21Sur le plan terrestre, une très large fraction des troupes allemandes du Sud-Cameroun parvint à se réfugier, en 1916, dans le Rio Muni, partie continentale de l’actuelle Guinée équatoriale, rétrocédée par la France à l’Espagne en 1900-1901. Les Européens de cette force furent évacués vers l’Espagne où leur présence devait s’additionner à celle des résidents germaniques du royaume et aux réfugiés qui n’avaient pu rejoindre leur pays en 1914, provoquant ainsi les appels à la vigilance des alliés occidentaux aux autorités espagnoles volontiers taxées de laxisme, voire de complicité [39]. Quelques graves incidents – sabotage de tunnels ou voies d’accès dans la zone-frontière pyrénéenne où transitaient des marchandises de grande importance militaire, bombardement d’installations industrielles françaises par un sous-marin venu des eaux neutres toutes proches – expliquent la méfiance atavique des belligérants envers ces neutres incapables d’attitudes énergiques… contre leurs adversaires.
22Le temps de l’espionnage était à l’heure des neutres. La péninsule se convertit alors en terrain de confrontation feutrée entre les belligérants : espionnage direct, contre-espionnage, sabotages – on l’a entraperçu – propagandes, agitations sociales, tout y paraissait bon pour contrer l’adversaire. De nouveaux ouvrages viennent d’être publiés sur ces thèmes alléchants déjà évoqués en diverses circonstances [40]. Les registres de clientèle du Palace Hotel de Madrid, tout proche des Cortes, permettent de repérer les principaux noms de ces équipes de l’ombre mêlées aux représentants militaires des pays belligérants et aux femmes supposées fatales [41]. La surveillance du détroit de Gibraltar exigea la mise en place de services de renseignements navals étoffés [42].
23De même, la neutralité favorisa la contrebande dont la figure la plus emblématique fut le Majorquin Juan March, qui naviguait déjà avant-guerre entre spéculation foncière, tabac et transports [43]. En Afrique du Nord, du Sahara occidental au Maroc méditerranéen, la neutralité des territoires espagnols devait engendrer de graves inquiétudes pour le résident général au Maroc, Lyautey. La contrebande y fut active – avec versements de sommes importantes – en vue d’inciter les tribus volontiers rebelles à attaquer les Français, encore mal établis aux confins du Rif et de l’Atlas après la jonction de leurs troupes à Taza en mai 1914. De même, des agents allemands tentèrent d’utiliser, sans grand succès, les territoires espagnols du Sahara occidental encore vierges de toute occupation [44].
24On l’aura compris, la neutralité espagnole ne pouvait être la même pour les deux camps belligérants ! Il est clair que les blocages stratégiques de l’automne 1914 devaient être corrigés à leurs yeux par une course aux alliances [45]. Pour l’Espagne, peu courtisée, le cas de l’Italie était crucial. L’Italie exigeait pour entrer en guerre des territoires tenus principalement par l’Autriche-Hongrie, son ex-partenaire ès-alliance, mais pas totalement, si l’on remarque un court moment Djibouti, un moment évoqué. L’Espagne rêvait aussi de conquêtes négociées mais il s’agissait là d’espaces appartenant à ceux dont elle entendait devenir l’alliée ! L’entrée en guerre de l’Italie fut la première alerte. L’invitation royale lancée au nouveau pape Benoît XV de lui offrir l’hospitalité à l’Escurial fut un échec. Ainsi, les Empires centraux pouvaient-ils promettre sans peine des récompenses de fin de conflit après leur victoire en Amérique Latine, Gibraltar, le Portugal et Tanger. On devait même évoquer en 1917 un échange Ceuta contre Gibraltar qui n’eut pas de suite [46].
25Le camp des neutres se délitait de façon inexorable. Second mauvais coup porté à la neutralité espagnole, l’entrée en guerre du Portugal en 1916 avait pour causes extérieures le rejet d’une éventuelle union ibérique forcée, mais aussi la défense de colonies convoitées auxquelles s’accrochait la recherche d’une irrésistible unité nationale – toujours souhaitable pour un régime nouveau (1910) – alors que s’opposaient interventionnistes et neutralistes. Ainsi, les deux républiques qui entouraient l’Espagne étaient-elles désormais en guerre [47].
26Enfin, troisième coup dur pour l’Espagne, l’entrée dans la guerre des Nord-Américains en 1917 isolait encore davantage le royaume ibérique sur la scène internationale [48]. L’illusion de faire de Madrid la capitale de la Paix, sentiment sans doute peu partagé à Berne, Genève, La Haye ou Stockholm, devait faire long feu malgré l’appui factice des deux blocs en ce sens [49]. Manuel Azaña de déclarer à l’Ateneo de Madrid, le 25 mai 1917, combien cette neutralité, peu libre face à la germanophilie ambiante, était finalement « forcée » par l’indécision et l’impréparation [50].
