RECMA 2020/1 N° 355

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Article de revue

L’ESS dans les quartiers créatifs : ancrage et utilité sociale dans les territoires de proximité

Pages 65 à 79

Notes

  • [1]
    Collectifs d’artistes (arts du spectacle, arts plastiques), théâtres, lieux de danse, association de médiation culturelle…
  • [2]
    Collectifs d’artistes (arts du spectacle, arts plastiques), théâtres, galeries d’art, salle de spectacles…
  • [3]
    Pour plus de détails sur la transformation des Olivettes, du Panier et de Berriat en quartiers créatifs, voir la thèse de doctorat de Basile Michel (2017).
  • [4]
    En moyenne, les acteurs interrogés entretiennent 14 relations avec d’autres organisations culturelles et créatives de leur quartier. Il s’agit le plus souvent d’échanges ponctuels.
  • [5]
    Les organisations privées engagées dans la création de liens avec les habitants des quartiers sont des artistes indépendants, des galeries d’art et des entreprises créatives. Elles ouvrent par exemple ponctuellement leurs locaux en vue de créer des rencontres avec la population.
  • [6]
    De nombreux événements et ateliers ne regroupent que quelques dizaines de personnes. Toutefois, certains concerts ou expositions attirent plusieurs centaines de spectateurs ou de visiteurs.
  • [7]
    Les exemples développés dans l’article sont symboliques des actions menées par les organisations culturelles et créatives de l’ESS investies à l’échelle des trois quartiers étudiés. Bien d’autres exemples équivalents auraient pu être présentés pour montrer les espaces de rencontre qui en découlent.
  • [8]
    Le guide est accessible en ligne : www.histoires-de.fr/raconte-moi-Berriat-Saint-Bruno.

1Considérée comme une « forme complémentaire d’organisation, qui coexiste avec une économie de marché et une économie publique » (Bioteau et Fleuret, 2014), l’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe des structures visant à fonctionner de manière démocratique et à œuvrer au service de l’intérêt général tout en ne se soumettant pas à la logique du profit économique (Jeantet, 2008 ; Laville, 2011). Ce faisant, les acteurs de l’ESS portent des valeurs de solidarité et de partage qui pourraient favoriser le lien social et l’émergence d’une société du commun (Dardot et Laval, 2015).

2Ces éléments entrent en résonance avec les secteurs culturels et créatifs, caractérisés par l’importance des projets à finalité sociale (Stokkink et Graceffa, 2015) et valorisés comme des vecteurs de cohésion sociale (KEA, 2006 ; Klein et Tremblay, 2010), notamment dans les quartiers urbains où se concentrent des collectifs d’artistes (Markusen, 2006), ou encore des théâtres et des agences de communication parmi lesquelles le recours aux statuts de l’ESS est fréquent. Des travaux ont déjà été développés autour de l’ESS dans les secteurs culturels et créatifs (Colin et Gautier, 2008 ; Emin et Guibert, 2009 ; Michel et Le Claire, 2019 ; Rousselière et Bouchard, 2010). Toutefois, il existe peu, à cette heure, d’analyses géographiques de ces secteurs qui entrecroisent une spécificité liée aux statuts d’ESS, l’ancrage territorial des organisations culturelles et créatives dans un quartier urbain spécifique et leur capacité à construire des espaces de rencontre.

3Dès lors, l’objectif de cet article est justement d’interroger la capacité des organisations culturelles et créatives de l’ESS à faire émerger des lieux d’échange et de croisement ouverts aux habitants des quartiers qu’elles investissent. Par « organisations », nous entendons des structures (associations ou coopératives principalement) et leurs animateurs, bénévoles et salariés. Quel est le positionnement de ces acteurs vis-à-vis de leur quartier d’implantation professionnelle ? Cherchent-ils à y créer des espaces de partage et de rencontre ? Le quartier représente-t-il pour eux un territoire d’action où les principes de partage et d’ouverture de l’ESS sont mis en place ? Ou bien sont-ils mus par le seul objectif culturel ou créatif qui constitue leur mission première ?

4Ces questionnements éclairent un enjeu important, à savoir le rôle que peut jouer l’ESS dans la construction d’espaces d’échanges et de rencontres dans les villes. Afin d’apporter des éléments de réponse, cet article est centré sur le positionnement des acteurs culturels et créatifs quant à leur ouverture à l’échelle des quartiers, et les actions concrètes qui sont mises en place dans ces territoires, de nature à y entretenir une dimension sociale. L’angle choisi est donc volontairement axé sur les organisations culturelles et créatives de l’ESS, leurs projets et leurs actions concrètes. Pour mener à bien l’analyse, des enquêtes qualitatives réalisées dans trois quartiers concentrant des organisations culturelles et créatives à Nantes (les Olivettes), à Marseille (le Panier) et à Grenoble (Berriat) seront mobilisées.

