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Article de revue

Bientraitance et éthique du care... Similitudes et différences autour d'une recension des écrits scientifiques

Pages 4 à 13

Notes

  • [1]
    Pour information : le TLFi a été créé par une unité mixte de recherche (Atilf : Analyse et traitement informatique de la langue française) associée au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et à l’Université Nancy II. Alain Rey faisait partie de l’équipe de chercheurs à l’origine de sa création.
  • [2]
    Les termes de bienfaisance (néologisme du XVIIIe siècle) et de bienveillance apporteront également un éclairage historique à la notion de bientraitance. Dans le premier s’entendent les actions de charité menées au nom de l’amour du prochain avec une forte connotation religieuse et les actions philanthropiques menées au nom de l’amour de l’humanité. Dans le second terme, plus proche de nous, s’entend la réflexion éthique. Pour R. Spaemann (1997 : p. 136) « L’acte de tendre vers ce qui pour l’autre est le convenable, suggère-t-il, donc ce qui donne un contenu à son propre « être tendu vers », nous l’appelons bienveillance ».
  • [3]
    ANESM : Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux, « La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre », in Recommandations de bonnes pratiques professionnelles, Juin 2008.
  • [4]
    La « vertu de compassion » associée à l’empathie, l’écoute, la douceur, la présence à l’autre rejoint la description faite par l’apôtre Paul lorsqu’il évoque l’amour du prochain et la charité dans le premier épître aux Corinthiens : « La charité est longanime et secourable, elle ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, […] elle excuse tout, espère tout, supporte tout » (Saint-Paul, I, Cor., 13). Dans un univers professionnel laïcisé, cette référence religieuse peut interpeller. Cependant, si on accepte que la compassion puisse se constituer en véritable habitus, devenir une attitude relationnelle efficace et professionnelle, s’inscrire dans une éthique du « prendre soin d’autrui », on acceptera dès lors de ce concept qu’il puisse être une des pierres angulaires de la bientraitance.
  • [5]
    Auteur de Promouvoir la vie. De la pratique des femmes soignantes aux soins infirmiers, (1982), M.-F. Collière s’est imposée comme une pionnière en introduisant l’éthno-histoire comme approche disciplinaire dans la compréhension des soins infirmiers en 1965.
  • [6]
    Nous précisons ici, qu’il ne s’agit pas de résumer la pensée des différents auteurs mais d’exposer en quoi leurs travaux et réflexions peuvent être incontournables à la compréhension de la notion de bientraitance.
  • [7]
    Kant, E., (1992). Fondements de la métaphysique des moeurs, Paris, Vrin, p. 105.
  • [8]
    Avant propos de l’ouvrage fondateur de 1988. Notre propre traduction : « Le caring s’inscrit dans une philosophie de l’engagement moral envers la protection de la dignité humaine et la préservation de l’humanité ».
  • [9]
    En 1971, Milton Mayeroff cherche à donner une définition phénoménologique de la sollicitude dans son ouvrage On caring (cité dans la préface de la traduction française de l’ouvrage de Jean Watson, 1998).
  • [10]
    Caring involves stepping out of one’s own personnel frame of reference into the others”. (Dans le texte, traduction libre, page 24).
  • [11]
    Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal Officiel de la République Française, 5 mars 2002 ; Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapés ; Loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie. Journal Officiel de la République Française, 23 avril 2005.
  • [12]
    Pour Albert Jacquard, la véritable définition de l’humanité, c’est l’évidence de la conscience. « C’est parce que l’on m’a dit « tu », que je me suis pris pour quelqu’un et que je suis devenu quelqu’un ». Lorsque cet auteur écrit « je », il reconnaît être capable de sortir de soi-même pour se regarder comme un autre. « Je est un autre », dit Arthur Rimbaud. De la même façon, je dis « je » parce qu’un autre m’a regardé ». Extrait de « Comment définir l’être humain aujourd’hui ? » in Perspective soignante, Paris, Seli Arslan, n°17, septembre 2003, pp. 20-31, cit., p. 27..
« Le simple fait d’avoir mis au monde le mot « bientraitance », de chercher à le comprendre et à le faire vivre, témoigne d’une attitude non dogmatique et pragmatique. Alors, faisons le vœu qu’on traite bien la bientraitance. »
Boris Cyrulnik, 2006

Liminaire...

1Le constat est édifiant. Le terme de « bientraitance » n’existe pas dans le Trésor de la Langue Française Informatisé [1] (banque de données scientifique dédiée à l’analyse et à la recherche étymologique et historique de la langue française). Alors que le concept de « maltraitance » est abondamment documenté dans les écrits scientifiques, il existerait moins d’une dizaine d’articles spécifiques dédiés à la bientraitance (Terrisse, 2003).

2Néologisme polysémique s’accompagnant d’une saturation sémantique voire d’une empreinte historique et idéologique, ce mot nouveau de « bientraitance » serait articulé autour de thêmata qui, puisant dans la culture et les contextes historiques et sociaux, reprennent les oppositions entre le bien et le mal, l’action de traiter et l’action de prendre soin, la bientraitance et la maltraitance… La bientraitance se pare-t-elle d’attributs neufs pour définir des affaires anciennes [2] ou s’agit-il d’une notion nouvelle voire d’un concept ?

