Notes
-
[1]
La question du partage de la valeur ajoutée était centrale dans la pensée économique, jusqu’à ce que N. Kaldor constate en 1957 que ce partage est relativement stable à long terme. Cette stabilité est devenue une hypothèse centrale dans les modèles économiques contemporains. Elle a récemment été remise en question dans un article publié en 2014 par L. Karabarbounis et B. Neiman, qui font le constat d’une baisse mondiale de la part attribuée au travail. Depuis, un grand nombre de travaux académiques s’intéressent à comprendre les déterminants et implications sociales de son évolution. Voir Askenazy et al. (2012) pour une perspective historique sur la question.
-
[2]
En 2012, l’OCDE alertait déjà des risques que cette baisse de la part du travail pose à la cohésion sociale (OCDE, 2012). En 2017, le FMI a consacré un chapitre complet de son rapport annuel à cette question (FMI, 2017).
-
[3]
En témoigne en France la publication du rapport « CAC 40 : des profits sans partage » par Oxfam en mai 2018, ou plus récemment, la déclaration commune à plusieurs partenaires sociaux entièrement dédiée à la question intitulée « Partage de la valeur ajoutée » et publiée en mars 2019, disponible sur le site de la CFDT.
-
[4]
Entre janvier et juillet 2019, Google Scholar référençait déjà plus de 1 500 articles académiques faisant mention de la part du travail (plus précisément, « labo(u)r share »).
-
[5]
Sur plus long terme, néanmoins, la part semble relativement stable en Europe et dans la majorité des pays avancés hors États-Unis (Cette et al., 2019).
-
[6]
La question du recours accru à la rémunération des salariés sous la forme d’actions ou d’options sur titre peut également se poser. Ces rémunérations sont généralement incluses (concernant les options, dans la mesure où elles sont exercées) au prix d’acquisition. Néanmoins, les comptes nationaux ne contiennent pas de mesure des gains de valorisation sur ces actions. L’inclusion d’une estimation de ces gains amènerait à une moindre baisse de la part salariale aux États-Unis. Voir, à ce propos, Eisfeldt et al. (2019).
-
[7]
Cette deuxième méthode amènerait en France à surestimer les revenus des indépendants, dont une large partie est composée d’auto-entrepreneurs dont la situation est précaire (Askenazy et Palier, 2018). La première méthode pourrait quant à elle amener à sous-estimer les revenus des indépendants dans les pays qui incluent une grande partie du revenu des indépendants non pas dans le « revenu mixte » mais dans les dividendes des sociétés (Pionnier et Guidetti, 2015).
-
[8]
Cette explication suppose néanmoins que l’élasticité de substitution entre travail est capital est supérieure à un (travail et capital sont substituables), alors que la majorité des études empiriques trouvent une élasticité inférieure à un (travail et capital sont complémentaires, voir Oberfield et Raval, 2014 par exemple).
-
[9]
La concurrence accrue pouvant résulter de la capacité des clients à comparer les prix ou services sur internet, ou de l’ouverture au commerce international (Panon, 2019) ; elle peut d’autant plus favoriser la concentration que l’importance accrue du capital incorporel dans la production (logiciels, bases de données, etc.) implique que les entreprises ont de plus en plus des rendements d’échelle croissants (Haskel et Westlake, 2017).
-
[10]
Cette hypothèse est également avancée pour expliquer le ralentissement de l’investissement aux États-Unis, puisque ces profits sont essentiellement distribués sous forme de dividendes ou rachats d’actions (Gutiérrez et Philippon, 2018). D’autres explications ont été avancées qui auraient pu contribuer à ces tendances, comme la libéralisation financière qui aurait entrainé des changements dans leur gouvernance au profit des actionnaires (Vatan, 2019).
-
[11]
La différence entre les deux mesures tient principalement au poids croissant de l’immobilier, dont la part dans le PIB a augmenté très rapidement ces dernières décennies (Rognlie, 2015). Cela laisse penser que le secteur immobilier joue un rôle clé dans les inégalités (Bonnet et al., 2014).