5Une première partie pose les fondements théoriques nécessaires à une réflexion croisée mêlant ESS, secteurs culturels et créatifs et quartiers créatifs. La deuxième présente les trois quartiers enquêtés et la méthodologie utilisée. La troisième partie analyse le positionnement des organisations culturelles et créatives ainsi que le type d’actions menées, de façon à pouvoir apprécier dans quelle mesure l’ESS culturelle et créative est capable, dans son territoire de proximité, de faire émerger des espaces de rencontre relevant d’une dimension sociale.

Les liens entre ESS, secteurs culturels et créatifs, et quartiers créatifs

Poids et caractéristiques de l’ESS au sein des secteurs culturels et créatifs

6Une vaste littérature s’est développée depuis le début des années 2000 sur les secteurs culturels et créatifs (Caves, 2000 ; Landry, 2000 ; Scott, 2000). Ceux-ci sont constitués de trois domaines d’activité : les arts (du spectacle et visuels) et le patrimoine, les industries culturelles (édition, cinéma, musique enregistrée, etc.) et les industries créatives (design, architecture, etc.) (KEA, 2006). Les organisations ainsi regroupées sont diverses, notamment en termes de degré d’insertion dans les logiques de marché (Grésillon, 2014). Toutefois, elles ont pour points communs d’être fondées sur l’acte de création, de faire appel à la créativité des travailleurs (Chantelot, 2010), d’être majoritairement de petite taille (HKU, 2010), de faire face à des conditions d’emploi souvent précaires (Vivant, 2011) et d’intégrer une forte dimension symbolique et esthétique dans leurs productions (Scott et Leriche, 2005). Une part importante de ces organisations se développe avec un statut relevant de l’ESS, principalement sous forme associative, et de manière moins répandue sous forme coopérative (Latarjet, 2017 ; Rousselière et Bouchard, 2010). Le recours à ces statuts s’explique en partie par la volonté de nombreux acteurs de ce milieu de s’engager dans des démarches à finalité sociale et visant l’intérêt général (Stokkink et Graceffa, 2015). Il s’explique aussi par leur propension à percevoir le statut associatif comme une solution de facilité permettant de tester son projet dans un contexte concurrentiel. Enfin, le refus de la lucrativité individuelle des capitaux investis finit de plaider en faveur des statuts relevant de l’ESS pour de nombreux acteurs de ces secteurs. Ainsi, l’ESS est fortement représentée dans les secteurs culturels et créatifs, tout particulièrement dans les arts du spectacle vivant. En France, la part des emplois émanant d’organisations de l’ESS dans la culture est évaluée entre 26 et 29 % (Observatoire national de l’ESS, 2017 ; Stokkink et Graceffa, 2015). Pour Hannecart et Marzin (2015), « la culture représente ainsi un des domaines privilégiés dans lesquels se déploie l’économie solidaire ». La dynamique actuelle est positive puisque la culture est le premier thème d’inscription au Journal officiel des associations entre 2015 et 2019, avec 20,3 % des inscriptions, loin devant le sport (14,1 %) (traitement des auteurs). À l’échelle régionale, l’importance de l’ESS dans les secteurs culturels et créatifs est également vérifiée : 14 % des organisations ESS de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur appartiennent à ces secteurs (Stokkink et Graceffa, 2015), tandis que 19 % des emplois dans la culture relèvent de l’ESS en Pays de la Loire (Hannecart et Marzin, 2015). Cette réalité est symbolisée par le développement du Pôle de coopération pour les musiques actuelles en Pays de la Loire. Cette association a pour but de créer un réseau de collaboration et de mutualisation régional dans le domaine des musiques actuelles. Les 125 structures culturelles adhérentes du Pôle sont majoritairement des associations. En outre, elles se retrouvent autour de valeurs communes telles que la gouvernance démocratique, la solidarité et la valorisation de la diversité culturelle, légitimant leur inscription dans l’ESS.

Quel rôle social pour ces organisations ?