3Avant d’aller plus loin dans notre propos, nous tenons en toute modestie à souligner l’extrême relativité, la limite et la spécificité du regard que nous avons posé sur cette recension et analyse bibliographique. La posture multi-référencée qui est la notre (praticien versus chercheur) a été le choix opéré dans la lecture et l’analyse des différents articles. Le présent écrit tend à définir, illustrer, approfondir, dé-complexifier la notion de bientraitance.

L’exigence d’un repérage… sous l’éclairage de l’étymologie

4La bientraitance est-elle seulement le contraire de la maltraitance ? Les mots ont une histoire et une mémoire. Les mots nouveaux, plus encore. Ils nous convoquent parfois sur des espaces mouvants entre passé et présent. Récemment, les termes d’ « accompagnement » ; de « soutien » ; d’ « étayage » ; de « médiation » ont initié une façon de parler du monde, de parler le monde. À la fois, mot valise, ou mot « fourre tout » d’une génération à un moment « T0 », ces termes ont fait l’objet de travaux de recherche, de conceptualisation et de modélisation. Le terme de « bientraitance » semble suivre ce même chemin, puisque cette notion nouvelle est au cœur des préoccupations des professionnels du champ sanitaire et social, du champ de la santé et du soin et des chercheurs.

5Faut-il définir la bientraitance en opposition à la maltraitance ? Cette démarche paraît trop simpliste. Pourtant la plupart des écrits consultés légitime cette définition faite par défaut. Les travaux de l’ANESM [3] dans le champ de l’action sociale et médico-sociale proposent d’envisager la bientraitance comme une démarche qui « vise à promouvoir le bien-être de l’usager en gardant à l’esprit le risque de maltraitance ». Pour Pourtois, Desmet et Nimal (2000 : p. 73) « sa définition se fait alors par défaut. La bientraitance est l’absence de facteurs de maltraitance ». Dès lors, il y aurait bientraitance quand il n’existe pas de maltraitance.

6La plupart des articles consultés révèlent des invariants autour de la notion de bientraitance, avec notamment l’idée d’une action d’un sujet sur un autre sujet et l’idée de « positivation » des attitudes et des comportements, en termes de respect, d’écoute, de bons soins, de marques d’attachement et de sollicitude, de manifestations de confiance, d’aide, d’accompagnement, de compassion [4] envers des sujets vulnérables, fragilisés et dépendants (tout particulièrement les deux âges extrêmes de la vie : les enfants et les personnes âgées).

7Dès lors, un détour étymologique s’impose. Le terme de « bientraitance » est l’association de deux mots « bien » et « traiter. » D’emblée, les deux termes inscrivent leur contenu dans la sphère de l’agir professionnel et des praxis. Pour le Dr. Michel Manciaux (2002), « la bientraitance : c’est traiter bien, c’est à dire aimer ou au moins respecter ceux qui nous sont confiés ». Toujours pour cet auteur, « elle est souhaitable aussi dans toutes nos relations humaines, qu’elles soient professionnelles ou sociales ».

« Traiter bien ou bien traiter ? »

8Bien est issu du latin bene (Xe s.), adverbe correspondant à bonus (bon). Dès le XIe siècle, bien exprime une manière satisfaisante, selon les critères culturels, individuels et collectifs de l’époque en question, dans les domaines intellectuel, esthétique ou moral (v. 1050). Dans un contexte chrétien (v. 980), cet adverbe d’intensité recouvre la notion morale de ce qui est juste, honnête, louable (dichotomie du bien et du mal). Pendant de nombreux siècles, l’adverbe bien a une grande vitalité. Il renforce le sens. C’est ainsi que naissent dans la langue les termes de bienveillant (v. 1175) d’après le latin classique bene volens qui signifie « qui veut du bien, favorable », puis bienveillance sur le modèle du latin benevolentia « disposition favorable envers quelqu’un » avec ce niveau supérieur à la vertu morale de la mise à jour de la relation de personne à personne, en particulier de supérieur à inférieur (v. 1680). Le nom féminin de bienfaisance (XIVe s.) gardera une connotation religieuse jusqu’au XVIIe siècle où il sera repris par l’abbé de Saint-Pierre. Le terme donnera également bienfaiteur, bienfaitrice… aux sources de bienfait venant du latin benefactum « bonne action ; faire du bien aux autres » (v. 1120).

9Traiter est issu du latin tractare (v. 1120) employé dans la langue poétique au sens de « traîner violemment, mener difficilement » ; « blâmer » (v. 1286) ; « traiter comme un chien » (v. 1718) dans son extension de traiter quelqu’un comme un animal et dans le langage courant au sens de « toucher souvent ; manier ; caresser » avec de nombreux sens figurés comme « prendre soin de ; s’occuper de ». Dès le XIIe siècle, le terme traiter convoque cette double acception négative et positive. Comme le soulignent d’Houtaud et Manciaux (2000) dans leur propre recherche étymologique, traiter quelqu’un, c’est se comporter ou se conduire envers quelqu’un, s’en occuper d’une manière bonne ou mauvaise. Faut-il alors se contenter d’une définition étymologique de la bientraitance en opposition à la maltraitance (dans son approche traiter avec violence, injurier, blesser, humilier sur le plan psychologique) ?