Une neutralité vertueuse ?
27Pourtant, en fondant, le nombre des pays non engagés dans la guerre permit à l’Espagne (et à la Suisse) de renforcer leur présence dans un secteur jusqu’alors ignoré de l’analyse historique : la protection d’intérêts par des puissances tierces, pratique qui consistait, sans base légale alors, à placer sous pavillon neutre des biens et des personnes dans des pays en guerre ou en situation de rupture diplomatique [51]. Déjà avide de médiations, l’Espagne – en concurrence avec la Suisse, les Pays-Bas, la Suède, voire un temps avec les États-Unis – se chargea de bien des dossiers dont celui, énorme, des intérêts français en Allemagne, et celui, plus modeste mais symbolique avec les Lieux saints, des intérêts français en Palestine ottomane [52]. De même dans les territoires occupés sur le front ouest, le marquis de Villalobar, ministre d’Espagne, déploya d’intenses efforts pour assurer la protection des Français et des Belges. Sa médiation fut souvent un échec mais une avenue portant son nom et une plaque rappellent aujourd’hui à Bruxelles combien cet activisme humanitaire – rare de la part de l’Espagne qui n’était ni la Suisse ni les États-Unis prospères – fut appréciable [53].
28Là encore, outre la protection classique des nationaux à l’étranger, l’historiographie existante en Espagne a tendance à confondre, depuis la guerre elle-même, l’action dite de protection tierce, de nature diplomatique officielle, avec celle, philanthropique et personnelle, du roi Alphonse XIII, qui créa dans son palais de Madrid un organisme d’informations sur les soldats et les civils emportés par la fureur du conflit. Cette veine palatine – hagiographique à souhait et toujours active – a eu pour conséquence de brouiller les pistes sur l’attitude du Souverain face aux belligérants [54]. L’Espagne faisait irruption dans la diplomatie humanitaire, sans grands moyens, il est vrai.
29La prospérité, qui découla initialement de la non-coordination des missions d’achat alliées, devait profondément bouleverser le paysage économique péninsulaire qui devint coutumier de bénéfices en tous genres. La formation d’une nouvelle société capitaliste, débordante de liquidités, devait créer des illusions dans le pays sur des performances vite dégonflées après-guerre, mais surtout sur une redistribution équitable des revenus [55]. Le commerce hispano-allié fut immédiatement un enjeu majeur. Dès l’entrée en guerre, après une vaine tentative de racheter des canons de 75 à l’armée espagnole, des armes de poing furent acquises par la France auprès des fabricants du pays basque espagnol [56]. La livraison de mules et de chevaux pour la remonte, indispensable à la défense des pays agressés par le Reich, fut négociée malgré les protestations diplomatiques allemandes, alimentées par un réseau d’agents nombreux et renforcé par les équipages des navires de commerce réfugiés dans les ports de la péninsule ibérique et des îles de souveraineté (Canaries, Baléares). L’appel interne de main-d’œuvre vers les frontières septentrionales du pays, déjà les plus industrielles avant la guerre, transforma les usines en véritables fourmilières tournées vers l’exportation. Le conflit transforma la géographie industrielle des neutres et des belligérants. La neutralité espagnole fut ainsi à l’origine du développement économique de la région toulousaine où vinrent de se fixer de nombreux ressortissants ibériques dans des entreprises parfois déménagées de zones septentrionales menacées [57].
30L’argent, nerf de la guerre. Le change avec la monnaie espagnole se dégrada progressivement pour les monnaies belligérantes détachées de l’étalon-or, renchérissant tous les prix dès le début 1915. Minerais, produits semi-ouvrés, vins, fruits et autres devinrent indispensables à un effort de guerre prolongé. Pour payer ces achats, des crédits furent sollicités auprès de banques espagnoles jusqu’alors discrètes dans le panorama européen : ainsi la banque Urquijo fut-elle la première à en consentir à titre privé à l’État français début 1916. En échange de ces crédits, des dépôts de titres espagnols furent exigés. Au printemps 1918, la peseta (piécette) fit même prime, un temps, sur le dollar nord-américain et le franc suisse. À la fin de la guerre, les Espagnols avaient récupéré près de 90 % de leur dette extérieure, antérieurement en mains françaises. Les entreprises ferroviaires étaient passées aux mains des financiers espagnols. Des accords semi- officiels, parfaitement contraires à la neutralité stricte voulue par les dirigeants et surtout par les ambassades germaniques, furent signés séparément avec le Royaume-Uni, les États-Unis et la France en vue d’assurer des crédits permanents à ces trois gros acheteurs. De pays débiteur, l’Espagne devint, comme la grande fédération nord-américaine, créancière. Le roi d’Espagne, qui lorgnait sur Tanger depuis plusieurs années – une frustration d’avant-guerre – fit de cette créance de 533 millions de pesetas (au 15 juillet 1919) un élément de chantage peu apprécié à Paris entre 1920 et 1923 [58]. Pourtant, l’Espagne fut le pays qui tira le moins profit de sa neutralité de guerre, surtout à partir de 1917, quand les États-Unis se substituèrent à l’Espagne pour de nombreux produits. Une neutralité laborieuse donc [59].