7La littérature scientifique met en avant un mouvement d’agglomération spatiale des organisations culturelles et créatives dans des quartiers urbains caractérisés par la proximité du centre-ville, des prix de l’immobilier inférieurs au marché et un passé industriel (Bell et Jayne, 2004 ; Michel, 2018). Ces quartiers sont alors qualifiés de « culturels » ou de « créatifs » de par la présence de nombreux acteurs des secteurs culturels et créatifs (Evans, 2009 ; Roodhouse, 2006). Ils se différencient notamment par la manière dont ils se sont formés, certains étant planifiés par les pouvoirs publics (top-down) tandis que d’autres résultent d’une agglomération spontanée d’organisations culturelles et créatives (bottom-up) (Mommaas, 2004). Les travaux portant sur ces quartiers se sont principalement attachés à analyser les dynamiques de régénération urbaine et de développement économique qui y sont liées (Bailoni, 2014 ; Evans, 2009 ; Montgomery, 2003 ; Roodhouse, 2006). Ceux traitant de leurs dimensions sociales, notamment des liens tissés par les acteurs culturels et créatifs avec les habitants, sont plus rares (Markusen, 2006). Par conséquent, le rôle social joué par les organisations culturelles et créatives au sein de ces quartiers reste méconnu. En outre, le statut ESS d’une partie d’entre elles n’est que peu pris en compte, alors même qu’il peut constituer un élément de compréhension (Michel, 2017). Dans cette perspective, la capacité des organisations culturelles et créatives de l’ESS à créer des espaces de rencontre au sein des quartiers urbains qu’elles investissent apparaît comme un élément à questionner et évaluer.

8Ce questionnement renvoie à un double enjeu : premièrement, il s’agit d’explorer les formes et les dynamiques spécifiques de l’ESS culturelle et créative, notamment quant aux types de projets portés et d’actions menées ; deuxièmement, il s’agit de saisir si ces organisations sont à même de participer à la construction d’espaces d’échange et de dialogue à l’échelle des territoires de proximité.

Les organisations culturelles et créatives de l’ESS : enquête dans trois quartiers créatifs

9Cet article s’appuie sur des enquêtes menées entre 2013 et 2016 dans les quartiers des Olivettes (Nantes), du Panier (Marseille) et Berriat (Grenoble). La méthodologie qualitative mobilisée consiste en entretiens semi-directifs, en observations et en analyse de documents. Cinquante-deux entretiens ont été réalisés auprès de responsables d’organisations culturelles et créatives au statut ESS installées dans les trois quartiers étudiés. Des entretiens complémentaires ont été conduits avec des habitants (34), des chargés de développement ou d’animation du territoire (5) et des organisations culturelles et créatives relevant de l’économie marchande classique (125).

Saisir le positionnement des acteurs

10Les entretiens avec les acteurs de l’ESS se sont articulés autour de sept thématiques : l’histoire et le parcours de la structure ; les déterminants du choix de localisation ; le projet, les caractéristiques et le fonctionnement de la structure ; les relations partenariales avec les autres organisations culturelles et créatives du quartier ; les actions menées en direction du quartier et de sa population ; les représentations et les pratiques personnelles du quartier ; les projets de développement envisagés. Leur objectif principal était de saisir le positionnement de ces acteurs vis-à-vis des quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat afin d’identifier : premièrement, s’ils entretiennent des liens avec les habitants de ces quartiers ; deuxièmement, si la création de liens est intégrée dans le projet de la structure ; troisièmement, si des actions concrètes sont mises en place dans ce but ; quatrièmement, s’il existe des collaborations entre organisations pour favoriser les rencontres avec les habitants. Les personnes interrogées ont été choisies en fonction de leur domaine d’activité (collectifs d’artistes, théâtres, communication culturelle, etc.) afin de rendre compte de la diversité des organisations culturelles et créatives de l’ESS et donc de permettre l’établissement d’éléments de compréhension génériques sur les conditions d’émergence d’espaces de rencontre portés par ces organisations. Les enquêtés sont des femmes (60 %) et des hommes (40 %) ayant majoritairement entre 20 et 39 ans (51 %) et dont une partie habite, en plus de travailler, dans l’un des quartiers étudiés (29 %). Concernant les structures, pour les Olivettes, l’échantillon est majoritairement composé d’associations (81 %), mais aussi de coopératives, notamment sous la forme de Sociétés coopératives et participatives (Scop). Le secteur le plus représenté est celui de l’art [1] (76 %), mais il existe aussi des structures liées au numérique et à la communication. Enfin, les organisations interrogées sont de petite taille (4 personnes en moyenne). Au Panier et à Berriat, l’échantillon n’est composé que d’associations, principalement dans le secteur artistique [2] (respectivement 85 % et 88 %). Comme dans le cas des Olivettes, et à l’image de la situation générale des secteurs culturels et créatifs (HKU, 2010), ces structures ont des effectifs réduits (3 et 6 personnes en moyenne).

11De manière à compléter les discours de ces acteurs et à les confronter à la réalité, des phases d’observation dans les quartiers (lors d’événements, dans les lieux culturels, etc.), une analyse des sites Internet des organisations ainsi que des entretiens avec les habitants ont été réalisés. L’observation in situ a permis d’évaluer la participation des publics, et notamment des habitants, aux actions menées par les acteurs culturels et créatifs dans les quartiers. Elle a ainsi été l’occasion de réaliser des comptages quant à la fréquentation des lieux et des événements (spectacles, ateliers, etc.) et de recenser les interactions, ou leur absence, entre les participants et les acteurs culturels et créatifs (discussions, créations communes, etc.).