10Dans le domaine social (v. 1510) on retrouve l’idée plus positive de « manière de traiter » dans les relations humaines à propos de la manière dont une femme accueille l’amour qu’on lui déclare (v. 1666) mais aussi dans les honneurs dûs au rang (av. 1679) en termes d’égards, de considération, de déférence, de respect.

11Plus proche de nous, dans le champ disciplinaire de l’anthropologie, de l’éthno-histoire et des soins infirmiers, M.-F. Collière (1996) [5] observe une nuance conceptuelle entre « traiter » et « prendre soin ». Pour cette auteure, les termes « traiter ; traitement ; médecin traitant » s’inscriraient dans la pratique médicale et le cure, en référence aux soins de réparation liés au besoin de réparer ce qui fait obstacle à la vie. Les termes « prendre soin ; s’occuper de ; être attentif à… » feraient référence à la pratique soignante et au care en référence aux soins coutumiers et habituels liés aux fonctions d’entretien, de continuité de la vie. Cette pensée disjonctive entre le cure et le care, entre traiter et prendre soin révèle là aussi une subtilité dans la perspective de bientraitance.

12Sur un objet social porteur de forts affects tel que la bientraitance à forte signification symbolique, historique, sociale, culturelle, nous mesurons combien ce terme fait référence aux racines anciennes du passé, dans la réactivation d’une mémoire collective des savoirs populaires, informels et mémoriels. Le bien versus le mal offre une ambiguïté dans la lecture et la compréhension de la notion. Chaque sujet peut puiser dans le creuset de la mémoire sociale sa propre définition. Nous retiendrons de ce détour étymologique et historique que la notion de bientraitance est une notion complexe, évolutive, fragile, témoin d’une époque qui convoque à la fois le passé pour se tourner vers le présent et l’avenir. Ce terme nouveau qui porte en lui les racines à la fois du « bien » et du « mal » mérite une attention critique et une vigilance dénuée d’angélisme et d’idéalité. C’est un objectif vers lequel tout individu devrait tendre, une démarche, une posture, et un processus.

La bientraitance se transmet… à travers nos liens à d’autres humains

13La bientraitance serait-elle alors une posture amenant chaque professionnel à « reconnaître l’humanité dans la personne d’autrui comme moi-même » selon la formule chère à Emmanuel Kant ou bien à rencontrer « le visage de l’autre qui m’oblige » en reprenant les mots d’Emmanuel Lévinas ? Cette bientraitance là, nous oblige à revenir sur les ouvrages théoriques fondamentaux au carrefour de la philosophie, de l’herméneutique, de la phénoménologie [6]. Même si le terme en soi de bientraitance n’y est pas clairement apparent, ces écrits fondateurs ouvrent des pistes de compréhension propices à la réflexion.

Le bonheur et la sagesse pratique chez Aristote

14Aux yeux des grecs, les trois activités humaines fondamentales étaient : le travail, l’œuvre (la poïèsis) et l’action (la praxis). Cette distinction opérée entre Science poïétique et Science pratique introduit dans la pensée aristotélicienne la dimension éthique des choses humaines. La « sagesse pratique » (la phronesis) est tournée vers l’action. Pour Aristote, le bonheur est le bien suprême recherché par les hommes. Ce bonheur, parce qu’il est réalisation et accomplissement de soi, actualisation de ses puissances, résulte de l’action. Le but ultime est la recherche du bonheur comme souverain Bien. Ce Bien n’est pas unique, abstrait, habituel. Il s’agit avant tout d’un bien réalisable qui peut être acquis par soi-même, dans l’activité pratique. Il y aurait dans l’activité pratique du soin, du prendre soin, de l’aide, du souci de l’autre une conception aristotélicienne bientraitante de la vie heureuse qui vise à l’autonomie voire à l’accomplissement de soi.

Le respect inconditionnel de la dignité humaine chez Kant

15Dans la conception kantienne, la dignité de la personne humaine procède du sentiment. Le sujet n’a pas seulement un prix, une valeur, il a le sentiment de dignité. Cette dignité est absolue, intrinsèque, inaliénable. Elle fait figure de « valeur intérieure absolue ». Pour Kant, « les premiers devoirs de l’homme sont des devoirs envers lui-même parce que c’est en lui-même que l’homme découvre en premier lieu ce qu’est la personnalité et l’humanité. Les devoirs envers soi sont le fondement des devoirs envers autrui » (Theis, 2003). Pour Kant, le respect est le sentiment moral par excellence. Le respect oblige au dépassement de ses pré-notions, de ses préjugés, de ses penchants spontanés et parfois trop immédiats sur le genre humain. Le respect oblige à envisager l’autre dans son humanité quelque soit sa dégradation physique et / ou morale. L’autre, l’alter de mon ego est digne de respect parce qu’il fait partie de l’humanité. Kant distingue bien le sujet de la chose. Ce qui élève le sujet au dessus de la matière, au dessus du mécanisme de la nature, c’est bien son intériorité, sa personnalité. L’impératif du respect se retrouve ainsi dans la formule kantienne « agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ».[7]

