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Article de revue

Intersexuation, identité sexuelle et famille : du défaut d'assignation au défaut d'affiliation

Pages 75 à 84

Notes

  • [1]
    Léon KREISLER, « L’identité sexuelle et sa genèse. À propos des enfants de sexe ambigu et des déviations psychosexuelles précoces », Journal de pédiatrie et de puériculture, n° 7, pp. 423-430, 1990, p. 424.
  • [2]
    Comme le syndrome de Turner (45, XO) ou de Klinefelter (47, XXY).
  • [3]
    L’équipe de recherche est constituée de Karinne GUENICHE, psychologue clinicienne de l’unité et MCU ; Mélanie JACQUOT, psychologue clinicienne et doctorante en psychologie ; Élisabeth THIBAUD, gynécologue, PH ; Michel POLAK, endocrinologue, PU-PH. Elle a reçu le soutien de la fondation WYETH.
  • [4]
    WHOQOL 26 (Alain LEPLEGE, Christian RÉVEILLÈRE et al., « Propriétés psychométriques d’un nouvel instrument d’évaluation de la qualité de vie, le WHOQOL-26, à partir d’une population de malades neuro-musculaires », L’Encéphale, XXXVI, 2000, pp. 13-22.
  • [5]
    Questionnaire construit à l’appui du questionnaire élaboré par Spira et Bajos : Alfred SPIRA, Nathalie BAJOS. Les comportements sexuels en France, Paris, La Documentation française, 1993.
  • [6]
    Échelle d’intelligence de Weschler, WAIS IV.
  • [7]
    Rorschach et TAT.
  • [8]
    Il s’agit d’une population de femmes françaises du même âge (sources : Alfred SPIRA, Nathalie BAJOS, Les comportements sexuels en France, Paris, La Documentation française, 1993 ; Nathalie BAJOS, Michel BOZON, Enquête sur la sexualité en France, Paris, La Découverte, 2008). Bien que la taille de l’échantillon de recherche ne permette pas d’obtenir des données statistiquement valides ni d’étendre nos observations à l’ensemble de la population concernée, ces données statistiques permettent de situer la population de recherche dans la population générale de référence.
  • [9]
    Nous orientons les lecteurs intéressés par ces résultats vers les publications suivantes : Mélanie JACQUOT, « Comment penser la clinique de l’intersexuation ? », Champ psychosomatique, n° 58, pp. 107-123, 2010 ; Karinne GUENICHE, Mélanie JACQUOT, Élisabeth THIBAUD, Michel POLAK, « L’identité sexuée en impasse... À propos de jeunes adultes au caryotype XY nées avec une anomalie du développement des organes génitaux et élevées en fille », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 56/6, pp. 377-385, 2008 ; Karinne GUENICHE, Élisabeth THIBAUD, Mélanie JACQUOT, Graziella PINTO, Michel POLAK, « Intersexualité chez l’enfant, influence du patient sur la pratique médicale », Études freudiennes. La place de la vie sexuelle dans la médecine, pp. 129-137, 2007.
  • [10]
    Anne WOOLLETT, David G. WHITE et Mary Louise LYON, Observations of fathers at birth, London, Beail and Mc Guire Fathers, 1982.
  • [11]
    Irène LEZINE et al., « Observations sur le couple mère-enfant au cours des premières expériences alimentaires », La psychiatrie de l’enfant, n° 18/1, pp. 75-147, 1975. Colette CHILAND, « L’identité sexuée », Revue française de psychanalyse, n°6/4, pp. 1251-1263, 1999.
  • [12]
    Colette CHILAND, « La naissance de l’identité sexuée », in Serge LEBOVICI, René DIATKINE, Michel SOULE (dir.), Nouveau traité de psychiatrie de l’enfant, Paris, PUF, pp. 297-313, 1995.
  • [13]
    Jean LAPLANCHE, « Le genre, le sexe, le sexual », in Jean LAPLANCHE, Sexual. La sexualité élargie au sens freudien, Paris, PUF, pp. 153-193, 2007.
  • [14]
    Colette CHILAND, « L’identité sexuée », Revue française de psychanalyse, n° 6/4, pp. 1251-1263, 1999, p. 1253.
  • [15]
    Anne-Marie RAJON, « La naissance de l’identité dans le cas des ambiguïtés sexuelles », Psychiatrie de l’enfant, n° 41/1, pp. 5-35, 1998 ; Anne-Marie RAJON, « Ce que nous apprennent les parents d’enfants porteurs d’ambiguïté génitale », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 56, pp. 370-376, 2008.
  • [16]
    Anne-Marie RAJON, 1998, op. cit., p. 33.
  • [17]
    Anne-Marie RAJON, 2008, op. cit., p. 371.
  • [18]
    Anne-Marie RAJON, 1998, op. cit., p. 33.
  • [19]
    Anne-Marie RAJON, ibid., p. 22.
  • [20]
    Léon KREISLER, « Revue critique et problématique d’actualité : L’identité sexuelle ». Psychiatrie de l’enfant, n° 13/1, pp. 306- 326, 1970.
  • [21]
    Jaqueline GODFRIND, Comment la féminité vient aux femmes, Paris, PUF, 2001.
  • [22]
    Jacqueline SCHAEFFER, op. cit., pp. 142-143.
  • [23]
    Ibid. Le conte de Perrault « La Belle au bois dormant » constitue la plus belle illustration de la proposition de Jacqueline Schaffer.
  • [24]
    Ibidem.
  • [25]
    Ibidem.
  • [26]
    Ibidem.
  • [27]
    Sigmund FREUD, « La tête de Méduse », in Sigmund FREUD, Résultats, Idées, Problèmes II, Paris, PUF, pp. 49-50, 1985.
  • [28]
    Donald W. WINNICOTT, « Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant », in Donald W. WINNICOTT, Jeu et réalité. L’espace potentiel, Paris, Gallimard, pp. 153-162, 1975 [1971].