Les caractéristiques des quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat

12Les trois quartiers étudiés dans cet article se situent dans des villes françaises dynamiques d’un point de vue culturel, que ce soit à Nantes (parcours artistique et urbain Voyages à Nantes, projet artistique des Machines de l’île, etc.), à Marseille (Capitale européenne de la culture 2013, scènes artistiques off…) ou à Grenoble (où se trouve notamment le Centre national d’art contemporain le Magasin et l’orchestre des Musiciens du Louvre). Situés à proximité du centre-ville sans en faire partie, les quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat ont connu, à la suite d’une période de déclin économique et de dégradation urbaine, un processus d’agglomération spatiale d’organisations culturelles et créatives. Celui-ci tient principalement à l’installation spontanée d’artistes dans les années 1990, suivis par des architectes et d’autres travailleurs créatifs au tournant des années 2000 (bottom-up). Attirés par la proximité du centre-ville, des prix de l’immobilier abordables et l’histoire ouvrière de ces quartiers, ces professionnels s’y sont concentrés en grand nombre jusqu’à en faire émerger une image « créative » qu’ils revendiquent, comme l’illustrent les propos d’un directeur d’association aux Olivettes : « Je suis fier d’être dans le quartier ; comme je dis : moi, je travaille dans le quartier historique de la création » (directeur d’une association d’événementiel culturel, juillet 2015) [3]. Ce sont aujourd’hui respectivement 250, 128 et 174 organisations des secteurs culturels et créatifs qui se concentrent aux Olivettes, au Panier et à Berriat (Michel, 2017). Parmi elles, environ 28 % ont un statut ESS. Il s’agit d’artistes, de collectifs artistiques, de lieux culturels (théâtres, salles de danse, galeries d’art…), d’agences de communication ou encore de structures culturelles (événementiel, médiation…). À l’intérieur de chaque quartier, ils instaurent entre eux des relations collaboratives variées : échanges d’informations, prêt de matériel, entraide, projets collectifs, etc. [4]

13Trois de ces organisations vont être présentées succinctement. Ces exemples ont été choisis car ils donnent à voir les différents types d’organisations culturelles et créatives de l’ESS présentes dans les quartiers étudiés en termes de statut (associatif et coopératif) et de domaine d’activité (création artistique, communication, fabrication d’objets). En outre, ils illustrent la volonté majoritairement partagée par ces organisations de développer une activité professionnelle de création qui leur tient à cœur, et dans laquelle elles cherchent à appliquer des valeurs considérées comme proches de l’ESS (bien-être au travail, partage, ouverture, gain économique relégué au second plan).

Scopic : itinéraire d’une agence de communication dans le quartier des Olivettes

14Scopic est une agence de communication au statut Scop. Sa création en 2004 résulte des nombreuses demandes d’opérations de communication faites à l’association Pick’up Productions, organisatrice d’événements autour notamment du hip-hop et du graffiti. Trois membres de cette association vont créer une Scop afin de répondre aux besoins des clients tout en préservant, en parallèle, l’activité associative de Pick’up. Scopic compte aujourd’hui 14 salariés et est installée depuis sa création dans le quartier des Olivettes. Suivant les principes de la Scop, l’entreprise accorde une place importante à l’humain et au bien-être de tous les salariés au travail : « On se pose beaucoup de questions sur l’entreprise de manière générale, c’est-à-dire qu’on part du constat qu’on passe les trois quarts de sa vie à bosser et que pour nous, en fait, c’est juste hors de question de passer les trois quarts de sa vie à se faire chier. Donc on essaye de voir comment on peut faire en sorte que ça se passe bien, et donc c’est tout revoir, en fait, c’est se poser la question de l’entreprise en elle-même » (cofondateur et directeur de Scopic, avril 2013).

L’Atelier 1 par 1 : un lieu de création au cœur du Panier

15L’Atelier 1 par 1 est une association regroupant divers créateurs autour d’un lieu de création et de vente. Il est implanté dans le quartier du Panier depuis 2011. C’est une femme souhaitant effectuer une reconversion professionnelle et entamer un nouveau projet de vie qui en est à l’origine : « Ici, j’ai pu faire ce que je voulais. J’ai travaillé pendant 25 ans dans des trucs à la con qui ne m’ont pas plu du tout. Je préfère être bénévole et ne vraiment pas avoir d’argent mais être heureuse dans ce que je fais que travailler comme j’ai travaillé. […] Je trouve que le bonheur passe par là » (cofondatrice de l’Atelier 1 par 1, novembre 2015).