31La guerre provoqua progressivement mais irrémédiablement la fin du turno, cette rotation à l’anglaise entre libéraux et conservateurs au pouvoir, comme l’ont analysé les meilleurs spécialistes de la question, Gerald H. Meaker et Francisco Romero Salvadó. Un climat de guerre civile semblait s’installer aux yeux des observateurs étrangers mais aussi nationaux. Si la Révolution russe de 1917 eut un impact inégal, mais fort dans les régions les plus industrielles du pays, elle déclencha plus tard, sur fond de guerre coloniale difficile, une réaction, une contre-révolution violente, notamment à Barcelone, rendant le pays ingouvernable alors qu’aucune destruction n’y avait été subie durant le grand conflit qui avait épuisé la France, la Belgique et bien d’autres États [60].
32Neutralité, fin de partie ? Le Président du Conseil et ministre d’État, Romanones à nouveau, vint voir à Paris en décembre 1918 les dirigeants français et le président Wilson à peine débarqué en Europe de ses lointains États-Unis. Son but : participer à la Conférence de la Paix. Ce fut un échec sans appel [61]. Le traitement des neutres par les vainqueurs fut plutôt cinglant. Toute participation leur fut déniée. Il faut dire qu’ils étaient globalement mal considérés [62]. Vae victis et neutralibus ! Pour preuve, le suprême mépris de Clemenceau, inédit jusqu’à sa mort, envers le Roi qui devait venir visiter Paris et le front en mai 1919, ce qui avait été jugé très inopportun par le Président du Conseil français qui ne l’avait pas caché à l’un de ses collaborateurs. Ce roi avait maintenu, selon le Tigre, une option germanophile constante malgré son action humanitaire envers certains Français. Habsbourg autant que Bourbon, fasciné par la puissance militaire allemande, il avait joué « au plus fin » avec les Alliés, ne croyant en leur victoire que très tardivement. Bref, il ne le recevrait pas s’il venait à passer, concluait-il devant son chef de cabinet militaire, le colonel Mordacq. En outre, selon lui, l’Espagne courait à grands pas à la Révolution, les dirigeants n’ayant pas pu, depuis des siècles (sic), maintenir les grands travaux exécutés par les Maures (sic), une thèse qu’il avait déjà exprimée avant-guerre [63]. Finalement la visite fut repoussée à l’automne. Quant à Unamuno, il affirma à un correspondant français que si les alliés avaient apparemment gagné cette longue et terrible guerre, c’était la germanophilie qui l’avait finalement emporté en Espagne [64]. Le retour à l’ordre n’épargna pas les neutres dont l’Espagne, toujours en guerre dans le Rif, comme en 1914, où ses troupes souffraient de plus en plus face à des indigènes de mieux en mieux organisés sous l’autorité d’un des leurs, Mohammed ben Abdelkrim et, sous le regard intéressé des coloniaux français avides de récupérer, comme le tentera Lyautey en 1919, la zone espagnole septentrionale et Tanger [65].
33Le camp des neutres, finalement réduit à une peau de chagrin, n’exista jamais pour cause de concurrence entre initiatives de paix et de médiation [66]. Sa position était instable. Il fut invité (convoqué ?) les 20-21 mars 1919 pour adhérer – sans grande discussion – au projet de la Société des Nations (SDN). L’Espagne tenta alors de rebondir dans ce cadre multilatéral nouveau. Une vraie bataille diplomatique pour un siège de membre permanent au Conseil de la nouvelle organisation fut alors engagée [67]. De quel titre pouvaient se prévaloir les dirigeants du royaume ibérique ? Celui de pays neutre le plus puissant à la fin de 1918, voire, selon eux, de cinquième puissance mondiale après la chute des Empires centraux et russe [68]. Et certains auteurs plus contemporains de parler ironiquement de splendide neutralité [69]. Une neutralité ballotée, chèrement payée alors que cette nouvelle SDN, qui accueillait les neutres avant d’accepter les vaincus, devait en finir avec cette abstention si décriée entre 1914 et 1918, qui rendait les nations incapables de solidarité entre elles.
34Pourtant, là encore, la notoriété ne vint pas d’où on l’attendait. La célébrité mémorielle de l’Espagne durant cette guerre n’est pas due à sa neutralité constante mais à la terrible grippe qui se déchaîna en 1918-1919 ! Une injustice de l’histoire ou un effet pervers de la neutralité qui ne censure pas l’information ! Belligérants et neutres en souffrirent ensemble [70].