? Introduction : De quelques précisions sur l’intersexuation...

1 Il est couramment considéré que le sexe, anatomique, est une donnée naturelle qui se constate, un roc biologique sur lequel viendrait se fonder l’édifice de notre identité sexuelle ; identité sexuelle que nous entendons ici dans la définition qu’en donne Léon Kreisler [1] comme étant « le fait, pour une personne, de se reconnaître et d’être reconnue comme appartenant à un sexe ». Si, souvent, ce sentiment d’appartenance est concordant avec la donne anatomo-biologique, il existe des situations où, justement, les repères anatomiques se brouillent : l’intersexuation.

2 Souvent nommée à tort « ambiguïté sexuelle », l’intersexuation est le résultat d’une anomalie de la différenciation sexuelle au cours de l’embryogenèse repérable par une malformation des organes génitaux internes et externes.

3 Celle-ci est consécutive à un dysfonctionnement hormonal survenu au cours du développement de l’embryon et non défini par une anomalie chromosomique [2]. Les études statistiques estiment que 2 à 3 enfants sur mille viennent au monde avec une anomalie à classer dans ce champ. Ce n’est qu’à la suite de nombreux examens médicaux (dosages hormonaux, caryotype, stimulation hormonale...) que le choix du sexe est discuté et décidé en France. Cette décision s’accompagne presque systématiquement d’interventions chirurgicales précoces visant la construction d’une anatomie génitale la plus proche possible du sexe assigné. À la puberté, un traitement hormonal substitutif est indispensable à la puberté pour endiguer le développement des caractères sexuels secondaires de l’autre sexe et une nouvelle intervention chirurgicale est alors généralement nécessaire. Celle-ci vise à pourvoir d’un équipement anatomique génital apte au coït des patients qui sont le plus souvent stériles.

?... pour une recherche médico-psychologique

4 Dix-sept de ces bébés assignés filles et devenus adultes ont été les sujets de la population d’une recherche menée au sein de l’unité d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades [3].

5 Cette recherche, qui visait à interroger les répercussions d’une telle malformation sur la dynamique affective, l’intégration sociale et le comportement sexuel de l’adulte, s’appuyait sur un protocole de recherche qui comprend deux questionnaires, l’un de qualité de vie [4] et l’autre sur les comportements sexuels [5], une épreuve d’efficience intellectuelle [6], des épreuves projectives [7] et un entretien de recherche semi-directif.

6 Les 17 femmes rencontrées dans le cadre de cette recherche, âgées de 21 à 41 ans, appartiennent à des catégories socioprofessionnelles variées. Les 4 plus jeunes sont étudiantes, les autres exercent dans des domaines aussi différents que la création artistique, le droit, le soin médical, l’aide à la personne ou encore la restauration. Parmi ces 17 femmes, deux sont mariées et trois vivent en couple, ce qui reste très en deçà de ce que l’on retrouve pour leur population de référence [8] (mariée : 12 % de la population de recherche, 60,3 % population de référence. En couple : 18 % de la population de recherche, 73 % de la population de référence). Parmi ces 17 femmes, 6 n’ont jamais eu de relation sexuelle (soit 35 % contre 8,4 % pour la population de référence) et 4 ont déjà eu, de façon régulière ou non et/ou de façon exclusive ou non, des relations homosexuelles (25 % contre 4 % de la population de référence).

7 Si ces différents éléments donnent quelques traits significatifs de la population de recherche, la visée du présent article n’est pas tant de faire part des résultats de cette vaste recherche médico-psychologique, qui ont d’ailleurs déjà fait l’objet de plusieurs publications [9], mais de montrer comment la rencontre avec cette population des plus singulières nous a amenée, dans un après-coup de la recherche, à interroger les processus à l’œuvre dans la genèse de l’identité sexuelle.