-
[12]
Le progrès technologique ou la mondialisation auraient sinon eu des effets différents selon les pays, ou auraient alors été compensés par d’autres effets en dehors des États-Unis. Aucune étude ne permet d’éclairer ces questions à ce jour.
1La question de la répartition des gains de la croissance est au cœur des préoccupations des académiques mais aussi des syndicats et plus généralement de la sphère publique ces dernières années [1]. Cet intérêt provient, à l’origine, d’inquiétudes face au constat d’une baisse mondiale de la part des revenus attribués au travail depuis le début des années 1980. Le FMI et l’OCDE associent cette tendance à la stagnation des salaires ou la hausse des inégalités [2]. La sphère publique s’inquiète quant à elle de la juste et optimale répartition de la richesse [3]. Pour éclairer ce débat, un foisonnement d’articles académiques [4] cherche à identifier les principaux déterminants de la part du travail. Cet article propose un état des lieux de la recherche académique sur les tendances et déterminants de long terme de la part du travail dans le monde.
2Alors que la part du travail dans le PIB semble avoir baissé dans de nombreux pays depuis le début des années 1980 [5], la part des rémunérations du travail dans le revenu des sociétés, reflet de l’organisation de la production, n’a baissé qu’aux États-Unis. Plusieurs explications sont avancées pour comprendre l’expérience américaine, mais ne suffisent à ce jour pas encore à comprendre son caractère exceptionnel.
Les différentes mesures de la part du travail
3Avant d’étudier la part du travail et son évolution, il est important de comprendre les enjeux autour de sa mesure. Cette part est d’habitude mesurée dans les comptes nationaux, qui rapportent la répartition du revenu à l’échelle d’un pays ou d’une industrie. Dans ces comptes, le produit intérieur brut (PIB), net des impôts et subventions, se décompose en la somme des revenus du travail et des revenus bruts du capital (appelés excédent brut d’exploitation). A priori, mesurer la part du travail devrait donc être simple. En pratique, cependant, mesurer cette part amène à se poser un ensemble de questions conceptuelles.
4La première question qui se pose est de savoir ce qu’il faut inclure dans les rémunérations du travail. Les comptes nationaux donnent une mesure directe des salaires (incluant également traitements, primes et cotisations sociales) [6]. Il n’existe en revanche pas de mesure directe des revenus du travail des indépendants (non-salariés). L’activité des travailleurs indépendants n’est mesurée que par un revenu « mixte », incluant en partie la rémunération de leur travail mais également leur profit en tant que propriétaires du capital. Deux alternatives sont en général utilisées pour estimer le revenu provenant de leur travail : considérer qu’une proportion constante de leur revenu mixte est associée à leur travail ; ou estimer qu’ils touchent en moyenne un « salaire » équivalent à celui des salariés travaillant dans la même industrie [7].
5À cette question de la mesure des rémunérations du travail (au numérateur) s’ajoute la question du revenu de référence (dénominateur). La part du travail peut être rapportée au PIB. Néanmoins, le PIB inclut non seulement des activités marchandes, mais également non marchandes (comme le secteur public) dont l’activité est essentiellement mesurée par les rémunérations du travail – et donc pour lesquelles la part du travail est par construction proche de 100 %. Le PIB inclut également les loyers réels et « fictifs » des propriétaires. Or, la part de ces loyers dans le PIB augmente dans la majorité des pays avancés depuis 1980, ce qui contribue à une baisse relative des revenus du travail (Rognlie, 2015). Inclure l’immobilier peut être pertinent si l’on s’intéresse aux inégalités, mais n’informe pas sur de potentiels changements dans l’organisation de la production ni sur l’allocation du revenu des entreprises entre travailleurs et capitalistes.