La notion d’être-au-monde chez Martin Heidegger

16Dans l’analyse heideggérienne de l’existence humaine, la notion d’être-au-monde est essentielle. Le souci de Heidegger est ontologique. Il s’intéresse à « l’être » unique en tant que distinct des « étants », c’est-à-dire des choses. Il ne parle d’existence que pour cet « être-là » (Dasein) que nous sommes nous-mêmes. L’homme est pensé à travers sa manière d’exister, en tant que « je » qui veut, qui s’efforce, qui est nécessiteux, et mortel. Heidegger le pose dans « l’être-dans-la-vie ».

17Reprenons quelques expressions du langage d’Être et temps (1927) particulièrement significatives : « l’être-au-monde, l’être-jeté, l’être-ensemble, l’être-offert-à-la-main, le pré-courir-vers-la-mort ». Au lieu de « passé » et de « futur », c’est « l’ayantété » et l’ « à-venir » de l’être qu’il aborde. Tout cela représente des concepts d’événements et d’accomplissements humains, intégrés au comportement de l’individu. Ces termes ne désignent pas des choses, mais des façons d’être. La substance disparaît. Tout est pour ainsi dire en mouvement, en cours. Il ne s’agit plus d’un sujet, mais d’un « être-là » dans une mondanéité remplie de l’existence quotidienne. Là où est écrit « être-là », nous pouvons introduire la personne soignée en tant que « je » – ou sa relation avec l’autre (le médecin, l’infirmier, le prestataire par exemple) en tant que « tu », ou « il » ou « elle » – dans l’accomplissement d’une manière d’être, dans la précarité de l’existence. Cette pensée découvre un agir professionnel dans le prendre soin non disjoint d’une perspective de bientraitance centrée (dans ses modalités pratiques) aux significations particulières liées aux situations cliniques, aux acteurs en présence, à la rationalité et à la subjectivité de chacun.

Le sens, le corps, la chair chez Maurice Merleau-Ponty

18Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) a dans l’horizon ouvert par La phénoménologie de la perception (1945), développé une pensée du « corps » comme point de référence de l’histoire perceptive du sujet. Pour cet auteur, le monde se dispose en première intention autour du sujet, et commence à exister pour lui. Sa conscience le rend cohérent. Cette expérience du monde rend la science significative et consistante. Faisant sienne le précepte de Husserl « revenir aux choses mêmes », Merleau-Ponty s’est efforcé de retourner à l’expérience vécue et de décrire concrètement le réel. Les concepts fondamentaux de sa philosophie s’articulent autour du sens, du corps, de la chair.

19Le sens est conçu comme un noyau de signification issu de l’homme et de son existence dans le monde. Le corps propre, envisagé non point comme une réalité biologique et matérielle (soumis aux variations de la maladie et de la douleur) mais comme le référentiel de notre expérience, celui qui est notre centre existentiel (qui détermine nos normes d’existence) et notre manière d’être-au-monde.

20La chair, appréhendée comme l’unité du corps et de l’âme, comme le corps informé par l’esprit. L’homme n’est pas seulement un psychisme joint à un organisme, mais un « va-et-vient » de l’existence, qui sera selon le contexte un corps propre ou bien un corps actuel soumis aux variations de l’environnement.

21La réflexion sur la bientraitance ne peut faire l’économie de la réflexion phénoménologique de Merleau-Ponty, autour de ce vécu indissociable de la corporéité. Avoir un corps, c’est vivre, s’engager dans des projets, s’ouvrir à l’être.

La visée éthique de la sollicitude chez Paul Ricœur

22Pour Paul Ricœur, la « petite éthique » est sans fondement sans un retour réflexif sur la transparence du sujet responsable. C’est par l’éthique, “visée d’une vie accomplie sous le signe d’actions estimées bonnes” que le soi accède à sa plus haute vérité. L’éthique se décline selon un rythme ternaire dont les pôles sont l’estime de soi, la sollicitude, les institutions justes. En définissant l’éthique comme « la visée d’une vie bonne avec et pour les autres dans des institutions justes », Paul Ricœur (1990 : p. 224) identifie une forme spécifique de geste éthique à l’égard d’autrui : la sollicitude. Dans cette visée éthique, Ricœur suppose la reconnaissance de l’autre comme semblable à soi-même. L’appel est injonction. Ecouter sa conscience, c’est être enjoint par l’autre. Tel est le fondement du respect. « La visée d’une vie bonne… » est une vie qui se réalise par une manière de vivre dans l’unité d’une vie ; qui se relate dans le récit et pas uniquement dans la description narrative. Cette narration propre au sujet s’inscrit dans la sagesse pratique (en référence à la conception aristotélicienne), dans un bien vivre qui s’étend à la société et à son exigence d’égalité.