? Les premiers résultats. Identité sexuelle et relation : la fragilité révélée

8 L’un des résultats les plus significatifs de cette recherche médico-psychologique concerne la grande fragilité de l’identité sexuelle des personnes interrogées. Elle se manifeste au travers de leur représentation de l’« être femme » qui s’aborde pour elles du côté de l’avoir. Une vraie femme a des seins, a ses règles, a des enfants ; c’est-à-dire que pour ces personnes, une « vraie » femme possède des attributs garants de son identité sexuelle. Or, précisément, ces attributs leur manquent. Ainsi, la logique freudienne qui ferait dire « il me manque quelque chose donc je suis une femme », devient pour elles « il me manque quelque chose pour être une femme ». Le manque à avoir devient un manque à être.

9 Ce dernier s’illustre tout particulièrement lorsqu’elles évoquent leur appréhension des rapports sexuels. Bien que toutes aient subi une intervention chirurgicale visant à la construction d’une anatomie génitale visuellement conforme à ce qui est attendu pour une femme, beaucoup témoignent de leur appréhension des rapports sexuels qu’elles justifient par la peur que leur partenaire ne repère quelque chose qui viendrait insinuer un doute quant à leur appartenance sexuée. Dominique, jeune juriste de 26 ans, justifie son inexpérience sexuelle par son intersexuation. Elle explique d’abord l’absence de relation amoureuse par un manque d’intérêt de sa part (« C’est moi-même qui n’ai jamais cherché à avoir une relation amoureuse suivie avec quelqu’un. Déjà parce que jusqu’à 18, 19 ans ce n’était vraiment pas mon souci ») et par de nombreux déménagements qui l’empêchaient de nouer des relations. Puis, au fil de l’entretien, la causalité s’inverse : « Les déménagements, c’est vrai que c’est quelque chose qui m’a rendu la tâche assez aisée, une excuse en même temps. » Elle justifie son manque d’expérience sexuelle par son passé médical : « Ce qui m’a fait peur... devoir tout lui expliquer. » Très vite, la question de l’information à transmettre en révèle une autre : « Suis-je une femme normale ? » (« Et s’il fait une comparaison avec d’autres... »). Or, il apparaît que cette « normalité » passe par la conformité de ses organes génitaux externes avec ce qu’elle en imagine (« Se dire qu’au plan plastique c’est pas vraiment identique. [...] Ce qui me fait le plus peur c’est ne pas pouvoir soutenir la comparaison. »)... avec une autre femme « normale » ? Peu à peu, une angoisse plus profonde apparaît et l’enjeu de la relation sexuelle devient tout autre, « L’idéal pour moi : que je n’aie pas besoin de lui dire, que ça se voit pas... mais que je sois convaincue de ça. » Ainsi, cette demande de réassurance concernant son être anatomiquement femme adressée à l’autre a pour objectif de combler un doute profondément ancré en Dominique, « le fait de ne pas se sentir vraiment femme ». Tout se passe comme si la reconnaissance par l’autre de son extériorité de femme pouvait venir combler un doute bien plus profond encore concernant son identité. Cependant, les mots de Dominique « que ça se voit pas... mais que je sois convaincue de ça » tendent à nous indiquer qu’il s’agit-là d’une quête sans fin.

10 Ces propos illustrent tout à fait la contradiction dans laquelle le rapport sexuel plonge ces femmes. D’une part, elles attendent que le regard de l’autre confirme leur identité, réassurance particulièrement précieuse pour elles qui semblent s’être construites sur le doute mais, d’autre part, elles s’interrogent : « Ce regard sera-t-il suffisant pour faire face au doute ? Et si, au contraire, il venait l’alimenter ? »

? Les effets rétrospectifs de la rencontre

11 La dimension relationnelle qui est convoquée et mise en avant au travers de la thématique du regard infiltrera nos rencontres, tant dans les thématiques d’entretiens que dans la dimension contre-transférentielle.

12 Toute rencontre, fût-elle de recherche, mobilise la subjectivité de ces protagonistes. L’implication subjective du chercheur et son analyse participent de l’originalité de la recherche en psychologie clinique. Cette démarche, qui nécessite un travail dans l’après-coup de la rencontre, a permis de révéler à quel point la question du doute quant à l’identité sexuelle de ces femmes était à chaque fois mobilisée. Tout se passe comme si la fragilité de leur sentiment d’être femme n’était qu’un écho du propre doute de celui qui les rencontre et connaît quelque chose de leur condition sexuée. Ainsi, il apparaît rapidement que la question de la dynamique relationnelle reste centrale pour l’identité sexuelle et ne manque pas de suggérer un détour par les travaux portant sur sa genèse.

? La genèse de l’identité sexuelle : dans la tête de l’autre

13 Il nous faut rappeler ici les célèbres mots de Winnicott « un bébé ça n’existe pas ». Il s’agit d’entendre ici que le bébé n’existe pas sans son environnement. Il est au contact permanent avec les personnes qui prennent soin de lui. Dès sa naissance, il est pris dans une spirale relationnelle avec ceux qui l’entourent et qui ont des représentations propres de ce qu’est être un homme et être une femme. Il n’est donc pas juste « bébé » mais fille ou garçon d’emblée. À cet égard, des études [10] confirment que la plupart des commentaires faits suite à la naissance d’un bébé concernent son sexe.