6Pour étudier la répartition du revenu des entreprises, les études se rapportent en général à la part du travail dans le compte des sociétés (Rognlie, 2018). Néanmoins, la définition d’une société dans la comptabilité nationale diffère d’un pays à l’autre, ce qui compromet les comparaisons internationales. Certains pays peuvent avoir une définition économique large (et non pas seulement légale), incluant plus ou moins d’activités immobilières (comme les HLM en France, dont le revenu est essentiellement composé de loyers) aussi bien que certaines formes de travail indépendant (la majorité des consultants dans la finance au Royaume-Uni, par exemple, dont l’ensemble des revenus sont alors comptabilisés dans les dividendes des sociétés). Il convient d’ajuster ces comptes pour exclure l’immobilier et estimer les revenus du travail des indépendants, permettant ainsi obtenir une mesure de la part du travail pertinente pour l’analyse de la répartition des revenus au sein des sociétés (Gutiérrez et Piton, 2019).
7Part du travail dans le PIB ou part du travail (hors immobilier) des sociétés : deux mesures, donc ? Pas seulement, selon la question posée d’autres mesures peuvent être pertinentes : une part « nette », c’est-à-dire soustraire du dénominateur (la valeur ajoutée brute) le capital déprécié pour s’intéresser à la répartition du revenu des entreprises in fine disponible (Bridgman, 2018) ; une part « nationale » – incluant l’activité globale et non pas seulement domestique des entreprises – pour prendre en compte le fait que les multinationales placent une partie croissante de leurs revenus dans des paradis fiscaux (Torslov et al., 2018). En fin de compte donc, à chaque question sa mesure.
Un débat essentiellement centré sur le cas états-unien
8Aux États-Unis, les différentes mesures affichent des évolutions similaires : la part du travail serait en 2018 à un niveau historiquement bas (le plus bas depuis le début des années 1950) ; elle aurait surtout baissé depuis le début des années 2000, et ce principalement dans le secteur manufacturier. Puisque commune à toutes les mesures, cette baisse ne peut donc s’expliquer ni par l’immobilier, ni par une dépréciation accrue du capital, et est observée en dépit du fait qu’une part croissante des profits des entreprises est localisée à l’étranger.
9Une première explication avancée est le progrès technologique, qui peut entraîner un remplacement du travail par du capital avec l’automatisation (Karabarbounis et Neiman, 2014) [8], ou qui peut entraîner une augmentation des revenus du capital au détriment de ceux du travail (Moll et al., 2019). Les mêmes postes routiniers, concernés par l’automatisation, sont aussi les plus affectés par les délocalisations. Il semble en effet que les industries les plus concernées par les délocalisations aux États-Unis sont bien celles où la part du travail a le plus baissé (Elsby et al., 2013).
10Une autre piste d’explication part du constat que, concomitante à cette baisse de la part du travail depuis le début des années 2000, la concentration des entreprises s’est accentuée. Quelques entreprises « stars » (comme Walmart, Google ou Apple), très profitables (et donc avec une faible part du travail), pèsent de plus en plus dans l’économie. La baisse de la part du travail proviendrait alors du poids croissant de ces entreprises où cette part est plus basse (Kehrig et Vincent, 2018). Deux interprétations de cette concentration s’opposent à ce jour. La première considère que la concentration est une évolution positive : la concurrence accrue entre les entreprises (favorisée par les avancées technologiques ou l’ouverture internationale) [9] permet aux entreprises les plus productives (« superstars ») de remporter la majorité des parts de marché (Autor et al., 2017). La deuxième interprétation lie cette concentration à une « cartellisation » de l’économie américaine : ces entreprises profitables (mais pas forcément plus productives, « fading stars ») utilisent le lobbying pour influencer la réglementation en leur faveur et protéger ainsi leurs rentes (Gutiérrez et Philippon, 2019) [10].
11Toutes ces études s’inquiètent de la répartition de la valeur aux États-Unis. Mais qu’en est-il dans le reste du monde ? Alors que la part du travail dans le PIB semble avoir baissé dans tous les pays (Karabarbounis et Neiman, 2014), la part (hors-immobilier) pour les sociétés est relativement stable dans le temps dans les autres pays avancés (Gutiérrez et Piton, 2019) [11]. Le caractère unique de l’expérience américaine amène à une remise en cause des effets du progrès technologique ou de l’ouverture commerciale sur la part du travail, dont les tendances sont communes à tous les pays avancés [12]. Cette différence entre les États-Unis et le reste des pays avancés peut néanmoins être cohérente avec certains faits stylisés sur la concentration des entreprises : la concentration des entreprises en Europe ne semble pas s’être accentuée avec la même ampleur qu’aux États-Unis (Gutiérrez et Philippon, 2019), mais cette observation ne fait pas encore consensus (De Loecker et Eeckhout, 2018). Aucune explication ne peut donc à ce jour expliquer la spécificité américaine, ce qui laisse penser que le partage de la valeur ajoutée reste encore mal compris.