35On l’a constaté, la neutralité espagnole avait été précieuse pour les Empires centraux qui voyaient en elle une épine majeure dans le champ stratégique allié occidental. Son entrée en guerre aurait été le scénario catastrophe pour eux, qui auraient vu, alors, tous leurs ressortissants arrêtés et leurs bateaux saisis. Pour les Alliés, l’Espagne était une base-arrière de ravitaillement en produits et en hommes. La neutralité, bienveillante ou rigide, c’était la solution pour tous, mais la Grande Guerre avait ébranlé une société espagnole démographiquement intacte (sinon par la grippe), en l’ouvrant à la démocratie libérale mais aussi à ses ennemis, fasciste et socialiste-communiste, tout en renforçant les conservatismes et les régionalismes de tous poils. Bref, une nation où la monarchie ne jouait plus son rôle de ciment après avoir échoué dans ses médiations internationales. Était venu le temps de l’Espagne invertébrée, selon le titre d’un célèbre essai du philosophe José Ortega y Gasset, formé en Allemagne mais devenu résolument pro-allié. Romanones et Clemenceau avaient joué les Cassandre. Les révolutions n’allaient plus quitter le pays. Marginale mais active, l’Espagne neutre, isolée, en pleine gueule de bois (resaca) après-guerre, devint le miroir ensanglanté du monde, vingt ans plus tard. Une heure de gloire bien amère qui laisse penser que l’Espagne était bien européenne malgré ses réticences à le croire et ses illusions envers un destin à nouveau mondial.
Notes
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[1]
Compte-rendu par Jean-Marc Delaunay, « Relations franco-espagnoles autour de la Première Guerre mondiale. Colloque de Madrid, 20-22 mai 1981 », Mélanges de la Casa de Velázquez, XVIII/2, 1982, pp. 129-130, 134.
-
[2]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne contemporaine entre guerres civiles, européennes et coloniales », colloque scientifique du 23e Congrès de la Société des hispanistes français (SHF), Montpellier, 20-22 mai 2011, Le Monde ibérique et la guerre, SHF, 2014 [à paraître].
-
[3]
Cité par Albert Mousset, La política exterior de España 1873-1918, avec une préface du comte de Romanones (août 1917), Madrid, Biblioteca Nueva, 1918, p. note 1, qui, d’après une étude de Praxedes Zancada, La guerra europea en su aspecto político, Madrid, 1915, p. 309, situe la déclaration à l’automne 1914. Évoquée par Manuel Espadas Burgos, « España y la Primera Guerra mundial », in Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir), La política exterior de España en el siglo XX, UNED, 2000, p. 98, qui parle de « peu de jours avant l’éclatement de la guerre » (fin juillet 1914).
-
[4]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne un allié oublié ? Les relations franco-espagnoles au début du xxe siècle », Relations internationales, n° 106, été 2001, pp. 151-163.
-
[5]
Sur l’année 1914 : Jean-Marc Delaunay, « 1914. Les Espagnols et la guerre »,inJean-Jacques Becker (dir.),Les Sociétés européennes et la guerre de 1914-1918, Colloque, Nanterre, université de Paris-X-Nanterre, 9-12 décembre 1988, Paris-Nanterre, 1990, pp. 117-132. L’expression sur Sébastopol (1854-1855) est tirée de Luis Bello, España durante la guerra, Madrid, 1918, pp. 58-59.
-
[6]
Documents Diplomatiques Français (ci-après : DDF), série 1914-1919, vol. I (3 août-31 décembre) 1914, doc. n° 3.
-
[7]
Carlos Seco Serrano, cité par Enrique Moradiellos, « La política europea, 1898-1939 », in La política exterior de España en el siglo xx, revue Ayer n°49, Madrid, M. Pons, 2003, pp. 61-62.
-
[8]
La Suisse (1815), la Belgique (1831/1839), le Luxembourg (1867), sans omettre la toute naissante Albanie (conférence des ambassadeurs, Londres 1913). Seule, la Suisse verra son statut respecté.
-
[9]
Fondation Antonio Maura, Madrid (ci-après : FAM), Papiers A. Maura, et Archives Real Academia de la Historia, Madrid (ci-après : ARAH), Papiers Dato, correspondance juillet-novembre 1914.
-
[10]
Michel Héron, Les Relations franco-espagnoles de 1914 à 1918, mémoire de maîtrise, dir. Jean-Baptiste Duroselle, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, 1973, p. 96.
-
[11]
Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale. Les relations franco-espagnoles de la fin du xixe siècle à la Première Guerre mondiale, vol. II : Les relations coloniales, Paris, L’Harmattan, 2010, pp. 849-878. Sur l’attitude générale des carlistes envers la France, ibid., vol. I : Les relations métropolitaines, p. 332.
-
[12]
La Belgique, alors pays neutre, menait aussi des opérations d’exploration ou de pacification dans le bassin du Congo en août 1914. De même, Portugais et Néerlanda is dans leurs territoires.