14 Une célèbre observation [11] montre que le corps du bébé, lieu d’échanges privilégié avec ses parents, est le premier réceptacle de leurs représentations et affects liés à son sexe. C’est avant tout au travers de son corps, dans l’échange avec ses parents mais également au travers des ressentis propres à son sexe – et qui seront interprétés comme tels par son entourage – que le petit enfant éprouve sa condition sexuée.

15 Les parents pensent leur enfant comme étant un garçon ou une fille en fonction du repérage visuel des organes génitaux externes et surtout au travers de ce qu’ils imaginent de son sexe. Ils interagissent très tôt, parfois même avant la naissance grâce à l’échographie, de façons différentes en fonction du sexe de leur enfant. Comme le précise Colette Chiland [12], le nourrisson est pris dans un monde sexué qui a des représentations propres de ce qui est mâle et de ce qui est femelle, du masculin et du féminin, des conduites différenciées en fonction du sexe de l’autre. Renvoyant à la propre identité sexuelle du parent, ces représentations influencent son mode de relation au bébé. Aussi, le bébé est-il pensé, manipulé, nourri différemment selon qu’il est fille ou garçon. Ainsi, l’enfant est-il soumis, dès sa naissance, à des messages qui sont porteurs des représentations du féminin et du masculin. Ces messages, que l’on qualifie de messages d’assignation [13], sont infiltrés par l’inconscient des parents et demeurent d’abord tout à fait énigmatiques à l’enfant encore psychiquement immature. Cependant, si l’influence des représentations et fantasmes dans lesquels est pris le bébé est déterminante dans la genèse de son identité sexuelle, ce n’est pas comme empreinte passive des sentiments, pensées, projections qui viennent de ses parents, mais comme traduction par l’enfant de ces messages énigmatiques auxquels son entourage l’expose. Ainsi, pour Colette Chiland, « l’identité sexue (lle) est la manière dont l’enfant interprète les messages conscients et inconscients qui lui viennent de ses parents et des autres personnes de son entourage »[14]. Cette traduction permet le travail d’appropriation subjective de toutes les influences sexuelles auxquelles est soumis le jeune enfant, c’est-à-dire qu’elle est le résultat de la transformation de l’assignation posée par l’extérieur en une identité sexuelle propre, car subjectivée.

16 Ces quelques points de repère concernant la genèse de l’identité sexuelle soulèvent d’évidentes questions lorsqu’on les rapproche de la population intersexuée et nous amènent à interroger l’impact d’une telle malformation sur les représentations parentales et leurs répercussions sur les interactions précoces si nécessaires au développement de l’identité sexuelle de l’enfant.

? Relations précoces et intersexuation : un défaut d’assignation ?

17 Anne-Marie Rajon, pédiatre et psychanalyste, a mené, à partir de 1993, une vaste recherche traitant des répercussions sur les parents de l’annonce du diagnostic d’une malformation de leur enfant. Le protocole s’appuie sur une étude longitudinale permettant d’apprécier les mouvements psychiques au cours du temps, à partir de l’annonce, ante ou périnatale. Parmi les malformations présentées par les bébés intégrés à cette recherche, se trouve l’intersexuation. Anne-Marie Rajon observe que ce type de malformation provoque chez les parents un ébranlement à nul autre pareil. Il n’y a, selon elle, de malformation plus grave, car elle délite les capacités de penser des parents. Les travaux de l’auteure [15] révèlent l’importance de la reconnaissance de l’appartenance sexuée de l’enfant par les parents. Être reconnu comme garçon ou fille constitue la matrice de la première des appartenances « insuffisante à elle seule, mais nécessaire pour engager l’enfant dans la spirale relationnelle avec ses parents »[16]. Cette spirale est un jeu d’identifications réciproques entre les parents et l’enfant qui constituent les bases de son organisation psychique. Ce jeu s’initie par une identification par les parents à leur enfant avant que ce dernier ne puisse s’identifier à eux. Ainsi, le premier mouvement identificatoire de la spirale concerne les parents qui reconnaissent leur enfant semblable à eux-mêmes. La relation avec leur bébé trouve là son point d’accroche et peut s’engager.

18 Mais la malformation génitale et l’ambiguïté qu’elle suscite provoquent ce qu’Anne-Marie Rajon nomme une « interruption de naissance »[17] ; privés de l’étayage anatomique de la reconnaissance des sexes, les parents sont dans l’incapacité de s’identifier à leur enfant pour entrer en relation avec lui. Ainsi, « à la naissance, les enfants porteurs [d’intersexuation] souffrent d’abord d’une carence d’identification »[18]. Le socle de la différence des sexes qui aménage les théories sexuelles infantiles et toute la sexualité infantile des parents s’ébranle ; les aménagements psychiques concernant la différence des sexes imprégnant l’organisation œdipienne vacillent, les assises de la bisexualité psychique sont menacées [19].