Bibliographie
- Askenazy P. et B. Palier (2018), « France : rising precariousness supported by the welfare State », Working paper, n° 1801, CEPREMAP.
- Askenazy P., G. Cette et A. Sylvain (2012), Le partage de la valeur ajoutée, La Découverte.
- Autor D., D. Dorn, L. F. Katz, C. Patterson et J. V. Reenen (2017), « The fall of the labor share and the rise of superstar firms », Working paper, n° 23396, NBER.
- Bonnet O., P.-H. Bono, G. Chapelle et É. Wasmer (2014), « Does housing capital contribute to inequality ? A comment on Thomas Piketty’s Capital in the 21st Century », Economics Discussion Papers, n° 2014-07, Sciences Po.
- Bridgman B. (2018), « Is labor’s loss capital’s gain ? Gross versus net labor shares », Macroeconomic Dynamics, n° 8, p. 2070-2087.
- Cette G., L. Koelh et T. Philippon (2019), « Labor shares in some advanced economies », Working paper, n° 26136, NBER.
- De Loecker J. et J. Eeckhout (2018), « Global market power », Working paper, n° 24768, NBER.
- Eisfeldt A. L., A. Falato et M. Xiaolan (2019), « Human capitalists ».
- Elsby M. W. L., B. Hobijn et A. Sahin (2013), « The decline of the U.S. labor share », Brookings Papers on Economic Activity, n° 44, p. 1-63.
- FMI (2017), « Gaining Momentum ? », chapitre 3, World Economic Outlook.
- Gutiérrez G. et T. Philippon (2019), « How EU markets became more competitive than US markets : a study of institutional drift », Working Paper n° 24700, NBER.
- Gutiérrez G. et S. Piton (2019), « Revisiting the global decline in the (non-housing) labor share », Working paper, n° 811, Bank of England.
- Haskel J. et S. Westlake (2017), Capitalism without capital. The rise of the intangible economy, Princeton University Press.
- Karabarbounis L. et B. Neiman. (2014), « The global decline of the labor share », The Quarterly Journal of Economics, n° 129, p. 61-103.
- OCDE (2012), « Partage de la valeur ajoutée entre travail et capital : Comment expliquer la diminution de la part du travail ? », Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2012.
- Pionnier P.-A. et E. Guidetti (2015), « Comparing profit shares in value-added in four OECD countries : towards more harmonised national accounts », Working paper n° 2015/3, OCDE.
- Kehrig M. et N. Vincent (2018), « The micro-Level anatomy of the labor share decline », Working paper n° 25275, NBER.
- Moll B., L. Rachel et P. Restrepo (2019), « Uneven growth : automation’s impact on income and wealth inequality ».
- Oberfield E. et D. Raval (2014), « Micro data and macro technology », Working paper, n° 20452, NBER.
- Panon L. (2019), « Globalization, variable markups and the fall of the labor share ».
- Rognlie M. (2015), « Deciphering the fall and rise in the net capital share : accumulation or scarcity ? », Brookings Papers on Economic Activity, n° 46, p. 1-69.
- Rognlie M. (2018), « Comment on « Accounting for Factorless Income », by Loukas Karabarbounis and Brent Neiman », NBER Macroeconomics Annual, n° 33.
- Torslov T., L. Wier et G. Zucman (2018), « The missing profits of nations », Working paper, n° 24701, NBER.
- Vatan A. (2019), « La baisse de la part salariale : reflet de la montée en puissance des investisseurs institutionnels ? », La Lettre du CEPII, n° 396.