-
[13]
Jean-Marc Delaunay, notice « Espagnols, volontaires (1914-1918) », in Paul-André Comor (dir.), La Légion étrangère. Histoire et dictionnaire, Paris, R. Laffont, coll. « Bouquins », 2013, pp. 345-347.
-
[14]
Sur ces volontaires, David Martínez i Fiol, Els « voluntaris catalans » a la Gran Guerra (1914-1918), Publicacions de l’Abadia de Montserrat, S.A., 1991, et Jean-Marc Delaunay, « Tous Catalans ? Les combattants espagnols de l’armée française, 1914-1918 »,inDes étoiles et des croix : mélanges offerts à Guy Pedroncini, Paris, Economica, 1995, pp. 309-323.
-
[15]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n°s 12, 60, 77, 86, du 4 au 18 août 1914 (sur Tanger). En juin 1940, l’Espagne, profitant de la défaite française, prendra en mains l’autorité complète dans la zone.
-
[16]
Salvador Bermúdez de Castro y O’Lawlor, Marquis de Lema, La dimisión del Marqués de Villaurrutia de la Embajada de España en París (1914), Madrid, 1929, p. 6.
-
[17]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n° 116, Geoffray (Madrid) à Doumergue (Paris), par Hendaye, 24 août 1914.
-
[18]
ARAH, Papiers Dato, rapport sur l’évolution de la vision de la neutralité chez Romanones, 1914-1918, s.d. Un bel exemple de « surveillance de la communication » d’un adversaire politique. Vision reprise par l’académicien Carlos Seco Serrano, « De los comienzos del reinado a los problemas de la posguerra (1902-1922) », in t. XXXVIII(1) de José Marìa Jover Zamora (dir.), Historia de España, Menéndez Pidal, Espasa Calpe, Madrid, 1995, pp. 328-344.
-
[19]
La Veu de Catalunya, 20 août 1914, cité par Manuel Espadas Burgos, op. cit.
-
[20]
DDF, série 1914-1919, vol. II, 1915/I, doc. n° 153, Geoffray (Madrid) à Delcassé (Paris), 4 février 1915, qui évoque une vague de sympathie envers la Belgique.
-
[21]
Fils d’une archiduchesse autrichienne, époux d’une princesse britannique, le Roi était aussi orphelin de naissance.
-
[22]
Jean-Marc Delaunay, « Le “grand dessein européen” d’Alphonse XIII (1914-1918). De médiations en illusions », in Lucien Bély (dir.), La Présence des Bourbons en Europe xvie-xxie siècle, Paris, Puf, 2003, pp. 321-335 (colloque, Université Paris-IV Sorbonne, 1er-2 décembre 2000).
-
[23]
Jean-Marc Delaunay, Des Palais en Espagne. L’École des Hautes Études Hispaniques et la Casa de Velázquez au cœur des relations franco-espagnoles du xxe siècle (1898-1979), Madrid, Bibliothèque de la Casa de Velázquez, n° 10, 1994, pp. 88-153.
-
[24]
Les Carnets du cardinal Alfred Baudrillart. 1er août 1914-31 décembre 1918, Cerf, Paris, 1994. Diverses études ont été consacrées à ce comité, également actif en Italie (Saint-Siège) et aux États-Unis.
-
[25]
Paul Aubert, « La propagande étrangère en Espagne pendant la Première Guerre mondiale », in Españoles y Franceses en la primera mitad del siglo xx, CSIC, Madrid, 1986, pp. 357-411. Du même auteur, la thèse de 3e cycle, La Presse et son public (1914-1918), Université de Pau, 1983. Aussi, Antonio Niño Rodríguez, Cultura y diplomacia. Los hispanistas franceses y España 1875-1931, Madrid, CSIC, 1988, pp. 261-341, et Jean-Marc Delaunay, Des Palais en Espagne, op. cit., pp. 88-153.
-
[26]
Éléments d’une bibliographie des livres, brochures et tracts imprimés ou publiés en Espagne de 1914 à 1919 et relatifs à la guerre mondiale, Tello, Madrid & Collemant, Paris, 1919. Près de mille titres. Un second fascicule annoncé ne semble pas avoir été publié.
-
[27]
Fernando Díaz-Plaja, Francofilos y germanofilos. Los Españoles en la guerra Europea, Dopesa, coll. « Imagenes históricas de hoy, », Barcelone, 1973, 366 p. Un ouvrage pionnier mais confus.
-
[28]
Ainsi París bombardeado (Paris sous les bombes) publié par Azorín en 1921 est-il une compilation d’articles parus dans le journal ABC de Madrid (1918). Également, Los cuatro jinetes de la Apocalipsis (Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse) de Blasco Ibañez (1916).
-
[29]
Le Monde du 16 janvier 2014, Supplément Europa, p. V, d’après une correspondance de El País. Ce monsieur, en maison de retraite près de Madrid, était originaire d’Aldeadávila de la Ribera (Salamanque).