19 En effet, la rencontre avec l’intersexuation confronte à la vision d’un sexe ambigu qui conjugue les indices mâles et femelles ; les petites filles y ont un clitoris péniforme qu’une intervention chirurgicale viendra raccourcir. Ces parents sont alors confrontés à une incarnation du fantasme bisexuel et de la castration. On ne peut que s’interroger sur les effets de ce traumatisme de la rencontre avec l’intersexuation, traumatisme en « trop », du côté du « trop excitant », « trop fantasmé », sur les messages d’assignation adressés à l’enfant.

20 Là où le travail d’Anne-Marie Rajon révèle les enjeux et spécificités des relations précoces pour la population des enfants intersexués, le travail mené auprès des femmes adultes nées avec une telle malformation va permettre d’en apprécier les effets sur la construction de l’identité sexuelle.

? Filiation du féminin : de la nécessaire reconnaissance du sexe

21 Arrêtons-nous un instant sur l’emploi de ce terme de « reconnaissance » dont le dictionnaire le grand Robert précise qu’il s’agit d’« une opération par laquelle l’esprit saisit un objet en reliant entre elles des images et perceptions le concernant », ce qui implique que l’objet est déjà connu, qu’il a déjà été appréhendé. Lorsque nous employons ici l’expression « reconnaissance du sexe », il s’agit bien de faire se relier l’objet perçu, en premier lieu visuellement, le sexe du nouveau-né, à la connaissance, ou tout au moins à la représentation que le parent s’en est faite. Cette reconnaissance mobilise les représentations conscientes, mais surtout inconscientes, héritées des messages d’assignation reçus par ses propres parents.

22 Léon Kreisler [20], dans sa définition de l’identité sexuelle, insiste sur le rôle majeur de la reconnaissance du sexe par autrui. Avec lui, nous défendons l’idée que l’identité sexuelle se construit avant tout dans et par la relation à l’autre. Dans cette perspective, il apparaît que le parent de même sexe jouera un rôle tout à fait déterminant car, par la reconnaissance de l’identité de leur sexe, il inscrit l’enfant dans la lignée du semblable.

23 Afin d’appréhender les processus en jeu dans cette reconnaissance pour la population de femmes qui nous intéresse ici, nous proposons de nous pencher sur les processus de filiation féminine. Jacqueline Godfrind [21] évoque à ce sujet une relation spécifique entre la mère et son bébé fille « qui instaure une matrice dont la spécificité [...] réside dans la reconnaissance [par la mère] de sa fille perçue comme la même, l’identique, la semblable et aimée comme telle. Cet amour pour son bébé fille est infléchi par l’identification à la semblable dont elle trouve l’ancrage dans l’identité corporelle : mère et fille sont soudées par le même destin anatomique », celui de l’expérience de la passivité.

24 Cette expérience de la passivité, souvent associée à l’expérience des relations sexuelles génitales, trouve son ancrage dans les processus de filiation féminine tels que les évoque Jacqueline Schaeffer [22]. La reconnaissance de l’identité corporelle entre la mère et la fille passe par une identification de sa propre anatomie à celle de sa fille qui implique la reconnaissance de l’érogénéité du vagin de la fillette sur le modèle de celui de sa mère. Or, l’immaturité dans laquelle se trouve alors la fillette impose à la mère de la protéger d’un désir inadapté, dangereux peut-être, qui pourrait trouver place au creux du corps de sa fille. Ainsi, au travers de son silence, la mère exerce une censure qui a pour effet d’endormir l’organe en tant que zone érogène, zone de plaisir. Cet « endormissement » de l’érogénéité du vagin de la fillette ne sera que temporaire, réveillée à l’occasion de la rencontre génitale post-pubertaire avec celui que Jacqueline Schaeffer nomme « l’amant de jouissance »[23]. Cette rencontre pourra permettre à la femme l’« accès à son féminin le plus accompli »[24], aménagement pulsionnel de la reconnaissance de son sexe en creux, réceptacle intérieur et invisible.

25 Or, il apparaît clairement, tant à la faveur des épreuves projectives que des entretiens de recherche, que l’investissement d’une position passive indice de la mise en œuvre du travail du féminin tel que le définit Jacqueline Schaeffer [25] est particulièrement entravé chez les femmes de notre population de recherche. Les sollicitations de représentations en creux, telles qu’elles sont mobilisées par les épreuves projectives par exemple, révèlent deux attitudes :

26

  • un contre-investissement majeur par détails phalliques à valeur de réassurance narcissique (« une coupe parée de guirlandes et de papiers colorés »), comme si la position réceptive ne pouvait s’assumer que sous couvert d’apparat qui se donne à voir ;
  • soit une émergence de fantasmes d’attaque de l’intégrité corporelle qui révèlent une fragilité narcissique majeure (« une peau de bête tannée, écorchée ; elle est déchiquetée là, sur les côtés »). Pour quatre femmes, la sollicitation semble d’ailleurs tellement désorganisatrice qu’elles refusent le matériel.