Notes
-
[1]
La question du partage de la valeur ajoutée était centrale dans la pensée économique, jusqu’à ce que N. Kaldor constate en 1957 que ce partage est relativement stable à long terme. Cette stabilité est devenue une hypothèse centrale dans les modèles économiques contemporains. Elle a récemment été remise en question dans un article publié en 2014 par L. Karabarbounis et B. Neiman, qui font le constat d’une baisse mondiale de la part attribuée au travail. Depuis, un grand nombre de travaux académiques s’intéressent à comprendre les déterminants et implications sociales de son évolution. Voir Askenazy et al. (2012) pour une perspective historique sur la question.
-
[2]
En 2012, l’OCDE alertait déjà des risques que cette baisse de la part du travail pose à la cohésion sociale (OCDE, 2012). En 2017, le FMI a consacré un chapitre complet de son rapport annuel à cette question (FMI, 2017).
-
[3]
En témoigne en France la publication du rapport « CAC 40 : des profits sans partage » par Oxfam en mai 2018, ou plus récemment, la déclaration commune à plusieurs partenaires sociaux entièrement dédiée à la question intitulée « Partage de la valeur ajoutée » et publiée en mars 2019, disponible sur le site de la CFDT.
-
[4]
Entre janvier et juillet 2019, Google Scholar référençait déjà plus de 1 500 articles académiques faisant mention de la part du travail (plus précisément, « labo(u)r share »).
-
[5]
Sur plus long terme, néanmoins, la part semble relativement stable en Europe et dans la majorité des pays avancés hors États-Unis (Cette et al., 2019).
-
[6]
La question du recours accru à la rémunération des salariés sous la forme d’actions ou d’options sur titre peut également se poser. Ces rémunérations sont généralement incluses (concernant les options, dans la mesure où elles sont exercées) au prix d’acquisition. Néanmoins, les comptes nationaux ne contiennent pas de mesure des gains de valorisation sur ces actions. L’inclusion d’une estimation de ces gains amènerait à une moindre baisse de la part salariale aux États-Unis. Voir, à ce propos, Eisfeldt et al. (2019).
-
[7]
Cette deuxième méthode amènerait en France à surestimer les revenus des indépendants, dont une large partie est composée d’auto-entrepreneurs dont la situation est précaire (Askenazy et Palier, 2018). La première méthode pourrait quant à elle amener à sous-estimer les revenus des indépendants dans les pays qui incluent une grande partie du revenu des indépendants non pas dans le « revenu mixte » mais dans les dividendes des sociétés (Pionnier et Guidetti, 2015).
-
[8]
Cette explication suppose néanmoins que l’élasticité de substitution entre travail est capital est supérieure à un (travail et capital sont substituables), alors que la majorité des études empiriques trouvent une élasticité inférieure à un (travail et capital sont complémentaires, voir Oberfield et Raval, 2014 par exemple).
-
[9]
La concurrence accrue pouvant résulter de la capacité des clients à comparer les prix ou services sur internet, ou de l’ouverture au commerce international (Panon, 2019) ; elle peut d’autant plus favoriser la concentration que l’importance accrue du capital incorporel dans la production (logiciels, bases de données, etc.) implique que les entreprises ont de plus en plus des rendements d’échelle croissants (Haskel et Westlake, 2017).
-
[10]
Cette hypothèse est également avancée pour expliquer le ralentissement de l’investissement aux États-Unis, puisque ces profits sont essentiellement distribués sous forme de dividendes ou rachats d’actions (Gutiérrez et Philippon, 2018). D’autres explications ont été avancées qui auraient pu contribuer à ces tendances, comme la libéralisation financière qui aurait entrainé des changements dans leur gouvernance au profit des actionnaires (Vatan, 2019).
-
[11]
La différence entre les deux mesures tient principalement au poids croissant de l’immobilier, dont la part dans le PIB a augmenté très rapidement ces dernières décennies (Rognlie, 2015). Cela laisse penser que le secteur immobilier joue un rôle clé dans les inégalités (Bonnet et al., 2014).
-
[12]
Le progrès technologique ou la mondialisation auraient sinon eu des effets différents selon les pays, ou auraient alors été compensés par d’autres effets en dehors des États-Unis. Aucune étude ne permet d’éclairer ces questions à ce jour.