-
[30]
Nous reviendrons sur cette question, parmi bien d’autres, dans notre livre en préparation, Guerres d’Europe et d’Afrique. Les relations franco-espagnoles de l’été 1914 à la fin des années 1920, qui sera la suite de notre thèse Méfiance cordiale..., op. cit.
-
[31]
Une exception : des heurts parfois violents eurent lieu en Afrique australe entre Allemands et Portugais neutres dès le 25 août 1914 (Mozambique) et jusqu’en décembre 1914 (Angola).
-
[32]
Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve (ci-après : AMAE-La Courneuve), Guerre 1914-1918, 1088, tél. s.n°, Ambassade de Londres au Département, 18 août 1915, information de l’attaché naval français, parlant de l’Isidora (sic).
-
[33]
Francisco Javier Ponce Marrero, Canarias en la Gran Guerra 1914-18 : estrategia y diplomacia. Un estudio sobre la política exterior de España, Cabildo de Gran Canaria, Las Palmas, 2006 ; Carolina García Sanz, La Primera Guerra mundial en el estrecho de Gibraltar : economia, política y relaciones internacionales, Madrid, CSIC, 2011 ; Fernando García Sanz, España en la Gran Guerra. Espías, diplomáticos y traficantes, Barcelone, Galaxia Gutenberg-Circulo Lectores, 2014.
-
[34]
ARAH, Papiers Romanones, 35, tél. s. n°, Ambassade d’Espagne à Paris (León y Castillo) à Romanones, 11 mai 1916.
-
[35]
The National Archives, Londres, FO 800/77, Papiers Grey, vol. 38, lettre de l’Ambassade de Grande-Bretagne à Madrid (A. Hardinge) au Foreign Office (Grey), 25 septembre 1916. Romanones, membre de la famille Figueroa, était lié à la firme minière française Peñarroya.
-
[36]
Lilian Gelos de Vaz Ferreira, Die Neutralitätpolitik Spaniens, Hambourg, Institut fu?r Auswa?rtige Politik, 1966, pp. 188-197, qui ne classe pas les dits qualificatifs, recueillis dans des articles, des ouvrages, des discours et des documents d’archives espagnoles de l’époque. Albert Mousset, « L’Espagne et la guerre », Revue des nations latines, Florence, 1er mai 1916, est cité cinq fois et la revue Le Correspondant, de Paris, deux fois. Le reste est d’origine nationale.
-
[37]
Sur ces catégories, l’article d’Éric Schnakenbourg dans ce numéro de Relations internationales.
-
[38]
Enric García Domingo, ¿España neutral?: la marina mercante española durante la Primera Guerra Mundial, Madrid, Real del Catorce Editores, 2005.
-
[39]
Les archives de l’Office colonial du Reich, consultées à Potsdam en 1991, regorgent de démarches à ce sujet. En février 1918, plus de 900 Allemands du Cameroun (902 exactement) étaient retenus en Espagne. Nous y reviendrons dans Guerres d’Europe et d’Afrique..., op. cit.
-
[40]
Le thème a été traité par l’un des principaux protagonistes, P[aul]-Louis Rivière, Un centre de guerre secrète. Madrid 1914-1918, Paris, Payot, 1936. Outre Fernando García Sanz, op. cit., Eduardo González-Calleja et Paul Aubert, Nidos de espías. España, Francia y la guerra mundial, Madrid, Alianza, 2014.
-
[41]
Archives du Palace Hotel àMadrid, registres de clientèle 1914-1918, n°s 6 à 15 : von Krohn, von Winterfeld, Hofer, Lewin, Thoroton, Huot, Marthe Richer, Bolo Pacha, Denvignes, Lévis-Mirepoix, Warluzel, Calmann-Lévy, etc. Mata Hari (la Néerlandaise Margaretha Zelle) logeait au Ritz Hotel proche (registres non disponibles) et chez ses amants : Fred Kupfermann, Mata Hari, Bruxelles, Complexe, 1982, pp. 71-84.
-
[42]
Eduardo González-Calleja, « El servicio de información de la marina francesa en España durante la gran guerra (1914-1919) », in Xavier Huetz de Lemps, Jean-Philippe Luis (dir.), Sortir du labyrinthe. Études d’histoire contemporaine de l’Espagne. En hommage à Gérard Chastagnaret, Madrid, Casa de Velázquez, 2011, pp. 431-454.
-
[43]
Mercedes Cabrera, Juan March (1880-1962), Madrid, M. Pons, 2011, pp. 77-92. On le vit passer à diverses reprises, en famille, au Palace Hotel.
-
[44]
Francesco Correale, La Grande Guerre des trafiquants. Le front colonial de l’Occident maghrébin, Paris, L’Harmattan, 2014, qui cite Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale, op. cit., vol. II, sans l’utiliser !