27 Cette difficulté d’accès à des représentations en creux et de passivité interroge la capacité pour leur mère à investir précocement une intériorité, telle que la leur.

28 Rappelons que depuis leur plus jeune âge, le vagin et la vulve de ces femmes sont soumis aux osculations, sections, sutures, dilatations. Aura-t-il été possible pour leur mère de reconnaître l’hétérogénéité du vagin de leur fille sur le modèle du leur lorsque celle-ci n’en possède pas d’emblée et que, précisément, il leur a été « construit » par la chirurgie ? S’agit-il là véritablement d’un vagin semblable au leur ? Excitable comme le leur ?

29 Nous pouvons supposer que la réalité visuelle de l’anomalie génitale perturbe considérablement les soins précoces ainsi que les fantasmes qui les accompagnent. La confrontation à l’intersexuation provoquerait, chez la mère, un traumatisme psychique désorganisateur amplifié par l’effraction visuelle de ce sexe ambigu. Leur anatomie ne pourrait alors être reconnue comme zone érogène à endormir par la mère [26], submergée par l’excitation provoquée par la vue de ce corps. Huit des femmes sur les dix-sept rencontrées reprochent à leur mère un manque d’étayage à leur égard, particulièrement en ce qui concerne le traitement de leur intersexuation. Mère qui n’a pas accompagné les interventions chirurgicales, les examens invasifs, d’une parole de mise en mots d’actes particulièrement effractants sur le corps d’une petite fille. Tout se passe comme si ces femmes reprochaient à leur mère un manque de fonction pare-excitatif, soumises très jeunes à l’intrusion qu’elles n’ont semble-t-il pas pu métaboliser. Plusieurs rapportent des souvenirs particulièrement traumatiques des traitements médicaux à l’occasion desquels se manifestent des fantasmes de viol collectif avec une mère consentante, voire parfois complice (Maëlle : « j’étais une petite fille de 3 ans, m’emmener chez le gynéco, toute nue sur un drap en papier avec dans euh... des bougies de, comment ils appellent ça, des gants de pénétration, je suis en train de pleurer, ma mère qui me tient »).

30 Mais ce que ces femmes reprochent le plus à leur mère, c’est bel et bien le manque de paroles à cet égard. Elles verbalisent leur désarroi face à ces mères manquantes dans leur transmission féminine (Michèle) : « Je veux essayer aussi de renouer le contact avec maman, parce qu’on en est là ; je pense que c’est plutôt à ma mère de me dire. C’est plus une histoire de femmes qu’une histoire d’hommes. Je pense que c’est plutôt à elle de nous apprendre les choses de la vie ; c’est plus une affaire de femme » ou « quand je pose la question à ma mère, c’est une chape de béton, on n’en parle pas ; ça a toujours été. Dès que j’ai commencé à comprendre, j’ai essayé de tendre la perche mais il n’y a rien eu à faire. C’est tout de suite le mur et on n’en parle plus. C’est le gros tabou » ; ou encore Nabila : « Il y a un truc que je ne comprends pas, car dans ces trucs-là, c’est la mère qui doit s’occuper de ça et je me pose sans cesse la question pourquoi c’est mon père qui s’en est occupé et pas elle. » Cette absence de transmission de leur mère, l’ensemble des femmes l’associe au(x) secret(s) qui entoure(nt) leur naissance.

31 Nous posons ici l’hypothèse d’une entrave majeure à la reconnaissance de l’identité de sexe par les mères des femmes de notre recherche, et qui bloquerait le processus de filiation féminine évoquée précédemment. Cette entrave serait une des conséquences du traumatisme visuel provoqué par l’ambiguïté du sexe de leur enfant à la naissance et des traitements qu’elle a impliqués. Nous serions en effet tentés de défendre l’idée selon laquelle l’impact de la réalité visuelle de l’intersexuation sur les parents perturbe les relations précoces avec leur enfant et pourrait être à l’origine de la fragilité du sentiment d’être femme relevé dans notre population de recherche.

? Regard et intersexuation : et Méduse, que voit-elle ?

32 D’emblée la problématique de l’intersexuation excite la vue. Ce sexe ambigu qui conjugue les indices mâles et femelles, tous deux et peut-être aucun, telle la tête de Méduse, frappe d’effroi qui le croise du regard [27]. Il sera montré, regardé, extériorisé par le corps médical qui, sous couvert d’objectivité (ou d’objectivation ?) semble s’en défendre, armé du bouclier de Persée.

33 Pour les femmes de notre recherche, le regard de l’autre qu’elles cherchent et dont elles redoutent en même temps l’anéantissement qu’il provoque, notamment lorsqu’elles évoquent leur sexualité, se pose sur le lieu même de leur anatomie qui signe précisément l’absence de sexe, donc leur manque à être. Celui-ci pourrait révéler une carence de la reconnaissance dans les yeux de leur mère en premier lieu, mais peut-être aussi de leur entourage. La quête du regard de l’autre dont elles témoignent, et plus précisément d’un regard qui pourrait faire exister, nous ramène au rôle de miroir du visage de la mère évoqué par Winnicott [28]. Si le premier endroit où l’enfant se sait exister, c’est précisément dans le regard de sa mère comme reflet de lui même, tout se passe comme si, tel le bouclier de Persée, seul le reflet de l’effroi pétrifiant de leur sexe/visage leur avait été renvoyé. Tout se passe comme si le traumatisme désorganisateur provoqué par la vue du sexe ambigu de son enfant venait abraser la capacité de rêverie de la mère.