Ce visage qui m’oblige… chez Emmanuel Levinas

23À la démesure des crimes de la Shoah, correspond chez le penseur Emmanuel Levinas, une responsabilité démesurée : « Nous sommes tous responsables de tous et de tout, et moi plus que les autres » (Dostoïevski, Les Frères Karamazov). Pour Lévinas, autrui doit être pensé dans sa radicale altérité et son irréductibilité. C’est l’autre qui me constitue en tant que sujet. Ma responsabilité à son égard construit ma propre identité et précède ma liberté. Autrui a un sens avant même que je le lui donne. La rencontre de l’autre en tant qu’autre s’opère quand je saisis le visage nu, dépouillé de ses traits individuels. Au-delà de l’acte perceptif, l’accès au visage est infiniment éthique. Par son évidence de vulnérabilité, ce visage m’oblige et m’enjoint à ne pas me dérober à ma responsabilité « tu ne tueras point ». Ce visage parle. Il dit l’interdit du meurtre et le devoir de responsabilité. Il est appel. Il n’est d’autre manière d’être sujet que de répondre à cet appel. Ce visage a une signification métaphysique, nous appelle au dévouement, au don de l’engagement personnel. Le visage, porteur de la souffrance oblige le professionnel de santé à accueillir l’homme souffrant et ainsi à assumer sa dignité de soignant et sa responsabilité d’humain.

Le care entre action et pensée… Une source d’inspiration pour la bientraitance ?

Comment alors traduire au plus juste le terme de bientraitance ?

24Bientraitance n’est pas encore cité dans les dictionnaires français, on ne lui connaît pas d’équivalent en anglais, alors que maltreatment est admis. Le terme fait défaut dans les dictionnaires disciplinaires spécialisés (sociologie ; psychologie de la santé ; psychologie sociale…).

25Ainsi si nous définissons la notion de bientraitance par rapport à la notion de « well-being » (bien être) définie comme « un état physique et psychique de l’homme qui lui donne le sentiment d’être satisfait dans un environnement donné », on obtient pas moins de 4 620 000 publications à ce jour sur ce thème… Avec des relations connexes portant sur les termes “happiness, life satisfaction, and positive affect” (Le bonheur, la satisfaction de vie, les affects positifs : traduction libre) examinés dans trois domaines : la mesure, les relations de causalité et les échelles de mesure psychométriques.

26Si nous définissons la notion de bientraitance par rapport à la notion de « wellness » qui est définie comme « une sensation agréable procurée par la satisfaction des besoins physiques et l’absence de tensions psychologiques », on obtient 195 000 publications, plutôt dans le champ de l’éducation, de la promotion de la santé chez les enfants et les adolescents, la santé publique. Aucune des deux définitions ne donnent réellement satisfaction. A contrario, dans la littérature anglophone, ce sont les attributs de la définition du care, caring et the ethic of care qui se rapprocheraient le plus de la notion de bientraitance. Pour Joan Tronto (2006 : p. 38) « la caractéristique la plus importante de l’éthique du care est peut-être que les situations morales n’y sont pas définies en termes de droits et de responsabilités mais en termes de relation de care ».

Les fondements de l’éthique du care

27Nous nous sommes interrogés sur le sens du mot « care » et sur la notion de « caring ». En effet, comment traduire au plus juste la notion de bientraitance. Qu’est ce que le « caring » ? Que serait l’éthique de la sollicitude « the ethic of care » ? Quels seraient les points de rencontre et / ou les risques de confusion avec la notion de bientraitance ? Indubitablement, les deux conceptions s’inscrivent dans une tonalité plutôt d’essence humaniste. La langue française semblerait manquer de mots justes pour nous offrir une traduction pertinente du terme « care ». Le terme comprend deux dimensions :

  • une dimension perceptive : faire attention à, se soucier de…
  • une dimension de l’action : s’occuper de, prendre soin…
Selon les traductions choisies, « sollicitude » ; « souci de l’autre » versus « prendre soin », le terme care sera entendu sous deux acceptions : la dimension perceptive versus la dimension de l’action.

28Dans le milieu des soins infirmiers, les travaux principaux de Jean Watson, infirmière et professeur à l’Université du Colorado aux États-Unis, sont souvent cités en référence. Pour cet auteur, le caring serait un art et une science humaine ancrés dans un idéal moral altruiste : préserver l’humanité dans les soins de santé… “Caring calls for a philosophy of moral commitment toward protecting human dignity and preserving humanity” (Watson, 1988 : p. 31). [8]

29Dans son ouvrage On caring, le philosophe Milton Mayeroff [9] définit le caring comme « l’activité d’aider |une autre personne à croître et à s’actualiser, un processus, une manière d’entrer en relation avec l’autre qui favorise son développement » (1971). Cette définition ancienne est intéressante dans la mesure où elle introduit le caring comme un acte de vie qui va bien au-delà des seules activités professionnelles marquées par le service rendu à autrui. Le care est devenu progressivement au cours des années 1980 un sujet philosophique et politique aux Etats Unis (et depuis peu en France). Les travaux relatifs à l’éthique de la sollicitude ne se limite pas au seul champ infirmier. Nous pouvons mentionner trois autres chercheuses reconnues comme théoriciennes de l’approche de la sollicitude :

30- Caroll Gilligan dans le champ de la psychologie développementale :

31L’ouvrage In a different voice a le mérite de poser les jalons de l’éthique de la sollicitude. Si la psychologue Carol Gilligan n’a pas créée le concept, il apparaît que c’est son livre qui a lancé le débat chez les féministes américaines en ouvrant le débat politique entre éthique de la justice et éthique du care, entre une moralité centrée sur l’équité, l’impartialité et l’autonomie et une moralité entrevue « d’une voix différente ». L’auteure, ardente féministe défendait une vision de l’éthique et des rapports sociaux, centrée autour de la notion du prendre soin des autres. Son éthique du care se présentait comme une forme de réaction à une approche morale traditionnellement dominante (masculine ?) au sein de la société américaine.