16Cette association est portée intégralement par l’activité bénévole de ses membres. Si une douzaine de créateurs sont exposés, seulement deux d’entre eux viennent régulièrement utiliser l’atelier. La gestion n’est pas régulée par des règlements ou des normes, mais repose sur la volonté de créer un espace ouvert, de rencontre, de passage et de vie collective.

Les Barbarins fourchus : un collectif pluridisciplinaire d’artistes à Berriat

17Les Barbarins fourchus est un collectif d’artistes de rue créé en 1992 à Grenoble. Les fondateurs sont issus de différentes disciplines (arts plastiques, musique, écriture) et de différents milieux (punk, rock’n’roll, conservatoire). Pour eux, bénéficier d’un lieu central est primordial : dès le départ, les artistes souhaitent pouvoir se retrouver, échanger, se loger, créer, diffuser et accueillir dans un même espace. Jusqu’en 1999, ils investissent plusieurs squats grenoblois avant d’obtenir, par délégation de service public, la gestion du Théâtre 145 dans le quartier Berriat. Le théâtre devient alors ce lieu central recherché par les Barbarins fourchus.

18En 2011, la mairie décide de confier la gestion du théâtre à une autre compagnie. Le collectif manifeste alors son désir de bénéficier d’un nouveau lieu, condition nécessaire à son travail de création et d’ouverture au public : « On souhaite conserver un lieu parce que c’est notre centre, c’est le centre qui nous permet de travailler et de créer, et puis c’est aussi là que l’on rencontre les gens de notre quartier, et ça nous semble être quelque chose d’important » (artiste cofondateur du collectif, juin 2016). Après de longues négociations avec les partenaires publics (ville, département, région), le collectif obtient la Salle noire, une ancienne usine textile du quartier Berriat. C’est donc à partir de cet espace que les Barbarins fourchus poursuivent leurs actions.

Créer des espaces de rencontre : du positionnement de principe aux actions concrètes

19Le positionnement de principe des organisations culturelles et créatives de l’ESS vis-à-vis de leur quartier sera analysé, puis nous montrerons comment leur engagement à l’ouverture se matérialise par le biais d’actions concrètes.

Le quartier, un territoire d’action pour 65% des acteurs de l’ESS

20La majorité des organisations culturelles et créatives de l’ESS localisées aux Olivettes, au Panier et à Berriat considèrent leur quartier comme un territoire d’action. Pour 65 % des acteurs interrogés, le quartier et ses habitants doivent être intégrés au projet de la structure et des actions spécifiques doivent être développées pour eux. Ainsi, aux côtés des projets menés sur le territoire métropolitain, régional, national ou international (spectacles, expositions, montage d’événements, etc.), ces structures cherchent à ancrer une partie de leur travail de création et de diffusion au sein du quartier. Cette volonté affichée répond au souhait des acteurs d’instaurer un dialogue et de créer des rencontres avec les habitants, tout en animant socialement le quartier. Le cas de l’Atelier 1 par 1 au Panier illustre cette philosophie d’engagement social qui guide les projets des organisations culturelles et créatives de l’ESS. Depuis ses débuts, le projet comporte une dimension sociale et territoriale forte puisque l’objectif était de « créer une asso pour essayer de faire un peu bouger le quartier, parce que c’est un quartier qui est magnifique, qui est bourré d’histoire, qui a un potentiel assez énorme et qui était complètement à l’abandon. […] Il manquait vraiment un lieu où les gens se retrouvent, où on fasse de nouveau de la musique, où l’on se retrouve ensemble dehors » (cofondatrice de l’Atelier 1 par 1, novembre 2015).

21Suivant la même philosophie d’ouverture au quartier, les organisations culturelles et créatives des Olivettes et de Berriat défendent leur engagement à « créer des espaces et des moments de rencontre autour de la culture » (gestionnaire d’une association culturelle localisée à Berriat, avril 2016). L’un des fondateurs des Barbarins fourchus témoigne également de cet engagement : « On a vu parfois des lieux qui ne sont pas du tout ouverts sur l’extérieur, qui sont ouverts de 20 heures à 22 heures et basta. Nous, ce n’était pas du tout comme ça qu’on l’envisageait, on disait : “non, non, il faut qu’il y ait des ouvertures, des repas, des répétitions publiques…” » (artiste cofondateur du collectif, juin 2016).

22Aux Olivettes, le cofondateur de Scopic exprime également la volonté de s’ouvrir au quartier en interrogeant le rôle social de l’entreprise : « Nous, on se pose la question de cet acteur économique [l’entreprise] : est-ce qu’il peut avoir un rôle social, et si oui lequel ? […] On se dit que l’entreprise, en fait, elle n’est déjà pas isolée, c’est-à-dire qu’elle est sur un territoire. Ce territoire, si on prend son plus petit dénominateur commun, eh bien c’est sa rue et son quartier. Donc, si l’entreprise est un acteur social au-delà d’être un acteur économique, ça veut dire que, probablement, elle a une ouverture sur cet espace-là, sur ce quartier, ce bout de territoire. Pour y proposer quoi ? En quoi elle peut être un animateur, en quoi elle peut être un acteur qui propose des choses au-delà de s’enfermer sur elle-même ? » (cofondateur et directeur de Scopic, avril 2013).