34 Ce défaut de reconnaissance par leur mère trouve des indices dans le discours même de ces femmes. Elles évoquent en effet rarement leur mère. Il apparaît que leur doute quant à leur identité de femme est d’autant plus intense que la relation à leur mère est soit inexistante, soit difficile. Pour deux d’entre elles, leur mère est décédée ; pour deux autres, elle a quitté le foyer familial durant leur enfance, et quatre n’ont peu ou plus de liens avec elle. Pour chacune d’entre elles, aucune autre figure féminine/maternelle ne semble pouvoir la suppléer.

35 L’histoire d’Éloïse est à ce sujet tout à fait éloquente. Elle est âgée de 28 ans au moment de notre rencontre et n’a pas eu de contact avec sa mère depuis plus de 5 ans, bien qu’elles habitent à quelques centaines de mètres l’une de l’autre. Éloïse a une jeune sœur de 7 ans sa cadette. La première fois qu’elle évoque sa mère, c’est pour faire part de sa défaillance : « Ma mère ne m’a pas élevée. » Elle rapporte que ses parents se sont séparés lorsqu’elle avait environ 7 ans, « c’est elle qui ne voulait pas rester à la maison », mais Éloïse peine à évoquer les raisons pour lesquelles sa mère est partie. Au moment du divorce, Éloïse rapporte : « Ma mère n’a pas fait le souhait de m’avoir. » Alors que sa sœur va vivre avec leur mère, Éloïse reste avec son père. Cette formulation étrange résonne avec ce que lui a raconté sa grand-mère maternelle de son histoire personnelle : « Ma grand-mère m’a dit que j’étais pas désirée. Mes parents se sont connus dans de drôles de circonstances. [...] Ma grand-mère était pas trop d’accord que sa fille ait un enfant à ce moment-là. J’étais pas trop voulue quand même ni de la part de ma grand-mère ni de ma mère. » L’exclusion de la lignée des femmes de la famille est prononcée par la figure grand-maternelle. La sentence sera suivie d’effet puisqu’Éloïse rend responsable de son intersexuation, sur le mode de la pensée magique, le manque de désir de sa mère à son égard : « Ce qui est bizarre, c’est que ma sœur, je sais pas si elle a été désirée mais elle a pas eu de problème comme moi. »

36 Tout se passe comme si le défaut de reconnaissance par la mère privait la fille de son inscription dans la lignée des femmes de la famille. Cette éviction de la filiation féminine, peut-être aussi renforcée par sa stérilité, est illustrée par le sentiment, partagé par plusieurs, d’étrangeté au monde, tel que l’évoque Karole : « Je suis super singulière. C’est dur d’être unique quand effectivement on est fille unique, quand on a un truc physique qui vous rend unique... on a l’impression d’être comme sur une île déserte, on se sent seule. Je me sens hyper seule dans ma singularité [...]... on m’a dit que j’étais pas comme les autres filles... [...] je voudrais être semblable. »

? Conclusion

37 Ainsi, la clinique de l’intersexuation révèle à quel point les processus à l’œuvre dans le sentiment d’être homme ou femme, sentiment pris dans une dynamique ayant maille à partir avec le subjectif, le familial et le social, trouvent leurs racines et fondements dès les tout premiers instants de la vie du bébé, sujet pris dans le premier réseau relationnel qui soit : celui d’avec ses parents. Si d’emblée, ces bébés souffrent d’un défaut de reconnaissance de leur appartenance à un sexe par leurs parents, et peut-être leur mère tout particulièrement, les femmes de cette recherche révèlent que ce défaut d’assignation se prolonge pour elles en un défaut d’affiliation.