-
[45]
De façon concomitante et non concertée, Jean-Claude Allain et Jean-Marc Delaunay ont utilisé le même terme de « course aux alliances » dans leurs notices de L’Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004, pp. 469 (J.-C. Allain, « Les négociations ») et 857 (J.-M. Delaunay, « Les neutres européens »). Dans la nouvelle édition, dite du Centenaire (Paris, Bayard, 2013), pp. 441 (Allain) et 805 (Delaunay).
-
[46]
Alan Dobson, Anglo-Spanish Relations in the First World War 1914-1918, Ph. D., Université de Birmingham, 1982, pp. 367-378. L’affaire avait déjà été évoquée en 1868, 1882, 1890 avant d’être relancée en 1917. Bullitt Lowry, « El indefendible Peñón. Inglaterra y la permuta de Gibraltar por Ceuta de 1917 a 1919 », Revista de politica internacional, n° 153, Madrid, 1977, pp. 195-204, et d’autres cités par Susana Sueiro Seoane, dans Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir.), op. cit., pp. 150-151 note 34.
-
[47]
Nuno Severiano Teixeira, L’Entrée du Portugal dans la Grande Guerre : objectifs nationaux et stratégies politiques, préface de Jean-Jacques Becker, Paris, Economica, 1998 ; Hipólito de la Torre Gomez, Antagonismo y fractura peninsular. España-Portugal,1910-1919, Madrid, CSIC, 1983, et « Portugal frente al “peligro español” (1910-1936) », Proserpina, Merida, décembre 1984, pp. 59-79.
-
[48]
José Antonio Montero, « Las relaciones hispano-americanas en los años de la Primera Guerra Mundial », Cuadernos de historia contemporánea, n° 24, 2004, pp. 36-42, résumé de sa thèse soutenue à la Complutense de Madrid en 2003 (dir. Antonio Niño Roddríguez), El despliegue de la potencia americana: las relaciones entre España y los Estados Unidos (1898-1930).
-
[49]
Juan Carlos Pereira, Introducción al estudio de la política exterior de España (siglos xix y xx), Madrid, Akal, 1983, p. 155.
-
[50]
Cité aussi par M. Espadas Burgos, op. cit., p. 98.
-
[51]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne, puissance protectrice de la fin du xixe siècle au début du xxie siècle »,Relations internationales, n° 143, 2010, pp. 51-60 (avec introduction au colloque IHRIC-IHEID, Genève, 28-29 mai 2010, Entre guerres et ruptures, la protection dans les relations internationales, en collaboration avec Daniel Bourgeois, pp. 3-6).
-
[52]
Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne, protectrice des intérêts français en Palestine au crépuscule de la domination ottomane, 1914-1918 », in Walid Arbid, Salgur Kançal,Jean-David Mizrahi, Samir Saul (dir.), Méditerranée, Moyen-Orient : deux siècles de relations internationales.Recherches en hommage à Jacques Thobie, Varia Turcica XXXIV, Paris, L’Harmattan, 2003, pp. 95-107, et « En toute discrétion. L’Espagne, protectrice des intérêts français en Allemagne 1914-1919 », in Jean-Marc Delaunay (dir.), Aux vents des Puissances. Hommages à Jean-Claude Allain,Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2008, pp. 195-208.
-
[53]
Nuño Aguirre de Cárcer (dir.), La Neutralidad de España durante la Primera Guerra mundial, 1914-1918, vol. I (unique), Bélgica, Madrid, MAE, 1995, et Álvaro Lozano Cutanda, « Algunas gestiones de mediación del Marqués de Villalobar durante la Primera Guerra Mundial », Espacio, tiempo y forma, V, t. 17, 2005, pp. 93-117. Après l’entrée en guerre des États-Unis, un Comité hispano-néerlandais fut installé à l’été 1917. Du même auteur, El marqués de Villalobar. Labor diplomática 1910-1918, El Viso, Madrid, 2010.
-
[54]
Víctor Espinos Moltó, Alfonso XIII y la Guerra. Espejo de neutrales, Madrid, Mumbert, 1918, rééd. 1977 ; Journal « La Monarquia », La piedad de Alfonso XIII en aquellos dias trágicos, Madrid, 1920 ; Juan Cortés-Cavanillas, Alfonso XIII y la guerra del 14. Una documentación inédita y sensacional del archivo privado de Alfonso XIII en el palacio real de Madrid, Madrid, Arce, 1976, et Juan Pando, Un Rey para la esperanza. La España humanitaria de Alfonso XIII en la Gran Guerra, Madrid, Temas de Hoy, 2002. La mode de l’hommage au roi humanitaire avait été lancée dès la guerre par des visiteurs étrangers, principalement français (Mousset encore et alii). Le roi recevra des mains du maréchal Joffre la Médaille de la Reconnaissance française à Madrid en 1920.
-
[55]
Santiago Roldan, José Luis García Delgado, Juan Muñoz, La formación de la sociedad capitalista en España 1914-1920, 2 t., Madrid, Cajas de ahorro, 1973.