32- Nel Noddings dans le champ disciplinaire de la Philosophie de l’Education :

33Pour Nel Nodding (1984 : p. 24) « la pratique du care implique de sortir de son propre cadre de référence pour rentrer dans celui de l’autre ».[10] Dans son ouvrage de 1984, Caring : A feminine approach to ethics and moral education, l’auteure intègre l’éthique de la sollicitude non seulement à la philosophie, mais surtout à l’éducation morale. En posant la rencontre morale de l’autre comme un objet primordial, Nel Nodding définit l’importance particulière de la sollicitude dans l’interrelation entre un carer et un carer for. Le premier terme se rapportant à la personne aidante, qui se soucie de… Le deuxième terme renvoyant à la personne aidée dont on se soucie. Le terme de sollicitude désignant alors l’attitude et le comportement du carer dans la relation dyadique, dans une éthique qu’elle qualifie de relationnelle.

34- Joan Tronto dans le champ disciplinaire de la Philosophie Politique :

35Joan Tronto, Professeure de théorie politique au Hunter College de l’université de New York, est l’auteure d’un livre paru en 1993, intitulé Un monde vulnérable, pour une politique du care. Dans cet ouvrage, l’auteure développe une théorie politique proche de la justice au sens de l’éthique en intégrant les valeurs de prévenance, de compassion, d’attention aux besoins des autres, valeurs qui seraient rarement prises en compte politiquement au sein de la cité. Pour Joan Tronto, la pratique du care peut être distingué en quatre phases :

36- Le care about : [se soucier de] qui implique la reconnaissance d’un besoin et la nécessité de le satisfaire.

37- Le taking care of : [se charger de ; s’occuper de] qui implique le fait d’assumer la responsabilité de répondre au besoin identifié.

38- Le care-giving : [accorder ; donner des soins ; prendre soin] qui recouvre la pratique du soin en elle-même.

39- Le care-receiving : [recevoir des soins ; recevoir le soin] qui recouvre la réaction de celui qui fait l’objet des pratiques de soin. Cette réaction étant le seul critère du fait.

Similitudes et différences

40Le plus important au niveau des similitudes relève des dimensions des deux expressions en présence. Cette complémentarité (bientraitance et caring) se retrouve à la fois dans une approche éthique et humaniste. Ce qui caractérise le plus l’humanisme contemporain, ce sont les notions de respect de la condition humaine, à la fois la personne humaine dans sa singularité et la personne humaine en son épanouissement. Dans cet humanitas toujours à considérer, la notion de bientraitance renvoie à une éthique originelle fondée sur cette approche de faire sens en tout agir. Loin de l’approche universaliste et du caractère rationnel du sujet abstrait kantien, c’est l’approche singulière, différenciée et personnalisée qui est mise en valeur autour d’un sujet existant qui est, qui fait, qui présente des particularités.

41Au niveau des points de différence, nous en mentionnerons trois :

42- Le caring est présenté comme une théorie, une science et une philosophie. La bientraitance est et serait présentée comme une façon d’aller dans l’existence, un accomplissement, un processus, une démarche où la valeur humaine essentielle est l’agir. Ce qui intéresse avant tout le caring, c’est cette forme de sensibilité à autrui centrée sur la vulnérabilité et la singularité du sujet et sur la préservation du lien émotionnel et affectif, lien qui attache l’individu à autrui. Ce qui intéresse la bientraitance c’est cette attitude aux aguets, en éveil, à la fois anticipatrice des moindres besoins du sujet (par rapport à sa dépendance, sa sensibilité) mais également professionnelle et compétente dans sa réponse compréhensive des besoins.

43- Le caring, en fonction des lectures et appréciations qui en sont faites, se présente comme un savoir scientifique fondé, et probablement figé n’admettant pas, peu ou prou l’innovation et la controverse. La bientraitance ne prétend pas au statut de la scientificité, elle s’ouvre à tous les possibles, à la créativité, au sens de l’existence, à la finitude, à la faillibilité et aux incertitudes du plus grand nombre.

44- Le caring s’inscrirait dans une approche essentiellement, voire exclusivement soignante alors que la bientraitance est résolument pluri-professionnelle et trans-professionnelle. Elle accepte la contingence, l’immédiateté, le maillage et l’interaction entre professionnels de santé, bénévoles d’association, usagers des soins, association des familles… Elle intéresse la posture morale, et s’inscrit dans les actes professionnels. Elle agit pour et avec autrui.