Dépasser la fonction artistique et économique ?

23Ces questionnements mettent en lumière la volonté des acteurs culturels et créatifs de dépasser la fonction économique et artistique de leur coopérative ou de leur association en agissant socialement sur leur quartier. Les propos du fondateur d’un théâtre dans le Panier confirment cette intention : « C’est un peu une volonté que j’ai eue au départ et qui est partagée par l’équipe : un théâtre qui est implanté dans un territoire, au milieu d’une population, ne peut pas limiter son action à ses missions prioritaires qui sont la création, la programmation, etc. Il est amené quand même, s’il veut avoir un vrai impact sur la population, à faire d’autres choses qui ne sont pas obligatoirement liées à sa programmation. Sinon, il reste un îlot un peu perdu au milieu des gens » (fondateur du théâtre de Lenche, octobre 2015).

24A contrario, pour 35 % des acteurs interrogés, le quartier ne constitue pas un territoire d’action. Ils n’expriment pas de volonté spécifique de s’y engager pour créer des espaces et des moments de rencontre avec les habitants. Cela s’explique par la priorité qu’ils accordent au rayonnement régional, national, voire international, de leur activité. Dans ce contexte, l’échelle du quartier n’apparaît pas dans leur projet. Cette situation n’empêche pas l’établissement spontané de liens informels avec les habitants (17 % des acteurs interrogés), en dehors de toute action socioculturelle. Toutefois, cette part minoritaire mais importante d’acteurs n’intégrant pas l’ouverture au quartier dans leur projet nous incite à ne pas considérer qu’il existerait un lien automatique entre le fait d’être une organisation culturelle et créative de l’ESS et l’engagement à s’ouvrir aux habitants.

25Il n’en reste pas moins que la majorité des acteurs des Olivettes, du Panier et de Berriat est mue par l’ambition de s’ouvrir au quartier. Il importe alors d’examiner les actions concrètes mises en place afin de confronter la volonté d’ouverture affichée à la réalité.

Un panel d’actions

26La volonté de s’ouvrir au quartier se matérialise par la mise en œuvre d’actions concrètes visant à établir des espaces et des moments de rencontre avec les habitants. Le témoignage d’une gestionnaire d’association culturelle de Berriat illustre cette articulation entre le projet des organisations culturelles et créatives de l’ESS et la réalisation pratique d’actions en cohérence avec ce projet : « L’association Et à Fond a vraiment depuis plusieurs années l’intention de s’inscrire dans ce territoire [Berriat]. C’est une phrase que l’on répète souvent et on l’a mise en pratique en créant et en développant à la fois des rencontres avec des individus et des espaces de pratique pour les gens du quartier » (gestionnaire de l’association Et à Fond, avril 2016). Les actions développées prennent des formes variées : ateliers participatifs à destination des habitants, spectacles proposés lors des fêtes de quartier, création d’événements culturels, ouverture des lieux lors de répétitions, etc. Leur mise en place apparaît comme une spécificité de l’ESS culturelle et créative puisque, si 65 % de ses acteurs interrogés sont engagés dans des actions visant explicitement la création de liens avec les habitants, c’est le cas de seulement 10 % des organisations culturelles et créatives du secteur privé enquêtées dans les trois quartiers [5]. Les actions s’inscrivent dans une logique de proximité. Loin des manifestations de grande ampleur comme le Voyage à Nantes, elles consistent en activités et en événements intimistes s’adressant à un public de proximité ou de connaisseurs [6]. En outre, elles se déroulent en divers lieux du quartier, parfois au contact direct des habitants (parcs publics, bars, etc.). Cette spécificité renvoie aux fondements des organisations de l’ESS, dont le caractère d’utilité sociale et culturelle tient largement à leur ancrage dans les territoires de proximité (Bioteau et Fleuret, 2014). Différents exemples permettent d’illustrer ces éléments généraux dans les quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat [7].

