L’histoire de la pensée est traversée, en contexte islamique comme ailleurs, de recherches, de tâtonnements, de découvertes, de controverses, d’alliances, d’anathèmes et de condamnations, de ruptures individuelles ou collectives, de réconciliations temporaires ou durables. Pendant plus d’un millénaire, du VIIIe au milieu du XIXe siècle, un corps de savants a exercé un quasi-monopole fondé sur la maîtrise d’une langue et d’une diffusion manuscrite de l’écrit, l’établissement et le contrôle de disciplines, la fixation et la transmission de normes visant à englober différents aspects de la vie, l’exercice de la justice dans un rapport particulier avec le pouvoir disposant de la force publique. Cette structure est remise en question au contact de puissances européennes, exerçant à la fois des relations de domination et une capacité d’influence. La transformation de normes juridiques et de pratiques judiciaires, le développement d’écoles non musulmanes et d’institutions académiques profanes, l’adoption de disciplines ou méthodes inédites, l’emploi massif de l’écrit imprimé provoquent des variations de fond dans le champ de la vie intellectuelle.En saisissant quinze ouvrages, publiés au cours d’un siècle, l’étude vise à montrer deux aspects de cette histoire. Le choix d’aborder des objets en dehors du cadre strict des sciences islamiques, par le déplacement de présupposés, par la reformulation de questions, par l’usage de catégories ou l’adoption de méthodes jusqu’alors inconnues, conduit à l’exposition de discours, narrations, analyses qui perturbent des manières de pensée héritées…
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