Considérations conclusives…

45Dans cette revue de la littérature, le droit a une large place. Nous ne ferons pas ici la revue exhaustive des grands textes internationaux et français qui définissent les droits de la personne. Nous évoquerons simplement les textes qui reprennent les notions de respect de la dignité, de l’intégrité, de la vie privée, de l’intimité, de la sécurité des personnes soignées et de leurs proches. À ce titre, pour n’en citer que quelques uns… la bientraitance est au centre de la Déclaration Universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948) à l’ONU ; de la Déclaration des droits des personnes handicapées (9 décembre 1975) à l’ONU ; de la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante (mars 1988 puis 1999) par la Fondation Nationale de Gérontologie et le Ministère des Affaires Sociales ; la loi Kouchner de 2002, celle de 2005 concernant les personnes handicapés ou la fin de vie… [11]

Avant de conclure…

46« Dans la clinique madrilène El Bosque, un jeune infirmier prénommé Benigno prend soin de deux femmes Alicia et Lydia, toutes deux plongées dans le coma. Avec douceur, attention, vigilance de tous les instants, Benigno lave et masse le corps d’Alicia, lui coiffe les cheveux, lui coupe les ongles, la revêt d’une chemise de nuit propre et fraîche. Les gestes sont sûrs, délicats, respectant l’intimité et la pudeur de la jeune femme. Benigno lui parle, lui raconte le spectacle de danse de Pina Bausch auquel il a assisté la veille… ». Cette scène est connue. Elle est extraite du film de Pedro Almodovar, « Parle avec elle ». Rarement le cinéma aura mis en valeur ces menues choses que sont l’attention et la sollicitude dans l’acte de soin. Dans ce film tout public, le réalisateur nous invite à poser un autre regard bientraitant sur la corporéité. Dans cette scène le corps devient un corps-sujet par lequel le sujet s’exprime. Cette notion de corps-vécu telle qu’elle a été développée par Merleau-Ponty renvoie au sens de l’intime, à l’intériorité et à l’extériorité, au-dedans et au dehors, à ce corps qui donne des limites, à son impact dans la dynamique de l’être. C’est l’entre-deux-corps, en tant que présence qui est filmé, c’est aussi la valeur symbolique de la bientraitance, centré sur ces menus actes si peu spectaculaires, mais si essentiels.

47Il ne sera pas aisé de préciser les caractéristiques précises de la notion de bientraitance tant celles-ci paraissent peu systématiques et non spectaculaires. Peu spectaculaires en effet tant la notion touche à ces petites choses, ces menues choses (un ensemble de comportements respectueux ; un professionnalisme avisé ; une bienveillance tout au long du séjour du patient ; la recherche d’un environnement sécurisé…) qui lorsqu’elles sont mises bout à bout ne sont jamais anodines pour une personne soignée tant elles témoignent de la qualité du service rendu et de cette grande attention portée à l’humain. Une telle employabilité de l’expression menues choses inscrit principalement la bientraitance dans l’excellence, dans ce qu’il y a de mieux. La mise en valeur de l’utilité de ces petites choses pour la santé des personnes s’inscrit dans une démarche de bientraitance. Dé-marche qui pousse le professionnel de santé à aller à la rencontre de l’autre sur le chemin qui est le sien (je marche vers de…) dans un mouvement qui pousse à s’éveiller à la « merveille » de l’autre selon les propos d’Albert Jacquard. [12] « Les petites choses, si anodines en apparence, si peu sophistiquées et si peu spectaculaires soient-elles font partie de la vie de chacun et sont donc nécessaires au déploiement de la santé de la personne » (Hesbeen, 1999 : p. 18). Ces petites choses, cette attention de tous les instants, cette présence organisée pour être continue (continuité des soins), cette qualité de la présence aux moment les plus imprévisibles où les personnes soignées et leurs familles expriment leurs confidences, leurs espoirs, leurs projets, leurs solitudes, leurs souffrances… sont parfois plus déterminantes que les soins de haute technicité. Alors, nous dirons, que la bientraitance s’inscrit dans la quête du sens, dans la vigilance critique intemporelle et dans cette posture de questionnement qui soumet « les vieilles habitudes », les « on a toujours fait comme ça » et les « vieilles choses » à une interrogation constante de nos croyances, de nos attitudes, de nos comportements, de nos pratiques professionnelles… Nous dirons également que la bientraitance convoque des préalables autour des compétences professionnelles et des pratiques professionnelles, de la déontologie ; de la conscience de l’agir professionnel ; du rapport collégial au sein des équipes pluriprofessionnelles ; du respect de la personne soignée accompagnée… La bientraitance et le care, le caring, l’éthique du care ont en commun des relations connexes autour de l’humanitude, mais culturellement et socialement ces notions sont aussi différentes. De la pluralité de ces différences peut naître la controverse et la réflexion utile aux professionnels de la santé.