27Ainsi, aux Olivettes, l’agence Scopic organise un marché alimentaire bio bimensuel dans ses locaux et dans la cour qu’elle partage avec d’autres structures. Cette initiative a permis à la fois d’ouvrir les bureaux sur l’extérieur en attirant des visiteurs peu communs pour une agence de communication et de créer un temps et un espace de croisement entre les habitants et les travailleurs du quartier. Pour le cofondateur de Scopic, l’émergence de cet espace de croisement est une satisfaction et concrétise la volonté de l’entreprise de jouer un rôle d’animation sociale du quartier : « On a informé les habitants d’un côté de la rue, les boîtes de l’autre, qu’on accueillait un jeune maraîcher qui a des produits bio supers. On leur a dit : “si vous voulez venir, c’est ouvert, vous pourrez les acheter”. Et puis, au bout d’un moment, ça a été l’affluence. Ça a créé le “ah, toi tu bosses là ; ah, c’est marrant on s’est jamais vus ; mais si, je t’ai croisé l’autre jour, tu fumais ta clope…” ! En fait voilà : ça crée un espace de dialogue, de rencontre, qui n’existe pas autrement » (cofondateur et directeur de Scopic, avril 2013). Depuis 2015, le marché a été transformé en distribution hebdomadaire de paniers alimentaires et demeure un moment de croisement entre les différents usagers du quartier, bien que l’affluence ne soit pas de très grande ampleur (plus de trente visiteurs chaque semaine).

28Cette initiative en rejoint d’autres portées par des organisations des Olivettes. Par exemple, le collectif d’associations artistiques Pol’n a créé le festival de sérigraphie Kraft, organisé chaque année de 2012 à 2015 dans le quartier. En ces occasions, les artistes ont investi la Maison de quartier, un restaurant, une agence d’architecture et un magasin pour proposer des expositions et des ateliers participatifs. Au cours du festival, les artistes échangent avec les habitants, encouragés à entrer dans les différents lieux d’exposition par une signalétique spécifique dans le quartier. En complément, d’autres moments ponctuels d’échange entre les artistes de Pol’n et les habitants ont lieu tout au long de l’année. Des spectacles-débats sont organisés à Pol’n et dans la Maison de quartier, ainsi que divers ateliers participatifs où les habitants et les artistes se positionnent en coproducteurs des créations (portraits photographiques d’habitants affichés sur les murs du quartier, œuvres plastiques éphémères dans les espaces publics, etc.).

29Au Panier, l’Atelier 1 par 1, quant à lui, concrétise sa volonté d’animer le quartier en installant des chaises, des fauteuils et des tables devant ses locaux. Les créateurs du collectif s’y installent pour discuter, manger, prendre l’apéritif, boire un café ou jouer de la musique. Des habitants les rejoignent et prennent place à leur tour. Des repas non planifiés sont régulièrement partagés. Chacun entre et sort de cet atelier aux portes ouvertes et aux occupants accueillants. Une bibliothèque solidaire placée dans la rue permet également d’emprunter et de déposer librement des livres. Grâce à toutes ces actions informelles, l’Atelier 1 par 1 tend à devenir un lieu de vie et de partage ouvert aux habitants du quartier.

30D’autres acteurs du Panier mènent des actions plus formelles. Le théâtre de Lenche, par exemple, organise des spectacles de rue de manière à aller à la rencontre des habitants sans attendre qu’ils franchissent eux-mêmes les portes de la salle de spectacle : « La population traditionnelle du quartier ne vient presque pas au théâtre. Donc, si on veut la rencontrer, il faut proposer autre chose. C’est pour ça que l’on fait ces fêtes qui nous permettent de travailler avec les gens, de les voir et de montrer que l’on s’intéresse à eux » (directeur du théâtre de Lenche, octobre 2015). Le théâtre est ainsi l’un des acteurs majeurs de la fête du quartier, qui se compose de quatre événements culturels et festifs, suivant un principe d’ouverture aux habitants, de gratuité et d’animation de l’espace public.

31À Berriat, les Barbarins fourchus proposent des ateliers d’écriture, des apéros-concerts, des ateliers de musique, des bals, des diffusions de films, des repas de quartier, des répétitions publiques, etc. qui visent à faire interagir le projet culturel de la compagnie avec le quartier et à amplifier les relations entre artistes et habitants. D’autres protagonistes développent ce type d’actions, comme l’association « Histoire de », qui a créé un jeu de société et un guide numérique [8] sur l’histoire de Berriat en collaboration avec des élèves et des personnes âgées du quartier.

Le rôle des réseaux de l’ESS

32Ces différentes actions dans les quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat contribuent à créer des espaces de rencontre avec les habitants. Leur force est décuplée par les réseaux collaboratifs des organisations culturelles et créatives de l’ESS existants dans chaque quartier, qui favorisent la création d’événements collectifs ouverts aux habitants. Aux Olivettes, par exemple, des événements croisés entre le centre chorégraphique le Sept Cent Quatre Vingt Trois et l’association artistique Honolulu sont régulièrement organisés. Ils suscitent un mélange des publics respectifs de ces deux lieux tout en proposant une déambulation dans les rues du quartier. Au Panier, le festival la Nuit de l’instant installe une série d’œuvres dans les boutiques, les restaurants, les cafés, les galeries et les théâtres. Organisé tous les ans, il résulte de l’initiative d’une association culturelle qui associe d’autres structures culturelles, des habitants et des commerçants pour en faire un moment de partage et d’échange. Enfin, à Berriat, une dizaine d’acteurs culturels et créatifs de l’ESS se réunissent chaque année pour contribuer activement à la fête du quartier : ils proposent des activités variées qui prennent place dans l’espace public, les commerces et leurs propres locaux (spectacles, concerts, jeux, etc.). En partenariat avec l’Union de quartier, les structures impliquées coopèrent pour préparer cet événement festif ouvert à tous.