-
[56]
DDF, série 1914-1919, vol. I, 1914, doc. n° 275 (6 000 pistolets Orbea d’Eibar) et n°s 298 et 304 (démarche pour canons de 75) et 330 (rachat manqué de mitrailleuses malgré l’accord secret du Roi).
-
[57]
Pierre Bouyoux, L’Opinion publique à Toulouse pendant la première guerre mondiale, thèse 3e cycle, dir. J. Godechot, Université de Toulouse, 1970.
-
[58]
Jean-Marc Delaunay, « Les crédits Urquijo et la France en guerre », Mélanges de la Casa de Velázquez, Madrid, 1984 (t. XX), pp. 339-353.
-
[59]
Albert Broder, Histoire économique de l’Espagne contemporaine, Paris, Economica, 1998, pp. 149-154.
-
[60]
Gerald H. Meaker, « A Civil war of words: The ideological impact of the First World war on Spain, 1914-1918 », in Hans A. Schmitt (dir.), Neutral Europe between War and Revolution 1917-1923, Charlottesville, Presses universitaires de Virginie, 1988, pp. 1-65. Francisco Romero Salvadó, España 1914-1918. Entre la guerra y la revolución, Barcelone, Crítica, 2002 (édition anglaise, 1999) et « España y la Primera Guerra mundial. Neutralidad y crisis », in Sebastian Balfour et Paul Preston (dir.), España y las grandes potencias en el siglo xx, Barcelone, Crítica, 2002, pp. 17-33. Du même Francisco Romero Salvado, The Foundations of Civil War: Revolution, Social Conflict and Reaction in Liberal Spain, 1916-1923, New York/Londres, Routledge, 2008. Aussi, Juan Avilés Farré, « El impacto de la revolución rusa en España, 1917-1922 », in Javier Tusell, Juan Avilés, Rosa Pardo (dir.), op cit., pp. 117-133. Au moment de conclure, signalons l’article de notre collègue politiste Javier Moreno Luzón, « Neutralidad convulsa » (Neutralité convulsive), El País, 31 mai 2014.
-
[61]
Fernando María de Castiella, Una batalla diplomática, Barcelone, Planeta, 1976, pp. 26-27, d’après les mémoires du comte de Romanones, Las responsabilidades del antiguo régimen, Madrid, Renacimiento, 1924, pp. 97-102. G. Solé, « La incorporación de España en la Sociedad de Naciones », Hispania, Madrid, n° 132, 1976, pp. 131-169.
-
[62]
Sur cette question : Vincent Laniol, « Les diplomates français et les neutres européens au sortir de la Grande Guerre (1918-1920) », Relations internationales, automne 2014, n°159, pp. 83-100.
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[63]
Général Mordacq, Le Ministère Clemenceau. Journal d’un témoin (1917-1920), t. III, Paris, Plon, 1931, pp. 281-282. Sur l’avant-1914, Jean-Marc Delaunay, Méfiance cordiale..., op. cit.,vol. I, p. 431.
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[64]
Jean-Marc Delaunay, « Souvenir de Miguel de Unamuno, 1936-1986. Ses liens avec Maurice Legendre et la Casa de Velázquez », Mélanges de la Casa de Velázquez, Madrid, 1986, t. XXII, p. 418.
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[65]
Nous y reviendrons dans Guerres d’Europe et d’Afrique..., op. cit.
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[66]
Jean-Marc Delaunay, « Les neutres européens », dans Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004, pp. 855-866 (nouvelle édition dite du Centenaire, 2013, pp. 803-814).
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[67]
Fernando Maria de Castiella, op. cit., pp. 27-34.
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[68]
AMAE-La Courneuve, Papiers d’agents, n° 141, Papiers Pichon, vol. VI, copie lettre Romanones (Madrid) à Pichon (Paris), 30 novembre 1918. Jean-Marc Delaunay, « L’Espagne et la Grande Guerre », in Jean-Claude Allain (dir.), La Moyenne puissance au xxe siècle: recherche d’une définition : table ronde, Paris, IHCC, 1989, pp. 145-150.
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[69]
Rosa Pardo Sanz, « España ante el conflicto bélico de 1914-1918 : ¿ una esplendida neutralidad ? », in Salvador Forner, Coyuntura Internacional y Política española, Alicante, 2010, pp. 45-63.
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[70]
Vincent Laniol, « L’article 231 du traité de Versailles, les faits et les représentations. Retour sur un mythe », Relations internationales, n° 158, printemps 2014, p. 17 : Wilson fut touché par la grippe espagnole au début de 1919, tout comme le roi d’Espagne, affecté de problèmes oto-rhino-laryngologiques sérieux depuis sa jeunesse. Une vaste littérature existe sur ce thème, objet encore aujourd’hui d’études épidémiologiques et historiques.