Références bibliographiques

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    • Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal Officiel de la République Française, 5 mars 2002.
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    • Circulaires :
      Circulaire DGAS/2A no 2008-316 du 15 octobre 2008 relative au renforcement des missions d’inspection et de contrôle au titre de la lutte contre la maltraitance des personnes âgées et des personnes handicapées.
    • Circulaire DGAS/2A no 2007-112 du 22 mars 2007 relative au développement de la bientraitance et au renforcement de la politique de lutte contre la maltraitance.
    • Circulaire n° DHOS/E1/DGS/SD1B/SD1C/ SD4A/2006/90 du 2 mars 2006 relative aux droits des personnes hospitalisées et comportant une charte de la personne hospitalisée.
    • Rapports publics :
      RAPPORT, mise à jour de la certification, guide, Haute Autorité de Santé (HAS), Pratiques Exigibles Prioritaires (PEP) :
      Critère 9a : gestion des plaintes et réclamations,
      Critère 10a : démarche de bientraitance,
      Critère 13a : accompagnement de fin de vie.
    • De Henezel, M., (2007). La France palliative, Paris, Rapport public, Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la vie associative.
    • De Henezel, M., (2003). Mission « Fin de vie et accompagnement », Paris, Rapport public, Ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées.
    • ANESM, « La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre », in Recommandation de bonnes pratiques professionnelles, août 2008.

Mots-clés éditeurs : care, bientraitance, philosophie, éthique, concept

Date de mise en ligne : 11/01/2014

https://doi.org/10.3917/rsi.105.0004

Notes

  • [1]
    Pour information : le TLFi a été créé par une unité mixte de recherche (Atilf : Analyse et traitement informatique de la langue française) associée au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et à l’Université Nancy II. Alain Rey faisait partie de l’équipe de chercheurs à l’origine de sa création.
  • [2]
    Les termes de bienfaisance (néologisme du XVIIIe siècle) et de bienveillance apporteront également un éclairage historique à la notion de bientraitance. Dans le premier s’entendent les actions de charité menées au nom de l’amour du prochain avec une forte connotation religieuse et les actions philanthropiques menées au nom de l’amour de l’humanité. Dans le second terme, plus proche de nous, s’entend la réflexion éthique. Pour R. Spaemann (1997 : p. 136) « L’acte de tendre vers ce qui pour l’autre est le convenable, suggère-t-il, donc ce qui donne un contenu à son propre « être tendu vers », nous l’appelons bienveillance ».
  • [3]
    ANESM : Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux, « La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre », in Recommandations de bonnes pratiques professionnelles, Juin 2008.
  • [4]
    La « vertu de compassion » associée à l’empathie, l’écoute, la douceur, la présence à l’autre rejoint la description faite par l’apôtre Paul lorsqu’il évoque l’amour du prochain et la charité dans le premier épître aux Corinthiens : « La charité est longanime et secourable, elle ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, […] elle excuse tout, espère tout, supporte tout » (Saint-Paul, I, Cor., 13). Dans un univers professionnel laïcisé, cette référence religieuse peut interpeller. Cependant, si on accepte que la compassion puisse se constituer en véritable habitus, devenir une attitude relationnelle efficace et professionnelle, s’inscrire dans une éthique du « prendre soin d’autrui », on acceptera dès lors de ce concept qu’il puisse être une des pierres angulaires de la bientraitance.
  • [5]
    Auteur de Promouvoir la vie. De la pratique des femmes soignantes aux soins infirmiers, (1982), M.-F. Collière s’est imposée comme une pionnière en introduisant l’éthno-histoire comme approche disciplinaire dans la compréhension des soins infirmiers en 1965.
  • [6]
    Nous précisons ici, qu’il ne s’agit pas de résumer la pensée des différents auteurs mais d’exposer en quoi leurs travaux et réflexions peuvent être incontournables à la compréhension de la notion de bientraitance.
  • [7]
    Kant, E., (1992). Fondements de la métaphysique des moeurs, Paris, Vrin, p. 105.
  • [8]
    Avant propos de l’ouvrage fondateur de 1988. Notre propre traduction : « Le caring s’inscrit dans une philosophie de l’engagement moral envers la protection de la dignité humaine et la préservation de l’humanité ».
  • [9]
    En 1971, Milton Mayeroff cherche à donner une définition phénoménologique de la sollicitude dans son ouvrage On caring (cité dans la préface de la traduction française de l’ouvrage de Jean Watson, 1998).
  • [10]
    Caring involves stepping out of one’s own personnel frame of reference into the others”. (Dans le texte, traduction libre, page 24).
  • [11]
    Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal Officiel de la République Française, 5 mars 2002 ; Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapés ; Loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie. Journal Officiel de la République Française, 23 avril 2005.
  • [12]
    Pour Albert Jacquard, la véritable définition de l’humanité, c’est l’évidence de la conscience. « C’est parce que l’on m’a dit « tu », que je me suis pris pour quelqu’un et que je suis devenu quelqu’un ». Lorsque cet auteur écrit « je », il reconnaît être capable de sortir de soi-même pour se regarder comme un autre. « Je est un autre », dit Arthur Rimbaud. De la même façon, je dis « je » parce qu’un autre m’a regardé ». Extrait de « Comment définir l’être humain aujourd’hui ? » in Perspective soignante, Paris, Seli Arslan, n°17, septembre 2003, pp. 20-31, cit., p. 27..

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