33Ainsi, les actions individuelles et collectives mises en place par les organisations culturelles et créatives de l’ESS aux Olivettes, au Panier et à Berriat illustrent bien leur capacité à faire émerger une dynamique de partage et d’ouverture de la culture à l’échelle de ces quartiers.

Une dynamique d’ouverture au quartier portée par une partie des structures de l’ESS

34L’analyse du positionnement des acteurs culturels et créatifs de l’ESS en termes d’ouverture au quartier a mis en lumière la volonté partagée par une majorité d’entre eux de créer des espaces de rencontre avec les habitants des quartiers des Olivettes, du Panier et Berriat. Toutefois, une part relativement importante de ces acteurs ne considèrent pas le territoire de proximité comme un échelon d’action. Ils ne cherchent donc pas à faire émerger des espaces de rencontre avec les habitants des quartiers. Ce constat montre que le statut ESS des organisations culturelles et créatives ne garantit pas l’ouverture au territoire proche, pourtant en concordance avec les principes de l’ESS. Pour les organisations engagées dans une telle démarche, en revanche, les actions mises en place concrétisent la volonté de principe, affichée dans les projets et les discours, de développer des moments d’échange avec un public de proximité. Elles s’inscrivent généralement dans une culture non spectaculaire faite d’événements artistiques et culturels intimistes ancrés dans les territoires. Des espaces de rencontre se déploient ainsi dans des lieux publics extérieurs et intérieurs (cour, rue, parc, place, Maison de quartier) ou associatifs (théâtre, atelier-galerie, etc.), à proximité immédiate des habitants.

35In fine, la dynamique d’échange avec le territoire de proximité n’est portée que par une partie des organisations culturelles et créatives de l’ESS. Au travers de leurs projets et de leurs réalisations concrètes, ces structures investies à l’échelle de leur quartier cherchent à mettre en partage des lieux et des expériences. Ce faisant, elles alimentent au sein des quartiers créatifs une dynamique d’ouverture et d’échange qui fait écho aux valeurs promues par les acteurs historiques de l’ESS, réaffirmées dans la loi du 31 juillet 2014 mais parfois oubliées face à la rentabilité imposée aux structures de l’ESS par une inscription croissante dans les marchés. Si l’impératif d’une soutenabilité financière des organisations est bien présent dans l’ESS culturelle et créative, il est placé au second rang des motivations partagées par la majorité des acteurs de ces secteurs, et qui portent prioritairement sur la création artistique et l’utilité sociale.

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Date de mise en ligne : 03/02/2020.

https://doi.org/10.3917/recma.355.0065

Notes

  • [1]
    Collectifs d’artistes (arts du spectacle, arts plastiques), théâtres, lieux de danse, association de médiation culturelle…
  • [2]
    Collectifs d’artistes (arts du spectacle, arts plastiques), théâtres, galeries d’art, salle de spectacles…
  • [3]
    Pour plus de détails sur la transformation des Olivettes, du Panier et de Berriat en quartiers créatifs, voir la thèse de doctorat de Basile Michel (2017).
  • [4]
    En moyenne, les acteurs interrogés entretiennent 14 relations avec d’autres organisations culturelles et créatives de leur quartier. Il s’agit le plus souvent d’échanges ponctuels.
  • [5]
    Les organisations privées engagées dans la création de liens avec les habitants des quartiers sont des artistes indépendants, des galeries d’art et des entreprises créatives. Elles ouvrent par exemple ponctuellement leurs locaux en vue de créer des rencontres avec la population.
  • [6]
    De nombreux événements et ateliers ne regroupent que quelques dizaines de personnes. Toutefois, certains concerts ou expositions attirent plusieurs centaines de spectateurs ou de visiteurs.
  • [7]
    Les exemples développés dans l’article sont symboliques des actions menées par les organisations culturelles et créatives de l’ESS investies à l’échelle des trois quartiers étudiés. Bien d’autres exemples équivalents auraient pu être présentés pour montrer les espaces de rencontre qui en découlent.
  • [8]
    Le guide est accessible en ligne : www.histoires-de.fr/raconte-moi-Berriat-Saint-Bruno.
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