Date de mise en ligne : 19/05/2014

https://doi.org/10.3917/rf.011.0075

Notes

  • [1]
    Léon KREISLER, « L’identité sexuelle et sa genèse. À propos des enfants de sexe ambigu et des déviations psychosexuelles précoces », Journal de pédiatrie et de puériculture, n° 7, pp. 423-430, 1990, p. 424.
  • [2]
    Comme le syndrome de Turner (45, XO) ou de Klinefelter (47, XXY).
  • [3]
    L’équipe de recherche est constituée de Karinne GUENICHE, psychologue clinicienne de l’unité et MCU ; Mélanie JACQUOT, psychologue clinicienne et doctorante en psychologie ; Élisabeth THIBAUD, gynécologue, PH ; Michel POLAK, endocrinologue, PU-PH. Elle a reçu le soutien de la fondation WYETH.
  • [4]
    WHOQOL 26 (Alain LEPLEGE, Christian RÉVEILLÈRE et al., « Propriétés psychométriques d’un nouvel instrument d’évaluation de la qualité de vie, le WHOQOL-26, à partir d’une population de malades neuro-musculaires », L’Encéphale, XXXVI, 2000, pp. 13-22.
  • [5]
    Questionnaire construit à l’appui du questionnaire élaboré par Spira et Bajos : Alfred SPIRA, Nathalie BAJOS. Les comportements sexuels en France, Paris, La Documentation française, 1993.
  • [6]
    Échelle d’intelligence de Weschler, WAIS IV.
  • [7]
    Rorschach et TAT.
  • [8]
    Il s’agit d’une population de femmes françaises du même âge (sources : Alfred SPIRA, Nathalie BAJOS, Les comportements sexuels en France, Paris, La Documentation française, 1993 ; Nathalie BAJOS, Michel BOZON, Enquête sur la sexualité en France, Paris, La Découverte, 2008). Bien que la taille de l’échantillon de recherche ne permette pas d’obtenir des données statistiquement valides ni d’étendre nos observations à l’ensemble de la population concernée, ces données statistiques permettent de situer la population de recherche dans la population générale de référence.
  • [9]
    Nous orientons les lecteurs intéressés par ces résultats vers les publications suivantes : Mélanie JACQUOT, « Comment penser la clinique de l’intersexuation ? », Champ psychosomatique, n° 58, pp. 107-123, 2010 ; Karinne GUENICHE, Mélanie JACQUOT, Élisabeth THIBAUD, Michel POLAK, « L’identité sexuée en impasse... À propos de jeunes adultes au caryotype XY nées avec une anomalie du développement des organes génitaux et élevées en fille », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 56/6, pp. 377-385, 2008 ; Karinne GUENICHE, Élisabeth THIBAUD, Mélanie JACQUOT, Graziella PINTO, Michel POLAK, « Intersexualité chez l’enfant, influence du patient sur la pratique médicale », Études freudiennes. La place de la vie sexuelle dans la médecine, pp. 129-137, 2007.
  • [10]
    Anne WOOLLETT, David G. WHITE et Mary Louise LYON, Observations of fathers at birth, London, Beail and Mc Guire Fathers, 1982.
  • [11]
    Irène LEZINE et al., « Observations sur le couple mère-enfant au cours des premières expériences alimentaires », La psychiatrie de l’enfant, n° 18/1, pp. 75-147, 1975. Colette CHILAND, « L’identité sexuée », Revue française de psychanalyse, n°6/4, pp. 1251-1263, 1999.
  • [12]
    Colette CHILAND, « La naissance de l’identité sexuée », in Serge LEBOVICI, René DIATKINE, Michel SOULE (dir.), Nouveau traité de psychiatrie de l’enfant, Paris, PUF, pp. 297-313, 1995.
  • [13]
    Jean LAPLANCHE, « Le genre, le sexe, le sexual », in Jean LAPLANCHE, Sexual. La sexualité élargie au sens freudien, Paris, PUF, pp. 153-193, 2007.
  • [14]
    Colette CHILAND, « L’identité sexuée », Revue française de psychanalyse, n° 6/4, pp. 1251-1263, 1999, p. 1253.
  • [15]
    Anne-Marie RAJON, « La naissance de l’identité dans le cas des ambiguïtés sexuelles », Psychiatrie de l’enfant, n° 41/1, pp. 5-35, 1998 ; Anne-Marie RAJON, « Ce que nous apprennent les parents d’enfants porteurs d’ambiguïté génitale », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 56, pp. 370-376, 2008.
  • [16]
    Anne-Marie RAJON, 1998, op. cit., p. 33.
  • [17]
    Anne-Marie RAJON, 2008, op. cit., p. 371.
  • [18]
    Anne-Marie RAJON, 1998, op. cit., p. 33.
  • [19]
    Anne-Marie RAJON, ibid., p. 22.
  • [20]
    Léon KREISLER, « Revue critique et problématique d’actualité : L’identité sexuelle ». Psychiatrie de l’enfant, n° 13/1, pp. 306- 326, 1970.
  • [21]
    Jaqueline GODFRIND, Comment la féminité vient aux femmes, Paris, PUF, 2001.
  • [22]
    Jacqueline SCHAEFFER, op. cit., pp. 142-143.
  • [23]
    Ibid. Le conte de Perrault « La Belle au bois dormant » constitue la plus belle illustration de la proposition de Jacqueline Schaffer.
  • [24]
    Ibidem.
  • [25]
    Ibidem.
  • [26]
    Ibidem.
  • [27]
    Sigmund FREUD, « La tête de Méduse », in Sigmund FREUD, Résultats, Idées, Problèmes II, Paris, PUF, pp. 49-50, 1985.
  • [28]
    Donald W. WINNICOTT, « Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l’enfant », in Donald W. WINNICOTT, Jeu et réalité. L’espace potentiel, Paris, Gallimard, pp. 153-162, 1975 [1971].

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